Guerre d'indépendance (1775-1783) - Déroulement du conflit

La guerre d'indépendance américaine a opposé les Treize colonies britanniques d'Amérique du Nord à leur métropole, de 1775 à 1783. Elle est le point culminant de la Révolution par laquelle les Colons ont rejeté la légitimité de la Grande-Bretagne. C'est l'événement fondateur de l'histoire du pays ainsi que, par ricochet, du Canada britannique. Elle entraîne à partir de 1777 l'intervention, directe ou indirecte, d'autres puissances européennes.

La France de Louis XVI, qui est la plus importante d'entre-elles, s'est d'abord engagée de manière officieuse, par la fourniture de matériel et d'aides diverses en faveur des Insurgés américains. Puis officiellement et directement à partir de 1778 jusqu'à la fin. L'effort de guerre français, terrestre et naval, a contribué de manière incontestable à la victoire finale américaine, notamment à Yorktown. Le conflit s'achève par le traité de Paris en septembre 1783, qui reconnaît de fait les "Etats-Unis d'Amérique".




Forces en présence.

1° "Loyalistes" et "Patriotes".

Les Colons qui sont favorables à l'indépendance sont appelés "Americains", "Insurgés", "Patriotes" ou encore "Congressistes", le terme d'avant guerre "Whigs" étant également occasionnellement utilisé. Ceux qui s'opposent à l'indépendance sont appelées "Loyalistes" ou "Hommes du roi". Ces qualificatifs sont utilisés des deux côtés sans ambiguïté.

En 1775, Le Second Congrès continental dispose de 40% à 45% d'opinions favorables dans la population. Près de 15% à 20% de la population, les "Loyalistes", sont partisans du roi Georges III. Pendant le conflit, quelques-uns, particulièrement en Caroline du Nord et du Sud, changeront de camp, et d'autres resteront neutres.

Les Loyalistes auront jusqu'à 50,000 soldats durant les années de guerre pour soutenir l'Empire britannique. Certains historiens affirment que la révolution américaine fut plus une guerre civile entre Loyalistes et Patriotes, qu'une révolte contre l'Empire britannique.


2° Armée continentale et milices américaines.

L'"Armée continentale" (Continental Army) est le nom donnée aux troupes des Treize colonies américaines, placés sous le commandement unique de George Washington. Elle combat les "Habits Rouges" (Red Coats), les soldats réguliers de l'Empire britannique. Le Second Congrès continental crée cette armée continentale en juin 1775 et la dissout en septembre 1783 après la signature du Traité de Paris. Elle est remplacée aussitôt par l'"Armée des Etats-Unis" (United States Army).

Lorsque la guerre d'indépendance éclate en avril 1775, les colons ne possèdent pas encore d'armée régulière professionnelle. Chacune des Treize colonies dispose de sa propre milice, composée de citoyens volontaires armés, qui assurent la défense locale.

Après le vote des Intolerable Acts par le Parlement britannique, les Insurgés commencent à réformer le système des milices et se préparent à un conflit avec leur métropole. Certains colons comme Richard Henry Lee proposent alors de créer une milice nationale, mais le Premier Congrès continental finit par rejeter son idée.

Après la bataille de Lexington et de Concord (19 avril 1775), des milliers de miliciens se rassemblent autour de Boston pour établir le siège de la ville, où se concentrent les forces britanniques.

Le 7 juin 1775, le Second Congrès continental décide de mettre en place une armée continentale afin d'assurer la défense commune des colonies. Cette armée de la Nouvelle-Angleterre, placée sous son contrôle, constitue l'embryon de la future armée fédérale américaine. Ce mois-là, elle compte 15,000 "Réguliers" Américains contre 6,500 soldats britanniques retranchés dans Boston.

Ce même jour, le Second Congrès continental choisit George Washington, un ancien officier de l'Armée britannique vétéran de la Guerre de Sept ans, pour la commander. Il prend officiellement ses fonctions le 3 juillet 1775. Quatre majors-généraux et huit brigadiers-généraux sont également désignés. Une marine de guerre continentale est également constituée.

Alors que les prérogatives du Second Congrès continental s'accroissent, elle est l'objet de nombreux débats parmi les représentants des Colonies: un grand nombre d'entre-eux exprime leur aversion vis-à-vis d'une armée permanente. Mais d'un autre côté, la guerre contre la Grande-Bretagne nécessite un minimum d'organisation et de discipline.

Les soldats de l'Armée continentale sont des citoyens qui s'engagent de manière volontaire pour une période variant d'une à trois années, et qui sont payés. Le "Turnover", c'est-à-dire la responsabilité de chaque Etats d'assurer la logistique, constituera un élément de faiblesse pendant toute la durée du conflit, en particulier au cours du terrible hiver 1776-1777.

Photo ci-dessous: soldats d'infanterie de l'Armée continentale (1779-1783)


En 1775, l'armée est composée principalement de soldats originaires de la Nouvelle-Angleterre, répartis en trois divisions par George Washington. Philip Schuyler a la charge des dix régiments qui envahissent le Canada.

En 1776, les effectifs de l'Armée continentale s'élève à 20,000 hommes, dont environ deux tiers d'engagés, et le reste composé de diverses milices. Elle est réorganisée: on tente de recruter des hommes au-delà du Nord-Est, mais sans grand succès.

En 1777-1780, le Second Congrès continental vote la résolution 88 afin que chaque Etat contribue à l'envoi de soldats, proportionnellement à son importance démographique.

George Washington est autorisé à lever quinze nouveaux bataillons pour faire face aux renforts envoyés par la Grande-Bretagne. Le contrat d'engagement est allongé de deux à trois ans, voire jusqu'à la fin de la guerre.

L'Armée continentale connait ses heures les plus difficiles en 1781-1782 lorsque le Congrès ne put plus payer les soldats et que ces derniers se mutinent en Pennsylvanie et dans le New Jersey.

Vers 1778, les Insurgés n'ont plus qu'une petite armée régulière de 5,000 hommes et l'essentiel des forces repose sur les milices.

Bien que plus de 250,000 hommes servent du côté américain, l'Armée continentale ne dépassa jamais au même moment 90,000 hommes, et Washington n'en commande directement pas plus de 17,000.

De plus, cette armée américaine est bien moins organisée que l'armée britannique: elle est moins disciplinée, subit de nombreuses désertions et les paiements de soldes restent aléatoires.

Former une véritable armée est le premier objectif de Washington. Le refus du Congrès continental de l'aider le frustrait énormément. Ses hommes avaient désespérément besoin de tentes, de chaussures, de nourriture, de fusils et de munitions.

Après le traité de paix signé en septembre 1783, l'Armée continentale est dissoute pour être aussitôt remplacée par l'Armée des Etats-Unis (United States Army).


3° Armée britannique.

Au début de 1775, l'armée britannique dans les Colonies d'Amérique du Nord dispose d'environ 36,000 hommes, commandés par le lieutenant-général Thomas Gage. Au cours du conflit, le recrutement augmentera sensiblement les effectifs. En 1778, elle compte 50,000 Habits Rouges, auxquels s'ajoutent 30,000 mercenaires allemands, les "Hessiens", et environ 10,000 Colons "loyalistes". A la fin du conflit, 60,000 soldats britanniques, comprenant 10,000 Loyalistes, sont dispersés sur un immense territoire allant du Canada à la Floride.


4° Afro-Américains et Amérindiens.

Les Afro-américains, qu'ils soient esclaves ou émancipés (libres), participent à la guerre dans les deux camps, Loyalistes ou Insurgés. Des Noirs s'engagent dans les milices américaines, et cette pratique inquiètent les planteurs du sud qui refusent que les esclaves soient armés. On estime que 5,000 Afro-Américains ont combattu dans l'Armée continentale.

En novembre 1775, le gouverneur de Virginie Lord Dunmore promet l'affranchissement à tous les esclaves qui serviront dans l'armée britannique. En 1779, Sir Henry Clinton édicte une loi similaire pour la région de New York.

La plupart des esclaves servent comme plantons, ouvriers ou éclaireurs. Plus de la moitié mourront dans les épidémies de variole qui frappent les armées britanniques. En dépit des promesses de certains gouverneurs britanniques, la majorité des esclaves ne seront pas affranchis. Par contre, du côté des Insurgés, on recense de nombreux cas d'affranchissement.

Les Amérindiens vivant à l'est du Missississi sont également impliqués dans la Guerre d'indépendance américaine. Plusieurs tribus se retrouvent divisées sur la question de savoir à quel camps apporter son soutien. Ils s'engagent donc dans les deux camps.

Mais une majorité d'Amérindiens sont opposés aux Etats-Unis, en raison de l'attitude des Colons dans les Territoires indiens et leur politique d'immigration. Environ 13,000 Amérindiens combattront du côté britannique. Le groupe le plus important d'entre-eux, la Confédération Iroquoise (nations Mohawk, Seneca, Onondaga et Cayuga), fournit à l'Armée britannique un contingent d'environ 1,500 hommes. Les deux autres nations de cette Confédération (Tuscarora et Oneida) combattent du côté des Insurgés.

Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 02/10: la Révolution.



Premières batailles: campagne du Massachussetts (1775-1776).

Le lieutenant-général Thomas Gage, commandant en chef des troupes britanniques dans les Treize Colonies américaines, a installé son QG dans Boston et y dispose de quatre régiments d'infanterie, avec un effectif d'environ 4,000 soldats réguliers, surnommés par les colons Red Coats.

Dans la nuit du 18 au 19 avril 1775, Gage envoie 700 hommes commandés par le lieutenant-colonel Francis Smith pour saisir armes, munitions et stocks de ravitaillement des dépôts de la milice du Massachussetts à Concord. Mais un groupe de Patriotes, dont fait partie Paul Revere, les précèdent pour avertir les miliciens américains (Minutemen) massés autour de la ville.


De sorte qu'à l'aube du 19 avril 1775, 77 d'entre-eux se sont regroupés à l'entrée de Lexington et s'opposent à la progression des soldats de Smith. Il s'ensuit un premier échange de tir, les miliciens américains, en infériorité, doivent se retirer et les Britanniques reprennent leur avance vers Concord.

Au North Bridge, un pont qui enjambe la rivière Concord, les Britanniques s'opposent cette fois à une force estimée à plusieurs centaines de miliciens.


Grâce à l'arrivée de renforts, les Américains infligent de lourdes pertes aux Britanniques. Les "Habits Rouges" doivent faire demi-tour et se retirer vers Boston, pourchassés par les Minutemen. C'est la première bataille de la guerre, qui se solde par une victoire américaine. Les Britanniques doivent faire demi-tour et se retrancher dans Boston. Le siège de la ville commence et se poursuivra jusqu'au 17 mars 1776.

Mais bientôt, 4,500 soldats britanniques commandés par le major-général William Howe arrivent par mer, de la métropole, et doublent d'un seul coup leur nombre dans Boston.

Le 10 mai 1775, des miliciens américains commandés par le colonel Benedict Arnold s'emparent par surprise du Fort Ticonderoga, capturent la garnison britannique et font main basse sur l'artillerie de la forteresse.

Le 17 juin 1775, c'est la bataille de Bunker Hill. Un contingent d'environ 3,000 Habits Rouges franchit le détroit entre Boston et Charlestown, débarque et entame le nettoyage de la péninsule. Bunker Hill est considérée comme une des batailles les plus sanglantes de la guerre. Le général Israel Putnam commande la milice du Massachussetts, et Howe les troupes britanniques. Bien que cette bataille soit connue sous le nom de Bunker Hill, la majorité des combats se déroulent sur une autre colline à proximité, Breed's Hill. A leur troisième assaut, les forces britanniques s'emparent des fortifications de Breed's et Bunker Hill.

Les pertes américaines s'élèvent à 100 tués, 271 blessés et 30 capturés. Mais pour les Britanniques, qui perdent de leur côté plus de 1,000 hommes, tués et blessés, c'est une victoire à la Pyrrhus. L'objectif de Howe est atteint, mais l'attaque démontre la capacité des Américains à soutenir une bataille rangée et ne change pas le statut du siège de Boston.


L'armée britannique capture d'une des rares batteries d'artillerie des Américains et semble réduire les efforts de George Washington autour de la ville assiégée. Les Britanniques prennent donc la péninsule de Charlestown, mais à un prix très élevé: 228 morts et 826 blessés, une quantité disproportionnée des pertes étant des officiers. La plupart des pertes américaines intervennient pendant la retraite.

Les morts et blessés britanniques comprennent la plupart de leurs officiers. De l'état-major entier de campagne de Howe, ce dernier est le seul à ne pas avoir été touché. L'avance britannique balaie toute la péninsule.

Mais sous les ordres de Putnam, les Américains se remettent rapidement en position sur le continent. Et avec l'extrême fatigue des troupes de Howe, il y a peu de chances pour celui-ci d'avancer sur Cambridge et de briser le siège de Boston.

L'attitude des Britanniques envers les Américains change significativement, à la fois à titre individuel et au niveau gouvernemental. Thomas Gage est bientôt rappelé et remplacé par Howe. Le rapport de Gage au cabinet répète ses avertissements précédents: "une grande armée serait nécessaire pendant longtemps pour réduire ces gens".

Le fameux ordre américain "Don't shot until you see the whites of eyes!" ("Ne tirez pas jusqu'à ce que vous voyiez le blanc de leurs yeux!") est popularisé par les récits sur la bataille de Bunker Hill. Son origine est incertaine, différents auteurs l'attribuant à Putnam ou Prescott, ou encore d'autres officiers subalternes.

Le front du Massachussetts reste ensuite stationnaire et ne changera plus beaucoup. En novembre 1775, George Washington renforce son Armée continentale à Dorchester Heights avec l'artillerie capturée à Fort Ticonderoga en mai, et bombarde durement les positions britanniques.

Le commandant britannique, le major-général William Howe, comprend qu'il n'y a plus d'espoir de l'emporter et, le 17 mars 1776, évacue par mer ses troupes de Boston et se retire vers Halifax, en Nouvelle-Ecosse. C'est l'Evacuation Day, célébré chaque année dans le Comté de Suffolk (Massachussetts).


Attaque du Canada britannique (1775).

Le 28 août 1775, un corps expéditionnaire américain, commandé par le brigadier-général Richard Montgomery et composé de quatre régiments d'infanterie de l'Armée continentale, représentant un effectif d'environ 4,000 hommes, quitte le Fort Ticonderoga, dans l'Etat de New York, et via le lac Champlain, descend le cour du fleuve Richelieu.


L'objectif de Montgomery est la prise de Montreal et de Quebec. Il assiège le Fort Saint-Jean du 6 septembre au 3 novembre 1775. Mais avec l'arrivée de l'hiver, la situation des Américains commence à se dégrader rapidement. Et pour couronner le tout, une grande partie des "enlisted" de l'Armée continentale arrive à l'expiration de leur engagement d'un an.

Après la prise du Fort Saint-Jean, Montgomery reprend sa progression vers Montreal, qui tombe sans combat dix jours plus tard, le 13 novembre 1775. Il est à deux doigts de capturer Guy Carleton, gouverneur général britannique de la province du Quebec.

Montgomery laisse environ 200 hommes en garnison à Montreal, sous le commandement du major-général David Wooster, et le 28 novembre 1775, lorsqu'il embarque sur des navires pour descendre le Saint-Laurent vers Quebec, son armée ne compte plus que 300 hommes. En chemin, il parvient cependant à rallier le 1st Canadian Regiment, composé de 200 volontaires quebecois ou canadiens francophones, sous les ordres du colonel américain James Livingston.

Parallèlement à la colonne de Montgomery, George Washington ordonne l'envoi d'un second corps expéditionnaire. Celui-ci, regroupant 1,100 volontaires et miliciens de Pennsylvanie et de Virginie l'Armée continentale, est commandé par le colonel Benedict Arnold. Son objectif est d'établir sa jonction avec Montgomery à Québec.

Arnold quitte Cambridge dans le Massachussetts le 11 septembre 2001. Son plan est de suivre le cour des rivières Kennebec et Chaudière, et de rallier la ville de Quebec en 20 jours. Il progresse d'abord Newbury Port par la mer, à l'embouchure de la Kennebec, qu'il atteint le 19 septembre 1775.

Après une série de retards dus à la construction bâclée de barges pour naviguer, de la perte d'une bonne partie des vivres, de troubles, de désertion et enfin de mutineries, lorsque Benedict atteint Quebec, le 9 novembre 1775, sa troupe ne comprend plus que 600 hommes sur les 1,100 du départ.

Quebec est défendue par 150 Américains loyalistes du 84th Regiment des Royal Highland Emigrants, commandé par le lieutenant-colonel Allen McClean, renforcé par 500 hommes de la milice quebecoise pro-anglaise, et 400 marins britanniques en permission.

Les miliciens américains sont inférieurs en nombre et sans artillerie, et doivent faire face à une ville bien défendue. Arnold décide de se rendre à Point-aux-Trembres afin d'y attendre les soldats de Montgomery. Ce dernier y arrive le 9 décembre 1775.

Les deux colonnes réunies repartent alors vers Quebec pour l'assiéger, et lance leur attaque finale le 31 décembre 1775. Mais les Américains, qui ne sont pas équipé en vêtements et uniformes d'hiver au contraire des Britanniques, sont repoussés. Montgomery est tué et Arnold blessé, 350 miliciens et soldats de l'Armée continentale sont fait prisonniers. Le siège est levé.


En janvier 1776, la campagne du Canada se solde donc par une retraite américaine précipitée et désordonnée vers Fort Ticonderoga, et par une victoire britannique.

C'est ensuite l'arrivée de renforts britanniques (3,000 hommes) du général John Burgoyne et de ses mercenaires Hessois, arrivant depuis la métropole. Puis la contre-attaque de Guy Carleton, les batailles de Trois-Rivières (8 juin 1776) et de l'île Valcour (11-13 octobre 1776), au terme de laquelle Carleton reprend Fort Ticonderoga (20 octobre 1776).


Campagnes de New-York et du New Jersey (1776-1777).

La campagne de New York et du New Jersey est une série de batailles qui oppose les Britanniques du lieutenant-général William Howe à l'Armée continentale, commandée par le général George Washington. Elle débute le 3 juillet 1776, avec le débarquement des troupes britanniques à Staten Island, et se conclue par la retraite de Washington en Pennsylvanie et dans le New Jersey. C'est la période la plus noire pour l'Armée continentale et les Insurgés américains.


Après s'être retirés de Boston en mars 1776, les Britanniques se concentrent maintenant sur la capture de New York. En juillet 1776, Howe commence par amasser une armée de 22,000 hommes, dont 9,000 mercenaires Hessois, sur Staten Island.

George Washington, qui dispose dans cette région de 19,000 "réguliers" de l'Armée continentale, ignorant tout de l'endroit où Howe a décidé de porter son coup, commet une erreur stratégique, lourde de conséquences, en divisant son armée. Dès lors, les Britanniques ont beau jeu d'engager des forces américaines éparpillées, et de les battre une par une.

Dans les mois qui suivent, Howe et Washington s'affrontent ainsi à plusieurs reprises. Et finalement, ce dernier devra se retirer dans le New Jersey.

En août 1776, les Britanniques entament leurs mouvements à partir de Staten Island et débarquent leur armée à Long Island.

Du 27 au 30 août 1776, c'est la bataille de Long Island, qui se termine par une victoire décisive britannique. Les Américains perdent 3,000 hommes, tués, blessés ou prisonniers, et les Britanniques, 367 hommes.


Après Long Island, c'est le tour de Manhattan, où Washington s'est retranché. Howe et Charles Cornwallis y débarquent le 12 septembre 1776 avec 12,000 hommes, et prennent rapidement le contrôle de la ville.

Le 16 septembre 1776 se déroule la bataille de Harlem Heights, où les Américains remportent un vif succès défensif. Ce qui a pour effet de remonter un peu leur moral.

Lorsque Howe entreprend d'encercler l'armée ennemie, en octobre 1776, Washington doit ordonner une nouvelle retraite. Mais au lieu de poursuivre l'Armée continentale, le Britannique retourne à Manhattan et capture Fort Washington le 16 novembre 1776, où il fait environ 3,000 prisonniers américains. Quatre jours plus tard, Fort Lee, en face de Fort Washington sur l'autre rive de l'Hudson, tombe également aux mains de Britanniques.

Manhattan et Long Island sont définitivement perdus pour les Américains et resteront sous contrôle britannique jusqu'à la fin de la guerre, en 1783.

George Washington et l'Armée continentale poursuivent leur retraite à travers le New Jersey, talonnés par le général Charles Cornwallis. Les Américains ont subis de lourdes pertes, mais Washington parvient à maintenir un moral, bien qu'assez bas, et évite autant que possible le contact avec les troupes britanniques.

Lorsqu'il atteint la Pennsylvanie au début du mois de décembre 1776, il a perdu environ 5,000 hommes, tués, prisonniers ou déserteurs, et son armée ne compte plus que 1,400 conscripts, dont la période d'engagement expire à la fin de l'année. L'armée continentale franchit le fleuve Delaware et se réfugie en Pennsylvanie. Le moral américain est très bas, et le Second Congrès Continental abandonne Philadelphie, menacé, pour Baltimore, dans le Maryland.

Ci-dessous: George Washington et l'Armée continentale repassant le fleuve Delaware, le 25 décembre 1776.


Mais les Américains ne tardent pas à réagir: le jour de Noël, le 25 décembre 1776, le général George Washington déclenche sa contre-offensive avec une armée reconstituée tant bien que mal, une force estimée entre 5,000 et 6,000 hommes, et repasse les eaux glacés de la Delaware.


Il surprend et attaque par surprise 1,500 Hessois commandés par le général allemand Johann Gotlieb Rall à Trenton, dans le New Jersey. Le 2 janvier 1777, c'est la bataille de Trenton, qui se conclue par une victoire décisive américaine et la mort de Rall.


Le même jour, Washington écrase les Britanniques de Cornwallis à la bataille d'Assunpink Creek. Le lendemain, nouvelle victoire américaine: c'est la bataille de Princeton. Washington reprend la ville de Morristown.


Ces succès redonnent confiance aux Américains, leur moral remonte en flèche. C'est le renversement de vapeur et un tournant décisif de la guerre. Le général Charles Cornwallis doit à son tour entamer une douloureuse retraite jusqu'à Brunswick, dans le Maine. Le 5 mars 1777, le Second Congrès continental se réinstalle à Philadelphie, désormais dégagée de toute menace.


Campagne de Saratoga (1777).

La campagne de Saratoga est une série de batailles pour le contrôle du fleuve Hudson, entre juillet et octobre 1777. Cette année est également la période où la France commence à aider la jeune nation américaine, d'abord de manière officieuse, en fournissant aide matérielle et financière. Puis, à partir de 1778, en intervenant directement dans le conflit, aux côtés de l'Armée continentale de George Washington, avec un corps expéditionnaire français commandé par le marquis de La Fayette (1).

Le 30 novembre 1776, le lieutenant-général William Howe, commandant en chef des forces britanniques en Amérique du Nord, conçoit un plan audacieux pour s'emparer de Philadelphie et de la Pennsylvanie.

De son côté, le général John Burgoyne, qui est arrivé recemment de Londres et a succédé à Guy Carleton à la tête de la province du Quebec, conçoit de son côté un plan pour s'assurer le contrôle du fleuve Hudson et le lac Champlain, isoler la Nouvelle-Angleterre. Les Treize Colonies américaines se retrouveraient ainsi pratiquement coupés en deux.

Pour cela, deux armées britanniques vont intervenir. La première, commandée personnellement par Burgoyne, avec un effectif d'environ 10,000 hommes, fait mouvement depuis Montreal en suivant le lac Champlain puis l'Hudson. Une force de diversion commandée par le colonel Barry St Leger, partie de Fort Oswego avec 2,000 hommes, devra suivre la vallée du fleuve Mohawk. Les deux colonnes convergent vers Albany, où elles devront se joindre aux forces de Howe, dans la région de New York.


Burgoyne se met en route à partir de la ville de Quebec en juin 1777, et recapture Fort Ticonderoga en juillet 1777. Ensuite, sa progression est constament ralentie par une série d'obstacles naturels dressés par les arrière-gardes américaines.

En août 1777, un détachement britannique est envoyé pour s'emparer de stocks de ravitaillement. Mais le 16 août, ce détachement se fait anéantir par environ 2,000 miliciens du New Hampshire et du Massachussetts commandés par le général John Stark. C'est la bataille de Bennington. Burgoyne se retrouve ainsi privé d'environ un millier d'hommes.

Pendant ce temps, les troupes de St Leger, 300 soldats réguliers anglais, 650 Canadiens et un millier de guerriers Mohawk dirigé par le chef Joseph Brant, établissent le siège de Fort Stanwix, sur le fleuve Mohawk le 2 août. 740 miliciens américains épaulés par environ 100 Indiens alliés Oneidas essaient de porter secours à la garnison assiégés, mais tombent dans une embuscade et sont anéantis à la bataille d'Oriskany, le 6 août.

Mais le 22 août, les Britanniques, Canadiens et Mohawks de St Leger et de Brant doivent lever le siège lorsqu'une seconde force expéditionnaire approche, commandée par le général Benedict Arnold. St Leger fait demi-tour et regagne le Quebec. Cette retraite contribuera beaucoup dans la future défaite de Burgoyne à Saratoga.

Burgoyne, dont ses forces sont maintenant réduite à 6,000 hommes, après avoir laissé une garnison à Fort Ticonderoga et ses pertes à Bennington, commence à manquer de ravitaillement. Malgré cela, il est déterminé à poursuivre son avance vers Albany.

Une armée américaine d'environ 8,000 hommes, commandés par le général Horatio Gates, s'est retranchée sur des positions défensives établies sur Bernis Heights, 16km au sud-ouest de la ville de Yorktown, dans l'Etat de New York.

Le 19 septembre 1777, Burgoyne essaie d'abord de déborder les Américains par les flancs, mais ses troupes sont stoppées à Freeman's Farm. C'est la première bataille de Saratoga, ou bataille de Freeman's Farm.

La situation de Burgoyne devient désespérée, mais il n'est toujours pas décidé à abandonner et espère toujours rejoindre l'armée de Howe à New York. Mais celui-ci, absorbé par sa campagne contre Philadelphie, n'interviendra pas.

De plus, Gates a reçu des renforts, son effectif est maintenant passé à 11,000 hommes. Après avoir été écrasé définitivement à la seconde bataille de Saratoga, Burgoyne capitule le 17 octobre 1777. C'est la fin de la campagne de Saratoga, qui se solde par une victoire écrasante des Américains.



(1) Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, dit "Marquis de la Fayette" (6 septembre 1757 - 20 mai 1834), général et homme politique français et américain, héros de la guerre d'indépendance américaine et personnalité de la Révolution française. Il a été fait citoyen d'honneur des Etats-Unis d'Amérique en 2002, à titre posthume. Il est enterré au cimetière de Picpus, à Paris.


Campagnes de Pennsylvanie et du New Jersey (1777-1778).

Après avoir capturé et sécurisé la ville de New York en 1776, l'armée britannique du lieutenant-général William Howe se concentre maintenant sur Philadelphie, siège du gouvernement rebelle. A la fin du mois d'août 1777, Howe débarque avec 15,500 hommes dans la baie de Chesapeake, à environ 90km au sud-ouest de Philadelphie, en Pennsylvanie.

George Washington a positionné 14,100 hommes, soit à peu près le même effectif, entre Philadelphie et les forces de Howe. Mais il est pourtant débordé et battu à la bataille de Brandywine, le 11 septembre 1777. Les Britanniques perdent dans l'engagement 587 hommes, dont 93 tués. Les pertes américaines ne sont pas connues avec exactitude, mais tournent autour de 1,200 à 1,300 hommes hors de combat: 300 tués, 600 blessés et 400 prisonniers.


Bien que Howe ait battu l'armée américaine, sa résistance inattendue l'empêche cependant de la détruire complètement. Le moral des Américains reste stable, malgré leurs pertes.

Les jours suivants, les forces britanniques et américaines manoeuvrent l'une autour de l'autre, avec plusieurs engagements mineurs, telle la bataille de Paoli, dans la nuit du 20 au 21 septembre 1777, qui se conclue par une autre victoire britannique.

Désemparés, l'Armée et le Second Congrès continental doivent abandonner Philadelphie pour se réfugier d'abord à Lancaster, puis à York, en Pennsylvanie. Le 26 septembre 1777, les Britanniques s'emparent de Philadelphie sans opposition.


Le 4 octobre 1777, Washington attaque sans succès les Britanniques près de Germantown, puis est obligé de retraiter vers Valley Forge, où il se place en défensive. Il y restera pendant six mois. Durant l'hiver, 2,500 Américains, soit un quart des effectifs de l'Armée continentale, meurent de froid ou de faim. Mais au printemps, Washington reconstitue ses troupes.

Ci-dessous: Washington et Lafayette durant le terrible hiver 1777-1778 à Valley Forge.


Clinton et les restes de son armée parviennent dans la ville de New York en juillet 1778, juste avant l'arrivée d'une escadre navale française, commandée par l'amiral Jean Baptiste Charles Hector, dit "Comte d'Estaing", devant les côtes américaines. De son côté, l'Armée continentale de Washington s'installe à White Plains, au nord de New York. Chacune des deux armées ennemies occupent pratiquement les positions qu'elles tenaient deux ans plus tôt, et la guerre sur ce théâtre d'opérations nord n'évoluera plus beaucoup jusqu'à la fin des hostilités, en septembre 1783.


Alliance franco-américaine (1778).

Les conséquences politiques de la défaite de Burgoyne à Saratoga ne tardent pas à se faire sentir. Le 4 décembre 1777, la nouvelle parvient à Benjamin Franklin, chargé d'une mission diplomatique à Versailles, en France. Deux jours plus tard, souvrent des négociations avec Louis XVI pour une alliance franco-américaine.

Le traité d'alliance franco-américain est signé le 6 février 1778. C'est le début de la reconnaissance internationale de l'indépendance des Treize colonies américaines. Un mois plus tard, Louis XVI déclare la guerre à la Grande-Bretagne. Désormais, la France interviendra directement et officiellement dans la guerre d'indépendance américaine.


Guerre dans les Colonies du Sud (1778-1781).

Durant les trois premières années de guerre, les opérations militaires se sont concentrées sur le front nord. Après l'entrée en guerre officielle de la France, en 1778, l'attention des Britanniques se tourne désormais vers les Colonies du Sud.

Le 29 décembre 1778, un corps expéditionnaire britannique, commandé par le lieutenant-général Henry Clinton et parti de New York, débarque et s'empare de Savannah, en Géorgie. Une contre-attaque franco-américaine pour reprendre la ville échoue le 9 octobre 1779.

En mars 1780, Clinton entame ensuite le siège de Charleston, en Caroline du Sud, et après deux mois, capture la ville et la majorité des effectifs de l'Armée continentale du Sud, commandée par le major-général Benjamin Lincoln. Avec relativement peu de pertes, Clinton s'assure le contrôle du plus grand port dans le Sud des Colonies.


Les restes de l'Armée continentale du Sud entament une douloureuse retraite vers la Caroline du Nord, pourchassés par les troupes britanniques du lieutenant-colonel Banastre Tarleton, lequel écrase les Américains à la bataille de Waxhaws, le 29 mai 1780. Avec cet évenement, la résistance organisée américaine prend fin, et la suite des opérations, sous forme de guerilla, sera menée par les partisans du lieutenant-colonel Francis Marion.

Le général Charles Cornwallis remplace Clinton et prend le commandement des troupes britanniques dans le Sud, à la fin de l'année 1780. De côté américain, Horatio Gates est désigné par George Washington pour reformer l'armée continentale du Sud.

Le 16 août 1780, Gates est battu par Cornwallis à la bataille de Camden, ce qui prépare le terrain le britannique dans son projet d'invasion de la Caroline du Nord. Les succès de Cornwallis seront cependant de courte durée, car une grande partie de son armée est écrasée lors de la bataille de la Kings Mountain, le 7 octobre 1780, et Tarleton battu par les troupes américaines du major-général Daniel Morgan, à la bataille de Cowpens, le 17 janvier 1781.

Le général Nathanael Greene, qui remplace Gates, procède à des opérations militaires pour affaiblir et fatiguer les Britanniques dans une série d'escarmouches et d'engagements mineurs.

En mars 1781, lors de la Bataille de Guilford Court House, Cornwallis bat Greene, mais c'est une victoire à la pyrhus. Les britanniques doivent se replier sur Wilmington, en Caroline du Nord, pour se ravitailler et se renforcer. Après quoi, ils abandonnent les Caroline et la Géorgie pour se diriger vers le nord, en Virginie.


George Washington envoit Lafayette pour défendre la Virginie et, en avril 1781, un corps expéditionnaire britannique commandé par Benedict Arnold (après sa défection) débarque. Celui-ci fait mouvement à travers la Virginie, détruisant au passage des dépôts de ravitaillement américains, avant de se joindre à l'armée de Cornwallis.

Lafayette engage Cornwallis, avec des forces nettement inférieures en nombre, dans une série d'escarmouches, tout en évitant une bataille majeures. En juillet 1781, incapable de battre ou de capturer le Français, Cornwallis décide de replier son armée vers Yorktown, pour y réembarquer et retourner à New York. Mais il n'y arrivera jamais.

En effet, le 5 octobre 1781, une flotille française commandée par François-Joseph Paul, "Comte de Grasse", écrase les navires de la Royal Navy lors de la Bataille navale de Chesapeake, coupant ainsi tout espoir de retraite au général Charles Cornwallis.


17,000 Franco-Américains commandés par George Washington, Lafeyette et le Comte de Rochambeau, convergent des fronts nord et sud vers Yorktown et, au début d'octobre 1781, entament le siège de la ville. Pendant plusieurs jours, l'artillerie terrestre et la flotte française au large pilonnent les positions britanniques.


Le 19 octobre 1781, c'est la fin: Cornwallis, sachant ses positions indéfendables, se résout à capituler avec toute son armée de 7,000 hommes. Après cette capitulation, des pourparlers de paix s'ouvre entre les Insurgés et les Britanniques, qui déboucheront deux ans plus tard sur le Traité de Paris.

Tableau ci-dessous: capitulation de Cornwallis à Yorktown, le 19 octobre 1781.



Article modifié le 14 juin 2014.


Sources principales:
History of the United States (Wikipedia.org)
• Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
• Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.

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