Divisions de la Waffen-SS

La Waffen-SS est la branche militaire des Schutstaffeln ("Escadrons de Protection"), organisme du parti nazi universellement plus connu sous le sigle SS. En temps de paix, elle reste sous le contrôle du Reichsführer-SS Heinrich Himmler et de son SS-Führungshauptamt, ou "Bureau de commandement opérationnel de la SS". Cependant, en temps de guerre, avec la mobilisation générale, ce commandement tactique passe sous l'autorité du Haut-Commandement de la Wehrmacht (OKW), bien qu'elle ne fasse pas officiellement partie de l'armée.


Les premiers membres de la Waffen-SS sont exclusivement des Aryens, soumis à de rigoureux critères de sélection basés sur les lois raciales nazies. A partir de 1940, nécessité oblige, la Waffen-SS recrute parmi la Volksdeutsche, c'est-à-dire les populations germanophones vivant hors du Reich. Puis finalement, à la fin du conflit, des personnes provenant des pays que l'Allemagne a occupé: Belges, Néerlandais, Français (1), Italiens, Scandinaves, Balkaniques, et même d'Union Soviétique (Ukrainiens, Biélorusses, Russes, Cosaques, ...) On considère qu'à l'arrêt des hostilités, 60% des soldats de la Waffen-SS était composée de non-Allemands d'origines ethniques diverses.

Considérées comme des troupes d'élite et présentes sur tous les théâtres d'opération de 1939 à 1945, à l'exception de l'Afrique du Nord, les unités de la Waffen-SS se révèlent de qualité variable, la plupart d'entre-elles cependant faisant preuve d'une grande combativité. Elles se distinguent également par le nombre d'exactions et de massacres auxquels elles ont pris part.

(1) A Berlin, les dernières troupes nazies à combattre contre l'Armée Rouge dans et autour du baptiment Reichstag, le 30 avril 1945, furent des volontaires français de la Division SS "Charlemagne".


Origines de la Waffen-SS (1933-1939).

Les origines de la Waffen-SS remontent à mars 1933, lorsqu'un groupe de 120 SS sont sélectionnés par le SS-Obergruppenführer (2) Joseph "Sepp" Dietrich pour former le Sonderkommando Berlin. En novembre 1933, l'unité compte environ 800 hommes, et lors d'une cérémonie commémorative à Berlin, à l'occasion du dixième anniversaire du Putsh de Munich, le nouveau régiment fait serment d'allégence à Adolf Hitler. L'unité est baptisée à cette occasion "Leibstandarte (Régiment de Protection) Adolf Hitler" (LAH). Le 13 avril 1934, sur ordre d'Heinrich Himmler, il prend le nom de "Leibstandarte SS Adolf Hitler" (LSSAH).

Photo ci-dessous: parade à l'occasion du 2ème anniversaire du régiment "Leibstandarte SS Adolf Hitler" (LSSAH), 23 mai 1935. Derrière le lutrin, on distingue Joseph "Sepp" Dietrich.


Le régiment LSSAH a l'occasion de prouver sa loyauté au Führer à la fin du mois de juin 1934, durant la célèbre "Nuit des Longs Couteaux", l'élimination des Sturmabteilung", ou Sections d'Assaut SA. A la fin de 1933, cette organisation, dirigée par un des plus vieux compagnons de route d'Hitler, Ernst Röhm, compte plus de deux millions d'adhérents. Malgré ses liens d'amitié, cela n'empêche pas Hitler de considérer les SA comme un rival et une menace. Il décide donc d'agir en conséquence, et la SS est chargée d'éliminer Röhm et les autres hauts fonctionnaires des SA.

La "Nuits des Longs Couteaux" se déroule entre le 30 juin et le 2 juillet 1934, avec l'arrestation puis l'exécution de 82 membres haut-placés, y compris Röhm, et marque la fin de la puissance des SA. Cette élimination est largement imputable au RSSAH.

En septembre 1934, Adolf Hitler autorise la formation d'une branche militaire du Parti Nazi et approuve la création du SS-Verfügunsgruppe (SS-VT) comme "troupes de combat" du NSDAP, placées sous son contrôle personnel et exclusif. Ces unités de combat SS marquent le noyau dur de la Waffen-SS. Cependant, le SS-VT continue de dépendre de l'armée allemande en ce qui concerne la fourniture des équipements et l'entraînement des recrues.

Les bureaux locaux de recrutement responsables de la conscription, pour remplir les quotas définis par l'OKW, assignent en priorité les transferts dans les différentes branches de la Wehrmacht, et les SS se retrouvent en bas de la liste des priorités.

En dépit des difficultés imputables à ce système de quotas, Heinrich Himmler parvient à former deux autres régiments baptisés "SS Germania" et "SS Deutschland", qui forment avec le LSSAH et une unité de transmissions le SS-VT. Simultanément, Himmler inaugure le "SS-Junkerschule Bad Tölz" et le "SS-Junkerschule Braunschweig", l'équivallent des West Point américain et Sandhurst anglais, des écoles destinées à la formation des officiers affectés aux nouveaux régiments SS.

En 1936, Himmler nomme le lieutenant-général Paul Hausser, un officier de la Reichswehr à la retraite, "Inspecteur du SS-VT", avec le grade de "SS-Brigadeführer". Celui-ci est chargé de transformer le SS-VT en une véritable force militaire crédible et autonome.

Le 17 août 1938, en dépit de l'hostilité et des réticences de la Wehrmacht, Adolf Hitler décrète que le SS-VT doit répondre pleinement aux obligations militaires. Le SS-VT est dès lors autorisé à acquérir des armes lourdes, et ses effectifs augmentent. Des unités de SS-Totenkopfverbände (SS-TV), litérallement "unités Têtes de Mort", des SS chargés de l'administration des camps de concentration, seront utilisées en temps de guerre comme réserve au profit du SS-VT.

Photo ci-dessous: inspection de soldats du RSSAH dans leur caserne de Berlin, 22 novembre 1938.


Mais le SS-VT n'est pas encore capable de tester lui-même ses unités en situation de combat. Cette situation change en 1938, avec le déclenchement de l'Anschluss, l'annexion de l'Autriche en mars, et le réglement des Sudètes en octobre. Un bataillon du LSSAH accompagne les troupes allemandes en Autriche, et durant l'occupation des Sudètes, les trois régiments SS participent aux opérations. Dans les deux cas, les SS ne rencontrent aucune opposition et ne livrent aucun combat.


(2) SS-Gruppenführer: général de corps d'armée SS. Dans la période d'avant-guerre, c'est le plus haut grade dans l'organisation de la Waffen-SS, après celui du SS-Reichsführer Heinrich Himmler.

(3) SS-Brigadeführer: général de division SS.



Unités de la Waffen-SS au combat (1939-1945).

1° Invasion de la Pologne.

Les formations militaires d'Heinrich Himmler, au début de la Seconde Guerre mondiale, se répartissent en plusieurs groupes:

• Régiment Leibstandarte SS Adolf Hitler (LSSAH), sous le commandement du SS-Obergruppenführer (4) Joseph "Sepp" Dietrich.

• Corps d'inspection (Inspectorate) de la Verfungunsgruppe, sous l'autorité du SS-Gruppenführer (5) Paul Hausser, lequel commande les régiments Deutschland, Germania et Der Führer, ce dernier constitué avec des volontaires autrichiens recrutés après l'Anschluss, et encore à l'instruction.

• Corps d'inspection des camps de concentration, sous le commandement du SS-Gruppenführer (5) Theodor Eicke, qui compte quatre régiments "Tête de Mort" (Totenkopf Standarten) d'infanterie et un régiment de cavalerie. Y compris les gardiens de camps de la SS-Totenkofverbände (SS-TV). Ces troupes adopte l'inscription "SS" runique et l'emblême du crâne et des tibias croisés comme symboles.

Ci-dessous: emblème de la rune "SS":



• Troupes de combat de l'Ordnungspolizei (ORPO), constituées d'unités de la police et commandées par l'Obergruppenführer und General der Polizei Kurt Daluege. Ces unités utilisent les grades et insignes de la police nationale allemande, qui sont plus petits que ceux des SS.

Ces unités constitue le noyau dur des formations militaires Waffen-SS.

En août 1939, Hitler place le régiment LSSAH sous le contrôle opérationnel du haut-commandement de l'armée (OKH). Il participera à la campagne de Pologne intégré au sein de la 17ème Division d'infanterie de la Wehrmacht. Himmler conserve le commandement des Totenkopf Standarten, qui seront employées à l'arrière des unités combattantes dans des tâches de sécurité, répression et de police.

Lors de la campagne de Pologne, en septembre 1939, des doutes sont émises par la Wehrmacht sur l'efficacité des SS au combat. Leur ardeur et leur volonté n'est pas remise en question. Au contraire, les rapports de l'OKW indiquent qu'ils ont plutôt tendance à trop s'exposer eux-mêmes à des risques ou des actions inconsidérées, qui entraînent inévitablement de lourdes pertes dans les unités de la Wehrmacht. Himmler insiste sur le fait que la SS-VT doit combattre en disposant de ses propres formations et de sa chaîne de commandement, alors que l'OKW essaie d'intégrer les troupes SS au sein de ses formations. Hitler, qui cherche à ménager l'armée, choisit le compromis, et Himmler doit s'incliner. Désormais, la SS-VT disposera de ses propres divisions de combat, mais celles-ci resteront sous le contrôle opérationnel de l'armée de terre en temps de guerre.

Au sein des troupes de la Wehrmacht, les sentiments envers les SS oscillent entre la haine, le dégoût et la répulsion. Le commandant en chef de l'OKW, le général Johannes Blaskowitz, proteste énergiquement contre les exactions des unités Totenkopf Standarten, qui massacrent à l'arrière du front des milliers de civils polonais et met le feu aux villages "par routine". Ces critiques ont l'effet inverse de celui recherché: le 17 octobre 1939, Heinrich Himmler obtient la promulgation d'un décret relatif à une juridiction spéciale en matière pénale pour les membres de la SS et de la police en mission spéciale: les Waffen-SS ne pourront plus être traduits devant les conseils de guerre de le Wehrmacht, et relèveront uniquement du jugement de magistrats SS, désignés par le Führer sur proposition d'Himmler.


(4) SS-Obergruppenführer: général d'armée SS.

(5) SS-Gruppenführer: général de Corps d'armée SS.



2° Premières divisions Waffen-SS.

En octobre 1939, les régiments SS "Deutschland", "Germania" et "Der Führer" sont réorganisés en une division SS-VT "Verfügungs", et le LSSAH est transformé en régiment motorisé renforcé. Hitler autorise la création de deux autres formations: la Division-SS "Totenkopf" ("Tête de Mort") et la Division-SS "Polizei", formée avec des membres de la police nationale.

Au cours des premiers mois de 1940, les effectifs de la SS-VT s'accroissent considérablement, passant de 18000 à plus de 100000 hommes. Hitler autorise également la formation de quatre bataillons d'artillerie motorisés, un pour chaque division SS et le régiment LSSAH. L'OKW est censé fournir l'équipement lourd et l'armement des unités Waffen-SS, mais dans les faits elle rechignent à ceder les stocks de ses arsenaux. Si bien que la dotation des unités SS s'effectuera lentement. Lors du déclenchement de l'offensive allemande sur le front Ouest, le 10 mai 1940, seul le régiment LSSAH sera en dotation complète et apte à participer aux opérations.


3° Offensive allemande sur le front occidental.

Au cours de l'hiver et du printemps 1940, les trois divisions et le régiment SS Leibstandarte AH s'entraînent pour participer à la guerre sur le front Ouest. Au début du mois de mai, ces unités font mouvement pour gagner leurs positions de départ, le LSSAH étant subordonné à la 227ème Division d'infanterie de la Wehrmacht.

A l'aube du 10 mai 1940, le régiment "Leibstandarte AH" franchit la frontière et pénètre aux Pays-Bas, formant l'avant-garde des troupes allemandes. Le Régiment SS Der Fûhrer avance vers Utrecht. Le lendemain, c'est le tour du reste de la Division SS-VT de franchir la frontière et d'avancer vers Rotterdam, qu'elle atteint le 12 mai. Après la reddition de la ville, le régiment LSSAH poursuit son avance vers La Haye, qu'il atteint le 15 mai, capturant 3500 prisonniers de guerre néerlandais.

En France, la Division SS-TV "Totenkopf" participe à l'unique grande bataille de chars du front occidental, lors de la bataille d'Arras le 21 mai, lorsque les canons PaK 36 interviennent (sans résultats) contre les chars Matilda de la 1ère Brigade blindée britannique.

Après la capitulation néerlandaise, le régiment LSSAH fait mouvement au sud pour gagner la France. Intégré au sein du 19ème Korps motorisé du général Heinz Guderian, il prend position à une trentaine de kilomètre au sud de Dunkerque, le long du Canal de l'Aa, et établit une tête de pont sur la rive opposée à Saint-Venant. Au cours de la nuit du 24 au 25 mai 1940, l'OKW lui donne l'ordre de stopper sa progression, mais le LSSAH, y contrevenant, poursuit son avance le jour suivant et s'empare des hauteurs dominants le Canal.

Le même jour, les Britanniques contre-attaquent Saint-Venant, et forcent la Division SS-VT à retraiter. C'est la seule fois qu'une unité Waffen-SS est forcée de se retirer et à perdre du terrain, au cours de cette campagne de l'été 1940.

Photo ci-dessous: Himmler inspecte un char Panzer-III de la Division SS "Leibstandarte AH" le 1er septembre 1940, dans la région de Metz.



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