8 décembre 1941 - 15 février 1942 - Asie du Sud-est: campagne japonaise de Malaisie et de Singapour

Asie du Sud-Est. La bataille de Malaisie et de Singapour est une campagne ayant opposé l'armée impériale japonaise et l'Empire britannique en Extrême-Orient. La 25ème Armée japonaise du lieutenant-général Tomoyuki Yamashita débarque au nord de la péninsule malaise le 8 décembre 1941, le même jour que l'attaque contre Pearl Harbor par-delà la ligne de changement de date. Pour les Alliés, cette campagne se termine par un désastre et une humiliation. Le 15 février 1942, le général Arthur Percival signe la capitulation inconditionnelle des troupes du Commonwealth (Grande-Bretagne, Inde, Australie et Malaisie) à Singapour.



Plan et préparatifs d'invasion japonais.

La conquête de la péninsule malaise et de Singapour revient au "Groupe d'Armées expéditionnaire du Sud" du maréchal Hisaichi Terauchi, et plus particulièrement à la 25ème Armée japonaise, commandée par le lieutenant-général Tomoyuki Yamashita, qui sera bientôt surnommé le "Tigre de Malaisie" ou "Rommel d'Extrême-Orient". Ce dernier engage au combat quatre divisions d'infanterie, dont une des Gardes impériaux, renforcées par une brigade blindée à trois régiments de chars moyens et un de chars légers, quatre régiments d'artillerie de campagne, dont un de montagne, plus diverses autres unités de soutien (génie, artillerie AA, médical, ...). Au total, un effectif d'environ 72000 hommes.

"Groupe d'Armées expéditionnaire du Sud". Maréchal Hisaichi Terauchi.

• 25ème Armée japonaise. Lieutenant-général Tomoyuki Yamashita. QG Saigon, Indochine.

  • 5ème Division d'infanterie. Lieutenant-général Takuro Matsui.
  • 18ème Division d'infanterie. Lieutenant-général Renya Mutaguchi.
  • 56ème Division d'infanterie. Lieutenant-général Masao Watanabe.
  • Division impériale des Gardes. Lieutenant-général Takuma Nishimura.
  • 3ème Brigade blindée indépendante.
    • 1er, 2ème, 6ème et 14ème Régiments de chars.
  • 3ème Régiment d'artillerie de campagne 150mm (séparé).
  • 18ème Régiment d'artillerie de campagne 150mm (séparé).
  • 21ème Régiment d'artillerie de campagne 150mm (séparé).
  • 3ème Régiment d'artillerie de montagne 75mm (séparé).

Yamashita peut également compter sur le soutien de la 3ème Division aérienne de l'armée impériale, stationnée en Indochine française.


  • 3ème Division aérienne de l'Armée impériale. Lieutenant-général M. Sugahara. QG Kompong Trach, Indochine. Base aérienne: Phnom Penh, Indochine. Equipement: Kawasaki Ki-48 Lily, Ki-27 Nate, Mitsubishi G3M Nell, Ki-46 Nell et Ki-15 Babs.
    • 3ème Brigade aérienne. Phnom Penh.
    • 7ème Brigade aérienne. Phnom Penh.
    • 10ème Brigade aérienne. Phnom Penh.
    • 12ème Brigade aérienne. Phnom Penh.

Les troupes de Yamashita appareillent de Samah, sur l'île chinoise d'Hainan, et de Saigon, en Indochine française, le 4 décembre 1941. La force d'invasion japonaise est signalée les 6 et 7 décembre successivement par un Lockheed Hudson de la RAF et un Catalina de la Royal Navy, ce dernier étant abattu par la DCA japonaise après avoir communiqué son rapport. Les membres d'équipage de l'hydravion anglais sont donc les premiers tués alliés de la Guerre du Pacifique.

L'objectif stratégique principal des Japonais est la capture de Singapour, qui sert de base aux cuirassés et grandes unités de surface de la Royal Navy et qui représente une grave menace pour ses plans de conquête vers l'Australie, la Birmanie et l'Inde. Leur plan consiste à faire débarquer la 25ème Armée sur la côte orientale du Siam (Thaïlande) à Pattani et Singora (5ème Division d'infanterie), et sur la côte nord-est de la Malaisie à Khota Bharu (18ème Division d'infanterie), pour ensuite la faire redescendre tout le long de la péninsule malaise jusqu'à l'île de Singapour, située à son extremité sud-est.


Défenses du Commonwealth en Malaisie.

La défense de la péninsule malaise est confiée au lieutenant-général Arthur E. Percival. Celui dispose de diverses unités provenant des pays du Commonwealth: Inde, Australie, Grande-Bretagne, Malaisie et Nouvelle-Zélande.

3ème Corps indien. Lieutenant-général Lewis "Piggy" Heath.

  • 9ème Division d'infanterie indienne. Major-général Edward Barstow. QG Kuala Lumpur.
    • 8ème Brigade d'infanterie indienne. Brigadier-général Berthold W. Key. QG Khota Bharu.
    • 22ème Brigade d'infanterie indienne. Brigadier-général G.W.A. Painter. QG Kuantan.
    • Unités divisionnaires de soutien.
  • 11ème Division d'infanterie indienne. Major-général David M. Murray-Lyon. QG Sungai Petani.
    • 6ème Brigade d'infanterie indienne. Brigadier-général William Oswald Lay. QG Jitra.
    • 15ème Brigade d'infanterie indienne [Réserve 3ème Corps]. Brigadier-général Kenneth A. Garrett. QG Jitra.
    • 28ème Brigade d'infanterie Gurkhas. Brigadier-général W. St J. Carpendale. QG Ipoh.
    • Unités divisionnaires de soutien.
  • Brigade de ligne de communication [volontaires malais]. Brigadier-général R.G. Moir.
    • Régiment Royal malais (4 bataillons). Perak, Selangor, Negeri Sembilan et Pehrang.
    • 1er Régiment léger de ligne malais [volontaires].
    • Escadron de véhicules blindés malais [volontaires].
    • Bataillon de transmissions malais [volontaires].

Autres forces terrestres du Commonwealth.
  • 8ème Division d'infanterie australienne. Major-général Gordon Bennett. QG Kluang.
    • 22ème Brigade d'infanterie australienne. Brigadier-général Harold B. Taylor. QG Mersing/Endau.
    • 27ème Brigade d'infanterie australienne. Brigadier-général Duncan S. Maxwell. QG Kluang.
  • Division de forteresse Singapour. Major-général Frank K. Simmons. QG Singapour.
    • 1ère Brigade malaise. Brigadier-général G.C.R. Williams.
    • 2ème Brigade malaise. Brigadier-général F.H. Fraser.
    • Brigade de volontaires civils. Colonel R.G. Grimwood.
    • Brigade d'artillerie. Brigadier-général W.G. Wildey.
    • Brigade Royal du Génie. Brigadier-général I. Simson.
    • Unités de soutien.

Le maréchal de l'air sur Robert Brooke-Popham dirige les unités de la Far East Air Force (Royal Air Force). Celle-ci se compose principalement d'avions inadaptés à ce théâtre d'opérations ou démodés et surclassés, comme des Brewster Buffalo, Bristol Blenheim, Lockheed Hudson et Vickers Vildebeest.

Photo ci-dessous: 1° Lockheed Hudson du Squadron 1 de la Royal Australian Air Force sur RAAF Richmond, nord-ouest de Sydney, Australie, octobre 1940. 2° Consolidated PBY Catalina du Squadron 205 de la Royal Air Force à Singapour, 1941.


Bases aériennes du Commonwealth à Singapour.

  • Base aérienne de RAF Selatar.
    • Squadron 36 (RAF). 6 Vickers Vildebeest.
    • Squadron 100 (RAF). 12 Vickers Vildebeest.
    • Squadron 205 (RAF). 3 PBY Catalina.
  • Base aérienne de RAF Tengah.
    • Squadron 34 (RAF). 16 Bristol Blenheim IV.
  • Base aérienne de RAF Sembawang.
    • Squadron 453 (RAAF). 16 Brewster Buffalo.
  • Base aérienne de RAF Kallang.
    • Squadron 243 (RAF). 14 Brewster Buffalo.
    • Squadron 488 (RNZAF). 16 Brewster Buffalo.

Bases aériennes dans le nord de la Malaisie.

  • Base aérienne de RAF Sungei Patani.
    • squadron 21 (RAAF). 12 Brewster Buffalo.
    • Squadron 27 (RAF). 12 Bristol Blenheim I.
  • Base aérienne de RAF Khota Bharu.
    • Squadron 1 (RAAF). 12 Lockheed Hudson.
    • Detachement Squadron 243 (RAF). 2 Brewster Buffalo.
  • Base aérienne de RAF Kuantan.
    • Squadron 8 (RAAF). 12 Lockheed Hudson.
    • Squadron 60 (RAF). 8 Bristol Blenheim IV.
  • Aérodrome avancé de Gong Kedah.
    • Detachement Squadron 36 (RAF). 6 Vickers Videbeest.
  • Aérodrome avancé d'Alo Star.
    • No. 62 Squadron RAF - 11 Bristol Blenheim.


Opérations préliminaires en Thailande.

Pour envahir la Malaisie et la Birmanie, l'armée japonaise a besoin de s'assurer le contrôle des voies de communication (routes, voies ferrées), des ports et des aérodromes dans le royaume du Siam (aujourd'hui la Thaïlande). Les Thaïs, cependant, sont un peuple fier de n'avoir jamais été conquis et sont déterminés à maintenir leur indépendance. Ils viennent de sortir d'une guerre de frontière avec le régime français de Vichy. L'armée thaïlandaise, qui compte l'équivallent de cinq divisions, est donc loin d'être négligeable pour Tokyo, la plupart de ses soldats étant aguerris, expérimentés et endurcis.

Si l'état-major impérial à Tokyo veut éviter autant que possible des lourdes pertes, il est vital à ses yeux que les débarquements prévus dans le sud du pays s'effectuent sans opposition. Pour faciliter cela, les Japonais entament des négociations secrètes avec le gouvernement thaï. Constatant que les puissances de l'Axe enchaînent victoire sur victoire en Europe, en octobre 1940 le Premier ministre Plaek "Phibun" Pibulsonggram est assez receptif aux demandes de Tokyo. Il fait secrètement et verbalement la promesse aux Japonais de les soutenir en case d'invasion de la Malaisie.

Cependant, Phibun semble être disposé à oublier cette promesse verbale si les circonstances sont amenées à changer. Il demande en 1941 aux Américains et aux Britanniques des guaranties concrètes d'aide et de soutien si le Siam est envahi. Ni l'un ni l'autre n'ont les moyens de donner de telles garanties, bien que le Premier ministre Winston Churchill menace le Japon de lui déclarer la guerre en cas d'attaque du Siam. Cette menace directe des Britanniques conduit les Japonais à faire preuve des prudences et à ménager les Thaïs. Ils essaient, sans succès, d'obtenir un accord de droit de passage à leurs troupes à travers le territoire thaï, passage dont dépend leur plan opération contre la Malaisie et la Birmanie.

Mais le maréchal Hisaichi Terauchi, commandant du "Groupe d'Armées expéditionnaire du Sud", finit par mettre fin à ces tergiversations et prend la décision de faire entrer ses troupes au Siam, quoiqu'il arrive, avec ou sans permission du gouvernement thaï. Le 7 décembre 1941, Churchill envoie le message suivant au Premier ministre Phibun: "Il existe une forte probabilité d'invasion imminente de votre pays par les Japonais. Si vous êtes attaqué, vous devrez vous défendre vous-mêmes. La préservation de votre indépendance et de votre souveraineté est une de nos préoccupations majeures, et nous considéreront une attaque contre vous comme une attaque contre nous-mêmes." (1)

Le plan d'intervention japonais au Siam implique deux divisions d'infanterie de la 15ème Armée du lieutenant-général Shojiro Iiada, et la Division impériale des Gardes, détachée temporairement de la 25ème Armée.

  • 15ème Armée japonaise. Lieutenant-général Shojiro Iiada.
    QG près de la frontière entre l'Indochine et le Siam.
    • 33ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Shozo Sakurai.
    • 55ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Hiroshi Takeuchi.
  • 25ème Armée japonaise. Lieutenant-général Tomoyuki Yamashita.
    QG Saigon, Indochine.
    • 5ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Takuro Matsui.
    • Division impériale des Gardes. Lieutenant-général Takuma Nishimura. 22645 hommes.

Ci-dessous: plan d'invasion japonais du Siam.



1° Battambang.

A l'aube du 8 décembre 1941, la Division impériale des Gardes, placée en tête des unités de la 15ème Armée japonaise, franchit la frontière indochinoise. Les Japonais ne rencontrent aucune résistance, avançant vers le nord-ouest dans la province de Prachinburi, en longeant la nouvelle voie ferrée entre Aranyaprathet et Monkhol Bourei.


2° Chumphon.

Le 1er Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie japonais débarque à Chumphon dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941. Il établit un périmètre défensif autour de la zone de débarquement, mais se heurte ensuite à la résistance tenace d'unités thaï. Les combats cessent dans la soirée quand les Thaïs reçoivent l'ordre de cessez-le-feu du Premier ministre Phibun.


3° Nakhon Si Thammarat.

Nakhon Si Thammara est l'emplacement du QG de la 6ème Division Thai et de son 39ème Bataillon d'infanterie. Trois navires japonais jettent l'ancre à quelques kilomètres de la côte dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941. Ils transportent le 3ème Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie, le 18ème Régiment de District aérien et une unité de transmission de l'aviation de l'armée impériale, le 32ème Bataillon d'artillerie AA et la 6ème Compagnie de construction ouvrière. Un peu après minuit, les troupes japonaises commencent à débarquer. Le débarquement s'effectue à côté de la garnison thaï, le camp Vajiravudh. Les Thaïs, informés auparavant du débarquement japonais à Songkhla, réagissent immédiatement. La bataille de Nakhon Si Thammara se poursuit jusqu'à midi, lorsque survient l'ordre de cessez-le-feu.


4° Pattani.

Situé près de la frontière malaise, Pattani est le second objectif de la 25ème Armée japonaise, après Khota Bharu. Les débarquements de la 5ème Division d'infanterie s'effectuent en dépit de la mer agitée. Les Japonais s'opposent à cet endroit au 42ème Bataillon d'infanterie thaï, jusqu'à ce que celui-ci reçoivent l'ordre de cessez-le-feu, vers midi le 18 décembre 1941.


5° Prachuap Khiri Khan.

Prachuap Khiri Khan est la base du 5ème Wing de la Force Aérienne Royal Thaï, commandé par le Wing-Commander M.L. Pravat Chumsai. Le 2ème Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie japonais débarque le 8 décembre vers 3h du matin, et occupe la ville à l'aube après avoir écrasé la résistance des forces locales de police. D'autres débarquements ont lieu près du terrain d'aviation, au sud de celui-ci. Les Japonais assiègent ensuite l'aérodrome, mais les aviateurs et le personnel au sol thaï résistent avec succès jusqu'à midi, quand ils reçoivent l'ordre de cessez-le-feu. Les Japonais ont perdu au cours de cet engagement 115 tués, selon leurs estimations, 217 tués et plus de 300 blessés, selon les estimations thaï. L'aviation royale thaï enregistre la perte de 38 tués et 27 blessés.


6° Samut Prakan.

Le 3ème Bataillon du 3ème Régiment d'infanterie des Gardes impériaux débarque à Samut Prakan dans les premières heures du 8 décembre 1941. Son objectif est la capture de Bangkok. Les Japonais s'opposent en cours de chemin à un petit détachement de police locale. En dépit d'une violente confrontation, les combats ne se poursuivent pas et les policiers thaïs se retirent. Les Japonais acceptent de ne pas entrer dans la capitale avant que soient formellement conclues des négociations.


7° Songkhla.

La prise du port de Songkhla est un des objectifs de la 25ème Armée de Yamashita. les débarquements japonais s'effectuent dans cette zone aux premières heures du 8 décembre 1941. La garnison thaï de Khao Khor Hong (41ème Bataillon d'infanterie et 13ème Bataillon d'artillerie) occupe immédiatement des positions le long de la route menant vers la Malaisie, mais elles sont écrasés et les Thaïs sont forcés de se retirer vers de nouvelles positions défensives moins exposées, que les Japonais ignorent simplement ou décident de contourner. Les combats cessent vers midi avec l'ordre de cessez-le-feu du Premier ministre thaï.


8° Surat Thani.

Une compagnie du 1er Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie débarque dans le village côtier de Ban Don, dans les premières heures du 8 décembre 1941. Elle avance vers Surat Thani, où elle se heurte à la police royale thaï et à des volontaires. Des combats assez confus ont lieu sous une averse de pluie, et ce n'est qu'en fin d'après-midi que les Thaïs survivants reçoivent l'ordre de déposer les armes.


9° Conclusions de la campagne japonaise du Siam.

La décision de Plaek Pibulsonggram de signer avec le Japon un armistice le 8 décembre 1941, après moins d'une journée de guerre, met fin aux espoirs de Winston Churchill de forger une alliance avec le Siam (Thaïlande). Désormais, le Japon est assuré d'utiliser pleinement le pays comme base d'opérations pour ses futures conquêtes en Malaisie et en Birmanie. Quelques heures à peine après l'entrée en vigueur de l'armistice, des escadrilles de l'aviation de terre impériale sont transférées d'Indochine vers l'aérodrome de Songkhla, permettant aux bombardiers japonais d'atteindre des objectifs situés jusqu'alors en dehors de leur rayon d'action: Singapour, Sumatra, la Birmanie, etc. Le 21 décembre 1941, un traité d'alliance est ratifié entre le Siam et le Japon. Le 25 janvier 1942, le gouvernement thaï déclare la guerre aux Etats-Unis et aux Etats membres du Commonwealth (Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde).


(1) Prime Minister Winston Churchill's Broadcast On War With Japan, December 8, 1941 (British Library of Information).


Malaisie (8 décembre 1941 - 31 janvier 1942).

1° Débarquement japonais à Khota Bharu.

Un peu après minuit, dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941, une patrouille indienne signale au large de Khota Bharu trois gros navires. Il s'agit des batiments de transport Awazinam Maru, Ayatosian Maru et Sakura Maru, qui ont jetté l'ancre à 3km du rivage et assurent le convoyage de 5200 soldats de la 18ème Division d'infanterie japonaise. Ce sont des vétérans aguerris ayant combattu en Chine depuis 1937.

L'assaut initial est confié au 56ème Régiment de cette division, commandé par le colonel Yoshio Nasu, soutenu par une batterie d'obusiers du 18ème Régiment d'artillerie de montagne, du 12ème Régiment du génie et de diverses autres unités médicales, de transmissions ou de transport. Ces troupes sont protégées par une force navale commandée par le contre-amiral Shintaro Hashimoto, comprenant le croiseur léger Sendai, les quatre destroyers Ayanami, Isonami, Shikinami et Uranami, les deux mouilleurs de mines No.2 et No.3, et le chasseur de mines No.9. En outre, la 18ème Division bénéficie du soutien de la 22ème Flotille aérienne de la Marine impériale, basée à terre sur les aérodromes indochinois.

L'invasion de la Malaisie par la 25ème Armée japonaise débute par une solide préparation d'artillerie navale et aérienne, le 8 décembre aux alentours de 0h30, c'est-à-dire en heure locale vingt-trois minutes avant l'attaque contre Pearl Harbor, de l'autre côté de la ligne de changement de date (7 décembre, 7h53). L'état agité de la mer provoque une certaine désorganisation de la première vague d'assaut, et plusieurs embarcations chavirent, provoquant la noyade de leur occupants. Malgré ces difficultés, les Japonais posent le pied sur les plages de débarquement assignées vers 0h45.

Photo ci-dessous: Bachok Beach, Khota Bharu, Malaisie, l'endroit où les troupes japonaises débarquent dans la nuit du 8 décembre 1941.


La région de Khota Bharu est couverte par la 8ème Brigade de la 9ème Division d'infanterie indienne, aux ordres du brigadier-général Berthold W. Key, appuyée par les obusiers de 94mm de la 21ème Batterie d'artillerie de montagne. Les plages elle-mêmes sont défendues par le 3ème Bataillon du 17ème Régiment Dogra, avec l'appui de la base aérienne voisine. Les Indiens réagissent très vite et très violemment, provoquant de lourdes pertes au sein des deux premières vagues d'assaut ennemies. Des Lockheed Hudson de la RAF parviennent même à couler le navire de transport Awazisan Maru. Mais en dépit de leur solide résistance, les Dogras sont peu à peu submergés par le nombre, et doivent finalement se replier vers la base aérienne de Khota Bharu.

Les contre-attaques des 2ème Bataillon/12ème Régiment et 1er Bataillon/13ème Régiment indiens, ordonnées par Key pour éliminer la tête de pont japonaise, échouent. Les violents combats sur le littoral entraînent de lourdes pertes des deux côtés.

Puis les troupes nippones débarquées commencent à s'infiltrer entre les unités anglo-indiennes, et l'aérodrome de la RAF, menacé, doit à son tour être abandonné dans la soirée. Key demande ensuite l'autorisation au commandant de la 9ème Division, le major-général Edward Barstow, d'abandonner Khota Bharu, demande qui lui est accordée.

Après le succès des débarquements à Pattani et Khota Bharu, renforcé par la prise de contrôle du Royaume Thai voisin, la 25ème Armée japonaise peut maintenant faire débarquer le reste de ses unités et progresser à travers la jungle vers les villes de Krok et Jitra, sur la côte occidentale de la péninsule. Cette première journée de bataille coûte à la 18ème Division japonaise entre 300 et 400 tués, plus environ 500 blessés.


Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


Bataille du Pacifique - 1ère Partie: "Banzai!" (1941-1942).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













7 décembre 1941 - Pearl Harbor: "Tora Tora Tora!"

Pacifique Central. Iles Hawaii. Oahu. Le 7 décembre 1941, à 7h53 du matin, l'aviation embarquée japonaise du vice-amiral Chuichi Nagumo surprend la flotte américaine du Pacifique au mouillage dans la rade de Pearl Harbor. Le lendemain, le président Franklin Delano Roosevelt, au cours d'un discours inoubliable au Congrès, déclare la guerre à l'Empire du Soleil Levant. Les Etats-Unis se retrouvent directement et brutalement plongés dans la Seconde Guerre mondiale.




Engrennage fatal (1937-1941).

Il y a trois grandes étapes dans le processus qui va conduire le Japon vers la guerre avec les Etats-Unis. La première, dont découlera tout le reste, c'est la campagne militaire menée depuis 1937 par les Japonais en Chine.

L'armée impériale a remporté de belles victoires en Mandchourie, au nord, mais dès 1939, il est clair que son offensive contre les troupes nationalistes de Tchang Kaï-chek, retranchées dans le sud du pays, s'est enlisée, et qu'une victoire complète ne sera possible qu'en disposant des bases stratégiques et des ressources de l'Asie du Sud-Est, à commencer par celles de l'Indochine française, de la Malaisie britannique, de Singapour et des Indes néerlandaises.

Pour en prendre le contrôle, il faudrait se mesurer au Britanniques, à la France et aux Pays-Bas. Mais surtout aux Etats-Unis. D'où la deuxième étape: dès l'été de 1940, les puissances coloniales française et néerlandaise ont été battues et envahies. Les Britanniques se retrouvent seuls, à la merci de l'Allemagne nazie.

Pour Tokyo, le moment est venu d'en profiter. Ainsi s'explique la conclusion du pacte tripartite, signé le 27 septembre 1940 avec Adolf Hitler et Benito Mussolini. Le Japon a donc choisi son camp, et organise un nouveau partage du monde: l'Europe contrôlée par Rome et Berlin, l'Asie transformée en "sphère de coprospérité" solidement tenue par Tokyo.

C'est au cours de la troisième étape que les choses se compliquent. Les pressions diplomatiques exercées sur les puissances coloniales européennes pour qu'elles coopèrent se sont avérées décevantes: l'Angleterre n'a pas été envahie, d'Inde elle continue d'aider et d'approvisionner la Chine nationaliste par la route de Birmanie, et reste en Asie du Sud-Est une puissance coloniale avec laquelle il faut compter.

Les pressions exercées sur la France, entamées le 5 septembre 1940, pour qu'elle cède des bases au Japon dans le sud de l'Indochine, aboutissent le 22 septembre. Vichy et Tokyo signent un accord qui autorise le déploiement de 36000 soldats nippons dans le nord de l'Indochine. A la fin du mois, les Japonais contrôlent les ports, les aérodromes et les principaux centre de communications français.

Photo ci-dessous: entrée des troupes japonaises dans Saigon, le 30 septembre 1940.


Mais cette affaire provoque une forte et inattendue réaction américaine: le président Franklin Delano Roosevelt, en se référant à l'Export Control Act, soumet le Japon, qui dépend fortement des fournitures américaines, à un embargo sur le pétrole, machines-outils, sur le matériel militaire et d'autres produits manufacturés. Il fait également geler les avoirs et comptes bancaires japonais aux Etats-Unis. Cet embargo est perçu au Japon comme une trahison.

Désormais, Tokyo est placé devant un cruel dilemme: négocier avec les Etats-Unis une reprise des relations commerciales, au prix d'un abandon de ses visées impérialistes en Chine et en Indochine, ou bien passer immédiatement à l'offensive en Malaisie et dans les Indes néerlandaises, afin de s'emparer des ressources en pétrole et autres matières premières qui lui sont indispensables?

La décision doit être prise très rapidement car, du fait de l'embargo américain, les capacités militaires du Japon vont s'amenuiser inexorablement. L'amiral Osami Nagano, chef d'état-major de la marine impériale, déclare en juillet 1941 "Le Japon est comme un poisson nageant dans une mare qu'on assèche lentement..."

Sous l'influence des militaires jusqu'aubouristes, Tokyo choisit la fuite en avant. On continuera à négocier avec les Etats-Unis uniquement pour la forme, et on lancera dans les plus brefs délais l'opération de conquête de l'Asie du Sud-Est. Une attaque soudaine et coordonnée contre la Malaisie, les îles Philippines et Hong-Kong, suivie d'une invasion des Indes néerlandaises et de la Birmanie, avec le soutien de l'ensemble des unités de la Marine impériale.

Bien entendu, il faut s'attendre dès l'invasion des Philippines à une réaction brutale de la flotte américaine du Pacifique, selon les directives du Plan Orange de 1924 (1). Mais l'état-major japonais a prévu de l'attirer vers le Pacifique Sud, de la harceler en chemin, et de la détruire lors d'une attaque surprise.

Photos ci-dessous, de gauche à droite: amiral Isoroku Yamamoto. Vice-amiral Chuichi Nagumo. Lieutenant-Commander Mitsuo Fuchida. Lieutenant-Commander Minoru Genda.


Un homme est en désaccord complet avec cette vision des choses: l'amiral Isoroku Yamamoto, commandant en chef de la flotte impériale japonaise. Il connait parfaitement la manière de réagir des Américains: il y a suivi des études et travaillé comme attaché naval à l'ambassade japonaise à Washington.

Selon lui, le Japon n'a pas les moyens de mener à la fois la conquête du Pacifique et une guerre prolongée. Il estime que sa seule chance d'espérer vaincre les Etats-Unis est donc d'attaquer et de détruire d'emblée la flotte américaine du Pacifique, sans attendre qu'elle se mobilise et que leurs formidables industries se mettent en branle.

C'est là une répétition de l'attaque surprise de la flotte russe en 1905 à Tsushima. La destruction de leur flotte du Pacifique empêchera les Américains d'intervenir en Asie pendant que le Japon consolidera ses conquêtes, et forcera peut-être Washington à négocier en position de faiblesse.

Yamamoto a donc conçu depuis l'automne de 1940 le "Plan Z", un plan audacieux visant à détruire au mouillage, dès le premier jour, la flotte américaine du Pacifique stationnée dans les Hawaii, par une attaque aéronavale. A 5,500km des côtes du Japon!

Avec son passé diplomatique à Washington, Isoroku Yamamoto est bien le dernier homme à sous-estimer les Etats-Unis. Il a étudié à Harvard entre 1919 et 1921, et a été attaché naval d'ambassade à Washington de 1926 à 1928. Et c'est un champion du jeu de poker. Du reste, il considère que le pacte tripartite liant le Japon à l'Allemagne nazie et à l'Italie fasciste a été une erreur, et que le Japon a tout à perdre en se lançant dans une guerre contre les Etats-Unis.

Mieux vaudrait négocier... mais c'est là une affaire de politiciens, et lui, en tant que militaire, se doit d'obéir à leurs ordres. De plus, Yamamoto a été victime d'une tentative d'assassinat d'officiers de la marine jusqu'auboutistes.

Il met en garde les hommes politiques japonais contre les dangers d'une guerre avec les Américains: "je peux vous donner la victoire pendant les six premiers mois. Mais je n'ai plus aucune certitude si le conflit devait se prolonger pendant un ou deux ans".

Et s'ils sont incapables d'éviter une guerre contre les Etats-Unis, son devoir est de leur donner une chance de la gagner d'emblée. Tel est l'idée générale de son "Plan Z" d'attaque contre Pearl Harbor.

En fait, le plan de Yamamoto visant à la destruction de la flotte américaine est d'inspiration... américaine. Il a même été conçu à Washington, au Bureau des opérations navales!

Le dimanche 7 février 1932, lors des grandes manoeuvres de la flotte américaine du Pacifique, une Task Force de porte-avions commandée par l'amiral Henry Yarnell, avait procédé à une attaque aérienne simulée de Pearl Harbor. L'opération avait été une réussite totale, et les espions japonais dans l'île d'Oahu en avaient envoyé à Tokyo un compte rendu détaillé qui avait été lu avec beaucoup d'intérêt par Yamamoto, alors chef de la section technique de la marine impériale, passionné d'aviation et admirateur de Charles Lindbergh.

Huit ans plus tard, le 11 novembre 1940, l'attaque surprise de la flotte italienne au mouillage à Tarente, par des biplans torpilleurs britanniques volant à 240km/h, a achevé de le convaincre que cette stratégie était la bonne.

Le 7 janvier 1941, il envoye au Ministre de la marine, Koshiro Oikawa, un rapport de neuf pages intitulé "Considérations sur la préparation à la guerre", qui comprend dans sa quatrième section une proposition de raid contre la flotte américaine ancrée à Pearl Harbor, "en vue de son anéantissement", dès le premier jour de guerre contre les Etats-Unis.

Les problèmes techniques à surmonter sont immenses: Pearl Harbor, sur l'île d'Oahu, est à plus de 5,500km du Japon.

Tout repérage de la flotte japonaise en chemin compromettrait immédiatement l'opération, le code naval japonais n'est pas sûr, personne ne peut garantir que toute la flotte américaine sera dans le port au moment de l'attaque, on manque de renseignements sur les défenses de l'île, et la rade de Pearl Harbor est trop peu profonde pour que des attaques de torpille puissent s'y dérouler avec succès. Enfin, le Ministère de la marine et l'état-major naval japonais sont hostiles à ce plan, qu'ils estiment trop risqué, trop coûteux, et susceptible de compromettre l'effort principal plus au sud...

Isoroku Yamamoto va s'employer à vaincre une à une toutes ces difficultés. De nouveaux espions sont envoyés dans l'archipel, un nouveau code naval particulièrement qu'il estime plus sûr est conçu exprès pour l'expédition, on met au point des torpilles avec des ailerons spéciaux pour largage en eaux peu profondes, et les pilotes s'entraînent au-dessus de Kagoshima, dont la topographie ressemble à celle d'Oahu.

Pour obtenir un effet de surprise maximum, on attaquera par le nord, et on le fera un dimanche. Exactement comme Henry Yarnell l'avait fait neuf ans plus tôt!

Au début d'octobre 1941, à l'issue de manoeuvres et de simulations sur cartes, l'état-major japonais et le Ministère de la marine se laissent convaincre.

Pour Yamamoto, c'est incontestablement une victoire technique. Et pourtant, il espère encore que son plan d'action ne sera pas mis en oeuvre. Le 12 septembre 1941, il rencontre dans le plus grand secret le Prince Fuminaro Konoye, le Premier ministre, qui cherche à rencontrer le président Franklin Roosevelt à Honolulu pour faire sortir de l'impasse les négociations américano-japonaises. Au cours de la conversation, Yamamoto lui donne ce conseil: "Il vous faut aborder ces négociations comme si votre vie dépendait de leur succès."

Hélas! Il n'y aura pas de rencontre à Honolulu et, le 16 octobre 1941, le Prince Konoye est remplacé par le général Hideki Tojo au poste de Premier ministre. Mais les négociations avec Washington ne sont pas rompues pour autant, et l'amiral Isoroku Yamamoto, qui continue d'espérer, écrit au Ministre de la marine, Shigetaro Shimada: "Il est évident qu'une guerre entre le Japon et les Etats-Unis devrait être évitée dans toute la mesure du possible. La seule voie de salut serait maintenant une décision gracieuse de Sa Majesté impériale."

De fait, l'empereur Hiro Hito pourrait retenir le pays au bord du gouffre. Mais il ne le fera pas, et le 5 novembre 1941, Yamamoto reçoit de l'état-major naval l'"Ordre n°1", qui commence par ces mots: "L'Empire ouvrira les hostilités avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas au cours des dix premiers jours de décembre."

Le 13 novembre 1941, Yamamoto réunit donc les commandants des diverses unités à la base aéronavale d'Iwakuni pour leur donner ses dernières instructions. Mais il ajoute ces propos significatifs: "Si les négociations qui se déroulent actuellement à Washington aboutissent, nous donnerons l'ordre à nos forces de faire demi-tour. En cas de réception d'un tel ordre, vous devrez rentrer à la base, même si les forces d'attaque ont déjà décollé des porte-avions."

Plusieurs officiers protestent, et Yamamoto se lève soudain: "S'il y a un commandant ici qui pense ne pouvoir exécuter un ordre de faire demi-tour, je lui interdis de partir. Il peut démissionner sur le champ." Il n'y aura plus d'objections...


(1) US Navy Color Coded War Plans (Wikipedia.org)

- War Plan Black (Plan Noir): plan de guerre contre l'Allemagne.
- War Plan Red (Plan Rouge): plan de guerre contre la Grande-Bretagne et le Canada.
- War Plan Orange (Plan Orange): plan de guerre contre le Japon.



Approche et ordre de bataille des Japonais.

Dans la nuit du 25 au 26 novembre 1941, la 1ère Force d'attaque japonaise, sous le commandement du vice-amiral Chuichi Nagumo et comprenant les six porte-avions d'escadre lourds Akagi, Kaga, Shokaku, Zuikaku, Hiryu et Soryu, embarquant au total 408 avions, les deux cuirassés Hijei et Kirishima, les deux croiseurs lourds Tone et Chikuma, le croiseur léger Abukuma, les onze destroyers Tanikaze, Urakaze, Isokaze, Hamakaze, Kasumi, Arare, Kagero, Shiranui, Akigumo, Akebono et Ushio, les 5 sous-marins I-16, I-18, I-20, I-22 et I-24, et huit navires auxiliaires de ravitaillement (pétroliers), appareille des îles Kouriles se dirige cap à l'est, sur une route du Nord peu fréquentée.

352 avions seront utilisés pour le raid, en deux vagues, et 54 chasseurs resteront en couverture aérienne CAP de la flotte japonaise (9 par porte-avions).

Composition et objectifs du raid:

• 1ère Vague d'attaque. Lieutenant-Commander Mitsuo Fuchida. Horaire: 7h55. Force: 189 avions.

- 50 bombardiers d'altitude B5N2 Kate, armés chacun d'une bombe perforante de 848kg.

- 40 torpilleurs B5N2 Kate, armés chacun d'une torpille Mk91 de 848kg (450mm).

- 54 bombardiers en piquée D3A1 Val, armés chacun d'une bombe de 250kg et de deux bombes de 60kg.

- 45 chasseurs A6M2 Zeke.

- Objectifs principaux: 50 bombardiers d'altitude et 40 torpilleurs Kate (1er Groupe): cuirassés, porte-avions et croiseurs. 54 Bombardiers en piquée Val (2ème Groupe): terrains d'aviation de Wheeler et de Ford Island. 45 chasseurs Zeke (3ème Groupe): installations et avions au sol sur les aérodromes de Ford Island, Hickham Field, Wheeler Field, Barber's Point et Kaneohe.

• 2ème Vague d'attaque. Lieutenant-Commander Shigekazu Shimazaki. Horaire: 8h54. Force: 163 avions.

- 54 bombardiers d'altitude B5N2 Kate, armés chacun d'une bombe de 250kg et de 6 bombes de 60kg.

- 72 bombardiers en piquée D3A1 Val, armés chacun d'une bombe de 250kg.

- 36 chasseurs A6M2 Zeke.

- Objectifs principaux: 54 bombardiers d'altitude Kate (1er Groupe): aérodromes de Ford Island, Hickham Field, Barber's Point et Kaneohe. 72 bombardiers en piquée Val (2ème Groupe): croiseurs et porte-avions. 36 chasseurs Zeke (3ème Groupe): installations et avions au sol sur les aérodromes de Ford Island, Hickham Field, Wheeler Field, Barber's Point et Kaneohe.

Photo ci-dessous: 1° D3A1 Val se préparant sur le pont d'envol. 2° Torpilleur B5N2 Kate décollant de l'Akagi, le 7 décembre 1941. 3° A6M2 Zeke du Shokaku.






Le 2 décembre 1941, alors qu'elle se trouve à mi-chemin de son objectif, elle reçoit un signal codé: "Niitaka-yama nobore 1208" (Escaladez le mont Niitaka le 8 décembre, c'est-à-dire le 7 décembre dans les îles Hawaii). C'est la confirmation de l'ordre d'attaque japonais en langage codé. Plus rien ne peut arrêter la flotte japonaise. Le sort en est jetté.

Photo ci-dessous: rade de Pearl Harbor fin octobre 1941. Au centre, l'île Ford et l'Allée des cuirassés. En haut à gauche, l'aérodrome d'Hickam Field. A gauche, les réservoirs de carburant, le QG CINCPAC et la base de sous-marins.


Carte ci-dessous: route aller et retour empruntée par la 1ère Force d'attaque aéronavale de Nagumo.



Chronologie des évenements du dimanche 7 décembre 1941.

-02/12 17h30. Alors qu'il se trouve à mi-chemin de son objectif, Nagumo reçoit la confirmation de l'ordre d'attaque: "Escaladez le Mont Niitaka".

- 07/12 0h00-4h00. Cinq sous-marins de poche japonais, la force d'attaque spéciale du lieutenant Iwasa Naoji, font route vers Pearl Harbor avec pour mission d'entrer dans la rade et d'attendre l'attaque aérienne.

Quatre hydravions de type Aichi E11A s'envolent des croiseurs japonais pour une mission de reconnaissance.

Bien que prévenus de longue date d'"une possibilité d'attaque japonaise aux îles Philippines", les Américains ne croient pas en une attaque à une aussi grande distance des côtes du Japon.

Le général Walter C. Short, le commandant de l'US Army dans l'archipel, a donné l'ordre de regrouper ses avions sur les terrains d'aviation, aile contre aile... pour éviter des actes de sabotage!

C'est un dimanche. Aucun avion n'est en patrouille, si l'on excepte les sept hydravions PBY Catalina de l'US Navy, loin au sud-est. Sur les 780 canons antiaériens de l'US Navy, seulement un quart ont leurs servants à proximité. Quatre des trente et une batteries antiaériennes de l'US Army ont été mises en place.

Ordres de bataille japonais et américain à Pearl Harbor, le 7 décembre 1941 .

Malheureusement pour les Japonais, les trois porte-avions basés à Pearl Harbor sont en mer. Le Lexington transporte des avions jusqu'à Midway pour renforcer la petite garnison locale. L'Enterprise, ayant déposé des chasseurs F4F Wildcat sur l'atoll de Wake, est sur le chemin du retour. Et le Saratoga participe à des essais en mer sur la côte ouest des Etats-Unis.

Photos ci-dessous, de gauche à droite: général Walter Short. Amiral Husband Kimmel.

Aucun filet anti-sous-marins ne protège les bâtiments au mouillage, mesure jugée inutile du fait que la rade n'a que douze mètres de profondeur.

- 3h42. Le dragueur de mines Condor signale "un périscope" au sud-ouest de l'entrée du chenal de Pearl Harbor, et alerte le destroyer Ward.

- 4h. Le destroyer Ward qui patrouille aux abords de Pearl Harbor cherche pendant une demie heure un "contact" non identifié signalé par le Condor, mais ne trouve rien. Personne à bord ne décide de rendre compte de l'incident au CINCPAC.

- 6h. Décollage de la première vague d'attaque japonaise, 700km au nord d'Oahu: 45 chasseurs d'escorte A6M2 Zeke, 90 bombardiers-torpilleurs B5N2 Kate, et 54 bombardiers en piquée D3A1 Val, sous les ordres du commander Mitsuo Fuchida, de l'Akagi.


-6h37. Le remorqueur de cible Antares aperçoit un periscope et signale au destroyer Ward qu'il est suivi par un sous-marin non identifié. Le Ward tire au canon et le coule à l'entrée du chenal. Ce sont les premiers obus américains tirés de la Seconde Guerre mondiale.

Ci-dessous: le destroyer USS Ward (DD-139), qui tire les premiers coups de canons américains de la Seconde Guerre mondiale.


- 7h02. Les opérateurs radars de la station d'Opana Point, Joseph L. Lockard et George E. Elliot, détectent une formation aérienne venant du nord, à 250km de l'atoll. Ils en informent le Warning Center d'Honolulu, mais l'officier navigateur de garde, le lieutenant Kermit Tyler, ne prend pas en compte l'information. Il leur répond par une phrase lourde de conséquences et devenue célèbre: Forget It! ("Laissez tomber!").

Tyler pense qu'il s'agit de 12 bombardiers B-17 Flying Fortress devant arriver de Californie dans la journée. Comme effectivement beaucoup de nouveaux radars à cet époque, il pense que l'appareillage est détraqué, vu le grand nombre de points apparents.

-7h15. Décollage de la seconde vague: 36 chasseurs Zeke, 54 bombardiers d'altitude Kate et 72 bombardiers en piquée Val, sous les ordres du lieutenant-commander Shigekazu Shimazaki.

- 7h48. Les premiers avions japonais arrivent en vue d'Oahu.

- 7h53. Début de l'attaque. Fuchida transmet à la flotte le code traduisant la réussite de l'effet de surprise: Tora Tora Tora! ("Tigre Tigre Tigre!").


[Premier schéma]

A. Ford Island NAS - B. Hickam Field - C. Bellows Field - D. Wheeler Field - E. Kaneohe NAS - F. Ewa MCAS
R-1. Opana Radar Station - R-2. Kawailoa RS - R-3. Kaaawa RS
G. Haleiwa - H. Kahuku - I. Wahiawa - J. Kaneohe - K. Honolulu
0. B-17 venant des USA
1. Premier vague japonaise - 1-1. Bombardiers d'altitude - 1-2. Bombardiers-torpilleurs - 1-3. Bombardiers en piquée
2. Seconde vague japonaise - 2-1. Bombardiers d'altitude - 2-1F. Chasseurs - 2-2. Bombardiers en piquée.

[Second schéma]

A. Wake Island - B. Midway Islands - C. Johnston Island - D. Hawaii
D-1. Oahu - 1. USS Lexington - 2. USS Enterprise - 3. 1ère Force d'attaque japonaise.


1. USS California - 2. USS Maryland - 3. USS Oklahoma - 4. USS Tennessee - 5. USS West Virginia - 6. USS Arizona - 7. USS Nevada - 8. USS Pennsylvania - 9. Ford Island NAS - 10. Hickam field - A. Réservoirs de carburant - B. CINCPAC - C. Base de sous-marins - D. Navy Yard.

Les formations japonaises se scindent pour attaquer leurs objectifs respectifs: les 40 torpilleurs et les 50 bombardiers d'altitude B5N2 Kate pour les huit cuirassés présents, amarrés deux par deux le long de Ford Island (Battleship Row), et les croiseurs, destroyers et mouilleurs de mines, de l'autre côté de l'île.

54 bombardiers en piqué D3A1 Val et 45 chasseurs A6M2 Zeke destinés aux terrains d'aviation de l'île Ford (US Navy), de Kaneohe (US Navy), d'Ewa (USMC), de Wheeler et d'Hickam Field (US Army), plus diverses autres installations: l'hopital naval, le Navy Yard, les casernes de l'US Army de Schofield, le QG CINCPAC, etc. dans la rade, les Japonais surprennent au total 98 navires au mouillage.


Pour les Américains, l'effet de surprise est total! Les Japonais commencent d'abord par pilonner les terrains d'aviation de l'île Ford avec les bombardiers en piquée Val et les bombardiers horizontaux et torpilleurs Kate, pour anéantir toute éventuelle contre-attaque aérienne.


Tous les terrains d'aviation sur Oahu, à l'exception du terrain de maintenance d'Haleiwa, sont visés et ravagés.


Les trois quarts des avions qui s'y trouvent, les hydravions PBY Catalina, chasseurs Grumman F4F Wildcat et P-40 Warhawk, bombardiers lourds B-17 Flying Fortress et bombardiers en piquée SBD Dauntless sont détruits au sol.

Photos ci-dessous: F4F-3 Wildcat (US Navy) et P-40B Warhawk (USAAF), deux modèles d'avions présent à Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.




Seul Haleiwa, un petit terrain servant à la maintenance technique. C'est d'ailleurs de là que partira l'unique contre-attaque aérienne américaine de la journée: les 5 P-40C qui réussissent à intercepter la seconde vague d'assaut japonaise s'adjugeront 9 avions ennemis abattus homologués, plus deux endommagés. Sans aucune perte de leur côté. Ce sont les premiers as de l'USAAF de la Seconde Guerre mondiale: les lieutenants George S. Welsh (4 victoires), Kenneth M. Taylor (2 victoires), Lewis M. Sanders (1 victoire), Philip M. Rasmussen (1 victoire) et Harry W. Brown (1 victoire).

Quelques minutes plus tard, c'est au tour des casernes de l'US Army de Camp Schoffield de subir le même sort. Mais le gros morceau demeure l'"Allée des cuirassés" (Battleship Row).


- 7h55. Le cuirassé California est le premier navire américain touché. Atteint par deux torpilles, il commence à chavirer.

- 7h58. Le contre-amiral Patrick N. Bellinger envoi un radiogramme à tous les navires présents: "Attaque aérienne sur Pearl Harbor. Ce n'est pas un exercice."


- 8h (13h sur la Côte Est). Le message de Bellinger arrive à Washington.

- 8h05. Après un passage avorté en raison des turbulences, les Kate transportant des bombes conventionnelles grimpent à 2750m d'altitude et lâchent leurs projectiles sur les huit cuirassés amarrés le long de l'île Ford.

- 8h10. L'Arizona est atteint par huit bombes. Une d'entre-elles passe à travers une cheminé et explose dans la salle des machines. l'explosion met le feu sur les ponts intermédiaires, où sont stockés 800kg de poudre noire, en violation flagrante de toutes les règles de sécurité.

Le cuirassé "semble bondir hors de l'eau" et s'ouvre en deux. Il coule en quelques secondes et entraine avec lui 1103 hommes d'équipage. L'explosion est si forte que les Kate en altitude sont balayés comme des fétus de paille, et fait voler en éclat tous les vitrages dans un rayon de plusieurs kilomètres. Le mazout qui s'échappe de l'épave prend feu.


- 8h - 8h25. Le Tennessee et le West Virginia, à gauche sur la photo ci-dessus, sont atteints par plusieurs bombes, puis le mazout en flamme qui s'échappe de l'épave de l'Arizona met le feu aux deux cuirassés.

De l'autre côté de l'île Ford, une torpille frappe le croiseur léger Raleigh. Deux autres touchent le navire-cible Utah, qui chavire.

Dans la zone des bassins (Dry Docks), sur le Navy Yard, le croiseur léger Helena, atteint par plusieurs bombes, explose et met le feu au dragueur de mine Oglala, amarré à son côté.

- 8h30 (13h30 à Washington). L'ambassadeur Saburo Kuruzu transmet la déclaration de guerre du Japon au Secrétaire d'Etat Cordel Hull. 37 minutes après le début de l'attaque japonaise!

- 8h32. L'Oklahoma reçoit quatre torpilles en moins d'une minute, et chavire très rapidement, en entrainant avec lui les 415 matelots coincés à l'intérieur des soutes. Certains d'entre-eux agoniseront jusqu'à la veille de Noel, le 24 décembre.

- 8h37. Dans le East Loch, Le Monaghan repère un sous-marins et fonce dessus à toute allure. Le destroyer Curtiss lui tire dessus et le touche deux fois à la passerelle.

Sur l'île Ford, le Nevada quitte le quai d'embarquement et descend le canal sud vers la sortie de la rade. Le navire de réparation Vestal largue les amarres pour aller éteindre les incendies sur l'Arizona.

-8h40. La deuxième vague d'assaut du lieutenant-commander Shigekazu Shimazaki se présente sur leurs objectifs. 54 bombardiers horizontaux B5N2 Kate du Shokaku et du Zuikaku, 81 bombardiers en piquée D3A1 Val de l'Akagi, du Kaga, du Soryu et de l'Hiryu, escortés par 36 chasseurs A6M2 Zeke.

Ils ont reçu l'ordre d'achever les navires, de détruire toutes les installations terrestres ayant échappés à la première vague d'attaque, y compris l'hôpital naval, les casernes et aérodromes d'Oahu. D'attaquer la ville d'Honolulu et les cibles d'opportunité qu'ils trouveront.

-8h43. Dans le East Loch, Le Monaghan éperonne le sous-marins de poche japonais qu'il a repéré, fait marche arrière et jette deux grenades sous marines.

- 9h06. Les Kate de Shimazaki s'acharnent particulièrement sur le cuirassé Nevada qui tente de fuir vers la sortie de la rade. Le cuirassé passe devant le brasier de l'épave de l'Arizona, arrive au niveau du Pennsylvania. Atteint par plusieurs bombes, il doit s'échoué volontairement pour éviter de bloquer la passe.

Les bombardiers japonais prennent alors pour cible le Dry Docks où se trouvent le Pennsylvania et les destroyers Cassin, Dawnes et Shaw.



De l'autre côté de l'île Ford. les croiseurs Raleigh et Honolulu sont coulés par les bombes des bombardiers d'altitude Kate.


Au même moment, les bombardiers en piquée D3A1 Val achèvent l'oeuvre de destruction de la première vague contre les aérodromes Ford, Hickham et Wheeler.

- 9h45. Les avions de la deuxième vague se retirent, l'attaque japonaise est terminée.

Bilan: En deux heures, les Américains viennent de perdre 18 navires, coulés ou gravement endommagés, 188 avions détruits.

2403 Américains tués et 1178 autres blessés.
- US Navy: 2008 tué, 710 blessés.
- US Marine Corps: 109 tués, 69 blessés.
- US Army: 218 tués, 364 blessés.
- Civils: 68 tués et 35 blessés.

De leur côté les japonais n'enregistrent la perte que de 29 avions abattus et 74 autres endommagés, 55 aviateurs et 9 sous-mariniers tués ou disparus.

Première vague d'attaque: 9 avions abattus. 21 Japonais tués.

- Akagi: 1 A6M2. 1 tué.
- Kaga: 2 A6M2 et 5 B5N2. 18 tués.
- Shokaku: 1 D3A1. 2 tués.

Seconde vague d'attaque: 20 avions abattus. 34 Japonais tués.

- Akagi: 4 D3A1. 8 tués.
- Kaga: 2 A6M2 et 6 D3A1. 14 tués.
- Hiryu: 1 A6M2 et 2 D3A1. 5 tués.
- Soryu: 3 A6M2 et 2 D3A1. 7 tués.

Sur les 10 sous-mariniers japonais de la Force d'attaque spéciale, 9 disparaissent. Un seul est capturé: l'enseigne Kazuo Sakamaki. C'est le premier prisonnier de guerre japonais du conflit.

Sur les huit cuirassés pris pour cible, l'Arizona a explosé, le Nevada s'est échoué, l'Oklahoma a chaviré, le California et le West Virginia ont sombré sur place, le Maryland, le Pennsylvania et le Tennessee sont sévèrement endommagés.

En outre, les Japonais ont coulé les croiseurs légers Helena, Raleigh, Honolulu, les destroyers Cassin, Down et Shaw, le drageur de mines Oglala, et les deux navires auxiliaires Utah et Tangier.

Le même jour, le 8 décembre 1941 par-delà la ligne de changement de date, l'empire du Soleil Levant déferle sur les îles Philippines, Hong-Kong, sur l'île de Guam, dans les îles Mariannes, débarque au Siam (Thaïlande) et en Malaisie.

Seul consolation pour les Américains: les trois porte-avions de leur flotte du Pacifique, les Lexington, Saratoga et Enterprise, absents lors du raid, ont échappé miraculeusement au désastre.

Photo ci-dessous: les cuirassés West Virginia (BB-48) [à l'avant-plan] et USS Tennessee (BB-43), le lendemain de l'attaque japonaise. Tous les foyers d'incendie n'ont pas encore été éteints.


Le lendemain, le 8 décembre 1941, date de la Côte Est, le président Franklin Roosevelt se rend au Capitole, où il prononce son célèbre discours à la tribune du Congrès: "Hier, le 7 décembre 1941... une date à jamais frappée d'infamie..." et demande aux parlementaires de ratifier la déclaration de guerre des Etats-Unis au Japon. Le Congrès la votera à l'unanimité moins une voix.

"Mr. Vice President, and Mr. Speaker, and Members of the Senate, of the House of Representatives:

"Yesterday, December 7th, 1941, a date which will live in infamy, the United States of America was suddenly and deliberately attacked by naval and air forces of the Empire of Japan.

"The United States was at peace with that Nation and, at the solicitation of Japan, was still in conversation with its Government and its Emperor looking toward the maintenance of peace in the Pacific. Indeed, one hour after Japanese air squadrons had commenced bombing in Oahu, the Japanese Ambassador to the United States and his colleague delivered to the Secretary of State a form reply to a recent American message. While this reply stated that it seemed useless to continue the existing diplomatic negotiations, it contained no threat or hit of war or armed attack.

"It will be recorded, that the distance of Hawaii from Japan makes it obvious that the attack was deliberately planned many days or even weeks ago. During the intervening time the Japanese Government had deliberately sought to deceive the United States by false statements and expressions of hope for continued peace.

"The attack yesterday on the Hawaiian Islands has caused severe damage to American naval and military forces. Very many American lives have been lost. In addition American ships have been reported torpedoed on the high seas between San Francisco and Honolulu.

"Yesterday the Japanese Government also launched an attack against Malaya.

"Last night Japanese forces attacked Hong Kong.

"Last night Japanese forces attacked Guam.

"Last night Japanese forces attacked the Philippine Islands.

"Last night the Japanese attacked Midway Island.

"Japan has, therefore, undertaken a surprise offensive extending throughout the Pacific area. The facts of yesterday speak for themselves. The people of the United States have already formed their opinions and well understand the implications to the very life and safety of our Nation.

"As Commander-in-Chief of the Army and Navy I have directed that all measures be taken for our defense. Always will we remember the character of the onslaught against us. No matter how long it may take us to overcome this premeditated invasion, the American people in their righteous might will win through to absolute victory.

"I believe I interpret the will of the Congress and of the people when I assert that we will not only defend ourselves to the uttermost but will make very certain that this form of treachery shall never endanger us again. Hostilities exist. There is no blinking at the fact that our people, our territory, and our interests are in grave danger.

"With confidence in our armed forces - with the unbounded determination of our people - we will gain the inevitable triumph - so help us God.

"I ask that the Congress declare that since the unprovoked and dastardly attack by Japan on Sunday, December seventh, a state of war has existed between the United States and the Japanese Empire."

"Franklin D. Roosevelt, The White House
December 8th, 1941.
"



Le Mémorial de l'Arizona aujourd'hui.

L'épave de l'USS Arizona demeure dans les eaux du port de Pearl Harbor et est devenue un mémorial pour ses marins qui ont péri à son bord en 1941. Le 7 mars 1950, l'amiral Arthur W. Radford, commandant en chef de la flotte du Pacifique, institue la levée des couleurs au-dessus de l'épave.

Des lois sous les présidences de Dwight D. Eisenhower et John F. Kennedy en font un haut lieu commémoratif le 30 mai 1962. L'épave est inscrite au National Register of Historic Places en 1966 et devient un National Historic Landmark le 5 mai 1989. Un mémorial est construit au-dessus de l'épave, dont une pièce affichant sur une plaque de marbre la liste de noms des 1103 membres d'équipage disparus. Les navires de guerre des marines étrangères en visite à Pearl Harbor, dont la marine d'autodéfense japonaise, saluent lors de leur passage devant l'épave.

Une des cloches de l'USS Arizona se trouve à l'Université de l'Arizona. L'université a construit le bâtiment de l'Union des étudiants en s'inspirant de la forme de l'étrave du cuirassé.

Le 25 mars 1961, le chanteur américain Elvis Presley donna un concert exceptionnel de charité pour la construction du memorial, il récolte 53000 dollars.

Aujourd'hui encore, l'épave laisse les visiteurs du mémorial profondément touchés par son histoire, ce qui transforme l'histoire en légende se déroule sous nos yeux au fil du temps: l'Arizona "verse ses larmes", est la phrase qui cloture souvent un bon nombre de reportages sur Pearl Harbor. En effet, aujourd'hui encore, des taches d'huile remontent de l'épave vers la surface, comme des larmes couleraient sur notre visage... c'est la poésie qui transforme cette épave en quelque chose de vivant.

Photos ci-dessous: 1° Mémorial de l'Arizona en 2011. 2° Cuirassé USS Arizona en 1941. 3° Le sous-marin japonais J.S. Mochishio présente les honneurs en passant devant l'épave de l'Arizona, 22 juin 2010.







Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


Bataille du Pacifique - 1ère Partie: "Banzai!" (1941-1942).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













Article modifié le 15 septembre 2012.


Sources principales:

Attack on Pearl Harbor (Wikipedia.org).
Organization of japanese air attack units (Navsource.org).
USS Arizona Memorial: Remembrance (National Park Service, Department of the Interior)

Blindé de transport M113 Armored Personnel Carrier

Le M113 est un véhicule de transport blindé chenillé conçu à la fin des années cinquantes, destiné à former l'ossature des unités mécanisées américaines. Il est employé pour la première fois au combat par l'armée sud-vietnamienne en avril 1963. Au cours de la Guerre du Vietnam, il représente le véhicule blindé de l'US Army numériquement le plus utilisé. Désigné officiellement Armored Personnel Carrier (APC) ou Armored Cavalry Assault Vehicule (ACAV) par les troupes américaines qui l'emploient, il est surnommé "Dragon Vert" par les Sud-Vietnamiens. Il est particulièrement adapté pour progresser à travers la masse de végétation de la jungle, attaquer ou harceler les camps du Vietcong.



Présentation générale.

L'APC/ACAV introduit l'aluminium comme nouveau matériaux de blindage. Celui-ci est sufisemment épais pour protéger l'équipage et les soldats qu'il transporte contre les tirs d'armes automatiques légères, comme l'AK-47. Mais il souffre de deux inconvénients majeurs: il n'est pas transportable par air, avec les moyens aériens de cette époque, et relativement non-amphibie.

Au sein de l'US Army, l'APC/ACAV a été largement remplacé par la famille des M2/M3 Bradley dans les formations d'active, mais un nombre encore important de cette machine demeure en service dans les unités de soutien et de logistique, par exemples dans les rôles d'ambulance blindée, de transport de mortier, de poste de commandement mobile, de véhicule du génie, etc. Actuellement, les divisions d'infanterie mécanisées américaines emploient environ 6000 M113 et variantes dérivées, qui servent aux côtés de 4000 Bradley.

La polyvalence du M113 a engendré l'adaptation d'un grand nombre de variantes, servant dans le monde entier. Aujourd'hui, on estime que plus de 80000 M113, toutes versions confondues, sont encore utilisés par plus de cinquante pays, ce qui fait de lui l'un des véhicules militaires les plus prolifiques de tous les temps. La série télévisée "Top Ten" diffusée par la chaîne documentaire Military Channel a désigné le M113 comme le blindé de transport d'infanterie le plus déterminant dans l'histoire militaire américaine. Les plans de l'US Army prévoient le remplacement de toutes les versions encore utilisées d'ici 2018, et cherche actuellement à lui trouver un successeur, avec le programme de développement du Ground Combat Vehicle (GCV) Infantry Fighting Vehicle.


Historique du développement.

1° Les origines.

Le M113 est développé par Food Machinery Corp. (FMC) (1), qui a déjà produit les M59 et M75 Armored Personnel Carrier. La caisse du M113 a une très fort ressemblance avec les deux précédents modèles. Le M75 est jugé trop lourd et trop cher à produire pour être produit en grande série et être efficace, en outre il n'est pas amphibie ni transportable par les airs. Le M59, plus léger, corrige ces inconvénients, mais est trop faiblement blindé, et son avenir incertain en raison des efforts consentis pour réduire le coût de fabrication.

Photo ci-dessous: le M75 (ici exposé au Musée de l'Armée de Bruxelles), un des prédécesseurs du M113, est jugé trop cher à fabriquer et trop lourd. De fait, sa production s'arrête après le 1729ème exemplaire, et il ne sert à l'étranger qu'au sein de l'Armée belge. Son remplaçant, le M59, est plus léger, moins cher à construire et amphibie, mais insuffisemment protégé par son blindage.


Les militaires américains, cherchant un véhicule combinant les meilleures caractéristiques des deux modèles APC. A la fin des années cinquantes, la firme Kaiser Aluminium and Chemical Co. développe un type d'alliage plus approprié pour l'Airborne Armored Multi-Purpose Vehicle Family (AAM-PVF). Le choix judicieux de ce matériaux permet de produire un véhicule réunissant le blindage du M75, avec le poids moindre et la mobilité du M59.

FMC répond à l'appel d'offre avec deux propositions, le premier (T113) avec une épaisseur de blindage moindre que le second (T117). Le projet T113 aboutit bientôt à la réalisation du prototype M113, et c'est cette version qui est finalement sélectionnée.

Un modèle légèrement modifié et amélioré, le T113E1, est adopté par l'US Army en 1960 sous la désignation M113, équipé d'un moteur essence. Un prototype à moteur diésel, le T113E2, entre en production en 1964, et redésigné M113A1. Ce dernier supplante et remplace rapidement le M113 d'origine.

Le M113 est conçu en tant que véhicule léger chenillé pouvant être transporter et largé par air par les gros porteurs de cette époque, le C-130 Hercules et le C-141 StarLifter. Le concept d'origine est de développer exclusivement un véhicule de transport amenant l'infanterie jusqu'au champ de bataille, avec une sécurité relative. Entrant en service au sein de l'US Army en 1960, le M113 Armored Personnel Carrier a un équipage de deux personnes, un conducteur et un commandant de bord, et transporte 11 fantassins à l'intérieur du véhicule. Son armement défensif consiste en une mitrailleuse Browning M2 de 12.7mm montée sur affût et servie par le commandant de bord.

Photo ci-dessous: une section d'infanterie de l'US Army est déployée depuis un M113 APC pendant un exercice d'entrainement. 17 septembre 1985.


Le 30 mars 1962, un premier groupe de 32 M113 arrive en Asie du Sud-Est, et est partagé équitablement entre deux compagnies mécanisées de l'Armée Sud-Vietnamienne (ARVN). Le 11 juin 1962, ces deux compagnies participent pour la première fois au combat, c'est le baptême du feu du M113. Pendant la bataille d'Ap Bac, en janvier 1963, 14 des 32 servants de mitrailleuse des M113 sont tués au combat, ce qui nécessite par la suite des modifications opérationnelles pour agmenter leur chance de survie. Bientôt, des systèmes originaux tels que des plaques de blindage metallique sont montés sur les 32 M113 sud-vietnamiens, non seulement pour la mitrailleuse mais également sur les parois du chassis, ce qui lui assure par conséquent une meilleure protection.

Ce bouclier metallique, improvisé en opération, est standardisé sur la variante Armored Cavalry Assault Vehicle (ACAV) du M113, et équipe bientôt toutes les unités mécanisées de l'ARVN au combat. En outre, l'Armée Sud-Vietnamienne modifie ses M113 pour les convertir en "char léger" amphibie, dans un rôle totalement étranger du cahier des charge d'origine émit par l'US Army. Cette adaptation est ensuite adopté sur les M113 ACAV des troupes américaines qui débarquent massivement au Sud-Vietnam, au cours du second semestre de 1965. Dans ces missions, les M113 américains et sud-vietnamiens continueront à combattre jusqu'à la fin des hostilités, en avril 1975.

Photo ci-dessous: au Vietnam, l'infanterie américaine se déploie au combat, à l'abri derrière deux M113 de couverture.


L'US Army, après avoir critiqué et dénigré les Sud-Vietnamiens sur leur doctrine d'emploi personnelle du M113, adoptent finalement le même système sur leurs propres véhicules. Cette standardisation de l'ACAV incluent une tourelle circulaire et un bouclier métallique pour la mitrailleuse lourde M2 de 12.7mm, servie par le commandant de bord, l'ajout de deux mitrailleuses M60 de 7.62mm, également avec boucliers, pouvant couvrir les angles arrières gauche et droite du M113, ainsi que des plaques de blindage protégeant les parties très vulnérables comme le plancher (contre les mines) et la partie arrière, avec la porte basculante. Ces adaptations transforment le M113 en un véritable véhicule de combat, mais il souffre toujours d'un blindage trop léger, destiné à un rôle que personne n'avait imaginé dans la conception d'origine.

Afin d'améliorer l'efficacité au combat des troupes embarquées, un certain nombre d'expériences sont menées pendant les années soixantes, sous la désignation de Projet Mechanized Infantry Combat Vehicle, 1965 (MICV-65), dans l'espoir de développer ensuite un véritable "Véhicule de Combat d'Infanterie", plutôt qu'un "Transport de Troupes Blindé" APC. Pacific Car and Foundry introduit le XM701 avec blindage metallique, mais ce prototype se révèle trop lent et trop lourd pour être transporter par avions C-141 StarLifter. FMC développe de son côté le XM734, largement inspiré du M113, mais avec un réaménagement des sièges à l'intérieur du compartiment arrière. Quatre lucarnes d'observation sont aménagés de chaque côté, pouvant servir de poste de tir aux fantassins d'accompagnement. Bien que les projets XM701 et XM7034 sont abandonnés, FMC poursuit le développement du concept MICV avec le XM765 Advanced Infantry Fighting Vehicle (AIFV). L'AIFV est par la suite proposé à l'exportation et acheté par des clients étrangers comme les Pays-Bas, la Belgique et les Philippines.

Photo ci-dessous: YPR-765, inspiré du XM765 AIFV, de l'armée néerlandaise, Province d'Uruzgan, Afghanistan, 19 août 2008. C'est un des ultimes dérivés du M113A1, combiné avec une tourelle équipée d'un canon KBA-B02 de 25mm.



2° Modifications.

Des versions améliorées du M113 ACAV du Vietnam sont actuellement déployées en Irak depuis 2003. Le bouclier circulaire de la mitrailleuse lourde .50 a été légèrement modifié, et les deux postes de tir M60 de 7.62mm démontés. La plupart de ces véhicules modifiés ont été utilisés pour l'escorte des convois alliés.

Le M113 est faiblement blindé, mais des plaques metalliques additionnelles sont montées pour accroître la résistance aux tirs d'armes automatiques. Du blindage "réactif" et des "cages de blindage" peuvent également être installés pour se protéger contre les roquettes antichars de type RPG.

Photo ci-dessous: Slat Armor, ou "Cages de blindage", installées sur un M113 APC, FOB Kalsu, Irak, 19 mars 2007. Les soldats appartiennent à la Compagnie C, 3ème Bataillon, 509ème Régiment, 4ème Brigade de Combat, 25ème Division d'infanterie.


Des boucliers blindés transparants (Transparent Armor Gun shield, TAGS), à l'instar de ceux installés sur la tourelle du M1 Abrams, ont également été développés sur les M113 ACAV par un armurier en Irak. Des bandes de chenilles sont installés sur les M113 canadiens et d'autres pays pour réduire le niveau sonore et les dommages occasionnées aux routes pavées.

La plupart des M113 encore en service dans l'US Army ont été mis à la norme M113A3. Aux Etats-Unis, le M113 a été également sélectionné pour remplacer le M551 Sheridan. "Maquillés" en BMP ou en T-80, ils servent dans les exercices à l'US Army's National Training Center (NTC) de Fort Irwin, en Californie, pour simuler le matériel de combat russe.

Photo ci-dessous: M113 APC de l'US Air Force stationné à Robins AFB, Géorgie, et assigné au 886th Expeditionary Security Forces Squadron. Camp Bucca, Irak, 10 février 2008.



(1) En janvier 1994, FMC transfère la chaîne de production du M113 vers une nouvelle filiale, United Defense. Cette dernière usine ne tarde pas, le 24 juin 1995, à être rachetée par la firme BAE Land Systems & Armaments d'Arlington, en Virginie.


M113 au combat.

1° Guerre du Vietnam.

La Guerre du Vietnam est la première opportunité pour l'US Army de développer le nouveau concept d'"infanterie mécanisée", dont les racines remontent à l'infanterie des divisions blindées de la Seconde Guerre mondiale. Cette infanterie mécanisée utilise maintenant le M113 Armored Personnel Carrier (APC). En complément, les unités de cavalerie blindée emploit largement le M113 ACAV, après que celui-ci a remplacé le M114 AFV dans une variété de rôles. Les bataillons blindés sont totalement équipés de M113, s'en servant comme transport d'assaut, ambulance blindée, véhicule du génie, de batterie de mortiers, et comme véhicule de reconnaissance. Chacun de ses bataillons comprend une compagnie QG et trois compagnies de ligne, et rassemble un effectif d'environ 900 hommes. Dix bataillons d'infanterie mécanisées de l'US Army seront déployées au Sud-Vietnam de 1965 à 1972.

Photo ci-dessous: M113 APC de l'ARVN durant la Guerre du Vietnam.


Les premiers M113 qui débarquent en 1962 et qui sont affectés à l'Armée Sud-Vietnamienne ARVN, sont propulsés par un moteur essence Chrysler 75M de 209 chevaux (156 kW). Ils cèdent leur place en 1964 à la version améliorée M113A1, équipée du moteur Diesel General Motor de 215 chevaux (160 kW). Les M113/M113A1 américains conduisent des missions dites Reconnaissance In Force (RIF) ou des opérations Search and Destroy. Ils participent à l'intervention des troupes américaines au Cambodge, le 1er mai 1970. Les M113 de l'ARVN interviennent lors de l'offensive sud-vietnamienne au Laos, en 1971 (Opération Lam Son 719). Tactiquement, les M113 opèrent souvent en coopération avec les chars M48 Patton ou M551 Sheridan.

Photo ci-dessous: M113 ACAV du 11ème Régiment de cavalerie en formation de défense en chevron, Opération Cedar Falls, janvier 1967, Sud-Vietnam. Notez les trois postes de tir (une M2 de 12.7mm, deux M60 de 7.62mm).



2° Conflits récents: Irak, Afghanistan, Balkans, Moyen-Orient (1991-Présent).

Aujourd'hui, on estime à 80000 le nombre de véhicules de la famille M113 et de ses dérivés, dont plus de 6000 demeurent encore en service dans les forces armées américaines, employés dans plus de cinquante pays du monde entier.

Des M113 de divers membres de l'OTAN ont été déployés dans les Balkans, d'abord en novembre 1995 en Bosnie-Herzégovine, puis en avril 1999 au Kosovo. Plusieurs centaines sont toujours présents dans les contingents de l'IFOR/SFOR de nos jours.

Des M113 iraniens, livrés par les Etats-Unis avant la révolution islamique en 1979, ont participé au conflit contre l'Irak en 1980-1988. Ils ont également pris part, au sein de plusieurs forces de la Coalition internationale (Etats-Unis, Canada, Arabie Saoudite, ...), aux opérations Desert Shield et Desert Storm en 1990-1991.

Photo ci-dessous: colonne de M113 APC saoudiens lors de l'opération Desert Storm, Koweit, 1er mars 1991.


Et bien qu'au sein de l'US Army, le M113 est retiré des unités combattantes de première ligne et ne sert plus que dans les unités de soutien, comme poste de commandement, transporteur de mortiers lourds ou véhicules du génie, il est bien sûr présent lors du déclenchement des opérations Enduring Freedom en Afghanistan, à partir d'octobre 2001, et Iraqi Freedom, en mars 2001. Il équipe actuellement la Nouvelle Armée irakienne et l'Armée Nationale Afghane.

Des M113 de Tsahal ont participé régulièrement aux opérations militaires contre les mouvements terroristes palestiniens du Hamas et du Hezbollah, au Sud-Liban jusqu'en 2000, et ces dernières années, dans la Bande de Gaza et les Territoires Occupés.

Photo ci-dessous: un mortier lourd Keshet de 120mm mis en batterie depuis un M113 de Tsahal, Cisjordanie, 17 septembre 2008.



3° Actualité américaine récente.

Aux Etats-Unis, des M113A2 et M113A3 ont été adopté par un certain nombre de département de police, de forces d'intervention SWAT ou d'agences fédérales comme le FBI ou la DEA. Assez récemment, des photos d'un M113 marqué de l'inscription "Midland County Sheriff" ont fait parler de lui, au cours du célèbre raid, mené le 29 mars 2008 à la demande des Texas Child Protective Services (TCPS), d'une équipe SWAT et des Texas Ranger contre le Ranch YFZ abritant une secte fondamentaliste mormone, accusée d'abus sexuels et de viols sur des mineurs d'age de 15 et 16 ans.

Photo ci-dessous: M113 de l'équipe SWAT du Département de Police de Doraville, en Géorgie.



4° Surnoms officiels et officieux du M113.

Tout le long de sa carrière opérationnelle, le M113 n'a pas manqué de surnoms. L'Armée Sud-Vietnamienne ARVN l'appelait Dragon Vert, et les troupes américaines déployées au Vietnam, Track ("La Chenille"), ou simplement ACAV. Quelques fois, les GIs le désigne également sous la désignation officieuse "Gavin", du nom de l'ancien et célèbre commandant de la 82ème Division aéroportée.

Les IDF emploient le M113 dans un certain nombres de versions, chacune héritant d'une désignation différente, allant des modèles de base Bardelas, Nagmash, Nagman, Kasman, à des variantes plus spécialisées dans le combat hurbain, Zelda ou Zelda 2.

L'armée australienne se refère au M113A1 sous le sobriquet Buckets ("Seaux"), et sa version modifiée équipée d'une tourelle et d'un canon de 76mm, Beasts ("Bêtes").

La Bundeswehr lui donne également plusieurs surnoms comme Elefantenschuh ("Patte d'Elephant") ou Panzerunterlegekeil ("Char Forceur" ou "Char Enfonceur").


Versions du M113.

1° Variantes de base.

• M113. Modèle d'origine, propulsé par un moteur essence Chrysler 75M V8 de 209 chevaux (156 kW).

• M113A1. Produit à partir de 1964, avec un moteur Diesel General Electric de 215 chevaux (160 kW), une consommation plus économe en carburant.

• M113A2. Version introduite en 1979, avec diverses améliorations: une transmission plus efficace, des lances-grenades fumigènes installés sur la partie horizontale de la caisse.

• M113A3. Version introduite en 1987, avec d'autres améliorations encore, dont un moteur plus puissant, des réservoirs de carburant externes, un train de roulements et une transmission renforcés.

• M113 Armored Cavalry Assault Vehicle (ACAV). L'ACAV est un concept novateur introduit par l'armée sud-vietnamienne en 1963. L'ARVN utilise alors ses M113 dans les rôles de "Véhicules de Combat d'Infanterie" (IFV) ou de "Char léger". Doctrines d'emploi qui est par la suite adoptée par l'US Army, à partir de 1965. Les M113 ACAV de l'US Army et de l'ARVN sont alors équipés de trois postes de tir défensifs, une mitrailleuse M2 de 12.7mm et deux M60 de 7.62mm, renforcés par des boucliers metallique. Les ACAV opéraient parfois en collaboration avec une variante "mortier" du M113, le M1064 Mortar Carrier.

Photo ci-dessous: M113 ACAV de l'US Army, Sud-Vietnam, 1966.



Dérivés.

• M58 Wolf. M113 générateur d'écran de fumée. Le M58 utilise un générateur de fumée M56 installé à l'arrière du chassis.

Aujourd'hui, l'US Army utilise le M1059A2/A3, une version modifiée du M113A2/A3 équipé d'un générateur M56.

Photo ci-dessous: M1059A2/A3 de la 31st Chemical Company (Army), Fort Irwin, Californie, 19 mars 1997.


• M1064 Mortar Carrier. M113 permettant le transport d'un mortier M30 de 107mm sur un socle rotatif dans le compartiment arrière. L'arme peut tirer à l'intérieur même du véhicule, en ayant démonter le toit, et peut également être démontée pour être remise en batterie à l'extérieur.

Aujourd'hui, l'US Army utilise le M1064A3, un M1064 modernisé équipé d'un mortier M121 de 120mm.

Photo ci-dessous: mortier M121 de 120mm mis en batterie à l'intérieur d'un M113 APC. Les soldats appartiennent au 1er Bataillon, 5ème Régiment de cavalerie, 1ère Brigade de Combat, 1ère Division de cavalerie. FOB Taji, Bagdad, Irak, 25 avril 2009.


• M125 Mortar Carrier. Autre transporteur de mortier basé sur le M106 d'origine. Il est équipé d'un M29 de 81mm, remplacé par un M252 de même calibre en 1984.

• M132 Flamethrower. Variante du M113 équipée d'un lance-flammes. Ce type de véhicules n'est pas utilisé par l'US Army. Véhicules existants mis au standard M132A1.

• MIM-72/M48 Chaparral. Variante du M113 destiné à la défense anti-aérienne, et équipée d'un lanceur quadruple de missiles sol-air AIM-9D Sidewinder ou FIM-92 Stinger.

Photo ci-dessous: MIM-72 équipé de quatre missiles sol-air Sidewinder.


• M163 Vulcan Air Defense System (VADS). Autre variante destinée à la lutte anti-aérienne, équipée d'un canon rotatif 6-tubes General Dynamics M168 Vulcan de 20mm.

Photo ci-dessous: M163 VADS de la 24ème Division d'infanterie, National Training Center (NTC) de Fort Irwin, Californie, 1er novembre 1988.


• M577. Variante "Poste de commandement mobile", avec le toit du compartiment arrière surélevé. Le véhicule transporte des radios et un générateur supplémentaires. Récemment, une variante est également désignée M1068 Standard Integrated Command Post System Carrier (SICPSC), et équipée du nouveau système automatisée de commandement et de contrôle de l'US Army.

Photo ci-dessous: M577 en maintenance. Le véhicule appartient à la Batterie B, 2ème Bataillon, 20ème Régiment d'artillerie de campagne, 4ème Division d'infanterie. FOB Remagen, Tikrit, Irak, 11 mai 2006.


• M579. Véhicule d'entretien et de dépannage inspiré du M113A2, et équipé d'une grue. Ce véhicule n'est pas en service au sein de l'US Army.

Photo ci-dessous: M579 lithuanien, 2006.


• M806. Véhicule de réparation et de dépannage équipée d'un treuil montée dans le compartiment arrière et de deux système d'arrimage fixé sur la paroi verticale arrière.

• M901 Improved TOW Vehicle (ITV). M113 APC équipé d'un lanceur double de missiles antichars M220 TOW.

Photo ci-dessous: M901 ITV Latrun-2 de Tsahal, Musée Yad la-Shiryon, Israel, 2005.


• M113 Clones. Le Pakistan produit une variante du M113A2, sous la désignation de Talha, et construit par la firme Heavy Industries Taxila (HIT) de Taxila, dans la province du Punjab. L'armée de terre pakistanaise alligne en 2010 environ 2000 Talha. Ce véhicule est équipé d'une mitrailleuse de 12.7mm comme armement principal.

La Turquie produit de son côté l'ACV-300, inspiré du chassis du XM765 AIFV. Ce véhicule équipe non seulement l'armée de terre turque (2249 exemplaires), mais également d'autres pays comme les Emirats Arabes Unis (136), la Malaisie (211) et les Philippines (6).


Inventaires et opérateurs du M113.

• Afghanistan. L'Armée nationale et les forces de sécurité afghanes utilisent 63 M113.

• Albanie. 130.

• Allemagne. 4000.

• Arabie Saoudite. Armée de terre et Garde Nationale: 3000.

• Argentine. 580.

• Australie. Armée de terre: 700.

Photo ci-dessous: M113 australien du 3rd/4th Cavalry Regiment, faisant partie du contingent des troupes des Nations-Unies au Timor Oriental. 17 mai 2002. Remarquez les deux tourelles équipées de mitrailleuses Browning M2 de 12.7mm et Springfield M1919 (cal .30).


• Bahrein. 110.

• Bangladesh. 10.

• Belgique. Armée de terre: 500.

• Bénin. 16 (cédés par la Belgique).

• Bolivie. Armée de terre: 50.

• Bosnie-Herzégovine. 80.

• Brésil. Armée de terre: 584. Corps de Marines: 29.

Photo ci-dessous: M113 de l'armée de terre brésilienne.


• Canada. Armée de terre: 289 M113A3/MTVL modernisés pour rester en service actif jusqu'en 2020. 1143 exemplaires achetés entre 1965 et la fin des années nonantes, la majorité étant reclassés dans les surplus.

• Chili. Armée de terre: 427.

• Chypre. 8.

• Colombie. 120.

• Congo (République Démocratique du). 12.

• Corée du Sud. Armée de terre: 400 M113 redésignés K200.

Photo ci-dessous: K200 APC de l'armée de terre sud-coréenne, Séoul, 20 octobre 2007.


• Danemark. 632 PMV. Pour Pansret MandskabsVogn, traduction littérale de Transport de Troupes Blindé (APC).

• Egypte. 2950.

• Espagne. 860 (remplacement prévu par le Pizzaro IFV).

• Etats-Unis. 6000. Le M113 est égalament utilisés par la NASA pour le transport ou l'évacuation des astronautes, ainsi que par les équipes SWAT, divers départements de police (Phoenix, Los Angeles, Dallas, ...) et agences fédérales (FBI, DEA, ATF, FEMA, ...)

• Ethiopie. 110.

• Grèce. 2500+ (1900 M113A1/A2, 250+ Transport Mortier, 300 M901A1/A2 ITV, 70 M577A2, 50 M113A1 "Ambulance").

• Irak. Nouvelle armée irakienne: 283. Plus une commande récente de 440 M113A2 provenant des surplus de l'US Army. Il est probable que l'Irak acroisse dans l'avenir le nombre total de ses M113 jusqu'à 1026 unités.

• Iran. Armée de terre: 200 (livrés avant la révolution islamique de 1979).

• Israel. Forces de Défense Israéliennes (IDF): 6131.

• Italie. 3000+ M113/M113A1/M106 (progressivement remplacés par le Dardo IFV et le Lince VTML).

• Jordanie. 1300.

• Koweit. 80.

• Liban. 1100+.

Photo ci-dessous: M113 APC de l'Armée libanaise, Beirout, 9 mai 2008.


• Lithuanie. 361 M113 cédés par l'Allemagne entre 2000 et 2006. Forces terrestres: 210 unités (en 2008).

Photo ci-dessous: M113 lithuaniens lors d'une parade militaire, Kaunas, 16 mai 2009.


• Macédoine (République de). 30.

• Maroc. 383.

• Nouvelle-Zélande. Armée de terre: 120 (remplacement par le NZLAV Armoured Fighting Vehicle).

• Norvège. Armée de terre: 900.

• Pakistan. 1600+.

• Pays-Bas. Armée de Terre Royale et Maréchaussée Royale: 2000+ YPR-765 équipés d'une tourelle avec canon KBA-B02 de 25mm.

• Pérou. 130.

• Philippines. Armée de terre: 100+.

• Pologne. Forces terrestres: 35 (variantes "Poste de Commandement" et "Evacuation Médicale").

• Portugal. M113A3 m/76 APC.

• Salvador (El). 20.

• Singapour. Armée de terre: 1200 (remplacement prévu par le Bionix AFV).

• Suisse. 400.

• Taiwan. 675.

• Thailande. 385.

• Tunisie. 120.

• Turquie. 3000+ (remplacés progressivement par l'AVC-300).

• Uruguay. 24.

• Vietnam. 750 (capturés à l'ARVN et aux USA entre 1965 et 1975).


Futur remplacement des M113 de l'US Army.

L'US Army a l'intention, grâce au programme de développement Ground Combat Vehicle (GCV), de remplacer tous ses M113 encore en service, à la date butoire 2018, par le GVC Infantry Fighting Vehicle.

Ci-dessous: représentation artistique du GCV IFV qui est censé remplacer les M113, les M2/M3 et les Stryker de l'US Army.



Spécifications techniques.

• Type de véhicule: Blindé de transport de troupes.

• Equipage: 2 membres (un commandant, un chauffeur) + 11 fantassins.

• Masses: maximale: 12.3 tonnes métriques.

• Dimensions: Longueur: 4.86m, largeur: 2.69m, hauteur: 2.5m.

• Armement principal: Une mitrailleuse Browning M2 de 12.7mm.

• Armement secondaire: Variable suivant la version du M113. [M113 ACAV] Deux mitrailleuses M60 de 7.62mm (Guerre du Vietnam). [M113A3 APC] Deux mitrailleuses M249 Minimi de 5.56mm (Irak, Afghanistan).

• Propulsion: [M113A3] Un moteur diésel Detroit 6V53T 6 cylindres, de 275 chevaux (205 kW).

• Suspension 5 barres de torsion.

• Performances: Vitesse maximale: 42 mph (67.6km/h) Rayon d'action opérationnel: 300 miles (480km).

Photo ci-dessous: M113A3 du 1er Bataillon, 4ème Régiment de cavalerie, 1ère Division d'infanterie, Opération Baton Rouge, Samarra, Irak, 1er octobre 2004.



Article modifié le 6 septembre 2012.


Sources principales:
M113 Armored Personnel Carrier (Wikipedia.org)