Le 17 décembre 1944, en raison de la résistance obstinée des 2ème et 99ème Divisions d'infanterie, la 1ère Division panzer-SS Leibstandarte AH, avec le 1er Régiment du SS-Standartenführer (lieutenant-colonel) Joachim Peiper en tête, décide de contourner le plateau d'Elsenborn et d'avancer en direction de Malmédy, Stavelot et Trois-Ponts. Les exactions de cette division vont plonger toute la région dans un climat de terreur et de cauchemards. Elle se livrera au cours des heures et des jours suivants à toute une série de massacres et de crimes de guerre à l'encontre de civils belges et de prisonniers de guerre américains.
Situation du Kampgruppe Peiper au nord du front des Ardennes.
Le 17 décembre 1944, à l'extrémité nord du dispositif allemand, toutes les attaques du I Panzerkorps-SS vers Monschau et Eupen sont maintenant brisées par la résistance des 2ème et 99ème Divisions d'infanterie américaines, solidement retranchées sur les hauteurs d'Elsenborn. Mais dans les autres secteurs du front ardennais, la désintégration des 106ème et 28ème Divisions d'infanterie se poursuit.
Le standartenführer Joachim Peiper décide de contourner cet obstacle (le plateau d'Elsenborn) avec son 1er Régiment de panzer-SS. Inscrit à l'ordre du jour dans le journal de l'unité: "C'est l'heure décisive du peuple allemand. Cette bataille doit être menée dans un climat de terreur et d'épouvante sans inhibitions humanitaires..."
Le Kampfgruppe Peiper, avec 600 véhicules et 4,800 hommes, débute son équipée sanglante le 17 décembre vers 4h du matin à Lanzerath. L'unité de pointe de la 1ère Division panzer-SS Leibstandarte AH contourne le plateau d'Elsenborn, désormais verrouillé et fermement défendu par les 2ème et 99ème Divisions d'infanterie, et après s'être emparé d'un dépôt d'essence à Bullingen, avance vers Malmédy, Stavelot et Trois-Ponts, pour tenter de traverser l'Amblève. Mais tous les ponts, minés au préalable par le génie américain, sautent l'un après l'autre devant les panzers-SS. Par dépit, ceux-ci se vengent ici et là sur des groupes de prisonniers de guerre américains ou des civils belges.
19 GIs du 394ème Régiment d'infanterie à Honsfeld dans la matinée du 17 décembre par le Kampfgruppe Peiper. 59 GIs non-combattants du dépôt de carburant de Bullingen un peu plus tard, par la même unité. 11 prisonniers Afro-américains du 333ème Bataillon d'artillerie de la 106ème Division d'infanterie à Wereth, au nord-est de Saint-Vith, par le 1er Régiment de panzergrenadiers-SS du standartenführer Max Hansen ("Kampfgruppe Hansen"). Vers 14h, dans une prairie près du carrefour de Baugnez, sur les hauteurs de Malmédy, 86 prisonniers désarmés du 285ème Bataillon d'observation d'artillerie de la 7ème Division blindée, par la 1ère Compagnie panzer-SS du commandant Werner Poetshke. Huit autres Américains du 1111th Engineer Combat Group à midi le 18 décembre, à Trois-Ponts, lorsque les deux ouvrages sur l'Amblève sautent au nez du Kampfgruppe Peiper. Au total, environ 350 prisonniers américains et 130 civils belges sont exécutés dans cette région entre les 17 et 20 décembre 1944.
Photos ci-dessous: Baugnez, le site du massacre en 2007. Sur le côté droit, le Café Bodarwé.
Lorsque l'offensive de la 6ème Panzerarmee-SS est définitivement bloquée par les Américains, le 19 décembre 1944, l'unité du Sturmbannführer Gustav Knittel, le 1er bataillon de reconnaissance ou "Kampfgruppe Knittel", se venge sur la population civile dans les villages de Ster, Parfondry et Renarmont, sur les hauteurs de Stavelot: 92 Belges, dont 13 enfants âgés de 4 à 15 ans, sont sommairement exécutés.
Photos ci-dessous: 1° et 2° Corps de civils belges massacrés dans la régions de Stavelot, le 19 décembre 1944. 3° Corps mutilés et torturés des 11 soldats afro-américains du 333rd FA Bn (106th ID) retrouvés le 25 janvier 1945. 4° Mémorial des "Onze de Wereth" en 2012.
Massacre du carrefour de Baugnez-Ligneuville (17 décembre 1944).
Lors de l'offensive allemande dans les Ardennes, la batterie B du 285ème Bataillon d'observation d'artillerie de campagne (285th FOAB) de la 7ème Division blindée américaine est cantonné à Heerlen, dans le sud des Pays-Bas. Dans la soirée du 16 décembre 1944, cette division, commandée par le major-général Robert Hasbrouk, reçoit d'Omar Bradley l'ordre de faire mouvement vers Saint-Vith. Elle s'ébranle sur trois colonnes.
La By-B/285th FOAB (Batterie B du 285ème Bataillon d'Observation d'Artillerie) en question est commandée par le capitaine Leon Scarborough. Elle se met en route avec une trentaine de véhicules, jeeps ou camions, et 140 hommes peu avant l'aube du 17 décembre 1944, et constitue l'arrière-garde du Combat Command R (CCR), avec en tête de colonne la jeep du lieutenant Virgil Lary.
A 11h45, le convoi de Lary pénètre dans Malmédy, mais ne peut se frayer facilement un chemin du fait d'une importante circulation. A 12h15, le convoi s'arrête à la hauteur du QG du 291ème Bataillon du génie de combat (V Corps), commandé par le colonel David Pergrin, juste à la sortie est de Malmédy. Pergrin indique à Lary la présence possible de blindés ennemis venant de Bullange, mais ce dernier décide de ne pas en tenir compte.
Le convoi emprunte alors la nationale N-23, où les sapeurs de Pergrin commencent à couper les arbres pour placer des obstacles sur la route, direction le sud-est et le carrefour de Baugnez. Là, il doit bifurquer vers le sud et Ligneuville. Lary arrive au carrefour à 12h45, où deux policiers de la 518ème compagnie de MP montent la garde.
Ci-dessous: trajet du convoi du lieutenant Virgil Lary et emplacement du massacre de Baugnez-Ligneuville.
Les deux policiers lui conseillent alors de changer son itinéraire afin d'éviter un affrontement. Comme Lary, pressé, a la responsabilité de respecter le timing et l'itinéraire, il choisit de garder le chemin qu'on lui a assigné et de courir le risque. Après le passage du convoi, l'un des deux MP redescent la N-23 et va déjeuner à Malmédy. Celui qui reste regarde le convoi de Scarborough passer, puis entre dans le café du carrefour tenu par Madame Bodarwé et, à ce moment, entend des tirs de chars.
A 280m au sud du carrefour, le convoi américain vient juste de tomber nez à nez avec deux chars commandés par l'Obersturmführer (lieutenant) Werner Sternebeck, venant de Thirimont et débouchant d'un chemin secondaire forestier, sur la gauche de la colonne américaine.
Les Américains affolés sortent des véhicules et se précipitent sur le bas côté de la route. Certains d'entre-eux se défendent, mais contre des blindés, le combat est inégal. Les véhicules américains sont poussés par les deux chars sur le bas côté de la route afin de libérer le passage. Lary, se voyant incapable de résister à l'attaque, se lève afin de se rendre. Quelques GIs réussissent cependant à s'enfuir vers le café Bodarwé.
Le sturmbannführer (major) Joseph Diefenthal, commandant du 3ème Bataillon du 2ème Régiment de Panzergrenadiers-SS, arrive et la fusillade cesse. Les Allemands partent à la recherche des Américains qui se sont rendus et les amènent au carrefour où ils les regroupent dans une prairie près du café. Ils sont au total 119 prisonniers.
Diefenthal fait repartir sa colonne et laisse un de ses subordonnés, le commandant Werner Poetshke avec les prisonniers. Celui-ci retire deux chars Panzer-IV de la colonne et les fait manoeuvrer de telle sorte que les Américains et le champ soit sous le feu de ceux-ci.
L'équipage du char 731 reçoit alors l'ordre d'ouvrir le feu. Il est précisément 15h58. Lary ne comprend pas tout de suite ce qui se passe et demande à ses hommes de ne pas paniquer afin de ne pas déclencher un tir plus important encore. Mais les mitrailleuses de l'autre char entrent à leur tour en action. Quand les tirs cessent, il n'y a plus aucun prisonniers debout et les deux blindés allemands repartent. Des pionniers du génie allemands entrent dans le champ pour achever les Américains montrant encore signe de vie.
Les Allemands laissent quelques hommes de garde au carrefour et s'en vont. Dans le champ, une vingtaine de GIs, y compris Lary, sont encore en vie et blessés. D'un seul coup, ils se relèvent et courent vers les bois, au nord. Après s'être remis de leur surprise, les Allemands de garde ouvrent le feu. Une dizaine de GIs dévient de leur route et se réfugient dans le café. Celui-ci est alors incendié. Les Américains qui tentent ensuite d'en sortir sont tous abattus.
La patronne du café au carrefour, madame Bodarwé, un des deux témoins belge du massacre, est emmenée par les SS et disparait complètement. On ne la retrouvera jamais. Le second est un fermier, Henri Lejoly, sa maison situé juste en face du café Bodarwé, de l'autre côté de la rue. Mais inexplicablement les Panzer-SS le laissent en vie.
Pergrin, à Malmédy, entend les coups de feu et se décide à partir vers le carrefour de Baugnez, afin de se rendre compte de ce qui se passe. Au moment où il arrive au dessus d'une colline surplombant le lieu de la tuerie, il voit arriver quatre hommes, témoins du massacre, qui ont couru et marché à travers le bois. Il les ramène à Malmédy.
D'autres Américains parviennent à regagner petit à petit les positions du 291ème bataillon de génie américain dans Malmédy. Ce n'est finalement qu'à la tombée de la nuit qu'un des derniers survivants, qui s'était réfugié dans l'eau glaciale d'un ruisseau put rejoindre à son tour, ses lignes.
Au total, 17 survivants regagnent Malmédy entre 15h30 et minuit. D'autres sont recueillis et cachés par des civils belges. Lary, blessé, est soigné et sauvé par quatre soeurs: Bertha, Ida, Marie et Martha Marin. Elle le reconduiront ensuite à Malmédy.
Le rapport officiel final donnera une liste de 86 hommes abattus au carrefour et de 43 survivants. Quand Pergrin entendit le témoignage de Lary, le seul officier ayant survécu, il envoit à Spa, au QG de la 1ère Armée US, son officier adjoint des opérations, le lieutenant Thomas Stack, pour décrire personnellement le massacre au général Courtney Hodges.
Une très grande publicité sera faite autour de ce massacre et certaines unités américaines iront jusqu'à venger ce crime. Le 21 décembre 1944, le quartier général du 328ème Régiment de la 26ème Division d'infanterie (III Corps US de Patton), au sud du saillant, allemand, transmettra ses ordres en vue d'une attaque projetée pour le lendemain: "No SS troops or paratroopers will be taken prisoner but will be shot on sight."
"Aucun SS ou parachutiste allemand ne sera fait prisonnier". Cet ordre sera scrupuleusement respecté le 1er janvier 1945 à Chenogne, dans la région de Bastogne. Une soixantaine de prisonniers de la 12ème Division panzer-SS Hitlerjügend sont exécutés par la Companie B du 21ème Bataillon d'infanterie blindée (11ème Division blindée). C'est le "Massacre de Chenogne".
72 corps du massacre de Baugnez seront retrouvés le 13 janvier 1945 par la 30ème Division d'infanterie, lors de la contre-offensive américaine pour éliminer le saillant allemand. Et 45 d'entre-eux autopsiés. Après la guerre, un mur-mémorial sera construit aux environs du lieu du massacre. 84 noms y sont inscrits sur des plaquettes.
"Procès de Malmédy" à Dachau.
En mai et juin 1946, un procès a lieu à Dachau ou les principaux responsables des massacres commis pendant la bataille des Ardennes sont jugés pour crimes de guerre. Ce procès, "The Dachau Trial", présidé par le Juge-Avocat-Général (JAG) de l'US Army, le général Josiah Dalbey, est typique du système judiciaire américain. Peiper et les autres accusés sont défendus par le colonel Willis Everett. Le ministère public ("Prosecutor") est représenté par le colonel Burton Ellis.
Sur 74 Panzer-SS du Kampgruppe Peiper jugés, 43 sont condamnés à mort par pendaison (leur peine étant plus tard commuées en prison à vie), 22 à perpétuité, et huit à des peines allant de 10 à 20 ans.
Un autre procès, moins important et beaucoup moins médiatisé, s'ouvre le 6 juillet 1948, contre dix Allemands du Kampgruppe Peiper capturés par les Américains le 22 décembre 1944. Ils sont jugés par la Court de Justice militaire belge pour des massacres commis contre des civils à Stavelot, Ster, Renardmont et Parfondry.
Photos ci-dessous: 1° Lors du procès à Dachau, le lieutenant Virgil Lary désigne l'un des participants du massacre. 2° Le lieutenant-colonel Joachim Peiper lors de son audition à Dachau en juin 1946, avec son interprète allemande.
Gettysburg commémore le 65ème anniversaire du massacre.
Le 17 décembre 1944, au cours de la bataille des Ardennes, se déroule ce qui est communément désigné le Massacre de Malmédy. Stuart Dempsey, un des guides du champ de bataille de Gettysburg, relate les atrocités commises par les Panzers-SS de Peiper au carrefour de Baugnez, à quatre kilomètres de Malmédy. D'autres massacres et tueries se produiront les jours suivants sur le trajet sanglant du Kampfgruppe Peiper. Au moins 362 soldats américains et 111 civils belges ont été exécutés dans cette région entre les 17 et 20 décembre 1944. Un des GIs massacrés ce jour-là, le soldat de Première classe Frederick Clark, est inhumé dans le Cimetierre Militaire National de Gettysburg, sa ville natale.
"On December 17, 1944, during the Battle of the Bulge, occurred an event commonly known as the Malmedy Massacre. The atrocities Gettysburg Licensed Battlefield Guide Stuart Dempsey describes actually occurred around the tiny village of Baugnez, Belgium, some four kilometers from Malmedy. American soldiers and Belgian civilians were also murdered at several other locations over the next few days by members of the German 1st SS Panzer Division. The final toll is in dispute, but at least 362 U.S. soldiers and 111 Belgians were executed between December 17-20. The actual number may be a good bit higher. One of those killed/murdered 65 years ago today was Private First Class Frederick Clark. He is buried in the Gettysburg National Cemetery." (1)
(1) "The Malmedy Massacre, 65 Years Ago Today".The Gettysburg Daily, 17 December 2009.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 1° Le dernier sursaut d'Hitler.
Article modifié le 3 octobre 2019.
Sources principales:
• Malmedy Massacre (Wikipedia.org)
• Charles B. MacDonald: Noel 1944: la Bataille d'Ardenne. Editions Luc Pire (2006). ISBN 2-87415-468/7.
• Banques d'images de l'European Center of Military History.
Situation du Kampgruppe Peiper au nord du front des Ardennes.
Le 17 décembre 1944, à l'extrémité nord du dispositif allemand, toutes les attaques du I Panzerkorps-SS vers Monschau et Eupen sont maintenant brisées par la résistance des 2ème et 99ème Divisions d'infanterie américaines, solidement retranchées sur les hauteurs d'Elsenborn. Mais dans les autres secteurs du front ardennais, la désintégration des 106ème et 28ème Divisions d'infanterie se poursuit.
Le standartenführer Joachim Peiper décide de contourner cet obstacle (le plateau d'Elsenborn) avec son 1er Régiment de panzer-SS. Inscrit à l'ordre du jour dans le journal de l'unité: "C'est l'heure décisive du peuple allemand. Cette bataille doit être menée dans un climat de terreur et d'épouvante sans inhibitions humanitaires..."
Le Kampfgruppe Peiper, avec 600 véhicules et 4,800 hommes, débute son équipée sanglante le 17 décembre vers 4h du matin à Lanzerath. L'unité de pointe de la 1ère Division panzer-SS Leibstandarte AH contourne le plateau d'Elsenborn, désormais verrouillé et fermement défendu par les 2ème et 99ème Divisions d'infanterie, et après s'être emparé d'un dépôt d'essence à Bullingen, avance vers Malmédy, Stavelot et Trois-Ponts, pour tenter de traverser l'Amblève. Mais tous les ponts, minés au préalable par le génie américain, sautent l'un après l'autre devant les panzers-SS. Par dépit, ceux-ci se vengent ici et là sur des groupes de prisonniers de guerre américains ou des civils belges.
19 GIs du 394ème Régiment d'infanterie à Honsfeld dans la matinée du 17 décembre par le Kampfgruppe Peiper. 59 GIs non-combattants du dépôt de carburant de Bullingen un peu plus tard, par la même unité. 11 prisonniers Afro-américains du 333ème Bataillon d'artillerie de la 106ème Division d'infanterie à Wereth, au nord-est de Saint-Vith, par le 1er Régiment de panzergrenadiers-SS du standartenführer Max Hansen ("Kampfgruppe Hansen"). Vers 14h, dans une prairie près du carrefour de Baugnez, sur les hauteurs de Malmédy, 86 prisonniers désarmés du 285ème Bataillon d'observation d'artillerie de la 7ème Division blindée, par la 1ère Compagnie panzer-SS du commandant Werner Poetshke. Huit autres Américains du 1111th Engineer Combat Group à midi le 18 décembre, à Trois-Ponts, lorsque les deux ouvrages sur l'Amblève sautent au nez du Kampfgruppe Peiper. Au total, environ 350 prisonniers américains et 130 civils belges sont exécutés dans cette région entre les 17 et 20 décembre 1944.
Photos ci-dessous: Baugnez, le site du massacre en 2007. Sur le côté droit, le Café Bodarwé.
Lorsque l'offensive de la 6ème Panzerarmee-SS est définitivement bloquée par les Américains, le 19 décembre 1944, l'unité du Sturmbannführer Gustav Knittel, le 1er bataillon de reconnaissance ou "Kampfgruppe Knittel", se venge sur la population civile dans les villages de Ster, Parfondry et Renarmont, sur les hauteurs de Stavelot: 92 Belges, dont 13 enfants âgés de 4 à 15 ans, sont sommairement exécutés.
Photos ci-dessous: 1° et 2° Corps de civils belges massacrés dans la régions de Stavelot, le 19 décembre 1944. 3° Corps mutilés et torturés des 11 soldats afro-américains du 333rd FA Bn (106th ID) retrouvés le 25 janvier 1945. 4° Mémorial des "Onze de Wereth" en 2012.
Massacre du carrefour de Baugnez-Ligneuville (17 décembre 1944).
Lors de l'offensive allemande dans les Ardennes, la batterie B du 285ème Bataillon d'observation d'artillerie de campagne (285th FOAB) de la 7ème Division blindée américaine est cantonné à Heerlen, dans le sud des Pays-Bas. Dans la soirée du 16 décembre 1944, cette division, commandée par le major-général Robert Hasbrouk, reçoit d'Omar Bradley l'ordre de faire mouvement vers Saint-Vith. Elle s'ébranle sur trois colonnes.
La By-B/285th FOAB (Batterie B du 285ème Bataillon d'Observation d'Artillerie) en question est commandée par le capitaine Leon Scarborough. Elle se met en route avec une trentaine de véhicules, jeeps ou camions, et 140 hommes peu avant l'aube du 17 décembre 1944, et constitue l'arrière-garde du Combat Command R (CCR), avec en tête de colonne la jeep du lieutenant Virgil Lary.
A 11h45, le convoi de Lary pénètre dans Malmédy, mais ne peut se frayer facilement un chemin du fait d'une importante circulation. A 12h15, le convoi s'arrête à la hauteur du QG du 291ème Bataillon du génie de combat (V Corps), commandé par le colonel David Pergrin, juste à la sortie est de Malmédy. Pergrin indique à Lary la présence possible de blindés ennemis venant de Bullange, mais ce dernier décide de ne pas en tenir compte.
Le convoi emprunte alors la nationale N-23, où les sapeurs de Pergrin commencent à couper les arbres pour placer des obstacles sur la route, direction le sud-est et le carrefour de Baugnez. Là, il doit bifurquer vers le sud et Ligneuville. Lary arrive au carrefour à 12h45, où deux policiers de la 518ème compagnie de MP montent la garde.
Ci-dessous: trajet du convoi du lieutenant Virgil Lary et emplacement du massacre de Baugnez-Ligneuville.
Les deux policiers lui conseillent alors de changer son itinéraire afin d'éviter un affrontement. Comme Lary, pressé, a la responsabilité de respecter le timing et l'itinéraire, il choisit de garder le chemin qu'on lui a assigné et de courir le risque. Après le passage du convoi, l'un des deux MP redescent la N-23 et va déjeuner à Malmédy. Celui qui reste regarde le convoi de Scarborough passer, puis entre dans le café du carrefour tenu par Madame Bodarwé et, à ce moment, entend des tirs de chars.
A 280m au sud du carrefour, le convoi américain vient juste de tomber nez à nez avec deux chars commandés par l'Obersturmführer (lieutenant) Werner Sternebeck, venant de Thirimont et débouchant d'un chemin secondaire forestier, sur la gauche de la colonne américaine.
Les Américains affolés sortent des véhicules et se précipitent sur le bas côté de la route. Certains d'entre-eux se défendent, mais contre des blindés, le combat est inégal. Les véhicules américains sont poussés par les deux chars sur le bas côté de la route afin de libérer le passage. Lary, se voyant incapable de résister à l'attaque, se lève afin de se rendre. Quelques GIs réussissent cependant à s'enfuir vers le café Bodarwé.
Le sturmbannführer (major) Joseph Diefenthal, commandant du 3ème Bataillon du 2ème Régiment de Panzergrenadiers-SS, arrive et la fusillade cesse. Les Allemands partent à la recherche des Américains qui se sont rendus et les amènent au carrefour où ils les regroupent dans une prairie près du café. Ils sont au total 119 prisonniers.
Diefenthal fait repartir sa colonne et laisse un de ses subordonnés, le commandant Werner Poetshke avec les prisonniers. Celui-ci retire deux chars Panzer-IV de la colonne et les fait manoeuvrer de telle sorte que les Américains et le champ soit sous le feu de ceux-ci.
L'équipage du char 731 reçoit alors l'ordre d'ouvrir le feu. Il est précisément 15h58. Lary ne comprend pas tout de suite ce qui se passe et demande à ses hommes de ne pas paniquer afin de ne pas déclencher un tir plus important encore. Mais les mitrailleuses de l'autre char entrent à leur tour en action. Quand les tirs cessent, il n'y a plus aucun prisonniers debout et les deux blindés allemands repartent. Des pionniers du génie allemands entrent dans le champ pour achever les Américains montrant encore signe de vie.
Les Allemands laissent quelques hommes de garde au carrefour et s'en vont. Dans le champ, une vingtaine de GIs, y compris Lary, sont encore en vie et blessés. D'un seul coup, ils se relèvent et courent vers les bois, au nord. Après s'être remis de leur surprise, les Allemands de garde ouvrent le feu. Une dizaine de GIs dévient de leur route et se réfugient dans le café. Celui-ci est alors incendié. Les Américains qui tentent ensuite d'en sortir sont tous abattus.
La patronne du café au carrefour, madame Bodarwé, un des deux témoins belge du massacre, est emmenée par les SS et disparait complètement. On ne la retrouvera jamais. Le second est un fermier, Henri Lejoly, sa maison situé juste en face du café Bodarwé, de l'autre côté de la rue. Mais inexplicablement les Panzer-SS le laissent en vie.
Pergrin, à Malmédy, entend les coups de feu et se décide à partir vers le carrefour de Baugnez, afin de se rendre compte de ce qui se passe. Au moment où il arrive au dessus d'une colline surplombant le lieu de la tuerie, il voit arriver quatre hommes, témoins du massacre, qui ont couru et marché à travers le bois. Il les ramène à Malmédy.
D'autres Américains parviennent à regagner petit à petit les positions du 291ème bataillon de génie américain dans Malmédy. Ce n'est finalement qu'à la tombée de la nuit qu'un des derniers survivants, qui s'était réfugié dans l'eau glaciale d'un ruisseau put rejoindre à son tour, ses lignes.
Au total, 17 survivants regagnent Malmédy entre 15h30 et minuit. D'autres sont recueillis et cachés par des civils belges. Lary, blessé, est soigné et sauvé par quatre soeurs: Bertha, Ida, Marie et Martha Marin. Elle le reconduiront ensuite à Malmédy.
Le rapport officiel final donnera une liste de 86 hommes abattus au carrefour et de 43 survivants. Quand Pergrin entendit le témoignage de Lary, le seul officier ayant survécu, il envoit à Spa, au QG de la 1ère Armée US, son officier adjoint des opérations, le lieutenant Thomas Stack, pour décrire personnellement le massacre au général Courtney Hodges.
Une très grande publicité sera faite autour de ce massacre et certaines unités américaines iront jusqu'à venger ce crime. Le 21 décembre 1944, le quartier général du 328ème Régiment de la 26ème Division d'infanterie (III Corps US de Patton), au sud du saillant, allemand, transmettra ses ordres en vue d'une attaque projetée pour le lendemain: "No SS troops or paratroopers will be taken prisoner but will be shot on sight."
"Aucun SS ou parachutiste allemand ne sera fait prisonnier". Cet ordre sera scrupuleusement respecté le 1er janvier 1945 à Chenogne, dans la région de Bastogne. Une soixantaine de prisonniers de la 12ème Division panzer-SS Hitlerjügend sont exécutés par la Companie B du 21ème Bataillon d'infanterie blindée (11ème Division blindée). C'est le "Massacre de Chenogne".
72 corps du massacre de Baugnez seront retrouvés le 13 janvier 1945 par la 30ème Division d'infanterie, lors de la contre-offensive américaine pour éliminer le saillant allemand. Et 45 d'entre-eux autopsiés. Après la guerre, un mur-mémorial sera construit aux environs du lieu du massacre. 84 noms y sont inscrits sur des plaquettes.
"Procès de Malmédy" à Dachau.
En mai et juin 1946, un procès a lieu à Dachau ou les principaux responsables des massacres commis pendant la bataille des Ardennes sont jugés pour crimes de guerre. Ce procès, "The Dachau Trial", présidé par le Juge-Avocat-Général (JAG) de l'US Army, le général Josiah Dalbey, est typique du système judiciaire américain. Peiper et les autres accusés sont défendus par le colonel Willis Everett. Le ministère public ("Prosecutor") est représenté par le colonel Burton Ellis.
Sur 74 Panzer-SS du Kampgruppe Peiper jugés, 43 sont condamnés à mort par pendaison (leur peine étant plus tard commuées en prison à vie), 22 à perpétuité, et huit à des peines allant de 10 à 20 ans.
Un autre procès, moins important et beaucoup moins médiatisé, s'ouvre le 6 juillet 1948, contre dix Allemands du Kampgruppe Peiper capturés par les Américains le 22 décembre 1944. Ils sont jugés par la Court de Justice militaire belge pour des massacres commis contre des civils à Stavelot, Ster, Renardmont et Parfondry.
Photos ci-dessous: 1° Lors du procès à Dachau, le lieutenant Virgil Lary désigne l'un des participants du massacre. 2° Le lieutenant-colonel Joachim Peiper lors de son audition à Dachau en juin 1946, avec son interprète allemande.
Gettysburg commémore le 65ème anniversaire du massacre.
Le 17 décembre 1944, au cours de la bataille des Ardennes, se déroule ce qui est communément désigné le Massacre de Malmédy. Stuart Dempsey, un des guides du champ de bataille de Gettysburg, relate les atrocités commises par les Panzers-SS de Peiper au carrefour de Baugnez, à quatre kilomètres de Malmédy. D'autres massacres et tueries se produiront les jours suivants sur le trajet sanglant du Kampfgruppe Peiper. Au moins 362 soldats américains et 111 civils belges ont été exécutés dans cette région entre les 17 et 20 décembre 1944. Un des GIs massacrés ce jour-là, le soldat de Première classe Frederick Clark, est inhumé dans le Cimetierre Militaire National de Gettysburg, sa ville natale.
"On December 17, 1944, during the Battle of the Bulge, occurred an event commonly known as the Malmedy Massacre. The atrocities Gettysburg Licensed Battlefield Guide Stuart Dempsey describes actually occurred around the tiny village of Baugnez, Belgium, some four kilometers from Malmedy. American soldiers and Belgian civilians were also murdered at several other locations over the next few days by members of the German 1st SS Panzer Division. The final toll is in dispute, but at least 362 U.S. soldiers and 111 Belgians were executed between December 17-20. The actual number may be a good bit higher. One of those killed/murdered 65 years ago today was Private First Class Frederick Clark. He is buried in the Gettysburg National Cemetery." (1)
(1) "The Malmedy Massacre, 65 Years Ago Today".The Gettysburg Daily, 17 December 2009.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 1° Le dernier sursaut d'Hitler.
Article modifié le 3 octobre 2019.
Sources principales:
• Malmedy Massacre (Wikipedia.org)
• Charles B. MacDonald: Noel 1944: la Bataille d'Ardenne. Editions Luc Pire (2006). ISBN 2-87415-468/7.
• Banques d'images de l'European Center of Military History.
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