19-20 juin 1944 - Bataille de la Mer des Philippines: le "Grand Tir au Pigeons des Mariannes"

Le "Grand Tir aux Pigeons des Mariannes", ou "Great Marianas Turkey Shot", est un épisode célèbre de la Bataille de la Mer des Philippines qui s'est déroulé les 19 et 20 juin 1944. Les pilotes de l'aéronavale américaine appeleront ainsi l'hécatombe de l'aviation embarquée du vice-amiral Jisaburo Ozawa: environ 400 avions japonais abattus au cours du plus grand combat aérien de la Guerre du Pacifique, pour le prix de seulement 29 chasseurs américains perdus.



Bataille de la Mer des Philippines (19-20 juin 1944).

A Tokyo, le 15 juin 1944, en prenant connaissance du débarquement américain sur Saipan (1), l'amiral japonais Soemu Toyoda, qui a remplacé l'amiral Mineichi Koga au commandement de la flotte combinée, met en route l'opération A-Go, un plan qui consiste à jeter tout ce que la marine impériale alligne encore contre la flotte américaine dans les îles Mariannes. La flotte combinée japonaise appareille donc de Tawi-Tawi, à Bornéo, et de Samar, aux Philippines, où elle a trouvé refuge après les attaques de la Task Force TF58 du vice-amiral Marc Mitscher sur le lagon de Truk, et fait route vers Saipan par la Mer des Philippines, pour se mesurer à la 5ème Flotte de l'amiral Raymond Spruance.


Deux sous-marins américains en patrouille, l'Albacore et le Cavalla, repèrent l'escadre de porte-avions d'escadre du vice-amiral Jisaburo Ozawa, la "Force-A" et en avertissent Spruance, qui arrête ses opérations aériennes contre Guam et les îles Bonin le 16 juin, pour se lancer à l'assaut des porte-avions ennemis.

Le 19 juin 1944 au matin, les deux flottes aéronavales s'affrontent.


C'est la "Bataille de la Mer des Philippines". L'avant-garde japonaise d'Ozawa, composée des trois porte-avions lourds de la "Force-A", est suivie par deux autres escadres, avec deux porte-avions lourds et quatre porte-avions légers, les "Force-B" et "Force-C", commandées respectivement par le contre-amiral Takaji Yoshima et le vice-amiral Takeo Kurita. Les neufs porte-avions japonais engagés regroupent au total 373 avions embarqués A6M5c Zeke, B5N Kate, B6N Jill et D4Y Judy. L'ensemble de la flotte est commandé par l'amiral Soemu Toyoda, à Tawi-Tawi.

2ème Flotte japonaise. Amiral Soemu Toyoda.

• "Force-A". Vice-amiral Jisaburo Ozawa.
  • 3 porte-avions lourds: Taiho, Shokaku et Zuikaku.
  • 2 croiseurs lourds: Myoko et Haguro.
  • 1 croiseur léger: Yahagi.
  • 8 destroyers: Asagumo, Urakaze, Isokaze, Tanikaze, Akizuki, Hazuzuki, Wakazuki et Shimozuki.

• "Force-B". Contre-amiral Takaji Yoshima.
  • 2 porte-avions lourds: Hiyo et Junyo.
  • 1 porte-avions léger: Ryuho.
  • 1 cuirassé: Nagato.
  • 1 croiseur lourd: Mogami.
  • 8 destroyers: Hayashimo, Akishimo, Samidare, Shigure, Harusame, Mizishio, Yamagumo et Nowaki.

• "Force-C". Vice-amiral Takeo Kurita.
  • 3 porte-avions légers: Zuiho, Chitose et Chiyoda.
  • Aviation embarquée: 63 A6M5c Zeke, 9 B6N Jill et 18 B5N Kate.
  • 4 cuirassés: Yamato, Musashi, Kongo et Haruna.
  • 8 croiseurs lourds: Atago, Takao, Maya, Chokai, Chikuma, Tone, Kumano et Suzuya.
  • 9 destroyers: Kishinami, Tamanami, Shimakaze II, Hamakaze, Naganami, Okinami, Asashimo, Hamanami et Fujinami.

• Force de ravitaillement.
  • 6 destroyers: Hibiki, Tsuga, Yunagi, Hazushimo, Yukikaze et Uzuki.
  • 6 pétroliers: Hayasui, Niziei Maru, Seiyo Maru, Kokuyo Maru, Azusa Maru et Genyo Maru.

Ozawa peut également compter sur l'appui de l'aviation navale japonaise basée à terre, sur les aérodromes de Guam et Tinian. Environ 300 avions commandés par le vice-amiral Kakuji Kakuta.

En face, les quinze porte-avions d'escadre de la Task Force TF58, sept lourds (CV) de classe Essex et huit légers (CVL) de classe Independence, avec environ 900 avions à leur bord, commandés par le vice-amiral Marc Mitscher, à bord de son navire de commandement: le porte-avions Lexington II.

Photos ci-dessous: 1° Porte-avions d'escadre lourd de classe Essex, ici l'USS Intrepid (CV-11) en novembre 1944 dans la Mer des Philippines. 2° ¨Porte-avions d'escadre léger de classe Independence, ici l'USS Independence (CVL-22) le 15 juillet 1943 dans la Baie de San Francisco.



• Task Group TG.58.1. Contre-amiral Joseph J. "Jocko" Clark.
  • 2 porte-avions d'escadre lourds (CV): Yorktown II, Hornet II.
  • 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Belleau Wood, Bataan.
  • 3 croiseurs lourds (CA): Boston, Canberra, Baltimore.
  • 2 croiseurs légers AA (CLAA): Oakland, San Juan.
  • 14 destroyers (DD): Izard, Bell, Burns, Conner, Charrette, Boyd, Bradford, Brown, Cowell, Maury, Craven, Gridley, Helm, McCall.

• Task Group TG.58.2. Contre-amiral Alfred E. Montgomery.
  • 2 porte-avions d'escadre lourds (CV): Bunker Hill, Wasp II.
  • 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Monterey, Cabot.
  • 3 croiseurs légers (CL): Santa Fe, Mobile, Biloxi.
  • 12 destroyers (DD): Miller, Owen, Stephen Potter, The Sullivans, Tingey, Hickox, Hunt, Lewis Hancock, Marshall, MacDonough, Dewey, Hull.

• Task Group TG.58.3. Contre-amiral John W. "Black Jack" Reeves.
  • 2 porte-avions d'escadre lourds (CV): Enterprise, Lexington II.
  • 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Princeton, San Jacinto.
  • 1 croiseur lourd (CA): Indianapolis.
  • 3 croiseurs légers (CL): Montpelier, Cleveland, Birmingham.
  • 13 destroyers (DD): Clarence Bronson, Ingersoll, Dortch, Gatling, Caperton, Healy, Cogswell, Cotten, Knapp, Anthony, Wadsworth, Terry, Braine.

• Task Group TG.58.4. Contre-amiral William K. "Keen" Harrill.
  • 1 porte-avions d'escadre lourd (CV): Essex.
  • 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Cowpens, Langley II.
  • 3 croiseurs légers (CL): Vincennes, Miami, Houston.
  • 1 croiseur léger AA (CLAA): San Diego.
  • 14 destroyers (DD): Lansdowne, Lardner, McCalla, Case, Lang, Sterett, Wilson, Ellet, Charles Ausburne, Stanly, Dyson, Spence, Converse, Thatcher.

• Task Group TG.58.7. Contre-amiral Willis A. Lee.
  • 7 cuirassés (BB): Washington, North Carolina, Iowa, New Jersey, South Dakota, Alabama, Indiana.
  • 4 croiseurs lourds (CA): Wichita, Minneapolis, New Orleans, San Francisco.
  • 14 destroyers (DD): Mugford, Conyngham, Bagley, Patterson, Guest, Selfridge, Halford, Fullam, Hudson, Bennett, Yarnall, Monssen, Twining, Stockham.

Le 19 juin 1944, à 5h30 du matin, un avion de reconnaissance Zeke parti de Guam détecte la Task Force TF58, et communique le renseignement aux porte-avions de Toyoda. Les Japonais font décoller sans tarder des porte-avions 325 bombardiers-torpilleurs, bombardiers en piquée et chasseurs d'escorte, qui se présenteront en quatre vagues successives pour détruire les porte-avions américains. La première vague, 68 avions lancés, est interceptée par les Hellcat du Belleau Wood au environs de 10h à 220km à l'ouest de la TF58. La plus grande bataille aéronavale de la guerre débute. Elle durera plus de quatre heures.

A 11h07, les "destroyers-piquet" américains, équipés de radars, détectent la seconde vague d'attaque nippone, deux fois plus importante que la première. Elle est interceptée à 97km à l'ouest de la TF58. 97 avions sont abattus avant d'atteindre les navires américains. Des bombardiers lancent des torpilles contre le porte-avions lourd Enterprise et le porte-avions léger Princeton, mais sans résultat, les deux navires visés les évitent toutes et leur DCA abattent les attaquants.

La troisième vague, qui compte 47 avions, est interceptée par 40 Hellcat vers 13h, à 40km à l'ouest des porte-avions américains. 7 bombardiers japonais sont abattus, et les autres s'acharnent contre le Task Group aéronaval de l'Enterprise.

La quatrième et dernière vague d'attaque est lancée entre 11h et 11h30. Mais les pilotes ayant reçu une position incorrect de la Task Force américaine, ils ne peuvent la localiser. Les bombardiers japonais se séparent alors en deux groupes et retournent faire le plein de carburant à Guam et Rota. Le groupe faisant route vers Rota localise sur le chemin du retour le Task Group TG.58.2 de Montgomery, et 18 bombardiers japonais attaquent les porte-avions Wasp et Bunker Hill. Quelques bombes tombent à proximité du Bunker Hill, mais sans l'atteindre. Parmis ce groupe, 24 avions sont ensuite abattus par la DCA et les chasseurs de protection (CAP) américains. Le premier groupe japonais (49 avions) qui se dirige vers Guam est intercepté alors qu'ils se posent sur la base d'Orote, et 30 d'entre-eux sont détruits.

A bord du Lexington, un des spectateurs des combats aériens dans le ciel ne peut s'empêcher de s'exclamer: "Bon Sang, c'était comme le tir aux pigeons". Sans savoir que son expression passera bientôt à la postérité. Le tableau récapitulatif des quatre assauts japonais:

    - 1er vague (10h): 68 avions lancés, 42 abattus.
    - 2ème vague (11h): 128 avions lancés, 97 abattus.
    - 3ème vague (13h): 47 avions lancés, 7 abattus.
    - 4ème vague (14h): 82 avions lancés, 54 abattus.

Dans cette bataille, les Américains ont disposé de trois atouts maîtres. D'abord la supériorité qualitative: les pilotes américains sont devenus plus expérimentés que leurs homologues japonais depuis la bataille de Midway. Ensuite, l'avantage technologique: l'aviation embarquée américaine de 1944 n'a plus rien à voir avec celle de fin 1941. Les F4F Wildcat et TBD Devastator ont cédé leur place à de nouveaux type d'avions. Désormais, ses nouveaux chasseurs Grumman F6F Hellcat surclassent dans tous les domaines les avions japonais et s'adjugent la maîtrise aérienne absolue dans le Pacifique.


Pour finir, Spruance dispose d'une arme que n'ont pas les Japonais: le radar embarqué et les "destroyers-picket" de veille et d'alerte, donc d'une DCA et d'une détection accrue et plus efficace. Sans surprise, les attaques aériennes japonaises se sont transformées en un véritable désastre: au cours du plus grand combat aérien de la guerre du Pacifique, qui dure plus de quatre heures, 343 avions embarqués et terrestres japonais sont abattus par l'aviation embarquée américaine, qui ne perd que 23 des siens.


Les Américains ne perdent eux-mêmes dans cet affrontement que 29 avions. Après cette bataille mémorable, les pilotes de l'US Navy ne tardent pas à repprendre l'expression d'origine et à surnommer cette hécatombe d'avions japonais Great Marianas Turkey Shoot, le "Grand Tir aux pigeons des Mariannes" en français.








Les deux sous-marins américains qui ont repéré la "A-Force" coulent les trois porte-avions d'escadre d'Ozawa.

A 15h05, le porte-avions japonais Taiho est touché le premier par deux torpilles de l'Albacore du lieutenant-commander James W. Blanchard.

Puis, à 15h30, c'est le tour des porte-avions Shokaku et Zuikaku, touchés par des torpilles provenant du Cavalla, commandé par le lieutenant-commander Herman J. Kossler.

Du côté américain, les porte-avions d'escadre Bunker Hill et Wasp, ainsi que les cuirassés South Dakota et Indiana, sont les seuls navires américains à subir des dommages... très minimes.


La "Force-A" d'Ozawa, mise hors de combat, fait demi-tour, mais il reste encore les deux escadres de Yoshima et de Kurita, avec six porte-avions. Malgré l'heure avancée (presque 16h), Mitscher tente un coup de poker et lance 85 Hellcat, 77 Dauntless et Helldiver, et 54 Avenger, contre les navires japonais, à plus de 480km de distance de sa TF58. Alors que le soleil se couche, les avions américains arrivent en vue des six porte-avions légers japonais. Les avions embarqués de Mitscher coulent le porte-avions léger Hiyo et le pétrolier Genyo Maru, endommagent les porte-avions légers Chiyoda et Chitose, le cuirassé Haruna, le croiseur lourd Maya, les destroyers Samidare et Shigure. Ils détruisent ce qui reste de l'aviation embarquée japonaise.

Mais après cette victoire (20h45), les avions américains sont obligés de revenir sur leurs porte-avions après la tombée du jour. Alors que les Américains n'ont perdu que 23 avions en combat aérien la veille, 80 autres s'écrasent à l'appontage ou se perdent et tombent dans l'océan, à court de carburant. Pour tenter de guider les équipages affolés et en difficulté et arrêter l'hécatombe, Mitscher prend un risque calculé, et donne alors un ordre incroyable, jamais vu dans les annales de la guerre navale: au mépris des attaques sous-marines ou aériennes ennemies, il fait allumer tout les feux des navires et illuminer son escadre "comme un sapin de noel".

Ce qui permet de limiter les dégâts: sur les 209 aviateurs américains disparus en mer dans la nuit du 19 au 20 juin, 160 seront récupérés et sauvés à l'aube.

Les Japonais se retrouvent désormais avec uniquement six porte-avions légers, dont trois endommagés, et plus aucune aviation embarquée. Sur les 373 avions embarqués d'Ozawa, seuls 35 survivront à cette bataille mémorable. Ainsi qu'une centaine d'avions terrestres de Kakuta, soit un tier des effectifs initiaux.

Les Américains ont perdu durant cette "Bataille de la Mer de Philippines", au total, 123 avions. Les Japonais, environ 600 avions embarqués et terrestres détruits, trois porte-avions d'escadre lourds, un porte-avions léger et un pétrolier coulés, deux autres porte-avions légers, un cuirassé, un croiseur lourd et deux destroyers endommagés. Le Grand Tir aux Pigeons des Mariannes sonne le glas de l'aéronavale japonaise.


(1) Blogosphère Mara: 15 juin 1944 - Pacifique Central: conquête des îles Mariannes


Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













Article modifié le 16 juin 2016.


Sources principales:
The Great Marianas Turkey Shot (Wikipedia.org)
Bataille de la Mer des Philippines (Wikipedia.org)

15 juin - 8 août 1944 - Opération Forager: la longue et sanglante reconquête des îles Mariannes

Au cours de la Guerre du Pacifique, l'"Opération Forager" est le nom de code donné par l'état-major américain aux opérations navales et amphibies visant la reconquête des îles Mariannes. L'intention des Etats-Unis est de s'en servir comme bases géantes pour le nouveau bombardier lourd récemment mis en service, le B-29 Superfortress. La première phase de l'opération commence le 15 juin 1944 au large de Saipan, île que les Japonais ont transformé en forteresse "imprenable". Pendant six semaines, Forager représente une des plus sanglantes batailles de la Guerre du Pacifique. Les soldats japonais se battent véritablement jusqu'au dernier homme et les pertes américaines sont très lourdes.



Plan de bataille et préparatifs américains.

Les plans de bataille américains visant à la défaite finale du Japon ont été planifié lors des conférences de Casablanca (janvier 1943) et de Quebec (août 1943). La reconquête du Pacifique entreprise par les Etats-Unis se fera suivant deux axes.

Le premier est la "stratégie Philippine" défendue par le général Douglas MacArthur, commandant en chef du théâtre d'opération du Pacifique Sud-Ouest. C'est une campagne menée suivant la technique des "sauts-de-puces": une série de débarquements successifs effectués en Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomons, avant de s'attaquer au gros morceau: les îles Philippines. La seconde stratégie est défendue par les amiraux Ernest J. King, chef d'état-major de la marine américaine à Washington, et Chester Nimitz, commandant en chef de la flotte du Pacifique (CINCPAC) qui est également commandant en chef des forces alliées dans la zone d'opération du Pacifique Central. La stratégie défendue par Nimitz, c'est la technique des "sauts-de-moutons", c'est-à-dire la reconquête île par île sur le plus court chemin menant directement au Japon, les archipels Gilbert, Marshall et Mariannes, à travers l'immensité océanique.

Cartes ci-dessous: 1° Différents théatres d'opérations du Pacifique. 2° Progression américaine dans le Sud-Ouest et le Centre du Pacifique (1943-1945).



A la fin de l'année 1943, la puissance industrielle et militaire américaine est devenue telle que les Etats-Unis ont maintenant les moyens de mener les deux campagnes simultanément. Nimitz entame donc sa campagne en exécutant l'opération Galvanic et s'empare des îles Gilbert. La sanglante bataille de Tarawa (1), du 20 au 23 novembre 1943, donne aux Américains un avant-goût de ce que sera la future conquête du Japon. En février 1944, c'est le tour des opérations Flintlock et Catchpole, la conquête des îles Marshall, avec les atolls de Roi-Namur, Eniwetok et Kwajalein.

Le 17 février 1944, la 5ème Flotte du vice-amiral Raymond A. Spruance attaque le lagon de Truk, dans les îles Carolines, avec douze porte-avions d'escadre rapides, six cuirassés, dix croiseurs et vingt-huit destroyers.

Photo ci-dessous: USS Yorktown II (CV-10), de classe Essex, en 1943.


Le vice-amiral Marc Mitscher et sa Task Force TF58 effectue 1,250 sorties aériennes, coule le croiseur léger Agano, trois destroyers, sept navires auxiliaires, six pétroliers, 17 navires de transports, et détruit au sol ou en combats aériens 250 avions japonais. Pendant ce temps, le reste de la 5ème Flotte contourne l'île et surprend le croiseur léger Katori et le destroyer Maikaze, qui sont envoyé par le fond. Cette opération Hailstone n'occasionne aux Américains que la perte de 25 avions et une avarie sur le porte-avions d'escadre Intrepid, touché par une torpille. La TF58 pousse encore plus loin son harcèlement et exécute des raids sur les bases japonaises de Palaos et de Yap, où la flotte combinée japonaise s'est réfugiée après la neutralisation de Truk.

Photos ci-dessous: de gauche à droite, l'amiral de la flotte Chester W. Nimitz, commandant suprême des forces alliées du Pacifique, le vice-amiral Raymond A. Spruance, commandant de la 5ème Flotte, le général Holland M. Smith, commandant en chef des forces expéditionnaires américaines (Task Force TF51), le contre-amiral Richmond K. Turner, commandant de la Task Force TF52, et le lieutenant-général Harry Schmidt, commandant du V Corps amphibie.


La flotte combinée japonaise est donc une nouvelle fois obligée de se retirer à Tawi-Tawi, non loin de l'île de Bornéo. Lors de cette retraite de l'amiral Minechi Koga, commandant de la flotte combinée japonaise, ce dernier disparait en mer dans un accident d'avion, et est remplacé par l'amiral Soemu Toyoda. Après les raids dévastateurs de la TF58 contre la base japonaise de Truk, le plan de conquête de Nimitz contre les îles Carolines, qui est devenue inutile, est annulé. Le plan de substitution, la prise des îles Mariannes, est adopté. Celle-ci devra débuter trois mois après la fin de l'opération Flintlock, c'est-à-dire en juin 1944.

Le prochain objectif américain est donc l'opération Forager, nom de code de la conquête de Saipan, Guam et Tinian. Lors de la Conférence du Caire, en novembre 1943, il a été décidé par l'Etat-major interarmes (Joint Chiefs of Staff) de se servir des îles Mariannes, en particulier de Guam et de Tinian, comme bases géantes permettant d'accueillir les nouveaux bombardiers lourds B-29 Superfortress de la 20th Air Force, capable de voler 4,800km et de bombarder les villes métropolitaines du Japon.


Pour mener à bien cette campagne, les Américains rassemblent des moyens impressionnants: la 5ème Flotte du vice-amiral Raymond A. Spruance, qui assure le transport des III et V Corps amphibies, avec 98,000 Marines et 20,000 fantassins. Elle rassemble au total 2,500 navires, dont 650 bâtiments de guerre, dirigées par 245,000 marins. Avec pas moins de 15 porte-avions d'escadre, 44 porte-avions d'escorte, 1,400 avions embarqués, 8 cuirassés, 37 croiseurs, 189 destroyers, 122 sous-marins, une nuée de frégates et de vedettes lance-torpilles.


Le 6 juin 1944, quand la 5ème Flotte appareille de ses bases de Majuro (TF58), dans les îles Marshall, de Pearl Harbor (TF50, TF51, TF52, TF56 et TF57), de Kwajalein (îles Marshall), Guadalcanal et Tulagi (TF53), c'est toute la formidable puissance navale américaine qui s'étale à perte de vue. Au moment même où les 6,800 navires d'Overlord entament la libération de l'Europe, à l'autre bout du monde, leur puissance militaire et industrielle est devenue telle que les Etats-Unis s'offrent le luxe de rassembler une seconde armada, la plus formidable flotte jamais réunie à cette date dans le Pacifique.

Les stratèges japonais pensent que la prochaine étape de Nimitz est la conquête des Carolines, et spécialement de Truk et Ponape, mais comme il a été dit, Nimitz tourne son attention vers les îles aux Mariannes, laissant les Carolines, son objectif initial, de côté, en laissant son aviation embarquée se charger de la grande base japonaise de Truk.

Photo ci-dessous: en partant de la gauche, Raymond Spruance, Ernest King et Chester Nimitz.

USA-P-Marianas-p36

La conduite des opérations terrestres revient au général Holland M. Smith (USMC), commandant en chef des forces expéditionnaires de la Task Force TF51, avec le V Corps amphibie (2ème et 4ème Divisions de Marines) commandé par le lieutenant-général Harry Schmidt, destiné à Saipan et Tinian, le III Corps amphibie (3ème Division et 1ère Brigade de Marines), du général Roy S. Geiger, destiné à Guam, et le XXIV Corps de l'US Army, avec les 27ème et 77ème Divisions d'infanterie.

La conquête de Saipan et de Tinian est confiée à la Task Force TF52 ou Northern Force, commandé par le contre-amiral Richmond K. Turner, et aux 68,000 Marines du V Corps amphibie, et à la 27ème Division d'infanterie de l'US Army (réserve), placés sous le commandement du général Harry Schmidt (USMC). La conquete de Guam, programmée le 21 juillet 1944, revient à la Task Force TF53 ou Southern Force du contre-amiral Richard L. Conolly, aux 29,000 Marines du III Corps amphibie et à la 77ème Division d'infanterie (réserve), commandés par le général Roy S. Geiger (USMC).



(1) Blogosphère Mara, 20-23 septembre 1943 - Opération Galvanic: Tarawa la Sanglante


Défenses japonaises.

Saipan est defendue par 30,000 Japonais. D'une part les 6,160 fusiliers marins de la 5ème Base Force Navale et de la Yokosuka Force Spéciale Navale de débarquement (SNLF), commandés par le vice-amiral Chuichi Nagumo. D'autre part des éléments de la 31ème Armée japonaise, du lieutenant-général Yoshitsugu Saito. Ce dernier dispose de la 43ème Division d'infanterie (118ème, 135ème et 136ème Régiments) et de la 47ème Brigade mixte, des 316ème, 317ème et 318ème Bataillons indépendants d'infanterie, et enfin de trois bataillons de mortiers et d'une soixantaine de pièces d'artillerie côtière.


La garnison japonaise de Guam, avec un effectif de 18,500 hommes provenant de la 29ème Division d'infanterie et de deux brigades indépendantes mixtes, est commandée par les généraux Takeshi Takashima et Hideyoshi Obata. Territoire américain conquis par les Japonais en décembre 1941, Guam a été rebaptisée l'"île aux Oiseaux".


Bataille de Saipan (15 juin - 8 juillet 1944).

A l'aube du 15 juin 1944, la 5ème Flotte entame l'opération Forager. Les opérations de débarquement proprement dites sur Saipan et Tinian sont confiés à la Task Force TF52 du contre-amiral Richmond K. "Le Terrible" Turner, qui assure le transport des III et V Corps amphibies de la TF56.


La Force de protection aéronavale est assurée par la Task Force TF58 du vice-amiral Marc Mitscher, avec quinze porte-avions d'escadre.

Photo ci-dessous: F6F-3 Hellcat du porte-avions Yorktown II en juin 1944.


Protégés par le feu des cuirassés et des croiseurs entrés en action à 5h45, et après un violent bombardement aérien, les premiers engins amphibies des Marines prennent pied sur la côte ouest de Saipan à 8h40. La 2ème Division de Marines débarque au nord de la pointe Afetna, sur les plages désignées en code Green Beach et Red Beach. La 4ème Division de Marine, au sud de la point Afetna, sur Blue Beach et Yellow Beach. La 27ème Division d'infanterie de l'US Army est tenue en réserve.


La puissance de feu et la réaction japonaises causent d'énormes pertes parmi les troupes américaines fraîchement débarquées. Pour les Américains, tout, ou à peu près, va de travers! La distance réelle entre les deux divisions débarquées est plus grande que prévu, une bonne partie de la 2ème Division ayant déviée plus au nord du point fixé initial. Pour faire diversion, un régiment de la 27ème Division d'infanterie feint un débarquement au nord de l'île.

Durant cette journée, le cuirassé Tennessee est endommagé par le tir des batteries côtières japonaises. En soirée, les Marines ont établi une tête de pont large de 9km et profonde d'environ un kilomètre, mais leurs flancs ne sont pas sûrs et les Japonais tiennent encore solidement la Pointe Afetna. Selon leur tactique habituelle, ces derniers lancent des charges suicides "Banzai" dans la nuit du 16 juin, et perdent plus de mille hommes sans réussir à rejeter les Américains à la mer. Les 20,000 Marines débarqués le premier jour n'ont fait que la moitié de la distance vers leurs objectifs fixés en fin de soirée.

En apprenant ce débarquement si près du Japon, l'amiral Soemu Toyoda met en route l'opération A-Go, un plan qu'il a conçu et jettant tout ce que le Japon alligne encore comme navire de guerre contre la flotte américaine. A 9h, le vice-amiral Jizaburo Ozawa, commandant les forces aéronavales japonaises chargées de cette opération destinée à la destruction de la Task Force TF58, reçoit de ce dernier un message rédigé dans les mêmes termes que celui de l'amiral Togo avant la bataille de Tsushima en 1905: "Le sort de l'Empire dépend de cette bataille. Chacun devra donner le meilleur de lui-même." La flotte combinée japonaise, avec tous ses porte-avions, appareille donc de Tawi-Tawi, à Bornéo, où elle s'est réfugiée après les attaques de la Task Force TF58 du vice-amiral Marc Mitscher conte le lagon Truk, et remonte vers Saipan par la mer des Philippines, à la rencontre de la 5ème Flotte de l'amiral Raymond Spruance. Ce sera la "Bataille de la Mer des Philippines", qui vera la destruction complète de l'aéronavale japonaise. Cet affrontement est relaté en détail dans un autre de mes articles. (2)

Le 16 juin 1944, sur le flanc nord de la tête de pont américaine, la 2ème Division de Marines du lieutenant-général Thomas E. Watson consolide ses positions, s'empare de la pointe Afetna et du village de Charan Kanoa, puis opère sa jonction avec la 4ème Division de Marines, au sud de la pointe Afetna. La 4ème Division de Marines du major-général Clifton B. Cates se porte à l'intérieur des terres, rencontrant une forte résistance japonaise. Au cours de la nuit suivante, la 27ème Division d'infanterie, commandée par le major-général Ralph C. Smith et jusqu'alors tenue en réserve, débarque sur Blue Beach et s'empare très vite du village de Charan Kanoa.

Le 17 juin 1944, les 2ème et 4ème Divisions de Marines réalisent quelques progrès, tant au nord qu'au sud de la tête de pont américaine, mais n'avancent guère à l'intérieur, arrêtées par les furieuses contre-attaques japonaises.

Le 18 juin 1944, les troupes américaines débarquées ont établit leurs jonctions et font maintenant mouvement vers le nord de l'île. La 2ème Division de Marines maintient ses positions. La 27ème Division d'infanterie s'empare de l'aérodrome d'Aslito. La 4ème Division de Marines pousse rapidement jusqu'à la côte orientale de l'île et la Baie Magicienne. Les Japonais se retrouvent ainsi coupés en deux. Profitant de l'absence de la Task Force TF58 et de l'aviation embarquée américaine parties à la recherche de l'escadre du vice-amiral Jisaburo Ozawa, l'aviation japonaise basée dans les îles Mariannes attaque en force le trafic maritime et la tête de pont américains, perdant à cette occasion une vingtaine d'avions touchés par la DCA.


Le 19 juin 1944, la 4ème Division de Marines, après avoir atteint la baie Magicienne la veille, sur la côte orientale, converge maintenant vers le nord, laissant à la 27ème Division d'infanterie le soin de liquider la résistance japonaise dans la partie méridionale de l'île. Les fantassins américains, qui n'ont pas encore l'expérience du combat, pensent à une simple opération de nettoyage. Malheureusement pour eux, la réalité sera toute autre.

Le 20 juin 1944, la 4ème Division de Marines continue de converger vers le nord de l'île, s'alignant avec la 2ème Division. la ligne de front japonaise s'étire au travers de l'île, de Garapan, à l'ouest, jusqu'à l'extrémité nord-ouest de la Baie Magicienne, à l'est. Au sud, la 27ème Division d'infanterie entame sa marche vers le Mont Nafutan, à l'extrêmité sud de l'île, mais est soudainement stoppée par la réaction violente des Japonais.

Le 21 juin 1944, légers progrès de la 27ème Division d'infanterie en direction du sud, vers le Mont Nafutan. Activité de patrouille des 2ème et 4ème Divisions de Marines, le long de la ligne allant de Garapan jusqu'à la baie Magicienne.

Photo ci-dessous: le 21 juin, des fantassins de la 27ème Division profitent d'un moment de détente, dans la région du Mont Nafutan.


Le 22 juin 1944, la 2ème Division de Marines passe à l'attaque vers le nord, enlevant le mont Tipo Pale, et arrive à un peu plus d'un kilomètre du sommet du Mont Tapotchau, le point culminant de l'île. Des détachements de la 4ème Division de Marines qui attaquent le long de la côte orientale progressent rapidement vers le nord. A l'extrêmité sud de l'île, la 27ème Division d'infanterie poursuit ses attaques contre le Mont Nafutan.

Carte ci-dessous: progression de la 27ème Division d'infanterie dans le sud de Sapain, dans la région du Mont Nafutan (16-22 juin 1944).


Le 23 juin 1944, vaines attaques de la 2ème Division de Marines contre le Mont Tapotchau, dont les flancs sont défendus par un système très complexe de tranchées et de cavernes fortifiées reliées entre-elles par un réseau de galleries sous-terraines. Les Marines enlèvent toutefois quelques cotes aux abords du mont, réalisant de légers progrès dans la Vallée de la Mort (Death Valley). Les Japonais contre-attaquent ensuite le long de cette vallée avec des blindés lourds, mais ils sont finalement repoussés. Dans le secteur sud de l'île, le 105ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie tente toujours vainement d'éliminer les Japonais qui défendent le Mont Nafutan.

Le 24 juin 1944, la 27ème Division d'infanterie, moins le 105ème Régiment à la pointe Nefutan, est engagée dans la partie centrale de l'île, où les Marines sont toujours tenus en échec par les Japonais, notamment dans le secteur de la 2ème Division, sur le Mont Tapochau et dans la Vallée de la Mort. Le général Ralph C. Smith, commandant la 27ème Division d'infanterie, jugé incapable, est remplacé par le général George W. Griner. La 4ème Division de Marines, de son côté, réalise de légers progrès sur la côte orientale de l'île.

Le 25 juin 1944, des éléments des 8ème et 29ème Régiments de la 2ème Division de Marines atteignent le sommet du Mont Tapotchau. La 4ème Division de Marines s'empare de la péninsule de Kagman. Au sud de l'île, le 105ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie réussit à percer les lignes japonaises près de la Pointe Nafutan, dont la conquête est maintenant assurée, même si des Japonais résistent toujours désespérément.

Le 26 juin 1944, des chars amphibies américains attaquent un convoi de chalands japonais transportant des troupes de Tanapag Harbor, sur la côte ouest de l'île, vers le sud. La tentative japonaise est déjouée. La 2ème Division de Marines s'empare d'une position clé au nord du mont Tipo Pale. La 27ème Division d'infanterie est toujours bloquée dans la Vallée de la Mort. Au sud de l'île, le 105ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie poursuit le nettoyage du Mont Nafutan. La 4ème Division de Marines nettoie de son côté, sur le flanc droit du dispositif américain, la Péninsule de Kagman. Au cours de la nuit suivante, le régiment repousse une n-ième attaque suicide nocturne des Japonais.

Le 27 juin 1944, les Américains s'emparent de quelques positions dans le secteur du Purple Heart, à l'ouest du mont Tapotchau. Au sud de l'île, sur le Mont Nafutan, après la charge banzai de la nuit précédente, toute résistance japonaise a désormais cessé. Le 105ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie dénombre devant ses lignes plus de 600 cadavres japonais.

Le 28 juin 1944, poursuite des combats le long de la ligne qui traverse l'île depuis le sud de Garapan, sur le côte ouest, en passant par les massifs du Tipo Pale, du Mont Tapotchau et du Purple Heart, jusqu'à la côte est au nord de la péninsule de Kagman. Dans la zone de la Vallée de la Mort, la 27ème Division d'infanterie subit d'énormes pertes aux abords du Mont Tapotchau et du Pearple Heart.

Le 29 juin 1944, situation inchangée dans le secteur des 2ème et 4ème Divisions de Marines. Mais dans la Vallée de la Mort, le 106ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie progresse sur environ un kilomètre.

Le 30 juin 1944, la 2ème Division de Marines progresse au nord des monts Tipo Pale et Tapotchau. La 4ème Division de Marines achève le nettoyage de la péninsule de Kagman. Ainsi s'achève la bataille de Saipan dans la partie centrale de l'île. La 27ème Division d'infanterie investit la Vallée de la Mort et le Purple Heart, établissant des solides liaisons avec la 2ème Division de Marines sur sa gauche, et la 4ème Division de Marines sur sa droite. L'état-major interarmes américain (Joint Chiefs of Staff) fixe au 21 juillet 1944 le débarquement sur Guam, qui incombera aux troupes actuellement engagées sur Saipan, moins la 27ème Division d'infanterie qui y restera stationnée, et renforcées par la 77ème Division d'infanterie, nouvellement constituée et venant directement des îles Hawaii.

Le 1er juillet 1944, faibles progrès des 2ème et 4ème Divisions de Marines vers le nord de l'île.

Le 2 juillet 1944, sur le flanc gauche du front américain, la 2ème Division de Marines enlève une par une les ruines de Garapan aux Japonais. L'ensemble du dispositif progresse en moyenne d'environ un kilomètre par jour. Les Japonais se retranchent sur une nouvelle ligne défensive, s'étendant de la partie nord de la rade de Tanapag jusqu'à la côte orientale de l'île.

Le 3 juillet 1944, progressant au nord, la 2ème Division de Marines occupe une hauteur dominant Tanapag, sur la côte occidentale de l'île, puis s'arrête devant un bastion japonais qui sera écrasé, dans la nuit du 3 au 4 juillet, sous un déluge d'obus et de bombes.

Le 4 juillet 1944, la 27ème Division d'infanterie, après un accrochage avec les Japonais en retraite, atteint la plaine de Tanapag. Un régiment de cette division capture la base d'hydravions à la pointe Flores et, avec l'aide d'un régiment de la 2ème Division de Marines, liquide un réseau de galleries et de tunnels souterrains japonais. Une centaine de Japonais, infiltrés dans les lignes américaines, sont anéantis.

Le 5 juillet 1944, dans la partie nord de l'île, les Américains amorcent la phase finale de sa conquête. La 4ème Division de Marines avance maintenant sans difficulté. La progression du 105ème Régiment de la 27ème Division d'infanterie est stoppée par les Japonais qui ont pris position en bordure d'un ravin, que les Américains surnomment Harakiri Gulch ("Ravin des suicidés").

Le 6 juillet 1944, les Américains réalisent quelques progrès sur la côte ouest de l'île, vers le village de Makunsha, mais sont contenues par la résistance fanatique et désespérée des Japonais. Sur la côte orientale, le 24ème Régiment de Marines se porte rapidement sur le mont Petosukara, ne rencontrant qu'une résistance sporadique.

Le 7 juillet 1944, à l'aube, le général Yoshitsugu Saito, commandant de la 31ème Armée japonaise et de la garnison de l'île, a réuni les officiers. Après leur avoir fait promettre de ne pas tomber vivants entre les mains des Américains, il se suicide selon le code d'honneur japonais. Presque au même moment, l'amiral Chuichi Nagumo, celui qui dirigea les attaques aéronavales contre Pearl-Harbor et Midway, l'imite. En prélude aux prochains débarquements américains, l'aviation embarquée de la Task Force TF58 du vice-amiral Marc Mitscher entame une série de bombardements quotidiens sur les îles de Guam et de Rota.

Le 8 juillet 1944, sur le Mont Tapotchau, les 4,000 derniers soldats japonais lancent la dernière charge banzaï, ordonnée par Saito. Il s'ensuit une furieuse et sanglante mêlée aux corps-à-corps et aux combat à l'arme blanche, qui se poursuivra durant toute la journée et la nuit suivantes, jusqu'à l'aube du 9 juillet. Simultanément, à l'extrémité nord de l'île, survient un des épisodes les plus tragiques de la guerre: devant les yeux éberlués de dizaines de Marines, les civils japonais de l'île, en grande majorité des femmes et des enfants conditionnés par la propagande militaire, préfèrent la mort à la capture et se précipitent du haut des falaises de la Pointe Marpi. Les autorités américaines estimeront par la suite à près d'un millier le nombre de victimes de ce suicide collectif.

Ci-dessous: 1° Suicide collectif des civils japonais à la Pointe Marpi (extrémité nord de l'île). Le "Ravin des Suicidés", capturé par la 27ème Division d'infanterie le 7 juillet. 2° Le sommet du Mont Tapotchau (au centre de l'île), où se déroulent les derniers combats au corps-à-corps et l'ultime charge suicide japonaise, le 8 juillet.



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Le 9 juillet 1944, après plus de trois semaines de combats sanglants et de sacrifices inimaginables, Saipan est déclarée officiellement conquise par le haut commandement américain. Sur environ 70,000 Américains, Marines ou GIs, engagés à terre, les pertes s'établirent à 2,949 tués ou disparus, et 10,364 blessés. Du côté japonais, les pertes s'élèvent à 24,000 hommes, dont environ 5,000 suicidés, et 921 prisonniers capturés.

Anecdote: le 1er décembre 1945, le capitaine Sakae Oba, du 118ème Régiment japonais, entouré d'un dernier carré de 46 soldats japonais, dépose les armes et se rend aux autorités américaines. Après la guerre, en 1982, il sera le co-auteur, avec le soldat américain Don Jones, du livre "Le Dernier Samouraï" (The Last Samurai). Ce livre fera d'ailleurs l'objet, en 2011, d'une adaptation cinématographique japonaise: Oba: The Last Samurai [Voir ci-dessous à la fin de l'article].

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(2) Blogosphère Mara, 19-20 juin 1944 - Pacifique Central: le "Tir aux Pigeons des Mariannes"


Opération Stevedorf: reconquête de Guam (21 juillet - 8 août 1944).

Après Saipan, c'est le tour de l'île de Guam. Possession américaine, elle a été capturé par les Japonais en décembre 1941. La reconquête, désignée "Opération Stevedorf", est confiée au III Corps amphibie du général Roy S. Geiger, avec la 3ème Division de Marines renforcée avec la 1ère Brigade provisoire, et la 77ème Division d'infanterie de l'US Army.


Les Marines débarquent en deux endroits différents et prennent pied près d'Agana et d'Agat, de part et d'autre la péninsule d'Orote. Les défenses japonaises de l'île ont d'abord été pilonné pendant treize jours d'affilée par l'aviation et la marine. Après cette préparation d'artillerie, une force amphibie américaine, composée de la Task Force TF53 du contre-amiral Richard L. Connelly, débarque à 8h30 la 3ème Division et la 1ère Brigade de Marines sur l'île la plus méridionale des îles Mariannes, de part et d'autre de la péninsule d'Orote. La 77ème Division d'infanterie débarquera en second échelon dans la soirée, sur les plages sud.

Le soir, après avoir écrasé une résistance japonaise modérée, ils tiendront une tête de pont sur un peu plus de 3km de large et profonde de 1.5km. Le 305ème Régiment de la 77ème Division d'infanterie est débarqué dans la soirée, au nord d'Agat, et vient renforcer la tête de pont méridionale des Marines.

Au cours des nuits suivantes, suivront les attaques suicides habituelles, appuyées par des blindés légers.


Le 22 juillet 1944, les Marines, après avoir repousser des charges suicides nocturnes japonaises contre leurs têtes de pont, s'enfoncent à l'intérieur des terres sur environ un kilomètre de profondeur, vers le mont Alifan. Des éléments de la 3ème Division s'apprêtent à déloger les Japonais de la péninsule d'Orote. Les Marines livrent de durs combats en vue d'étendre leur tête de pont nord au-delà des falaises escarpées de Chonito Cliff, vers la Pointe Adelup.

Le 23 juillet 1944, la 3ème Division de Marines livre de durs combats en vue d'étendre sa tête de pont nord au-delà des falaises escarpées de Chonito Cliff, vers la Pointe Adelup.


Le 24 juillet 1944, la 1ère Brigade de Marines et la 77ème Division d'infanterie reçoivent l'ordre d'éliminer les Japonais dans la péninsule d'Orote avant le 26 juillet. La 3ème Division de Marines, engagée dans la conquête des hauteurs dominant la tête de pont nord, se heurtent à la résistance tenace des Japonais.


Le 25 juillet 1944, les deux têtes de pont américaines, occupées à repousser une série de sept attaques suicides, ne parviennent toujours pas à établir leur jonction. 3,500 Japonais sont tués au cours de furieux combats au corps-à-corps, particulièrement meurtriers devant la tête de pont nord.




Le 26 juillet 1944, épaulés par huit bataillons d'artillerie de campagne, la 1ère Brigade de Marines et la 77ème Division d'infanterie poursuivent leur offensive contre la péninsule d'Orote, progressant de 1500m à travers l'inextricable jungle marécageuse. De violentes contre-attaques japonaises la tête de pont de la 3ème Division de Marines sont repoussées.

Le 27 juillet 1944, les Américains poursuivent lentement leur avance dans a péninsule, réussissant à étendre ça et là la tête de pont nord, mais ils sont bloqués un peu au-delà de l'endroit où commence le plateau s'étendant des falaises de Chonito vers l'intérieur de l'île. Pour accélérer la soudure des deux têtes de pont, la 77ème Division reçoit l'ordre d'investir le mont Tenjo, qui occupe une position clé entre les deux.

Le 28 juillet 1944, poursuivant l'offensive de la péninsule d'Orote, la 1ère Brigade de Marines atteint enfin l'aérodrome local. La 77ème Division d'infanterie établit enfin sa jonction avec la 3ème Division de Marines. Fantassins et Marines investissent ensuite les Monts Chachao et Alutom, puis avancent de la Pointe Adelup au Mont Tenjo. Le général Takeshi Takashima, commandant la garnison de l'île, est tué au cours de cette journée. Il est remplacé par le général Hideyoshi Obata.

Le 29 juillet 1944, après la prise de l'aérodrome local la veille par la 1ère Brigade de Marines, toute la péninsule d'Orote est maintenant sous contrôle des Américains.

Le 30 juillet 1944, de nombreux fortins et bunkers japonais sont détruits grâce à l'action conjuguée de l'artillerie, des blindés et des lance-flammes. Les survivants de la garnison japonaise battent en retraite vers le Mont Barrigada. Les Marines et les fantassins lancés à leur poursuite sont constamment harcelés et freinés par de nombreux tireurs embusqués japonais.

Le 31 juillet 1944, la ville et le grand aérodrome d'Agana, construit par les Américains, en 1941 sont repris. La 3ème Division de Marines et la 77ème Division d'infanterie talonnent les Japonais vers le nord de l'île et atteignent une ligne s'étendant d'Agana, sur la côte occidentale, à Yona, sur la côte orientale.

Le 1er août 1944, la 3ème Division de Marines et la 77ème Division d'infanterie, poursuivant les Japonais vers le nord, se portent sur une ligne qui va de la côte occidentale, au nord d'Agana, à la Baie de Pago, sur la côte orientale. Plus de la moitié de l'île est maintenant sous contrôle américain.

Le 2 août 1944, sur le flanc gauche du front américain, la 3ème Division de Marines progresse sans problème vers le nord de l'île, occupant l'aérodrome de Tiyan. Sur son flanc droit, la 77ème Division d'infanterie est stoppée près du village de Barrigada par des détachements japonais tenant des positions parfaitement bien camouflées dans la jungle.

Le 3 août 1944, avançant sur le flanc droit du dispositif américain, la 77ème Division d'infanterie met à jour des positions fortifiées japonaises, non encore découvertes, dans la jungle, abandonnées par les Japonais qui se sont retirés au nord de l'île, et occupe le village de Barrigada. Sur le flanc gauche, la 3ème Division de Marines progresse à vive allure, occupant Finegayan et poussant vers la Baie de Tumon. Sur le flanc droit, la 77ème s'empare du Mont Barrigada.

Au large, des unités navales américaines bombardent le mont Santa Rosa, dominant le nord de l'île et sur lequel les Japonais survivants se sont concentrés.

Le 4 août 1944, la 77ème Division d'infanterie et la 3ème Division de Marines poursuivent leur avance vers le Mont Santa Rosa, où se sont retrancher les Japonais survivants. Leur avance américaine est plus retardée par la nature du terrain plus que par l'opposition ennemie. Au large, l'US Navy pilonne sans relâche le Mont Santa Rosa.

Le 6 août 1944, la 3ème Division de Marines et la 77ème Division d'infanterie sont désormais maîtres des deux tiers de l'île. Sur le flanc droit de la 77ème, les Japonais attaquent avec des blindés légers le secteur du 305ème Régiment, infligeant de lourdes pertes aux Américains, avant de se retirer brusquement, de façon à prévenir toute contre-attaque ou la riposte de l'aviation américaine.

Le 7 août 1944, précédée d'un bombardement meurtrier, une puissante attaque est lancée contre Yigo et le mont Santa Rosa par la 3ème Division de Marines et la 77ème Division d'infanterie, plus la 1ère Brigade de Marines. La 1ère Brigade emporte Yigo, mais son avance est ensuite freinée sur les pentes du mont Santa Rosa par la résistance japonaise et la végétation extrêmement touffue de la jungle. Au cours de la nuit suivante, les Japonais lancent, avec l'appui de blindés légers, une ultime charge Banzaï et sont repoussés.


Le 8 août 1944, les Japonais cessent toute résistance organisée. L'île est déclaré officiellement conquise en fin de soirée. Le 307ème Régiment de la 77ème Division d'infanterie occupe le sommet du Mont Santa Rosa, libérant virtuellement tout le secteur de la présence ennemie. Les derniers survivant japonais se réfugient vers la Point Ritidian et le Mont Machanao, à l'extrémité nord de l'île. Bien que Guam soit officiellement déclarée conquise et que le drapeau américain flotte sur le mont Santa Rosa le 10 août, il faudra attendre la cérémonie de capitulation dans la Baie de Tokyo, le 2 septembre 1945, pour que les 113 derniers défenseurs de la 29ème Division japonaise, commandés par le lieutenant-colonel Hideyuki Takeda, se rendent.

Bilan de la bataille de Guam: plus de 18,000 morts et 485 prisonniers japonais capturés, contre 1,747 tués et 6,053 blessés chez les Américains.

Anecdote: le 24 janvier 1972, le sergent Shoichi Yokoi sera découvert par des chasseurs. Ignorant tout de la capitulation japonaise, il a vécu pendant 27 ans caché dans une grotte.


Conquête de Tinian (24 juillet - 2 août 1944).

Après Saipan et Guam, le 5ème Corps amphibie du général Harry Schmidt débarque sur Tînian le 24 juillet 1944.


A 8h30, après une préparation d'artillerie navale et aérienne, cette dernière menée par l'aviation embarquée de Mitscher (TF58) ou de la 7th Air Force venant de Saipan, la Task Force TF52 du contre-amiral Harry W. Hill fait débarquer les 2ème et 4ème Divisions de Marines sur la côte nord-ouest de l'île. Avec l'appui de 156 pièces d'artillerie de campagne de gros calibre disposées au sud de Saipan, les Marines établissent une solide tête de pont.

Tinian est une île voisine située au sud-ouest de Saipan. La garnison, composée de 8,350 hommes des 18ème, 50ème et 135ème Régiments japonais de la 31ème Armée japonaise, et de diverses unités terrestres de la Marine impériale, est commandée par le colonel Keyoshi Ogata. Avant le débarquement principal, les Japonais sont attirés au sud-ouest de l'île grâce à une habile manoeuvre de diversion menée par des éléments de la 2ème Division de Marines, simulant un débarquement devant la petite ville de Tinian. L'artillerie côtière japonaise touche le cuirassé Colorado et le destroyer Norman Scott. Dans l'après-midi, les Japonais cherchent à atteindre le nord de l'île, où le vrai débarquement a effectivement eu lieu, mais l'aviation américaine les écrase sous une pluie de bombes et de napalm, leur infligeant de lourdes pertes.

Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1944, à 2h du matin, les Japonais tentent une première charge banzai contre la tête de pont américaine, mais sont repoussés et exterminés. A l'aube du 25 juillet, les Marines dénombreront 1,039 cadavres japonais devant leurs positions. Les deux jours suivants, de nouveaux assauts suicides, conduits avec le soutien de blindés, seront également repoussées, au prix de lourdes pertes des deux côtés.

Le 26 juillet 1944, les 2ème et 4ème Divisions de Marines poursuivent les Japonais en retraite vers le centre de l'île, en direction du sud, et occupent deux des trois aérodromes de l'île.

Le 27 juillet 1944, le tiers nord de l'île est maintenant aux mains des Américains, qui commencent à remettre en état les deux aérodromes près de la pointe Ushi.

Le 29 juillet 1944, la course des 2ème et 4ème Divisions de Marines vers le sud de l'île est maintenant stopée par la résistance opiniâtre des Japonais.

Le 30 juillet 1944, malgré la résistance japonaise suicidaire, les 2ème et 4ème Divisions de Marines reprennent leur progression vers le sud, s'emparant de la ville de Tinian et enfermant les survivants japonais dans une petite poche à l'extrémité méridionale de l'île (Lalo Point).

Le 31 juillet 1944, les 2ème et 4ème Divisions de Marines liquident les dernières forces japonaises à l'extrémité sud de l'île. Comme d'habitude, leur action est soutenue par l'artillerie navale et l'aviation embarquée de l'US Navy.

Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1944, les 2,300 derniers Japonais en vie lancent une ultime attaque suicide, conduite par le colonel Keyoshi Ogata en personne.

Le 1er août 1944, après l'échec de cette charge banzaï, les Américains entament le nettoyage final de l'île.

Le 2 août 1944, l'île est déclarée officiellement conquise et sécurisée, au prix de 328 tués et 1,571 blessés américains. Sur les 8,350 hommes de la garnison japonaise, seul 313 prisonniers ont été capturés.



Bilan de la campagne des îles Mariannes (juin-août 1944).

La campagne des îles Mariannes marque la fin dénitive de l'aéronavale japonaise. A partir de novembre 1944, les îles reconquises de Saipan, Guam et Tinian serviront surtout de grandes bases d'envol pour les nouveaux bombardiers à long rayon d'action B-29 Superfortress, ceux-ci ayant un rayon d'action suffisant pour aller bombarder les villes métropolitaines du Japon.

En août 1944, par la pratique du commandement alternatif en service dans le Pacifique, Raymond Spruance cède sa place à l'amiral William F. "Bull" Halsey. La 5ème Flotte change sa numérologie en 3ème Flotte. La Task Force TF58 devient TF38, toujours sous les ordres du vice-amiral Marc Mitscher. A la fin de l'année, le nombre de ses navires se portera à 17 porte-avions d'escadre, 6 cuirassés modernes, 13 croiseurs et 58 destroyers.

En septembre 1944, la 3ème Flotte reçoit pour première mission l'ordre de pilonner les îles de Yap, des Palaos et de Mindanao, en prévision des futurs débarquements américains dans l'archipel des Philippines. En plus d'endommager les installations des îles, ce raid élimine 200 avions japonais, au prix de 8 avions américains.

Conséquences politiques au Japon: la perte de Saipan provoque la chute du gouvernement du général Hideki Tojo le 18 juillet 1944, et la démission de celui-ci en tant que chef d'Etat-major de l'Armée impériale quatre jours plus tard. Kunioki Koiso devient Premier ministre, l'amiral Mitsumasa Yonai est nommé Vice-Premier ministre et commandant suprême de la flotte impériale.

Photo: B-29 Superfortress du XXI Bomber Command, sur l'aérodrome d'Isley Field (Aslito), capturé au sud de Saipan dans la soirée du 18 juin 1944.



Campagne des îles Mariannes au cinéma.

"Oba: The Last Samurai (2011).

Film japonais réalisé en 2011, et adapté du livre The Last Samurai écrit par Sakai Oba et Don Jones, publié en 1982.

Oba: The Last Samurai (Wikipedia.org)

Sakae Oba (Wikipedia.org)





Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













Article modifié le 16 juin 2016.


Sources principales:
Strategic Victory in the Marianas (HyperWar, Pacific Theater of Operations)
Battle of Saipan (Wikipedia.org)
Battle of Guam (1944) (Wikipedia.org)
Battle of Tinian (Wikipedia.org)

Département de la Défense et Pentagone

Le Département de la Défense est le département fédéral chargé de coordonner et de superviser les forces armées et les agences fédérales civiles liées à la sécurité nationale. Son siège central est installé dans le bâtiment du Pentagone, en Virginie, et celui-ci fait face au District fédéral de Washington, sur l'autre rive du fleuve Potomac.



Département de la Défense, ou Department of Defense (DoD)

Le Département de la défense des Etats-Unis, ou Department of Defense (DoD), est le ministère chargé de coordonner et de superviser toutes les agences fédérales du gouvernement américain liées à la défense nationale et à la sécurité du territoire.

Cela inclut les Bureaux du Secrétariat à la Défense ou Office of the Secretary of Defense, de l'Etat-Major Interarmes ou Bureau of Joint Chiefs of Staff et des états-major des trois départements de l'armée de terre (US Army), de l'armée de l'air (US Air Force) et de la marine de guerre (US Navy et US Marine Corps), ainsi que l'Agence de Renseignement Miliraire ou Defense Intelligence Agence (DIA), l'Agence Nationale du Renseignement Géospatiale ou National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), l'Agence Nationale de Sécurité ou National Security Agency (NSA), le Département de la Sécurité Intérieure ou Department of Homeland Security (DHS), le Département de Recherche et de Développement des Nouvelles Technologies ou Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), et enfin l'Agence chargée de la Défense Anti-missile ou Missile Defense Agency (MDA).

De lui dépendent environ 1.3 million de militaires d'active, 670000 fonctionnaires civils, 1.1 million de soldats de réserve et de la Garde nationale, 2 millions de retraités. C'est le plus ancien département des Etats-Unis, puisque de 1797 à 1949, il était désigné sous l'appelation de Département de la Guerre (War Department).

Le Département de la Défense a sous sa tutelle les quatre composantes des forces armées (Armée de Terre, Armée de l'Air, Marine et le Corps des Marines) qui sont appelées à exécuter des opérations militaires, à acheminer l'aide humanitaire à l'étranger en cas de catastrophe, à participer à des missions ONU de maintient de la paix, et à assurer la sécurité de la nation. La Garde Nationale et l'Armée de Réserve apportent leur soutien militaire en temps de guerre et remplissent des fonctions sécuritaires sur le territoire américain telles que l'envoi de secours et d'aide humanitaire lors de catastrophes naturelles.

Photo ci-dessous: le Pentagone en août 2010.



Bâtiment du Pentagone.

Le Pentagone est le bâtiment qui abrite toutes ces agences fédérales et les état-majors respectifs des forces armées. Sa construction, sous la direction de l'architecte George Bergstrom, a débuté le 11 septembre 1941 en Virginie, sur la rive du fleuve Potomac opposé au district fédéral de Washington, et s'est poursuivi jusqu'au 15 février 1943. Les travaux ont nécessité 680000 tonnes de matériaux.


C'est, en superficie au sol, le plus grand bâtiment fédéral des Etats-Unis et le plus grand immeuble administratif du monde: 116000 m², dont 21000 m² pour la cour intérieure centrale, 620000 m² en comptant les pelouses et les parkings extérieurs. Il occupe un volume de deux millions de mètres cubes, c'est-à-dire trois fois celui de l'Empire State Building. Il compte 28 kilomètres de couloirs et 7754 fenêtres. Chacune de ses cinq faces extérieures mesure 280m de long et 24m de hauteur. Il compte cinq anneaux concentriques et cinq étages, en comptant le sous-sol et la mezzanine.


Lors des attaques terroristes du 11 septembre 2001, le Pentagone, alors en cours de réfection et de renforcement suite à l'attentat d'Oklahoma City, est atteint par le Boeing 757 du vol AA77, qui transporte 189 passagers, parmi lesquels cinq pirates de l'air membres d'Al Qaida, et membres d'équipage. L'impact est tel que l'avion de cent tonnes transperce trois anneaux concentriques, sur les cinq que compte le batiment. Le choc, l'explosion, puis l'incendie provoqué par les 40000 litres de carburant pulvérisent au total 67000 tonnes de matériaux.



Diagramme ci-dessous: superficie du Pentagone atteinte, débris d'avions et morceaux de corps retrouvés dans les décombres. Par test ADN, 183 des 184 victimes de l'attentat contre le Pentagone seront identifiées.



Leon Panetta, Secrétaire de la Défense.

Leon Panetta est l'actuel Secrétaire de la Défense (Secretary of Defense) depuis le 1er juillet 2011. Avant d'occuper ce poste, il était directeur de la CIA.



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Sources également disponibles:

1° United States Department of Defense (Wikipedia.org)
http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Department_of_Defense

2° United States Secretary of Defense (Wikipedia.org).
http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Secretary_of_Defense

3° The Pentagon (Wikipedia.org).
http://en.wikipedia.org/wiki/Pentagon_(building)