Porte-avions de classe Enterprise

L'USS Enterprise (CVN-65), à l'origine immatriculé CVA(N)-65, est le premier porte-avions à propulsion nucléaire du monde, et le huitième navire de l'US Navy à porter ce nom. Comme son célèbre prédecesseur de la Seconde Guerre mondiale, il est surnommé "Big-E". Avec ses 342m de longueur, il est le plus grand navire de guerre du monde, et ses 92325 tonnes de déplacement le place en onzième position dans cette catégorie, derrière les dix porte-avions de classe Nimitz, à peine plus lourds d'une dizaine de milliers de tonnes. Mis en service en novembre 1961, il est l'unique porte-avions de cette classe construit, et le plus ancien bâtiment de guerre du monde encore en service actif aujourd'hui. Il est prévu qu'il prenne sa retraite en 2013, après 51 années de bons et loyaux services, et qu'il soit remplacé par le USS Gerald Ford. L'Enterprise doit encore effectuer deux déploiements avant d'être décommissioné, et son port d'attache est Norfolk, en Virginie.



Conception.

L'Enterprise devait être le premier d'une nouvelle classe de six porte-avions, mais les coûts de construction (451.3 millions de dollars de l'époque), beaucoup plus élevés que prévus, fit que les cinq autres furent décommandés, et qu'il reste l'unique exemplaire de cette classe. Il faudra attendre la sortie des porte-avions de classe Nimitz, en mai 1975, pour voir apparaître d'autres porte-avions à propulsion nucléaire.

Second navire de surface à être équipé d'une propulsion nucléaire, après le croiseur Long Beach (CGN-9), sa construction est rapide pour un navire de cette taille et de cette complexité. Mis en chantier le 4 février 1958, l'Enterprise (CVN-65) est lancé le 24 septembre 1960 et entre en service (date of commissioning) le 25 novembre 1961.


En raison du coût final de construction, le porte-avions est lancé sans les système de missiles sol-air à longue portée RIM-2 Terrier prévus à l'origine. A la place, on installe trois lanceurs de missiles sol-air RIM-7 Sea Sparrow, le "Basic Point Defense Missile System" (BPDMS) inspiré du missile air-air AIM-7 Sparrow équipant alors le F-4 Phantom II. Ils sont remplacés plus tard par deux Sea Sparrow mis aux standards OTAN (NSSM). Trois systèmes automatiques de canons rotatifs anti-missiles Phalanx CIWS sont ajoutés, puis un de ceux-ci retiré et remplacé par deux lanceurs de missiles sol-air à guidage infrarouge RIM-116 Rolling Airframe Missile (RAM).

Photo ci-dessous: armement défensif de l'Enterprise. Canon rotatif anti-missiles Phalanx CIWS, lanceur de missiles sol-air RIM-7 Sea Sparrow, et lanceur de missiles sol-air à guidage infrarouge RIM-116 Rolling Airframe Missile (RAM).




L'Enterprise est également le seul porte-avions à être propulsé par plus de deux réacteurs nucléaires, comme sur les autres navires de classe Nimitz ou le Charle De Gaulle. Ses huit réacteurs Westinghouse A2W, avec quatre turbines à vapeur et quatre arbres d'hélice, lui permettent de développer 280000 chevaux-vapeur (210 MW). Il est le seul porte-avions équipé de quatre hélices, contre deux sur les Nimitz, et comporte une coque plus blindée et épaisse (20cm) que ceux-ci.

Caractéristiques et performances.

• Type: porte-avions à propulsion nucléaire de classe Enterprise.

• Constructeur: aujourd'hui Northrop Grumman Shipbuilding Newport News (NGSB-NN), Newport News (Virginie).

• Exemplaires prévus: 6. Unités construites: 1.

• Mise en chantier: 4 février 1958.

• Date d'entrée en service (commissioning): 25 novembre 1961.

• Date de retrait (décommissioning): 2013.

• Coût de construction: 451.3 millions de dollars (de 1960).

• Dimensions: Longueur, 342m. Largeur (Bau), 40.5m (ligne de flotaison), 78.4m (maximale). Tirant d'eau: 12m.

• Performances: Vitesse maximale, 62.2km/h (33.6 noeuds/knots). Autonomie: illimitée pendant vingt ans. Déplacement, 73858 tonnes (standard), 92325 tonnes (maximal). Blindage de la coque, 20cm.

• Propulsion: 8 réacteurs nucléaires Westinghouse A2W, 4 turbines à vapeur Westinghouse, 4 arbres de transmission et 4 hélices. Puissance totale, 280000 chevaux (210 MWatts).

• Armement défensif actuel: 2 lanceurs de missiles sol-air RIM-162 Evolved Sea Sparrow Missile (ESSM). 2 canons rotatifs anti-missiles de 20mm Phalanx CIWS. 2 lanceurs de missiles sol-air RIM-116 Rolling Airframe Missile (RAM).

• Aviation embarquée: Théorique, 90 avions maximum. En pratique: 66 avions et hélicoptères. Deux squadrons d'avions de chasse/attaque (dont éventuellement un de l'US Marine Corps), avec 24 McDonnell Douglas F/A-18C/D Hornet, deux squadrons d'avions de chasse/attaque avec 24 F/A-18E/F Super Hornet, 4 EA-6B Prowler ou EA-18G Growler (1) (guerre électronique), 4 Grumman E-2C Hawkeye (2) (AWACS), 2 Grumman C-2A Greyhound (transport), 8 hélicoptères Sikorsky SH-60F/H Sea Hawk (lutte anti-sous-marine, recherche et sauvetage, liaison).

• Equipage: 5828 hommes (maximum). Wing aérien, 1800 hommes dont 250 aviateurs.



(1) Une production de EA-18G Growler, version spécialisée biplace du F-18E Super Hornet devant remplacer les EA-6B Prowler existant, a été approuvée par le Département de la Défense en 2007. Le EA-18G a terminé sa période de tests et d'évaluation en juillet 2009. Les plans de l'US Navy prévoient la construction de 90 Growler pour équiper les onze squadrons embarqués existants (VAQ). Le premier squadron de EA-18G (VAQ-132 Scorpions) a été déclaré opérationnel à la fin 2009, et deux autres squadrons (VAQ-129 Vikings et VAQ-141 Shadowhawks) en 2011/2012. Le Growler, surnommé plus officieusement "Grizzly", reprend 90% de la conception de base du Super Hornet.

(2) Une nouvelle variante du E-2C, l'E-2D Advanced Hawkeye, a accomplit son premier vol le 3 juillet 2007. Sa période de test et d'évaluation s'est poursuivit jusqu'au début 2012. Son équipement inclut un nouveau système radar APY-9 à balayage de phase active (AESA), un nouveau radôme et un nouveau système de communication par satellites. Ci-dessous: le nouveau E-2D.




Historique (1962-2009).

1° Mise en service et essais en mer.

Le 4 février 1958 la construction de l'USS Enterprise (CVN-65) commence aux chantiers navals Newport News Shipbuilding (aujourd'hui Northrop Grumman Shipbuilding), de Newport News en Virginie. Le porte-avions est lancé le 24 septembre 1960, sponsorisé par Mme William B. Frank, l'épouse du Secretaire de la Marine.

Le 25 novembre 1961, il commence sa carrière avec le capitaine Vincent P. de Poix comme premier commandant, ancien pilote de F6F Hellcat du squadron VF-6 sur l'Enterprise Classe Yorktown (CV-6) et vétéran de la Guerre du Pacifique. Le 12 janvier 1962, le porte-avions entame son premier déploiement en mer, d'une durée de trois mois. C'est l'occasion de mener une série de tests et d'exercice pour déterminer ses pleines capacités.

Le 20 février 1962, l'Enterprise joue le rôle de station de mesure et de poursuite lors du vol orbital Mercury-Atlas 6 (MA-6). La capsule Friendship-7 du Projet Mercury est pilotée par le lieutenant-colonel John H. Glenn, Jr., un autre pilote de l'aéronavale américaine. C'est le premier vol d'un Américain dans l'Espace.

En août 1962, le porte-avions rejoint la VI Flotte en Méditerranée, et revient à Norfolk au mois d'octobre suivant.


2° Crise des missiles à Cuba.

Quelques jours plus tard, l'Enterprise est rappelé en mer pour participer à sa première crise internationale. Depuis plusieurs mois, les avions de reconnaissance U-2 effectuent des vols à haute altitude au-dessus de l'île de Cuba. Le 28 septembre 1962, l'un de ses avions a photographié la construction de sites de missiles ballistiques soviétiques à moyenne portée, des SS-4 et SS-5. John F. Kennedy prend connaissance des photos le 8 octobre suivant, et commence à préparer une action militaire contre Cuba.

Le président américain ordonne le blocus naval et une mise en quarantaine de l'île, et demande à l'Union Soviétique de retirer ses missiles nucléaires. L'Enterprise, accompagné de trois autres porte-avions, les USS Independence, USS Essex et USS Randolph, entame le blocus naval de Cuba.

Le 24 octobre 1962, la II Flotte active la quarantaine totale de tout équipement militaire à caractère offensif destiné à Cuba, si nécessaire en arraisonnant les navires étrangers. Sur le point de déclencher une confrontation nucléaire avec les Etats-Unis, Nikita Khrouchtchev ordonne enfin le démentèlement des sites de lancement et le retrait de ses missiles de Cuba, en échange de la promesse des Américains de ne plus jamais essayer d'envahir l'île. Le 28 octobre 1962, la "crise des missiles cubains" est terminée et le blocus naval américain levé.


3° 1962 à 1969.

Le 19 décembre 1962, l'Enterprise teste un nouveau dispositif de catapultage destiné à réduire l'intervalle de temps entre deux lancements. Un E-2 Hawkeye est catapulté avec succès, suivit une minute plus tard par un A-6A Intruder.

En 1963 et 1964, il effectue ses deuxième et troisième déploiement, en Méditerrannée. Au cours du troisième, le porte-avions prend part à l'opération Sea Orbit de la "Task Force One" à propulsion totalement nucléaire, accompagné du croiseur USS Long Beach (CGN-9) et du destroyer USS Bainbridge (CGN-25), au cours d'un périple autour du monde. En octobre 1964, l'Enterprise retourne aux chantiers de Newport News pour y subir ses premières révisions en profondeur.


En novembre 1965, le "Big-E" est transféré à la VII Flotte du Pacifique Ouest, qui opère depuis le Japon. Le 2 décembre 1965, il devient le premier porte-avions nucléaire américain à être engagé au combat, lorsqu'il attaque des positions vietcong près de Bien Hoa, au Sud-Vietnam. Au cours de cette seule journée, son aviation embarquée, constituée de F-4 Phantom II, F-8 Crusader, A-6 Intruder et A-7 Corsair II, effectue 125 sorties aériennes et largue 155 tonnes de bombes et de roquettes. Le lendemain, il pulvérise son propre record, avec 165 sorties.

En janvier 1968, la capture du navire d'espionnage et d'écoute electronique USS Pueblo (AGER-2) par un navire patrouilleur nord-coréen, dans les eaux internationales, débouche sur l'"Incident du Pueblo" et une crise diplomatique. L'Enterprise est envoyé en opérations au large des côtes sud-coréennes pendant un mois. L'équipage américain prisonnier sera finalement libéré et rappatrié aux Etats-Unis le 23 décembre 1968.

Le matin du 14 janvier 1969, au large d'Hawaii, l'explosion accidentelle d'une roquette Mk-32 Zuni, attachée sous la voilure d'un F-4 Phantom II, provoque un violent incendie et de graves avaries sur le pont d'envol de l'Enterprise. 15 avions sont détruits ou jugés irréparables, 27 Américains tués et 314 autres blessés. Le porte-avions doit retourner à Pearl Harbor pour y subir de longues réparations. En mars 1969, elles sont terminées et l'Enterprise effectue un nouveau déploiement dans le Golfe du Tonkin, au large des côtes nord-vietnamiennes.


Le 14 avril 1969, les tensions avec la Corée du Nord ressurgissent, lorsqu'un avion de guerre électronique non armé EC-121 Constellation, parti d'Atsugi et patrouillant dans les eaux internationales au-dessus de la Mer du Japon, est abattu par des chasseurs nord-coréens. Ses 31 membres d'équipages sont tués. Les Etats-Unis répliquent en activant la Task Force TF71 chargée de protéger dans le futur les vols de reconnaissance américains dans cette zone. La TF71 comprend les porte-avions Enterprise, Ticonderoga, Ranger et Hornet, ainsi que leur escorte de croiseurs et de destroyers.

Au total, l'Enterprise effectue six déploiements opérationnels en Asie du Sud-Est, de 1965 à 1972.


4° 1969 à 1979.

En 1969 et 1970, l'Enterprise retourne aux chantiers navals de Newport News pour y subir sa deuxième révision complète. En janvier 1971, il termine ses essais en mer des nouveaux réacteurs nucléaires capables de lui fournir assez de puissance pour les dix prochaines années. Le porte-avions se déploit ensuite de nouveau dans le Sud-Est asiatique, en soutien des forces américaines et sud-vietnamiennes.

Les trois porte-avions de la Task Force TF77, l'USS Enterprise, l'USS Oriskani et l'USS Midway, accumulent plus de 2000 sorties aériennes le 30 juillet 1971. Puis les opérations aériennes sont suspendues par l'arrivée des typhons Harriet, Kim et Jean. D'août à novembre 1971, l'Enterprise opère à partir de "Yankee Station", la zone de la mer de Chine du Sud où se sont regroupés les porte-avions de la TF77, au large des côtes vietnamiennes.

Pendant la troisième guerre indo-pakistanaise (3-16 décembre 1971), l'Enterprise est déployé dans la Baie du Bengale, au nord-est de l'Océan indien, pour une démonstration de force contre le blocus naval imposé par le porte-avions indien Vikrant. Durant ces manoeuvres, un sous-marins soviétique suit le porte-avions américains. Une confrontation avec l'Inde est finalement évitée lorsqu'il se retire de la zone.

En octobre 1972, les Etats-Unis mettent fin à toutes leurs opérations aériennes tactiques au-dessus du vingtième parallèle et à l'opération Linebacker I, la campagne de bombardement du Nord-Vietnam par les B-52 Stratofortress du Strategic Air Command. Durant Linebacker I (9 mai - 23 octobre 1972), l'Enterprise et les autres porte-avions de la TF77 enregistrent un total de 23652 sorties aériennes tactiques.

D'octobre à décembre 1972, pendant cet arrêt des bombardements, l'Enterprise effectue une rotation avec les autres porte-avions à Yankee Station. Durant cette période, aucun avion américain ou nord-vietnamien n'est perdu au combat.

Le 18 décembre 1972, devant l'enlisement des négociations de paix avec le Nord-Vietnam, les Etats-Unis reprennent leurs attaques aériennes. C'est l'opération Linebacker II. Les porte-avions de Yankee Station reçoivent l'ordre de miner le port d'Haiphong et de mener des raids contre les sites de missiles sol-air et canons anti-aériens, les casernes, les dépots d'approvisionnement et de ravitaillement, les installations pétrolières, les gares, ponts et voies ferrées, les ports et bases navales, etc. Les attaques de l'aéronavale américaine se concentrent entre Hanoi et Haiphong. Du 18 au 29 décembre, l'US Navy effectuera dans cette zone, la plus forte concentration de défenses anti-aériennes du monde, 705 sorties aériennes.

Le 29 décembre 1972, après onze jours de bombardements intensifs américains, les Nord-Vietnamiens reviennent à la table des négociations. En janvier 1973, le cessez-le-feu général est proclamé, et les porte-avions de la TF77 cessent toutes leurs opérations aériennes au Nord et au Sud-Vietnam.

Après l'arrêt des hostilités avec le Nord-Vietnam, l'Enterprise prend le chemin des chantiers navals du Puget Sound Shipyard de Bremerton, dans l'Etat de Washington, pour y subir sa troisième révision complète et s'apprêter à recevoir le nouveau chasseur biréacteur de Grumman, le F-14 Tomcat, alors en phase d'évaluation. A cette occasion, les déflecteurs des gaz d'éjection de moteurs sont élargis, pour s'adapter aux grandes dimensions du Tomcat.


Le 18 mars 1974, les premiers F-14 Tomcat des squadrons VF-1 Wolfpack et VF-2 Bounty Hunters commencent leurs essais de catapultages et d'appontages sur porte-avions. En septembre 1974, l'Enterprise est le premier à déployer le nouveau chasseur, lors de son septième déploiement dans le Pacifique Ouest (WESTPAC).

En février 1975, le Typhon Gervaise touche durement l'île Maurice. L'Enterprise participe à l'aide humanitaire et arrive à Port-Louis pour porter assistance et remettre en état les réseaux téléphoniques et de distributions d'eau potable, les centrales énergétiques, ainsi que pour distribuer les fournitures médicales, de l'eau et des denrées alimentaires dans les régions sinistrées.

En mars 1975, l'armée nord-vietnamienne viole les Accords de Paix de Paris et envahit le Sud-Vietnam. Les porte-avions de la VII Flotte, les USS Enterprise, USS Coral Sea, USS Hancock et USS Okinawa sont dépêchés au large des côtes pour permettre l'évacuation des ressortissants américains et des réfugiers vietnamiens. C'est l'opération Frequent Wind, qui se poursuivra jusqu'à la chute de Saigon, le 30 avril 1975.


Protégés par le détachement d'ambassade de l'US Marine Corps, les 900 Américains qui travaillent encore dans la capitale sud-vietnamienne sont évacués par hélicoptères à partir des toits et du jardin de l'ambassade américaine.

En juillet 1976, l'Enterprise effectue son huitième déploiement WESTPAC. En février 1977, le dictateur ougandais Idi Amin Dada se lance dans une violente campagne anti-occidentale, particulièrement contre les Etats-Unis, et se rapproche des mouvements terroristes palestiniens. Plusieurs dizaines d'Américains résidant en Ouganda sont pris en hotage.

L'Enterprise et ses navires d'escorte sont déployés au large des côtes orientales africaines pendant une semaine. Les Marines embarqués et le wing aérien se préparent à effectuer une éventuelle mission de libération des hotages américains, lorsque ceux-ci sont finalement libérés par Amin Dada.

En 1978, il effectue son neuvième déploiement WESTPAC et fait escale à Hong Kong, à Singapour et à Perth, en Australie.

En janvier 1979, le porte-avions rejoint les chantiers navals du Puget Sound Naval Shipyard, dans l'Etat de Washington, pour y subir une quatrième révision complète, qui durera trente mois. Pendant cette longue période, le "chateau" et ses superstructures sont modifiés et modernisés, notamment les radars et l'électronique. L'Enterprise, durant cette immobilisation, est surnommé "Building-65" par l'US Navy et le personnel de chantier.


5° 1980 à 1989.

En 1982, le porte-avions effectue son dixième déploiement WESTPAC. En avril 1983, l'Enterprise s'échoue sur un banc de sable dans la Baie de San Francisco, et reste immobilisé pendant plusieurs heures. Ironiquement, au cours de cet incident, l'acteur George Takei, qui interprète le rôle de Sulu, le pilote/barreur du vaisseau spatial NCC-1701 Enterprise, est présent à bord en tant qu'invité d'honneur.

Bien que traditionnellement dans l'US Navy, l'échouage d'un navire marque la fin de carrière de son capitaine, Robert J. Kelly, qui auparavant a été sélectionné pour être promu au grade de commodore, deviendra par la suite amiral quatre-étoiles et commandant en chef de la flotte américaine du Pacifique (CINCPAC).

En 1984, l'Enterprise effectue son onzième déploiement WESTPAC. Le 2 novembre 1985, pendant un exercice au large de la Cote Ouest, il heurte durement le sommet d'une chaîne de montagne sous-marines réputées dangereuses à Cortes Bank, situé à 188km à l'ouest de San Diego, endommageant la coque et l'hélice du navire. Le porte-avions est ensuite envoyé en cale sèche pour y subir des réparations.

En 1986, il effectue son douzième déploiement WESTPAC. Le 28 avril 1986, venant de la Mer Rouge, l'Enterprise est le premier porte-avions nucléaire moderne américain à franchir le Canal de Suez. Il vient relever l'USS Coral Sea, en poste avec l'USS America au large des côte libyennes. C'est l'occasion pour l'Enterprise de revenir en Méditerranée après une absence de plus de 22 ans. Il participe à l'opération Eldorado Canyon, le bombardement américain des camps d'entraînement terroriste et des aérodromes en Libye.

En avril 1988, l'Enterprise effectue son treizième déploiement WESTPAC et est assigné à l'opération Earnest Will, la protection des pétroliers et supertankers chargés d'acheminer le pétroler brut depuis le Golfe Persique vers l'Océan indien. Au cours de ce déploiement, la frégate USS Samuel B. Roberts heurte une mine iranienne dans les eaux internationales. En riposte, l'US Navy lance l'opération Praying Mantis le 18 avril 1988, une série d'attaques de l'aviation embarquée de l'Enterprise contre des navires iraniens, coulant une frégate, une canonière et plusieurs autres vedettes ennemies.

En septembre 1989, l'Enterprise quitte Alameda, dans la Baie de San Francisco, et entame son quatorzième déploiement. Il profite de cette occasion pour faire un tour du monde et rejoindre sa nouvelle base d'attâche: Norfolk, en Virginie. En chemin, il participe, avec l'USS Midway, à l'opération Classic Resolve, la réponse de George H.W. Bush à la demande d'assistance du président philippin Corazon Aquino, contre des rebelles. Après quoi, l'Enterprise fait escale à Pattaya Beach, en Thaïlande.



6° 1990 à 1999.

En mars 1990, l'Enterprise termine son tour du monde et accoste à Norfolk, en Virginie. Il a parcouru au cours de ce périple 69000km, faisant escale aux Philippines, en Thaïlande, à Hong-Kong, Singapour, Rio de Janeiro, Saint-Thomas et Fort Lauderdale, en Floride. En octobre 1990, le porte-avions rejoint les chantiers navals Newport News Shipbuilding de Virginie pour une refonte complète de sa coque et de ses superstructures (complex overhaul). Durant cette période d'immobilisation en cale sèche de plus de trois ans, la longeur de son pont d'envol est allongé et passe de 336m à 342m, sa dimension actuelle.

En septembre 1994, l'Enterprise appareille de Newport News pour subir une série de tests en mer.

Le 28 juin 1996, le porte-avions effectue son quinzième déploiement en mer. Il participe aux opérations Joint Endeavor et Southern Watch, respectivement les missions de surveillance et de contrôle des zones d'exclusion aériennes en Bosnie et dans le sud de l'Irak. Ce déploiement est marqué par le retrait du service actif du bombardier A-6E Intruder au sein de l'US Navy. Pendant six mois, l'Enterprise visite huit ports. En décembre 1996, il termine le déploiement. En février 1997, il gagne les chantiers naval de Newport News pour y subir des révisions pendant quatre mois et demi.

En novembre 1998, l'Enterprise effectue son seizième déploiement. Dans la nuit du 7 au 8 novembnre 1998, un EA-6B Prowler qui effectue ses qualifications d'appontage nocturne entre en collision avec un S-3 Viking stationné à l'arrière du pont d'envol. Les quatre membres d'équipage du Prowler s'éjectent, trois d'entre-eux disparaissent en mer et le corps du quatrième est retrouvé par les équipes d'incendie. Les deux membres d'équipage du Viking sont grièvement blessés et évacués ver le Centre Médical Naval de Portsmouth, en Virginie. Les recherches entreprises pour retrouver les trois Américains disparus en mer, effectuées dans les airs dans un rayon de 1300km et sur mer sur une surface de 340km², ne permettent malheureusement pas de les retrouver, et celles-ci sont abandonnées au bout de vingt-quatre heures.

Le 23 novembre 1998, l'Enterprise relève le Dwight D. Eisenhower dans le Golfe Persique. En décembre 1998, le porte-avions et son groupe de bataille participent à l'opération Desert Fox, détruisant des multiples cibles terrestres irakiennes avec 300 BGM-109 Tomahawk et 313 tonnes de bombes et de missiles. Ces attaques se poursuivent pendant septante heures à partir de l'Enterprise, du croiseur Gettysburg, des destroyers Stout et Nicholson, et du sous-marins Miami.

Le 23 décembre 1998, le Secrétaire de la Défense William Cohen effectue une visite de courtoisie officielle, accompagné de son épouse Janet, du sénateur (Hawaii) Daniel Inouye, un vétéran japonais-américain du 442ème Régiment d'infanterie, ayant combattu en Europe et décoré de la Médaille d'Honneur, et du Représentant (Pennsylvanie) John Murtha.

Après des opérations au large de la Sicile, le porte-avions effectue une visite amicale dans le port de Cannes, en France. Cependant, avec la détérioration des Pourparlers de Paix de Rambouillet, il est rappelé en mer et doit écourter sa visite seulement après quarante-huit heures passées dans le port de Cannes.

Au début de mars 1999, l'Enterprise fait escale à Trieste, en Italie, avant de gagner le Golfe Persique. Il y relève le Carl Vinson le 14 mars 1999 et participe à l'opération Southern Watch dans le sud de l'Irak, puis retourne à sa base d'attache de Norfolk en mai 1999.

Durant son déploiement 1998-1999, l'Enterprise a parcouru 80000 kilomètres pendant 151 jours. Le Carrier Air Wing (CVW) qui lui est rattâché ayant accomplit plus de 9000 missions aériennes.

Photo ci-dessous: Enterprise pendant l'opération Desert Fox (1998)



7° 2000 à 2002.

Le 25 avril 2001, l'Enterprise entame son dix-septième déploiement avec le CVW-8. Du 18 au 28 juin 2001, le porte-avions et ses quatre navires d'escorte participent à un exercice commun avec la Royal Navy en Mer du Nord, près des côtes écossaises et des îles Hébrides.

Après les attentats du 11 septembre 2001, l'Enterprise fait route vers le Golfe Persique. Le 7 octobre 2001, il participe aux premières opérations aériennes américaines en Afghanistan, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, en bombardant les installations militaires des Talibans et les camps d'entraînement terroriste d'Al-Qaida. Après trois semaines, son aviation embarquée a effectué environ 700 sorties aériennes de combat. A la fin de ce mois, le porte-avions rentre aux Etats-Unis.

Photo ci-dessous: Enterprise naviguant avec le Charles de Gaulle, en Méditerranée en mai 2001.


Le 10 novembre 2001, l'Enterprise accoste à Norfolk, en Virginie, où les chanteurs Garth Brooks (country) et Jewel Kilcher (pop-rock) produisent un concert de deux heures sur son pont d'envol.

En janvier 2002, le porte-avions entre aux chantiers navals de Portsmouth, en Virginie, pour y subir un autre programme de révisions en cale sèche EDSRA, pendant une année complète.


8° 2002 à 2010.

De 2003 à 2004, l'Enterprise fournit un soutien aérien à l'opération Iraqi Freedom. En 2004, le navire participe aux exercices multinationaux "Summer Surge 2004" en Méditerranée.

En mai 2006, le porte-avions entame un déploiement de six mois en soutien des opérations Iraqi Freedom et Enduring Freedom. il retourne ensuite à Norfolk le 18 novembre 2006.

En 2007, l'Enterprise est le premier navire américain à accoster dans un port français, à Cannes, depuis le 11 septembre 2001. En août 2007, il rejoint la flotte américain croisant au large de l'Iran. Le 19 décembre 2007, après un déploiement de six mois dans le Golfe Persique, le porte-avions regagne sa base d'attâche de Norfolk.

En avril 2008, il gagne les chantiers navals Northrop Grumman Shipbuilding de Newport News, en Virginie, pour y subir un programme de révisions complètes EDSRA pendant dix-huit mois, jusqu'en septembre 2009. Coût total de ce programme: 480 millions de dollars, soit 6% au-delà des estimations d'origine.

En décembre 2009, le porte-avions doit encore effectuer, selon le tableau de service établit, deux déploiements en mer avant de prendre sa retraite, prévue pour 2013. En principe, il doit être remplacé par le nouveau porte-avions Gerald R. Ford (CVN-78), vers 2014 ou 2015.

En août 2009, une petition lancée sur internet propose que l'Enterprise soit transformé en musée flottant après son retrait du service actif. Peu après, une autre pétition circule, suggérant que le CVN-79, le second porte-avions de classe Gerald Ford programmé pour entrer en service en 2018, soit baptisé Enterprise. Si c'est le cas, ce dernier deviendra le neuvième navire de l'US Navy à porter ce nom.


Article modifié le 10 mai 2013.


Sources principales:
USS Enterprise (CVN-65) (Wikipedia.org)

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