Hélicoptère utilitaire Sikorsky UH-60 Black Hawk

Le Sikorsky UH-60, baptisé Black Hawk ou "Faucon Noir", est aujourd'hui l'hélicoptère utilitaire standard de l'US Army. Conçu en novembre 1974 pour remplacer le UH-1 Iroquois dans les tâches utilitaires, il entre en service en 1979. Le transport de troupes sur le champ de bataille n'est qu'une des nombreuses missions confiées à cette machine, il effectue également des missions de renseignement, de brouillage électronique et d'opérations spéciales. Produits en nombreuses variantes, il équipe également des unités de l'US Air Force, de l'US Navy et de l'US Coast Guard. le Black Hawk opère également au sein d'une vingtaine de forces armées étrangères.



Historique du développement.

Comme cela arrive souvent en matière de conception d'avions ou d'hélicoptères, la mise au point du UH-60 Black Hawk ("Faucon Noir") est longue et difficile. Son origine remonte à 1965, époque où l'US Army cherche un successeur au UH-1 Iroquois. Les spécifications émises au départ étant plus que vagues, il faut attendre plusieurs années pour parvenir à une définition claire et complète de ce que va devenir le programme baptisé Utility Tactical Transport Aircraft System (UTTAS).

Ce n'est pas avant janvier 1972 que l'US Army adresse un appel d'offre aux constructeurs aéronautiques, qui suscite un très grand intérêt parmi les firmes américaines spécialisées dans la construction des hélicoptères, et qui voient là un marché potentiel de plusieurs milliers d'exemplaires. Une sélection rigoureuse des projets laisse seules en compétition Boeing Vertol et Sikorsky Aircraft. Le 30 août 1972, ces deux firmes bénéficient d'un contrat concernant la réalisation de trois prototypes destinés à des tests d'évaluation comparatifs, au terme desquels serait désigné la machine la mieux adaptée aux besoins de l'US Army. Selon les exigences officielles, chacun des deux constructeurs est dans l'obligation d'accumuler près de 500 heures d'essais en vol avant de remettre la machine à l'US Army pour un programme d'expérimentation comparée. Le S-70 de Sikorsky reçoit la dénomination YUH-60A, et le Model 179 de Boeing, YUH-61A.

Les trois prototypes de Sikorsky commandés par l'US Army prennent l'air entre octobre 1974 et février 1975. Les essais en vol montrent que les deux machines concurrentes possèdent d'indéniables qualités. Au terme d'une compétition qui dura huit mois, de mars à novembre 1976, le Sikorsky YUH-60A est estimé supérieur au Boeing YUH-61A et déclaré vainqueur. L'annonce officielle de cette décision des responsables de l'US Army intervient le 23 décembre 1976. Elle s'accompagne d'une commande de 15 UH-60A de présérie. La machine reçoit alors le nom de baptême d'un chef de guerre amérindien de la tribu Sauk. Sikorsky apprendra quelque temps plus tard une nouvelle beaucoup plus importante: l'US Army a prit la décision de se doter de 1,107 UH-60A Black Hawk. Ceux-ci devront remplacer les UH-1 Iroquois affectés aux missions dites "utilitaires".

Le premier exemplaire UH-60A est livré en octobre 1978, mais il est renvoyé peu de temps après chez le constructeur en vue de sa participation au programme de mesures de performances, auquel prend part également le troisième exemplaire, sur la base aérienne d'Edwards AFB, en Californie. L'hélicoptère de Sikorsky doit à cette occasion révéler de remarquables capacités en effectuant des vols sous une inclinaison de presque 90° et en faisant preuve d'une manoeuvrabilité peu commune pour une machine de cette catégorie. Il entre officiellement en service au sein de l'US Army en janvier 1979. Comme l'UH-1H Iroquois, il est équipé de deux General Electric T700-GE-700 développant chacun une puissance de 1,543 chevaux (1,151 kW). Ces turbomoteurs lui confèrent une vitesse maximale au niveau du sol d'environ 300km/h, et lui permettent de transporter onze fantassins équipés ou 3630kg de frêt sous élingue. Le Black Hawk est non seulement plus rapide que l'Iroquois, mais dispose également d'une capacité d'emport nettement supérieure: 15 UH-60A assurent ainsi le travail de 23 UH-1H.


Plus important encore: en regard du grand nombre d'Iroquois détruits au Vietnam par les tirs venus du sol, le Black Hawk affiche un certain nombre de caractéristiques diminuant de manière significative sa vulnérabilité. Blindage protégeant l'habitacle et ses pilotes, pales du rotor principal résistant aux impacts d'obus de 23mm, et des réservoirs de carburant auto-étanches pouvant encaisser des tirs de calibre 12.7mm.

L'hélicoptère bénéficie en outre de circuits électriques et hydrauliques redondants et séparés, de façon à éviter leur destruction simultanée. La question des dommages subis en opérations constitue l'une des préoccupations essentielles des militaires américains au moment de la définition du programme UTTAS.



Variantes du UH-60 Black Hawk.

1° Missions utilitaires de transport.
  • UH-60A Black Hawk. Version d'origine destinée à des tâches utilitaires (transport) pour le compte de l'US Army. Equipée de deux moteurs General Electric T700-GE-700 de 1,543 chevaux (1,150 kW) chacun. Quatre hommes d'équipage et onze hommes de troupes. Deux mitrailleuses M60 de 7.62mm montées sur les sabords. 2,600 exemplaires produits entre 1977 et 1989.

  • UH-60C Black Hawk. Variante du UH-60A spécialisée dans les contre-mesures électroniques au-dessus du champs de bataille.
  • UH-60L Black Hawk. Version remplaçant les UH-60A sur la chaîne de montage de 1989 à 2007. Deux moteurs T700-GE-701C de 1,890 chevaux (1,409 kW) chacun. 483 exemplaires construits destiné à l'US Army. Performances et capacité d'emport de charge accrues.

    Photo ci-dessous: UH-60L adapté aux opérations polaires et équipés de skis.

  • UH-60M. Version construite à partir de 2007. Réalisée en partie en matériaux composites et gains de poids, instrument et écrans digitaux. Equipée de deux moteurs T700-GE-701D de 2,000 chevaux (1,509 kW) chacun. Crédits accordés par le Congrès pour la production d'environ 1,200 exemplaires.

  • UH-60Q MEDEVAC. UH-60A spécialisée dans l'évacuation médicale (MEDEVAC).


2° Opérations Spéciales (US Army / US Air Force).
  • MH-60A Velcro Hawk. Version modifiée du UH-60A équipée d'une perche de ravitaillement en vol, d'une avionique modernisée, d'une tourelle FLIR, de réservoirs de carburant auxiliaire et de deux moteurs T700-GE-701. Il est surnommé Velcro car la plupart de ces équipements ont été rajoutés après la sortie d'usine des machines. Version destinée à l'US Air Force.
  • MH-60G Pave Hawk. Version destinée aux forces spéciales de l'US Army, identique au HH-60G.

  • MH-60K Black Hawk. MH-60A destiné à l'US Army. Utilisé par le 160th Special Operations Aviation Regiment (160th SOAR) Night Stalkers à Fort Campbell, dans le Kentucky.

  • MH-60L Direct Action Penetrator (DAP). Version destinée aux forces spéciales de l'US Army. Egalement utilisée par le 160th SOAR à Fort Campbell (Kentucky). Armement identique à celui de l'AH-64 Apache: un canon automatique M230 Chaingun de 30mm, de deux paniers lance-roquettes Hydra-70 et de 8 missiles antichars Hellfire. Plus deux mitrailleuses General Electric six-tubes de 7.62mm Gatling montées sur les sabords. Propulsée par deux moteurs T700-GE-701C de 1,890 chevaux (1,409 kW).

    Photo ci-dessous: vues et configuration armement du MH-60L DAP.


3° Opération de sauvetage (US Army / US Air Force / US Navy).
  • HH-60A Night Hawk. Version de recherche et de sauvetage proposée à l'US Air Force. Projet annulé faute de crédit.
  • HH-60G Pave Hawk. Version de recherche et de sauvetage en territoire ennemi (CSAR) réalisée pour le compte de l'US Air Force. Pratiquement identique au MH-60G de l'US Army.

    Photo ci-dessous: HH-60G Pave Hawk de l'US Air Force en Afghanistan. 2013.


4° Version d'attaque.
  • AH-60L Battle Hawk. Version spéciale équipée d'un canon automatique M230 Chaingun de 30mm, deux paniers lance-roquettes Hydra-70 et 38 roquettes FFAR LAU-61C de 70mm, 8 missiles antichars AGM-114 Hellfire.


5° Versions navalisées (US Navy).
  • SH-60B Sea Hawk. Version de l'US Navy destinée à remplacer les SH-3 Sea King. Chargée de la lutte anti-sous-marine et opérant depuis des navires de plus petite taille: destroyer, frégate et croiseur. Mise au standard LAMPS III "Light Airborne Multi-Purpose System". Equipé de deux torpilles Mk46/Mk50, d'un missile antinavire AGM-119B Pinguin, d'un dispositif Forward Looking Infra-Red (FLIR), de bouées acoustiques passives ou actives, de détecteurs d'anomalie magnétique et de nacelles de contre-mesure électroniques. Propulsé par deux turbomoteurs T700-GE-400C développant 1,662 chevaux chacun.

  • SH-60F Ocean Hawk. Version du SH-60B opérant depuis les porte-avions, destinée à la lutte anti-sous-marines et aux opérations de sauvetage (SAR). Equipée de deux moignons d'aile permettant l'emport de 8 missiles antichars AGM-114 Hellfire, de deux torpilles Mk46/Mk50 ou encore de deux missiles antinavire AGM-119B Pinguin, d'un GPS et de système de navigation TACAN/TACNAV, d'un radar Doppler, d'un sonar actif AQS-13F.

  • XSH-60R Strike Hawk. Désignation d'origine du MH-60R.

  • MH-60R Sea Hawk. Version multi-missions destinée à remplacer les SH-60B et SH-60F. Equipée de deux torpilles Mk50, de bouées acoustiques actives/passives, d'un détecteur de périscope, d'un sonar actif en moyenne fréquence (MF), de détecteur de signaux infrarouges, etc.

  • MH-60S Knight Hawk. Version destinée au transport de matériel et de personnel de l'US Navy. Pas d'armes offensives à bord, mais peut être équipé de système d'autoprotection.

  • HH-60H Rescue Hawk. Variante du SH-60B destinée aux missions dites "Recherche et sauvetage de pilotes tombés en territore ennemi" (CSAR), et Naval Special Warfare (NSW), terme désignant les opérations spéciales dans l'US Navy.
  • HH-60J Jayhawk. Version utilisée par l'US Coast Guard.

6° Versions civiles et d'exportations.
  • S-70A-1 Desert Hawk. Variante destinée à l'armée de terre saoudienne.

    Photo ci-dessous: S-70A-1 destiné au transport VIP du Ministère de l'Intérieur saoudien.

  • S-70A-L1 Desert Hawk. S-70A-1 saoudien spécialisé dans l'évacuation médicale.
  • S-70-5 Black Hawk. Variante destinée à la force aérienne des Phillipines.
  • S-70A-9 Black Hawk. Variante destinée à l'armée de terre australienne.

  • S-70-11 Black Hawk. Variante Destinée à la force aérienne jordanienne.

  • S-70-12 Black Hawk. Version de recherche et sauvegate construite sous licence par Mitsubishi et destinée à la force aérienne et à la marine d'autodéfense japonaise. Egalement appellé UH-60J.

  • S-70-14 Black Hawk. Variante destinée à Brunei.
  • S-70-16 Black Hawk. Version britannique de test pour les Rolls-Royce/Turbomeca RTM 332.
  • S-70-17 Black Hawk. Variante destinée à l'armée de terre turque.
  • Westland-Sikorsky S-70-19 Black Hawk. Version britannique construit sous licence par Westland. Désignation WS-70.

  • S-70-21 Black Hawk. Variante destinée à l'Egypte.
  • S-70-24 Black Hawk. Variante destinée au Mexique.
  • S-70-26 Black Hawk. Variante destinée au Maroc.
  • S-70-27 Black Hawk. Variante destinée à Hong Kong.
  • S-70A-42 Black Hawk. Variante destinée à l'Autriche.
  • S-70C. Version à usage civile utilisé par de nombreux pays: Etats-Unis, Chine (République Populaire de), Taiwan, Singapour, Espagne, Mexique, etc.

    Photo ci-dessous: S-70C utilisé par le Département de lutte anti-incendies du Comté de Los Angeles.

  • UH-60A Yanshuf. Version destinée à Israel.


Opérateurs militaires.
  • Australie. 35 S-70A-9 en service en janvier 2011.

    Photo ci-dessous: S-70A-9 de l'Armée de Terre australienne appontant sur l'USS Blue Ridge (LCC-19). Exercice Talisman Saber 2005, 23 juin 2005.

  • Autriche. 9 S-70A-42 en service en janvier 2010.
  • Arabie Saoudite. 12 S-70A (UH-60A) opérationnels en janvier 2011.
  • Bahrein. 2 UH-60A et 8 UH-60L en service.
  • Brésil. [Force Aérienne] 12 UH-60 en service + 15 exemplaires commandés en septembre 2008, dans le cadre d'un Foreign Military Sale (FMS). [Armée de Terre] 4 UH-60L en service + 6 exemplaires commandés en septembre 2008. [Marine Nationale] SH-60 Sea Hawk.
  • Brunei. La Royal Brunei Air Force alligne 4 UH-60L et 2 S-70C en janvier 2011.
  • Chine populaire. La Force Aérienne de l'Armée populaire chinoise compte 22 S-70C en service, utilisés aujourd'hui dans la Région Militaire de Chengdu. Commande initiale de 100 S-70 auprès de Sikorsky, équipés de turbomoteurs T700-GE-7001A. Mais contrat annulé lors de la dégradation des relations USA/Chine, après la livraison du 22ème exemplaire à la fin des années quatre-vingt.
  • Colombie. [Force Aérienne] 32 UH-60A/L et UH-60 Arpia III opérationnels en novembre 2008. [Armée de Terre] 34 UH-60A/L en service + 15 exemplaires commandés en novembre 2008. [Police Nationale] 7 UH-60A en service en août 2010.
  • Chili. 1 UH-60L.
  • Corée du Sud. L'Armée de Terre et la Marine ont reçu respectivement 130 et 10 UH-10P. La Force Aérienne alligne 10 VH-60P et HH-60P. En novembre 2008, les forces sud-coréennes disposent au total de 141 S-70A/UH-60P opérationnels.
  • Egypte. 6 UH-60L en service en janvier 2011, plus 4 UH-60M commandés en septembre 2008, au titre d'un Foreign Military Sale (FMS).
  • Emirats Arabes Unis. 5 S-70A en service en janvier 2010, pour le compte de la Force Aérienne.
  • Etats-Unis. Inventaire en janvier 2010 [Usage militaire]: 1,349 UH-60, 64 EH-60 et 58 MH-60.

    Photo ci-dessous: UH-60A de la Garde Nationale de l'Alaska adaptés au milieu polaire, et équipés de skis.

  • Jordanie. 9 UH-60L en service, plus 2 exemplaires commandés en novembre 2008.
  • Malaisie. 2 UH-60L/S-70A utilisés pour le transport de personnalités (VIP).
  • Maroc. L'escadron Aérien de la Police utilise 2 UH-60L pour le transport de personnalités (VIP).
  • Mexique. [Force Aérienne] 6 UH-60L (S-70A-24). [Marine Nationale] 3 MH-60M, dans le cadre de l'Initiave Merida. [Police Fédérale] UH-60. [Police d'Etat de Jalisco] 1 UH-60.
  • Philippines. Le Groupe Aérien Présidentiel utilise 2 UH-60A (S-70A).
  • Suède. 15 UH-60M commandés en 2011, le premier exemplaire receptionné le 17 janvier 2012.
  • Thailande. L'Armée de terre thai emploie 7 UH-60L (S-70A-43) en novembre 2008.
  • Turquie. Les forces armées et la police turques ont reçu 12 UH-60A/L (S-70A-17) et 95 UH-60L (S-70A-28). L'armée de terre utilise 59 S-70A (UH-60A/L) en janvier 2010.

UH-60 Black Hawk au combat.

1° Israel.

La Force Aérienne israélienne (IAF) reçoit 10 UH-60A en août 1994, provenant des surplus militaires américains. Désignés Yanshuf (Hibou), ils commencent à remplacer les Bell Model 212 dans les tâches utilitaire. Les Yanshuf de l'Etat hébreu sont employés pour la première fois au combat en avril 1996, au cours de l'opération Raisins de la Colère, contre le Hezbollah au Sud-Liban.

Photo ci-dessous: UH-60A Yanshuf israélien. 28 avril 2010.



2° Colombie.

La Colombie reçoit ses premiers UH-60A venant des Etats-Unis en 1987. Employés par la Police Nationale, l'Armée de Terre et l'Armée de l'Air, ils sont régulièrement engagés dans les tâches de lutte anti-insurrectionnelle (Counter-Insurrection, COIN), notamment contre les FARC. La Colombie utilise également une version UH-60L (S-70A-1) "Gunship" du Black Hawk, équipé de moignons d'ailes, de mitrailleuses de 7.62mm et de paniers à roquettes, désigné localement Arpia III (Arpie).

Photo ci-dessous: un UH-60 Arpia III largue des contre-mesures thermiques (Flares). 9 juillet 2011.



3° Etats-Unis.

Le Black Hawk est employé pour la première fois pendant l'opération Urgent Fury, l'intervention américaine sur l'île de la Grenade, dans les Caraïbes, en octobre-décembre 1983.

Photo ci-dessous: trois UH-60A de l'US Army à Point Salines, île de la Grenade, 25 octobre 1983.


Il est déployé lors de l'intervention américaine au Panama, en 1989, puis dans le Golfe Persique en 1990/1991, pendant les opérations Desert Shield et Desert Storm.

Il participe ensuite à l'opération Restore Hope et à l'intervention américaine en Somalie (1992-1993), sous mandat des Nations-Unies, ainsi qu'à la Bataille de Mogadishio (1).

Photo ci-dessous: MH-60L "Super-64" de Michael Durant (160th SOAR) au-dessus de la côte de Mogadishio, durant l'opération Restore Hope, 3 octobre 1993.


Les UH-60 Black Hawk de l'US Army opèrent depuis 2001 en Afghanistan et 2003 en Irak: opérations Enduring Freedom et Iraqi Freedom.

Photo ci-dessous: UH-60L Black Hawk en Irak, 2004.



(1) Blogosphère Mara - Films - Somalie 1993: la Chute du Faucon Noir".


Opération Neptune Spear: la mort de Ben Laden.

1° Recherche et localisation de Ben Laden.

La traque d'Ossama Ben Laden par les Etats-Unis a été longue, difficile et très minitieuse. Mais sa localisation a finalement été confirmée en 2011, grâce aux recoupements d'informations provenants de sources diverses:
  1. Interrogatoires par la CIA de membres d'Al Qaida (Khalid Sheikh Mohammed, Hassan Ghul, Abu Faradj al-Libi, ...) emprisonnés à Guantanamo ou d'autres pays comme l'Espagne, le Maroc ou l'Allemagne.
  2. Ecoutes téléphoniques ou interception de courriers électroniques par la NSA.
  3. Suivi de proches ou de lieutenants de l'intéressé qui ont mené finalement les services de renseignements américains jusqu'à sa résidence secrète d'Abbottabad, au Pakistan.

En 2010, les recherches de la CIA, après plusieurs échecs, aboutissent enfin à l'identification d'un des principaux proches de Ben Laden, lui servant aussi de courrier, Abu Ahmed al-Kuwaiti. C'est finalement celui-ci qui menera les services secrets américains jusqu'à leur objectif. Et pendant de nombreux mois, le domaine qui est suspecté d'abriter le chef d'Al Qaida est placé sous stricte surveillance (visuel, électronique, par sattellite), mais sans jamais parvenir à une absolue certitude quant à sa présence sur place. La CIA lance même une fausse campagne de vaccination, via de vrais médecins pakistanais, pour obtenir l'ADN des personnes présentes, mais cette opération n'aboutit pas.


2° Résidence de Ben Laden à Abbottabad.

Cette résidence est à Abbottabad, une ville de moyenne importance située à approximativement 65km au nord-est de la capitale Islamabad. Cette localité est en outre le siège de la principale académie militaire du pays (qui se situe à 1300 mètres de la propriété surveillée par la CIA). La taille démesurée du domaine (jusqu'à huit fois celle des propriétés aux alentours) et les mesures de sécurité stricte (les habitants du voisinage strictement tenus à l'écart, pas de réseau téléphonique ni d'accès internet) mettent de suite la puce à l'oreille des Américains.

Photo ci-dessous: vue aérienne prise par un sattellite d'observation de la propriété de Ben Laden à Abbottabad, en 2011.


Pendant les mois qui précèdent l'assaut final, les militaires américains tergiversent sur les différentes options et les moyens à mettre en oeuvre pour éliminer leur ennemis public n°1. Les opérations de bombardement ciblé par un drone ou un avion, à l'aide de bombes JDAM ou de missiles guidés, sont écartées, notamment en raison des risques encourus par les habitations voisines.

Ne reste finalement qu'une seule option: un raid commando mené par des forces spéciales, chargées d'investir et de nettoyer la "forteresse" ennemie.


3° Raid des Navy SEALs (1er-2 mai 2011).

Donc le Pentagone décide que l'élimination de Ben Laden sera effectuée par un raid des forces spéciales américaines (SOCOM). L'opération en elle-même est placée sous l'autorité directe du commandant du SOCOM, qui réunit en fait des unités spéciales provenant des quatres services des forces armées américaines (US Army, US Air Force, US Navy et US Marine Corps), l'amiral quatre-étoiles William Harry McRaven.

L'unité désignée pour le raid est l'équipe (Team) n°6 des Navy SEALs, une unité d'élite chargée exclusivement de missions anti-terroristes, qui sera amenée à pied d'oeuvre par deux hélicoptères "furtifs" MH-60L Black Hawk. Deux MH-47D Chinook, avec du carburant supplémentaire et des commandos de soutien, resteront en retrait près à intervenir en cas de besoin. L'opération Neptune Spear est déclenchée, sur ordre personnel du président Obama, dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 à partir des aérodromes de Bagram et de Jalalabad, en Afghanistan.


Les deux Black Hawk, une version spéciale furtive et secrète du MH-60L DAP, et les deux MH-47D Chinook de soutien, qui transportent les 79 commandos SEALs et du carburant supplémentaire, appartiennent à une autre unité spéciale du SOCOM, appartenant à l'US Army, le 160th Special Operations Aviation Regiment (SOAR) Night Stalkers.

Photo ci-dessous: 1° deux MH-60M du 160th SOAR (unité désignée pour mener la phase héliportée du raid) effectuent des manoeuvres d'appontage sur l'USS Bataan, en 2006. 2° Black Hawk spécialement équipé (atténuateurs de bruits de moteurs et revêtement furtif anti-radar) pour cette mission.




L'approche des Night Stalkers s'effectue plus ou moins correctement, mais les pales de rotor de queue d'un des deux Black Hawk accrochent un mur d'enceinte et le MH-60 s'écrase au sol. Malgré cela, le raid est une réussite, et les soupçons des Américains se confirme: Ben Laden est bien présent dans sa "forteresse" cette nuit-là. Après dix-ans de recherche, celui-ci est finalement tué.

Ne reste plus qu'à organiser l'exfiltration des Navy SEALs, des prisonniers capturés (17 dont 3 blessés) et des documents saisis. L'assaut ne fait aucun mort du côté américain, malgré la perte d'un des hélicoptères. Après que la carcasse de celui-ci a été détruite par ses occupants, les commandos et l'équipage SOAR de l'hélicoptère perdu sont alors évacués par un Chinook.

Les opérations au sol auront duré moins d'une heure, et à l'insu des autorités pakistanaises (en raison des fuites possibles). Aux Etats-Unis, l'annonce de la mort de Ben Laden provoque des explosions de joie et l'euphorie dans la population.





Fiche technique (UH-60A).

  • Type. Hélicoptère utilitaire (transport de frêt, de troupe, ravitaillement).
  • Equipage. Quatre membres (un pilote, un copilote, deux mitrailleurs).
  • Dimensions. Longueur du fuselage: 19.76m. Diamètre du rotor principal: 16.36m. Hauteur: 5.13m. Surface du rotor quadripale: 210 m².
  • Masses: A vide: 4,819 kg. Maximale au décollage: 10,660 kg.
  • Propulsion. Deux General Electric T700-GE-700 de 1,543 chevaux (1,150 kW) chacun.
  • Performances. Vitesse maximale: 295km/h. Vitesse de croisière: 278km/h. Rayon d'action de combat: 592km. Distance franchissable maximale avec réservoirs externes: 2,200 km. Vitesse ascensionnelle: 3.6m/s.
  • Armement défensif standard. 2 mitrailleuses M240H (FN Herstal Minimi) de 7.62mm, ou 2 mitrailleuses rotatives de type Gatling (6-tubes) M134 (GAU-17) de 7.62mm, ou encore 2 mitrailleuses rotatives Gatling (6-tubes) GAU-19 de 12.7mm.
  • Armement offensif [optionnel]. 2 paniers à roquettes Hydra-70 de 70mm, ou deux pylones quadruples (4x2) avec 8 missiles antichars AGM-114 Hellfire.

Ci-dessous: GAU-17 rotatif (6-tubes) de 7.62mm montés sur affûts de porte.



Article modifié le 26 juin 2016.


Sources principales:
UH-60 Black Hawk (Wikipedia.org)

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