16 avril - 2 mai 1945 - Allemagne: bataille de Berlin

La bataille de Berlin est la dernière offensive soviétique et la dernière bataille de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre d'opérations européen. Entamée le 16 avril 1945, l'offensive de l'Armée Rouge a pour objectif de mettre fin définitivement au Troisième Reich et au régime nazi d'Adolf Hitler.



Campagne Vistule-Oder en Pologne (12 janvier - 2 février 1945).

Petit retour chronologique en arrière... Au terme de l'opération Bagration, lancée le 22 juin 1944, trois ans jour pour jour après le déclenchement de Barbarossa, les Soviétiques sont entrés en Pologne. Mais depuis août 1944, après avoir anéantit la moitié du Heeresgruppe Centre, libéré la Biélorussie et l'Ukraine, ils marquent le pas sur la rive orientale de la Vistule, laissant le soin à la Wehrmacht et à la Waffen-SS d'écraser le soulèvement de l'Armée Intérieure polonaise à Varsovie.


Puis le 12 janvier 1945, après s'être longuement reconstituée et reposée, l'Armée Rouge repart à l'offensive. L'objectif des Soviétiques est l'Oder, un fleuve qui marque la frontière entre l'Allemagne et la Pologne, qui coule à approximativement 70km à l'est de Berlin.


1° Ordres de bataille allemand et soviétique le 12 janvier 1945.

Le rapport de force est de 5:1 pour les effectifs humains, 4:1 pour les chars et 11:1 pour l'aviation. Le Heeresgruppe A, commandé par le général Joseph Harpe, a en face de lui 2.2 millions d'hommes des 1er Front de Biélorussie et 1er Front d'Ukraine, deux groupes d'armées commandés respectivement par les maréchaux Georgi Joukov et Ivan Koniev. Joseph Harpe, qui sera remplacé une semaine plus tard par le maréchal Ferdinand Schörner, dispose de 450,000 hommes, 1,150 chars et 4,100 pièces d'artillerie. La Luftwaffe alligne de son côté 450 avions. La Wehrmacht compte une trentaine de divisions réparties entre la 9ème Armée allemande, dans la région de Varsovie, la 4ème Panzerarmée, autour du saillant soviétique de Sandomierz/Baranow, et la 17ème armée allemande, qui couvre le flanc sud.


Heeresgruppe (Groupe d'armées) A. Général Joseph Harpe.
[Maréchal Ferdinand Schörner à partir du 20 janvier 1945].

      - XL Panzerkorps (général Siegfried Henrici).
      - XXIV Panzerkorps (général Walter Nehring).

  • 9ème Armée allemande. General Smilo Freiherr von Lüttwitz
    [Général Theodor Busse à partir du 20 janvier 1945].
    • - LVI Panzerkorps (général Johannes Block, Rudolf Koch-Erpach le 26/01/1945).
      - XLVI Panzerkorps (général Martin Fries, Martin Gareis le 19/01/1945).
      - VIII Korps (général Walter Hartmann).

  • 4ème Panzerarmée. Général Fritz-Hubert Gräser.
    • - XLII Korps (général Hermann Recknagel).
      - XLVIII Panzerkorps (général Maximilian von Edelsheim).

  • 17ème Armée allemande. Général Friedrich Schulz.
    • - LIX Korps (général Edgar Röhricht).
      - XI Panzerkorps-SS (SS-Obergruppenführer Matthias Kleinheisterkamp).

En face, Joukov et Koniev allignent 22 armées, dont une polonaise et deux aériennes, et 163 divisions. Les effectifs s'établissent à 2.2 millions d'hommes, 4,520 chars, 2,513 canons automoteurs d'assaut, 13,763 pièces d'artillerie, 14,812 mortiers, 4,936 canons anti-chars, 2,198 lance-fusées Katiusha et environ 5,000 avions. Du nord au sud:

1ère Front de Biélorussie. Maréchal Georgi Joukov.
  • 16ème Armée aérienne soviétique. Général Sergei Rudenko.
  • 47ème Armée soviétique. Général Franzu Perkhorovich.
  • 1ère Armée polonaise. Général Zygmunt Berling.
  • 3ème Armée de choc soviétique. Général Nikolai Simoniak.
  • 2ème Armée de la Garde soviétique. Général Porfirii Chanchibadze.
  • 5ème Armée de choc soviétique. Général Nikolai Berzarin.
  • 8ème Armée de la Garde soviétique. Général Vitalii Beliavskii.
  • 1ère Armée blindée de la Garde soviétique. Général Mikhail Katukov.
  • 69ème Armée soviétique. Général Vladimir Kolpakchi.
  • 33ème Armée soviétique. Général Vyacheslav Tsvetaev.

1ère Front d'Ukraine. Maréchal Ivan Koniev.
  • 2ème Armée aérienne soviétique. Général Stepan Krasovskii.
  • 6ème Armée soviétique. Général Vladimir Gluzdovski.
  • 4ème Armée blindée soviétique. Général Dmitrii Leliushenko.
  • 3ème Armée blindée de la Garde soviétique. Général Pavel Rybalko.
  • 3ème Armée de la Garde soviétique. Général Vasilii Gordov.
  • 13ème Armée soviétique. Général Nikolai Pukhov.
  • 52ème Armée soviétique. Général Konstantin Koroteev.
  • 5ème Armée de la Garde soviétique. Général Alexei Zhadov.
  • 59ème Armée soviétique. Général Ivan Korovnikov.
  • 60ème Armée soviétique. Général Pavel Kurochkin.
  • 21ème Armée soviétique. Général Dmitrii Gusev.

2° Assaut soviétique (12 janvier - 2 février 1945).

Sept lignes fortifiées allemandes ont été établies entre la Vistule et l'Oder-Neisse, la plus importante étant la ligne qui longe directement le cours de la Vistule.

Opération Sandomierz-Silésie. Le 12 janvier 1945, à 4h35 du matin, Koniev s'ébranle à partir de sa tête de pont de Sandomierz/Baranow, vers Breslau (Wroclaw), Kielce, Oppeln et Cracovie.

Opération Varsovie-Poznan. Au nord, Joukov s'élance deux jours plus tard, le 14 janvier à 8h30, à partir du saillant de Magnuszow-Pulawy, vers Varsovie, Lodz et Breslau.

Sur la Vistule, la première ligne de défense allemande est complètement percée en vingt-quatre heures par Koniev. En cinq jours (12-17 janvier 1945), les Soviétiques progressent sur un front large de 500km et sur une profondeur variant de 100km à 150km.

Adolf Hitler, absorbé par la situation dans les Ardennes, en Belgique, a affaiblit le Front de l'Est au profil du front occidental, et a certainement largement contribué au futur effondrement du front allemand en Pologne. En dépit des avertissements de Heinz Guderian et de Reinhard Gehlen, le chef des Services de Renseignement allemands à l'Est, le Führer a refusé de croire que les Soviétiques puissent lancer une offensive de grande ampleur avant mars ou avril 1945.

Le 9 janvier 1945, Gehlen avait annoncé que les Soviétiques s'apprêtaient à mettre les Allemands à genoux mais Hitler ne le crût pas et, trois jours plus tard, comme il l'avait prévu, l'offensive générale soviétique se concrétise.

La campagne Vistule-Oder était initialement programmée pour la fin du mois, mais Staline, sous la pression des Anglo-Américains soucieux de la situation dans les Ardennes, en a avancé la date. Les grandes lignes de cette offensive ont été établies en novembre 1944. Le choix de Staline s'est porté sur le chemin le plus court vers la capitale ennemie: l'axe Varsovie-Poznan-Frankfurt/Oder-Berlin.

L'avance de l'Armée Rouge est foudroyante, la garnison allemande de Kielce menacée d'encerclement. Les réserves blindées du Heeresgruppe A, le XXIV Panzerkorps, sont mises à disposition de la 4ème Panzerarmée pour freiner le rouleau compresseur soviétique, mais elles se font étrillées par l'aviation soviétique et subissent de lourdes pertes avant d'avoir atteint Kielce.

Le XLVIII Panzerkors, qui protège le flanc sud de la 4ème Panzerarmée, est complètement détruit. La plupart des unités du XLII Korps, plus au nord, subissent le même sort.

Le 14 janvier 1945, le 1er Front d'Ukraine traverse en force la rivière Nida et progresse vers Radomsko et la Warthe. A 8h30, après une longue préparation d'artillerie, le 1er Front de Biélorussie entame son offensive depuis ses deux têtes de pont de Magnuszew et de Pulawy. A partir de Pulawy, la 69ème Armée soviétique met en pièce le LVI Panzerkorps et prend Radom.

Dans le même temps, la 47ème Armée soviétique fait mouvement et franchit la Vistule au nord de Varsovie, dans un large mouvement pour déborder la ville martyre, pendant que la 61ème Armée soviétique et la 1ère Armée polonaise effectuent un mouvement tournant similaire depuis le sud.

La seule contre-attaque allemande, imposée par Hitler contre l'avis de Guderian, survient le 15 janvier, effectuée par le Panzerkorps Grossdeutschland rappellé d'urgence de Prusse-Orientale, pour tenter de combler la brêche ouverte dans le secteur de la 4ème Panzerarmée. Mais l'avancée des forces de Joukov force les Allemands à la stopper avant d'avoir atteint son objectif. Couvrant la retraite de la 9ème Armée armée, le Panzekorps Grossdeutschland abandonne ses positions vers le sud-ouest pour atteindre la Warthe.

Le 17 janvier 1945, au nord, la 1ère Armée polonaise pénètre dans les ruines de Varsovie. Au sud, Koniev a deux nouveaux objectifs: Cracovie et Breslau (Wroclaw), le coeur industriel de la Haute-Silésie défendu par la 17ème Armée allemande. Koniev ordonne aux 59ème et 60ème Armées soviétiques d'avancer de front vers Breslau, pendant que la 21ème Armée l'encercle par le nord. La ville tombe le 19 janvier, ce qui oblige la 17ème Armée allemande à évacuée toute la région industrielle. La 3ème Armée blindée de la Garde soviétique se dirige vers Breslau et atteint l'Oder le 20 janvier.

Ce qui reste de la 4ème Panzerarmée tente de rejoindre les lignes allemandes. Le 18 janvier 1945, le XXIV Panzerkorps se retire vers l'ouest, absorbant les survivants du LII Panzekorps détruit autour de Przysucha, et atteint la Warthe le 22 janvier.

A cette date, les unités avancées soviétiques se retrouvent à 350km de leurs positions de départ et ont l'atteint la rive orientale de l'Oder en plusieurs endroits.


Le 25 janvier 1945, le commandant de la 17ème Armée allemande, le général Friedrich Schulz, demande à Berlin l'autorisation de retirer ses 100,000 hommes menacés d'encerclement de Katowice vers l'Oder, mais Hitler refuse catégoriquement. Sur le flanc nord de Koniev, la 4ème Armée blindée de la Garde soviétique créée une tête de pont sur l'Oder à Steinau. La 5ème Armée de la Garde en forme une seconde à Olhau, au sud-est de Breslau.

Du 25 janvier au 2 février 1945, le 1er front de Biélorussie de Joukov, après avoir progressé de cinq cents kilomètres en deux semaines, établit lui aussi des têtes de ponts sur l'Oder, dernier obstacle naturel avant Berlin, distante d'environ 70km. Dans la population allemande, malgré la propagande "rassurante" de Joseph Goebbels, c'est désormais la panique. Des centaines de milliers de personnes abandonnent leur foyer et fuient vers l'Ouest l'avancée de l'Armée Rouge.

Le 26 janvier 1945, le Heeresgruppe A est dissous, ce qui reste de ses armées est absorbé par le Heeresgruppe de la Vistule du SS-Reichführer Heinrich Himmler, au nord, et le Heeresgruppe Centre, commandé par le maréchal Ferdinand Schörner, au sud. Adolf Hitler renomme ses Groupes d'armées: le Heeresgruppe Nord, lui-même isolé de la Prusse-Orientale dans une seconde poche au nord des Pays Baltes, devient le Heeresgruppe Courlande. Le Heeresgruppe Centre devient le Heeresgruppe Nord. Il vit désormais déconnecté de la réalité.

Le 27 janvier 1945, au sud-ouest de Cracovie, des unités de la 60ème Armée soviétique du 1er Front d'Ukraine pénètrent dans le camp d'extermination d'Auschwitz, abandonné par ses gardiens.



3° Opérations soviétiques contre la Prusse-Orientale (13 janvier - 25 avril 1945).

Vingt-quatre heures après Ivan Koniev, c'est le tour des 2ème et 3ème Fronts de Biélorussie, commandés par le maréchal Konstantin Rokossovski et le général Ivan Tcherniakhovski, avec 17 armées, 146 divisions et 1.8 million d'hommes, de déclencher leur offensive. Attaque dirigée contre la Prusse-Orientale, défendue par le Heeresgruppe Centre, renommé le 26 janvier Heeresgruppe Nord par Hitler, du général Georg-Hans Reinhardt. Rokossovski attaque à gauche, à partir de la Narew, avec pour objectif final Dantzig (Gdansk), Gdynia et Elblag. Il a en face de lui la 2ème Armée allemande du général Walter Weiss et doit progresser vers Deutsch Eylau et Bidgoszcz (Bromberg). Tcherniakhovski avance à droite vers Insterburg, Tilsit et Koenigsberg (Kaliningrad). Devant lui la 3ème Panzerarmee du général Erhard Raus.

Forces soviétiques affectées à l'opération, de droite à gauche.

3ème Front de Biélorussie. Général Ivan Tcherniakhovski.
  • 1ère Armée de l'Air soviétique. Général Timofei Khriukin.
  • 18ème Armée de l'Air soviétique. Général Alexandre Golovanov.
  • 43ème Armée soviétique. Général Afanasii Bieloborovdov.
  • 39ème Armée soviétique. Général Ivan Liudnikov.
  • 11ème Armée de la Garde soviétique. Général Kuzma Galitskii.
  • 5ème Armée soviétique. Général Nikolai Krylov.
  • 28ème Armée soviétique. Général Alexandre Lutchinskii.
  • 31ème Armée soviétique. Général Petr Shafronov.

2ème Front de Biélorussie. Maréchal Konstantin Rokossovski.
  • 4ème Armée de l'Air soviétique. Général Nikolai Papivin.
  • 50ème Armée soviétique. Général Ivan Boldin.
  • 49ème Armée soviétique. Général Ivan Grishin.
  • 3ème Armée soviétique. Général Alexandre Gorbatov.
  • 48ème Armée soviétique. Général Nikolai Gusev.
  • 5ème Armée blindée de la Garde soviétique. Général Vasilii Volskii.
  • 2ème Armée de choc soviétique. Général Ivan Fediuninskii.
  • 65ème Armée soviétique. Général Pavel Batov.
  • 70ème Armée soviétique. Général Vasilii Popov.

Sur le flanc nord de Tcherniakhovski, disposée sur le Niemen face à la 3ème Panzerarmee, une partie du 1er Front de la Baltique commandé par le général Hovhannes Bagramyan, participe également à l'offensive de l'Armée Rouge.

1er Front de la Baltique. Général Hovhannes Bagramyan.
  • 3ème Armée de l'Air soviétique. Général Nikolaï Papivin.
  • 4ème Armée de Choc. Général Petr Malyshev.
  • 6ème Armée de la Garde. Général Ivan Chistyakov.
  • 43ème Armée soviétique. Général Afanasii Bieloborovdov.

Rokossovski a en face de lui la 2ème Armée allemande du général Walter Weiss et doit progresser vers Deutsch Eylau et Bidgoszcz (Bromberg). Sa 70ème Armée soviétique débordera Varsovie par le nord.

Tcherniakhovski et Bagramyan doivent avancer à droite, en partant du Niemen, vers Insterburg, Tilsit et Koenigsberg (Kaliningrad). Devant eux la 3ème Panzerarmee du général Erhard Raus.

Heeresgruppe Centre [renommé Heeresgruppe Nord le 26/01/1945].
Général Georg-Hans Reinhardt [maréchal Ferdinand Schörner le 17/01/1945]


De gauche à droite,
  • 3ème Panzerarmee. Général Erhard Raus.
      - XXVIII Korps (général Hans Gollnick).
      - XXVI Korps (général Gerhard Matzky).
      - IX Korps (général Rolf Wuthmann).
  • 4ème Armée allemande. Général Friedrich Hossbach
    [Général Friedrch-Wilhelm Müller le 30/01/1945]
      - XLI Panzerkorps (général Rudolf Hostle).
      - VI Korps (général Horst Grossmann).
      - VII Panzerkorps (général Mortimer von Kessel).
      - Korps Panzer/Para "Hermann Goering" (général Wilhelm Schmalz).
      - XX Korps (général Rudolf Freiherr von Roman).
      - LV Korps (général Friedrich Herrlein).
  • 2ème Armée allemande. Général Walter Weiss.
      - XXVII Korps (général Walter Hörnlein).
      - XXIII Korps (général Walter Melzer).
      - XVI Korps-SS (SS-Obergruppenführer Karl-Martin Demelhuber).
      - V Korps-SS de montagne (SS-Brigadeführer Karl Ritter von Oberkamp).

L'attaque de Tcherniakhovski ne commence pas très bien. Le général Erhard Raus a anticipé l'attaque soviétique et, de nuit et à leur insu, évacué ses premières lignes vers des positions moins exposées plus à l'intérieur. Ce qui fait que la préparation d'artillerie soviétique demeure pratiquement sans effet sur le dispositif allemand. Les Allemands s'offrent même le luxe de lancer quelques contre-attaques locales réussies. A l'exception de la 39ème Armée soviétique sur le flanc droit, l'avance de ce dernier est quasi nulle.

Le 2ème Front de Biélorussie, en partant de ses têtes de pont sur la Narew, a plus de chances. Rokossovski est chargé d'effectuer un large mouvement tournant au nord et au nord-ouest, vers Dantzig et l'embouchure de la Vistule. Dans ce secteur, Rokossovski réalise des percées en peu partout, bien que moins rapides que prévues. L'Armée Rouge avance lentement, au prix de très lourdes pertes. Au nord, sur le Niemen, le 1er Front de la Baltique perce le front de la 3ème Panzerarmee et créé une tête de pont à Memel. Ce qui oblige finalement Raus à décrocher vers Koenigsberg pour éviter l'encerclement et l'anéantissement.

Rokossovski attaque sur la Narew le 14 janvier 1945. Le 20 janvier 1945, il reçoit l'ordre de se diriger vers Elbing. Ce changement de l'axe d'attaque des Soviétiques surprend le commandant de la 4ème Armée allemande, le général Friedrich Hossbach. Le 22 janvier, sur le flanc droit de Rokossovski, son 3ème Corps de cavalerie de la Garde s'empare d'Allenstein, ce qui constitue une menace potentiellement sur les arrières d'Hossbach. Le 24 janvier, il atteint la côte de la mer Baltique près de l'embouchure de l'Oder et entame le siège de Kolberg, isolant ainsi en Prusse-Orientale et en Poméranie tout le Heeresgruppe de la Vistule.


Stabilisation du front de l'Oder-Neisse (février - 15 avril 1945).

Après avoir effectuée une avance spectaculaire de plus de 500km en trois semaines, les troupes des 1er Front de Biélorussie et 1er Front d'Ukraine marquent un temps d'arrêt. L'Armée Rouge s'installe sur la rive orientale de l'Oder-Neisse. Elle doit éliminer les poches allemandes qu'elle a laissé derrière elle en Pologne et en Prusse-Orientale.

L'attention de Joseph Staline se détourne temporairement du front de l'Oder-Neisse vers d'autres secteurs. Au sud, en Hongrie, les combats dans Budapest et sur le Danube font rage. En Autriche, le 3ème Front d'Ukraine du maréchal Fedor Tolbouckhine encercle Vienne, défendue par la 6ème Panzerarmee-SS de Joseph "Sepp" Dietrich.

Au nord, l'Armée Rouge se concentre dans l'élimination des poches allemandes qu'elle a laissé de côté en Pologne, en Prusse-Orientale et en Poméranie: Koenigsberg, Breslau (Wroclaw), Dantzig et Poznan. Ce répit inespérée permet aux Allemands de constituer la garnison de Berlin, de reformer des lignes de défense sur l'Oder-Neisse, dernier obstacle naturel à environ 70km à l'est de la capitale.

Au début du mois d'avril 1945, la garnison de Berlin, la "Zone de défense du Grand Berlin", se limite aux unités suivantes:
  • 1re Flak-Division de défense anti-aérienne, installée dans trois grands bunkers: le bunker du Zoo Tiergarten, le Humboldthain et le Friedrichshain.
  • Bataillon SS français Charlemagne.
  • Neuf compagnies du Wacht-Regiment ("Régiment de la garde") Grossdeutschland.
  • Deux bataillons de gendarmerie (Feldgendarmerie).
  • Deux bataillons du génie militaire.
  • Vingt bataillons du Volksturm déjà créés et vingt autres en cours de formation.
Ces unités hétéroclites d'une qualité médiocre au combat, se répartissent alors en deux catégories: la Volksturm.I, dont les membres sont équipés de quelques fusils et armes antichars (Panzerfausten), et la Volksturm.II, totalement désarmée.


Cette force de 60,000 volontaires se réduit, lors des combats, à quelques petits groupes de Hitler Jugend (Jeunesses Hitlériennes) fanatiques préposés à la lutte antichars, servant des canons de 88mm de la FlaK, ou armés de panzerfaust capables de détruire un char T34 soviétique, arme dont l'efficacité est redoutable entre 10 et 15 mètres mais dont l'utilisation dans ces conditions signe presque obligatoirement l'arrêt de mort du servant.




La garnison de Berlin comprend également le bataillon Charlemagne, dont les 363 membres, issus des restes de la division Panzergrenadiers-SS française Charlemagne, sont parmis les mieux équipés de la Wehrmacht: Sturmgewehr Maschinen pistole model 1944 (StG-44) et mitrailleuses lourdes MG-42. Encore plus fanatiques que les Waffen SS allemands, ils doivent défendre le dernier "carré": l'intérieur du Reichstag et les accès du Bunker souterrain d'Hitler.

Pendant ce temps, les Alliés occidentaux avancent encore plus vite que les Soviétiques. Les Américains ont capturé un pont intact sur le Rhin, à Remagen (1). La 3ème Armée américaine du général George Patton déferle dans le bassin industriel de la Sarre et le Palatinat. Dans le nord-ouest, la 1ère Armée américaine du général Courtney Hodge et le XXIème Groupes d'Armées alliées de l'Anglais Bernard Montgomery encerclent tout le Heeresgruppe B du maréchal Walter Model dans le Bassin Industriel de la Ruhr, et 380,000 soldats allemands se retrouvent pris au piège dans une immense poche.

Politiquement, lors de la conférence de Yalta, en février 1945, Franklin Roosevelt et Winston Churchill ont laissé aux Soviétiques le soin d'investir Berlin. Sur le front, le commandant en chef des forces alliées, le général Dwight Eisenhower, doit à plusieurs reprises freiner l'"ardeur" et la progression de ses troupes, et en particulier de "Patton le Fonceur". Roosevelt et Churchill ont fixé la limite de l'avance des Alliés occidentaux sur la rive occidentale de l'Elbe. Les Américains et les Britanniques n'iront pas plus loin.



(1) Blogosphère Mara, "7 mars 1945 - Allemagne: capture du pont Ludendorff à Remagen".
http://jacqueline-devereaux.blogspot.com/2009/03/7-mars-1945-allemagne-capture-du-pont.html



Opération Berlin: offensive finale soviétique (16 avril - 2 mai 1945).

1° Ordre de bataille soviétique le 16 avril 1945.

Présentons le compte des forces soviétiques qui vont s'engager dans cette dernière bataille en Europe. Les trois Fronts qui s'apprêtent à donner le coup de grâce à l'Allemagne nazie comptent pas moins de trente armées, 2.5 millions d'hommes, 3,827 chars, 2,334 canons automoteurs d'assaut, 4,520 canons antichars, 3,411 canons anti-aériens, 15,654 pièces d'artillerie de campagne, 6,700 avions, et 96,000 véhicules.


Au centre, le 1er Front de Biélorussie du maréchal Georgi Joukov, qui grosso modo fait face à la 9ème Armée allemande. Il entre dans la bataille avec treize armées, dont deux dites "de Choc", la 8ème Armée de la Garde du général Vasilii Tchouikov, le vainqueur de Stalingrad, les 1ère et 2ème Armées blindées de la Garde des généraux Michael Katukov et Semen Bogdanov, et la 1ère Armée polonaise du général Zigmunt H. Berling. Il dispose également de huit divisions d'artillerie et de la 16ème Armée aérienne du général Sergei Rudenko. C'est à lui qu'incombe la mission prestigieuse d'investir la capitale allemande.

1er Front de Biélorussie. Maréchal Georgi K. Joukov.
Treize armées, dont deux de Choc et deux blindées de la Garde.
Disposées ainsi du nord au sud,
  • 61ème Armée soviétique. Général Pavel A. Belov.
    • 9ème Corps de fusiliers de la Garde (Afanasii Shemenkov).
    • 80ème Corps de fusiliers (Dimitri Kuzmin).
    • 89ème Corps de fusiliers (Mikhail Syazov).
  • 1ère Armée polonaise. Général Zigmunt H. Berling.
    • 1ère, 2ème, 3ème, 4ème et 6ème Divisions d'infanterie polonaises.
    • 1ère Brigade de cavalerie polonaise.
    • 4ème Brigade blindée polonaise.
    • 13ème Brigade d'artillerie d'assaut polonaise.
  • 47ème Armée soviétique. Général Franzu I. Perkhorovitch.
    • 77ème Corps de fusiliers (Viktor Pozniak).
    • 125ème Corps de fusiliers (Andrei Andreyev).
    • 129ème Corps de fusiliers (Mikhail Anaskin).
    • 70ème Régiment de chars indépendant de la Garde.
    • 334ème, 1204ème, 1416ème, 1825ème et 1892ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 3ème Armée de Choc soviétique. Général Vasilii I. Kutznetsov.
    • 7ème Corps de fusiliers (Vladimir A. Chistov): 146ème, 265ème et 364ème Divisions de fusiliers.
    • 12ème Corps de fusiliers de la Garde (Alexandre F. Kazankin): 23ème et 52ème Divisions de fusiliers de la Garde. 33ème Division de fusiliers.
    • 79ème Corps de fusiliers (Semen I. Perevertkin): 150ème, 171ème et 207ème Divisions de fusiliers.
    • 9ème Corps de chars (Ivan F. Kirichenko): 23ème, 95ème et 108ème Brigades blindées.
    • 8ème Régiment de fusiliers motorisés.
    • 1455ème et 1508ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 2ème Armée blindée de la Garde. Général Semen I. Bogdanov.
    • 1er Corps mécanisé (Semen I. Krivoshein): 19ème, 35ème et 37ème Brigades mécanisées.219ème Brigade blindée. 347ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde. 75ème et 1822ème Régiments d'artillerie d'assaut.
    • 9ème Corps blindé de la Garde (Alexei F. Popov): 47ème, 50ème et 65ème Brigade blindées de la Garde. 33ème Brigade mécanisée de la Garde. 341ème, 369ème et 386ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 12ème Corps blindé de la Garde (Nikolai K. Teliakov): 48ème, 49ème et 66ème Brigades blindées de la Garde. 34ème Brigade mécanisée de la Garde. 79ème Régiment de chars de la Garde. 387ème et 393ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 6ème Régiment de chars indépendant de la Garde.
  • 5ème Armée de Choc soviétique. Général Nikolai E. Berzarin.
    • 9ème Corps de fusiliers (Ivan P. Rosly): 230ème, 248ème et 301ème Divisions de fusiliers.
    • 26ème Corps de fusiliers de la Garde (Pavel A. Firsov): 89ème Division de fusiliers de la Garde. 94ème et 266ème Divisions de fusiliers.
    • 32ème Corps de fusiliers (Dimitri S. Zherebin): 60ème Division de fusiliers de la Garde. 295ème et 416ème Divisions de fusiliers.
    • 11ème et 67ème Brigades blindées de la Garde.
    • 220ème Brigade blindée.
    • 92ème Régiment de chars indépendant.
    • 396ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 1504ème Régiment d'artillerie d'assaut.
  • 1ère Armée blindée de la Garde. Général Mikhail Y. Katukov.
    • 8ème Corps mécanisé de la Garde (Ivan F. Driomov): 19ème, 20ème et 21ème Brigades mécanisées de la Garde. 1ère Brigade blindée de la Garde. 48ème Régiment de chars de la Garde. 353ème et 400ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 11ème Corps blindé de la Garde (Amazasp H. Babadshanian): 40ème, 44ème et 45ème Brigades blindées de la Garde. 27ème Brigade mécanisée de la Garde. 362ème et 399ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde. 1454ème Régiment d'artillerie d'assaut.
    • 11ème Corps blindé (Ivan I. Iushchuk): 20ème, 36ème et 65ème Brigades blindées. 12ème Brigade de fusiliers motorisés. 50ème Régiment de chars de la Garde. 1461ème et 1493ème Régiments d'artillerie d'assaut.
    • 64ème Brigade blindée de la Garde.
    • 19ème Brigade d'artillerie d'assaut.
    • 11ème Régiment de chars indépendant de la Garde.
  • 8ème Armée de la Garde soviétique. Général Vasilii I. Chuikov.
    • 4ème Corps de fusiliers de la Garde (Vasilii A. Glazonov): 35ème, 47ème et 57ème Divisions de fusiliers de la Garde.
    • 28ème Corps de fusiliers de la Garde (Dimitri Monakhov): 39ème, 79ème et 88ème Divisions de fusiliers de la Garde.
    • 29ème Corps de fusiliers de la Garde (Andrei Shtemenko): 27ème, 74ème et 82ème Divisions de fusiliers de la Garde.
    • 7ème Brigade blindée de la Garde.
    • 84ème Régiment de chars indépendant de la Garde.
    • 65ème et 259ème Régiments de chars indépendants.
    • 371ème et 374ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 694ème, 1026ème, 1061ème, 1087ème et 1200ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 69ème Armée soviétique. Général Vladimir Y. Kolpakchi.
    • 25ème Corps de fusiliers (Nikolai Trufanov).
    • 61ème Corps de fusiliers (Ivan Grigorevsky).
    • 91ème Corps de fusiliers (Fedor Volkov).
    • 117ème et 283ème Divisions de fusiliers.
    • 68ème Brigade blindée.
    • 12ème Brigade d'artillerie d'assaut.
    • 344ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 1205ème, 1206ème et 1221ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 33ème Armée soviétique. Général Vyacheslav D. Tsvetaev.
    • 16ème Corps de fusiliers (Efim Dobrovolsky).
    • 38ème Corps de fusiliers (Alexandre Utvenko).
    • 62ème Corps de fusiliers (Iakov Vorobev).
    • 95ème Division de fusiliers.
    • 257ème Régiment de chars indépendant.
    • 360ème et 361ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 3ème Armée soviétique. Général Alexandre V. Gorbatov.
    • 35ème Corps de fusiliers (Nikolai Nikitin).
    • 40ème Corps de fusiliers (Vladimir Kuznetzov).
    • 41ème Corps de fusiliers (Viktor Urbanovitch).
    • 2ème Corps de cavalerie de la Garde (Vladimir Kriukov).
    • 3ème Corps de cavalerie de la Garde (Nikolai Oslikovsky).
    • 7ème Corps de cavalerie de la Garde (Mikhail Konstantinov).
    • 3ème Corps blindé de la Garde (Alexei Panfilov).
    • 8ème Corps blindé de la Garde (Alexei Popov).
    • 244ème Régiment de chars indépendant.
    • 1812ème, 1888ème et 1901ème Régiments d'artillerie d'assaut.
    • 31ème, 39ème, 51ème et 55ème Bataillons de trains blindés indépendants.
  • 16ème Armée aérienne soviétique. Général Sergei I. Rudenko.
    • 6ème Corps aérien d'assaut.
    • 9ème Corps aérien d'assaut.
    • 3ème Corps aérien de bombardement.
    • 6ème Corps aérien de bombardement.
    • 1ère Corps aérien de chasse de la Garde.
    • 3ème Corps aérien de chasse (Ivan Savitsky).
    • 6ème Corps aérien de chasse (Ivan Deusov).
    • 13ème Corps aérien de chasse.
    • 1ère Division aérienne de chasse de la Garde.
    • 240ème, 282ème et 286ème Divisions aériennes de chasse.
    • 2ème et 11ème Divisions aériennes d'assaut de la Garde.
    • 113ème, 183ème, 188ème et 221ème Divisions aériennes de bombardement.
    • 9ème Division aérienne de bombardement nocturne de la Garde.
    • 16ème et 72ème Régiments aériens de reconnaissance.
    • 93ème et 98ème Régiments aériens d'observation.
    • 176ème Régiment aérien de chasse de la Garde.
    • 226ème Régiment aérien de transport.
  • 18ème Armée aérienne soviétique. Maréchal Alexandre Y. Golovanov.
    • 1er Corps aérien de bombardement de la Garde (Vladimir Ushakov).
    • 2ème Corps aérien de bombardement.
    • 3ème Corps aérien de bombardement.
    • 4ème Corps aérien de bombardement.
    • 45ème Division aérienne de bombardement.
    • 56ème Division aérienne de chasse.
    • 742ème Régiment aérien de reconnaissance.


Sur sa gauche, au sud, le 1er Front d'Ukraine d'Ivan Koniev encadre dix armées, dont les 3ème et 5ème Armées de la Garde, les 3ème et 4ème Armées blindées de la Garde, la 2ème Armée polonaise. Il dispose en outre de la 2ème Armée aérienne. Il lui incombe, après avoir percé les positions allemandes sur la Neisse, d'exploiter sa percée sur l'axe Bautzen-Dresde, mais, pour le cas où il verrait sa poussée se ralentir, il doit se tenir près à faire pivoter ses forces vers le nord en direction de Berlin pour participer à l'assaut sur la capitale ennemie.

1er Front d'Ukraine. Maréchal Ivan Koniev.
Dix armées, dont deux blindées de la Garde.
Disposées ainsi du nord au sud,
  • 3ème Armée de la Garde. Général Vasilii N. Gordov.
    • 21ème Corps de fusiliers (Alexei Iamanov).
    • 76ème Corps de fusiliers (Mikhail Glukhov).
    • 120ème Corps de fusiliers (Semen Donskov).
    • 25ème Corps blindé (Eugenii Fominykh).
    • 389ème Division de fusiliers.
    • 87ème Régiments de chars indépendant de la Garde.
    • 938ème Régiment d'artillerie d'assaut.
  • 3ème Armée blindée de la Garde. Général Pavel S. Rybalko.
    • 6ème Corps blindé de la Garde (Vasilii A. Mitrofanov): 51ème, 52ème et 53ème Brigades blindées de la Garde. 22ème Brigade de fusiliers motorisés de la Garde. 385ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde. 1893ème et 1894ème Régiments d'artillerie d'assaut.
    • 7ème Corps blindé de la Garde (Vasilii V. Novikov): 54ème, 55ème et 56ème Brigades blindées de la Garde. 23ème Brigade de fusiliers motorisés de la Garde. 384ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde. 702ème et 1977ème Régiment d'artillerie d'assaut.
    • 9ème Corps mécanisé (Ivan P. Sukhov): 69ème, 70ème et 71ème Brigades mécanisées. 91ème Brigade blindée. 383ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde. 1507ème et 1978ème Régiment d'artillerie d'assaut.
    • 16ème Brigade d'artillerie d'assaut.
    • 57ème Régiment de chars indépendant de la Garde.
    • 90ème Régiment de chars indépendant.
  • 13ème Armée soviétique. Général Nikolai P. Phukov.
    • 24ème Corps de fusiliers (Dimitri Onuprienko).
    • 27ème Corps de fusiliers (Filipp Cherokmanov).
    • 102ème Corps de fusiliers (Alexandre Petrushevsky).
    • 88ème Régiment de chars indépendant.
    • 327ème et 372ème Régiments d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 768ème et 1228ème Régiments d'artillerie d'assaut.
  • 4ème Armée blindée de la Garde. Général Dimitri D. Lelyushenko.
    • 5ème Corps mécanisé de la Garde (Ivan Ermakov).
    • 6ème Corps mécanisé de la Garde (Sergei Pusikarev).
    • 10ème Corps blindé de la Garde (Eugenii Belov).
    • 68ème Brigade blindée de la Garde.
    • 70ème Brigade d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 13ème et 119ème Régiments de chars indépendants de la Garde.
  • 5ème Armée de la Garde. Général Alexei S. Zhadov.
    • 32ème Corps de fusiliers de la Garde (Alexandre Rodimtsev).
    • 33ème Corps de fusiliers de la Garde (Nikita Lebedenko).
    • 34ème Corps de fusiliers de la Garde (Gleb Baklanov).
    • 4ème Corps blindé de la Garde (Pavel Poluboiarov).
  • 2ème Armée polonaise. Général Karol K. Swierczewski.
    • 5ème, 7ème, 8ème, 9ème et 10ème Divisions d'infanterie polonaises.
    • 1er Corps blindé polonais.
    • 16ème Brigade blindée polonaise.
    • 5ème Régiment de chars indépendant polonais.
    • 28ème Régiment d'artillerie d'assaut polonais.
  • 52ème Armée soviétique. Général Konstantin A. Koroteyev.
    • 48ème Corps de fusiliers (Alexei Grechkin).
    • 73ème Corps de fusiliers (Sarkis Martirosian).
    • 78ème Corps de fusiliers (Alexandre Akimov).
    • 7ème Corps mécanisé de la Garde (Ivan Korchagin).
    • 213ème Division de fusiliers.
    • 8ème Brigade d'artillerie d'assaut.
    • 124ème Régiment de chars indépendant.
    • 1198ème Régiment d'artillerie d'assaut.
  • 28ème Armée soviétique. Général Alexandre A. Luchinsky.
    • 20ème Corps de fusiliers (Nikolai Shvarev).
    • 38ème Corps de fusiliers de la Garde (Alexandre Kapitochin).
  • 31ème Armée soviétique. Général Petr G. Shafronov.
    • 1er Corps de cavalerie de la Garde (Viktor Baranov).
    • 152ème Brigade blindée.
    • 98ème Régiment de chars indépendants.
    • 368ème Régiment d'artillerie d'assaut de la Garde.
    • 416ème et 1976ème Régiments d'artillerie d'assaut.
    • 21ème, 45ème, 49ème et 58ème Bataillons de trains blindés indépendants.
  • 2ème Armée aérienne soviétique. Général Stefan A. Krasovsky.
    • 1er Corps aérien d'assaut de la Garde.
    • 2ème Corps aérien d'assaut.
    • 3ème Corps aérien d'assaut.
    • 4ème Corps aérien de bombardement de la Garde.
    • 6ème Corps aérien de bombardement de la Garde.
    • 2ème Corps aérien de chasse.
    • 5ème Corps aérien de chasse.
    • 6ème Corps aérien de chasse.
    • 208ème Division aériennes de bombardement de nuit.
    • 98ème et 193ème Régiments aériens de reconnaissance de la Garde.
    • 222ème Régiment aérien de transport.


A droite de Joukov, au nord, le 2ème Front de Biélorussie commandé par le maréchal Konstantin K. Rokossovski dispose de sept armées, dont la 2ème Armée de Choc du général Ivan Fedyurinsky, de la 5ème Armée blindée de la Garde (Maxim Sinenko), de quatre corps blindés ou mécanisés, de la 4ème Armée aérienne du général Nikolai Papivin. Son offensive est programmée pour le 20 avril, sur l'axe Schwedt-Neu-Strelitz. Il devra acculer à la Baltique la 3ème Panzerarmee et effectuer la jonction avec le XXIème Groupe d'armées alliée du maréchal britannique Bernard L. Montgomery sur l'Elbe.

2ème Front de Biélorussie. Maréchal Konstantin K. Rokossovski.
Sept armées, dont une de Choc, une aérienne et une blindée de la Garde.
  • 2ème Armée de Choc soviétique. Général Ivan I. Fedyurinsky.
    • 108ème Corps de fusiliers (Georgi Anisimov).
    • 116ème Corps de fusiliers (Fedor Fetisov).
  • 65ème Armée soviétique. Général Pavel I. Batov.
    • 18ème Corps de fusiliers (Nikita Chuvakov).
    • 46ème Corps de fusiliers (Konstantin Erastov).
    • 105ème Corps de fusiliers (Dimitri Alexeyev).
  • 70ème Armée soviétique. Général Vasilii S. Popov.
    • 47ème Corps de fusiliers (Mikhail Dratvin).
    • 96ème Corps de fusiliers (Iakud Chaniskhov).
    • 114ème Corps de fusiliers (Dimitri Riabychev).
  • 49ème Armée soviétique. Général Ivan T. Grishin.
    • 70ème Corps de fusiliers (Vasilii Terentev).
    • 121ème Corps de fusiliers (Dimitri Smirnov).
    • 191ème, 200ème et 330ème Divisions de fusiliers.
  • 19ème Armée soviétique. Général Vladimir Romanovsky.
    • 40ème Corps de fusiliers de la Garde (Sergei Gorokhov).
    • 132ème Corps de fusiliers (Stefan Perkov).
    • 134ème Corps de fusiliers (Andrei Frolenkov).
  • 5ème Armée blindée de la Garde. Général Maxim Sinenko.
    • 29ème Corps blindée (Ivan Lazarev).
    • 1ère Brigade de chars.
    • 4ème Brigade mécanisée.
  • 4ème Armée aérienne soviétique. Général Nikolai Papivin.
    • 4ème Corps aérien d'assaut (Georgi Baidukov).
    • 8ème Corps aérien de chasse (Fedor Zherebshenko).
    • 5ème Corps aérien de bombardiers.
Au total, on estime à 140 le nombre de divisions, ou leur équivalent, soviétiques engagées.


2° Ordre de bataille allemand le 16 avril 1945.

Si l'on tient compte des restes de la 4ème Panzerarmee sur la Neisse, face au 1er Front d'Ukraine, le Heeresgruppe de la Vistule du général Gotthard Heinrici dispose encore de 280,000 hommes et 37 divisions exsangues, qui sont appelées à encaisser le formidable choc du rouleau compresseur soviétique. Circonstance agravante: alors que carburants et munitions sont chichement mesuré chez les Allemands, de graves lacunes d'instruction apparaissent parmi les troupes.

Pour completer ce tableau noir, l'aviation soviétique s'est adjugé la maîtrise aérienne absolue: Busse ne dispose plus que de 300 avions, mal ravitaillés et entretenus. Contre les 6,700 avions soviétiques, ils ne font pas le poids.

  • 3ème Panzerarmee. Général Hasso-Eckard von Manteuffel.
    Stationnée dans le Mecklemburg et le long de l'Oder inférieur.
    • Korps "Oder" (Wolf Hagemann): Division n°610. Division Klossek. Kampfgruppe Wellmann.
    • XXXII Korps (August Schack) [Stettin]: 281ème Division d'infanterie. 549ème Divisions de volksgrenadiers. Division de forteresse Stettin. Kampfgruppe Voigt.
    • XLVI Panzerkorps (Martin Gareis): 1ère Division d'infanterie Marine. 547ème Division de volksgrenadiers. Division n°406.
    • III Korps-SS (SS-Brigadeführer Joachim Ziegler) [Mecklemburg]: 11ème Division de panzergrenadiers-SS [scandinave] Nordland. 23ème Division de panzergrenadiers-SS [hollandaise] Nederland. 27ème Division de panzergrenadiers-SS [belge néerlandophones] Langemark. 28ème Division de panzergrenadiers-SS [belge francophone] Wallonie. 33ème Division de waffengrenadiers-SS [française] Charlemagne. 163ème Division d'infanterie.
  • 9ème Armée allemande. Général Theodor Buss.
    Stationnée le long de l'Oder, dans le secteur Frankfurt/Oder-Kustrin.
    • CI Korps (Wilhelm Berlin) [Kustrin]: 303ème Division d'infanterie Doberitz. 309ème Division d'infanterie Berlin. Division n°606.
    • V Korps-SS de montagne (SS-Obergruppenführer Friedrich Jeckeln): 32ème Division grenadiers-SS 30.Januar. Division de forteresse Frankfurt/Oder. Divisions n°433 et n°463.
    • XI Korps-SS (SS-Obergruppenführer Matthias Kleinheisterkamp): Division de forteresse Kustrin. 712ème Division d'infanterie. 20ème et 25ème Divisions de panzergrenadiers. 9ème Division de parachutistes. Panzergruppe Kurmark.
    • Russkaia Osvoboditelnaïa Armiia [ROA] (Andreï Vlassov): 600ème et 605ème Divisions d'infanterie russes. 10ème Division panzer-SS Frundsberg.
  • 4ème Panzerarmee. Général Fritz-Hubert Gräser.
    Stationnée le long de l'Oder-Neisse, secteur Görlitz-Guben.
    • LVII Panzerkorps (Friedrich Kirchner) [Lausitz]: Division panzer Münchenberg. Division Führer Begleit. Division n°404. 72ème Division d'infanterie. 6ème Division de volksgrenadiers.
    • Panzerkorps "Grossdeutschland" (Georg Jauer) [Oder-Neisse]: Division panzergrenadiers/parachutistes Hermann Goering HG 1 [Görlitz-Dresde]. Division panzergrenadiers Brandenburg. Division n°615. 546ème Division de volksgrenadiers.
    • V Korps (Kurt Wäger) [Guben, Forst]: 214ème, 275ème et 342ème Divisions d'infanterie. 35ème Division de panzergrenadiers-SS Polizei. 36ème Division de panzergrenadiers-SS Dirlewanger.
    • Korps "Moser" [Berlin]: Divisions n°193, n°404 et n°469.
  • 12ème Armée allemande. Général Walther Wenk.
    Nouvellement constituée avec les débris du Heeresgruppe Nord.
    Stationnée sur la rive orientale de l'Elbe, entre l'Elbe et Berlin.
    • XLVIII Panzerkorps (Wolf Hagemann): Divisions Raegener et Sachsen. 17ème et 208ème Divisions d'infanterie.
    • XXXI Korps (Siegfried Rasp): Divisions de réserves Gilbert et Veith. 172ème Division de sécurité. Division n°480. 2ème Division d'infanterie de Marine. Kampfgruppen Grosan et Goltsch. Division de grenadiers von Hake. 5ème Division Waffen-SS Gaudecker.
    • XX Korps (Karl-Erik Köhler): 558ème Division de volksgrenadiers. Divisions d'infanterie Scharnhorst, Ulrich von Hutten, Theodor Körner et Ferdinand von Schill.
    • XXXIX Panzerkorps (Karl Arndt): Division de grenadiers Führer. 6ème Division de volkgrenadiers. 309ème Division d'infanterie Gross-Berlin. 84ème Division d'infanterie. Division Meyer.
    • Réserves OKH: 18ème et 20ème Divisions de panzergrenadiers. 199ème Division d'infanterie.
  • Réserves générales du Heeresgruppe de la Vistule.
    • LVI Panzerkorps (Hellmuth Weidling) [Garnison de Berlin]: 9ème Division de parachutistes.


3° Bataille de l'Oder-Neisse (16-19 avril 1945).

Le 15 avril 1945, la veille de l'offensive finale soviétique, on distribue aux troupes allemandes un dernier ordre du jour d'Adolf Hitler avec les passages suivants:

"Pour la dernière fois, l'ennemi mortel judéo-bolchévique est passé en masse à l'attaque. Il cherche à mettre l'Allemagne en ruines et à déraciner notre peuple.

"Soldat de l'Est! Vous savez déjà, aujourd'hui même et au plus haut degré, quel destin menace les femmes et les enfants allemands. Tandis que les vieux, les hommes et les enfants seront mis à mort, les femmes et les jeunes filles seront réduits au rôle de filles à soldats. Le reste marchera vers la Sibérie.

"Si chaque soldat fait son devoir sur le front de l'Est dans les jours et les semaines à venir, le dernier assaut de l'Asie sera brisé, aussi sûrement que l'invasion de l'ennemi de l'Ouest échouera finalement et malgré tout.

"Berlin restera allemand. Vienne le redeviendra. Et l'Europe ne sera jamais russe."


Au même moment, le combattant soviétique s'entend dire:

"Le temps est venu de libérer nos pères, mères, frères, soeurs, femmes et enfants qui, en Allemagne, languissent encore sous le joug nazi. Le temps est venu de dresser le bilan des abominables crimes perpétrés sur notre sol national par les cannibales hitleriens et de châtier les responsables de ces atrocités. Le temps est venu d'infliger à l'ennemi une défaite définitive et de donner à cette guerre une conclusion victorieuse."

A partir de ses deux têtes de pont au nord et au sud de Küstrin, l'assaut de Joukov débute à 5h du matin, le 16 avril 1945. C'est la bataille des "Hauteurs de Seelowe" (Seelowe Heights). Y participent cinq armées, dont les blindés de la Garde de Katoukov, mais cette concentration de moyens ne favorise pas les attaquant.

La progression du 1er Front de Biélorussie, en fin de journée, se limite entre 3km et 8km. Dans la région de Frankfurt-sur-l'Oder, les succès de Joukov sont plus modestes encore. Il n'empêche que, dès ce premier jour, l'OKW doit disposer des réserves du LVI Panzerkorps, que Busse place entre ses XI Panzerkorps-SS et CI Korps.

Au sud, entre Forst et Muskau, la journée est plus favorable aux troupes du 1er Front d'Ukraine. A 6h55 du matin, les fantassins de Koniev franchissent la Neisse en force derrière un rideau de fumigènes. Vers 9h, ses troupes du génie ont déjà construit des ponts Bailey sur le fleuve, de sorte qu'à la nuit tombée celui-ci dispose déjà d'une tête de pont sur la rive opposée large de 26km et profonde de 13km. La 4ème Panzerarmee commandée par le général Fritz-Hubert Gräser ne peut absolument pas résister au choc soviétique et est complètement culbutée.

Les trois jours suivants, dans le secteur du 1er Front de Biélorussie, attaques et contre-attaques, allemandes ou soviétiques, se succèdent sur la rive occidentale de l'Oder. La montée en ligne des réserves allemandes se trouve contrariée par les attaques aériennes incessantes de l'aviation soviétique.

Joukov subit de lourdes pertes, sa progression est plus lente que prévue. Son offensive finit par s'ésouffler. Mais la situation de Busse est désespérée: pour combler les brêches, il se voit contraint de jeter sur le tapis ses dernières réserves: les 25ème et 18ème Divisions de panzergrenadiers et le LVI Panzerkorps, les Scandinaves et les Néerlandais des divisions SS Nordland et Nederland. Et la défaite de la 4ème Panzerarmee, au sud de Berlin, ne fait rien pour arranger les choses.

Le 18 avril 1945, les troupes de Joukov atteignent la troisième et dernière ligne de défense allemande.

Le 19 avril 1945, la percée du 1er Front de Biélorussie intervient enfin sur le front de l'Oder. Au cours de cette journée, la 9ème Armée allemande se disloque irrémédiablement. Le CI Korps est rejeté sur Eberswalde et perd tout contact avec le LVI Panzerkorps, qui lui-même se retrouve coupé du XI Panzerkorps-SS. Cette énorme brêche à travers le dispositif défensif allemand permet à Joukov d'atteindre Straussberg, à 29km du bunker souterrain du Führer et de la Chancellerie. Le même jour, le 1er Front d'Ukraine de Koniev franchit la Spree à Spremberg, et pénètre dans Bautzen et Hoyerswerda. Au Stavka (Etat-major soviétique), où l'on ne se tient pas satisfait de la lenteur de Joukov, il est enjoint à Koniev d'appliquer la manoeuvre décidée auparavant: faire pivoter ses troupes de 90° vers le nord, direction Berlin.

Sur le flanc sud du 1er Front d'Ukraine, à partir de Spremberg, d'autres unités soviétiques, dont la 5ème Armée de la Garde, font mouvement à l'ouest vers l'Elbe et Torgau, pour y chercher le contact avec la 1er Armée américaine. Encore une fois, les directives incensées d'Hitler favorisent les Soviétiques. L'ordre donné au LVI Panzerkorps de renforcer la garnison de Berlin, sans que la 9ème Armée allemande soit autorisée à décrocher, semble à Heinrici une folie pure. Largement débordée sur sa droite par Koniev, elle va, à cause de cet ordre absurde du Führer, se retrouver à découvert.

Comme toujours, Le Führer demeure sourd aux objections de bon sens et Busse reçoit l'ordre de contre-attaquer au nord du 1er Front d'Ukraine, que Gräser assaillera également du sud. En dépit du bon sens, il refuse d'abandonner la ville dont il prétend assumer personnellement la défense. A cette effet, il dispose encore de 120,000 Jeunesses Hitleriennes et vieillards de la Volksturm, auxquels il faut rajouter le LVI Panzerkorps. Il vit désormais en-dehors de la réalité, dans un monde parallèle, et donne des ordres à des unités imaginaires ou qui n'existent plus. Sa foi en la victoire reste innébranlable, et il ne doute pas de la future victoire nazie.


Vidéo ci-dessous: documentaire "Nazi Mégastructures" - EP06: "Bunker de Berlin".



4° Encerclement de Berlin (20-24 avril 1945).

Le 20 avril 1945, alors que l'Allemagne nazie vit ses derniers jours, Hitler célèbre son cinquante-sixième anniversaire. Il en profite pour sortir une dernière fois de son bunker souterrain. Il décore et passe en revue une vingtaine de membres des Jeunesses hitlériennes. C'est sa dernière apparition filmée et photographiée. Profitant des festivités, Herman Goering, Heinrich Himmler et d'autres dignitaires nazis en uniforme marron en profitent pour quitter la ville après en avoir demandé l'autorisation à l'armée (2). Les Berlinois appelleront par la suite cet épisode, avec un certain humour, la "Fuite des Faisans Dorés".


Pour "fêter" l'anniversaire d'Hitler comme il se doit, à sa manière, l'artillerie du 1er Front de Biélorussie entame le pilonnage intensif de Berlin, qui se poursuivra jusqu'à la fin de la bataille. De cette date au 2 mai 1945, l'Armée Rouge tire sur Berlin 1.8 million d'obus de tout calibre. (3)

Pendant que Joukov se rapproche des quartiers périphériques berlinois par l'est, le nord-est et le nord, le 1er Front d'Ukraine fait de même par l'ouest, le sud-ouest, le nord-ouest et le sud. Koniev menace d'encerclement l'aile droite du Heeresgruppe Centre et investit Juteborg, à mi-chemin entre l'Oder et l'Elbe et la 1er Armée américaine. Entre Stettin et Schwedt, le 2ème Front de Biélorussie attaque l'aile nord du Heeresgruppe de la Vistule et la 3ème Panzerarmee. A l'est de la capitale, la 9ème Armée allemande se disloque irrémédiablement, le CI Korps est rejeté sur Eberswalde et perd tout contact avec le LVI Panzerkorps, qui lui-même se retrouve isolé du XI Panzerkorps-SS.


Avant de l'investir, le plan soviétique consiste à encercler la capitale ennemie. Le 21 avril 1945, la 2ème Armée blindée de la Garde soviétique est à 50km au nord de Berlin et attaque Werneuchen. Au sud, le V Korps de la 4ème Panzerarmée, encerclé dans la région de Forst, passe sous l'autorité de la 9ème Armée allemande. A l'est, les débris du LVI Panzerkorps de la 9ème Armée allemande, commandés par le général Hellmuth Weidling, refluent en désorde vers Berlin le long de la Reichstrasse 1.

Adolf Hitler ordonne à la 11ème Armée-SS du SS-Obergruppenführer Felix Steiner de contre-attaquer par le nord le saillant du 1er Front de Biélorussie dans le secteur Oranienburg-Eberswald, et à la 9ème Armée allemande d'effectuer cette manoeuvre par le sud. Le problème est qu'Hitler vit déconnecté de la réalité et que les divisions assignées pour mener cette contre-attaque sont des "unités fantômes" qui n'existent plus que sur le papier. Ni Steiner ni Heinrici n'ont les moyens ou les forces pour mener cette opération.

Le 22 avril 1945, quand Adolf Hitler apprend que cette attaque n'a pas eu lieu, il entre dans une rage indescriptible. Afin d'essayer de le calmer, le général Alfred Jodl spécule sur l'idée que la 12ème Armée allemande, qui fait face à la 1ère Armée américaine sur l'Elbe, peut faire mouvement et porter secours aux assiégés. Hitler se "raccroche" à cette idée, et ordonne au général Walter Wenck de se désengager du front américain et de se porter vers le nord-est en direction de Berlin. A l'est, la 8ème Armée de la Garde de Chuikov établit une tête de pont sur la Havel et, dans la soirée, pénètre dans Karlshorst et les faubourgs orientaux de Berlin.

Le 23 avril 1945, Joukov et Koniev poursuivent les mouvements d'encerclement de la capitale, y enfermant les restes des 9ème Armée et 4ème Panzerarmee. En attendant, en tant que Gauleiter (gouverneur) du Brandebourg, Joseph Goebbels poursuit ses discours enflammés:

"Votre Gauleiter est avec vous", clame-t-il devant le micro. Il déclare qu'il restera à Berlin, bien entendu. Sa femme et ses fils sont également ici. Lui qui, jadis, disait "avoir conquis cette ville avec 200 hommes", animera désormais la défense de la capitale par tous les moyens à sa disposition.

"Tous les hommes entre 15 et 60 ans trouvés en situation irrégulière, décrète-t-il, seront pendus à des réverbères sans jugement. En outre, des pancartes de ce genre seront accrochées aux cadavres:

"Je suis pendu ici parce que je ne croyait pas au Führer et à la victoire". "Je suis un déserteur et de ce fait je ne verrai pas le tournant du destin", etc. (4)

Le 24 avril 1945, l'encerclement de Berlin est effectif: la 1ère Armée blindée de la Garde du 1er Front de Biélorussie, débordant Berlin par le nord, établit sa jonction à Königswusterhausen, au nord-ouest de la capitale, avec les avant-gardes de la 3ème Armée blindée de la Garde du 1er Front d'Ukraine, lequel a parfaitement pivoté de l'ouest vers le nord, conformément aux derniers ordres de Staline.


(2) Antony Beevor, "La Chute de Berlin", Ed. de Fallois 2002. Page 291.

(3) Ibidem. Page 292.

(4) Ibidem. Page 294.



5° Combats de rues dans Berlin (23 avril - 2 mai 1945).

La défense intérieure de Berlin est constituée par environ 45,000 hommes, provenant d'unités diverses de la Waffen-SS, des restes de la 9ème Armée allemande, des Jeunesses Hitlérienne de la Volksturm, d'unités auxiliaires de la Défense anti-aérienne (FlaK), de feldgendarmie, etc.

Le commandement du district central est confié au SS-Brigadeführer Wilhelm Mhonke, qui regroupe 2,000 hommes de la 11ème Division de Waffengrenadiers-SS scandinave Nordland, à laquelle sont rattâchés les Français du Bataillon Charlemagne d'Henri Joseph Frenet. Le secteur occidental est défendu par la 20ème Division de panzergrenadiers. Le secteur Nord, par la 9ème Division de parachutistes. Le nord-est revient à la Division panzer Muncheberg. L'aérodrome de Tempelhof et le sud-ouest au reste de la Division-SS Nordland. Et enfin les réserves, dans le secteur central, constituées par la 18ème Division de panzergrenadiers.

L'Armée Rouge va devoir se battre comme dans Stalingrad, rue par rue et maison par maison, mais les rôles sont inversés. Pour conquérir l'"antre de la bête fasciste" elle va payer le prix fort. Les combats feront rage particulièrement dans le Quartier des Ministères, où se sont retranchés les SS de diverses nationalités, en particulier des Français, du Reichstag et du Führerbunker. Les combats sont si intenses que les Soviétiques se veront obliger de mettre en batterie leur artillerie dans les rues mêmes pour réduire les poches de résistance allemandes.

Ci-dessous: le Bunker du Zoo de Berlin, dans le parc du Tiergarten, servant de batterie FlaK (à chaque coin), et le bâtiment du Reichstag, fin avril 1945.



Le 23 avril 1945, la 8ème Armée blindée du général Vassili Chuikov traverse la Spree et la Dahme au sud de Köpenick. Ses unités de pointe ne sont plus qu'à 8km du Bunker de la Chancellerie et d'Hitler.

Le 24 avril 1945, en coopération avec la 1ère Armée blindée de la Garde du général Mikhail Katukov, Chuikov avance péniblement vers Neukolln et Britz. Dans la nuit du 24 au 25 avril, au sud-est de Berlin, des chars de la 5ème Armée de Choc commandée par le général Nikolai Berzarin franchissent la Spree dans le Parc Treptow.

Le LVI Panzerkorps contre-attaque mais est ensuite contenu et refoulé avec de lourdes pertes, et l'avance de la 5ème Armée de Choc se poursuit.

Le 25 avril 1945, la 1ère Armée blindée de la Garde donne l'assaut et s'empare du Canal de Teltow. L'assaut a été au préable "préparé" par un formidable barrage d'artillerie: à 6h20, 3,000 obusiers, mortiers et orgues de Staline, une concentration de 650 pièces par kilomètres de front, déversent sur les défenseurs un véritable déluge de feu.

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A 7h, les unités d'assaut de Katukov franchissent la Spree sur des canots pneumatique. A 12h, les premiers chars soviétiques traversent à leur tour. Dans la soirée, les Soviétiques investissent la ligne du métro de Berlin. Les combats font également rage au sud-est de la ville, où les 330 Français du Bataillon Charlemagne et les Régiments scandinaves Norge et Danmark de la 11ème Division-SS Nordland, commandés par le SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg, sont décimés. Dans ce secteur, la dernière poche de résistance allemande sur le Canal de Teltow est éliminée dans la nuit du 25 au 26 avril.

Le 26 avril, Neukolln est pris d'assaut par l'Armée Rouge. Les deux divisions en sous-effectifs qui défendent le secteur sud-est de Berlin se retrouvent face à cinq armées. D'est en ouest, la 5ème Armée de Choc, dans le parc de Treptow, la 8ème Armée de la Garde et la 1ère Armée blindée de la Garde avancent dans le Quartier Neukolln vers l'aérodrome de Tempelhof, qui est également l'objectif de la 3ème Armée blindée de la Garde avançant depuis Mariendorf. Les SS survivants s'installent ensuite dans le Parc du Tiergarten. Durant cette journée, Adolf Hitler, en raison de la défection de Goering, nomme le maréchal Robert Ritter von Greim, qui a réussit à se poser en avion Fieseler Storch, piloté par Hannah Reitsch, près de la Porte de Brandebourg, à la tête de la Luftwaffe. Puis von Greim et Reitsch redécollent. A cette occasion, la femme pilote est décorée de la Croix de Fer. Il nomme également le général Hellmuth Weidling, le commandant du LVI Panzerkorps, ou plutôt de ce qu'il en reste, responsable de la Zone de Défense de Berlin, à la place du général Helmuth Reymann.


Pendant ce temps, à l'extérieur de Berlin, des forces du 1er Front de Biélorussie, ayant culbutée la 3ème Panzerarmee dans la région de Schwedt, se dirigent maintenant sur Prenslau. Heinrici, pour stopper le déferlement des Soviétiques, prend sur lui, sans en référer à Hitler, de prélever deux ou trois divisions sur la 11ème Armée allemande. Faute de pouvoir le faire exécuter pour insubordination et trahison, le maréchal Wilhelm Keitel doit se contenter de le relever de ses fonctions: au point où les Allemands en sont, il n'a simplement plus trouvé personne pour exécuter une sentence de mort!

Quand à la 12ème Armée allemande, qui fait face à la 1ère Armée américaine sur l'Elbe, Hitler lui a donné l'ordre du jour suivant:

"Soldats de l'Armée Wenck! Un ordre de portée capitale vous a retirés de la zone de combat contre nos ennemis de l'Ouest et vous a appelés à marcher vers l'Est.

"Votre mission est simple: Berlin doit rester allemand. Il vous faut atteindre à tout prix les objectifs désignés, car d'autres opérations sont en cours, ayant pour but de porter, dans la lutte pour la capitale du Reich, un coup décisif aux Bolchéviques et de renverser ainsi la situation en Allemagne. Berlin ne capitulera jamais devant le bolchévisme.

"Les défenseurs de la capitale du Reich ont repris courage en apprenant votre rapide approche. Ils luttent avec courage et opinâtreté dans la ferme conviction d'entendre bientôt le grondement de vos canons.

"Le Führer vous appelle! Vous vous préparez à l'attaque, comme autrefois au temps de la victoire. Berlin vous attend! Berlin, d'un coeur ardent, désire votre arrivée!">


Au cours de ce mouvement qui va l'amener jusqu'à Beelitz, à 45km au sud-ouest de la Chancellerie, elle recueillera la garnison de Potsdam et les restes, évalués à 40,000 hommes, de la 9ème Armée allemande qui ont réussit à se dégager de la poche de Berlin et se sont frayés un pénible passage de Lübben jusqu'à Zossen, abandonnant derrière eux plus de 20,000 tués, blessés et prisonniers, et la totalité de leur matériel.

A Berlin, les Soviétiques avancent maintenant dans le Secteur Z (Zentrum) du centre-ville, atteignent la Frankfurter Allee et l'Alexanderplatz. Par le sud, ils s'approchent de la Potsdamerplatz, de la Belle-Alliance-Platz et du Reichstag. Les combats au corps-à-corps maison-par-maison seront les plus féroce de la bataille de Berlin dans le secteur du Reichstag, défendu par les contingents de SS étrangers, fanatisés.

Photo ci-dessous: un char M4A3(76)W Sherman du 5ème Corps Mécanisé de la Garde soviétique dans les rues de Berlin, le 28 avril 1945.


Du 26 au 29 avril 1945, c'est "la bataille du Reichstag": l'Armée Rouge élimine le dernier "carré" de résistance. Walter Wenk, le commandant de la 12ème Armée allemande qui avance laborieusement vers Berlin, devant le durcissement de la résistance soviétique, comprend qu'il n'atteindra jamais son objectif. Il stoppe ses unités et fait demi-tour vers l'Elbe, dans l'espoir de se rendre aux Américains. Après l'annonce de l'incapacité de la 11ème Armée-SS à contre-attaquer, et maintenant avec l'échec de la 12ème Armée, Adolf Hitler comprend enfin qu'il ne lui reste plus d'autre alternative que la captivité ou la mort.

Le 29 avril 1945, à 4h30 du matin, il rédige son testament en présence de Joseph Goebbels, de Martin Bormann et des généraux Wilhelm Burgdorf et Hans Krebs. A l'aube, il épouse sa compagne Eva Braun. Pendant ce temps, les Soviétiques investissent les quartiers au sud-est de Berlin, capturent le GQG de la Gestapo sur la Prinz-Alberstrasse, mais une contre-attaque effectuée par les SS les chasse du bâtiment.

Le lendemain, 30 avril 1945, c'est la fin: la 8ème Armée blindée et la 5ème Armée blindée de la Garde envahissent le Parc et Tiergarten. Les Soviétiques atteignent la Charlottenburger Chaussée et le Reichstag.

A 15h30, dans le Führerbunker sous la Chancellerie, Adolf Hitler se retire dans ses quartiers privés puis, aux alentours de 16h, se tire une balle dans la tête. Plusieurs de ses proches vont l'imiter. Sa femme Eva Braun Hitler, qu'il a épousé la veille, par cyanure. Le 1er mai 1945, Joseph et Magda Goebbels. Celle-ci, après avoir endormis ses six enfants, âgés de 4 à 12 ans, avec de la morphine, les empoisonne au cyanure. Les généraux Hans Krebs et Wilhelm Burgsdorf, assis côte à côte, se suicident avec leur arme de service le même jour. Bien qu'il ait désigné comme successeur l'amiral Karl Doenitz, c'est Martin Bormann qui assure le poste de nouveau chancellier du Troisième Reich, ainsi que le nouveau secrétaire général du Parti Nazi allemand.

Le 1er mai 1945, à 3h55 du matin, Bormann et Goebbels, peut avant le suicide de ce dernier, envoient par radio la nouvelle de la mort d'Hitler à l'amiral Karl Doenitz, QG est établit dans l'Académie Navale de Flensburg-Murwick, près de la frontière danoise. Officiellement, Bormann est décédé à Berlin le 2 mai 1945. Mais des rumeurs ou des témoignages non confirmés laissaient penser qu'il avait réussi à fuir et à se réfugier dans un pays d'Amérique du Sud. Il sera condamné par le Tribunal Pénal International en 1946, par coutumace. Et le mystère de sa disparition, qui fera la joie des romanciers durant les décennies suivantes, ne sera jamais élucidé.

Les corps d'Adolf et d'Eva Hitler sont brûlés et enterrés dans un jardin de la Chancellerie. Ils seront ensuite inhumés par l'Armée Rouge. Des proches d'Hitler fait prisonniers identifient les dépouilles de Joseph et Magda Goebbels, brûlées elles aussi, et de leurs six enfants. Le cadavre présumé d'Hitler sera examiné le 8 mai par plusieurs médecins légistes soviétiques. La mâchoire est identifiée grâce aux empreintes dentaires fournies par l'assistante du dentiste d'Hitler. Selon certains historiens, le corps est ensuite amené en grand secret dans un cimetière de Magdeburg. La mâchoire ayant été transférée à Moscou, elle est réexaminée en 2002 par un biologiste de la police scientifique allemande, Mark Benecke. Et formellement identifiée.

Ce 30 avril 1945, à 18h, le bataillon du capitaine Stepan A. Neustroyev, du 756ème Régiment, 150ème Division de fusiliers de la 3ème Armée de Choc du 1er Front de Biélorussie du maréchal Georgi Joukov prend d'assaut et investit le Reichstag, le Parlement allemand, à l'intérieur duquel se sont retranchés une poignée de SS fanatiques français du Bataillon Charlemagne.

Photos ci-dessous: 1° Le bâtiment du Reichstag en 1970. 2° Des SS français du Bataillon Charlemagne compte parmi les derniers défenseurs fanatiques du Troisième Reich hitlérien. 3° La célèbre photographie de Yevgeny Khaldei, de l'agence de presse TASS, illustrant le plantage du drapeau rouge sur le fronton du Reichstag. 4° Seconde prise de vue du drapeau rouge, dans les jours qui suivent, à des fins de propagande.



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A 22h50, le lieutenant Alexey Berest et les deux soldats Mikhail A. Yegorov et Meliton V. Kantaria grimpent sur le toit de l'édifice et fixe le drapeau rouge sur une des deux statues dominant l'entrée principale, devant la coupole. Cette action sera immortalisé par le photographe Yevgeny Khaldei, de l'agence de presse russe TASS. Tout comme le cliché de Joe Rosenthal Raising the Flag on Iwo Jima, l'évenement fera les prochains jours l'object d'une seconde mise en scène filmée, celle-ci faisant l'object de controverses pendant plus de soixante ans. Et la photographie de Khaldei va faire le tour du monde et devenir très vite célèbre.



6° Reddition de Berlin et bilan de la bataille (30 avril - 2 mai 1945).

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1945, le nouveau chancellier allemand, Joseph Goebbels, envoie le général Hans Krebs, chef d'état-major de la Wehrmacht, accompagné du colonel Theodor von Dofving, chef d'état major du général Hellmuth Weidling, et un traducteur parlant russe, au QG du général Vasilii Chuikov, commandant la 8ème Armée de la Garde, opérant dans le secteur de la Chancellerie, pour négocier une trêve des combats. C'est au cours de cet entretien que l'Allemand informe le Soviétique de la mort d'Adolf Hitler. Chuikov communique ensuite par téléphone la nouvelle à son supérieur, le maréchal Georgi K. Joukov, commandant du 1er Front de Biélorussie. Joukov envoie son adjoint, le général Vasili D. Sokolovski, au QG de Chuikov pour négocier avec les plénipotentiaires allemands. Il relaie à son tour la nouvelle de la mort d'Hitler à Staline, à Moscou.

Réponse de Staline: "Donc c'est fait. Dommage que nous n'ayons pas pu le prendre vivant. Où est le corps?"

Joukov: "Selon Krebs, le corps a été brûlé."

Staline: "Dites à Sokolovski qu'il n'y aura pas de négociations, sauf pour une reddition sans conditions, ni avec Krebs, ni avec tout autre membre de la bande d'Hitler. Et ne me rappelez pas avant le matin s'il n'y a rien d'urgent. Je veux pouvoir prendre un peu de repos avant la parade [du 1er mai]."

Pendant ce temps, entre Krebs et Sokolovski, c'est un dialogue de sourds, chacun restant campé sur ses positions. L'allemand répond qu'il n'a pas l'autorité pour prendre la décision de la reddition sans conditions. Décision qui incombe au nouveau gouvernement de l'amiral Karl Doenitz. Sokolovski finit par téléphoner à Joukov: "Ils rusent autant qu'ils peuvent. Krebs affirme qu'il n'est pas autorisé à prendre la décision quant à une capitulation inconditionnelle. Il essaie d'obtenir de nous une trêve. Je pense que nous devrions les envoyer au diable s'ils n'acceptent pas immédiatement une reddition sans condition."

Joukov: "Vous avez parfaitement raison, Vasily Danilovitch. Dites-leur que si Goebbels et Bormann n'acceptent pas une reddition sans conditions, nous allons réduire Berlin en poussière."

Joukov fixe l'heure limite de cet ultimatum à 10h15, le 1er mai. Cette première prise de contact entre Allemands et Soviétiques n'aboutit donc à rien.

Le 1er mai 1945, c'est l'annonce officielle de la mort d'Adolf Hitler et de la désignation de son successeur à la tête du Troisième Reich, l'amiral Karl Doenitz. A Berlin, le général Hans Krebs retourne au Bunker de la Chancellerie pour s'entretenir au sujet de l'ultimatum de Joukov. Martin Bormann et Joseph Goebbels sont d'avis de poursuivre la lutte mais le général Hellmuth Weidling, le commandant du LVI Panzerkorps et de la garnison de Berlin, choisit la capitulation. Goebbels s'empoisonne au cyanure avec sa femme, après avoir assassiné ses six enfants. Martin Bormann disparait. Les généraux Hans Krebs, le nouveau chef d'état-major général de l'OKH qui a succédé à Heinz Guderian, et Wilhelm Burghoff, chef d'état-major de la Wehrmacht, se suicident avec leur arme de service.

Vingt-cinq minutes après l'expiration du délai de leur ultimatum, les Soviétiques, restés sans nouvelle des Allemands, reprennent le pilonnage d'artillerie, anologue à celui de la veille, sur ce qui reste de la ville. De nombreux groupes de Jeunesses hitlériennes fanatisés continuent de se battre jusqu'au bout, dans le centre de Berlin. Des combats acharnés se poursuivent également encore à l'intérieur et dans les sous-sols du Reichstag. Au nord-ouest de la ville, la 47ème Armée soviétique prend d'assaut et s'empare de la forteresse de Spandau, sur une île au confluent de la Spree et de la Havel. Au Sud, dans le secteur du 1er Front d'Ukraine (Ivan Koniev), les débris de la 9ème Armée allemande tentent une dernière sortie pour traverser les lignes de Koniev.

Le 2 mai 1945, la 28ème Armée du 1er Front d'Ukraine (Ivan Koniev) et la 2ème Armée du 1er Front de Biélorussie (Georgi Joukov) établissent leur jonction sur la Chaussée Charlottenburg et poursuivent ensemble la liquidation des derniers foyers de résistance allemands. Le général Hans Krebs s'étant suicidé, c'est le général Hellmuth Weidling, le commandant du LVI Panzerkorps et de la garnison de Berlin, qui se présente, à 6h du matin, devant les lignes du 1er Front de Biélorussie. Il est conduit au QG de la 8ème Armée de la Garde du général Vasilii Chuikov et signe l'ordre de capitulation sans condition des défenseurs de la ville, environ 70,000 survivants sur un total initial d'environ 400,000 soldats, membres de la Volksturm et Jeunesses hitlériennes.

Sur une population estimée à deux millions d'habitants, environ 250,000 Berlinois ont été tué durant les combats hurbains ou sous les bombardements d'artillerie soviétiques.

Les Soviétiques ont réduit la ville en un tas de ruines. Ils estiment à 458,000 le nombre de soldats allemands tués et affirment avoir fait environ 480,000 prisonniers de guerre.




Du 16 avril au 2 mai 1945, les trois Fronts soviétiques engagés dans l'offensive finale contre Berlin ont enregistré 81,116 tués (dont 2,825 Polonais) et 280,851 blessés ou malades. 1,997 chars, 2,108 pièces et 917 avions détruits.

L'Opération Berlin, la dernière bataille de la guerre en Europe, est terminée.

Photo ci-dessous: en 2008, le "Mémorial de l'Eglise du Souvenir de Berlin", conservée en l'état:



7° Avance soviétique vers l'Elbe (19-25 avril 1945).

Sur le flanc sud du 1er Front d'Ukraine, du 19 au 25 avril 1945, c'est la "Bataille de l'Elbe". La 5ème Armée de la Garde soviétique fait mouvement vers l'ouest, afin de chercher le contact avec les Américains sur l'Elbe.


Le 25 avril 1945, à 11h30, l'escadron de reconnaissance du lieutenant Albert L. Kotzebue, une trentaine de soldats du 3ème Bataillon, 273ème Régiment, 69ème Division d'infanterie, V Corps de la 1ère Armée américaine, patrouillant sur la rive orientale de l'Elbe, établit le contact dans le village de Leckwitz, près de Torgau, au nord-est de la ville de Leipzig, avec des éléments du 175ème Régiment d'assaut du colonel Alexander T. Gardiev, de la 58ème Division de fusiliers du 34ème Corps de fusiliers de la 5ème Armée de la Garde soviétique (Alexei S. Zhadov), intégrée au 1er Front d'Ukraine (Ivan S. Koniev). Le même jour, une autre petite patrouille, appartenant au 1er Bataillon de ce même régiment américain, commandée par le 2nd lieutenant William Robertson, avec les soldats Frank Huff, James McDonnell et Paul Stub, rencontre, sur les débris d'un pont, toujours dans le même secteur de Torgau, un second groupe de soldats soviétiques mené par le lieutenant Alexander Shilvashko.

Photos ci-dessous: 1° L'escadron de reconnaissance du lieutenant Kotzebue (69ème Division d'infanterie), qui patrouille sur la rive orientale de l'Elbe, établit le contact et "fraternise" avec des soldats russes du 175ème Régiment de la 58ème Division de fusiliers. 2° Un peu plus tard, une seconde rencontre a lieu entre le 2nd lieutenant William Robertson et le lieutenant Alexander Shilvashko.




Ces deux premiers contacts historiques seront suivi d'une série de visites les jours suivants sur un pont Bailey enjambant l'Elbe, entre les généraux Emil F. Reinhardt, commandant la 69ème Division d'infanterie américaine, et Vladimir V. Rusakov, commandant de la 58ème Division de fusiliers de la Garde soviétique (26 avril), entre Clarence Huebner, commandant du V Corps, et Gleb Baklanov, du 34ème Corps de fusiliers (27 avril). Puis enfin, le 30 avril, entre les généraux Courtney Hodges, de la 1ère Armée américaine, et Alexei S. Zhadov, de la 5ème Armée de la Garde. Une série de célèbres photographies immortaliseront ses poignées de mains amicales.



Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


La campagne d'Allemagne 1945 - 2° Bataille de Berlin.













Article modifié le 15 avril 2020.


Sources principales:
• Antony Beevor, La Chute de Berlin. Editions de Fallois, Paris 2002.
The Battle of Berlin (Wikipedia.org)

1 comment:

Frédéric said...

Les deux dernières batailles ne se sont pas affichés sur l'article.

HS : Ce blog rappelle que l'US Army était à 100 kms de Berlin la veille de l'offensive soviétique :

http://diberville.blogspot.com/2007/07/1577-la-victoire-vole.html

Pensez vous les alliés occidentaux aurait eu les moyens de conduire une bataille urbaine d'une telle ampleur ?