La bataille du Golfe de Leyte, plus généralement connu sous l'appelation "Seconde Bataille de la Mer des Philippines", est considérée comme une des plus grandes batailles navales de la Seconde Guerre mondiale et de l'Histoire. Elle s'est déroulée du 23 au 26 octobre 1944, entre les marines américaine et japonaise, au large des côtes de Leyte. La marine impériale japonaise (IJN) mobilise pour l'occasion tout ce que lui reste comme porte-avions, cuirassés, croiseurs et destroyers. Face à la puissance navale américaine, le résultat en est prévisible: l'IJN en sort pratiquement anéantie, et ses derniers navires survivants, privés de carburant ou de combustible, resteront immobilisés dans leurs ports jusqu'à la fin du conflit. Cette bataille "de la dernière chance" se distingue également des affrontements antérieurs par l'apparition des premiers avions suicides du "Corps d'Attaque Spécial", pilotés par les fameux kamikazes, destinés à s'écraser sur les navires américains.
Mise en application du plan japonais "Victoire".
Quelques jours après la chute du cabinet Tojo, le 18 juillet 1944, l'amiral Mitsumasa Yonai, nouveau ministre de la Marine impériale, et les autres membres du cabinet de guerre se sont concertés pour dresser le plan Sho-Go ("Victoire").
Lors de l'invasion américaine, l'armée de terre impériale devra résister à tout prix, la marine affrontant en masse les forces amphibies et les porte-avions américains, dans une "bataille générale et décisive".
L'amiral Soemu Toyoda, commandant en chef de la flotte impériale, conscient de l'impossibilité de vaincre la flotte américaine toute puissante, en raison surtout de l'insuffisance de la couverture aérienne des navires japonais, imagine un stratagème pour attirer et diviser les forces navales américaines.
Lorsque les Américains envahiront les Philippines, un "appât" devrat attirer au large de Leyte la 3ème Flotte d'Halsey, c'est-à-dire les porte-avions lourds d'escadre et toute leur aviation embarquée. Les cuirassés et croiseurs japonais en profiteront pour intervenir et détruire la flotte de débarquement ennemie dans le Golfe de Leyte.
L'appât, qui sera à coup sûr sacrifié, comprendra tout ce qui reste comme porte-avions aux Japonais. Quatre porte-avions transportent 116 avions, mais à ce stade de la guerre, les jeunes pilotes japonais novices sont incapables de se mesurer à l'aéronavale américaine.
Pendant que cet appât, commandé par le vice-amiral Jizaburo Ozawa, attirera le "gros poisson" (3ème Flotte d'Halsey) loin au large, trois autres escadres japonaises convergeront vers le Golfe de Leyte et pulvériseront la 7ème Flotte amphibie américaine du vice-amiral Thomas C. Kinkaid, prenant de court l'envahisseur et portant un coup décisif à la puissance navale américaine.
Ces trois escadres, commandées respectivement par les vice-amiraux Takeo Kurita, Shozi Nishimura et Kiyohide Shima, placés eux-mêmes sous l'autorité de Soemu Toyoda, comptent tout ce qui reste de la flotte impériale japonaise. Toyoda dispose en outre d'une flotille de 11 sous-marins et de deux forces aériennes basées à terre, aux Philippines, avec 800 avions environs, ainsi que les 108 avions embarqués sur les porte-avions d'Ozawa.
Depuis le 6 octobre 1944, grâce à une fuite dans les services secrets soviétiques à Moscou, le quartier général impérial a maintenant la certitude que le prohain objectif des Américains sera les îles Philippines. Toyoda se rend à Manille, sur Luçon, afin d'aviser les chefs locaux de l'armée de se tenir prêts au débarquement ennemi, entre le 20 et le 30 octobre 1944.
L'élément surprise ne joue donc plus pour les Américains. Les 3ème et 7ème Flottes américaines n'en rassemblent pas moins une formidable armada de plus de 500 navires de guerre. Quatre Task Groups de la Task Force TF77, celle-ci commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid, sont chargés de la protection aéronavale rapprochée de la zone de débarquement.
Ordre de bataille naval américain.
1° 3ème Flotte. Vice-amiral William F. "Bull" Halsey.
La 3ème Flotte, ou 5ème Flotte suivant le principe du "commandement alternatif" de la flotte du Pacifique et le changement de numérologie, est commandée, tour-à-tour, par les vice-amiraux William F. "Bull" Halsey ou Raymond A. Spruance.
En ce mois d'octobre 1944, la 3ème/5ème Flotte a atteint une taille considérable, au total plus de 500 navires de guerre, répartie sur toute la superficie de l'Océan Pacifique.
Photos ci-dessous: les différents commandants des forces navales américaines autour de Leyte. De gauche à droite: le vice-amiral William F. Halsey, commandant de la 3ème Flotte, le vice-amiral Thomas C. Kinkaid, commandant de la 7ème Flotte et, plus particulièrement, de la Task Force TF77 chargée des opérations de débarquement amphibies, le contre-amiral Thomas L. Sprague, commandant des porte-avions d'escorte de la 7ème Flotte, et contre-amiral Jesse B. Oldendorf, commandant du groupe TG.77.2 de protection des porte-avions de Sprague.
Pour l'opération King II, le débarquement sur l'île de Leyte le 20 octobre 1944, le général Douglas MacArthur, commandant du théâtre d'opération Pacifique Sud-Ouest, et l'amiral Chester Nimitz, commandant des forces américaines dans le Pacifique et du théâtre d'opération du Pacifique Central en particulier, ont rassemblé les 3ème et 7ème Flottes.
Contre Leyte, la 3ème Flotte met en ligne 18 porte-avions d'escadre et environ 1450 avions embarqués, 10 porte-avions d'escorte, 7 cuirassés, 7 croiseurs lourds, 12 croiseurs légers, 80 destroyers d'escadre, 23 destroyers d'escorte, 13 pétroliers ou ravitailleurs, et une nuée de navires de moindre importance (vedettes lance-torpilles, patrouilleurs, remorqueurs, ...)
Depuis sa création, en mai/juin 1943, elle est devenue une formidable machine de guerre, puissante et redoutable. Elle a fini par s'imposer totalement à la marine impériale et l'aéronavale japonaises, et domine définitivement.
La Task Force TF38, appellée également Fast Carrier Task Force, ou Task Force TF58, est commandée par le vice-amiral Marc Mitscher. Elle est la principale force de bataille de Bill Halsey et regroupe la totalité des porte-avions d'escadre américains opérant dans le Pacifique.
Depuis le "Tir aux Pigeons des Mariannes", les nouveaux chasseurs F6F Hellcat et F4U Corsair surclassent leurs adversaires dans tous les domaines de vol, et s'adjugent la maîtrise aérienne absolue dans le ciel.
La Task Force TF38/TF58 se subdivise elle-même en plusieurs groupes, appellé "Task Group" TG.38.x.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escadre lourd (CV) de classe Essex, ici le USS Yorktown II (CV-10) en juin 1944.
Porte-avions d'escadre léger (CVL) de classe Independence, ici le USS Independence (CVL-22).
Task Force TF30.
Contre-amiral Allan E. Smith.
Task Group TG.30.2. Contre-amiral Allan E. Smith.
Task Group TG.30.3. Contre-amiral Lawrence T. DuBose.
Task Group TG.30.7. Hunter Killer Group.
Task Group TG.30.8. At Sea Logistic Group. Capitaine Jasper T. Acuff.
Task Force TF38.
Vice-amiral Marc A. Mitscher.
Task Group TG.38.1. Contre-amiral John S. McCain.
[Contre-amiral Alfred E. Montgomery à partir du 30 octobre 1944]
Task Group TG.38.2. Contre-amiral Gerald F. Bogan.
Task Group TG.38.3. Contre-amiral Frederick C. Sherman.
Task Group TG.38.4. Contre-amiral Ralph E. Davison.
2° 7ème Flotte. Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
Outre la 3ème Flotte, chargée des opérations aéronavales annexes et du soutien, Chester Nimitz et Douglas MacArthur disposent de la 7ème Flotte US.
C'est l'épine dorsale pour la reconquête des Philippines. Elle est commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid et est chargée des opérations amphibies de débarquement proprement dites. C'est notamment elle qui assure le convoyage et le déploiement des 140,000 hommes de la 6ème Armée américaine du général Walter Krueger. Elle a appareillé la veille de l'archipel des îles de l'Amirauté pour le Golfe de Leyte.
La Task Force TF77, Central Philippines Attack Force, est la force principale des opérations amphibies dans les îles Philippines. Elle est commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
La TF77 rassemble à elle seule, pour l'opération King II, 18 porte-avions d'escorte, 6 vieux cuirassés (les survivants de Pearl Harbor), 2 croiseurs lourds, 4 croiseurs légers, 82 destroyers d'escadre, 18 destroyers d'escorte, 22 sous-marins, une centaine de navires transport rapide ou d'assaut, environ 400 navires de débarquements (LST, LCI, LSM, LSD) et 350 Liberty Ship.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escorte (CVE) de classe Bogue, ici le USS Bogue (CVE-9).
Task Force TF17. Supporting Submarine Force, Pacific Fleet.
Vice-amiral Charles A. Lockwood.
Wolfpacks ("Meutes de Loups"):
Task Force TF71. Supporting Submarine Force, 7th Fleet.
Contre-amiral Ralph W. Christie.
Task Group TG.71.1. "Wolfpack McClintock"
Task Force TF77. Central Philippines Attack Force.
Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
Task Group TG.77.1. Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
Task Group TG.77.2. Fire Support Group. Contre-amiral Jesse B. Oldendorf.
Task Group TG.77.3. Close Covering Group. Contre-amiral Russell S. Berkey.
Task Group TG.77.4. Carrier Support Group. Contre-amiral Thomas L. Sprague.
Task Group TG.77.5. Minesweeping Group.
Task Group TG.77.6. Dinagat Attack Group. Contre-amiral Arthur D. Struble.
Task Group TG.77.7. Oiler Group.
Task Force TF78. Northern Attack Force.
Vice-amiral Daniel E. Barbey.
Task Group TG.78.1. Panaon Attack Group. Contre-amiral Arthur D. Struble.
Task Group TG.78.2. San Ricardo Attack Group. Contre-amiral William M. Fechteler.
Task Force TF79. Southern Attack Force.
Vice-amiral Theodore S. Wilkinson.
Task Group TG.79.3. Dulag Attack Group.
Général Archibald V. Arnold (7ème Division d'infanterie).
Ordre de bataille naval japonais.
L'ensemble des forces navales japonaises impliquées dans le plan "Victoire" est commandé par l'amiral Soemu Toyoda. Il est en outre commandant suprême de la flotte combinée. Toyoda répartit ses navires en quatre escadres.
Photo ci-dessous: les principaux commandants japonais du plan "Victoire". De gauche à droite, l'amiral Soemu Toyoda, commandant suprême de la Flotte combinée japonaise, le vice-amiral Jizaburo Ozawa, commandant de la flotte "Appât", et vice-amiral Takeo Kurita, commandant de la "Force Centrale A".
L'appât, désigné "Force Nord", est commandée par le vice-amiral Jizaburo Ozawa. C'est elle qui est chargée d'attirer loin au large de Leyte la 3ème Flotte d'Halsey. Cet appât, qui sera à coup sûr sacrifié, comprend tout ce qui reste comme porte-avions et aéronavale à la marine impériale (IJN): quatre porte-avions et 116 avions embarqués. Mais à ce stade de la guerre, les jeunes pilotes japonais novices n'ont que quelques dizaines d'heures de vol à leur actif et sont absolument incapables de se mesurer aux aviateurs américains expérimentés.
Flotte "Appât", ou "Force Nord". Vice-amiral Jizaburo Ozawa.
Appareille d'Oita (Japon) le 17 octobre 1944.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escadre lourd Zuikaku en 1944.
Pendant que l'appât d'Ozawa attirera le "gros poisson" (Halsey) loin au nord, trois autres escadres japonaises devront converger vers le Golfe de Leyte et pulvériseront la 7ème Flotte US du vice-amiral Thomas C. Kinkaid laissée sans protection, prenant ainsi de court l'envahisseur et portant un coup décisif à la puissance navale américaine.
Légende:
Ces trois escadres, commandées respectivement par les vice-amiraux Takeo Kurita, Chozi Nishimura et Kiyohide Shima, placés eux-mêmes sous l'autorité de Soemu Toyoda, comptent tout ce qui reste de la flotte impériale japonaise.
Représentation en deux vues du cuirassé Mushashi (1944):
Force Centrale "A". Vice-amiral Takeo Kurita.
Apparreille de Lingga (Bornéo) le 18 octobre et gagne le golfe de Leyte par le passage de Palawan et le détroit de San Bernardino.
2ème Force d'Attaque "B". Vice-amiral Kiyohide Shima.
Apparreille de Kure (Japon) le 14 octobre, et gagne le golfe de Leyte par la mer de Chine méridionale, le détroit de Mindoro, la mer de Mindanao puis le détroit de Surigao
Force du Sud "C". Vice-amiral Chozi Nishimura.
Apparreille de Tawi-Tawi (Bornéo), le 18 octobre et gagne le golfe de Leyte par la mer de Sulu, la mer de Mindanao puis le détroit de Surigao.
Toyoda dispose également d'une flottille de soutien de onze sous-marins et deux forces aériennes, basées aux Philippines, d'environ 800 avions.
Action des sous-marins américains dans le "Passage de Palawan" (23 octobre 1944).
Appareillé de Lingga, au Brunei (Bornéo) le 18 octobre 1944, l'escadre du vice-amiral Takeo Kurita constitue la force d'attaque principale ou "Force A". Elle compte les deux supercuirassés sistership Yamato et Mushashi, 3 autres cuirassés, 10 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers et 15 destroyers. Ils passent au large de l'île de Palawan aux environs de minuit, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1944.
Deux sous-marins américains du TG.71.1 patrouillent dans cette zone: le Darter et le Dace. Le 23 octobre 1944, à 0h16, le Darter, commandé par le lieutenant David H. McClintock, repère l'escadre japonaise et en communique le raport au Dace du lieutenant Bladen D. Claggett, puis à la 3ème Flotte d'Halsey. Puis les deux sous-marins, naviguant en surface, suivent les navires ennemis à distance et gardent le contact.
A 5h24 du matin, le Darter expédie six torpilles. Quatre d'entre-elles atteignent le navire-amiral de Kurita, le croiseur lourd Atago. Dix minutes plus tard, McClintock envoie une autre bordée de torpilles contre son sistership, le Takao, dont deux atteignent leur cible.
A 5h56, c'est le tour du Dace d'engager le combat. Claggett expédie quatre torpilles contre le croiseur lourd Maya, le second sistership (navire jumeau) de l'Atago et du Takao, qui font toutes mouche.
L'Atago et le Maya coulent rapidement. Le Takao, gravement endommagé, doit rompre la formation et faire demi-tour vers Brunei, escorté par les deux destroyers Naganami et Asashimo. Les trois navires japonais sont pistés par les deux sous-marins américains. Kurita transfère son pavillon sur le cuirassé Yamato.
Au cours de la poursuite du Takao, le Darter s'échoue sur un haut fond, et les efforts pour le faire repartir échouent. Il doit être abandonné, et son équipage est recueilli par le Dace. L'éclopé japonais parviendra à regagner Singapour, où il restera immobilisé jusqu'à la fin de la guerre.
A 8h27, fort du renseignement fourni par les deux sous-marins dans le Passage de Palawan, William Halsey déplace ses Task Groups TG.38.2, TG.38.3 et TG.38.4, commandés respectivement par les contre-amiraux Gerald E. Bogan (au centre), Frederick C. Sherman (au nord) et Ralph E. Davison (au sud), face à l'entrée orientale du détroit de San Bernardino, entre les îles de Luçon et de Samar, d'où il pense que les navires de Kurita déboucheront.
Le Task Group TG.38.1 du contre-amiral John S. McCain, qui vient d'effectuer une série d'opérations aériennes contre les aérodromes japonais de Luçon (21-22 octobre), est envoyé au repos et regagne la Micronésie. Mais au vue de l'évolution des évenements, il sera cependant rappelé dans les Philippines le lendemain, 24 octobre.
Bataille de la Mer de Subuyan (24 octobre 1944).
A l'aube du 24 octobre 1944, l'aviation japonaise stationnée dans les îles Philippines passe à l'attaque de la flotte américaine.
A 8h30, une vague de 50 à 60 bombardiers en piquée Yokosuka D4Y de la 1ère Flotte Aérienne, commandée par le vice-amiral Takijiro Onishi et basée sur Luçon, est signalée par les radars à proximité du TG.38.3, dont la majorité de l'aviation est partie attaquer les aérodromes japonais de Luçon dans le but de prévenir les attaques contre les troupes américaines sur Leyte.
Un groupe de F6F Hellcat de l'Essex en patrouille de combat aérien (CAP), dirigé par le commander David McCampbell, intercepte la force d'attaque japonaise et en fait une hécatombe. Cependant, un Judy arrive à passer au-travers des mailles du filet et, à 9h38, une bombe de 250kg perce le pont d'envol en bois et explose dans le hangar du porte-avions léger Princeton. Ravagé par les incendies incontrôlables, à 15h23, il est victime d'une énorme explosion attribué au magasin de bombes arrière, qui cause de terrible ravage à lui-même et aux navires venus le secourir, dont le croiseur léger Birmingham, et tue plus de 300 marins américains. Tous les efforts pour sauver le Princeton se révèlent vains, et à 17h50, il est achevé à la torpille par le croiseur léger Reno.
Durant cette matinée, l'aviation embarquée américaine n'est pas restée inactive, elle non plus, contre les navires japonais.
Après que le contact avec l'escadre de Kurita ait été rompu la veille par les deux sous-marins Darter et Dace (voir plus haut), celle-ci est de nouveau repérée par un SBD Dauntless de l'Intrepid (TG.38.2), alors qu'elle vient juste de pénétrer dans la Mer de Sibuyan. Simultanément, à 9h15, l'escadre du vice-amiral Chozi Nishimura est, elle aussi, signalée, par un autre Dauntless venant du Franklin (TG.38.4).
A 10h26, une première vague d'assaut de SBD Dauntless, SB2C Helldiver, TBF Avenger et F6F Hellcat venant de l'Intrepid et du Cabot (TG.38.2) endommage sévèrement le croiseur lourd Myoko et touche plus légèrement les cuirassés Nagato, Yamato et Musashi.
A 12h35, une seconde vague de Helldiver et de Hellcat, venant de l'Essex et du Lexington II (TG.38.3), s'acharne contre le Musashi, atteint par dix bombes.
A 15h20, alors que le supercuirassé japonais rompt la formation pour faire demi-tour et rentrer à sa base, une troisième vague de Dauntless, d'Avenger et de Hellcat, partis du Franklin et de l'Enterprise, met au but 11 bombes et 8 torpilles. Immobilisé, le Musashi finit par chavirer et sombrer à 19h30, en entraînant avec lui 39 officiers et 984 marins.
Entretemps, à 14h, Kurita, pour ne pas exposer son escadre à des pertes supplémentaires, decide de rebrousser chemin pour sortir hors du rayon d'action de l'aviation américaine. Informé du changement de cap de Kurita, Toyoda l"invite" à s'en tenir au plan prévu. Si bien qu'à 17h15, Kurita fait de nouveau demi-tour vers le Détroit de San Bernardino.
Bataille du détroit de Surigao (25 octobre 1944).
La "Force Sud C" du vice-amiral Chozi Nishimura se compose des deux cuirassés Yamashiro et Fuso, du croiseur lourd Mogami, et de quatre destroyers. Repérée la veille, elle a déjà subit une petite attaque de l'aéronavale américaine, et ne souffre pour l'instant que de dommages minimes.
En raison du silence radio imposé, Nishimura est incapable de synchroniser ses mouvements avec les escadres de Shima et de Kurita. Quand il entre dans le Détroit de Surigao, à 2h du matin le 25 octobre 1944, la "Force d'attaque B" du vice-amiral Kiyohide Shima navigue 46km derrière lui. Et à ce moment, l'escadre de Kurita se trouve encore dans la Mer de Sibuyan.
Lorsque la "Force Sud" s'approche du détroit de Surigao, à 22h36, elle tombe dans une embuscade tendue par les vedettes lance-torpilles (PT Boats) du Task Group de soutien de la 7ème Flotte (TG.77.1), commandé par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid en personne.
Vers 3h du matin, le 25 octobre 1944, les deux cuirassés japonais sont touchés par des torpilles: le Fuso explose et se brise en deux, le Yamashiro est plus légèrement atteint. Deux des quatre destroyers sont coulés (Yamagumo et Michisio). Un troisième, l'Asagumo, est sévèrement endommagé et immobilisé. Il sera achevé le lendemain à 7h23 par les croiseurs légers Denver et Columbia.
A 3h16, les six vieux cuirassés "survivants" de Pearl Harbor (certains d'entre-eux ont été coulés puis renfloués), équipés de radar de tir, "piquent" les navires survivants de Nishimura à une distance de 38km et leur envoie une bordée d'obus de 360mm et 410mm, coulant le Yamashiro et endommageant sévèrement le Mogami et le Shigure.
A 4h25, l'escadre de Shima, qui suit Nishimura d'une cinquantaine de kilomètres, se heurte au barrage de vedettes lance-torpilles américaines à l'entrée du Détroit de Surigao. Le croiseur léger Abukuma est touché légèrement par une torpille du PT-137, il sera coulé le 26 octobre par un B-24 Liberator au large de l'île Negros. Les deux croiseurs lourds Nachi et Ashigara, et les cinq destroyers de Shima recueillent les navires survivants de Nishimura, puis Shima ordonne la retraite générale.
Lors des manoeuvres du demi-tour, le navire-amiral de Shima, le Nachi, entre en collision avec le Mogami, déjà endommagé. Ce dernier, dont la vitesse est réduite à 20 noeuds, sera coulé par des bombardiers-torpilleurs Avenger des porte-avions d'escorte du TG.77.4 le lendemain à 8h45. La moitié avant du Fuso sera achevé par le croiseur lourd Louisville. De l'escadre de Nishimura, seul le destroyer Shigure survit.
La bataille du "Détroit de Surigao" sera également le dernier affrontement de l'Histoire entre cuirassés. L'escadre de Shima, pourchassé par les navires américains, rentre péniblement à Manille, sur l'île de Luçon, le 28 octobre 1944.
Bataille du Cap Engano (25-26 octobre 1944).
La "Force Nord", la flotte "appât" du vice-amiral Jizaburo Ozawa, comprend toute ce qui reste comme aéronavale à la Flotte Combinée japonaise: le porte-avions lourd Zuikaku, le dernier survivant des six porte-avions ayant participé à l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, et les trois porte-avions légers Zuiho, Chitose et Chiyoda, avec 108 avions à leur bord, plus deux vieux cuirassés partiellement convertis et "maquillés" en porte-avions, Hyuga et Ise, les trois croiseurs légers Oyodo, Tama et Isuzu, et neuf destroyers.
Légende:
Dans l'après-midi du 24 octobre, Ozawa intercepte un message radio américain rapportant le retrait de l'escadre de Kurita vers Brunei. Il commence lui-même à se retirer vers le nord, lorsqu'il reçoit un contre-ordre de l'amiral Soemu Toyoda lui ordonnant de poursuivre vers le sud et d'attaquer la 3ème Flotte américaine.
Halsey, de son côté, est convaincu que la "Force Nord" d'Ozawa constitue maintenant la menace principale, et il est déterminé à saisir cette opportunité de détruire ce qui reste comme porte-avions au Japon. Croyant à tort que la "Force Centrale" de Kurita a été neutralisée dans la mer de Sibuyan par ses attaques aériennes et qu'elle se retire vers Brunei, il envoit le message radio suivant à l'amiral Chester Nimitz, à Pearl Harbor: "Force Centrale gravement endommagée se retire. Me porte au nord avec mes trois groupes pour attaquer porte-avions ennemis."
Il tombe donc dans le piège japonais et envoie toute sa force aéronavale présente vers le nord, abandonnant ainsi la surveillance du Détroit de San Bernardino et laissant pratiquement sans protection la 7ème Flotte US.
Les Task Group TG.38.2, TG.38.3 et TG.38.4 alignent les sept porte-avions d'escadre lourds Intrepid, Bunker Hill, Essex, Lexington II, Ticonderoga, Enterprise et Franklin, les cinq porte-avions d'escadre légers Cabot, Independence, Langley II, San Jacinto et Belleau Wood, les six cuirassés modernes "post-Pearl Harbor" Iowa, New Jersey, Washington, Massachusetts, Alabama et South Dakota, le croiseur lourd New Orleans, les sept croiseurs légers Vincennes II, Miami, Santa Fe, Mobile, Reno, Birmingham et Biloxi, et enfin 49 destroyers.
Le 25 octobre 1944 à 2h40 du matin, Halsey envoie ses six cuirassés, regroupés au sein de la nouvelle Task Force TF34 et qui montent la garde à l'entrée du Détroit de San Bernardino, à la suite de ses porte-avions pour achever l'escadre d'Ozawa.
A l'aube du 25 octobre 1944, Ozawa lance 75 avions contre la Task Force TF38. Ils sont presque tous abattus par les Hellcat CAP ou la DCA, et les quelques survivants vont se poser sur des bases de Luçon. Ozawa garde la trentaine d'avions qu'il lui reste en défense autour de ses porte-avions.
Au cours de la nuit, le vice-amiral Marc Mitscher, commandant de la TF38, ordonne de lancer une première vague d'assaut. 180 chasseurs F6F Hellcat, bombardiers-torpilleurs TBF Avenger et bombardiers en piquée SB2C Helldiver décollent des porte-avions américains pour attaquer l'escadre ennemie. Ils arrivent en vue de leur objectif à 7h10, et l'attaque américaine débute vers 8h.
Les Hellcat abattent les 30 avions japonais de protection, et les bombardiers s'en donnent à coeur joie contre les navires. D'autres attaques aériennes américaines se poursuivront jusqu'au crépuscule. Au total, la TF38 effectuera 527 sorties aériennes contre l'escadre d'Ozawa. Les quatre porte-avions japonais ainsi que le destroyer Akitsuki sont coulés, le croiseur léger Tama sévèrement endommagés. Ozawa transfère son pavillon sur le croiseur léger Oyodo.
Le soir, les Américains lancent une cinquième et une sixième vagues d'assaut, mais avec la tombé du jour, ils chercheront en vain l'escadre d'Ozawa. Au cours des actions de poursuite ultérieures les 26 et 27 octobre 1944, l'aviation et les cuirassés de la TF32 couleront encore les croiseurs légers Tama, Noshiro, Abukuma et Kinu, les destroyers Shiranubi, Yamagumo, Hatzusuki, Hayashimo, WakabaNowaki et Uranami.
Le 28 octobre 1944, les deux vieux cuirassés Hyuga et Ise seront encore attaqués, sans résultat, par le sous-marins Sea Dragon, avant de regagner la Mer Intérieure du Japon.
Bataille de Samar (25 octobre 1944): l'occasion manquée des Japonais.
1° Prélude.
Le vice-amiral William F. "Bull" Halsey prend donc dans la soirée du 24 octobre 1944 la décision, lourde de conséquences, de déplacer les trois groupes de porte-avions de la Task Force TF38 de Mitscher vers le nord, pour détruire l'escadre "appât" d'Ozawa (voir plus haut) et de laisser le détroit de San Bernardino sans surveillance des six cuirassés de la TF34.
Ainsi, les cuirassés, croiseurs et destroyers de Kurita débouchent du Détroit de San Bernardino le 25 octobre 1944 vers 3h du matin et prennent la direction du sud-est en longeant la côte de Samar, pour détruire la 7ème Flotte américaine du vice-amiral Thomas C. Kinkaid, laissée pratiquement sans protection. Entre lui et les navires de débarquement et de transport américains dans le Golfe de Leyte, se trouvent uniquement les trois unités du groupe de soutien du contre-amiral Thomas L. Sprague, désignées "Taffy-1", "Taffy-2" et "Taffy-3", avec leurs 18 porte-avions d'escorte, 9 destroyers d'ecadre et 14 destroyers d'escorte, 450 avions embarqués FM-2 Wildcat et TBM Avenger, chargés essentiellement de la lutte anti-sous-marines.
En dépit des pertes qu'elle a subit le 24 octobre dans la Mer de Sibuyan, la "Force Centrale" du vice-amiral Takeo Kurita est encore une force redoutable qui comprend quatre cuirassés, dont le géant Yamato, six croiseurs lourds, deux croiseurs légers et douze destroyers.
Les porte-avions d'escorte américains de Thomas Sprague, pas du tout préparés à affronter des gros navires de cette puissance, vont ainsi se retrouver complètement exposés aux tirs directs de gros calibre des "battleships" japonais, en particulier l'unité la plus au nord, TU.77.4.3 "Taffy-3", commandée par le contre-amiral Clifton A. Sprague, avec les six porte-avions Fanshaw Bay, St. Lo, White Plains, Kalinin Bay, Kitkun Bay et Gambier Bay, les trois destroyers d'escadre Hoel, Heermann et Johnston, et les quatre destroyers d'escorte Dennis, John C. Butler, Raymond et Samuel B. Roberts.
2° La bataille.
A l'aube du 25 octobre 1944, pour les Américains de "Taffy-3", la surprise est totale! A 7h01, le supercuirassé Yamato ouvre les hostilités à 30km de distance, en visant particulièrement les porte-avions d'escorte américains. Il est bientôt imité par les autres cuirassés et croiseurs japonais.
Clifton Sprague réclame par radio de l'aide d'urgence, tandis qu'il essaie de manoeuvrer ses porte-avions pour permettre les opérations de décollage. Les premières victimes des Japonais sont les White Plains et St. Lo, sérieusement endommagés par des tirs de gros calibre en quelques minutes.
Photo ci-dessous: le White-Plains fait décoller ses avions en catastrophe, pendant qu'à l'arrière-plan le St. Lo est encadré par les tirs japonais.
A 7h20, les trois destroyers d'escadre Hoel, Heermann et Johnson s'interposent entre les porte-avions américains et les navires de Kurita, en tirant une bordée de torpilles. Le croiseur lourd Kumano est touché et des incendies éclatent à bord, et doit rompre le combat.
Photo ci-dessous: le croiseur lourd Chikuma manoeuvre pour éviter les torpilles des destroyers de "Taffy-3".
Le Johnson est ensuite sévèrement atteint par trois projectiles de gros calibre 460mm et de 155mm du Yamato, et sévèrement endommagé. Le Kongo, attaqué avec des torpilles par le Hoel, réussit à les esquiver, à riposter et à frapper son adversaire, qui est presque entièrement détruit.
A 7h25, Le destroyer Hoel lance ses dernières torpilles contre le croiseur lourd Aguro, sans l'atteindre, puis s'abîme dans les flots.
A 7h35, pour protéger le Johnson, le destroyer d'escorte Samuel B. Roberts, commandé par le lieutenant-commander Robert W. Copeland, intervient dans la mêlée et ouvre le feu contre le croiseur lourd Chokai. Celui-ci riposte par un véritable déluge de feu sur le navire américain, évité de justesse grâce à un écran de fumigène. Le Roberts s'en prend ensuite au Chikuma, qu'il atteint et endommage, mais il est aussitôt touché par trois obus de 356mm du cuirassé Kongo, et immobilisé. A 9h35, l'équipage abandonnera le navire condamné.
A 7h50, l'escadre de Kurita est maintenant prise à partie par les destroyers et l'aviation embarquée de "Taffy-2" du contre-amiral Felix Stump, arrivé à la rescousse, assistés du Heermann et du Johnson, tous les deux sévèrement endommagés, ainsi que par les Avenger des porte-avions d'escorte survivants de "Taffy-3".
A 8h, alors que le balai des destroyers américains sème le désordre et la zizanie dans l'escadre japonaise, une bombe lancée d'un TBM Avenger touche le croiseur lourd Haguro, mettant hors d'usage l'une de ses tourelles de tir.
A 8h10, le Gambier Bay est atteint par des obus du Chikuma tiré d'une distance de 8km. Abandonné par son équipage et ravagé par les incendies, il chavire et coule à 9h07 en entraînant avec lui 437 marins américains. Environ 800 survivants seront recueillis en mer au cours des deux jours suivants. Le Gambier Bay sera l'unique porte-avions américain coulé par des tirs de canons de marine au cours de la Seconde Guerre mondiale.
A 8h30, le Raymond attaque le croiseur lourd Tone, l'obligeant à interrompre son tir contre les porte-avions d'escorte.
A 9h30, tous les destroyers américains engagés sont endommagés à des degrés divers. Le porte-avions d'escorte Kalinin Bay est atteint par le projectile d'un destroyer japonais et doit rompre le combat.
A 10h05, le destroyers Samuel B. Roberts, endommagé, succombe à ses blessures et sombre. Cinq minutes plus tard, le destroyer Johnson le rejoint au fond de la mer.
3° Retrait de Kurita.
A 9h20, Takeo Kurita, indécis devant la forte résistance américaine et ayant pris connaissance de la destruction de la Force Sud de Nishimura la nuit précédente, décide de rompre le combat et de se retirer vers le nord-ouest pour regagner le Détroit de San Bernardino. Peut-être craint-il la riposte des porte-avions d'escadre et des cuirassés de Halsey?
Car à 10h30, une force d'attaque d'Helldiver, d'Avenger et de Hellcat lancés à l'extrême-limite de leur rayon d'action (530km) par les porte-avions Hornet, Hancock et Wasp (TG.38.1) du contre-amiral John S. McCain, rappelé en urgence d'Ulithi (Micronésie), attaque l'escadre de Kurita, endommage plusieurs navires japonais mais n'en coule aucun.
A 11h14, deux heures après avoir reçu les messages de détresse de Kinkaid, Halsey ordonne à ses TF34 et TF38 de faire demi-tour au sud et de poursuivre l'escadre de Kurita.
A 13h22, le croiseur lourd Suzuya, endommagé par les bombardiers du TG.38.1, sombre à la suite des avaries reçues.
A 21h40, un avion de reconnaissance du porte-avions Independence (TG.38.2) rétablit le contact avec l'escadre de Kurita, qui est en train de se retirer à travers le détroit de San Bernardino.
Le 27 octobre 1944, Kurita perdra encore deux destroyers: le Fujinami coulé par des bombardiers de la Task Force TF38 de Marc Mitscher, et l'Isokaze par ceux du Task Groupe TG.77.4. de Thomas Sprague.
De son escadre, Kurita ne parviendra à ramener, le 28 octobre 1944 à Brunei (Bornéo), que les cuirassés Yamato, Nagato, Haruna et Kongo, le croiseur lourd Tone, et le destroyer Yukikaze.
4° Première attaque massive de kamikazes.
Bien qu'ils ont été employé pour la première dès le 15 octobre 1944 contre la 7ème Flotte en petit nombre (1), la bataille navale du Golfe de Leyte marque véritablement l'apparition en grand nombre des kamikazes du "Corps d'Attaque Spécial", dont la tactique a été mise au point par le contre-amiral Masafumi Arima (2).
A 10h47, alors que les navires de Kurita rompent le combat et s'éloignent, survient la première attaque massive de kamikazes. Quatre d'entre-eux atteignent le Kalinin Bay. Il est sévèrement endommagé.
Entre 10h47 et 10h51, le St. Lo est mortellement touché par trois kamikazes et 114 marins américains sont tués. Ravagé par les incendies et évacué par son équipage, il sombre à 15h25.
Les ponts d'envol du Kitkun Bay et du White Plains sont chacun également atteint par un kamikaze et plus légèrement endommagés.
Photo ci-dessous: débris de D4Y Judy sur le pont du Kitkun Bay, 25 octobre 1944.
Un kamikaze s'écrase sur le pont du White Plains, 25 octobre 1944.
(1) Croiseur lourd australien HMAS Australia, sévèrement endommagé le 21 octobre.
(2) Arima conduira lui-même la première attaque kamikaze contre le porte-avions Franklin, le 15 octobre 1944, et sera promu, à titre posthume, au grade d'amiral.
Bilan de la bataille du Golfe de Leyte (23-26 octobre 1944).
Durant cette bataille gigantesque, qui voit la fin de l'aéronavale et de la marine impériale japonaise, les 3ème et 7ème Flotte ont coulé 4 porte-avions, 3 cuirassés (dont le géant Musashi), 8 croiseurs lourds, 3 croiseurs légers et 12 destroyers ennemis. Plus de 10,500 aviateurs et marins japonais ont péri.
De leur côté, les Américains ont perdu le porte-avions d'escadre Princeton, les deux porte-avions d'escorte St. Lo et Gambier Bay, trois destroyers et une vedette lance-torpille, coulés. Ainsi que 1500 tués.
Malgré les erreurs et la mésentente entre les deux commandants des 3ème et 7ème Flotte (Halsey et Kinkaid), la bataille du Golfe de Leyte se termine par une éclatante victoire américaine.
Photo ci-dessous: mémorial en l'honneur du contre-amiral Clifton A. Sprague et de la résistance héroïque de son unité TU.77.4.3 "Taffy-3", à bord de l'USS Midway, à San Diego.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960s et 1970s, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).
7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.
Article modifié le 2 août 2017.
Sources principales:
• Battle of Leyte Gulf (Wikipedia.org)
Mise en application du plan japonais "Victoire".
Quelques jours après la chute du cabinet Tojo, le 18 juillet 1944, l'amiral Mitsumasa Yonai, nouveau ministre de la Marine impériale, et les autres membres du cabinet de guerre se sont concertés pour dresser le plan Sho-Go ("Victoire").
Lors de l'invasion américaine, l'armée de terre impériale devra résister à tout prix, la marine affrontant en masse les forces amphibies et les porte-avions américains, dans une "bataille générale et décisive".
L'amiral Soemu Toyoda, commandant en chef de la flotte impériale, conscient de l'impossibilité de vaincre la flotte américaine toute puissante, en raison surtout de l'insuffisance de la couverture aérienne des navires japonais, imagine un stratagème pour attirer et diviser les forces navales américaines.
Lorsque les Américains envahiront les Philippines, un "appât" devrat attirer au large de Leyte la 3ème Flotte d'Halsey, c'est-à-dire les porte-avions lourds d'escadre et toute leur aviation embarquée. Les cuirassés et croiseurs japonais en profiteront pour intervenir et détruire la flotte de débarquement ennemie dans le Golfe de Leyte.
L'appât, qui sera à coup sûr sacrifié, comprendra tout ce qui reste comme porte-avions aux Japonais. Quatre porte-avions transportent 116 avions, mais à ce stade de la guerre, les jeunes pilotes japonais novices sont incapables de se mesurer à l'aéronavale américaine.
Pendant que cet appât, commandé par le vice-amiral Jizaburo Ozawa, attirera le "gros poisson" (3ème Flotte d'Halsey) loin au large, trois autres escadres japonaises convergeront vers le Golfe de Leyte et pulvériseront la 7ème Flotte amphibie américaine du vice-amiral Thomas C. Kinkaid, prenant de court l'envahisseur et portant un coup décisif à la puissance navale américaine.
Ces trois escadres, commandées respectivement par les vice-amiraux Takeo Kurita, Shozi Nishimura et Kiyohide Shima, placés eux-mêmes sous l'autorité de Soemu Toyoda, comptent tout ce qui reste de la flotte impériale japonaise. Toyoda dispose en outre d'une flotille de 11 sous-marins et de deux forces aériennes basées à terre, aux Philippines, avec 800 avions environs, ainsi que les 108 avions embarqués sur les porte-avions d'Ozawa.
Depuis le 6 octobre 1944, grâce à une fuite dans les services secrets soviétiques à Moscou, le quartier général impérial a maintenant la certitude que le prohain objectif des Américains sera les îles Philippines. Toyoda se rend à Manille, sur Luçon, afin d'aviser les chefs locaux de l'armée de se tenir prêts au débarquement ennemi, entre le 20 et le 30 octobre 1944.
L'élément surprise ne joue donc plus pour les Américains. Les 3ème et 7ème Flottes américaines n'en rassemblent pas moins une formidable armada de plus de 500 navires de guerre. Quatre Task Groups de la Task Force TF77, celle-ci commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid, sont chargés de la protection aéronavale rapprochée de la zone de débarquement.
Ordre de bataille naval américain.
1° 3ème Flotte. Vice-amiral William F. "Bull" Halsey.
La 3ème Flotte, ou 5ème Flotte suivant le principe du "commandement alternatif" de la flotte du Pacifique et le changement de numérologie, est commandée, tour-à-tour, par les vice-amiraux William F. "Bull" Halsey ou Raymond A. Spruance.
En ce mois d'octobre 1944, la 3ème/5ème Flotte a atteint une taille considérable, au total plus de 500 navires de guerre, répartie sur toute la superficie de l'Océan Pacifique.
Photos ci-dessous: les différents commandants des forces navales américaines autour de Leyte. De gauche à droite: le vice-amiral William F. Halsey, commandant de la 3ème Flotte, le vice-amiral Thomas C. Kinkaid, commandant de la 7ème Flotte et, plus particulièrement, de la Task Force TF77 chargée des opérations de débarquement amphibies, le contre-amiral Thomas L. Sprague, commandant des porte-avions d'escorte de la 7ème Flotte, et contre-amiral Jesse B. Oldendorf, commandant du groupe TG.77.2 de protection des porte-avions de Sprague.
Pour l'opération King II, le débarquement sur l'île de Leyte le 20 octobre 1944, le général Douglas MacArthur, commandant du théâtre d'opération Pacifique Sud-Ouest, et l'amiral Chester Nimitz, commandant des forces américaines dans le Pacifique et du théâtre d'opération du Pacifique Central en particulier, ont rassemblé les 3ème et 7ème Flottes.
Contre Leyte, la 3ème Flotte met en ligne 18 porte-avions d'escadre et environ 1450 avions embarqués, 10 porte-avions d'escorte, 7 cuirassés, 7 croiseurs lourds, 12 croiseurs légers, 80 destroyers d'escadre, 23 destroyers d'escorte, 13 pétroliers ou ravitailleurs, et une nuée de navires de moindre importance (vedettes lance-torpilles, patrouilleurs, remorqueurs, ...)
Depuis sa création, en mai/juin 1943, elle est devenue une formidable machine de guerre, puissante et redoutable. Elle a fini par s'imposer totalement à la marine impériale et l'aéronavale japonaises, et domine définitivement.
La Task Force TF38, appellée également Fast Carrier Task Force, ou Task Force TF58, est commandée par le vice-amiral Marc Mitscher. Elle est la principale force de bataille de Bill Halsey et regroupe la totalité des porte-avions d'escadre américains opérant dans le Pacifique.
Depuis le "Tir aux Pigeons des Mariannes", les nouveaux chasseurs F6F Hellcat et F4U Corsair surclassent leurs adversaires dans tous les domaines de vol, et s'adjugent la maîtrise aérienne absolue dans le ciel.
La Task Force TF38/TF58 se subdivise elle-même en plusieurs groupes, appellé "Task Group" TG.38.x.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escadre lourd (CV) de classe Essex, ici le USS Yorktown II (CV-10) en juin 1944.
Porte-avions d'escadre léger (CVL) de classe Independence, ici le USS Independence (CVL-22).
Task Force TF30.
Contre-amiral Allan E. Smith.
Task Group TG.30.2. Contre-amiral Allan E. Smith.
- 3 croiseurs lourds (CA): Chester, Pensacola, Salt Lake City.
- 6 destroyers (DD): Dunlap, Fanning, Cassin, Downes, Cummings, Case.
Task Group TG.30.3. Contre-amiral Lawrence T. DuBose.
- 2 croiseurs lourds (CA): New Orleans, Wichita.
- 2 croiseurs légers (CL): Santa Fe, Mobile.
- 9 destroyers (DD): Patterson, Bagley, Healy, Cotten, Dortch, Cogswell, Caperton, Ingersoll, Knapp.
Task Group TG.30.7. Hunter Killer Group.
- 1 porte-avions d'escorte (CVE): Anzio.
- 5 destroyers d'escorte (DE): Lawrence C. Taylor, Tabberer, Bebas, Melvin R. Nawman, Robert F. Keller.
Task Group TG.30.8. At Sea Logistic Group. Capitaine Jasper T. Acuff.
- 9 porte-avions d'escorte (CVE): Altamaha, Barnes, Sitkoh Bay, Nassau, Shipley Bay, Steamer Bay, Nehenta Bay, Sargent Bay, Rudyerd Bay.
- 9 destroyers (DD): John D. Henley, Evans, Dewey, Hall, Caps, Thatcher, David W. Taylor, Paul Hamilton, Lyman K. Swanson.
- 18 destroyers d'escorte (DE): Kyne, Levy, Parks, Swearer, Elden, Martin, Halloran, Hilbert, Bangust, Waterman, Weaver, Lamons, McCoy Reynolds, Osterhaus, McConnell, Rall, Riddle, Wyman.
- 13 pétroliers/ravitailleurs (AO): Missisinewa, Millicorna, Platte, Kennebago, Tomahawk, Tappahannock, Pecos, Schuytlkill, Escambia, Neosho II, Saugatuck, Sabine, Nantahala.
Task Force TF38.
Vice-amiral Marc A. Mitscher.
- 1 navire-amiral: croiseur léger (CL) Pasadena.
Task Group TG.38.1. Contre-amiral John S. McCain.
[Contre-amiral Alfred E. Montgomery à partir du 30 octobre 1944]
- 3 porte-avions d'escadre lourds (CV): Hornet II, Wasp II, Hancock.
- 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Cowpens, Monterey.
- 3 croiseurs lourds (CA): Wichita, Canberra, Boston.
- 3 croiseurs légers (CL): Houston II, San Diego, Oakland.
- 22 destroyers (DD): Dunlap, Fanning, Case, Cummings, Cassin, Downes, McCalla, Farenholt, Woodworth, Grayson, Izard, Conner, Charrette, Bell, Burns, Boyd, Brown, Cowell, Cogswell, Caperton, Ingersoll, Knapp.
Task Group TG.38.2. Contre-amiral Gerald F. Bogan.
- 2 porte-avions d'escadre lourds (CV): Intrepid, Bunker Hill.
- 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Cabot et Independence.
- 2 cuirassés (BB): Iowa, New Jersey.
- 2 croiseurs légers (CL): Vincennes II, Miami.
- 18 destroyers (DD): Owen, The Sullivans, Stephen Potter, Tingey, Miller, Hunt, Lewis Hancock, Marshall, Hickox, Colahan, Cushing II, Uhlmann, Halsey Powell, Benham II, Yarnall, Twining, Wedderburn, Stockham.
Task Group TG.38.3. Contre-amiral Frederick C. Sherman.
- 3 porte-avions d'escadre lourds (CV): Essex, Lexington II, Ticonderoga.
- 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Langley II, Princeton.
- 2 cuirassés (BB): Washington, Massachusetts.
- 4 croiseurs légers (CL): Santa Fe, Mobile, Reno, Birmingham.
- 14 destroyers (DD): Clarence K. Bronson, Cotten, Dortch, Gatling, Healy, Porterfield, Callaghan, Cassin Young, Preston II, Irwin, Laws, Longshaw, Morrison, Pritchett.
Task Group TG.38.4. Contre-amiral Ralph E. Davison.
- 2 porte-avions d'escadre lourds (CV): Enterprise et Franklin.
- 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): San Jacinto et Belleau Wood.
- 3 cuirassés (BB): Indiana, Alabama, South Dakota.
- 1 croiseur lourd (CA): New Orleans.
- 1 croiseur léger (CL): Biloxi.
- 17 destroyers (DD): Wilkes, Nicholson, Swanson, Marshall, Miller, Maury, Gridley, McCall, Helm, Craven, Ralph Talbot, Mugford, Patterson, Bagley, Laws, Longshaw, Morris.
2° 7ème Flotte. Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
Outre la 3ème Flotte, chargée des opérations aéronavales annexes et du soutien, Chester Nimitz et Douglas MacArthur disposent de la 7ème Flotte US.
C'est l'épine dorsale pour la reconquête des Philippines. Elle est commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid et est chargée des opérations amphibies de débarquement proprement dites. C'est notamment elle qui assure le convoyage et le déploiement des 140,000 hommes de la 6ème Armée américaine du général Walter Krueger. Elle a appareillé la veille de l'archipel des îles de l'Amirauté pour le Golfe de Leyte.
La Task Force TF77, Central Philippines Attack Force, est la force principale des opérations amphibies dans les îles Philippines. Elle est commandée par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
La TF77 rassemble à elle seule, pour l'opération King II, 18 porte-avions d'escorte, 6 vieux cuirassés (les survivants de Pearl Harbor), 2 croiseurs lourds, 4 croiseurs légers, 82 destroyers d'escadre, 18 destroyers d'escorte, 22 sous-marins, une centaine de navires transport rapide ou d'assaut, environ 400 navires de débarquements (LST, LCI, LSM, LSD) et 350 Liberty Ship.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escorte (CVE) de classe Bogue, ici le USS Bogue (CVE-9).
Task Force TF17. Supporting Submarine Force, Pacific Fleet.
Vice-amiral Charles A. Lockwood.
Wolfpacks ("Meutes de Loups"):
- "Wogan's Wolfs": Gabilan, Besugo.
- "Roach's Riders": Haddock, Tuna, Halibut.
- "Clarey's Crushers": Pintado, Jallao, Atule.
- "Blakely's Hellcats": Shark II, Blackfish, Seadragon.
- "Millican's Marauders": Escolar, Croaker, Perch II.
- "Banister's Beagles": Sawfish, Icefish, Drum.
Task Force TF71. Supporting Submarine Force, 7th Fleet.
Contre-amiral Ralph W. Christie.
Task Group TG.71.1. "Wolfpack McClintock"
- 2 sous-marins (SS): Darter, Dace.
Task Force TF77. Central Philippines Attack Force.
Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
- 1 navire de commandement (AGC): Wasatch.
- 2 destroyers (DD): Lang, Jenkins.
- 1 destroyer d'escorte (DE): Lovelace.
- 4 transports rapides (APD): Kilty, Herbert, George E. Badger, Belknap.
Task Group TG.77.1. Vice-amiral Thomas C. Kinkaid.
- 1 croiseur léger (CL): Nashville.
- 3 destroyers (DD): Ammen, Abner Road, Mullany.
- 12 patrouilleurs (PT): PT-130, PT-131, PT-134, PT-137, PT-151, PT-152, PT-323, PT-489, PT-490, PT-492, PT-493, PT-495.
Task Group TG.77.2. Fire Support Group. Contre-amiral Jesse B. Oldendorf.
- 6 cuirassés (BB): West Virginia, Maryland, Mississippi, Tennessee, California et Pennsylvania.
- 3 croiseurs lourds (CA): Louisville, Portland, Minneapolis.
- 2 croiseurs légers (CL): Denver, Columbia.
- 10 destroyers (DD): Welles, Sigourney, Cony, Thom, Leutze, Bennion, Heywood L. Edwards, Newcomb, Albert W. Grant, Richard P. Leary.
- 2 transports rapides (APD): Manley, Rathburne.
Task Group TG.77.3. Close Covering Group. Contre-amiral Russell S. Berkey.
- 2 croiseurs lourds (CA): Australia [RAN], Shropshire [RAN].
- 2 croiseurs légers (CL): Boise, Phoenix.
- 7 destroyers (DD): Hutchins, Daily, Bache, Killen, Beale, Arunta, Marramunga.
Task Group TG.77.4. Carrier Support Group. Contre-amiral Thomas L. Sprague.
- Unité TU.77.4.1 "Taffy-1". Contre-amiral Thomas L. Sprague.
- 6 porte-avions d'escorte (CVE): Sangamon, Suwannee, Chenango, Santee, Saginaw Bay, Petrof Bay.
- 3 destroyers (DD): McCord, Trathen, Hazelwood.
- 5 destroyers d'escorte (DE): Richard S. Bull, Coolbaugh, Edmonds, Richard M. Powell, Eversole.
- Unité TU.77.4.2 "Taffy-2". Contre-amiral Felix B. Stump.
- 6 porte-avions d'escorte (CVE): Natoma Bay, Manila Bay, Savo Island, Marcus Island, Kadashan Bay, Ommaney Bay.
- 3 destroyers (DD): Haggard, Hailey, Franks.
- 5 destroyers d'escorte (DE): Richard W. Suessens, Abercrombie, Oberrender, Le Ray Wilson, Walter C. Wann.
- Unité TU.77.4.3 "Taffy-3". Contre-amiral Clifton A. Sprague.
- 6 porte-avions d'escorte (CVE): Fanshaw Bay, St. Lo, White Plains, Kalinin Bay, Kitkun Bay, Gambier Bay.
- 3 destroyers (DD): Hoel, Hermann, Johnston.
- 4 destroyers d'escorte (DE): Dennis, John C. Butler, Raymond, Samuel B. Roberts.
Task Group TG.77.5. Minesweeping Group.
- 6 dragueurs de mines (Destroyer Minesweeping, DMS): Howey, Long, Chandler, Hamilton, Palmer, Howard.
- 2 mouilleurs de mines (Destroyer Minelayer, DM): Preble, Breese.
Task Group TG.77.6. Dinagat Attack Group. Contre-amiral Arthur D. Struble.
- 2 croiseurs légers (CL): Denver, Columbia.
- 2 destroyers (DD): Hughes, Ross.
- 12 transports rapide (APD): Kane, Sands, Talbot, Kilty, Humphreys, Schley, Crosby, Goldsborough, Clemson, Crosby, Ward, Overton.
- 1 drageur de mines (DMS): Southard.
Task Group TG.77.7. Oiler Group.
- 4 destroyers (DD): Whitehurst, Witter, Willmarth, Bowers.
- 4 pétroliers (AO): Ashtabula, Saranac, Chepachet, Salamanie.
- 1 transport de munitions (Ammunition & Explosive, AE): Mazama.
Task Force TF78. Northern Attack Force.
Vice-amiral Daniel E. Barbey.
- 1 navire de commandement: Blue Ridge.
- 6 destroyers (DD): Nicholas, O'Bannon, Taylor, Hopewell, Stevens, Stack.
- 16 transporteurs d'assaut (APA): Fayette, Ornsby, Warren, Crescent City, Leadstown, Windsor, Dupage, Elmore, Barnstable, Fuller, Leonard Wood, La Salle, Callaway, Leon, Sumter, Wayne.
- 6 cargos (Cargo Ship, AK, Attack Cargo Ship, AKA): Hercules, Aquarius, Electra, Jupiter, Arneb, Titania.
- 4 navires de débarquement LSD (Dock Landing Ship): Carter Hall, Epping Forrest, Gunston Hall, Oak Hill.
- 12 navires de débarquement LSM (Medium Landing Ship): LSM-18, LSM-19, LSM-20, LSM-21, LSM-22, LSM-23, LSM-138, LSL-139, LSM-257, LSM-258, LSM-310 et LSM-311.
- LST Flotilla 7. 33 navires de débarquement (Landing Ship Tank): LST-18, LST-22, LST-26, LST-66, LST-67, LST-68, LST-168, LST-170, LST-171, LST-181, LST-202, LST-204, LST-206, LST-245, LST-452, LST-454, LST-456, LST-457, LST-458, LST-459, LST-462, LST-463, LST-464, LST-465, LST-466, LST-467, LST-468, LST-469, LST-470, LST-471, LST-473, LST-474 et LST-475.
- LST Flotilla 8. 35 navires de débarquement (Landing Ship Tank): LST-339, LST-395, LST-397, LST-460, LST-472, LST-549, LST-560, LST-562, LST-569, LST-613, LST-614, LST-618, LST-619, LST-666, LST-667, LST-668, LST-673, LST-694, LST-695, LST-696, LST-697, LST-699, LST-700, LST-741, LST-742, LST-743, LST-744, LST-746, LST-910, LST-911, LST-912, LST-919, LST-992, LST-993 et LST-1016.
- LST Flotilla 14. 30 navires de débarquement (Landing Ship Tank): LST-24, LST-220, LST-341, LST-408, LST-552, LST-553, LST-554, LST-555, LST-556, LST-557, LST-558, LST-559, LST-606, LST-610, LST-658, LST-660, LST-662, LST-663, LST-685, LST-687, LST-688, LST-734, LST-735, LST-736, LST-737, LST-908, LST-990, LST-991, LST-1014 et LST-1015.
Task Group TG.78.1. Panaon Attack Group. Contre-amiral Arthur D. Struble.
- 8 destroyers (DD): John Rodgers, Harrison, McKee, Murray, Ringgold, Schroeder, Sigsbee, Dashiell.
- 3 navires de débarquement LSI (Landing Ship Infantry): Kanimbla [RAN], Manoora [RAN], Westralia [RAN].
Task Group TG.78.2. San Ricardo Attack Group. Contre-amiral William M. Fechteler.
- 2 destroyers (DD): Anderson et Bush.
- 2 navires de débarquement LSD (Dock Landing Ship): White Marsh, Lindenwald.
- 4 transports d'assaut (APA): Fremont, Pierce, James O'Hara, Harris.
Task Force TF79. Southern Attack Force.
Vice-amiral Theodore S. Wilkinson.
- 1 navire de commandement: Mount Olympus.
- 28 destroyers (DD): Remey, Mertz, Monssen, McGowan, Halford, McNair, Melvin, Picking, Sprosten, Wickes, Isherwood, Luce, Charles J. Badger, Halligan, Haraden, Twiggs, McDonough, Bailey, Braine, Erben, Walker, Hale, Abbott, Stemmbel, Kidd, Black, Chauncey, Gansevoort.
- 21 transporteurs d'assaut (APA): Cavalier, Franklin Bell, Feland, President Hayes, Knox, Calbert, Custer, Rixey, Lamar, Alpine, Clay, Doyen, Heywood, Arthur Middleton, Baxter, William P. Biddle, Monrovia, Frederick Funston, Cambria, Bolivar, Sheridan.
- 6 transporteurs (AP): Golden City, George Clymer, Starlight, Comet, Warhawk, George F. Elliot.
- 8 cargos (Cargo Ship, AK, Attack Cargo Ship, AKA): Capricornus, Mercury, Alshain, O'Hara, Alcyone, Almaak, Auriga, Thuban.
- 5 navires de débarquement LSD (Dock Landing Ship): Lindenwald, Ashland, Rushmore, Belle Grove, Casa Grande.
- LST Flotilla 3. 24 navires de débarquement (Landing Ship Tank): LST-20, LST-84, LST-117, LST-118, LST-269, LST-270, LST-277, LST-486, LST-564, LST-567, LST-568, LST-615, LST-669, LST-671, LST-672, LST-698, LST-704, LST-745, LST-916, LST-917, LST-918, LST-999, LST-1013, LST-1024.
- LST Flotilla 16. 30 navires de débarquement (Landing Ship Tank): LST-34, LST-123, LST-126, LST-135, LST-169, LST-205, LST-207, LST-213, LST-219, LST-223, LST-242, LST-451, LST-478, LST-482, LST-488, LST-565, LST-605, LST-608, LST-609, LST-611, LST-612, LST-617, LST-670, LST-686, LST-693, LST-733, LST-738, LST-739, LST-909, LST-1006.
- LCI Flotilla 6. 18 navires de débarquement (Landing Craft Infantry): LCI-365, LCI-366, LCI-407, LCI-422, LCI-439, LCI-440, LCI-442, LCI-475, LCI-558, LCI-599, LCI-560, LCI-561, LCI-565, LCI-567, LCI-568, LCI-580, LCI-751, LCI-752.
- LCI Flotilla 14. 25 navires de débarquement (Landing Craft Infantry): LCI-372, LCI-373, LCI-451, LCI-461, LCI-462, LCI-464, LCI-465, LCI-497, LCI-472, LCI-564, LCI-598, LCI-658, LCI-659, LCI-660, LCI-676, LCI-738, LCI-754, LCI-755, LCI-974, LCI-975, LCI-1055, LCI-1056, LCI-1057, LCI-1058, LCI-1059.
- LSM Division 15. 6 navires de débarquement (Medium Landing Ship): LSM-24, LSM-29, LSM-134, LSM-135, LSM-136, LSM-233.
Task Group TG.79.3. Dulag Attack Group.
Général Archibald V. Arnold (7ème Division d'infanterie).
- 1 navire de commandement (AGC): Appalachian.
- 1 destroyer (DD): McDermut.
- 1 transporteur d'assaut (APA): Sarasota.
Ordre de bataille naval japonais.
L'ensemble des forces navales japonaises impliquées dans le plan "Victoire" est commandé par l'amiral Soemu Toyoda. Il est en outre commandant suprême de la flotte combinée. Toyoda répartit ses navires en quatre escadres.
Photo ci-dessous: les principaux commandants japonais du plan "Victoire". De gauche à droite, l'amiral Soemu Toyoda, commandant suprême de la Flotte combinée japonaise, le vice-amiral Jizaburo Ozawa, commandant de la flotte "Appât", et vice-amiral Takeo Kurita, commandant de la "Force Centrale A".
L'appât, désigné "Force Nord", est commandée par le vice-amiral Jizaburo Ozawa. C'est elle qui est chargée d'attirer loin au large de Leyte la 3ème Flotte d'Halsey. Cet appât, qui sera à coup sûr sacrifié, comprend tout ce qui reste comme porte-avions et aéronavale à la marine impériale (IJN): quatre porte-avions et 116 avions embarqués. Mais à ce stade de la guerre, les jeunes pilotes japonais novices n'ont que quelques dizaines d'heures de vol à leur actif et sont absolument incapables de se mesurer aux aviateurs américains expérimentés.
Flotte "Appât", ou "Force Nord". Vice-amiral Jizaburo Ozawa.
Appareille d'Oita (Japon) le 17 octobre 1944.
- 1 porte-avions lourds: Zuikaku.
- 3 porte-avions légers: Zuiho, Chiyoda, Chitose.
- 108 avions embarqués.
- 2 cuirassés "maquillé" en porte-avions: Hiyuga, Ise.
- 3 croiseurs légers: Oyodo, Isuzu, Tama.
- 9 destroyers: Wakacuki, Kuwa, Sugi, Maki, Kiri, Shimocuki, Fujucuki, Hacuzuki, Akizuki.
Photo ci-dessous: porte-avions d'escadre lourd Zuikaku en 1944.
Pendant que l'appât d'Ozawa attirera le "gros poisson" (Halsey) loin au nord, trois autres escadres japonaises devront converger vers le Golfe de Leyte et pulvériseront la 7ème Flotte US du vice-amiral Thomas C. Kinkaid laissée sans protection, prenant ainsi de court l'envahisseur et portant un coup décisif à la puissance navale américaine.
Légende:
- "Bataille de la Mer de Sibuyan".
- "Bataille du Détroit de Surigao".
- "Bataille du Cap Engano".
- "Bataille de Samar".
Ces trois escadres, commandées respectivement par les vice-amiraux Takeo Kurita, Chozi Nishimura et Kiyohide Shima, placés eux-mêmes sous l'autorité de Soemu Toyoda, comptent tout ce qui reste de la flotte impériale japonaise.
Représentation en deux vues du cuirassé Mushashi (1944):
Force Centrale "A". Vice-amiral Takeo Kurita.
Apparreille de Lingga (Bornéo) le 18 octobre et gagne le golfe de Leyte par le passage de Palawan et le détroit de San Bernardino.
- 2 supercuirassés de 72800 tonnes: Yamato, Mushashi.
- 3 cuirassés: Nagato, Kongo, Haruna.
- 10 croiseurs lourds: Atago, Maya, Takao, Chokai, Myoko, Haguro, Kumano, Suzuya, Tone, Chikuma.
- 2 croiseurs légers: Noshiro, Yahagi.
- 15 destroyers: Akishimo, Shimakaze, Hayashimo, Kiyoshimo, Naganami, Kishinami, Okinami, Asashimo, Fujinami, Hamanami, Nowaki, Urakaze, Jukikaze, Isokaze, Hamakaze.
2ème Force d'Attaque "B". Vice-amiral Kiyohide Shima.
Apparreille de Kure (Japon) le 14 octobre, et gagne le golfe de Leyte par la mer de Chine méridionale, le détroit de Mindoro, la mer de Mindanao puis le détroit de Surigao
- 2 croiseurs lourds: Ashigara, Naci.
- 1 croiseur léger: Abukuma.
- 5 destroyers: Akebono, Ushio, Kasumi, Shiranui, Hacuharu.
Force du Sud "C". Vice-amiral Chozi Nishimura.
Apparreille de Tawi-Tawi (Bornéo), le 18 octobre et gagne le golfe de Leyte par la mer de Sulu, la mer de Mindanao puis le détroit de Surigao.
- 2 cuirassés: Yamashiro, Fuso.
- 1 croiseur lourd: Mogami.
- 4 destroyers: Micishio, Asagumo, Yamagumo, Shigure.
Toyoda dispose également d'une flottille de soutien de onze sous-marins et deux forces aériennes, basées aux Philippines, d'environ 800 avions.
Action des sous-marins américains dans le "Passage de Palawan" (23 octobre 1944).
Appareillé de Lingga, au Brunei (Bornéo) le 18 octobre 1944, l'escadre du vice-amiral Takeo Kurita constitue la force d'attaque principale ou "Force A". Elle compte les deux supercuirassés sistership Yamato et Mushashi, 3 autres cuirassés, 10 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers et 15 destroyers. Ils passent au large de l'île de Palawan aux environs de minuit, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1944.
Deux sous-marins américains du TG.71.1 patrouillent dans cette zone: le Darter et le Dace. Le 23 octobre 1944, à 0h16, le Darter, commandé par le lieutenant David H. McClintock, repère l'escadre japonaise et en communique le raport au Dace du lieutenant Bladen D. Claggett, puis à la 3ème Flotte d'Halsey. Puis les deux sous-marins, naviguant en surface, suivent les navires ennemis à distance et gardent le contact.
A 5h24 du matin, le Darter expédie six torpilles. Quatre d'entre-elles atteignent le navire-amiral de Kurita, le croiseur lourd Atago. Dix minutes plus tard, McClintock envoie une autre bordée de torpilles contre son sistership, le Takao, dont deux atteignent leur cible.
A 5h56, c'est le tour du Dace d'engager le combat. Claggett expédie quatre torpilles contre le croiseur lourd Maya, le second sistership (navire jumeau) de l'Atago et du Takao, qui font toutes mouche.
L'Atago et le Maya coulent rapidement. Le Takao, gravement endommagé, doit rompre la formation et faire demi-tour vers Brunei, escorté par les deux destroyers Naganami et Asashimo. Les trois navires japonais sont pistés par les deux sous-marins américains. Kurita transfère son pavillon sur le cuirassé Yamato.
Au cours de la poursuite du Takao, le Darter s'échoue sur un haut fond, et les efforts pour le faire repartir échouent. Il doit être abandonné, et son équipage est recueilli par le Dace. L'éclopé japonais parviendra à regagner Singapour, où il restera immobilisé jusqu'à la fin de la guerre.
A 8h27, fort du renseignement fourni par les deux sous-marins dans le Passage de Palawan, William Halsey déplace ses Task Groups TG.38.2, TG.38.3 et TG.38.4, commandés respectivement par les contre-amiraux Gerald E. Bogan (au centre), Frederick C. Sherman (au nord) et Ralph E. Davison (au sud), face à l'entrée orientale du détroit de San Bernardino, entre les îles de Luçon et de Samar, d'où il pense que les navires de Kurita déboucheront.
Le Task Group TG.38.1 du contre-amiral John S. McCain, qui vient d'effectuer une série d'opérations aériennes contre les aérodromes japonais de Luçon (21-22 octobre), est envoyé au repos et regagne la Micronésie. Mais au vue de l'évolution des évenements, il sera cependant rappelé dans les Philippines le lendemain, 24 octobre.
Bataille de la Mer de Subuyan (24 octobre 1944).
A l'aube du 24 octobre 1944, l'aviation japonaise stationnée dans les îles Philippines passe à l'attaque de la flotte américaine.
A 8h30, une vague de 50 à 60 bombardiers en piquée Yokosuka D4Y de la 1ère Flotte Aérienne, commandée par le vice-amiral Takijiro Onishi et basée sur Luçon, est signalée par les radars à proximité du TG.38.3, dont la majorité de l'aviation est partie attaquer les aérodromes japonais de Luçon dans le but de prévenir les attaques contre les troupes américaines sur Leyte.
Un groupe de F6F Hellcat de l'Essex en patrouille de combat aérien (CAP), dirigé par le commander David McCampbell, intercepte la force d'attaque japonaise et en fait une hécatombe. Cependant, un Judy arrive à passer au-travers des mailles du filet et, à 9h38, une bombe de 250kg perce le pont d'envol en bois et explose dans le hangar du porte-avions léger Princeton. Ravagé par les incendies incontrôlables, à 15h23, il est victime d'une énorme explosion attribué au magasin de bombes arrière, qui cause de terrible ravage à lui-même et aux navires venus le secourir, dont le croiseur léger Birmingham, et tue plus de 300 marins américains. Tous les efforts pour sauver le Princeton se révèlent vains, et à 17h50, il est achevé à la torpille par le croiseur léger Reno.
Durant cette matinée, l'aviation embarquée américaine n'est pas restée inactive, elle non plus, contre les navires japonais.
Après que le contact avec l'escadre de Kurita ait été rompu la veille par les deux sous-marins Darter et Dace (voir plus haut), celle-ci est de nouveau repérée par un SBD Dauntless de l'Intrepid (TG.38.2), alors qu'elle vient juste de pénétrer dans la Mer de Sibuyan. Simultanément, à 9h15, l'escadre du vice-amiral Chozi Nishimura est, elle aussi, signalée, par un autre Dauntless venant du Franklin (TG.38.4).
A 10h26, une première vague d'assaut de SBD Dauntless, SB2C Helldiver, TBF Avenger et F6F Hellcat venant de l'Intrepid et du Cabot (TG.38.2) endommage sévèrement le croiseur lourd Myoko et touche plus légèrement les cuirassés Nagato, Yamato et Musashi.
A 12h35, une seconde vague de Helldiver et de Hellcat, venant de l'Essex et du Lexington II (TG.38.3), s'acharne contre le Musashi, atteint par dix bombes.
A 15h20, alors que le supercuirassé japonais rompt la formation pour faire demi-tour et rentrer à sa base, une troisième vague de Dauntless, d'Avenger et de Hellcat, partis du Franklin et de l'Enterprise, met au but 11 bombes et 8 torpilles. Immobilisé, le Musashi finit par chavirer et sombrer à 19h30, en entraînant avec lui 39 officiers et 984 marins.
Entretemps, à 14h, Kurita, pour ne pas exposer son escadre à des pertes supplémentaires, decide de rebrousser chemin pour sortir hors du rayon d'action de l'aviation américaine. Informé du changement de cap de Kurita, Toyoda l"invite" à s'en tenir au plan prévu. Si bien qu'à 17h15, Kurita fait de nouveau demi-tour vers le Détroit de San Bernardino.
Bataille du détroit de Surigao (25 octobre 1944).
La "Force Sud C" du vice-amiral Chozi Nishimura se compose des deux cuirassés Yamashiro et Fuso, du croiseur lourd Mogami, et de quatre destroyers. Repérée la veille, elle a déjà subit une petite attaque de l'aéronavale américaine, et ne souffre pour l'instant que de dommages minimes.
En raison du silence radio imposé, Nishimura est incapable de synchroniser ses mouvements avec les escadres de Shima et de Kurita. Quand il entre dans le Détroit de Surigao, à 2h du matin le 25 octobre 1944, la "Force d'attaque B" du vice-amiral Kiyohide Shima navigue 46km derrière lui. Et à ce moment, l'escadre de Kurita se trouve encore dans la Mer de Sibuyan.
Lorsque la "Force Sud" s'approche du détroit de Surigao, à 22h36, elle tombe dans une embuscade tendue par les vedettes lance-torpilles (PT Boats) du Task Group de soutien de la 7ème Flotte (TG.77.1), commandé par le vice-amiral Thomas C. Kinkaid en personne.
Vers 3h du matin, le 25 octobre 1944, les deux cuirassés japonais sont touchés par des torpilles: le Fuso explose et se brise en deux, le Yamashiro est plus légèrement atteint. Deux des quatre destroyers sont coulés (Yamagumo et Michisio). Un troisième, l'Asagumo, est sévèrement endommagé et immobilisé. Il sera achevé le lendemain à 7h23 par les croiseurs légers Denver et Columbia.
A 3h16, les six vieux cuirassés "survivants" de Pearl Harbor (certains d'entre-eux ont été coulés puis renfloués), équipés de radar de tir, "piquent" les navires survivants de Nishimura à une distance de 38km et leur envoie une bordée d'obus de 360mm et 410mm, coulant le Yamashiro et endommageant sévèrement le Mogami et le Shigure.
A 4h25, l'escadre de Shima, qui suit Nishimura d'une cinquantaine de kilomètres, se heurte au barrage de vedettes lance-torpilles américaines à l'entrée du Détroit de Surigao. Le croiseur léger Abukuma est touché légèrement par une torpille du PT-137, il sera coulé le 26 octobre par un B-24 Liberator au large de l'île Negros. Les deux croiseurs lourds Nachi et Ashigara, et les cinq destroyers de Shima recueillent les navires survivants de Nishimura, puis Shima ordonne la retraite générale.
Lors des manoeuvres du demi-tour, le navire-amiral de Shima, le Nachi, entre en collision avec le Mogami, déjà endommagé. Ce dernier, dont la vitesse est réduite à 20 noeuds, sera coulé par des bombardiers-torpilleurs Avenger des porte-avions d'escorte du TG.77.4 le lendemain à 8h45. La moitié avant du Fuso sera achevé par le croiseur lourd Louisville. De l'escadre de Nishimura, seul le destroyer Shigure survit.
La bataille du "Détroit de Surigao" sera également le dernier affrontement de l'Histoire entre cuirassés. L'escadre de Shima, pourchassé par les navires américains, rentre péniblement à Manille, sur l'île de Luçon, le 28 octobre 1944.
Bataille du Cap Engano (25-26 octobre 1944).
La "Force Nord", la flotte "appât" du vice-amiral Jizaburo Ozawa, comprend toute ce qui reste comme aéronavale à la Flotte Combinée japonaise: le porte-avions lourd Zuikaku, le dernier survivant des six porte-avions ayant participé à l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, et les trois porte-avions légers Zuiho, Chitose et Chiyoda, avec 108 avions à leur bord, plus deux vieux cuirassés partiellement convertis et "maquillés" en porte-avions, Hyuga et Ise, les trois croiseurs légers Oyodo, Tama et Isuzu, et neuf destroyers.
Légende:
- "Bataille de la Mer de Sibuyan".
- "Bataille du Détroit de Surigao".
- "Bataille du Cap Engano".
- "Bataille de Samar".
Dans l'après-midi du 24 octobre, Ozawa intercepte un message radio américain rapportant le retrait de l'escadre de Kurita vers Brunei. Il commence lui-même à se retirer vers le nord, lorsqu'il reçoit un contre-ordre de l'amiral Soemu Toyoda lui ordonnant de poursuivre vers le sud et d'attaquer la 3ème Flotte américaine.
Halsey, de son côté, est convaincu que la "Force Nord" d'Ozawa constitue maintenant la menace principale, et il est déterminé à saisir cette opportunité de détruire ce qui reste comme porte-avions au Japon. Croyant à tort que la "Force Centrale" de Kurita a été neutralisée dans la mer de Sibuyan par ses attaques aériennes et qu'elle se retire vers Brunei, il envoit le message radio suivant à l'amiral Chester Nimitz, à Pearl Harbor: "Force Centrale gravement endommagée se retire. Me porte au nord avec mes trois groupes pour attaquer porte-avions ennemis."
Il tombe donc dans le piège japonais et envoie toute sa force aéronavale présente vers le nord, abandonnant ainsi la surveillance du Détroit de San Bernardino et laissant pratiquement sans protection la 7ème Flotte US.
Les Task Group TG.38.2, TG.38.3 et TG.38.4 alignent les sept porte-avions d'escadre lourds Intrepid, Bunker Hill, Essex, Lexington II, Ticonderoga, Enterprise et Franklin, les cinq porte-avions d'escadre légers Cabot, Independence, Langley II, San Jacinto et Belleau Wood, les six cuirassés modernes "post-Pearl Harbor" Iowa, New Jersey, Washington, Massachusetts, Alabama et South Dakota, le croiseur lourd New Orleans, les sept croiseurs légers Vincennes II, Miami, Santa Fe, Mobile, Reno, Birmingham et Biloxi, et enfin 49 destroyers.
Le 25 octobre 1944 à 2h40 du matin, Halsey envoie ses six cuirassés, regroupés au sein de la nouvelle Task Force TF34 et qui montent la garde à l'entrée du Détroit de San Bernardino, à la suite de ses porte-avions pour achever l'escadre d'Ozawa.
A l'aube du 25 octobre 1944, Ozawa lance 75 avions contre la Task Force TF38. Ils sont presque tous abattus par les Hellcat CAP ou la DCA, et les quelques survivants vont se poser sur des bases de Luçon. Ozawa garde la trentaine d'avions qu'il lui reste en défense autour de ses porte-avions.
Au cours de la nuit, le vice-amiral Marc Mitscher, commandant de la TF38, ordonne de lancer une première vague d'assaut. 180 chasseurs F6F Hellcat, bombardiers-torpilleurs TBF Avenger et bombardiers en piquée SB2C Helldiver décollent des porte-avions américains pour attaquer l'escadre ennemie. Ils arrivent en vue de leur objectif à 7h10, et l'attaque américaine débute vers 8h.
Les Hellcat abattent les 30 avions japonais de protection, et les bombardiers s'en donnent à coeur joie contre les navires. D'autres attaques aériennes américaines se poursuivront jusqu'au crépuscule. Au total, la TF38 effectuera 527 sorties aériennes contre l'escadre d'Ozawa. Les quatre porte-avions japonais ainsi que le destroyer Akitsuki sont coulés, le croiseur léger Tama sévèrement endommagés. Ozawa transfère son pavillon sur le croiseur léger Oyodo.
Le soir, les Américains lancent une cinquième et une sixième vagues d'assaut, mais avec la tombé du jour, ils chercheront en vain l'escadre d'Ozawa. Au cours des actions de poursuite ultérieures les 26 et 27 octobre 1944, l'aviation et les cuirassés de la TF32 couleront encore les croiseurs légers Tama, Noshiro, Abukuma et Kinu, les destroyers Shiranubi, Yamagumo, Hatzusuki, Hayashimo, WakabaNowaki et Uranami.
Le 28 octobre 1944, les deux vieux cuirassés Hyuga et Ise seront encore attaqués, sans résultat, par le sous-marins Sea Dragon, avant de regagner la Mer Intérieure du Japon.
Bataille de Samar (25 octobre 1944): l'occasion manquée des Japonais.
1° Prélude.
Le vice-amiral William F. "Bull" Halsey prend donc dans la soirée du 24 octobre 1944 la décision, lourde de conséquences, de déplacer les trois groupes de porte-avions de la Task Force TF38 de Mitscher vers le nord, pour détruire l'escadre "appât" d'Ozawa (voir plus haut) et de laisser le détroit de San Bernardino sans surveillance des six cuirassés de la TF34.
Ainsi, les cuirassés, croiseurs et destroyers de Kurita débouchent du Détroit de San Bernardino le 25 octobre 1944 vers 3h du matin et prennent la direction du sud-est en longeant la côte de Samar, pour détruire la 7ème Flotte américaine du vice-amiral Thomas C. Kinkaid, laissée pratiquement sans protection. Entre lui et les navires de débarquement et de transport américains dans le Golfe de Leyte, se trouvent uniquement les trois unités du groupe de soutien du contre-amiral Thomas L. Sprague, désignées "Taffy-1", "Taffy-2" et "Taffy-3", avec leurs 18 porte-avions d'escorte, 9 destroyers d'ecadre et 14 destroyers d'escorte, 450 avions embarqués FM-2 Wildcat et TBM Avenger, chargés essentiellement de la lutte anti-sous-marines.
En dépit des pertes qu'elle a subit le 24 octobre dans la Mer de Sibuyan, la "Force Centrale" du vice-amiral Takeo Kurita est encore une force redoutable qui comprend quatre cuirassés, dont le géant Yamato, six croiseurs lourds, deux croiseurs légers et douze destroyers.
Les porte-avions d'escorte américains de Thomas Sprague, pas du tout préparés à affronter des gros navires de cette puissance, vont ainsi se retrouver complètement exposés aux tirs directs de gros calibre des "battleships" japonais, en particulier l'unité la plus au nord, TU.77.4.3 "Taffy-3", commandée par le contre-amiral Clifton A. Sprague, avec les six porte-avions Fanshaw Bay, St. Lo, White Plains, Kalinin Bay, Kitkun Bay et Gambier Bay, les trois destroyers d'escadre Hoel, Heermann et Johnston, et les quatre destroyers d'escorte Dennis, John C. Butler, Raymond et Samuel B. Roberts.
2° La bataille.
A l'aube du 25 octobre 1944, pour les Américains de "Taffy-3", la surprise est totale! A 7h01, le supercuirassé Yamato ouvre les hostilités à 30km de distance, en visant particulièrement les porte-avions d'escorte américains. Il est bientôt imité par les autres cuirassés et croiseurs japonais.
Clifton Sprague réclame par radio de l'aide d'urgence, tandis qu'il essaie de manoeuvrer ses porte-avions pour permettre les opérations de décollage. Les premières victimes des Japonais sont les White Plains et St. Lo, sérieusement endommagés par des tirs de gros calibre en quelques minutes.
Photo ci-dessous: le White-Plains fait décoller ses avions en catastrophe, pendant qu'à l'arrière-plan le St. Lo est encadré par les tirs japonais.
A 7h20, les trois destroyers d'escadre Hoel, Heermann et Johnson s'interposent entre les porte-avions américains et les navires de Kurita, en tirant une bordée de torpilles. Le croiseur lourd Kumano est touché et des incendies éclatent à bord, et doit rompre le combat.
Photo ci-dessous: le croiseur lourd Chikuma manoeuvre pour éviter les torpilles des destroyers de "Taffy-3".
Le Johnson est ensuite sévèrement atteint par trois projectiles de gros calibre 460mm et de 155mm du Yamato, et sévèrement endommagé. Le Kongo, attaqué avec des torpilles par le Hoel, réussit à les esquiver, à riposter et à frapper son adversaire, qui est presque entièrement détruit.
A 7h25, Le destroyer Hoel lance ses dernières torpilles contre le croiseur lourd Aguro, sans l'atteindre, puis s'abîme dans les flots.
A 7h35, pour protéger le Johnson, le destroyer d'escorte Samuel B. Roberts, commandé par le lieutenant-commander Robert W. Copeland, intervient dans la mêlée et ouvre le feu contre le croiseur lourd Chokai. Celui-ci riposte par un véritable déluge de feu sur le navire américain, évité de justesse grâce à un écran de fumigène. Le Roberts s'en prend ensuite au Chikuma, qu'il atteint et endommage, mais il est aussitôt touché par trois obus de 356mm du cuirassé Kongo, et immobilisé. A 9h35, l'équipage abandonnera le navire condamné.
A 7h50, l'escadre de Kurita est maintenant prise à partie par les destroyers et l'aviation embarquée de "Taffy-2" du contre-amiral Felix Stump, arrivé à la rescousse, assistés du Heermann et du Johnson, tous les deux sévèrement endommagés, ainsi que par les Avenger des porte-avions d'escorte survivants de "Taffy-3".
A 8h, alors que le balai des destroyers américains sème le désordre et la zizanie dans l'escadre japonaise, une bombe lancée d'un TBM Avenger touche le croiseur lourd Haguro, mettant hors d'usage l'une de ses tourelles de tir.
A 8h10, le Gambier Bay est atteint par des obus du Chikuma tiré d'une distance de 8km. Abandonné par son équipage et ravagé par les incendies, il chavire et coule à 9h07 en entraînant avec lui 437 marins américains. Environ 800 survivants seront recueillis en mer au cours des deux jours suivants. Le Gambier Bay sera l'unique porte-avions américain coulé par des tirs de canons de marine au cours de la Seconde Guerre mondiale.
A 8h30, le Raymond attaque le croiseur lourd Tone, l'obligeant à interrompre son tir contre les porte-avions d'escorte.
A 9h30, tous les destroyers américains engagés sont endommagés à des degrés divers. Le porte-avions d'escorte Kalinin Bay est atteint par le projectile d'un destroyer japonais et doit rompre le combat.
A 10h05, le destroyers Samuel B. Roberts, endommagé, succombe à ses blessures et sombre. Cinq minutes plus tard, le destroyer Johnson le rejoint au fond de la mer.
3° Retrait de Kurita.
A 9h20, Takeo Kurita, indécis devant la forte résistance américaine et ayant pris connaissance de la destruction de la Force Sud de Nishimura la nuit précédente, décide de rompre le combat et de se retirer vers le nord-ouest pour regagner le Détroit de San Bernardino. Peut-être craint-il la riposte des porte-avions d'escadre et des cuirassés de Halsey?
Car à 10h30, une force d'attaque d'Helldiver, d'Avenger et de Hellcat lancés à l'extrême-limite de leur rayon d'action (530km) par les porte-avions Hornet, Hancock et Wasp (TG.38.1) du contre-amiral John S. McCain, rappelé en urgence d'Ulithi (Micronésie), attaque l'escadre de Kurita, endommage plusieurs navires japonais mais n'en coule aucun.
A 11h14, deux heures après avoir reçu les messages de détresse de Kinkaid, Halsey ordonne à ses TF34 et TF38 de faire demi-tour au sud et de poursuivre l'escadre de Kurita.
A 13h22, le croiseur lourd Suzuya, endommagé par les bombardiers du TG.38.1, sombre à la suite des avaries reçues.
A 21h40, un avion de reconnaissance du porte-avions Independence (TG.38.2) rétablit le contact avec l'escadre de Kurita, qui est en train de se retirer à travers le détroit de San Bernardino.
Le 27 octobre 1944, Kurita perdra encore deux destroyers: le Fujinami coulé par des bombardiers de la Task Force TF38 de Marc Mitscher, et l'Isokaze par ceux du Task Groupe TG.77.4. de Thomas Sprague.
De son escadre, Kurita ne parviendra à ramener, le 28 octobre 1944 à Brunei (Bornéo), que les cuirassés Yamato, Nagato, Haruna et Kongo, le croiseur lourd Tone, et le destroyer Yukikaze.
4° Première attaque massive de kamikazes.
Bien qu'ils ont été employé pour la première dès le 15 octobre 1944 contre la 7ème Flotte en petit nombre (1), la bataille navale du Golfe de Leyte marque véritablement l'apparition en grand nombre des kamikazes du "Corps d'Attaque Spécial", dont la tactique a été mise au point par le contre-amiral Masafumi Arima (2).
A 10h47, alors que les navires de Kurita rompent le combat et s'éloignent, survient la première attaque massive de kamikazes. Quatre d'entre-eux atteignent le Kalinin Bay. Il est sévèrement endommagé.
Entre 10h47 et 10h51, le St. Lo est mortellement touché par trois kamikazes et 114 marins américains sont tués. Ravagé par les incendies et évacué par son équipage, il sombre à 15h25.
Les ponts d'envol du Kitkun Bay et du White Plains sont chacun également atteint par un kamikaze et plus légèrement endommagés.
Photo ci-dessous: débris de D4Y Judy sur le pont du Kitkun Bay, 25 octobre 1944.
Un kamikaze s'écrase sur le pont du White Plains, 25 octobre 1944.
(1) Croiseur lourd australien HMAS Australia, sévèrement endommagé le 21 octobre.
(2) Arima conduira lui-même la première attaque kamikaze contre le porte-avions Franklin, le 15 octobre 1944, et sera promu, à titre posthume, au grade d'amiral.
Bilan de la bataille du Golfe de Leyte (23-26 octobre 1944).
Durant cette bataille gigantesque, qui voit la fin de l'aéronavale et de la marine impériale japonaise, les 3ème et 7ème Flotte ont coulé 4 porte-avions, 3 cuirassés (dont le géant Musashi), 8 croiseurs lourds, 3 croiseurs légers et 12 destroyers ennemis. Plus de 10,500 aviateurs et marins japonais ont péri.
De leur côté, les Américains ont perdu le porte-avions d'escadre Princeton, les deux porte-avions d'escorte St. Lo et Gambier Bay, trois destroyers et une vedette lance-torpille, coulés. Ainsi que 1500 tués.
Malgré les erreurs et la mésentente entre les deux commandants des 3ème et 7ème Flotte (Halsey et Kinkaid), la bataille du Golfe de Leyte se termine par une éclatante victoire américaine.
Photo ci-dessous: mémorial en l'honneur du contre-amiral Clifton A. Sprague et de la résistance héroïque de son unité TU.77.4.3 "Taffy-3", à bord de l'USS Midway, à San Diego.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960s et 1970s, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).
7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.
Article modifié le 2 août 2017.
Sources principales:
• Battle of Leyte Gulf (Wikipedia.org)
No comments:
Post a Comment