Urgent Fury est le nom de code de l'intervention américaine sur l'île de la Grenade, située dans la Mer des Caraïbes à environ 160km au nord-est du Venezuela. Faisant suite à un coup d'Etat en 1983, ayant placé à sa tête un Comité Révolutionnaire marxiste, cette intervention permet de libérer des centaines d'otages (essentiellement des étudiants) occidentaux et de restaurer un gouvernement constitutionnel légitime. Malgré le fait que les Etats-Unis ont agit après une demande d'assistance des Etats Américains (Organisation of American States, OAS), les médias européens ont propagé une image fausse et négative, la comparant à une "invasion", car elle était critiquée par l'Assemblée Générale des Nations-Unies, le Canada, et le Royaume-Uni. En outre, les Etats-Unis voyaient d'un très mauvais oeil la présence dans l'île de "conseillers militaires" cubains et leur projet d'agrandissement de l'aéroport de Pointe Salines.
La Grenade gagne son indépendance de la Grande-Bretagne en 1974. Après un coup d'Etat en 1979, mené par le marxiste Maurice Bishop et son Mouvement New JEWEL (NJM), pour "Joint Endeavour for Welfare, Education, and Liberation", un "Gouvernement Révolutionnaire du Peuple de la Grenade" prend le pouvoir. En 1983, Bishop est lui-même renversé (et exécuté) par une branche dissidente et extrémiste de son propre parti, dirigée par Hudson Austin, lequel fait arrêter et emprisonner des centaines de ressortissants et d'étudiants étrangers, dont une majorité de citoyens américains.
La Force de déploiement rapide de l'US Army (82ème Division aéroportée, 1er et 2ème Bataillons de Rangers), la Force Delta et des Navy SEALs, ainsi que la 22ème Unité Amphibie de Marines et diverses unités de soutien et de logistique, sont engagées, soit au total 7,600 hommes. 353 soldats et policiers jamaïcains et du Système de Sécurité Régional (RSS), selon un accord de défense et de sécurité communes des Etats Caraïbes, prennent également part à l'intervention. La dictature d'Hudson Austin est renversée et remplacée par un gouvernement de transition constitué par le Gouverneur-Général Paul Scoon, en attendant les élections de 1984.
La date de l'intervention américaine, le 25 octobre 1983, est célébrée dans l'île comme jour de fête et désignée Thanksgiving Day ("Jour de Grâce") par ses habitants. L'aérodrome de Pointe Salines est rebaptisé en l'honneur du Premier ministre Maurice Bishop assassiné. Cette intervention a notamment permis de développer une plus efficace coopération et coordination entre les différents services des forces armées des Etats-Unis, et aboutit à une réorganisation du Département de la Défense grâce au Goldwater-Nichols Act, du nom des deux sénateurs qui ont initié le projet de loi.
Localisation géographique.
La Grenade est une île de la Mer des Caraïbes, située au sud-ouest de Saint-Vincent et les Grenadines, et à environ 160km au nord-est des côtes vénézueliennes et de Trinadad et Tobago. Elle couvre une superficie de 344km² et compte une population d'environ 110,000 habitants. Sa capitale est Saint-George. Elle est également surnommée l'"Ile aux Epices", car elle est l'un des principaux exportateurs mondiaux de fleurs et de noix de muscade. Elle fait partie du groupe d'îles Grenadines. Celui-ci fait lui-même partie d'un ensemble plus vaste encore, les Iles Windwards.
Un peu d'histoire.
1° Période coloniale française (1649-1763).
Le 17 mars 1649, une expédition navale de 203 hommes, venant de la Martinique et dirigée par Jacques du Parquet, fonde une colonie permanante sur l'île de la Grenade. En quelques mois, ils entrent en conflit et chassent les insulaires. En 1654, l'île est entièrement occupée et soumise par les Français. Les indigènes qui ont survécu fuient et s'installent sur les îles voisines, ou dans des lieux reculés de la Grenade, où ils sont marginalisés et persécutés. La dernière communauté indigène disparait au début du 18ème siècle.
L'économie de l'île est initialement axée sur la cane à sucre et l'indigo. Les colons français fondent la capitale Fort Royal en 1650. Pour se protéger des ouragans, les navires profitent du port naturel de la ville et y font très souvent escale.
Les Britanniques s'emparent de la Grenade en 1762, au cours de la Guerre de Sept ans, et rebaptisent Fort Royal "Saint-George".
2° Période coloniale britannique (1763-1974).
La Grenade est formellement cédée à l'Empire britannique selon les termes du Traité de Paris en 1763. La France capture l'île durant la Guerre d'Indépendance américaine, après la Bataille de la Grenade en 1779. Cependant, la Grande-Bretagne en reprend le contrôle après le Traité de Versailles en 1783. Les Anglais répriment ensuite une révolte pro-française en 1795-1796, dirigée par Julien Fedon.
La noix de muscade est introduite sur la Grenade en 1843, lorsqu'un navire marchant mouille dans le port de Saint-George, lors de son périple ente les "Indes occidentales" (Antilles) et l'Angleterre. C'est le début de l'industrie des épices, qui représente aujourd'hui 40% des exportations mondiales de muscade.
En 1877, la Grenade devient une "Colonie de la Couronne britannique" (Crown Colony) membre du Commonwealth. Le "Gouverneur-Général" de l'île représente la Couronne et la Reine d'Angleterre. Theophilus A. Marryshow fonde l'"Association du Gouvernement Représentatif" (RGA) en 1917, pour mener une campagne d'agitation et obtenir la création d'une participation constitutionnel de la population grenadine. Il en résulte le "Groupe de pression" (Lobbying) Marryshow, la Commission Wood (1921-1922) concluant que l'île est prête pour une réforme constitutionnelle et un remaniement du gouvernement colonial local. Ces modifications garantissent aux Grenadins leurs droits pour élire 5 des 15 membres du Conseil législatif, une franchise restreinte de la propriété établissant le droit de vote pour les 4% d'habitants les plus riches.
Photo ci-dessous: Saint-George en 1890.
3° Vers l'indépendance (1763-1974).
En 1950, Eric Gairy fonde le "Parti des Travailleurs Unis de la Grenade" (GALP), qui se bat pour de meilleures conditions de travail. C'est le début d'une vague de contestations, de manifestations populaires et de grèves générales ouvrières, d'une période d'instabilité politique appelée "Jour du Ciel Rouge". Les autorités britannique de tutelle renforcent leur présence militaire pour rétablir l'ordre.
Le 10 octobre 1951, la Grenade organise sa première élection au suffrage universel. Le parti de Gairy obtient 6 des 8 sièges du Conseil Légeslatif. De 1958 à 1962, l'île est membre de la "Fédération des Indes Occidentales".
Le 3 mars 1967, elle obtient son entière autonomie sur les affaires intérieures, en tant qu'"Etat associé". Herbert Blaize, du Parti National Grenadin (GNP), devient "Premier" de l'Etat Associé de la Grenade en août 1967. Eric Gairy (GALP) lui succède à ce poste jusqu'en février 1974.
4° Indépendance et révolution (1974-1983).
L'indépendance entière de la tutelle de la Couronne britannique est obtenue en 1974, sous le gouvernement d'Eric Gairy, qui devient dès lors le premier Premier ministre de la Grenade. Des conflits sociaux et des affrontements éclatent entre Eric Gairy et une partie de l'opposition radicale, dont le New Jewel Movement (NJM), un parti d'obédience marxiste-léniniste. Gairy remporte les élections de 1976, mais l'opposition n'accepte pas les résultats, l'accusant de fraudes.
En 1979, le NJM, dirigé par Maurice Bishop, déclenche une révolution armée contre le gouvernement de Gairy, qui entraîne le chute de ce dernier, suspend la constitution et établit le "Gouvernement Révolutionnaire du Peuple" (PRG), sous l'autorité de Bishop qui se déclare lui-même Premier ministre. Son gouvernement marxiste établit aussitôt des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba, le Nicaragua et les autres pays du bloc communiste.
Le 14 octobre 1983, une lutte de pouvoir à l'intérieur du gouvernement entraîne l'arrestation de Maurice Bishop, sur ordre de son vice-Premier ministre, Bernard Coard, lequel est soutenu par l'armée grenadine. Après ce second coup d'Etat, Coard devient le nouveau chef du gouvernement. Bishop parvient à s'évader, mais il est bientôt repris. Il est exécuté, avec sept autres membre de son cabinet ministériel, le 19 octobre.
Ce même jour, l'armée commandée par le général Hudson Austin fomente un troisième coup d'Etat, renverse Bernard Coard et installe une dictature militaire. Pendant quatre jours, il instaure la loi martiale, en déclarant que quiconque arrêté à l'extérieur durant le couvre-feu sera passible d'une exécution sommaire. Enfin, il fait arrêter des centaines de ressortissants étrangers, essentiellement des étudiants américains en médecine de l'Université Saint-George, les regroupe et les fait garder sur le campus ou dans l'aéroport de Pointe-Salines.
La réponse et la riposte des Etats-Unis et des Etats Caraïbes ne se fait pas attendre. Le 25 octobre 1983, les forces américaines et alliées envahissent la Grenade, où les militaires et des travailleurs cubains présents dans l'île ont commencé à renforcer l'aérodrome de Pointe Salines, à l'extrêmité sud-ouest de l'île.
Déclenchement de l'opération Urgent Fury.
Suite à la série de coups d'Etat qui se sont succédés dans l'île de la Grenade entre 1979 et 1983, à l'instabilité politique et au climat de guerre civile, mais surtout après l'instauration de la dictature militaire du général Hudson Austin le 19 octobre 1983, l'Organisation des Etats Caraïbes de l'Est (OECS), ainsi que la Barbade et la Jamaïque, adressent formellement une demande d'assistance aux Etats-Unis (1). Selon un reporter du New York Times, cette demande est adressée au gouvernement américain, qui a déjà pris la décision d'intervenir. Washington se sert du prétexte du meurtre de Maurice Bishop et de l'arrestation et la sequestration de citoyens américains dans l'Université de Saint-George, pour lancer une opération militaire visant à renverser Austin et libérer les otages. Le journaliste révèlera plus tard que le "Gouverneur-Général" de la Grenade, Sir Paul Scoon, a requis l'intervention militaire américaine au travers de canaux diplomatiques secrets.
Le 25 octobre 1983, la Grenade est donc "envahie" par une force combinée des Etats-Unis et du "Système de Sécurité Régional" (RSS) des Etats Caraïbes, partie de la Barbade. L'opération a reçu le nom de code d'"Operation Urgent Fury" (Fureur Urgente). Les Etats-Unis déclarent que ce déploiement de forces se fait également avec l'approbation des Premiers ministres de la Barbade et de la République Dominicaine, respectivement Tom Adams et Dame Eugenia Charles. Cependant, l'intervention est sévèrement critiquée par le Canada, le Royaume-Uni et Trinidad et Tobago. L'Assemblée Générale des Nations-Unies la condamne le 2 novembre en tant que "violation flagrante des lois internationales" (2), par un vote de 108 en faveur contre 9, avec 27 abstentions. Le Conseil de Sécurité tente d'émettre une Résolution en ce sens, mais son vote est bloqué par le veto des Etats-Unis.
Photo ci-dessous: des policiers et des militaires de la Force de Défense des Caraïbes occidentales se déploient sur l'île de la Grenade le 3 novembre 1983.
(1) Cole, Ronald (1997). "Operation Urgent Fury: The Planning and Execution of Joint Operations in Grenada" Retrieved 9 November 2006.
(2) United Nations General Assembly Resolution 98/7. United Nations. 2 November 1983.
1° Aéroport international de Pointe Salines.
Au cours des années précédentes, le gouvernement de Maurice Bishop a entrepris la construction de l'Aéroport International de Pointe Salines, à l'extrémité sud-ouest de l'île, avec l'aide de la Grande-Bretagne, de Cuba, de la Libye, de l'Algérie et d'autres pays. L'idée même de cet aéroport est proposé par le gouvernement britannique en 1954, lorsque la Grenade était encore une de ses colonies. Après 1979, le gouvernement américain accuse la Grenade de l'intention d'établir ou de renforcer la présence ou l'influence soviétique et cubaine dans les Caraïbes. L'allongement de la piste (2,700 mètres) servant aux avions Antonov An-12, An-22 et An-124 pour acheminer des armes aux divers mouvements de guerilla communistes en Amérique Centrale. Bishop rétorque que l'aéroport de Point Salines ne sert et ne servira que pour l'aviation de transport commercial, pour le tourisme, en faisant remarquer que les longs-courriers ne peuvent actuellement pas se servir de l'aéroport de Pearl, dont la piste (1,200m) est trop courte et le relief montagneux au nord de l'île trop dangereux.
En mars 1983, le président Ronald Reagan commence à tirer la sonnette d'alarme, en attirant l'attention sur une menace potentielle contre les Etats-Unis, sur une "militarisation" des Caraïbes par l'Union Soviétique et Cuba, l'aéroport de Pointe Salines mettant potentiellement le territoire américain à portée de leurs bombardiers lourds Tu-26 Backfire, capable d'emporter des armes nucléaires. Il déclare que l'allongement de piste et la construction de nouveaux réservoirs de carburant n'est pas nécessaire à l'aviation civile, et qu'à l'évidence l'aéroport deviendra une base militaire cubaine et/ou soviétique.
Photo ci-dessous: la piste de l'aéroport de Pointe Salines (Punta Salinas) en mars 2010.
2° Invasion.
L'Opération Urgent Fury débute le 25 octobre 1983 à 5h du matin, lorsque le corps expéditionnaire américain quitte la Barbade et fait route vers la Grenade. C'est la première opération militaire majeure américaine depuis la fin de la Guerre du Vietnam, une décennie plus tôt. Le vice-amiral Joseph Metcalf III, le commandant de la 2ème Flotte assignée à cette partie du globe, assume le commandement de la Joint Task Force 120, une force combinée qui comprend des éléments des quatre services des forces armées américaines: US Army, US Air Force, US Navy et US Marine Corps. Au total un effectif de 7,600 hommes. 353 soldats et policiers des Etats Caraïbes s'y joignent. 1,500 soldats grenadins et environ 700 Cubains sont présents dans l'île.
Les Marines de la 22nd MEU (en provenance du Liban) et la Task Force TF.20.5, autour du groupe de bataille de l'Independence (CV-62), interviennent à partir de 6h. Les hélicoptères AH-1T Sea Cobra du Squadron HMA-269, partis du navire d'assaut amphibie Guam (LPH-9), élimine d'abord les positions de défenses aériennes (mitrailleuses lourdes et canon AA d'origine russe) dans le secteur Pearl-Granville. Interviennent ensuite les hélicoptères de transport CH-53 Stallion du Squadron HMM-261 et les barges de débarquement de l'USS Guam (LPH-9), de l'USS Barnstable County (LST-1197), de l'USS Manitowoc (LST-1180), de l'USS Fort Snelling (LSD-30) et de l'USS Trenton (LPD-14). En deux heures, après une résistance modérée de l'"Armée Révolutionnaire Populaire" (PRA), les Marines occupent et sécurisent Pearl et Grenville. Le troisième jour, alors que la 22nd MEU ne représente que 25% des forces américaines engagées, elle contrôle déjà les trois quarts de l'île: c'est-à-dire le nord et le centre.
Sur la cote occidentale de la Grenade, les Navy SEALs "Team Six" sont parachutés au nord de la capitale Saint-George, avec pour mission de s'emparer de la station radio de la ville et de la résidence du Gouverneur Général, où ils rencontrent une opposition armée notable.
A partir de 5h40, à l'extrêmité sud-ouest de l'île, la 82ème et les 1er et 2ème Bataillons de Rangers interviennent par assaut aéroporté à partir de C-130 Hercules de l'US Air Force. 800 parachutistes et les Rangers s'emparent de l'aérodrome de Pointe Salines, et à la tombée du jour, ils atteignent Saint-George, où la 82ème Division aéroportée libère les otages occidentaux détenus sur le campus de l'université.
Photos ci-dessous: 1° l'assaut aéroporté du 2ème Bataillon de Rangers sur l'aéroport de Pointe Salines, à l'aube du 25 octobre 1983. 2° Des étudiants américains, après leur libération, attendent leur rapatriement vers les Etats-Unis.
A l'aube du troisième jour, les Marines et le 2ème Bataillon de Rangers, qui ont effectué leur jonctions, prennent d'assaut les positions (très bien défendues) de la PRA à Fort Adolphus, Fort Matthew et sur la Colline de Richmond. La 82ème Division s'empare des casernes de la PRA à Calivigny. Au cours de ces combats, trois AH-1T Sea Cobra de la 22nd MEU sont abattus.
Au cours des jours qui suivent, les Américains éliminent les quelques poches de résistance qui subsistent. Le 2 novembre 1983, tous les objectifs militaires ont été sécurisés et la dictature du général Hudson Austin renversée. Les Etats-Unis ont affrontés environ 1,200 soldats grenadins de la PRA ainsi que 780 Cubains. Leurs pertes s'élèvent à 19 tués et 106 blessés.
Le lendemain 3 novembre 1983, les troupes américaines entament leur retrait de l'île et sont remplacés par les 353 policiers et militaires de la "Force de Paix des Caraïbes" (ECPF). Celle-ci y restera jusqu'en juin 1985.
Photo ci-dessous: bombardement des casernements de la PRA à Calivigny.
Au cours des combats, Cuba a perdu 25 tués, 59 blessés et 638 prisonniers capturés. Les Américains capturent également 49 Soviétiques, 24 Nord-Coréens, 16 Allemands de l'Est, 14 Bulgares et 4 Libyens.
Photo ci-dessous: un A-7E Corsair II de l'Independence en mission de soutien aérien au-dessus de Pointe Salines. Octobre 1983.
3° Ordre de bataille américain.
Liste non exhaustive des unités américaines ayant participé à l'opération Urgent Fury:
L'île de la Grenade après 1983.
Les troupes américaines entament leur retrait dès le 3 novembre 1983, les derniers soldats (des policiers militaires intégrés au sein de la Force de Maintien de la Paix des Caraïbes) quittant la Grenade le 15 décembre. Le 25 octobre, jour du début de l'intervention, est déclarée "jour de fête férié" par la population de l'île, et baptisé Thanksgiving Day ("Jour de Grâce"). Sur le campus True Blue de l'université de Saint-George, est érigé un monument commémoratif à mémoire des 19 Américains tués durant l'opération Urgent Fury, marquant chaque année depuis, la célébration du souvenir.
Photo ci-dessous: monument commémoratif de l'intervention américaine sur le campus universitaire de Saint-George.
En 2008, la Grenade annonce son intention d'ériger un monument commémoratif des soldats cubains tués durant l'opération Urgent Fury. Mais jusqu'à présent, les gouvernements cubain et grenadin ne se sont encore pas décidé sur l'emplacement exact de ce monument.
Après le retrait américain, Sir Paul Scoon constitue et prend la tête d'un gouvernement de transition, en attendant les premières élections législatives démocratiques, en décembre 1984. Ces élections sont remportées par le Parti National Grenadin, et Herbert Blaize devient le nouveau Premier ministre. Il reste à ce poste jusqu'en décembre 1989. Ben Jones lui succède jusqu'aux élections de mars 1990, qui voient la victoire du Congrès Démocratique National de Nicholas Braithwaite. Ce dernier occupe le poste de Premier ministre jusqu'au terme de son second mandat, en février 1995. George Brizon lui succède jusqu'en juin de cette année.
Scoon occupe le poste de Gouverneur-Général (représentant de la Couronne britannique) du 30 septembre 1978 jusqu'au 6 août 1992. Lui succèdent Sir Reginal Palmer (6 août 1992 - 8 août 1996), Sir Daniel Williams (9 août 1996 - décembre 2008) et Dame Cécile La Grenade (décembre 2008 - Présent), la première femme désignée à ce poste.
Photo ci-dessous: Sir Paul Scoon en 1983.
Pendant les treize années qui suivent (un record de longévité dans cette île), le poste de Premier ministre est occupé par Keith Mitchell, du Nouveau Parti National. En 2008, les élections sont remportées par le Congrès Démocratique National et Thillman Thomas. En 2013, celui-ci cède son poste au Nouveau Parti National de Keith Mitchell, qui remporte tous les 15 sièges du Conseil législatif.
Le général Hudson Austin, arrêté en octobre 1983, est jugé par la Justice grenadine pour le meurtre de Maurice Bishop et l'instauration d'une dictature militaire, et pour sa répression contre le peuple grenadin. Il est condamné à mort en 1986, mais cette sentence sera plus tard commuée en prison à vie. Il est cependant relâché le 18 décembre 2008. Bernard Coard est jugé pour avoir ordonné l'exécution de Bishop, en août 1986. Il est lui-aussi condamné à mort, et en 1991 sa peine est commuée en prison à vie. Lui aussi est libéré, quelques mois plus tard.
Le 7 septembre 2004, pour la première fois depuis quarante-neuf ans, la Grenade est touchée par un ouragan (Ivan) de catégorie 3 (des vents soufflant jusqu'à 250 km/h), qui détruit ou endommage 90% des maisons et des bâtiments de l'île, les dommages étant estimés à 110 millions de dollars. L'industrie agricole, et en particulier les récoltes de noix de muscade, souffrent énormément de ses dommages. Le secteur du tourisme, grâce à la construction d'hôtels et de nouvelles infrastructures, est lui en plein essort.
Article modifié le 22 janvier 2014.
Sources principales:
• Invasion of Grenada (Wikipedia.org)
La Grenade gagne son indépendance de la Grande-Bretagne en 1974. Après un coup d'Etat en 1979, mené par le marxiste Maurice Bishop et son Mouvement New JEWEL (NJM), pour "Joint Endeavour for Welfare, Education, and Liberation", un "Gouvernement Révolutionnaire du Peuple de la Grenade" prend le pouvoir. En 1983, Bishop est lui-même renversé (et exécuté) par une branche dissidente et extrémiste de son propre parti, dirigée par Hudson Austin, lequel fait arrêter et emprisonner des centaines de ressortissants et d'étudiants étrangers, dont une majorité de citoyens américains.
La Force de déploiement rapide de l'US Army (82ème Division aéroportée, 1er et 2ème Bataillons de Rangers), la Force Delta et des Navy SEALs, ainsi que la 22ème Unité Amphibie de Marines et diverses unités de soutien et de logistique, sont engagées, soit au total 7,600 hommes. 353 soldats et policiers jamaïcains et du Système de Sécurité Régional (RSS), selon un accord de défense et de sécurité communes des Etats Caraïbes, prennent également part à l'intervention. La dictature d'Hudson Austin est renversée et remplacée par un gouvernement de transition constitué par le Gouverneur-Général Paul Scoon, en attendant les élections de 1984.
La date de l'intervention américaine, le 25 octobre 1983, est célébrée dans l'île comme jour de fête et désignée Thanksgiving Day ("Jour de Grâce") par ses habitants. L'aérodrome de Pointe Salines est rebaptisé en l'honneur du Premier ministre Maurice Bishop assassiné. Cette intervention a notamment permis de développer une plus efficace coopération et coordination entre les différents services des forces armées des Etats-Unis, et aboutit à une réorganisation du Département de la Défense grâce au Goldwater-Nichols Act, du nom des deux sénateurs qui ont initié le projet de loi.
Localisation géographique.
La Grenade est une île de la Mer des Caraïbes, située au sud-ouest de Saint-Vincent et les Grenadines, et à environ 160km au nord-est des côtes vénézueliennes et de Trinadad et Tobago. Elle couvre une superficie de 344km² et compte une population d'environ 110,000 habitants. Sa capitale est Saint-George. Elle est également surnommée l'"Ile aux Epices", car elle est l'un des principaux exportateurs mondiaux de fleurs et de noix de muscade. Elle fait partie du groupe d'îles Grenadines. Celui-ci fait lui-même partie d'un ensemble plus vaste encore, les Iles Windwards.
Un peu d'histoire.
1° Période coloniale française (1649-1763).
Le 17 mars 1649, une expédition navale de 203 hommes, venant de la Martinique et dirigée par Jacques du Parquet, fonde une colonie permanante sur l'île de la Grenade. En quelques mois, ils entrent en conflit et chassent les insulaires. En 1654, l'île est entièrement occupée et soumise par les Français. Les indigènes qui ont survécu fuient et s'installent sur les îles voisines, ou dans des lieux reculés de la Grenade, où ils sont marginalisés et persécutés. La dernière communauté indigène disparait au début du 18ème siècle.
L'économie de l'île est initialement axée sur la cane à sucre et l'indigo. Les colons français fondent la capitale Fort Royal en 1650. Pour se protéger des ouragans, les navires profitent du port naturel de la ville et y font très souvent escale.
Les Britanniques s'emparent de la Grenade en 1762, au cours de la Guerre de Sept ans, et rebaptisent Fort Royal "Saint-George".
2° Période coloniale britannique (1763-1974).
La Grenade est formellement cédée à l'Empire britannique selon les termes du Traité de Paris en 1763. La France capture l'île durant la Guerre d'Indépendance américaine, après la Bataille de la Grenade en 1779. Cependant, la Grande-Bretagne en reprend le contrôle après le Traité de Versailles en 1783. Les Anglais répriment ensuite une révolte pro-française en 1795-1796, dirigée par Julien Fedon.
La noix de muscade est introduite sur la Grenade en 1843, lorsqu'un navire marchant mouille dans le port de Saint-George, lors de son périple ente les "Indes occidentales" (Antilles) et l'Angleterre. C'est le début de l'industrie des épices, qui représente aujourd'hui 40% des exportations mondiales de muscade.
En 1877, la Grenade devient une "Colonie de la Couronne britannique" (Crown Colony) membre du Commonwealth. Le "Gouverneur-Général" de l'île représente la Couronne et la Reine d'Angleterre. Theophilus A. Marryshow fonde l'"Association du Gouvernement Représentatif" (RGA) en 1917, pour mener une campagne d'agitation et obtenir la création d'une participation constitutionnel de la population grenadine. Il en résulte le "Groupe de pression" (Lobbying) Marryshow, la Commission Wood (1921-1922) concluant que l'île est prête pour une réforme constitutionnelle et un remaniement du gouvernement colonial local. Ces modifications garantissent aux Grenadins leurs droits pour élire 5 des 15 membres du Conseil législatif, une franchise restreinte de la propriété établissant le droit de vote pour les 4% d'habitants les plus riches.
Photo ci-dessous: Saint-George en 1890.
3° Vers l'indépendance (1763-1974).
En 1950, Eric Gairy fonde le "Parti des Travailleurs Unis de la Grenade" (GALP), qui se bat pour de meilleures conditions de travail. C'est le début d'une vague de contestations, de manifestations populaires et de grèves générales ouvrières, d'une période d'instabilité politique appelée "Jour du Ciel Rouge". Les autorités britannique de tutelle renforcent leur présence militaire pour rétablir l'ordre.
Le 10 octobre 1951, la Grenade organise sa première élection au suffrage universel. Le parti de Gairy obtient 6 des 8 sièges du Conseil Légeslatif. De 1958 à 1962, l'île est membre de la "Fédération des Indes Occidentales".
Le 3 mars 1967, elle obtient son entière autonomie sur les affaires intérieures, en tant qu'"Etat associé". Herbert Blaize, du Parti National Grenadin (GNP), devient "Premier" de l'Etat Associé de la Grenade en août 1967. Eric Gairy (GALP) lui succède à ce poste jusqu'en février 1974.
4° Indépendance et révolution (1974-1983).
L'indépendance entière de la tutelle de la Couronne britannique est obtenue en 1974, sous le gouvernement d'Eric Gairy, qui devient dès lors le premier Premier ministre de la Grenade. Des conflits sociaux et des affrontements éclatent entre Eric Gairy et une partie de l'opposition radicale, dont le New Jewel Movement (NJM), un parti d'obédience marxiste-léniniste. Gairy remporte les élections de 1976, mais l'opposition n'accepte pas les résultats, l'accusant de fraudes.
En 1979, le NJM, dirigé par Maurice Bishop, déclenche une révolution armée contre le gouvernement de Gairy, qui entraîne le chute de ce dernier, suspend la constitution et établit le "Gouvernement Révolutionnaire du Peuple" (PRG), sous l'autorité de Bishop qui se déclare lui-même Premier ministre. Son gouvernement marxiste établit aussitôt des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba, le Nicaragua et les autres pays du bloc communiste.
Le 14 octobre 1983, une lutte de pouvoir à l'intérieur du gouvernement entraîne l'arrestation de Maurice Bishop, sur ordre de son vice-Premier ministre, Bernard Coard, lequel est soutenu par l'armée grenadine. Après ce second coup d'Etat, Coard devient le nouveau chef du gouvernement. Bishop parvient à s'évader, mais il est bientôt repris. Il est exécuté, avec sept autres membre de son cabinet ministériel, le 19 octobre.
Ce même jour, l'armée commandée par le général Hudson Austin fomente un troisième coup d'Etat, renverse Bernard Coard et installe une dictature militaire. Pendant quatre jours, il instaure la loi martiale, en déclarant que quiconque arrêté à l'extérieur durant le couvre-feu sera passible d'une exécution sommaire. Enfin, il fait arrêter des centaines de ressortissants étrangers, essentiellement des étudiants américains en médecine de l'Université Saint-George, les regroupe et les fait garder sur le campus ou dans l'aéroport de Pointe-Salines.
La réponse et la riposte des Etats-Unis et des Etats Caraïbes ne se fait pas attendre. Le 25 octobre 1983, les forces américaines et alliées envahissent la Grenade, où les militaires et des travailleurs cubains présents dans l'île ont commencé à renforcer l'aérodrome de Pointe Salines, à l'extrêmité sud-ouest de l'île.
Déclenchement de l'opération Urgent Fury.
Suite à la série de coups d'Etat qui se sont succédés dans l'île de la Grenade entre 1979 et 1983, à l'instabilité politique et au climat de guerre civile, mais surtout après l'instauration de la dictature militaire du général Hudson Austin le 19 octobre 1983, l'Organisation des Etats Caraïbes de l'Est (OECS), ainsi que la Barbade et la Jamaïque, adressent formellement une demande d'assistance aux Etats-Unis (1). Selon un reporter du New York Times, cette demande est adressée au gouvernement américain, qui a déjà pris la décision d'intervenir. Washington se sert du prétexte du meurtre de Maurice Bishop et de l'arrestation et la sequestration de citoyens américains dans l'Université de Saint-George, pour lancer une opération militaire visant à renverser Austin et libérer les otages. Le journaliste révèlera plus tard que le "Gouverneur-Général" de la Grenade, Sir Paul Scoon, a requis l'intervention militaire américaine au travers de canaux diplomatiques secrets.
Le 25 octobre 1983, la Grenade est donc "envahie" par une force combinée des Etats-Unis et du "Système de Sécurité Régional" (RSS) des Etats Caraïbes, partie de la Barbade. L'opération a reçu le nom de code d'"Operation Urgent Fury" (Fureur Urgente). Les Etats-Unis déclarent que ce déploiement de forces se fait également avec l'approbation des Premiers ministres de la Barbade et de la République Dominicaine, respectivement Tom Adams et Dame Eugenia Charles. Cependant, l'intervention est sévèrement critiquée par le Canada, le Royaume-Uni et Trinidad et Tobago. L'Assemblée Générale des Nations-Unies la condamne le 2 novembre en tant que "violation flagrante des lois internationales" (2), par un vote de 108 en faveur contre 9, avec 27 abstentions. Le Conseil de Sécurité tente d'émettre une Résolution en ce sens, mais son vote est bloqué par le veto des Etats-Unis.
Photo ci-dessous: des policiers et des militaires de la Force de Défense des Caraïbes occidentales se déploient sur l'île de la Grenade le 3 novembre 1983.
(1) Cole, Ronald (1997). "Operation Urgent Fury: The Planning and Execution of Joint Operations in Grenada" Retrieved 9 November 2006.
(2) United Nations General Assembly Resolution 98/7. United Nations. 2 November 1983.
1° Aéroport international de Pointe Salines.
Au cours des années précédentes, le gouvernement de Maurice Bishop a entrepris la construction de l'Aéroport International de Pointe Salines, à l'extrémité sud-ouest de l'île, avec l'aide de la Grande-Bretagne, de Cuba, de la Libye, de l'Algérie et d'autres pays. L'idée même de cet aéroport est proposé par le gouvernement britannique en 1954, lorsque la Grenade était encore une de ses colonies. Après 1979, le gouvernement américain accuse la Grenade de l'intention d'établir ou de renforcer la présence ou l'influence soviétique et cubaine dans les Caraïbes. L'allongement de la piste (2,700 mètres) servant aux avions Antonov An-12, An-22 et An-124 pour acheminer des armes aux divers mouvements de guerilla communistes en Amérique Centrale. Bishop rétorque que l'aéroport de Point Salines ne sert et ne servira que pour l'aviation de transport commercial, pour le tourisme, en faisant remarquer que les longs-courriers ne peuvent actuellement pas se servir de l'aéroport de Pearl, dont la piste (1,200m) est trop courte et le relief montagneux au nord de l'île trop dangereux.
En mars 1983, le président Ronald Reagan commence à tirer la sonnette d'alarme, en attirant l'attention sur une menace potentielle contre les Etats-Unis, sur une "militarisation" des Caraïbes par l'Union Soviétique et Cuba, l'aéroport de Pointe Salines mettant potentiellement le territoire américain à portée de leurs bombardiers lourds Tu-26 Backfire, capable d'emporter des armes nucléaires. Il déclare que l'allongement de piste et la construction de nouveaux réservoirs de carburant n'est pas nécessaire à l'aviation civile, et qu'à l'évidence l'aéroport deviendra une base militaire cubaine et/ou soviétique.
Photo ci-dessous: la piste de l'aéroport de Pointe Salines (Punta Salinas) en mars 2010.
2° Invasion.
L'Opération Urgent Fury débute le 25 octobre 1983 à 5h du matin, lorsque le corps expéditionnaire américain quitte la Barbade et fait route vers la Grenade. C'est la première opération militaire majeure américaine depuis la fin de la Guerre du Vietnam, une décennie plus tôt. Le vice-amiral Joseph Metcalf III, le commandant de la 2ème Flotte assignée à cette partie du globe, assume le commandement de la Joint Task Force 120, une force combinée qui comprend des éléments des quatre services des forces armées américaines: US Army, US Air Force, US Navy et US Marine Corps. Au total un effectif de 7,600 hommes. 353 soldats et policiers des Etats Caraïbes s'y joignent. 1,500 soldats grenadins et environ 700 Cubains sont présents dans l'île.
Les Marines de la 22nd MEU (en provenance du Liban) et la Task Force TF.20.5, autour du groupe de bataille de l'Independence (CV-62), interviennent à partir de 6h. Les hélicoptères AH-1T Sea Cobra du Squadron HMA-269, partis du navire d'assaut amphibie Guam (LPH-9), élimine d'abord les positions de défenses aériennes (mitrailleuses lourdes et canon AA d'origine russe) dans le secteur Pearl-Granville. Interviennent ensuite les hélicoptères de transport CH-53 Stallion du Squadron HMM-261 et les barges de débarquement de l'USS Guam (LPH-9), de l'USS Barnstable County (LST-1197), de l'USS Manitowoc (LST-1180), de l'USS Fort Snelling (LSD-30) et de l'USS Trenton (LPD-14). En deux heures, après une résistance modérée de l'"Armée Révolutionnaire Populaire" (PRA), les Marines occupent et sécurisent Pearl et Grenville. Le troisième jour, alors que la 22nd MEU ne représente que 25% des forces américaines engagées, elle contrôle déjà les trois quarts de l'île: c'est-à-dire le nord et le centre.
Sur la cote occidentale de la Grenade, les Navy SEALs "Team Six" sont parachutés au nord de la capitale Saint-George, avec pour mission de s'emparer de la station radio de la ville et de la résidence du Gouverneur Général, où ils rencontrent une opposition armée notable.
A partir de 5h40, à l'extrêmité sud-ouest de l'île, la 82ème et les 1er et 2ème Bataillons de Rangers interviennent par assaut aéroporté à partir de C-130 Hercules de l'US Air Force. 800 parachutistes et les Rangers s'emparent de l'aérodrome de Pointe Salines, et à la tombée du jour, ils atteignent Saint-George, où la 82ème Division aéroportée libère les otages occidentaux détenus sur le campus de l'université.
Photos ci-dessous: 1° l'assaut aéroporté du 2ème Bataillon de Rangers sur l'aéroport de Pointe Salines, à l'aube du 25 octobre 1983. 2° Des étudiants américains, après leur libération, attendent leur rapatriement vers les Etats-Unis.
A l'aube du troisième jour, les Marines et le 2ème Bataillon de Rangers, qui ont effectué leur jonctions, prennent d'assaut les positions (très bien défendues) de la PRA à Fort Adolphus, Fort Matthew et sur la Colline de Richmond. La 82ème Division s'empare des casernes de la PRA à Calivigny. Au cours de ces combats, trois AH-1T Sea Cobra de la 22nd MEU sont abattus.
Au cours des jours qui suivent, les Américains éliminent les quelques poches de résistance qui subsistent. Le 2 novembre 1983, tous les objectifs militaires ont été sécurisés et la dictature du général Hudson Austin renversée. Les Etats-Unis ont affrontés environ 1,200 soldats grenadins de la PRA ainsi que 780 Cubains. Leurs pertes s'élèvent à 19 tués et 106 blessés.
Le lendemain 3 novembre 1983, les troupes américaines entament leur retrait de l'île et sont remplacés par les 353 policiers et militaires de la "Force de Paix des Caraïbes" (ECPF). Celle-ci y restera jusqu'en juin 1985.
Photo ci-dessous: bombardement des casernements de la PRA à Calivigny.
Au cours des combats, Cuba a perdu 25 tués, 59 blessés et 638 prisonniers capturés. Les Américains capturent également 49 Soviétiques, 24 Nord-Coréens, 16 Allemands de l'Est, 14 Bulgares et 4 Libyens.
Photo ci-dessous: un A-7E Corsair II de l'Independence en mission de soutien aérien au-dessus de Pointe Salines. Octobre 1983.
3° Ordre de bataille américain.
Liste non exhaustive des unités américaines ayant participé à l'opération Urgent Fury:
- US Army:
- 1er Bataillon de Rangers, 75ème Régiment de Rangers. Hunter Army Airfield, Géorgie.
- 2ème Bataillon de Rangers, 75ème Régiment de Rangers. Fort Lewis, Washington.
- 1er Bataillon, 505ème Régiment de parachutistes, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- 2ème Bataillon, 505ème Régiment de parachutistes, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- 1er Bataillon, 508ème Régiment de parachutistes, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- 2ème Bataillon, 508ème Régiment de parachutistes, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- 325ème Régiment d'infanterie aéroportée, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- 320ème Régiment d'artillerie aéroportée, 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
- Unité de soutien (médical, police militaire, ...) 82ème Division aéroportée. Fort Bragg, Caroline du Nord.
Photo ci-dessous: l'interverntion américaine représente la première mission opérationnelle du nouvel hélicoptère utilitaire UH-60 Black Hawk. Ici des UH-60A au-dessus de l'aérodrome de Pointe Salines, le 25 octobre 1983.
- US Air Force:
- US Air National Guard (soutien aérien). A-7E Corsair II.
- 23ème Wing Tactique Aérien (chasse/interception). F-15 Eagle.
- 33ème Wing Tactique Aérien (soutien aérien). A-10 Thunderbolt II.
- 437ème Wing de Transport Aérien. C-141 StarLifter.
- 317ème Wing de Transport Aérien. C-130 Hercules.
- 16ème Wing des Opérations Spéciales. AC-130 Spectre.
- 63ème Wing de Transport Aérien. Unités de police et de sécurité aérodrome.
- 19ème Wing de Ravitaillement Aérien. KC-135 Stratotanker.
- US Navy:
- Task Group 20.5 (Independence Battle Group): USS Independence (CV-62). Norfolk, Virginie.
- Wing Aéronaval Six (CVW-6): VF-32 et VF-34 (F-14A Tomcat), VA-15 et VA-87 (A-7E Corsair II), VA-176 (A-6E Intruder).
- Groupe Amphibie Quatre: USS Guam (LPH-9), USS Trenton (LPD-14), USS Fort Snelling (LSD-30).
- US Navy SEALs Team 4. Little Creek, Virginie.
- US Navy SEALs Team 6. Virginia Beach, Virginie.
- US Marine Corps:
- 22ème Unité Expéditionnaire de Marines (22 MEU). Camp Lejeune, Caroline du Nord.
- Marine Medium Helicopter Units HMM-261 (USS Guam): CH-53D Sea Stallion et CH-46D Sea Knight.
- Marine Attack Helicopter Units HMA-269 (USS Guam): AH-1T Sea Cobra.
Photo ci-dessous: un CH-53D Sea Stallion du Marine Medium helicopter Squadron HMM-261 (USS Guam) se pose à côté d'un canon AA ZU-23 abandonné dans l'île de la Grenade, en octobre 1983.
L'île de la Grenade après 1983.
Les troupes américaines entament leur retrait dès le 3 novembre 1983, les derniers soldats (des policiers militaires intégrés au sein de la Force de Maintien de la Paix des Caraïbes) quittant la Grenade le 15 décembre. Le 25 octobre, jour du début de l'intervention, est déclarée "jour de fête férié" par la population de l'île, et baptisé Thanksgiving Day ("Jour de Grâce"). Sur le campus True Blue de l'université de Saint-George, est érigé un monument commémoratif à mémoire des 19 Américains tués durant l'opération Urgent Fury, marquant chaque année depuis, la célébration du souvenir.
Photo ci-dessous: monument commémoratif de l'intervention américaine sur le campus universitaire de Saint-George.
En 2008, la Grenade annonce son intention d'ériger un monument commémoratif des soldats cubains tués durant l'opération Urgent Fury. Mais jusqu'à présent, les gouvernements cubain et grenadin ne se sont encore pas décidé sur l'emplacement exact de ce monument.
Après le retrait américain, Sir Paul Scoon constitue et prend la tête d'un gouvernement de transition, en attendant les premières élections législatives démocratiques, en décembre 1984. Ces élections sont remportées par le Parti National Grenadin, et Herbert Blaize devient le nouveau Premier ministre. Il reste à ce poste jusqu'en décembre 1989. Ben Jones lui succède jusqu'aux élections de mars 1990, qui voient la victoire du Congrès Démocratique National de Nicholas Braithwaite. Ce dernier occupe le poste de Premier ministre jusqu'au terme de son second mandat, en février 1995. George Brizon lui succède jusqu'en juin de cette année.
Scoon occupe le poste de Gouverneur-Général (représentant de la Couronne britannique) du 30 septembre 1978 jusqu'au 6 août 1992. Lui succèdent Sir Reginal Palmer (6 août 1992 - 8 août 1996), Sir Daniel Williams (9 août 1996 - décembre 2008) et Dame Cécile La Grenade (décembre 2008 - Présent), la première femme désignée à ce poste.
Photo ci-dessous: Sir Paul Scoon en 1983.
Pendant les treize années qui suivent (un record de longévité dans cette île), le poste de Premier ministre est occupé par Keith Mitchell, du Nouveau Parti National. En 2008, les élections sont remportées par le Congrès Démocratique National et Thillman Thomas. En 2013, celui-ci cède son poste au Nouveau Parti National de Keith Mitchell, qui remporte tous les 15 sièges du Conseil législatif.
Le général Hudson Austin, arrêté en octobre 1983, est jugé par la Justice grenadine pour le meurtre de Maurice Bishop et l'instauration d'une dictature militaire, et pour sa répression contre le peuple grenadin. Il est condamné à mort en 1986, mais cette sentence sera plus tard commuée en prison à vie. Il est cependant relâché le 18 décembre 2008. Bernard Coard est jugé pour avoir ordonné l'exécution de Bishop, en août 1986. Il est lui-aussi condamné à mort, et en 1991 sa peine est commuée en prison à vie. Lui aussi est libéré, quelques mois plus tard.
Le 7 septembre 2004, pour la première fois depuis quarante-neuf ans, la Grenade est touchée par un ouragan (Ivan) de catégorie 3 (des vents soufflant jusqu'à 250 km/h), qui détruit ou endommage 90% des maisons et des bâtiments de l'île, les dommages étant estimés à 110 millions de dollars. L'industrie agricole, et en particulier les récoltes de noix de muscade, souffrent énormément de ses dommages. Le secteur du tourisme, grâce à la construction d'hôtels et de nouvelles infrastructures, est lui en plein essort.
Article modifié le 22 janvier 2014.
Sources principales:
• Invasion of Grenada (Wikipedia.org)
2 comments:
Pour les cubains sur place, j'ai lu des articles contradictoires sur leur statut. Il s'agit soit de militaires essentiellement du génie pour l'agrandissement de l'aéroport soit de simples ouvriers.
Bonjour Jacqueline, désolée de vous contacter par là mais je ne trouve pas de formulaire de contact ni email sur votre site. Je trouve votre site très intéressant, et je voulais vous faire part d'une proposition de collaboration. Je vous envoi mon email, n'hésitez pas à me contacter pour que je puisse vous expliquer. Anna - a.planetadeagostini@gmail.com
Salutations
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