La prise du pont de chemin de fer de Remagen, sur le Rhin, en début d'après-midi du 7 mars 1945, est un extraordinaire coup de chance pour les Alliés, un évenement inattendu qui va complètement bouleverser les plans d'opérations du général Dwight D. Eisenhower. Tard dans la matinée de ce 7 mars, des véhicules de reconnaissance appartenant à la Compagnie Able du 14ème Bataillon de chars, une unité intégrée au sein du Combat Command B de la 9ème Division blindée "Phantom" du III Corps de l'US Army, et commandée par le lieutenant Karl H. Timmermann, débouchent des bois de l'Eifel (prolongation des Ardennes en Allemagne) sur un chemin secondaire qui surplombe le Rhin, en face de la ville de Remagen.
Au premier coup d'oeil vers le fleuve, Timmermann et ses hommes restent ébahis, incrédules et n'en croient pas leurs yeux: il y a un pont qui enjambe le Rhin, un pont encore intact! Et surmonté d'une double voie ferrée qui franchit le fleuve. Inscription sur la photo ci-dessous: "Vous traversez le Rhin à pied sec grâce à la 9ème Division blindée."
Le spectacle est inattendu et spectaculaire, et même sans aucun doute unique dans le paysage allemand de mars 1945. En effet, depuis le début de l'année, les responsables allemands des points de passage sur le Rhin ont reçu l'ordre formel d'Adolf Hitler de faire sauter les 47 ponts (22 routiers et 25 ferroviaires) immédiatement après que les troupes allemandes auront atteint la rive orientale du fleuve: aucun de ces ouvrages ne doit, sous peine de mort du responsable, tomber intact aux mains des Alliés. La double voie ferrée sur le pont Ludendorff de Remagen conduit, sur la rive orientale, à un tunnel traversant une colline, le Erpeler Ley, et dans lequel sont entassés civils et militaires allemands en déroute. Pourquoi le pont est-il encore intact à ce jour? Personne ne connait la réponse. Ce mystère s'explique peut-être par le retard dans les opérations d'évacuation de la population civile de la rive gauche du Rhin qui n'a pas permis de le détruire en temps voulu. Peut-être aussi les Américains sont-ils arrivés plus tôt que les Allemands ne le prévoyaient.
Photo ci-dessous: vue du pont Ludendorff de Remagen, depuis le sommet de l'Erpeler Ley, après sa capture. Le soldat dont le cliché est pris de dos est Don Feltner, du 66ème Bataillon de Tank Destroyer affecté à la 9ème Division blindée.
Situation générale des fronts alliés début février 1945.
En ce début de février 1945, après la conclusion de la Bataille des Ardennes et l'élimination du saillant allemand, la situation du front est redevenu stationnaire sur le front Ouest. Les Anglo-Américains sont pratiquement revenus sur les positions qu'ils occupaient à la veille de l'Opération Wacht am Rhein, le 15 décembre 1944, le long de la Ligne Siegfried. Le Troisième Reich en est désormais réduit à défendre le "Réduit National". Les Allemands occupent de solides positions de défense. A l'est, ils sont disposés le long de l'Oder-Neisse. A l'ouest, ils bénéficient des défenses et installations de la Ligne Siegfried, sur toute la largeur du front, des Pays-Bas à la frontière suisse.
A l'Est, comme prévu, l'Armée Rouge exécute la Campagne Vistule-Oder. Elle s'élance le 12 janvier de la Vistule, en Pologne, et en moins d'un mois, au terme d'une offensive foudroyante, elle franchit 480km et atteint la frontière orientale de l'Allemagne et l'Oder. Le 2 mars, sur la rive de l'Oder, elle se trouve à 70km de la capitale ennemie et, épuisée, elle marque le pas. Désormais, sa priorité est de nettoyer les poches de résistance qu'elle a laissé derrière elle, de conquérir les pays Baltes et la Prusse-Orientale.
Photo ci-dessous: offensive foudroyante de l'Armée Rouge en Pologne (12 janvier - 2 février 1945). Un ISU-122 traverse la ville de Lodz.
Après l'échec de l'opération Market-Garden, les Alliés s'interrogent sur la manière de donner le coup de grâce au Troisième Reich et d'envahir le coeur de l'Allemagne. Contrairement à septembre 1944, où le maréchal britannique Bernard L. Montgomery avait "imposé" une offensive en un seul point du front pour atteindre le coeur industriel de l'Allemagne, la Ruhr, le Commandement Suprême Allié (SHAEF) du général américain Dwight Eisenhower se décide cette fois pour une offensive générale sur l'ensemble du front.
Carte ci-dessous: situation du front occidental le 8 février 1945.
Opérations Veritable, Grenade et Lumberjack: la Course au Rhin (Rhineland Run).
1° Opération Veritable.
Comment donner le coup de grâce au Troisième Reich sur le Front Occidental? Au nord, dans le secteur anglo-canadien du XXIème Groupe d'Armées opposé à la 1ère Armée allemande de parachutistes de Kurt Student, l'état-major de Montgomery met au point les Opérations Veritable et Grenade. Depuis la région de Nimegue-Groesbeek, la 1ère Armée canadienne du général Henry Crérar, avec les divisions du XXX Corps britannique, exécute l'opération Veritable. Elle doit attaquer et percer les lignes allemandes vers le sud-est à travers la zone forestière du Reichswald, en direction de Xanten où, dans un large mouvement d'enveloppement, elle effectuera sa jonction avec la 9ème Armée américaine du lieutenant-général William H. Simpson (Opération Grenade).
L'offensive anglo-canadienne débute le 8 février, mais la 1ère Armée canadienne doit affronter des obstacles naturels, des terrains détrempés et gorgés d'eau, et avance à l'allure d'escargots. Elle prend du retard sur l'horaire programmé. Elle perce la ligne Siegfried le 10 février, mais il lui faudra au moins deux semaines pour franchir le Reichswald.
Photo ci-dessous: en février 1945, la 1ère Armée canadienne pénètre en Allemagne et franchit le Reichswald.
2° Opération Grenade.
La 9ème Armée américaine doit pour sa part attaquer vers nord-est et franchir les barrages de la Roer. Initialement programmée le même jour que l'offensive anglo-canadienne, en raison de pluie, de la boue et du dégel, l'offensive de Simpson est reportée au 23 février. Le double objectif sur la Roer n'est finalement rempli qu'à moitié: si les Américains arrivent bien à s'emparer du barrage de l'Urft, les Allemands ont cependant le temps de saboter celui de Schwammenauel. Le retard pris tant par les Anglo-Canadiens que par les Américains permettent à la plupart de forces allemandes d'effectuer une retraite et d'échapper à la manoeuvre d'encerclement des Alliés.
Photo ci-dessous: fantassins de la 30ème Division d'infanterie américaine, appuyée par des chars Sherman, pendant l'Opération Grenade (février 1945).
3° Opération Lumberjack.
L'offensive de la 1ère Armée américaine du lieutenant-général Courtney H. Hodges, qui fait face grosso-modo à la 15ème Armée Allemande de Gustav-Adolf von Zangen et à l'aile droite de la 5ème Panzerarmee de Hasso von Manteuffel, démarre le 21 février 1945, sous de bien meilleures hospices que les unités du XXIème Groupe d'armées. Elle avance très facilement, en rencontrant peu d'opposition, vers l'est et le sud-est, direction Dusseldorf, Cologne et Coblence, sur le Rhin. L'objectif intermédiaire, la Roer, est franchie le 1er mars. Les unités allemandes des LXXXI Korps (9ème et 11ème Divisions panzers, 476ème, 363ème et 59ème Divisions d'infanterie) et LVIII Panzerkorps (353ème et 12ème Divisions d'infanterie, 3ème Division de Panzergrenadiers) refluent précipitament et en désordre vers le Rhin.
La 1ère Armée américaine comprend, de gauche à droite, les VII Corps (99ème, 104ème et 8ème Divisions d'infanterie, 3ème et 4ème Divisions blindées), III Corps (1ère et 9ème Divisions d'infanterie, 9ème Division blindée), et enfin V Corps (28ème, 69ème et 106ème Divisions d'infanterie).
Carte ci-dessous: avance de la 1ère Armée américaine vers le Rhin (1er-7 mars 1945):
Plus au sud, encore, la célèbre 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton avance dans la Sarre, nettoie les rives de la Moselle, et atteint le Rhin le 10 mars. Dans le secteurs de la 1ère Armée française, le général de Lattre de Tassigny termine le nettoyage de la poche allemande de Colmar.
Le 4 mars 1945, les Américains de la 1ère Armée capturent Euskirchen. Le lendemain, ils atteignent Cologne, où ils doivent se livrer à de durs combat de rue. Plus au sud, dans la zone d'opération du III Corps, l'élément de pointe, le CCB de la 9ème Division blindée Phantom, s'approche de la ville de Remagen, l'atteignant à l'aube du 7 mars.
Photo ci-dessous: épave d'un char Panther devant la cathédrale de Cologne, le 6 mars 1945.
Capture du pont Ludendorff.
1° Approche du pont: la "Bataille de Remagen".
Dans les premières heures de la matinée du 7 mars 1945, les véhicules de la Compagnie A du 14ème Bataillon de chars, commandée par Karl H. Timmermann, débouchent de la forêt sur une hauteur surplombant la ville de Remagen, située sur le Rhin à environ mi-distance entre Cologne et Coblence. Les Américains sont sidérés par ce qu'ils contemplent: la vue sur le pont Ludendorff intact est spectaculaire. La nouvelle ne tarde pas à remonter toute la chaîne de commandement de la 9ème Division blindée, sous les ordres du major-général John W. Leonard. Les ordres initiaux, qui sont de ne s'emparer que de la ville, puis de rejoindre la 3ème Armée de Patton dans la région de Coblence, plus au sud, changent totalement: il faut maintenant s'emparer le plus vite possible du pont, car des prisonniers et des déserteurs allemands ont indiqué que le commandand du secteur Remagen, le major Hans Scheller, a l'intention de faire sauter le pont à 16h.
A 9h, le brigadier-général Thomas L. Harrold, à la tête du Combat Command B, ordonne donc au lieutenant-colonel Leonard E. Engeman, commandant du 14ème Bataillon de chars, de constituer une Task Force pour s'emparer de l'ouvrage. Cette Task Force consiste en un peloton du 89ème Escadron de reconnaissance, avec quelques M8 Greyhound, de la Compagnie A du 27ème Bataillon d'infanterie blindée, équipé de M3 Half-Track et commandé par le major Murray Deevers, d'un peloton de la compagnie B du 9ème Bataillon du génie blindé, dirigé par le lieutenant Hugh Mott, et enfin des trois compagnies du 14ème Bataillon de chars, commandés respectivement par les lieutenants Karl H. Timmermann, Jack Liedke et William E. McMaster.
Timmermann, qui est lui-même d'origine allemande, est né à Frankfurt-sur-le-Main en 1922, à 160km au sud-est de Remagen, et a immigré aux Etats-Unis en 1924. A 22 ans, il a été promu la veille, le 6 mars, au commandement de la Compagnie Able du 14ème Bataillon de chars. Cette unité est le fer de lance de la Task Force Engeman chargée de s'emparer de l'ouvrage, laquelle compte des M4 Sherman et 4 nouveaux chars lourds M26 Pershing, dont elle va tirer grandement profit. Répartis en colonnes sur trois axes différents de progression, les hommes de Timmermann profitent du chaos provoqué par leur arrivée pour traverser la ville de Remagen, pratiquement sans opposition exceptés quelques foyers de résistance ici et là, la grande majorité des Jeunesses Hitleriennes et les vieillards de la Volksturm stationnés dans la ville ayant fuit en franchissant le pont au cours des jours précédents. Les Américains sont davantage gênés par les manoeuvres des chars dans les petites rues étroites, que par la résistance ennemie elle-même, et perdent du temps pour arriver jusqu'à l'ouvrage.
Photo ci-dessous: en 2014, la stèle commémorative du lieutenant Karl H. Timmermann (tué le 21 octobre 1951 en Corée), à West Point dans le Nebraska, où il suivit sa scolarité.
A 15h, un des trois pelotons de Timmermann, commandé par le sous-lieutenant Emmett James "Jim" Burrows, et les quatre Pershing arrivent aux pieds des deux grandes tours qui gardent l'entrée du pont, mais une grande explosion secoue l'air: les sentinelles alllemandes qui gardent l'entrée nord du pont ont eu, avant de se réfugier dans le tunnel, le reflexe d'actionner le dispositif de destruction des deux pilliers massifs soutenant l'ouvrage, une heure avant sa destruction programmée. Mais inexplicablement, seule une partie des explosifs ont fonctionné, creusent un énorme cratère à travers le plancher du pont, au niveau du pilier nord (1).
2° La prise du pont.
Mais une fois la fumée de l'explosion dissipée et la poussière retombée, le pont est toujours là, apparemment sans dommages sérieux apparents, excepté l'énorme trou dans le plancher au niveau du pilier nord. A 15h30, Timmermann ordonne l'assaut. Un énorme cratère sur le chemin bloquant l'entrée du pont aux véhicules, lui et ses hommes doivent traverser l'ouvrage à pieds en courant, en s'abritant derrière ses structures métalliques, et rejoignent très vite la rive opposée du fleuve, sous le tirs de mitrailleuses ennemies placées sur une barge au voisinage du pont et dans les tours de garde. Tandis que des civils allemands disparaissent dans le tunnel et que les GIs traversent le pont, en éliminant les postes de mitrailleuses ennemies dans les tours, trois artificiers du 9ème Bataillon du génie, le lieutenant Hugh Mott lui-même, les sergents John Reynolds et Eugene Dorland, profitent de la confusion et parviennent à couper les fils du second détonateur qui n'a pas fonctionné et des petites charges placées sur toute la longueur sous le plancher du pont. Le sergent Alexander A. Drabik, du peloton Burrows, est le premier soldat américain à poser les pieds sur la rive opposée du Rhin, après avoir parcouru au pas de charge les 117 mètres de l'ouvrage. Il est également le premier militaire étranger à franchir le fleuve mythique depuis les guerre napoléoniennes.
Photos ci-dessous: 1° Pont de Remagen. On distingue les dommages causés à la structure par l'explosion au niveau du pilier nord. 2° Le sergent Alex Drabik est le premier soldat américain à traverser le pont de Remagen, en cet après-midi du 7 mars 1945. Il est décoré de la Distinguished Service Cross (DSC).
Le pont ferroviaire de Remagen, bien qu'endommagé, vient de tomber en moins d'une demi-heure aux mains des Américains, pratiquement sans livrer le moindre combat. La nouvelle de sa prise et de la traversée du Rhin à Remagen fait rapidement le tour du front et remonte toute la chaine de commandement alliée, suscitant partout une très vive surprise, particulièrement au GQG des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF), à Versailles. Eisenhower, lorsqu'il en est informé dans la soirée, modifie complètement ses plans d'opérations, pourtant complexes et très rigides, et ordonne au général Omar Bradley, commandant du XIIème Groupe d'armées, dont dépend la 1ère Armée américaine de Hodges, de faire converger toutes ses divisions vers un unique point. De les faire traverser le Rhin sur le pont Ludendorff.
Pendant quinze jours, fait unique dans la mémoire collective des riverains, les civils allemands, stupéfaits et incrédules, vont voir défiler dans leurs rues toute la panoplie du "Charodrome" américain: chars, half-track, obusiers automoteurs, jeeps, engins du génie, etc. Des véhicules de toutes sortes et de toute taille, roulant au pas, pare-choc contre par pare-choc, jours et nuits sans interruption pendant deux semaines. Ce qui constitue pour la police militaire chargée de regler le traffic routier, de véritables casse-têtes.
Photos ci-dessous: 1° Vue du pont Ludendorff du côté nord, après sa capture par la 9ème Division blindée. 2° Entrée du tunnel sous l'Erpeler Ley.
Dans la soirée de ce 7 mars, 8,000 soldats américains auront réussi à traverser le Rhin sur le pont Ludendorff. Par une extraordinaire faculté d'adaptation, les Américains sont ainsi en mesure d'exploiter totalement la chance inouïe qui leur est offerte. La 9ème Division blindée établit sans délai une solide petite tête de pont au-delà du Rhin.
Photo ci-dessous: travaux de consolidation du génie pontonnier américain, quatre heures avant l'effondrement du pont.
L'incroyable nouvelle arrive également au bunker de la Chancellerie, à Berlin, où la fureur d'Hitler est indescriptible. Avec une court martiale itinérante et improvisée, il fait condamner à mort et fusiller quatre officiers: les trois majors Hans Scheller, August Kraft et Herbert Strobel, le lieutenant Karl Heinz Peters. Un cinquième, capturé par les Américains, est jugé et condamné à mort par coutumace: le capitaine Willi Bratge.
Le commandant en chef du front Ouest (OB-West), le maréchal Gerd von Rundstedt, considéré comme responsable de ce "catastrophique évenement", est relevé le 10 mars de ses fonctions et remplacé par le maréchal Albert Kesselring, rappelé d'Italie. "C'est un homme fini, je ne veux plus en entendre parler", déclare Hitler.
Très utile et efficace, surtout du point de vue psychologique, la conquête du pont de Remagen ne constitue pas pourtant un épisode décisif dans le déroulement de l'offensive alliée: en effet, un seul pont sur le Rhin ne représente pas en soi une solution stratégique. Il faudra encore beaucoup d'efforts et d'autres têtes de pont dans les jours qui suivent, en amont et en aval de Remagen, pour que les Alliés puissent franchir en force le Rhin, dernier obstacle naturel pour pénétrer dans le coeur de Allemagne. Les Allemands, conscients de l'importance de l'ouvrage, lanceront plusieurs attaques aériennes dans le but de le détruire à tout prix, mais sans succès. Y compris avec les nouveaux bombardiers à réaction Arado Ar-234 et 11 fusées V2.
Vidéo ci-dessous: Prise du pont de Remagen par la compagnie du lieutenant Timmermann. Documentaire Nat Géo Channel (2014).
Dessin ci-dessous: des bombardiers à réaction Ar-234 attaquent le pont de Remagen.
Le 17 mars 1945, dix jours après sa capture par la 9ème Division blindée, l'ouvrage s'écroule tout seul dans le Rhin. Mais pour les Allemands, il est désormais trop tard.
(1) A l'origine, les artificiers allemands devaient installer 600 kg d'explosif militaire. Mais en raison des pénuries et de la confusion, ils installèrent à la place 300kg de charges industriels, la donarite (mélange nitrate ammonium), à l'efficacité moindre, qu'ils doivent répartir sur les deux piliers. Seul le détonateur de la charge du pilier nord fonctionne.
Ruines du pont Ludendorff aujourd'hui.
Aujourd'hui, du pont Ludendorff ne subsistent plus que les quatre tours de garde. Un musée de la paix se trouve depuis le 7 mars 1980 à l'intérieur des deux tours situées sur la rive occidentale, du côté de la ville de Remagen. L'initiateur de ce musée était l'ancien maire de la ville, Hans Peter Kürten, qui vendit pour la première fois le 7 mars 1978 des pierres du pont en tant que souvenirs. Cette action connu un écho important et c'est avec les recettes de la vente de ces pierres et de nombreuses photos d'époque qu'il est parvenu à rassembler les fonds nécessaire à l'aménagement du musée.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 2° Bataille de Berlin.
Article modifié le 7 mars 2020.
Sources principales:
• Luddendorf Bridge (Wikipedia.org)
• Operation Lumberjack (Wikipedia.org)
Au premier coup d'oeil vers le fleuve, Timmermann et ses hommes restent ébahis, incrédules et n'en croient pas leurs yeux: il y a un pont qui enjambe le Rhin, un pont encore intact! Et surmonté d'une double voie ferrée qui franchit le fleuve. Inscription sur la photo ci-dessous: "Vous traversez le Rhin à pied sec grâce à la 9ème Division blindée."
Le spectacle est inattendu et spectaculaire, et même sans aucun doute unique dans le paysage allemand de mars 1945. En effet, depuis le début de l'année, les responsables allemands des points de passage sur le Rhin ont reçu l'ordre formel d'Adolf Hitler de faire sauter les 47 ponts (22 routiers et 25 ferroviaires) immédiatement après que les troupes allemandes auront atteint la rive orientale du fleuve: aucun de ces ouvrages ne doit, sous peine de mort du responsable, tomber intact aux mains des Alliés. La double voie ferrée sur le pont Ludendorff de Remagen conduit, sur la rive orientale, à un tunnel traversant une colline, le Erpeler Ley, et dans lequel sont entassés civils et militaires allemands en déroute. Pourquoi le pont est-il encore intact à ce jour? Personne ne connait la réponse. Ce mystère s'explique peut-être par le retard dans les opérations d'évacuation de la population civile de la rive gauche du Rhin qui n'a pas permis de le détruire en temps voulu. Peut-être aussi les Américains sont-ils arrivés plus tôt que les Allemands ne le prévoyaient.
Photo ci-dessous: vue du pont Ludendorff de Remagen, depuis le sommet de l'Erpeler Ley, après sa capture. Le soldat dont le cliché est pris de dos est Don Feltner, du 66ème Bataillon de Tank Destroyer affecté à la 9ème Division blindée.
Situation générale des fronts alliés début février 1945.
En ce début de février 1945, après la conclusion de la Bataille des Ardennes et l'élimination du saillant allemand, la situation du front est redevenu stationnaire sur le front Ouest. Les Anglo-Américains sont pratiquement revenus sur les positions qu'ils occupaient à la veille de l'Opération Wacht am Rhein, le 15 décembre 1944, le long de la Ligne Siegfried. Le Troisième Reich en est désormais réduit à défendre le "Réduit National". Les Allemands occupent de solides positions de défense. A l'est, ils sont disposés le long de l'Oder-Neisse. A l'ouest, ils bénéficient des défenses et installations de la Ligne Siegfried, sur toute la largeur du front, des Pays-Bas à la frontière suisse.
A l'Est, comme prévu, l'Armée Rouge exécute la Campagne Vistule-Oder. Elle s'élance le 12 janvier de la Vistule, en Pologne, et en moins d'un mois, au terme d'une offensive foudroyante, elle franchit 480km et atteint la frontière orientale de l'Allemagne et l'Oder. Le 2 mars, sur la rive de l'Oder, elle se trouve à 70km de la capitale ennemie et, épuisée, elle marque le pas. Désormais, sa priorité est de nettoyer les poches de résistance qu'elle a laissé derrière elle, de conquérir les pays Baltes et la Prusse-Orientale.
Photo ci-dessous: offensive foudroyante de l'Armée Rouge en Pologne (12 janvier - 2 février 1945). Un ISU-122 traverse la ville de Lodz.
Après l'échec de l'opération Market-Garden, les Alliés s'interrogent sur la manière de donner le coup de grâce au Troisième Reich et d'envahir le coeur de l'Allemagne. Contrairement à septembre 1944, où le maréchal britannique Bernard L. Montgomery avait "imposé" une offensive en un seul point du front pour atteindre le coeur industriel de l'Allemagne, la Ruhr, le Commandement Suprême Allié (SHAEF) du général américain Dwight Eisenhower se décide cette fois pour une offensive générale sur l'ensemble du front.
Carte ci-dessous: situation du front occidental le 8 février 1945.
Opérations Veritable, Grenade et Lumberjack: la Course au Rhin (Rhineland Run).
1° Opération Veritable.
Comment donner le coup de grâce au Troisième Reich sur le Front Occidental? Au nord, dans le secteur anglo-canadien du XXIème Groupe d'Armées opposé à la 1ère Armée allemande de parachutistes de Kurt Student, l'état-major de Montgomery met au point les Opérations Veritable et Grenade. Depuis la région de Nimegue-Groesbeek, la 1ère Armée canadienne du général Henry Crérar, avec les divisions du XXX Corps britannique, exécute l'opération Veritable. Elle doit attaquer et percer les lignes allemandes vers le sud-est à travers la zone forestière du Reichswald, en direction de Xanten où, dans un large mouvement d'enveloppement, elle effectuera sa jonction avec la 9ème Armée américaine du lieutenant-général William H. Simpson (Opération Grenade).
L'offensive anglo-canadienne débute le 8 février, mais la 1ère Armée canadienne doit affronter des obstacles naturels, des terrains détrempés et gorgés d'eau, et avance à l'allure d'escargots. Elle prend du retard sur l'horaire programmé. Elle perce la ligne Siegfried le 10 février, mais il lui faudra au moins deux semaines pour franchir le Reichswald.
Photo ci-dessous: en février 1945, la 1ère Armée canadienne pénètre en Allemagne et franchit le Reichswald.
2° Opération Grenade.
La 9ème Armée américaine doit pour sa part attaquer vers nord-est et franchir les barrages de la Roer. Initialement programmée le même jour que l'offensive anglo-canadienne, en raison de pluie, de la boue et du dégel, l'offensive de Simpson est reportée au 23 février. Le double objectif sur la Roer n'est finalement rempli qu'à moitié: si les Américains arrivent bien à s'emparer du barrage de l'Urft, les Allemands ont cependant le temps de saboter celui de Schwammenauel. Le retard pris tant par les Anglo-Canadiens que par les Américains permettent à la plupart de forces allemandes d'effectuer une retraite et d'échapper à la manoeuvre d'encerclement des Alliés.
Photo ci-dessous: fantassins de la 30ème Division d'infanterie américaine, appuyée par des chars Sherman, pendant l'Opération Grenade (février 1945).
3° Opération Lumberjack.
L'offensive de la 1ère Armée américaine du lieutenant-général Courtney H. Hodges, qui fait face grosso-modo à la 15ème Armée Allemande de Gustav-Adolf von Zangen et à l'aile droite de la 5ème Panzerarmee de Hasso von Manteuffel, démarre le 21 février 1945, sous de bien meilleures hospices que les unités du XXIème Groupe d'armées. Elle avance très facilement, en rencontrant peu d'opposition, vers l'est et le sud-est, direction Dusseldorf, Cologne et Coblence, sur le Rhin. L'objectif intermédiaire, la Roer, est franchie le 1er mars. Les unités allemandes des LXXXI Korps (9ème et 11ème Divisions panzers, 476ème, 363ème et 59ème Divisions d'infanterie) et LVIII Panzerkorps (353ème et 12ème Divisions d'infanterie, 3ème Division de Panzergrenadiers) refluent précipitament et en désordre vers le Rhin.
La 1ère Armée américaine comprend, de gauche à droite, les VII Corps (99ème, 104ème et 8ème Divisions d'infanterie, 3ème et 4ème Divisions blindées), III Corps (1ère et 9ème Divisions d'infanterie, 9ème Division blindée), et enfin V Corps (28ème, 69ème et 106ème Divisions d'infanterie).
Carte ci-dessous: avance de la 1ère Armée américaine vers le Rhin (1er-7 mars 1945):
Plus au sud, encore, la célèbre 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton avance dans la Sarre, nettoie les rives de la Moselle, et atteint le Rhin le 10 mars. Dans le secteurs de la 1ère Armée française, le général de Lattre de Tassigny termine le nettoyage de la poche allemande de Colmar.
Le 4 mars 1945, les Américains de la 1ère Armée capturent Euskirchen. Le lendemain, ils atteignent Cologne, où ils doivent se livrer à de durs combat de rue. Plus au sud, dans la zone d'opération du III Corps, l'élément de pointe, le CCB de la 9ème Division blindée Phantom, s'approche de la ville de Remagen, l'atteignant à l'aube du 7 mars.
Photo ci-dessous: épave d'un char Panther devant la cathédrale de Cologne, le 6 mars 1945.
Capture du pont Ludendorff.
1° Approche du pont: la "Bataille de Remagen".
Dans les premières heures de la matinée du 7 mars 1945, les véhicules de la Compagnie A du 14ème Bataillon de chars, commandée par Karl H. Timmermann, débouchent de la forêt sur une hauteur surplombant la ville de Remagen, située sur le Rhin à environ mi-distance entre Cologne et Coblence. Les Américains sont sidérés par ce qu'ils contemplent: la vue sur le pont Ludendorff intact est spectaculaire. La nouvelle ne tarde pas à remonter toute la chaîne de commandement de la 9ème Division blindée, sous les ordres du major-général John W. Leonard. Les ordres initiaux, qui sont de ne s'emparer que de la ville, puis de rejoindre la 3ème Armée de Patton dans la région de Coblence, plus au sud, changent totalement: il faut maintenant s'emparer le plus vite possible du pont, car des prisonniers et des déserteurs allemands ont indiqué que le commandand du secteur Remagen, le major Hans Scheller, a l'intention de faire sauter le pont à 16h.
A 9h, le brigadier-général Thomas L. Harrold, à la tête du Combat Command B, ordonne donc au lieutenant-colonel Leonard E. Engeman, commandant du 14ème Bataillon de chars, de constituer une Task Force pour s'emparer de l'ouvrage. Cette Task Force consiste en un peloton du 89ème Escadron de reconnaissance, avec quelques M8 Greyhound, de la Compagnie A du 27ème Bataillon d'infanterie blindée, équipé de M3 Half-Track et commandé par le major Murray Deevers, d'un peloton de la compagnie B du 9ème Bataillon du génie blindé, dirigé par le lieutenant Hugh Mott, et enfin des trois compagnies du 14ème Bataillon de chars, commandés respectivement par les lieutenants Karl H. Timmermann, Jack Liedke et William E. McMaster.
Timmermann, qui est lui-même d'origine allemande, est né à Frankfurt-sur-le-Main en 1922, à 160km au sud-est de Remagen, et a immigré aux Etats-Unis en 1924. A 22 ans, il a été promu la veille, le 6 mars, au commandement de la Compagnie Able du 14ème Bataillon de chars. Cette unité est le fer de lance de la Task Force Engeman chargée de s'emparer de l'ouvrage, laquelle compte des M4 Sherman et 4 nouveaux chars lourds M26 Pershing, dont elle va tirer grandement profit. Répartis en colonnes sur trois axes différents de progression, les hommes de Timmermann profitent du chaos provoqué par leur arrivée pour traverser la ville de Remagen, pratiquement sans opposition exceptés quelques foyers de résistance ici et là, la grande majorité des Jeunesses Hitleriennes et les vieillards de la Volksturm stationnés dans la ville ayant fuit en franchissant le pont au cours des jours précédents. Les Américains sont davantage gênés par les manoeuvres des chars dans les petites rues étroites, que par la résistance ennemie elle-même, et perdent du temps pour arriver jusqu'à l'ouvrage.
Photo ci-dessous: en 2014, la stèle commémorative du lieutenant Karl H. Timmermann (tué le 21 octobre 1951 en Corée), à West Point dans le Nebraska, où il suivit sa scolarité.
A 15h, un des trois pelotons de Timmermann, commandé par le sous-lieutenant Emmett James "Jim" Burrows, et les quatre Pershing arrivent aux pieds des deux grandes tours qui gardent l'entrée du pont, mais une grande explosion secoue l'air: les sentinelles alllemandes qui gardent l'entrée nord du pont ont eu, avant de se réfugier dans le tunnel, le reflexe d'actionner le dispositif de destruction des deux pilliers massifs soutenant l'ouvrage, une heure avant sa destruction programmée. Mais inexplicablement, seule une partie des explosifs ont fonctionné, creusent un énorme cratère à travers le plancher du pont, au niveau du pilier nord (1).
2° La prise du pont.
Mais une fois la fumée de l'explosion dissipée et la poussière retombée, le pont est toujours là, apparemment sans dommages sérieux apparents, excepté l'énorme trou dans le plancher au niveau du pilier nord. A 15h30, Timmermann ordonne l'assaut. Un énorme cratère sur le chemin bloquant l'entrée du pont aux véhicules, lui et ses hommes doivent traverser l'ouvrage à pieds en courant, en s'abritant derrière ses structures métalliques, et rejoignent très vite la rive opposée du fleuve, sous le tirs de mitrailleuses ennemies placées sur une barge au voisinage du pont et dans les tours de garde. Tandis que des civils allemands disparaissent dans le tunnel et que les GIs traversent le pont, en éliminant les postes de mitrailleuses ennemies dans les tours, trois artificiers du 9ème Bataillon du génie, le lieutenant Hugh Mott lui-même, les sergents John Reynolds et Eugene Dorland, profitent de la confusion et parviennent à couper les fils du second détonateur qui n'a pas fonctionné et des petites charges placées sur toute la longueur sous le plancher du pont. Le sergent Alexander A. Drabik, du peloton Burrows, est le premier soldat américain à poser les pieds sur la rive opposée du Rhin, après avoir parcouru au pas de charge les 117 mètres de l'ouvrage. Il est également le premier militaire étranger à franchir le fleuve mythique depuis les guerre napoléoniennes.
Photos ci-dessous: 1° Pont de Remagen. On distingue les dommages causés à la structure par l'explosion au niveau du pilier nord. 2° Le sergent Alex Drabik est le premier soldat américain à traverser le pont de Remagen, en cet après-midi du 7 mars 1945. Il est décoré de la Distinguished Service Cross (DSC).
Le pont ferroviaire de Remagen, bien qu'endommagé, vient de tomber en moins d'une demi-heure aux mains des Américains, pratiquement sans livrer le moindre combat. La nouvelle de sa prise et de la traversée du Rhin à Remagen fait rapidement le tour du front et remonte toute la chaine de commandement alliée, suscitant partout une très vive surprise, particulièrement au GQG des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF), à Versailles. Eisenhower, lorsqu'il en est informé dans la soirée, modifie complètement ses plans d'opérations, pourtant complexes et très rigides, et ordonne au général Omar Bradley, commandant du XIIème Groupe d'armées, dont dépend la 1ère Armée américaine de Hodges, de faire converger toutes ses divisions vers un unique point. De les faire traverser le Rhin sur le pont Ludendorff.
Pendant quinze jours, fait unique dans la mémoire collective des riverains, les civils allemands, stupéfaits et incrédules, vont voir défiler dans leurs rues toute la panoplie du "Charodrome" américain: chars, half-track, obusiers automoteurs, jeeps, engins du génie, etc. Des véhicules de toutes sortes et de toute taille, roulant au pas, pare-choc contre par pare-choc, jours et nuits sans interruption pendant deux semaines. Ce qui constitue pour la police militaire chargée de regler le traffic routier, de véritables casse-têtes.
Photos ci-dessous: 1° Vue du pont Ludendorff du côté nord, après sa capture par la 9ème Division blindée. 2° Entrée du tunnel sous l'Erpeler Ley.
Dans la soirée de ce 7 mars, 8,000 soldats américains auront réussi à traverser le Rhin sur le pont Ludendorff. Par une extraordinaire faculté d'adaptation, les Américains sont ainsi en mesure d'exploiter totalement la chance inouïe qui leur est offerte. La 9ème Division blindée établit sans délai une solide petite tête de pont au-delà du Rhin.
Photo ci-dessous: travaux de consolidation du génie pontonnier américain, quatre heures avant l'effondrement du pont.
L'incroyable nouvelle arrive également au bunker de la Chancellerie, à Berlin, où la fureur d'Hitler est indescriptible. Avec une court martiale itinérante et improvisée, il fait condamner à mort et fusiller quatre officiers: les trois majors Hans Scheller, August Kraft et Herbert Strobel, le lieutenant Karl Heinz Peters. Un cinquième, capturé par les Américains, est jugé et condamné à mort par coutumace: le capitaine Willi Bratge.
Le commandant en chef du front Ouest (OB-West), le maréchal Gerd von Rundstedt, considéré comme responsable de ce "catastrophique évenement", est relevé le 10 mars de ses fonctions et remplacé par le maréchal Albert Kesselring, rappelé d'Italie. "C'est un homme fini, je ne veux plus en entendre parler", déclare Hitler.
Très utile et efficace, surtout du point de vue psychologique, la conquête du pont de Remagen ne constitue pas pourtant un épisode décisif dans le déroulement de l'offensive alliée: en effet, un seul pont sur le Rhin ne représente pas en soi une solution stratégique. Il faudra encore beaucoup d'efforts et d'autres têtes de pont dans les jours qui suivent, en amont et en aval de Remagen, pour que les Alliés puissent franchir en force le Rhin, dernier obstacle naturel pour pénétrer dans le coeur de Allemagne. Les Allemands, conscients de l'importance de l'ouvrage, lanceront plusieurs attaques aériennes dans le but de le détruire à tout prix, mais sans succès. Y compris avec les nouveaux bombardiers à réaction Arado Ar-234 et 11 fusées V2.
Vidéo ci-dessous: Prise du pont de Remagen par la compagnie du lieutenant Timmermann. Documentaire Nat Géo Channel (2014).
Dessin ci-dessous: des bombardiers à réaction Ar-234 attaquent le pont de Remagen.
Le 17 mars 1945, dix jours après sa capture par la 9ème Division blindée, l'ouvrage s'écroule tout seul dans le Rhin. Mais pour les Allemands, il est désormais trop tard.
(1) A l'origine, les artificiers allemands devaient installer 600 kg d'explosif militaire. Mais en raison des pénuries et de la confusion, ils installèrent à la place 300kg de charges industriels, la donarite (mélange nitrate ammonium), à l'efficacité moindre, qu'ils doivent répartir sur les deux piliers. Seul le détonateur de la charge du pilier nord fonctionne.
Ruines du pont Ludendorff aujourd'hui.
Aujourd'hui, du pont Ludendorff ne subsistent plus que les quatre tours de garde. Un musée de la paix se trouve depuis le 7 mars 1980 à l'intérieur des deux tours situées sur la rive occidentale, du côté de la ville de Remagen. L'initiateur de ce musée était l'ancien maire de la ville, Hans Peter Kürten, qui vendit pour la première fois le 7 mars 1978 des pierres du pont en tant que souvenirs. Cette action connu un écho important et c'est avec les recettes de la vente de ces pierres et de nombreuses photos d'époque qu'il est parvenu à rassembler les fonds nécessaire à l'aménagement du musée.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 2° Bataille de Berlin.
Article modifié le 7 mars 2020.
Sources principales:
• Luddendorf Bridge (Wikipedia.org)
• Operation Lumberjack (Wikipedia.org)