Après la capitulation du général Charles Cornwallis à Yorktown, en octobre 1781, des pourparlers de paix s'ouvrent à Paris, en France. Le Traité définitif, signé le 3 septembre 1783, est ensuite ratifié par le Congrès de la Confédération, le 14 janvier 1784, puis par le Roi George III d'Angleterre le 9 avril suivant.
Ce document met formellement fin à la guerre entre l'Empire britannique et ses anciennes colonies d'Amérique du Nord, et reconnaît l'indépendance des "Etats-Unis d'Amérique".
Traité de Paix définitif de Paris (3 septembre 1783).
La victoire franco-américaine et la capitulation de l'Armée britannique à Yorktown en Virginie, le 19 octobre 1781, provoque la chute du gouvernement du Premier ministre anglais Frederick North, le 22 mars 1782. Dès lors, les Commons (Chambre des Communes), c'est-à-dire la "Chambre Basse" du Parlement anglais, vote la fin des hostilités et entame des pourparlers de paix avec ses anciennes colonies d'Amérique du Nord. Un texte préliminaire est d'abord signé à Paris en novembre 1782.
Photo ci-dessous: le tableau (en 2008) représentant les signataires (préliminaires) du Traité de Paris de novembre 1782. Anecdote: la délégation britannique ayant refusé de poser, la toile est restée inachevée.
Le 3 septembre 1783, le Traité officiel et définitif entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis est signé dans l'Hotel d'York, aujourd'hui au n°56 de la Rue Jacob à Paris, par John Adams, Benjamin Franklin et John Jay, pour les Etats-Unis, et par David Hartley, membre du Parlement anglais représentant son monarque.
Le même jour, la Grande Bretagne signe, séparément, des traités similaires avec la France et l'Espagne (et provisoirement avec les Pays-Bas). L'empire britannique cède la Floride orientale et la Floride occidentale à l'Espagne. L'île de Minorque, dans les Baléares, les îles Bahamas, la Grenade et Montserrat, conquis par les Français et les Espagnols, retournent sous la juridiction britannique.
Photo ci-dessous: plaque commémorative du Traité de Paris, sur la façade de l'immeuble de la rue Jacob, au n°56, où fut signé le document reconnaissant l'indépendance des Etats-Unis. Cliché pris le 8 juillet 2009.
Le Congrès de la Confédération américaine, qui siège temporairement à Annapolis, dans le Maryland, ratifie le Traité de Paix de Paris le 14 janvier 1784. C'est la "Journée de la Ratification" (Ratification Day). D'autres copies sont envoyés en Europe aux autres parties impliqués, la première atteignant la France en mars 1784. Le Roi George III ratifie la sienne le 9 avril 1784. Les deux copies américaine et anglaise sont ensuite échangées à Paris le 12 mai 1784.
Le texte de ce Traité compte dix points (Ten Articles):
Ci-dessous: dernière page (Article 10th) du Traité de Paix de Paris de 1783, exposé dans le "Batiment des Archives Nationales des Etats-Unis", ou National Archives and Records Administration (NARA).
Remarques sur l'application future de ce Traité:
Bilan humain et coût économique de la Guerre d'indépendance.
1° Bilan humain.
Le coût total en vie humaine résultant de la Guerre d'indépendance américaine n'est pas connu. Comme c'est habituellement le cas dans les guerres de cette époque, les maladies et blessures ont tué plus de personnes que directement sur les champs de bataille. Entre 1775 et 1782, une épidémie de variole très contagieuse a tué plus de 130,000 personnes dans toute l'Amérique du Nord. Les effets de cette épidémie ont été particulièrement dévastateurs à Boston, pendant l'occupation britannique et le siège américain de la ville, en 1775. L'historien américain Joseph J. Ellis suggère que la décision de George Washington de vacciner ses troupes contre la variole a été l'une de ses plus importantes décisions.
Approximativement 25,000 révolutionnaires américains sont morts durant leur service militaire, dont 8,000 directement sur les champs de bataille, les 17,000 autres ont succombé à des maladies et des blessures, dont 8,000 à 12,000 torturés ou privés de soins pendant leur captivité dans les prisons britanniques. Le nombre de combattants américains sérieusement blessés ou mutilés est estimé entre 8,500 et 25,000 pertes.
Le nombre total des pertes américaines au cours du conflit, de 1775 à 1783, s'élève donc à environ 50,000 tués, blessés ou disparus.
Environ 171,000 marins britanniques ont combattu pendant la guerre d'indépendance. 1,240 ont été tué au combat, et 18,500 autres de maladies ou de blessures diverses. Dans la Royal Navy, la principale cause de mortalité a été le scorbut, dont les marins apprirent à combattre les effets grâce à l'introduction et à la consommation de citrons à bord des navires. Environ 42,000 autres marins britanniques ont déserté durant le conflit.
A ce bilan s'ajoutent environ 1,200 Hessois ou mercenaires allemands tués au combat, et 6,354 autres de maladies ou par accidents. Environ 16,000 Allemands sont retournés dans leur pays, 5,500 autres restant aux Etats-Unis et devenant des citoyens américains.
Il n'existe aucune autre statistique officielle concernant le nombre de pertes de soldats réguliers britanniques (Habits Rouges), soldats espagnols, français, de Noirs ou d'Amérindiens.
2° Coût économique.
Les Britanniques ont dépensé 80 millions de £ivres de cette époque, et ont contracté à la fin des hostilités une dette nationale de 250 millions de £ivres. La France, de sont côté, a dépensé 1.3 milliard de £ivres, et leur dette nationale s'élevait à 187 millions de £ivres.
Les Etats-Unis ont dépensé 37 millions de dollars au niveau fédéral (ou national), plus 114 millions de dollars au niveau des Etats. Ce coût fut largement couvert grâce à des emprunts contractés auprès de la France et des Pays-Bas. Les Américains ont fini par régler leur dette et leur inflation en février 1791, lorsqu'Alexander Hamilton, Secrétaire du Trésor, fonda la First Bank of the United States, la première institution financière nationale du pays.
Création et développement des institutions fédérales américaines.
Le 15 novembre 1777, le Second Congrès continental rédige les "Articles de la Confédération" (Articles of Confederation). Ce document constitutionnel est l'un des textes fondateurs de la jeune nation américaine. Il regroupe les Treize Etats en une confédération baptisée "Etats-Unis d'Amérique" (United States of America), établit les bases d'un gouvernement fédéral, tout en laissant une souveraineté aux Etats, et fonde les trois premiers Ministères (Departments): War Department, ou Ministère de la Défense, Department of Foreign Affairs, le Ministère des Affaires étrangères chargé des relations internationales, et Department of Tresury, le Ministère des Finances.
Cependant, les Articles de la Confédération n'entrent en vigueur qu'après avoir été ratifiés par tous les Etats, en mars 1781. Pour bien marquer cette transition, le "Congrès de la Confédération" est instauré et se substitue au Second Congrès continental, les délégués de cette nouvelle assemblée demeurant inchangés.
Ces Articles sont remplacés le 21 juin 1788, lors de la Convention Constitutionnelle de Philadelphie, par la "Constitution des Etats-Unis" (Constitution of the United States), celle-ci entrant en vigueur le 4 mars 1789. Ce document est aujourd'hui la plus vieille constitution écrite encore en usage dans le monde. C'est le texte de lois suprême des Etats-Unis: elle instaure une fédération de treize Etats, ceux-ci gardant leurs prérogatives au sujet de la Justice et de l'Education, le système bicaméraliste (à deux chambres) du Congrès, et définit les pouvoirs respectifs des trois branches exécutif, législatif et judiciaire. (1)
Le 30 avril 1789, George Washington devient le premier président des Etats-Unis. Il est ensuite réélu pour un second mandat de quatre ans de 1793 à 1797. Le 17 novembre 1800, le siègle du gouvernement fédéral, qui jusqu'alors se tenait depuis le Congress Hall de Philadelphie, déménage et s'installe à Washington dans le District de Columbia (Washington, DC).
Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 02/10: la Révolution.
(1) Blogosphère Mara, "Constitution des Etats-Unis d'Amérique"
Article modifié le 14 juin 2015.
Sources principales:
• History of the United States (Wikipedia.org)
• Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
• Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.
Ce document met formellement fin à la guerre entre l'Empire britannique et ses anciennes colonies d'Amérique du Nord, et reconnaît l'indépendance des "Etats-Unis d'Amérique".
Traité de Paix définitif de Paris (3 septembre 1783).
La victoire franco-américaine et la capitulation de l'Armée britannique à Yorktown en Virginie, le 19 octobre 1781, provoque la chute du gouvernement du Premier ministre anglais Frederick North, le 22 mars 1782. Dès lors, les Commons (Chambre des Communes), c'est-à-dire la "Chambre Basse" du Parlement anglais, vote la fin des hostilités et entame des pourparlers de paix avec ses anciennes colonies d'Amérique du Nord. Un texte préliminaire est d'abord signé à Paris en novembre 1782.
Photo ci-dessous: le tableau (en 2008) représentant les signataires (préliminaires) du Traité de Paris de novembre 1782. Anecdote: la délégation britannique ayant refusé de poser, la toile est restée inachevée.
Le 3 septembre 1783, le Traité officiel et définitif entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis est signé dans l'Hotel d'York, aujourd'hui au n°56 de la Rue Jacob à Paris, par John Adams, Benjamin Franklin et John Jay, pour les Etats-Unis, et par David Hartley, membre du Parlement anglais représentant son monarque.
Le même jour, la Grande Bretagne signe, séparément, des traités similaires avec la France et l'Espagne (et provisoirement avec les Pays-Bas). L'empire britannique cède la Floride orientale et la Floride occidentale à l'Espagne. L'île de Minorque, dans les Baléares, les îles Bahamas, la Grenade et Montserrat, conquis par les Français et les Espagnols, retournent sous la juridiction britannique.
Photo ci-dessous: plaque commémorative du Traité de Paris, sur la façade de l'immeuble de la rue Jacob, au n°56, où fut signé le document reconnaissant l'indépendance des Etats-Unis. Cliché pris le 8 juillet 2009.
Le Congrès de la Confédération américaine, qui siège temporairement à Annapolis, dans le Maryland, ratifie le Traité de Paix de Paris le 14 janvier 1784. C'est la "Journée de la Ratification" (Ratification Day). D'autres copies sont envoyés en Europe aux autres parties impliqués, la première atteignant la France en mars 1784. Le Roi George III ratifie la sienne le 9 avril 1784. Les deux copies américaine et anglaise sont ensuite échangées à Paris le 12 mai 1784.
Le texte de ce Traité compte dix points (Ten Articles):
- Reconnaissance des Treize Colonies comme Etats libres, souverains et indépendants, par le Roi d'Angleterre et ses descendants.
- Etablissement de frontières entre les "Etats-Unis d'Amérique" et les autres colonies britanniques d'Amérique du Nord (Quebec, Nouvelle-Ecosse, île du Prince Edward, Terre-Neuve, ...)
- Garanties britanniques sur le libre accès des zones de pêche au large de Terre-Neuve et du Golfe du Saint-Laurent.
- Reconnaissance des dettes contractées de chaque côté.
- Recommandations du Congrès de la Confédération américaine aux législatures d'Etat pour reconnaitre les droits des sujets britanniques (Loyalistes) dont les biens ou propriétés ont été confisqués par les Colonies.
- Les Etats-Unis lutteront et empêcheront les futures confiscations des biens et propriétés des Loyalistes.
- Echanges des prisonniers de guerre dans les deux camps, et restitution des biens (y compris des esclaves) confisqués par la Grande-Bretagne à leur propriétaires d'origine.
- La Grande-Bretagne et les Etats-Unis assureront chacun l'accès perpétuel au fleuve Mississippi.
- Les territoires capturés par les Américains après le Traité de Paix seront tous restitués sans aucune compensation.
- Ratification du Traité endéant les six prochains mois par les parties contractuelles.
Ci-dessous: dernière page (Article 10th) du Traité de Paix de Paris de 1783, exposé dans le "Batiment des Archives Nationales des Etats-Unis", ou National Archives and Records Administration (NARA).
Remarques sur l'application future de ce Traité:
- Les Etats américains, individuellement, ignoreront les recommandations fédérales de l'article 5, sur la restitution des biens et propriétés confisqués des Loyalistes, et l'article 6, sur la prévention des futures confiscations.
- Plusieurs Etats américains, notamment la Virginie, contreviendront à l'article 4, en maintenant des lois contre le remboursement de leurs dettes contractées envers des Britanniques.
- La Grande-Bretagne ignorera l'article 7 sur la restitution des esclaves noirs à leur propriétaire.
- Le Traité spécifie une frontière sud pour les Etats-Unis, mais la séparation avec les deux Florides (orientale et occidentale) espagnoles ne sera jamais clairement définie.
Bilan humain et coût économique de la Guerre d'indépendance.
1° Bilan humain.
Le coût total en vie humaine résultant de la Guerre d'indépendance américaine n'est pas connu. Comme c'est habituellement le cas dans les guerres de cette époque, les maladies et blessures ont tué plus de personnes que directement sur les champs de bataille. Entre 1775 et 1782, une épidémie de variole très contagieuse a tué plus de 130,000 personnes dans toute l'Amérique du Nord. Les effets de cette épidémie ont été particulièrement dévastateurs à Boston, pendant l'occupation britannique et le siège américain de la ville, en 1775. L'historien américain Joseph J. Ellis suggère que la décision de George Washington de vacciner ses troupes contre la variole a été l'une de ses plus importantes décisions.
Approximativement 25,000 révolutionnaires américains sont morts durant leur service militaire, dont 8,000 directement sur les champs de bataille, les 17,000 autres ont succombé à des maladies et des blessures, dont 8,000 à 12,000 torturés ou privés de soins pendant leur captivité dans les prisons britanniques. Le nombre de combattants américains sérieusement blessés ou mutilés est estimé entre 8,500 et 25,000 pertes.
Le nombre total des pertes américaines au cours du conflit, de 1775 à 1783, s'élève donc à environ 50,000 tués, blessés ou disparus.
Environ 171,000 marins britanniques ont combattu pendant la guerre d'indépendance. 1,240 ont été tué au combat, et 18,500 autres de maladies ou de blessures diverses. Dans la Royal Navy, la principale cause de mortalité a été le scorbut, dont les marins apprirent à combattre les effets grâce à l'introduction et à la consommation de citrons à bord des navires. Environ 42,000 autres marins britanniques ont déserté durant le conflit.
A ce bilan s'ajoutent environ 1,200 Hessois ou mercenaires allemands tués au combat, et 6,354 autres de maladies ou par accidents. Environ 16,000 Allemands sont retournés dans leur pays, 5,500 autres restant aux Etats-Unis et devenant des citoyens américains.
Il n'existe aucune autre statistique officielle concernant le nombre de pertes de soldats réguliers britanniques (Habits Rouges), soldats espagnols, français, de Noirs ou d'Amérindiens.
2° Coût économique.
Les Britanniques ont dépensé 80 millions de £ivres de cette époque, et ont contracté à la fin des hostilités une dette nationale de 250 millions de £ivres. La France, de sont côté, a dépensé 1.3 milliard de £ivres, et leur dette nationale s'élevait à 187 millions de £ivres.
Les Etats-Unis ont dépensé 37 millions de dollars au niveau fédéral (ou national), plus 114 millions de dollars au niveau des Etats. Ce coût fut largement couvert grâce à des emprunts contractés auprès de la France et des Pays-Bas. Les Américains ont fini par régler leur dette et leur inflation en février 1791, lorsqu'Alexander Hamilton, Secrétaire du Trésor, fonda la First Bank of the United States, la première institution financière nationale du pays.
Création et développement des institutions fédérales américaines.
Le 15 novembre 1777, le Second Congrès continental rédige les "Articles de la Confédération" (Articles of Confederation). Ce document constitutionnel est l'un des textes fondateurs de la jeune nation américaine. Il regroupe les Treize Etats en une confédération baptisée "Etats-Unis d'Amérique" (United States of America), établit les bases d'un gouvernement fédéral, tout en laissant une souveraineté aux Etats, et fonde les trois premiers Ministères (Departments): War Department, ou Ministère de la Défense, Department of Foreign Affairs, le Ministère des Affaires étrangères chargé des relations internationales, et Department of Tresury, le Ministère des Finances.
Cependant, les Articles de la Confédération n'entrent en vigueur qu'après avoir été ratifiés par tous les Etats, en mars 1781. Pour bien marquer cette transition, le "Congrès de la Confédération" est instauré et se substitue au Second Congrès continental, les délégués de cette nouvelle assemblée demeurant inchangés.
Ces Articles sont remplacés le 21 juin 1788, lors de la Convention Constitutionnelle de Philadelphie, par la "Constitution des Etats-Unis" (Constitution of the United States), celle-ci entrant en vigueur le 4 mars 1789. Ce document est aujourd'hui la plus vieille constitution écrite encore en usage dans le monde. C'est le texte de lois suprême des Etats-Unis: elle instaure une fédération de treize Etats, ceux-ci gardant leurs prérogatives au sujet de la Justice et de l'Education, le système bicaméraliste (à deux chambres) du Congrès, et définit les pouvoirs respectifs des trois branches exécutif, législatif et judiciaire. (1)
Le 30 avril 1789, George Washington devient le premier président des Etats-Unis. Il est ensuite réélu pour un second mandat de quatre ans de 1793 à 1797. Le 17 novembre 1800, le siègle du gouvernement fédéral, qui jusqu'alors se tenait depuis le Congress Hall de Philadelphie, déménage et s'installe à Washington dans le District de Columbia (Washington, DC).
Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 02/10: la Révolution.
(1) Blogosphère Mara, "Constitution des Etats-Unis d'Amérique"
Article modifié le 14 juin 2015.
Sources principales:
• History of the United States (Wikipedia.org)
• Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
• Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.