Le 19 décembre 1944, Bastogne est menacée au nord et au sud par deux divisions panzers et une division de volksgrenadiers de la 5ème Panzerarmee. La ville, qui représente le plus important noeud de communication des Ardennes, est défendue par des unités des 28ème Division d'infanterie et 9ème Division blindée, un Combat Command de la 10ème Division blindée, détâchée du front de la Sarre, et la 101ème Division aéroportée, arrivée directement de Mourmelon par camions.
Le 22 décembre 1944, les Allemands présentent à la garnison encerclée une demande de reddition. La réponse du commandant américain, le brigadier-général Anthony McAuliffe, le fait entrer dans la légende: "Nuts!" Le 26 décembre, une avant-garde de la 4ème Division blindée de la 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton, venue secourir les assiégés, brise l'encerclement allemand.
Avance allemande vers Bastogne (17-19 décembre 1944).
Le 17 décembre 1944, dans le secteur de la 5ème Panzerarmee, après avoir traversé l'Our en force la veille (1), l'avance des LVIII et XLVII Panzerkorps vers l'ouest se poursuit, bien que moins rapide que prévue suivant les prévisions allemandes. Les positions défensives de la 28ème Division d'infanterie et du CCR de la 9ème Division blindée succombent les unes après les autres.
Sur la Skyline Drive ("Route des Crêtes"), la 2ème Division panzer du XLVII Panzerkorps liquide les poches de résistance du 110ème Régiment d'infanterie du colonel Hurley Fuller à Marnach, puis se dirige vers Clervaux et Munshausen, sur la Clerve. La 28ème Division de volksgrenadiers fait de même à Hosingen et Bockholz, avant de se diriger vers Drauffelt.
Photo ci-dessous: les soldats allemands s'enfoncent dans les forets ardennaises les 16 et 17 décembre 1944.
Le 18 décembre 1944, la 28ème Division d'infanterie retarde par tous les moyens l'avance des deux panzerkorps de von Manteuffel vers l'ouest. Ce sont le sacrifice et les actions retardatrices de cette division qui permettent, dans la soirée, l'arrivée des parachutistes de la 101ème Division et du CCB de la 10ème Division blindée. L'arrivée de ces renforts va finalement sauver in-extremis les Américains du désastre.
Après de sanglants combats sur la Skyline Drive, trois divisions allemandes, les 2ème Division panzer et Division panzers, ainsi que la 26ème Division de volksgrenadiers, détruisent le 110ème Régiment commandé par le colonel Hurley Fuller, à Clervaux, Hosingen, Bockholz, Holzthum, Munshausen, Hoscheid et Consthum. Les Allemands traversent la Clerve à Drauffelt et Clervaux, direction plein ouest vers leur prochain objectif: Bastogne.
La 2ème Division panzer sur l'axe Clervaux-Donnange-Lullange-Bourcy-Noville. La Panzerlehr et la 26ème Division de volksgrenadiers sur l'axe Drauffelt-Eschweiler-Niederwampach-Longvilly-Mageret-Bizory.
Les réserves du SHAEF, placés en état d'alerte, commence à arriver sur zone. D'abord le Combat Command B de la 10ème Division blindée et le 705ème Bataillon de Tank-Destroyers, cédés par la 3ème Armée de George Patton et transférés des secteurs de Metz et de la Moselle, en France. Le XVIII Corps aéroporté du général Matthew B. Ridgeway, venant de Mourmelon et après avoir roulé en camions pendant trente-six heures sur plus de 500km, arrive également dans les Ardennes. Pendant que la 82ème Division aéroportée poursuit sa route vers l'Amblève et la Salm pour affronter le Kampfgruppe Peiper (2), dans la soirée du 18 décembre, les premiers éléments de la 101ème Division font une entrée discrète dans Bastogne, désormais menacé d'encerclement par l'avancée des XLVII et LVIII Panzerkorps, et se joignent au CCB de la 10ème Division blindée, tout juste arrivée de la Sarre, en France.
Photo: char M36 du 705ème Bataillon de Tank-Destroyers, détaché de la 3ème Armée américaine, fait route depuis Metz, en France, vers Bastogne. 17 décembre 1944.
En l'absence de Maxwell Taylor, parti en permission aux Etats-Unis, c'est le commandant de l'artillerie divisionnaire de la 101ème Division aéroportée, le brigadier-général Anthony C. "Terry" McAuliffe, qui assume le commandement général de Bastogne.
Le 19 décembre 1944, à 9h, MacAuliffe place le 501ème Régiment de parachutistes à Mageret et Longvilly, à l'est de Bastogne, le 506ème Régiment de parachutistes à Noville et Foy, au nord-nord-est, le 502ème Régiment de parachutistes à Recogne et Longchamp, au nord-ouest, et enfin le 327ème Régiment d'infanterie planée au sud et à l'ouest de Bastogne.
(1) Blogosphère Mara, 16 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: assaut initial allemand
(2) Blogosphère Mara, 18-25 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: guerre contre le Kampfgruppe Peiper
Conférence alliée de Verdun (19 décembre 1944).
Ce même jour, se réunissent le général Dwight D. Eisenhower, commandant suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF), le général George Marshall, Chef d'Etat-Major de l'Armée de terre américaine, le lieutenant-général Omar Bradley, commandant du XIIème Groupe d'Armées alliées, le lieutenant-général Georges Patton de la 3ème Armée, le maréchal de l'air anglais Arthur Tedder, du 2nd Allied Tactical Air Command, et le lieutenant-général Jacob Devers, du VIème Groupe d'armées alliées, au GQG de ce dernier à Verdun.
Eisenhower demande à Devers de suspendre les offensives de la 7ème Armée américaine en Alsace, de la 1ère Armée française contre la poche de Colmar, de redéfinir les zones des deux armées, afin de combler le vide laisser par la 3ème Armée américaine de Patton, déplacée dans le Luxembourg pour assurer la défense du flanc sud du saillant. C'est à ce dernier de déplacer dans le Grand-Duché de Luxembourg ses forces et ce, dans les temps les plus brefs possibles. Patton promet qu'il peut le faire en trente-six heures, et lancer sa contre-attaque au sud du saillant allemand, avec trois divisions, dont la 4ème Division blindée, le 21 décembre au matin. Les généraux alliés croient d'abord qu'il plaisante. Finalement, Eisenhower lui demande d'attendre le 22 ou même le 23 décembre pour être sûr d'attaquer de manière énergique avec les trois divisions complètes.
Photo ci-dessous: présents à la Conférence alliée de Verdun, le 19 décembre, de gauche à droite, George C. Marshall, Dwight D. Eisenhower et Omar N. Bradley.
Dans l'esprit des stratèges alliés, c'est un pari insensé: faire pivoter de 90 degrés l'axe d'attaque de tout un corps d'armé de 100,000 hommes, et le déplacer, au contact de l'ennemi, sur une distance de plus de 200km de la Sarre au Grand-Duché de Luxembourg, est pratiquement impossible, humainement et logistiquement, en plein hiver, par des routes peu praticables. Pourtant, Patton "Le Fonceur" va réussir cet incroyable exploit, encore inégalé dans l'histoire militaire moderne.
Par ailleurs, Bradley ordonne au VII Corps de la 1ère Armée américaine de se préparer à être redéployer du secteur de la Roer et de la forêt de Hurtgen, en Allemagne, vers le secteur Grandménil-Hotton-Marche-Dinant, sur le flanc nord du saillant allemand, entre le XVIII Corps aéroporté américain et le XXX Corps britannique.
Au cours de cette réunion, il est donc pris plusieurs importantes décisions:
Siège de Bastogne: le "Nuts!" de McAuliffe (19-22 décembre 1944).
Le 19 décembre 1944, entre Bastogne et la 5ème Panzerarmee de von Manteuffel, ne restent plus désormais que le CCR de la 9ème Division blindée, commandé par le colonel Joseph Gilbreth, et les débris de la 28ème Division d'infanterie.
Le commandant du VIII Corps, Troy Middleton, ordonne à Gilbreth de retarder par tous les moyens possibles l'avance de von Manteuffel. Gilbreth établit deux barrages routiers aux carrefours de Feitsch et de Antoniushaff, sur la nationale N-12, entre Longvilly et Trois-Vierges.
A Antoniushaff, la Task Force du capitaine Laurence Rose, composée de la compagnie C du 2ème Bataillon de chars, d'une compagnie du 52ème Bataillon d'infanterie blindé et d'une section du génie blindé. A Feitsch, la Task Force du lieutenant-colonel Ralph Harper, composée de la compagnie B du 2ème Bataillon de chars et d'une seconde compagnie du 52ème Bataillon d'infanterie blindée.
La Task Force Rose (TF-Rose) est la première à succomber aux assauts de la 2ème Division panzer. Ses débris se replient vers Houffalize. La Task Force Harper (TF-Harper) est décimée par la même division et se replie sur Longvilly.
La 2ème Division panzer prend ensuite la route de Bourcy et de Noville, où elle anéantit la Task Force du lieutenant-colonel William Desobry, du CCB de la 10ème Division blindée.
A Longvilly, les débris du CCR de la 9ème Division blindée et la Task Force commandée par le lieutenant-colonel Henry Cherry (TF-Cherry), du CCB de la 10ème Division blindée, succombent sous les assauts de la Division Panzer Lehr. Celle-ci, commandée par le général Fritz Bayerlein, prend ensuite la direction de Mageret.
Sûr des "informations" données par des civils belges, Bayerlein prend ensuite un petit chemin boueux vers Neffe. Et là, trompé par un paysan qui lui donne de faux renseignements sur des forces américaines imaginaires qui viennent de traverser Mageret, s'estimant dans une position vulnérable sur un chemin difficilement praticable pour ses blindés, et craignant d'avoir affaire à des forces ennemies sur ses arrières, au lieu de poursuivre vers l'ouest et Bastogne, il décide de retarder de plusieurs heures sa progression vers l'ouest.
Ce sont les sacrifices de la 28ème Division d'infanterie et des Task Force Harper, Desobry, Cherry et Rose, ainsi que probablement l'information donnée à Bayerlin par le fermier belge, dont on n'a jamais connu l'identité, qui ont certainement sauvé la ville, en accordant aux Américains le temps de se ressaisir et d'organiser des défenses plus efficace, et permit à la 101ème Division aéroportée d'arriver. Ceux-ci ont donc remporté "la course pour Bastogne" in-extremis. En gagnant cette course, ils forcent von Manteuffel à faire un choix critique: Bastogne ou la Meuse?
Selon l'horaire de l'offensive programmé initialement, en ce quatrième jour (Jour J+3), les divisions de von Manteuffel devraient déjà avoir atteint le fleuve.
Dans la soirée, le XXX Corps du général Brian Horrocks, venant des Pays-Bas, arrive sur la ligne Hasselt-Louvain, et lance des patrouilles avancées sur les rives gauches de la Sambre et la Meuse.
A la limite entre la 5ème Panzerarmee et la 7ème Armée allemande, la 26ème Division panzergrenadiers (XLVII Panzerkorps) et la 5ème Division de parachutistes (LXXXV Korps) convergent vers Wiltz et attaquent les défenses tenues par les restes du 3ème Bataillon du 110ème Régiment d'infanterie, quelques Sherman du 707ème Bataillon de chars, le 687ème Bataillon d'artillerie de campagne et le 44ème Bataillon du génie de combat.
Les survivants américains doivent se replier sur la route Ettelbrück-Bastogne, à cinq kilomètres à l'ouest de Wiltz, sur un carrefour appelé Café Schumann.
Le 21 décembre 1944, sur ordre d'Hasso von Manteuffel, la 2ème Division panzer et la Panzer Lehr contournent Bastogne et repartent vers l'ouest et la Meuse. La première par le nord sur le trajet Berthogne, Salle, Ourtheville, la seconde par le sud sur l'axe Wardin, Assenois, Sibret, Tillet.
Avant de repartir, la 2ème Division panzer, épaulée par la 26ème Division de Volksgrenadiers, expulse le 506ème Régiment de parachutistes de Foy, et les "Screaming Eagles" du colonel Robert Sink se replient dans le Bois Jacques, à la lisière sud du village.
Le Kampgruppe Kunkel de la 26ème Division de Volksgrenadiers (VGD) chasse la Task Force du lieutenant-colonel Barry D. Browne (TF-Browne) du CCB de la 10ème Division blindée de Sibret, puis avance vers Senonchamps. Mais là, les allemands sont repoussés par la Task Force Browne.
La 26ème VGD et le 78ème Régiment de volkgrenadiers de la Panzer Lehr attaquent également Bizory et en a chasse le 1er Bataillon du 501ème Régiment de parachutistes, commandé par le major Raymond V. Bottomly, Jr.
Forces américaines présentes dans la poche de Bastogne (History.army.mil)
Bastogne: the first eight days (History.army.mil)
La Panzer Lehr s'empare de Wardin, y détruit la compagnie B du 54ème Bataillon d'infanterie blindée (10ème Division blindée) du lieutenant John D. Devereaux et la compagnie I du 501ème Régiment de parachutistes (101ème Division aéroportée) du capitaine Claude J. Wallace. Puis c'est le tour de Marvie, défendu par le 2ème Bataillon du 327ème Régiment d'infanterie plané.
Les escadrons de reconnaissance de la 2ème Division panzer et de la Division Panzer Lehr poursuivent leur progression vers Dinant et Givet, sur la Meuse, où attend maintenant le XXX Corps. N'ayant plus aucune force alliée devant eux, ces deux divisions allemandes parcoureront ainsi plus de soixante kilomètres en deux jours.
Le LVIII Panzerkorps et le reste du XLVII Panzerkorps sont désormais chargés du siège de Bastogne. La 101ème Division aéroportée et le CCB de la 10ème Division blindée affrontent maintenant cinq divisions allemandes, dont la 9ème Division panzers.
Le 22 décembre 1944, vers midi, quatre parlementaires allemands, un major, un lieutenant et deux soldats d'accompagnement, se présentent avec un drapeau blanc devant les lignes de la compagnie F du 327ème Régiment d'infanterie planée, sur la route venant d'Arlon, au sud de Bastogne. Les deux officiers sont conduits les yeux bandés à la caserne pompiers de Bastogne, où est installé le QG du brigadier-général Anthony "Terry" MacAuliffe, chef de l'artillerie divisionnaire, qui assure le commandement intérimaire de la 101ème Division aéroportée. Le lieutenant allemand tend au colonel Ned Moore, le chef d'état-major de McAuliffe, une demande écrite:
"Au commandant américain de la garnison de Bastogne" exigeant une reddition sans condition. "En cas de refus, l'artillerie allemande était prête à éliminer les troupes USA à Bastogne et aux alentours".
"Les pertes civiles considérables qui en résulterait, concluait le texte, ne correspondrait pas aux sentiments d'humanité américain bien connu."
"Qu'est-ce qu'on y dit, Ned?" demande McAuliffe.
"Ils veulent que vous vous rendiez, mon général" répond Moore.
MacAuliffe ne peut alors s'empêcher de s'exclamer: "Ah Nuts!" (3)
Prenant la feuille et demandant conseil à son état-major sur la formulation de sa réponse écrite, le chef du G-3 (service de renseignement) de MacAuliffe, le lieutenant-colonel Harry W. Kinnard, lui répond:
"Mon général, il me semble que votre première réponse était la meilleure."
"Qu'est-ce que c'était?".
"Vous avez dit: Nuts!"
MacAuliffe écrit alors au verso de la feuille sa réponse:
"22 décembre 1944 - Au commandant allemand: Nuts! Du commandant américain."
Le colonel Joseph H. Harper, commandant le 327ème Régiment d'infanterie planée, présent lors de cette entretien, reconduit les deux Allemands dans les lignes de la compagnie F.
Arrivé là, le major allemand s'interroge sur la signification de la réponse de McAuliffe: "Was is Nuts?? Affirmativ oder negativ??"
Le lieutenant allemand Hellmuth Henke, traduisant la question de son supérieur, demande à Harper:
"Je parle anglais, mais je ne connais pas la signification de ce mot "Nuts!"
Harper lui répond: "C'est même foutrement négatif! Cela veut dire: Allez au diable! Si vous continuez cette attaque stupide, nous tuerons chaque maudit Allemand qui tentera de pénétrer dans cette ville."
Les Allemands n'ont probablement pas compris tous les mots de Harper, mais ont parfaitement compris le sens général du message. Ils se mettent au garde-à-vous et saluent Harper. "Nous tuerons aussi beaucoup d'Américains", répond Henke, "C'est la guerre." C'est ainsi que la réponse d'Anthony MacAuliffe entre dans la légende. Cette demande de reddition a été l'oeuvre du général Heinrich von Luttwiz, commandant du XLVII Panzerkorps, qui l'a envoyé s'en en avoir au préalable consulter son supérieur direct.
Quand Hasso von Manteuffel l'apprend, il devient furieux, car, manifestement, "il n'a pas l'artillerie nécessaire pour matérialiser la menace." Pour que l'absence de représailles ne ridiculise pas le commandement allemand, il demandera à la Luftwaffe d'effectuer un bombardement aérien massif de Bastogne.
Photo ci-dessous: un Foxhole ("Trou de fantassins") de la 101ème Division sur une route de Bastogne.
(3) "Nuts!" Littéralement: "Des noix!". Dans l'argot américain: "Des clous!", "Flûte!", "Merde!", "Allez au diable!", "Allez vous faire f***!"
Verouillage de la charnière sud (17-20 décembre 1944).
A l'extrêmité sud du saillant allemand, dans la région d'Echternach, après avoir progresser le premier jour de six kilomètres dans le dispositif de la 4ème Division d'infanterie et du CCA de la 9ème Division blindée, toute progression de la 7ème Armée allemande est maintenant définitivement stoppée.
Le 17 décembre 1944, la 5ème Division de parachutistes allemands du LXXXV Korps a traversé l'Our et percé le front du 109ème Régiment de la 28ème Division d'infanterie à Vianden, sur la Skyline Drive, et pris la direction de Wiltz, où est établit le QG de la division américaine, profitant de l'avance de la Division Panzer Lehr sur son flanc droit, à la limite entre les armées de von Manteuffel et Brandenberger.
La 352ème Division de volkgrenadiers perce celui de la 9ème Division blindée à Fourhen, et pris Bettendorf et Diekirch, sur la Sûre. Sur le flanc sud du LXXXL Korps, le LXXX Korps avait pris Echternach le premier jour et progressé de par et d'autre de l'Ernz Noire jusqu'à Müllerthal.
Cependant, après avoir détruit deux bataillons américains à Berdorf et à Osweiler-Dickweiler, progressé de 5km, la 212ème Division de volkgrenadiers se retrouve désormais bloqué devant Consdorf et Scheidgen par le 12ème Régiment d'infanterie.
La 276ème Division de Volkgrenadiers, de son côté, se heurte aux défenses du CCA de la 9ème Division blindée à Waldbillig, Savelborn et Ermsdorf.
Le 18 décembre 1944, le commandant de la 4ème Division d'infanterie, le major-général Raymond Barton, reçoit en renfort le CCA de la 10ème Division blindée, détourné de Bastogne.
Le 19 décembre 1944, avec l'aide de son régiment le plus méridional, le 22ème, Barton lança quelques contre-attaques locales pour dégager de petites unités encerclées et renforça, à l'aide du CCA de la 10ème Division blindée, les défenses du 12ème Régiment.
Le 20 décembre 1944, la "charnière sud" (Southern Shoulder) est désormais totalement et définitivement verouillée. Par ailleurs, en Sarre, George Patton commence à faire déplacer son armée vers le Grand-Duché de Luxembourg. Les unités survivantes du VIII Corps passent sous son autorité. Il assure désormais le commandement du front sud du saillant allemand des Ardennes. Par ailleurs, il reçoit le commandement des unités britanniques dans la région de Beauraing (29ème Brigade blindée).
Après la réunion au sommet des chefs militaires alliés la veille, profond remianement de la chaine de commandement alliée. Le maréchal britannique Bernard Montgomery, le commandant du 21ème Groupe d'armées, se voit confier les forces américaines au nord du saillant allemand des Ardennes, soit les 1ère et 9ème Armées américaines.
Contre-attaque de Patton et levée du siège de Bastogne (23-26 décembre 1944).
Le 22 décembre 1944, au sud du saillant allemand des Ardennes, les III et XII Corps de la 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton commencent à arriver dans le Grand-Duché de Luxembourg et à Arlon en Belgique, après avoir parcouru plus de 150km en moins de trois jours, comme il l'avait promis.
A Luxembourg-Ville, à la Villa Louvigny, Patton rédige une prière de Noel mémorable et ordonne à son aumônier de la lire pendant l'office religieuse:
"Seigneur, c'est Patton qui vous parle. Les quatorze derniers jours ont été terribles. Pluie, neige, encore de la pluie, encore de la neige... et je commence à me demander ce qui ne va pas à votre quartier général. De quel côté êtes-vous en fait?
[...]
"Donnez-moi quatre jours clairs et ainsi mes avions pourront voler, ainsi mes chasseurs-bombardiers pourront les bombarder, et leur donner une bonne correction, ainsi mes avions d'observation pourront indiquer les objectifs à ma splendide artillerie.
"Donnez-moi quatre jours de soleil pour sécher cette fichue boue, ainsi mes tanks pourront rouler, ainsi les munitions et les rations pourront arriver à mes fantassins affamés et mal équipés.
"J'ai besoin de ces quatre jours pour envoyer von Rundstedt et son armée de mécréants vers leur valhalla.
"Je suis malade de cette boucherie inutile de jeunes Américains, et en échange de ces quatre jours de temps propice au combat, je vous fournirai suffisamment de boches pour tenir vos comptables occupés pendant des mois à leur travail.
"Ainsi soit-il."
Son attaque pour dégager Bastogne est fixée au lendemain à l'aube. Les 4ème et 6ème Divisions blindées des majors-généraux Hugh Gaffey et Robert Grow sont désignées comme fer de lance.
Au centre du saillant allemand, dans le secteur de la 5ème Panzerarmee de Hasso-Eckard von Manteuffel, les avant-gardes de la 2ème Division panzer atteignent Bure et Celles, à 3km de Dinant, sur la Meuse, où attend le XXX Corps britannique. Saint-Hubert, Rochefort puis Ciergnon sont occupés par la Panzer Lehr, sur la route Dinant-Bastogne.
Les deux divisions allemandes sont à bout de souffle et à court de carburant, après avoir parcouru plus de 60 kilomètres en deux jours. Ce sera le point culminant de l'avancée allemande dans les Ardennes belges. On en est à J+7 et la Meuse, qui devait être franchit au plus tard à J+3 (19 décembre), ne sera jamais atteinte.
Dans Bastogne encerclé, le calvaire des Aigles Hurlants se poursuit. Le périmètre défensif américain se réduit inexorablement. Il semble Cependant que la prière de George Patton de la veille ait été entendue. Cette journée du 23 décembre voit une amélioration sensible des conditions météorologiques.
L'aviation américaine profite enfin de l'occasion pour effectuer de très nombreuses sorties de bombardement ou de ravitaillement: à partir de 9h30, 260 C-47 Skytrain du IX Troop Carrier Command de la 9ème US Air Force larguent 334 tonnes de ravitaillement aux assiégés.
Les quatre jours suivants, 947 C-47 Dakota largueront 850 tonnes de ravitaillement supplémentaires. Pour les parachutistes de la 101ème Division aéroportée, à court de munitions et de fournitures médiacales, se fut véritablement un "miracle" de Noel.
Sur le périmètre défensif américain, le Kampgruppe Kunkel de la 26ème Division de volkgrenadiers renouvellent sans succès ses attaques contre la Task Force Brown à Senonchamps, à l'ouest de Bastogne.
Comme prévu, la 3ème Armée américaine entame son attaque en vue de briser l'encerclement de Bastogne.
Dans la zone d'opération du XII Corps, la 5ème Division d'infanterie du général Stafford Irwin attaque la 276ème Division de volkgrenadiers des deux côtés de l'Ernz Noire. Les trois jours suivants, elle reprendra la plupart des villages que la 4ème Division d'infanterie avait cédé au début de l'offensive allemande: Müllarthal, Lauterborn, Berdorf, Waldbillig et Beaufort.
Le III Corps attaque sur un front de trente-huit kilomètres, de Neuchâteau à Ettelbrück. La 4ème Division blindée du général Hugh Gaffey se voie assigner la mission capitale: "foncer comme des diables" jusqu'à Bastogne. Elle attaque sur trois axe, avec ses trois Combat Command.
Les deux divisions américaines donnent l'assaut aux positions avancées du LXXXV Korps allemand, avec pour mission de couper la route Bastogne-Ettelbrück. La 26ème Division à partir d'Eschdorf et de Heinerscheid. La 80ème Division à partir d'Ettelbrück. Un régiment de cette division réussit à s'emparer d'un pont sur la Sûre.
Le 24 décembre, le CCA de la 4ème Division blindée poursuit sa progression et atteint Chaumont en fin de journée. Le CCR atteint Clochimont.
L'aviation américaine peut désormais intervenir massivement. Des P-38 Lightning et P-47 Thunderbolt équipés de roquettes attaquent maintenant systématiquement toutes les colonnes de véhicules et de blindés ennemis qu'ils découvrent. Les C-47 du IX Troop Carrier Command larguent la veille de Noel 160 tonnes de ravitaillement aux défenseurs.
La Luftwaffe profite elle-aussi de cette amélioration des conditions météorologiques pour intervenir. A partir de 20h30, des Junkers Ju-88 larguent 12 tonnes de bombes sur Bastogne. De nombreux civils belges sont tués.
Le 25 décembre 1944, le jour de Noel, Bastogne subit le plus terrible pilonnage d'artillerie du siège. Triste Noel pour les assiégés et les civils.
Au nord-ouest, à Longchamps, sur la route Bastogne-Bertogne, la 15ème Division de panzergrenadiers attaque les positions du 502ème Régiment de parachutistes de la 101ème Division aéroportée. Les parachutistes du lieutenant-colonel Robert Cole doivent se replier sur Hemroulle, à 2km du centre de Bastogne.
Les combats au corps-à-corps de Longchamps et d'Hemroulle seront les plus acharnés de la bataille des Ardennes. Le 502ème Régiment de parachutistes y perd 60% de ces effectifs.
Ci-dessous: Armée Patton envoyée au secours des "Battered Bastards of Bastogne", le 26 décembre 1944
Le 26 décembre 1944, à l'aube, le CCR du colonel Wendell Blanchard, composé du 37ème Bataillon de chars du lieutenant-colonel Creighton C. Abrams et du 53ème Bataillon d'infanterie blindé du lieutenant-colonel George Jacques, aidé par l'appui aérien des P-47 Thunderbolt du 362nd Fighter Group, s'empare du village de Remichampagne et font ensuite mouvement vers Clochimont et Assenois.
A 16h15, la Task Force du capitaine William Dwight, composé avec la compagnie C du 37ème Bataillon de chars et la compagnie C du 53ème Bataillon d'infanterie blindé, signale par radio à Jacques et Blanchard qu'il pénètre dans Assenois.
S'ensuit des combat au corps à corps avec une centaines de soldats allemands qui surgissent des maisons, un mélange de parachutistes et de volkgrenadiers. Les six chars Sherman de tête de la TF Dwight, commandés par le lieutenant Charles Boggess, traverse Assenois, pénètre dans le bois au nord et en sort une centaine de mètres plus loin, à un endroit où le chemin de campagne croise la route, tombant sur un fortin allemand.
Boggess remarque alors, tout près, des troupes américaines s'apprêtant à donner l'assaut au fortin. Les troupes en question, en apercevant l'apparition des chars, se jettent dans les fossées pour se protéger. Il sort la tête de la tourelle de son char et leur crie: "Relevez-vous! Venez! C'est la 4ème Blindée!"
Les fantassins américains, en fait des sapeurs du 326ème Bataillon du génie aéroporté commandés par le second lieutenant Duane J. Webster, sont d'abord éberlués et n'en croient pas leurs yeux, puis s'avancent vers les chars, et Boggess se penche sur la tourelle pour leur serrer la main. Il est exactement 16h50, en ce 26 décembre 1944: les six chars de Boggess viennent de briser l'encerclement de Bastogne.
A cette date, le siège de Bastogne a couté aux Américains la disparition complète du CCR de la 9ème division blindée, 503 tués au CCB de la 10ème Division blindée, 1,400 à la 4ème Division blindée, 1,641 à la 101ème Division aéroportée.
Photo ci-dessous: des chars de la 4ème Division blindée défendent le périmètre défensif de Bastogne, le 31 décembre 1944.
Mais comme les "Batards Battus de Bastogne" l'apprendront sans tarder, la fin du siège ne signifie pas la fin des combats. Bastogne n'est plus "un trou au milieu du beignet" mais "un ballon au bout d'une ficelle", avec la ficelle extrêmement mince et très vulnérable.
Dans les jours à venir, les Aigles Hurlants doivent encore affronter leur épreuve la plus dure, car l'échec allemand devant cette ville et des évenements ayant lieu ailleurs en Ardenne convainquent finalement Adolf Hitler de modifier l'objectif de son offensive. Dans le cadre de ce nouveau plan, pour les Allemands, s'emparer de Bastogne devient plus important que jamais. Ceux-ci se jettent désormais dans la bataille avec toutes les forces disponibles qui leur restent.
Photo ci-dessous: Mémorial du Mardasson, à Bastogne, avec l'inscription en latin sur la pierre: "LIBERATORIBVS AMERICANIS POPVLVS BELGICVS MEMOR IV.VII.MCMXLVI." (le Peuple Belge n'oubliera jamais ses libérateurs américains 4 juillet 1946).
Vidéo ci-dessous: 5 chars Sherman et un obusier automoteur Priest restaurés lors d'un défilé commémoratif, pour célébrer le 75ème Anniversaire de la Bataille des Ardennes, le 17 décembre 2019 à Bastogne.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 1° Le dernier sursaut d'Hitler.
Article modifié le 3 octobre 2019.
Sources principales:
• Siege of Bastogne (Wikipedia.org)
• Noel 44 - La bataille d'Ardennes, Charles B. MacDonald. Edition Luc Pire, 2004 - ISBN: 2-87415-468-7
• Battle of the Bulge (US Army Center of Military History)
• Bastogne: The First Eight Days (US Army Center of Military History)
• Band of Brothers, de Stephen Ambrose. (Amazon.fr)
Le 22 décembre 1944, les Allemands présentent à la garnison encerclée une demande de reddition. La réponse du commandant américain, le brigadier-général Anthony McAuliffe, le fait entrer dans la légende: "Nuts!" Le 26 décembre, une avant-garde de la 4ème Division blindée de la 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton, venue secourir les assiégés, brise l'encerclement allemand.
Avance allemande vers Bastogne (17-19 décembre 1944).
Le 17 décembre 1944, dans le secteur de la 5ème Panzerarmee, après avoir traversé l'Our en force la veille (1), l'avance des LVIII et XLVII Panzerkorps vers l'ouest se poursuit, bien que moins rapide que prévue suivant les prévisions allemandes. Les positions défensives de la 28ème Division d'infanterie et du CCR de la 9ème Division blindée succombent les unes après les autres.
Sur la Skyline Drive ("Route des Crêtes"), la 2ème Division panzer du XLVII Panzerkorps liquide les poches de résistance du 110ème Régiment d'infanterie du colonel Hurley Fuller à Marnach, puis se dirige vers Clervaux et Munshausen, sur la Clerve. La 28ème Division de volksgrenadiers fait de même à Hosingen et Bockholz, avant de se diriger vers Drauffelt.
Photo ci-dessous: les soldats allemands s'enfoncent dans les forets ardennaises les 16 et 17 décembre 1944.
Le 18 décembre 1944, la 28ème Division d'infanterie retarde par tous les moyens l'avance des deux panzerkorps de von Manteuffel vers l'ouest. Ce sont le sacrifice et les actions retardatrices de cette division qui permettent, dans la soirée, l'arrivée des parachutistes de la 101ème Division et du CCB de la 10ème Division blindée. L'arrivée de ces renforts va finalement sauver in-extremis les Américains du désastre.
Après de sanglants combats sur la Skyline Drive, trois divisions allemandes, les 2ème Division panzer et Division panzers, ainsi que la 26ème Division de volksgrenadiers, détruisent le 110ème Régiment commandé par le colonel Hurley Fuller, à Clervaux, Hosingen, Bockholz, Holzthum, Munshausen, Hoscheid et Consthum. Les Allemands traversent la Clerve à Drauffelt et Clervaux, direction plein ouest vers leur prochain objectif: Bastogne.
La 2ème Division panzer sur l'axe Clervaux-Donnange-Lullange-Bourcy-Noville. La Panzerlehr et la 26ème Division de volksgrenadiers sur l'axe Drauffelt-Eschweiler-Niederwampach-Longvilly-Mageret-Bizory.
Les réserves du SHAEF, placés en état d'alerte, commence à arriver sur zone. D'abord le Combat Command B de la 10ème Division blindée et le 705ème Bataillon de Tank-Destroyers, cédés par la 3ème Armée de George Patton et transférés des secteurs de Metz et de la Moselle, en France. Le XVIII Corps aéroporté du général Matthew B. Ridgeway, venant de Mourmelon et après avoir roulé en camions pendant trente-six heures sur plus de 500km, arrive également dans les Ardennes. Pendant que la 82ème Division aéroportée poursuit sa route vers l'Amblève et la Salm pour affronter le Kampfgruppe Peiper (2), dans la soirée du 18 décembre, les premiers éléments de la 101ème Division font une entrée discrète dans Bastogne, désormais menacé d'encerclement par l'avancée des XLVII et LVIII Panzerkorps, et se joignent au CCB de la 10ème Division blindée, tout juste arrivée de la Sarre, en France.
Photo: char M36 du 705ème Bataillon de Tank-Destroyers, détaché de la 3ème Armée américaine, fait route depuis Metz, en France, vers Bastogne. 17 décembre 1944.
En l'absence de Maxwell Taylor, parti en permission aux Etats-Unis, c'est le commandant de l'artillerie divisionnaire de la 101ème Division aéroportée, le brigadier-général Anthony C. "Terry" McAuliffe, qui assume le commandement général de Bastogne.
Le 19 décembre 1944, à 9h, MacAuliffe place le 501ème Régiment de parachutistes à Mageret et Longvilly, à l'est de Bastogne, le 506ème Régiment de parachutistes à Noville et Foy, au nord-nord-est, le 502ème Régiment de parachutistes à Recogne et Longchamp, au nord-ouest, et enfin le 327ème Régiment d'infanterie planée au sud et à l'ouest de Bastogne.
(1) Blogosphère Mara, 16 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: assaut initial allemand
(2) Blogosphère Mara, 18-25 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: guerre contre le Kampfgruppe Peiper
Conférence alliée de Verdun (19 décembre 1944).
Ce même jour, se réunissent le général Dwight D. Eisenhower, commandant suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF), le général George Marshall, Chef d'Etat-Major de l'Armée de terre américaine, le lieutenant-général Omar Bradley, commandant du XIIème Groupe d'Armées alliées, le lieutenant-général Georges Patton de la 3ème Armée, le maréchal de l'air anglais Arthur Tedder, du 2nd Allied Tactical Air Command, et le lieutenant-général Jacob Devers, du VIème Groupe d'armées alliées, au GQG de ce dernier à Verdun.
Eisenhower demande à Devers de suspendre les offensives de la 7ème Armée américaine en Alsace, de la 1ère Armée française contre la poche de Colmar, de redéfinir les zones des deux armées, afin de combler le vide laisser par la 3ème Armée américaine de Patton, déplacée dans le Luxembourg pour assurer la défense du flanc sud du saillant. C'est à ce dernier de déplacer dans le Grand-Duché de Luxembourg ses forces et ce, dans les temps les plus brefs possibles. Patton promet qu'il peut le faire en trente-six heures, et lancer sa contre-attaque au sud du saillant allemand, avec trois divisions, dont la 4ème Division blindée, le 21 décembre au matin. Les généraux alliés croient d'abord qu'il plaisante. Finalement, Eisenhower lui demande d'attendre le 22 ou même le 23 décembre pour être sûr d'attaquer de manière énergique avec les trois divisions complètes.
Photo ci-dessous: présents à la Conférence alliée de Verdun, le 19 décembre, de gauche à droite, George C. Marshall, Dwight D. Eisenhower et Omar N. Bradley.
Dans l'esprit des stratèges alliés, c'est un pari insensé: faire pivoter de 90 degrés l'axe d'attaque de tout un corps d'armé de 100,000 hommes, et le déplacer, au contact de l'ennemi, sur une distance de plus de 200km de la Sarre au Grand-Duché de Luxembourg, est pratiquement impossible, humainement et logistiquement, en plein hiver, par des routes peu praticables. Pourtant, Patton "Le Fonceur" va réussir cet incroyable exploit, encore inégalé dans l'histoire militaire moderne.
Par ailleurs, Bradley ordonne au VII Corps de la 1ère Armée américaine de se préparer à être redéployer du secteur de la Roer et de la forêt de Hurtgen, en Allemagne, vers le secteur Grandménil-Hotton-Marche-Dinant, sur le flanc nord du saillant allemand, entre le XVIII Corps aéroporté américain et le XXX Corps britannique.
Au cours de cette réunion, il est donc pris plusieurs importantes décisions:
- Transfert du XXX Corps de la Hollande vers la Meuse, dans le secteur Givet-Dinant-Huy.
- Suspension de l'offensive de la 1ère Armée française contre la poche de Colmar, et extension du front tenu par le VIème Groupe d'armées, de manière à combler le vide laissé par le départ de la 3ème Armée dans la Sarre et en Alsace-Lorraine.
- Suspension de l'offensive du VII Corps dans la région de la Roer et de la Foret de Hurtgen, et déplacement de celui-ci sur le front nord du saillant, dans la zone Grandménil-Hotton-Marche-Dinant. Il viendra s'intercaler entre le XVIII Corps aéroportée américain et le XXX Corps britannique.
- Le front nord du saillant allemand des Ardennes, qui englobe la 9ème Armée américaine et les V Corps, XVIII Corps aéroporté et VII Corps de la 1ère Armée américaine, est désormais placé sous le commandement de Bernard L. Montgomery (XXIème Groupe d'armées alliées).
- Le VIII Corps, la garnison de Bastogne et le secteur sud du saillant allemand passent sous l'autorité de la 3ème Armée américaine (XIIème Groupe d'armées alliées).
Siège de Bastogne: le "Nuts!" de McAuliffe (19-22 décembre 1944).
Le 19 décembre 1944, entre Bastogne et la 5ème Panzerarmee de von Manteuffel, ne restent plus désormais que le CCR de la 9ème Division blindée, commandé par le colonel Joseph Gilbreth, et les débris de la 28ème Division d'infanterie.
Le commandant du VIII Corps, Troy Middleton, ordonne à Gilbreth de retarder par tous les moyens possibles l'avance de von Manteuffel. Gilbreth établit deux barrages routiers aux carrefours de Feitsch et de Antoniushaff, sur la nationale N-12, entre Longvilly et Trois-Vierges.
A Antoniushaff, la Task Force du capitaine Laurence Rose, composée de la compagnie C du 2ème Bataillon de chars, d'une compagnie du 52ème Bataillon d'infanterie blindé et d'une section du génie blindé. A Feitsch, la Task Force du lieutenant-colonel Ralph Harper, composée de la compagnie B du 2ème Bataillon de chars et d'une seconde compagnie du 52ème Bataillon d'infanterie blindée.
La Task Force Rose (TF-Rose) est la première à succomber aux assauts de la 2ème Division panzer. Ses débris se replient vers Houffalize. La Task Force Harper (TF-Harper) est décimée par la même division et se replie sur Longvilly.
La 2ème Division panzer prend ensuite la route de Bourcy et de Noville, où elle anéantit la Task Force du lieutenant-colonel William Desobry, du CCB de la 10ème Division blindée.
A Longvilly, les débris du CCR de la 9ème Division blindée et la Task Force commandée par le lieutenant-colonel Henry Cherry (TF-Cherry), du CCB de la 10ème Division blindée, succombent sous les assauts de la Division Panzer Lehr. Celle-ci, commandée par le général Fritz Bayerlein, prend ensuite la direction de Mageret.
Sûr des "informations" données par des civils belges, Bayerlein prend ensuite un petit chemin boueux vers Neffe. Et là, trompé par un paysan qui lui donne de faux renseignements sur des forces américaines imaginaires qui viennent de traverser Mageret, s'estimant dans une position vulnérable sur un chemin difficilement praticable pour ses blindés, et craignant d'avoir affaire à des forces ennemies sur ses arrières, au lieu de poursuivre vers l'ouest et Bastogne, il décide de retarder de plusieurs heures sa progression vers l'ouest.
Ce sont les sacrifices de la 28ème Division d'infanterie et des Task Force Harper, Desobry, Cherry et Rose, ainsi que probablement l'information donnée à Bayerlin par le fermier belge, dont on n'a jamais connu l'identité, qui ont certainement sauvé la ville, en accordant aux Américains le temps de se ressaisir et d'organiser des défenses plus efficace, et permit à la 101ème Division aéroportée d'arriver. Ceux-ci ont donc remporté "la course pour Bastogne" in-extremis. En gagnant cette course, ils forcent von Manteuffel à faire un choix critique: Bastogne ou la Meuse?
Selon l'horaire de l'offensive programmé initialement, en ce quatrième jour (Jour J+3), les divisions de von Manteuffel devraient déjà avoir atteint le fleuve.
Dans la soirée, le XXX Corps du général Brian Horrocks, venant des Pays-Bas, arrive sur la ligne Hasselt-Louvain, et lance des patrouilles avancées sur les rives gauches de la Sambre et la Meuse.
A la limite entre la 5ème Panzerarmee et la 7ème Armée allemande, la 26ème Division panzergrenadiers (XLVII Panzerkorps) et la 5ème Division de parachutistes (LXXXV Korps) convergent vers Wiltz et attaquent les défenses tenues par les restes du 3ème Bataillon du 110ème Régiment d'infanterie, quelques Sherman du 707ème Bataillon de chars, le 687ème Bataillon d'artillerie de campagne et le 44ème Bataillon du génie de combat.
Les survivants américains doivent se replier sur la route Ettelbrück-Bastogne, à cinq kilomètres à l'ouest de Wiltz, sur un carrefour appelé Café Schumann.
Le 21 décembre 1944, sur ordre d'Hasso von Manteuffel, la 2ème Division panzer et la Panzer Lehr contournent Bastogne et repartent vers l'ouest et la Meuse. La première par le nord sur le trajet Berthogne, Salle, Ourtheville, la seconde par le sud sur l'axe Wardin, Assenois, Sibret, Tillet.
Avant de repartir, la 2ème Division panzer, épaulée par la 26ème Division de Volksgrenadiers, expulse le 506ème Régiment de parachutistes de Foy, et les "Screaming Eagles" du colonel Robert Sink se replient dans le Bois Jacques, à la lisière sud du village.
Le Kampgruppe Kunkel de la 26ème Division de Volksgrenadiers (VGD) chasse la Task Force du lieutenant-colonel Barry D. Browne (TF-Browne) du CCB de la 10ème Division blindée de Sibret, puis avance vers Senonchamps. Mais là, les allemands sont repoussés par la Task Force Browne.
La 26ème VGD et le 78ème Régiment de volkgrenadiers de la Panzer Lehr attaquent également Bizory et en a chasse le 1er Bataillon du 501ème Régiment de parachutistes, commandé par le major Raymond V. Bottomly, Jr.
Forces américaines présentes dans la poche de Bastogne (History.army.mil)
Bastogne: the first eight days (History.army.mil)
La Panzer Lehr s'empare de Wardin, y détruit la compagnie B du 54ème Bataillon d'infanterie blindée (10ème Division blindée) du lieutenant John D. Devereaux et la compagnie I du 501ème Régiment de parachutistes (101ème Division aéroportée) du capitaine Claude J. Wallace. Puis c'est le tour de Marvie, défendu par le 2ème Bataillon du 327ème Régiment d'infanterie plané.
Les escadrons de reconnaissance de la 2ème Division panzer et de la Division Panzer Lehr poursuivent leur progression vers Dinant et Givet, sur la Meuse, où attend maintenant le XXX Corps. N'ayant plus aucune force alliée devant eux, ces deux divisions allemandes parcoureront ainsi plus de soixante kilomètres en deux jours.
Le LVIII Panzerkorps et le reste du XLVII Panzerkorps sont désormais chargés du siège de Bastogne. La 101ème Division aéroportée et le CCB de la 10ème Division blindée affrontent maintenant cinq divisions allemandes, dont la 9ème Division panzers.
Le 22 décembre 1944, vers midi, quatre parlementaires allemands, un major, un lieutenant et deux soldats d'accompagnement, se présentent avec un drapeau blanc devant les lignes de la compagnie F du 327ème Régiment d'infanterie planée, sur la route venant d'Arlon, au sud de Bastogne. Les deux officiers sont conduits les yeux bandés à la caserne pompiers de Bastogne, où est installé le QG du brigadier-général Anthony "Terry" MacAuliffe, chef de l'artillerie divisionnaire, qui assure le commandement intérimaire de la 101ème Division aéroportée. Le lieutenant allemand tend au colonel Ned Moore, le chef d'état-major de McAuliffe, une demande écrite:
"Au commandant américain de la garnison de Bastogne" exigeant une reddition sans condition. "En cas de refus, l'artillerie allemande était prête à éliminer les troupes USA à Bastogne et aux alentours".
"Les pertes civiles considérables qui en résulterait, concluait le texte, ne correspondrait pas aux sentiments d'humanité américain bien connu."
"Qu'est-ce qu'on y dit, Ned?" demande McAuliffe.
"Ils veulent que vous vous rendiez, mon général" répond Moore.
MacAuliffe ne peut alors s'empêcher de s'exclamer: "Ah Nuts!" (3)
Prenant la feuille et demandant conseil à son état-major sur la formulation de sa réponse écrite, le chef du G-3 (service de renseignement) de MacAuliffe, le lieutenant-colonel Harry W. Kinnard, lui répond:
"Mon général, il me semble que votre première réponse était la meilleure."
"Qu'est-ce que c'était?".
"Vous avez dit: Nuts!"
MacAuliffe écrit alors au verso de la feuille sa réponse:
"22 décembre 1944 - Au commandant allemand: Nuts! Du commandant américain."
Le colonel Joseph H. Harper, commandant le 327ème Régiment d'infanterie planée, présent lors de cette entretien, reconduit les deux Allemands dans les lignes de la compagnie F.
Arrivé là, le major allemand s'interroge sur la signification de la réponse de McAuliffe: "Was is Nuts?? Affirmativ oder negativ??"
Le lieutenant allemand Hellmuth Henke, traduisant la question de son supérieur, demande à Harper:
"Je parle anglais, mais je ne connais pas la signification de ce mot "Nuts!"
Harper lui répond: "C'est même foutrement négatif! Cela veut dire: Allez au diable! Si vous continuez cette attaque stupide, nous tuerons chaque maudit Allemand qui tentera de pénétrer dans cette ville."
Les Allemands n'ont probablement pas compris tous les mots de Harper, mais ont parfaitement compris le sens général du message. Ils se mettent au garde-à-vous et saluent Harper. "Nous tuerons aussi beaucoup d'Américains", répond Henke, "C'est la guerre." C'est ainsi que la réponse d'Anthony MacAuliffe entre dans la légende. Cette demande de reddition a été l'oeuvre du général Heinrich von Luttwiz, commandant du XLVII Panzerkorps, qui l'a envoyé s'en en avoir au préalable consulter son supérieur direct.
Quand Hasso von Manteuffel l'apprend, il devient furieux, car, manifestement, "il n'a pas l'artillerie nécessaire pour matérialiser la menace." Pour que l'absence de représailles ne ridiculise pas le commandement allemand, il demandera à la Luftwaffe d'effectuer un bombardement aérien massif de Bastogne.
Photo ci-dessous: un Foxhole ("Trou de fantassins") de la 101ème Division sur une route de Bastogne.
(3) "Nuts!" Littéralement: "Des noix!". Dans l'argot américain: "Des clous!", "Flûte!", "Merde!", "Allez au diable!", "Allez vous faire f***!"
Verouillage de la charnière sud (17-20 décembre 1944).
A l'extrêmité sud du saillant allemand, dans la région d'Echternach, après avoir progresser le premier jour de six kilomètres dans le dispositif de la 4ème Division d'infanterie et du CCA de la 9ème Division blindée, toute progression de la 7ème Armée allemande est maintenant définitivement stoppée.
Le 17 décembre 1944, la 5ème Division de parachutistes allemands du LXXXV Korps a traversé l'Our et percé le front du 109ème Régiment de la 28ème Division d'infanterie à Vianden, sur la Skyline Drive, et pris la direction de Wiltz, où est établit le QG de la division américaine, profitant de l'avance de la Division Panzer Lehr sur son flanc droit, à la limite entre les armées de von Manteuffel et Brandenberger.
La 352ème Division de volkgrenadiers perce celui de la 9ème Division blindée à Fourhen, et pris Bettendorf et Diekirch, sur la Sûre. Sur le flanc sud du LXXXL Korps, le LXXX Korps avait pris Echternach le premier jour et progressé de par et d'autre de l'Ernz Noire jusqu'à Müllerthal.
Cependant, après avoir détruit deux bataillons américains à Berdorf et à Osweiler-Dickweiler, progressé de 5km, la 212ème Division de volkgrenadiers se retrouve désormais bloqué devant Consdorf et Scheidgen par le 12ème Régiment d'infanterie.
La 276ème Division de Volkgrenadiers, de son côté, se heurte aux défenses du CCA de la 9ème Division blindée à Waldbillig, Savelborn et Ermsdorf.
Le 18 décembre 1944, le commandant de la 4ème Division d'infanterie, le major-général Raymond Barton, reçoit en renfort le CCA de la 10ème Division blindée, détourné de Bastogne.
Le 19 décembre 1944, avec l'aide de son régiment le plus méridional, le 22ème, Barton lança quelques contre-attaques locales pour dégager de petites unités encerclées et renforça, à l'aide du CCA de la 10ème Division blindée, les défenses du 12ème Régiment.
Le 20 décembre 1944, la "charnière sud" (Southern Shoulder) est désormais totalement et définitivement verouillée. Par ailleurs, en Sarre, George Patton commence à faire déplacer son armée vers le Grand-Duché de Luxembourg. Les unités survivantes du VIII Corps passent sous son autorité. Il assure désormais le commandement du front sud du saillant allemand des Ardennes. Par ailleurs, il reçoit le commandement des unités britanniques dans la région de Beauraing (29ème Brigade blindée).
Après la réunion au sommet des chefs militaires alliés la veille, profond remianement de la chaine de commandement alliée. Le maréchal britannique Bernard Montgomery, le commandant du 21ème Groupe d'armées, se voit confier les forces américaines au nord du saillant allemand des Ardennes, soit les 1ère et 9ème Armées américaines.
Contre-attaque de Patton et levée du siège de Bastogne (23-26 décembre 1944).
Le 22 décembre 1944, au sud du saillant allemand des Ardennes, les III et XII Corps de la 3ème Armée américaine du lieutenant-général George Patton commencent à arriver dans le Grand-Duché de Luxembourg et à Arlon en Belgique, après avoir parcouru plus de 150km en moins de trois jours, comme il l'avait promis.
A Luxembourg-Ville, à la Villa Louvigny, Patton rédige une prière de Noel mémorable et ordonne à son aumônier de la lire pendant l'office religieuse:
"Seigneur, c'est Patton qui vous parle. Les quatorze derniers jours ont été terribles. Pluie, neige, encore de la pluie, encore de la neige... et je commence à me demander ce qui ne va pas à votre quartier général. De quel côté êtes-vous en fait?
[...]
"Donnez-moi quatre jours clairs et ainsi mes avions pourront voler, ainsi mes chasseurs-bombardiers pourront les bombarder, et leur donner une bonne correction, ainsi mes avions d'observation pourront indiquer les objectifs à ma splendide artillerie.
"Donnez-moi quatre jours de soleil pour sécher cette fichue boue, ainsi mes tanks pourront rouler, ainsi les munitions et les rations pourront arriver à mes fantassins affamés et mal équipés.
"J'ai besoin de ces quatre jours pour envoyer von Rundstedt et son armée de mécréants vers leur valhalla.
"Je suis malade de cette boucherie inutile de jeunes Américains, et en échange de ces quatre jours de temps propice au combat, je vous fournirai suffisamment de boches pour tenir vos comptables occupés pendant des mois à leur travail.
"Ainsi soit-il."
Son attaque pour dégager Bastogne est fixée au lendemain à l'aube. Les 4ème et 6ème Divisions blindées des majors-généraux Hugh Gaffey et Robert Grow sont désignées comme fer de lance.
Au centre du saillant allemand, dans le secteur de la 5ème Panzerarmee de Hasso-Eckard von Manteuffel, les avant-gardes de la 2ème Division panzer atteignent Bure et Celles, à 3km de Dinant, sur la Meuse, où attend le XXX Corps britannique. Saint-Hubert, Rochefort puis Ciergnon sont occupés par la Panzer Lehr, sur la route Dinant-Bastogne.
Les deux divisions allemandes sont à bout de souffle et à court de carburant, après avoir parcouru plus de 60 kilomètres en deux jours. Ce sera le point culminant de l'avancée allemande dans les Ardennes belges. On en est à J+7 et la Meuse, qui devait être franchit au plus tard à J+3 (19 décembre), ne sera jamais atteinte.
Dans Bastogne encerclé, le calvaire des Aigles Hurlants se poursuit. Le périmètre défensif américain se réduit inexorablement. Il semble Cependant que la prière de George Patton de la veille ait été entendue. Cette journée du 23 décembre voit une amélioration sensible des conditions météorologiques.
L'aviation américaine profite enfin de l'occasion pour effectuer de très nombreuses sorties de bombardement ou de ravitaillement: à partir de 9h30, 260 C-47 Skytrain du IX Troop Carrier Command de la 9ème US Air Force larguent 334 tonnes de ravitaillement aux assiégés.
Les quatre jours suivants, 947 C-47 Dakota largueront 850 tonnes de ravitaillement supplémentaires. Pour les parachutistes de la 101ème Division aéroportée, à court de munitions et de fournitures médiacales, se fut véritablement un "miracle" de Noel.
Sur le périmètre défensif américain, le Kampgruppe Kunkel de la 26ème Division de volkgrenadiers renouvellent sans succès ses attaques contre la Task Force Brown à Senonchamps, à l'ouest de Bastogne.
Comme prévu, la 3ème Armée américaine entame son attaque en vue de briser l'encerclement de Bastogne.
Dans la zone d'opération du XII Corps, la 5ème Division d'infanterie du général Stafford Irwin attaque la 276ème Division de volkgrenadiers des deux côtés de l'Ernz Noire. Les trois jours suivants, elle reprendra la plupart des villages que la 4ème Division d'infanterie avait cédé au début de l'offensive allemande: Müllarthal, Lauterborn, Berdorf, Waldbillig et Beaufort.
Le III Corps attaque sur un front de trente-huit kilomètres, de Neuchâteau à Ettelbrück. La 4ème Division blindée du général Hugh Gaffey se voie assigner la mission capitale: "foncer comme des diables" jusqu'à Bastogne. Elle attaque sur trois axe, avec ses trois Combat Command.
- Le CCA à partir d'Arlon, en deux colonnes, la première sur la route Arlon-Bastogne, la seconde sur des routes secondaires, plus à l'ouest. Objectif: traverser la Sûre, sur l'axe Arlon-Mertalange-Warnach-Lutrebois.
- Le CCB à partir de Habay-La-Neuve, Objectifs: Habay, Burnon, Chaumont et Hompré.
- Le CCR à partir de Neufchâteau, sur la route Neufchateau-Bastogne. Objectifs: Vaux-les-Rosières, Remoiville, Remichampagne, Clochimont et Assenois.
Les deux divisions américaines donnent l'assaut aux positions avancées du LXXXV Korps allemand, avec pour mission de couper la route Bastogne-Ettelbrück. La 26ème Division à partir d'Eschdorf et de Heinerscheid. La 80ème Division à partir d'Ettelbrück. Un régiment de cette division réussit à s'emparer d'un pont sur la Sûre.
Le 24 décembre, le CCA de la 4ème Division blindée poursuit sa progression et atteint Chaumont en fin de journée. Le CCR atteint Clochimont.
L'aviation américaine peut désormais intervenir massivement. Des P-38 Lightning et P-47 Thunderbolt équipés de roquettes attaquent maintenant systématiquement toutes les colonnes de véhicules et de blindés ennemis qu'ils découvrent. Les C-47 du IX Troop Carrier Command larguent la veille de Noel 160 tonnes de ravitaillement aux défenseurs.
La Luftwaffe profite elle-aussi de cette amélioration des conditions météorologiques pour intervenir. A partir de 20h30, des Junkers Ju-88 larguent 12 tonnes de bombes sur Bastogne. De nombreux civils belges sont tués.
Le 25 décembre 1944, le jour de Noel, Bastogne subit le plus terrible pilonnage d'artillerie du siège. Triste Noel pour les assiégés et les civils.
Au nord-ouest, à Longchamps, sur la route Bastogne-Bertogne, la 15ème Division de panzergrenadiers attaque les positions du 502ème Régiment de parachutistes de la 101ème Division aéroportée. Les parachutistes du lieutenant-colonel Robert Cole doivent se replier sur Hemroulle, à 2km du centre de Bastogne.
Les combats au corps-à-corps de Longchamps et d'Hemroulle seront les plus acharnés de la bataille des Ardennes. Le 502ème Régiment de parachutistes y perd 60% de ces effectifs.
Ci-dessous: Armée Patton envoyée au secours des "Battered Bastards of Bastogne", le 26 décembre 1944
Le 26 décembre 1944, à l'aube, le CCR du colonel Wendell Blanchard, composé du 37ème Bataillon de chars du lieutenant-colonel Creighton C. Abrams et du 53ème Bataillon d'infanterie blindé du lieutenant-colonel George Jacques, aidé par l'appui aérien des P-47 Thunderbolt du 362nd Fighter Group, s'empare du village de Remichampagne et font ensuite mouvement vers Clochimont et Assenois.
A 16h15, la Task Force du capitaine William Dwight, composé avec la compagnie C du 37ème Bataillon de chars et la compagnie C du 53ème Bataillon d'infanterie blindé, signale par radio à Jacques et Blanchard qu'il pénètre dans Assenois.
S'ensuit des combat au corps à corps avec une centaines de soldats allemands qui surgissent des maisons, un mélange de parachutistes et de volkgrenadiers. Les six chars Sherman de tête de la TF Dwight, commandés par le lieutenant Charles Boggess, traverse Assenois, pénètre dans le bois au nord et en sort une centaine de mètres plus loin, à un endroit où le chemin de campagne croise la route, tombant sur un fortin allemand.
Boggess remarque alors, tout près, des troupes américaines s'apprêtant à donner l'assaut au fortin. Les troupes en question, en apercevant l'apparition des chars, se jettent dans les fossées pour se protéger. Il sort la tête de la tourelle de son char et leur crie: "Relevez-vous! Venez! C'est la 4ème Blindée!"
Les fantassins américains, en fait des sapeurs du 326ème Bataillon du génie aéroporté commandés par le second lieutenant Duane J. Webster, sont d'abord éberlués et n'en croient pas leurs yeux, puis s'avancent vers les chars, et Boggess se penche sur la tourelle pour leur serrer la main. Il est exactement 16h50, en ce 26 décembre 1944: les six chars de Boggess viennent de briser l'encerclement de Bastogne.
A cette date, le siège de Bastogne a couté aux Américains la disparition complète du CCR de la 9ème division blindée, 503 tués au CCB de la 10ème Division blindée, 1,400 à la 4ème Division blindée, 1,641 à la 101ème Division aéroportée.
Photo ci-dessous: des chars de la 4ème Division blindée défendent le périmètre défensif de Bastogne, le 31 décembre 1944.
Mais comme les "Batards Battus de Bastogne" l'apprendront sans tarder, la fin du siège ne signifie pas la fin des combats. Bastogne n'est plus "un trou au milieu du beignet" mais "un ballon au bout d'une ficelle", avec la ficelle extrêmement mince et très vulnérable.
Dans les jours à venir, les Aigles Hurlants doivent encore affronter leur épreuve la plus dure, car l'échec allemand devant cette ville et des évenements ayant lieu ailleurs en Ardenne convainquent finalement Adolf Hitler de modifier l'objectif de son offensive. Dans le cadre de ce nouveau plan, pour les Allemands, s'emparer de Bastogne devient plus important que jamais. Ceux-ci se jettent désormais dans la bataille avec toutes les forces disponibles qui leur restent.
Photo ci-dessous: Mémorial du Mardasson, à Bastogne, avec l'inscription en latin sur la pierre: "LIBERATORIBVS AMERICANIS POPVLVS BELGICVS MEMOR IV.VII.MCMXLVI." (le Peuple Belge n'oubliera jamais ses libérateurs américains 4 juillet 1946).
Vidéo ci-dessous: 5 chars Sherman et un obusier automoteur Priest restaurés lors d'un défilé commémoratif, pour célébrer le 75ème Anniversaire de la Bataille des Ardennes, le 17 décembre 2019 à Bastogne.
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La campagne d'Allemagne 1945 - 1° Le dernier sursaut d'Hitler.
Article modifié le 3 octobre 2019.
Sources principales:
• Siege of Bastogne (Wikipedia.org)
• Noel 44 - La bataille d'Ardennes, Charles B. MacDonald. Edition Luc Pire, 2004 - ISBN: 2-87415-468-7
• Battle of the Bulge (US Army Center of Military History)
• Bastogne: The First Eight Days (US Army Center of Military History)
• Band of Brothers, de Stephen Ambrose. (Amazon.fr)