9 janvier - 14 août 1945 - Opération Mike I: la sanglante bataille de Luzon

La bataille de Luzon débute le 9 janvier 1945 lorsque lorsque les Américains débarquent dans le Golfe de Ligayen, à l'endroit même où les Japonais avaient effectué leur propre débarquement, trois ans plus tôt. Cette campagne se poursuivra jusqu'à la capitulation de l'Empire du Soleil Levant, le 14 août, et sera la dernière et la plus sanglante bataille de la Guerre du Pacifique.



Contexte historique.

Pour les Japonais, les Philippines occupent une position stratégique et économique vitale pour leur effort de guerre, leur perte signifierait leur défaite finale. Luzon est la plus grande île de l'archipel philippin. L'Armée impériale s'en est emparé dans les premiers mois de l'année 1942 (1). Le général Douglas MacArthur commandait alors l'armée mixte américano-philippine, avant de se retirer de la péninsule de Bataan vers l'Australie et de prononcer sa célèbre phrase "Je reviendrai!". Pour lui, la reconquête de Luzon est une question d'honneur.

Mais le chef d'Etat-major de la Marine (Chief of Naval Operations, CNO), l'amiral Ernest J. King, et le Commandant suprême des Forces alliées du Pacifique, l'amiral Chester W. Nimitz, qui sont partisans de l'avance la plus courte et la plus directe vers le Japon, c'est-à-dire la reconquête d'île en île à travers l'immensité de l'océan Pacifique, sont opposés à cette opération. Et finalement, le président Franklin D. Roosevelt, qui arbitre cette "querelle" entre chefs de guerre, donne raison à MacArthur. De toute façon, l'effort de guerre américain est devenu tel que les Etats-Unis ont les moyens de mener les deux offensives simultanément.

Carte ci-dessous: les deux axes de progression des offensives MacArthur et Nimitz, dans le Sud-Ouest et le Centre du Pacifique (1943-1945).


Le 20 octobre 1944, MacArthur entame sa "reconquête" des Philippines en débarquant dans le Golfe de Leyte (2). Au prix de féroces combats et de lourdes pertes, Leyte est officiellement déclarée conquise le jour de la Noelle, le 25 décembre 1944, mais il subsistera encore quelques poches de résistance japonaises pendant encore quelques semaines, et qu'il faudra réduire lentement une par une.

La prochaine étape de son offensive est maintenant Luzon, la plus grande île de l'archipel philippin. Pour mener à bien cette reconquête, il désigne de nouveau la 6ème Armée de l'US Army, commandée par le lieutenant-général Walter Krueger, laquelle sera amenée à pied d'oeuvre par la 7ème Flotte du vice-amiral Thomas C. Kinkaid.

Ci-dessous: les différents commandants en chef américains impliqués dans l'opération Mike I. De gauche à droite: le général Douglas MacArthur, commandant suprême du théâtre des opérations alliées du Pacifique Sud-Ouest, le lieutenant-général Walter Krueger, commandant de la 6ème Armée, et le vice-amiral Thomas C. Kinkaid, commandant de la 7ème Flotte.



(1) Blogosphère Mara, "8 décembre 1941 - 6 mai 1942 - Pacifique Sud-Ouest: campagne japonaise des Philippines"

(2) Blogosphère Mara, "20 octobre - 31 décembre 1944 - Opération King II: Leyte, le grand retour de MacArthur"



Opération Mike VI: conquête de Mindoro (15 décembre 1944).

En ultime préparatifs, au cours des deux dernières semaines de 1944, des troupes du 19ème Régiment d'infanterie de la 24ème Division, commandée par le major-général Roscoe B. Woodruff, et du 503ème Régiment indépendant de parachutistes débarquent et entament le nettoyage de l'île voisine de Mindoro, défendue par seulement 1200 Japonais. C'est l'opération Mike VI.

L'objectif est la capture et la remise en fonction de plusieurs aérodromes, qui accueilleront l'aviation terrestre (5th et 13th Air Force) et serviront d'appui aérien pour le grand débarquement de Luzon.

Le débarquement américain de Mindoro s'effectue le 15 décembre 1944, sans difficulté particulière et pratiquement sans opposition ennemie. D'excellentes conditions météorologiques permettent l'intervention massive de l'artillerie navale et de l'aviation embarquée américaine, face à une résistance japonaise sporadique. Et la conquête de l'île s'effectue en un temps record: quelques jours à peine. Le premier aérodrome japonais capturé est remis en fonction au bout de cinq jours, et le second en treize jours.

Une fois Mindoro sécurisée, la reconquête de Luzon est définitivement fixée au 9 janvier 1945, ce jour étant appelé S-Day. Heure-H: 9h30. Le débarquement s'effectuera dans le Golfe de Lingayen, au nord de la péninsule de Bataan, c'est-à-dire pratiquement à l'endroit où les Japonais avaient effectué leur propre débarquement, en décembre 1941.


Ordres de bataille américain (Janvier 1945).

Du côté américain, le commandement suprême de Mike I est confié au général Douglas McArthur. L'ensemble des opérations navales revient à l'amiral Thomas C. Kinkaid, commandant de la 7ème Flotte US. Et les opérations terrestres seront menées par la 6ème Armée du lieutenant-général Walter Krueger. Les Task Force TF38 et TF77 engagées dans cette opération regroupent au total 850 navires de guerre.

Task Force TF38 (Main Carrier Battle Force). Vice-amiral Marc A. Mitscher.

Parallèlement à Mike I, la TF38 de Mitscher participe églament à l'opération Gratitude, le bombardement des aérodromes et installations japonaises en Indochine.
  • 1 porte-avions d'escadre lourd (CV): Ticonderoga (CV-14).
  • 2 porte-avions d'escadre légers (CVL): Independence, Cabot.
  • 1 cuirassé (BB): Washington.
  • 4 croiseurs légers (CL): Biloxi, San Diego, Vincennes II, Miami.
  • 23 destroyers d'escadre (DD): Buchanan, Hazelwood, Dyson, Hobby, McCord, Trathen, Haggard, Franks, Clarence K. Bronson, Cotten, Gatling, Healy, Cogswell, Caperton, Ingersoll, Knapp, Porterfield, Callaghan, Cassin Young, Preston II, Longshaw, Pritchett, Laws.
    • Task Group TG.38.1 Contre-amiral Arthur W. Radford.
      • 3 porte-avions d'escadre lourds (CV): Yorktown II (CV-10), Wasp II (CV-18), Essex (CV-9).
      • 1 porte-avions d'escadre léger (CVL): Cowpens.
      • 2 cuirassés (BB): Massachusetts, South Dakota.
      • 1 croiseur lourd (CA): San Francisco.
      • 2 croiseurs légers (CL): Santa Fe, Flint.
      • 9 destroyers d'escadre (DD): Cushing II, Uhlmann, Colahan, Halsey Powell, Benham II, Yarnall, Twining, Wedderburn, Stockham.
    • Task Group TG.38.2 Contre-amiral Gerald F. Bogan.
      • 3 porte-avions d'escadre lourds (CV): Hornet II (CV-12), Hancock (CV-19), Lexington II (CV-16).
      • 2 cuirassés (BB): New Jersey, Wisconsin.
      • 2 croiseurs lourds (CA): Boston, Baltimore.
      • 4 croiseurs légers (CL): San Juan, Wilkes-Barre, Pasadena, Astoria II.
      • 23 destroyers d'escadre (DD): The Sullivans, Miller, Owen, Stephen Potter, Tingey, Hunt, Marshall, Ault, English, Waldron, Haynsworth, Charles S. Sperry, Wallace L. Lind, John W. Weeks, Hank, De Haven II, Mansfield, Lyman K. Swenson, Collett, Maddox II, Blue II, Brush, Taussig, Samuel N. Moore.
      Photo ci-dessous: des F6F-3 Hellcat du Yorktown II s'apprêtent à décoller.


Task Force TF77 (Main Support Force). Vice-amiral Theodore S. Wilkinson.
  • 24 destroyers d'escadre (DD): Kimberly, Shaw, Bush, Hodges, Flusser, Mustin, Stevens, Eaton, Braine, Philip, Renshaw, Saufley, Waller, Conway, Cony, Charles Ausburne, Stanly, Converse, Foote, Remey, Melvin, McGowan, Mertz, McNair.
  • 1 destroyer d'escorte (DE): Edwin A. Howard.
  • 1 destroyer chasseur de mines (DMS): Southard.
  • 8 destroyers de transport rapide (APD): Schley, Kilty, Herbert, Crosby, Goldsborough, George E. Badger, Belknap, Newman.
  • 1 navire transport de soutien (AP): President Jackson.
    • Task Group TG.77.1 (Force Flagship). Vice-amiral Theodore S. Wilkinson.
      • 1 navire de commandement (AGC): Wasatch.
    • Task Group TG.77.2 (Bombardment and Fire Support Group). Vice-amiral Jesse B. Oldendorf.
      • TU.77.2.1 (San Fabian Fire Support Unit).
      • TU.77.2.2 (Lingayen Fire Support Unit).
      • TU.77.2.3 (Night Harrashment Unit).
      • TU.77.2.9 (Minesweeper Support Unit).
      • 6 cuirassés (BB): West Virginia, Mississippi, California, Pennsylvania, Colorado, New Mexico.
      • 5 croiseurs lourds (CA): Louisville, Portland, Minneapolis, Australia [RAN], Shropshire [RAN].
      • 23 destroyers d'escadre (DD): Howorth, Frazier, Taylor, Arunta [RAN], Warramunga [RAN], Izard, Picking, Sproston, Charles J. Badger, Leutze, Heywood L. Edwards, Bennion, Kimberly, William D. Porter, Newcomb, Richard P. Leary, Bryant, Walke II, Laffey II, Lowry, Allen M. Sumner, Moale, Ingraham II.
      • 2 destroyers d'escorte (DE): Eichenberger, James E. Craig.
      • 6 destroyers de transport rapide (APD): Sands, Rathburne, Humphreys, Clemson, Dickerson, Blessman.

      • Photo ci-dessous: le cuirassé West Virginia en juillet 1944. Torpillé et coulé à Pearl Harbor le 7 décembre 1941, il est ensuite renfloué puis envoyé en réparation et reconstruction, pendant deux ans et demi, au Puget Sound de l'Etat de Washington. En octobre-décembre 1944, il participe à la conquête de Leyte.

    • Task Group TG.77.3 (Close Covering Group). Contre-amiral Russell S. Berkey.
      • 4 croiseurs légers (CL): Columbia, Boise, Phoenix, Denver.
      • 8 destroyers d'escadre (DD): Jenkins, Conyngham, Radford, Fletcher, O'Bannon, Nicholas, Taylor, Hopewell.
    • Task Group TG.77.4 (Carrier Transport Cover Group).
      Contre-amiral Calvin T. Durgin.
      • TU.77.4.1 (Lingayen Carrier Group). 5 porte-avions d'escorte (CVE): Makin Island, Lunga Point, Bismarck Sea, Salamaua, Hoggatt Bay.
      • TU.77.4.2 (San Fabian Carrier Group). 7 porte-avions d'escorte (CVE): Natoma Bay, Wake Island, Savo Island, Ommaney Bay, Manila Bay, Steamer Bay, Shamrock Bay.
      • TU.77.4.3 (Lingayen Protective Group).
      • TU.77.4.4 (San Fabian Protective Group).
      • TU.77.4.5 (Reinforcement Carrier Group).
      • TU.77.4.6 (Close Covering Carrier Group). Formé à partir des TU.77.4.3, 77.4.4 et 77.4.5 pour protéger les convois de transport dans le Golfe de Lingayen. 3 porte-avions d'escorte (CVE): Saginaw Bay, Petrof Bay, Marcus Island.

      • Photo ci-dessous: le porte-avions d'escorte Wake Island (CVE-65) le 5 janvier 1945. Ce type de navire peut transporter une trentaine d'avions et sert de préférence pour le convoyage ou la lutte anti-sous-marine. Il embarque en général des bombardiers-torpilleurs TBF Avenger et des avions d'attaque au sol F4F Wildcat ou F4U Corsair.


Task Force TF78 (San Fabian Attack Force - ArmyCorps I). Vice-amiral Daniel E. Barbey.
  • Landing Group Able (InfDiv43). Vice-amiral Daniel E. Barbey.
  • Landing Group Baker (InfDiv6). Contre-amiral William M. Fechteler.

Task Force TF79 (Lingayen Attack Force - ArmyCorps XIV). Vice-amiral Theodore S. Wilkinson.
  • Landing Group Able (InfDiv37) - Task Group TG.79.1. Contre-amiral Ignolf Kiland.
  • Landing Group Baker (InfDiv40) - Task Group TG.79.2. Contre-amiral Forrest B. Royal.

6ème Armée américaine. Lieutenant-général Walter Krueger (3).

Troupes de débarquement: aproximativement 175,000 hommes, se répartissant ainsi:
  • I Corps. Major-Général Innis P. Swift.
    • 6ème Division d'infanterie (1er, 20ème et 63ème Régiments d'infanterie).
      Major-Général Edwin D. Patrick.
    • 43ème Division d'infanterie (103ème, 169ème et 172ème Régiments d'infanterie).
      Major-Général Leonard F. Wing.
  • XIV Corps. Major-général Oscar W. Griswold.
    • 37ème Division d'infanterie.
    • 40ème Division d'infanterie. Major-General Rapp Brush.

Photo ci-dessous: à l'avant-plan, le cuirassé Pennsylvania (TG.77.2) fait route vers le Golfe de Lingayen, début janvier 1945.



(3) Krueger sera élevé au grade de général 4 étoiles en mars 1945.


Défenses japonaises (9 janvier 1945).

Luzon est défendue par les 262,000 hommes de la 14ème Armée japonaise du général Tomoyuki Yamashita. Ils se répartissent ainsi:
  • Groupe Shobu, commandé personnellement par Yamashita. 152,000 hommes protégeant le nord de l'île.
  • Groupe Kembu, commandé par le major-général Rikichi Tsukada. 30,000 hommes. Occupent la péninsule de Bataan, l'aérodrome de Clark Field et les plaines centrales ("Le Corridor").
  • Groupe Shimbu, commandé par le lieutenant-général Shizuo Yakoyama. 80,000 hommes. Protègent Manille, les montagnes à l'est de la capitale, la péninsule de Bicol et l'extrémité sud de l'île.


Débarquement de la 6ème Armée (9 janvier 1945).

Photo ci-dessous: les péniches de débarquement américaines de la première vague d'assaut s'apprêtent à toucher les plages de Lingayen.

Le débarquement des 175,000 hommes de la 6ème Armée américaine s'effectue, comme planifié, le 9 janvier 1945 à 9h30. Auparavant, à partir de 7h, l'artillerie navale et aérienne a procédé à un intensif bombardement des positions japonaises.


L'opposition terrestre est pratiquement nulle, mais depuis quelques jours les kamikazes s'acharnent contre la flotte de débarquement américaine. Le 4 janvier, le porte-avions d'escorte Ommaney Bay est atteint par l'un d'entre-eux. Les deux bombes qu'il transporte transpercent le pont d'envol et explosent dans le hangar principal, mettant le feu au réservoir de carburant et aux munitions. A 19h45, ravagé par les incendies et les explosions, il est achevé à la torpille par le destroyer Burns. Dans ce naufrage, 95 marins américains perdent la vie.

Photo ci-dessous: la fin du porte-avions d'escorte Ommaney Bay (CVE-79), le 4 janvier 1945, atteint par un kamikaze dans la Mer de Sulu.


Les divisions de la 6ème Armée prennent pied sur les plages en quelques jours. Le I Corps protégeant les flancs de la tête de pont, le XIV Corps du major-général Oscar W. Griswold progresse au sud, à travers "Le Corridor", vers Manille. Avec ce mouvement, Krueger est préoccupé par son flanc oriental exposé, mais aucune contre-attaque japonaise ne survient, et sans rencontrer d'opposition, les Américains atteignent l'aérodrome de Clark Field le 23 janvier.

Carte ci-dessous: établissement de la tête de pont américaine (9-17 janvier 1945).


Le 15 janvier 1945, un second débarquement américain est effectué 72km au sud-ouest de la capitale, par deux régiments de la 11ème Division aéroportée. C'est l'opération Mike VI. Deux semaines plus tard, le 31 janvier, le troisième régiment de cette division effectue un largage et s'empare du pont routier de Tagaytay.

Photo ci-dessous: des chars Sherman progressent à travers la jungle vers la capitale philippine, Manille, fin janvier 1945.



Bataille et massacre de Manille (3 février - 3 mars 1945).

Pour éviter un massacre inutile de la population civile et préserver ses forces autant que possible sur une nouvelle ligne de défense à l'extérieur de la ville, le général Yamashita a ordonné à la garnison japonaise d'évacuer Manille.

Cependant, les 17,000 fusiliers-marins commandés par le vice-amiral Sanji Iwabuchi désobéissent à cet ordre et sont déterminés à lutter jusqu'au dernier homme. Cette décision va entraîner une des plus féroces et sanglantes bataille de la campagne 1944-1945 des Philippines. Ils obligent les Américains à livrer de féroces combats de rue, qui rapelle ceux de Stalingrad, pour les débusquer et les exterminer, les uns après les autres, ruine après ruine. Durant quatre semaines, trois divisions, la 1ère de cavalerie au nord, la 37ème d'infanterie à l'est et la 11ème aéroportée au sud, soit 36,000 hommes.

Ce n'est que le 3 mars 1945, avec la prise du bâtiment du Ministère des Finances, que le commandement américain considère la conquête de la capitale comme officiellement achevée. Entretemps, Manille a été presque entièrement détruite! Durant cette terrible bataille, les Américains perdent plus de 1,000 tués et 5,500 blessés. Sur les 17,000 fusiliers-marins d'Iwabuchi retranchés dans les ruines, pas un seul ne s'est rendu. Mais c'est la population qui paie le prix le plus exorbitant de la "libération" de Manille: 100,000 morts, sur les 800,000 habitants que compte alors la capitale.

Photos ci-dessous: 1°-2° Sévices infligés à la population philippine par les Japonais. 3°-4° Survivants d'Intramuros. (Source: Diberville, Saviez-vous que...)





Car durant les combats, les Japonais ont reporté leur rage et leur frustration contre la population civile et les prisonniers de guerre américano-philippins. Ils se livrent à des exécutions de masse, des viols collectifs ou des massacres, tout le monde sans exception (hommes, femmes, enfants, bébés) y passe, au pillage et à la destruction des installations comme les hopitaux, les batiments ministeriels ou culturels, les églises, les écoles, le centre de la Croix Rouge internationale, etc. Manille, détruite à 98%, devient après Varsovie la seconde ville martyre de la Seconde Guerre mondiale.

Photos ci-dessous: 1° Destructions dans Manille en mai 1945. 2° Un char Sherman pénètre dans la "Citadelle" (Intramuros) de Manille, le 28 février 1945.



Carte ci-dessous: capture de la "Citadelle" de Manille (23 février - 3 mars).



Opération Mike VII: Bataan et Corrigidor (29 janvier - 19 février 1945).

Pour reprendre la péninsule de Bataan et l'île de Corregidor, les I et XIV Corps étant occupés ailleurs, MacArthur fait appel au XI Corps, commandé par le major-général Charles P. Hall et stationné sur Leyte, avec la 38ème Division d'infanterie du major-général Henry L.L. Jones et le 34ème Régiment de la 24ème Division d'infanterie, du colonel Col. Aubrey "Red" S. Newman.

Le 29 janvier 1945, l'opération Mike VII est déclenchée. 35,000 GIs du XI Corps débarquent sur le rivage de Zambales, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la péninsule, et ne rencontrent pratiquement aucune opposition. Les services de renseignement américains estiment à l'équivallent d'une division (13,000 hommes) la présence ennemie sur Bataan. En réalité, celle-ci est défendue par un régiment renforcé (4,000 hommes) de la 10ème Division japonaise, commandé par le colonel Nagayoshi Sanenobu, appartenant au Groupe Kembu.

Quelques jours plus tôt, des parachutistes de la 11ème Division aéroportée, avec l'aide des guerilleros philippins du capitaine Ramon Magsaysay (qui deviendra par la suite Président de la République des Philippines) se sont emparés de l'aérodrome de San Marcellino.

Le 30 janvier, le grand port d'Olongapo est pris par le 34ème Régiment. Après un petit débarquement amphibie, l'île Grande, dans la Baie de Subic, est également prise et sécurisée.

A la fin du mois, c'est toute la province de Zambales qui est libérée, avec un minimum de pertes américaines: 2 tués! Pour les Japonais, la surprise est totale. Mais à partir de ce moment, les choses se compliquent, et le XI Corps se heurte à une solide ligne de défense japonaise. Il faudra deux semaines de féroces combats à la 38ème Division américaine pour s'emparer et sécuriser la Passe du Col Zigzag.

Le 15 février 1945, pour tourner et éliminer cette subite résistance ennemie, la 38ème Division effectue deux nouveaus débarquements séparés, à l'extrêmité sud de la péninsule de Bataan.

Le 18 février 1945, les deux forces américaines effectuent leur jonction près de Bagac, et élimine les derniers foyers de résistance japonais. Le 21 février, tout est fini, la bannière étoilée est hissée et la péninsule de Bataan déclarée officiellement reconquise.


"Pour MacArthur, l'île fortifiée de Corregidor, épousant vaguement la forme d'un têtard et plantée au beau milieu de l'entrée de la Baie de Manille, cette île revêt une importance particulière.

"C'est là, sur ce minuscule caillou de seulement 9 km², qu'il s'était retranché, fin décembre 1941. Et c'est de là qu'il s'était enfui, humilié et vaincu mais se promettant d'y revenir, le 12 mars 1942."
(Diberville, Saviez-vous que...)

Le 16 février 1945, à 8h33, environ 1,000 hommes du 503ème Régiment indépendant de parachutistes sont largués sur l'île fortifiée surnommée The Rock, à Topside. Au même moment, une première vague d'assaut américaine, constitué d'un bataillon du 34ème Régiment de la 24ème Division, commandé par le colonel Aubrey "Red" S. Newman, débarque à la Pointe San José, et établit une tête de pont.


Corregidor est défendue par 6,700 hommes du Groupe Kembu, et commandée personnellement par le major-général Rikichi Tsukada. Une fois la surprise initiale passée, parachutistes et fantassins américains se heurtent à la résistance suicidaire des Japonais et aux contre-attaques Banzaï. Selon leur traditionnel code guerrier du Bushido, les soldats japonais se suicident ou se font tués sur place, plutôt que de se rendre.

Dans la nuit du 18 au 19 février, les Japonais lancent leur dernière attaque suicide, et à l'aube, les parachutistes du 503ème Régiment dénombrent devant leur position plus de 500 cadavres. Pendant plusieurs jours encore, l'île resonera du son étouffé d'explosions souterraines: les survivants japonais se suicident à la grenade. Il faudra attendre le 26 février pour que Corregidor soit déclarée "secured". Sur les 6,700 défenseurs, les Américains ont capturé 19 prisonniers (1). Les pertes du 503ème Régiment de parachutistes s'élèvent à 169 tués et 531 blessés, celles du 34ème Régiment d'infanterie à 38 tués et 153 blessés.



(1) Après la capitulation du Japon, le 1er janvier 1946, 20 autres survivants japonais qui se cachaient dans les grottes accepteront de déposer les armes.


Sur ce sujet, voir également:

- D'Iberville: Saviez-vous que..., 2744 "Le retour à Bataan"

- D'Iberville: Saviez-vous que..., 2744 "Une petite île en forme de têtard"

- D'Iberville: Saviez-vous que..., 2748 "Apocalypse à Corregidor"



Au sud: élimination du Groupe Shimbu.

Les batailles de Manille, Bataan et Corregidor ne marquent malheureusement que le début de la campagne américaine de Luzon. Après la destruction du Groupe Kembu, il reste le Groupe Shobu, qui défend le nord de l'île, et le Groupe Shimbu, chargé de la partie sud.

Le lieutenant-général Shizuo Yokoyama a disposé environ 30,000 hommes juste à l'est et au sud de la capitale, et le reste de ses effectifs dans la péninsule de Bicol. Les défenses japonaises juste à l'est de Manille, qui regroupent les 8ème et 105ème Divisions, ont été organisé en une solide ligne de défense baptisée "Ligne Shimbu".

Le 20 février 1945, alors que la bataille de Manille est toujours en cours, le lieutenant-général Walter Krueger mobilise pour l'assaut initial les 6ème et 43ème Divisions d'infanterie, la 1ère Division de cavalerie et le 112ème Régiment indépendant de cavalerie. En réserve, au sud de la ville, la 11ème Division aéroportée et le 158ème Régiment indépendant d'infanterie. Il espère débuter l'offensive immédiatement ou le plus tôt possible.

L'objectif initial du XIV Corps est de prendre le contrôle du ravitaillement en eau potable de Manille. Pour cela il doit s'emparer des barrages sur les fleuves Angat et Marikina, au nord-est de la ville. Mais avant-même de débuter leur attaque, les Américains commettent deux erreurs cruciales, qui vont durablement affectées les opérations futures.

En premier lieu, ils ne réalisent par que le Barrage Wawa, l'une des sources d'eau potable, a été abandonnée en 1938 en faveur du Barrage d'Ipo, plus imposant, sur le fleuve Marikina. Le premier ouvrage peut donc être contourné facilement, mais Krueger ne se rendra pas compte de sa bourde avant deux mois.

En second lieu, les services de renseignement de la 6ème Armée sous-estiment grandement les effectifs du Groupe Shimbu dans cette région, les estimant à moins de 20,000 soldats japonais. En réalité, comme indiqué précédemment, ils sont 30,000. De plus, les défenses japonaises ont été très bien organisées et sont très bien fournies en bunkers, casemates, nids de mitrailleuses. Elles courent des barrages au nord, jusqu'à la ville d'Antipolo, au sud, et elles verouillent l'accès à la chaîne de montagnes à l'est de Manille.

Photo ci-dessous: des obusiers de 105mm du 122ème Bataillon d'artillerie de campagne pilonnent les positions japonaises dans les collines à l'est de Manille, fin février 1945.


L'offensive du XIV Corps, commandé par le major-général Oscar W. Griswold, débute dans l'après-midi du 20 février 1945. Griswold a assigné à cette tâche la 6ème Division d'infanterie, avec pour objectif les barrages au nord-est de Manille. Il ordonne à la 1ère Division de cavalerie, pour sa part, d'attaquer la partie sud des défenses japonaises et d'avancer vers Antipolo. Les deux divisions traversent le fleuve Marikina sans difficulté, mais se heurtent ensuite à la féroce résistance ennemie lorsqu'elles tentent de pénétrer dans les montagnes plus à l'est de la vallée. Les Japonais y ont disposé très efficacement un grand nombre de points de résistance, équipés de mitrailleuses lourdes, de bunkers, de casemates, reliés entre-eux par un réseau complexes de tranchées, et qui balaient tous les couloirs d'approche.

En dépit d'un soutien aérien massif, les GIs avancent à l'allure d'escargot, en moyenne quelques centaines de mètres chaque jour. Ce n'est que le 4 mars que la 1ère Division de cavalerie s'approche d'Antipolo, au sud. Au Nord, la progression de la 6ème Division n'est guère plus rapide, ses objectifs étant la prise des Monts Pacawagan et Mataba, deux hauteurs stratégiques primordiales pour le contrôle du Barrage Wawa. Ces deux collines sont abondament défendues par des positions japonaises d'infanterie et d'artillerie.

Le 4 mars 1945, après de violents combats au corps à corps, les Américains parviennent au sommet du Mont Pacawagan et établissent une position défensive précaire, et ils ne peuvent aller plus loin. Un peu plus au nord de cette position, les Japonais empêchent toute progression américaine vers le Mont Mataba, stoppant net l'avance de la 6ème Division d'infanterie. Ce n'est que le 8 mars que celle-ci reprendra une lente progression, éliminant les points de résistance ennemis un par un.

De sa position avantageuse dans les montagnes, Yokoyama est préoccupé par l'avance américaine qui menace ses deux flancs. Peu disposé à abandonner ses positions privilégiées des deux collines, il décide de lancer une contre-attaque. L'exécution de son plan est caractéristique des difficultés tactiques que les Japonais ont rencontré depuis le début du conflit. En effet, Yokoyama prévoit une série de manoeuvres assez complexes qui exigent une parfaite coordination entre-elles sur le terrain, rendant nécessaire des communications et des informations fiables, mais dont le Groupe Shimbu est totalement dépourvu. De plus, l'artillerie japonaise n'est pas assez forte et convenablement disposée pour fournir un appui feu efficace.

Malgré tous ces inconvénients, la contre-attaque japonaise est lancée le 12 mars, avec trois bataillons de ligne, sur toute la largeur du front de la 6ème Division. Et comme prévu, les GIs brisent tous les assauts ennemis, les Japonais subissant inutilement des lourdes pertes. Finalement, ces assauts auront pour seul résultat de précipiter la fin de la Ligne Shimbu.

Au cours de deux prochains jours, le 13 et 14 mars 1945, les Américains lancent leur propre contre-attaque et éliminent les positions japonaises au fur et à mesure de leur avance. A l'extrémité nord du XIV Corps, la 6ème Division s'empare enfin du Mont Mataba, au prix cependant des pertes sévères. Le commandant divisionnaire, le major-général Edwin D. Patrick, et lui-même mortellement touché par des tirs de mitrailleuses japonaises.

Ce que redoutait Yokoyama se réalise: le XIV Corps anéantit les deux flancs nord et sud des Japonais. Leurs pertes sont estimées à 3,350 tués. Du côté américain, en moins d'un mois de combat, on enregistre environ 300 tués et plus de 1,000 blessés.

Le 14 mars 1945, le XI Corps du major-général Charles P. Hall, transferé de la péninsule de Bataan, commence à relever le XIV Corps exténué, sur ses positions. Hall poursuit, avec les 38ème et 43ème Divisions d'infanterie, la stratégie du XIV Corps et l'élimination de la Ligne Shimbu. Le lendemain, sans attendre, il déclenche son offensive et, une semaine plus tard, pour éviter l'encerclement, les Japonais entament leur retraite vers le nord-est, talonnés par les Américains. Le 27 mars, les Américains ont complètement désintégré toute l'aile nord du Groupe Shimbu.

Le 17 mai 1945, la 43ème Division d'infanterie, avec l'aide de guerilleros philippins et d'un appui massif de l'aviation, capture intact le barrage d'Ipo, rétablissant enfin l'approvisionnement de Manille en eau potable.

Le barrage Wawa est également pris intact, le 28 mai 1945. Les Américains poursuivent leur avance, et les Japonais leur retraite à travers la chaîne de montagne de la Sierra Madre, où ils poursuivront une lutte de guerilla jusqu'à la fin des hostilités, le 14 août.

Carte ci-dessous: capture du Barrage Wawa, le 28 mai 1945.


Les positions méridionales du Groupe Shimbu, le long de la péninsule de Bicol, ne sont pas dans un meilleur état. Après la relève du XIV Corps, à la mi-mars, les efforts américains se concentrent dans cette zone.

Le 15 mars 1945, la 6ème Division passe sous l'autorité du XI Corps et la 37ème Division est placée en réserve générale de la 6ème Armée, chargée de patrouiller dans Manille.

Le XIV Corps inclut maintenant la 1ère Division de cavalerie, la 11ème Division aéroportée et le 158ème Régiment d'infanterie. Il établit une ligne assez étirée allant de Lugana de Bay, un grand lac, au nord de la péninsule de Bicol, jusqu'à la Baie de Batangas, au sud. Entre ce deux points, s'étend le Lac Taal, un lac artificiel, et un important carrefour routier à Santo Tomas.

Le 19 mars 1945, la 1ère Division de cavalerie, au nord, et la 11ème Division aéroportée, au sud, entame une double manoeuvre d'encerclement des positions japonaises dans la région du Lac Taal, le but de ces mouvements étant le contrôle de la route entre Santo Tomas et Batangas.

Le 24 mars 1945, le 158ème Régiment d'infanterie est intégré à la 11ème Division aéroportée et prépare un débarquement amphibie à Legaspi, au sud de la péninsule de Bicol.

Le 19 avril 1945, les Américains ont pleinement atteint leur double manoeuvre d'encerclement. La 11ème Division aéroportée contrôle tous les grands axes routiers de la péninsule, pendant que la 1ère Division de cavalerie fait mouvement au nord à travers la Vallée de Santa Maria, dans l'intention de prendre à revers le flanc sud-est du Groupe Shimbu et de lui interdire l'accès aux petites villes côtières.

Le 25 mai 1945, la 1ère Division de cavalerie, avec le soutien des guerilleros philippins, s'empare d'Infante, la plus importante ville côtière de la péninsule de Bicol. Le XIV Corps peut maintenant se consacrer à sa libération et à la destruction définitive du Groupe Shimbu.

Le 1er avril 1945, comme prévu, le 158ème Régiment d'infanterie débarque à Legaspi. La résistance ennemie y est faible, les Japonais ayant transféré presque toutes leurs forces dans la partie nord de la péninsule. La présence japonaise consiste essentiellement en troupes de services de soutien et en troupes de marine, pour la plupart des restes de l'ancienne garnison de Leyte. Avec toutes ces unités disparatres, les Américains ont un peu de mal à s'y retrouver.

Le 2 mai 1945, le 158ème Régiment effectue sa jonction avec la 1ère Division de cavalerie, qui a avancé du nord-ouest à travers toute la péninsule. A la fin de ce mois, tout est terminé et la résistance japonaise prend fin. Toute la partie méridionale de Luzon est déclarée nettoyée de toute présence ennemie, et le 15 juin, le XIV Corps est transféré dans la partie nord de l'île.


Au nord: élimination du Groupe Shobu.

En dépit des durs combats livrés à Manille, dans la péninsule de Bataan et la partie méridionale de Luzon, la force de bataille principale de la 14ème Armée japonaise est stationnée dans la partie nord de l'île. Le général Tomoyuki Yamashita a pris personnellement le commandement du Groupe Shobu. Celui-ci occupe une vaste région principalement montagneuse. A l'est se trouve le massif de la Sierra Madre, et à l'ouest la "Cordillère Centrale". Entre les deux, la Vallée de Cagayan, une région agricole vitale et une importante source d'approvisionnement de l'armée impériale en riz. Pour défendre son secteur, les forces de Yamashita compte un effectif approximatif de 152,000 hommes, avec la 19ème Division, la 23ème Division, et les éléments provenant de trois autres: les 103ème et 10ème Divisions, et la 2ème Division de chars.

Carte ci-dessous: disposition des troupes de Yamashita.


Son intention est plutôt d'harceler les Américains, plutôt que d'espérer les vaincre. Il s'attend à ce que la 6ème Armée concentre d'abord ses efforts contre Manille, et dispose la majorité de ses forces le long de la route Baguio-Bambang et dans la vallée de Cagayan, et le reste sur les côtes occidentales et septentrionales, en prévision d'un probable débarquement américain derrière sa ligne de défense.

En février 1945, les troupes du XIV Corps livrant bataille à Manille, Krueger ordonne au I Corps de se préparer à l'offensive contre le Groupe Shobu. Initiallement, il prévoit l'utilisation de six divisions pour avancer progressivement vers le nord, mais MacArthur désire en priorité en finir avec la bataille de Manille.

A la fin de ce mois, le commandant du I Corps, le major-général Innis P. Swift, commence à sonder le dispositif ennemi au nord de sa tête de pont, avec la 33ème Division d'infanterie (qui a relevé la 43ème le 13 février). Bien que les Américains soient en infériorité numérique, la passivité des Japonais les encourage à devenir plus agressifs.

Photo ci-dessous: un groupe de GIs de la 25ème Division d'infanterie dans la Passe de Balete, près de Baguio, le 23 mars 1945.


Au début d'avril 1945, Swift ordonne à la 33ème Division d'infanterie d'avancer au nord-est le long de la Route 11, à travers la montagne, vers la ville de Bambang. Mais les Américains réalisent très rapidement que cette route est puissament défendue, et progressent à l'allure d'escargot.

Simultanément, d'autres éléments de cette division opèrent le long de la côte directement au nord de la tête de pont américaine du Golfe de Lingayen, où la résistance japonaise est faible. Après avoir pris plusieurs villes côtières et infléchit son axe de progression vers l'intérieur des terres, le commandant de la 33ème Division, le major-général Percy W. Clarkson, décide d'avancer le long de la Route 9 et d'attaquer Baguio.

Pour l'assister dans cette tâche, Walter Krueger lui adjoint la 37ème Division d'infanterie. Des groupes de guerilleros harcèlent également les garnisons japonaises, et peu à peu celles-ci sont coupés de leurs sources d'approvisionnement et contraint à subir les privations de nourriture et un début de famine. Les Américains rencontrent encore une ultime forte résistance dans la Gorge de l'Irisan, où la Route 9 franchit le fleuve Irisan, six kilomètres à l'ouest de Baguio, et le 27 avril 1945, ils font leur entrée dans la ville.

Le Groupe Shobu commence ainsi à perde sa cohesion et à se morceler, mais la bataille de Luzon est encore loin d'être terminée. Jusqu'à la fin des hostilités, la 6ème Armée continuera à repousser petit à petit les Japonais plus loin dans les montagnes, leur faisant subir de lourdes pertes et les contraignant à livrer une guerre d'usure au cours des mois suivants.

Lors de la capitulation japonaise du 14 août 1945, la 14ème Armée japonaise tient toujours fermement dans les montagnes de la Sierra Madre, dans le secteur nord-est de Luzon. Le même jour où se tient la cérémonie de la capitulation japonaise à bord du cuirassé Missouri, le 2 septembre 1945, le général Tomoyuki Yamashita et les restes du Groupe Shobu (50,500 hommes) acceptent de déposer les armes et de se rendre à la 32ème Division d'infanterie à Kiangan. Entretemps, le 30 juin, la 6ème Armée commence à être relevée par la 8ème Armée, commandée par le général Robert L. Eichelberger.

Photo ci-dessous: le général Tomoyuki Yamashita, le "Boucher de Bataan", se rend à la 32ème Division d'infanterie à Kiangan, le 2 septembre 1945. Après la guerre, il sera jugé par un tribunal militaire américain pour crimes de guerre, condamné à mort et pendu le 23 février 1946.



Le dernier mort au combat américain du conflit.

Le 14 août 1945, à 6h15 du matin, soit quarante-cinq minutes avant l'annonce officielle de la capitulation de l'Empire du Soleil Levant, au cours d'une patrouille, le soldat Edward O'Dell Mullins, Jr, de la compagnie Able du 128ème Régiment de la 32ème Division d'infanterie, est victime d'un sniper japonais. C'est le dernier "Killed In Action" (KIA), ou tué au combat, américain de la Seconde Guerre mondiale.



Bilan et pertes humaines de la bataille de Luzon.

Le 14 août 1945, les pertes de la 14ème Armée japonaise à Luzon sont estimées à 205,535 tués et 9,050 prisonniers capturés. Le 2 septembre suivant, ce qui reste de l'Armée impériale japonaise sur Luzon, environ 50,500 hommes, et parmis eux le général Tomoyuki Yamashita en personne, déposent les armes.

Les pertes des 6ème et 8ème Armées américaines, du 9 janvier au 14 août, s'élèvent à 10,380 tués et 35,550 blessés.


Annexe 1: "Le Grand Raid", la libération spectaculaire des prisonniers de Cabanatuan.

La libération du camp de prisonniers Cabanatuan, capturés lors de la campagne japonaise des Philippines de 1941-1942, est un des plus célèbres faits d'armes de la Seconde Guerre mondiale.

Le 30 janvier 1945, 133 Rangers du 6ème Bataillon, les Alamo Scouts (2), et 250 guerilleros philipins réussissent la plus importante mission de sauvetage jamais tentée dans l'histoire militaire américaine: la libération de plus de 500 Américano-Philippins enfermés depuis avril 1942 dans le camp de prisonniers de Cabanatuan, situé dans la province de Nueva Ecija (partie centrale de Luzon), au prix de 2 Rangers et de 2 prisonniers américains tués, ainsi que de 24 blessés (dont 20 Philippins).

Photo ci-dessous: 1° Groupe d'Alamo Scouts après le raid. 2° Prisonniers de guerre libérés, soignés dans l'hopital de Talavera.




En 2006, John Dahl produit un film basé sur ce raid extraordinaire, le "Grand Raid" (The Great Raid en version originale anglaise). Dans les rôles principaux, Benjamin Bratt, Joseph Fiennes et James Franco.





(2) Alamo Scouts: Unité Spéciale de Reconnaissance (SRU) de la 6ème Armée américaine, créée le 28 novembre 1943 en Nouvelle-Guinée. Force spéciale chargée de mener des missions de reconnaissance et d'opérations de commandos loin à l'arrière des lignes ennemies. En quelques sortes l'ancêtre des LRS "Lurse" (Long Range Surveillance) actuels.


Annexe 2: les "Anges de Bataan".

Les "Anges de Bataan" (Angels of Bataan) est le nom d'un groupe de 78 infirmières américaines de l'US Army et de l'US Navy capturées par les Japonais lors de la chute de Bataan et de Corregidor, en avril-mai 1942. Internées dans le camps de prisonniers de Santo Tomas, elles sont libérées le 3 février 1945 par une unité de la 1ère Division de cavalerie, puis rapatriées au Etats-Unis où elles recevront l'Etoile de Bronze. Durant leur captivé, elles n'avaient pas cessé de soigner leurs homologues masculins, malgré les menaces et les mauvais traitements infligés par les gardiens japonais.



Les deux raids de Cabanatuan et de Santo Tomas ont mis en évidence les mauvais traitement et les crimes commis par les Japonais envers leurs prisonniers de guerre.


Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













Article modifié le 12 février 2015.


Sources principales:
Luzon Campaign (Wikipedia.org)
Luzon 1944-1945 (US Navy - Naval History & Heritage)

Aucun commentaire: