Le 10 mai 1940, à 5h35 du matin, les Allemands déclenchent Fall Gelb, le "Plan Jaune": l'invasion des Pays-Bas, de la Belgique, du Grand-duché de Luxembourg et de la France. Sept mois après la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France à l'Allemagne, celle-ci met soudainement fin à la "Drôle de guerre". Chronologiquement, la "Bataille de France" se déroulera en deux étapes principales. D'abord Fall Gelb, le "Plan Jaune", c'est-à-dire l'invasion initiale de la Belgique et des Pays-Bas jusqu'à l'encerclement du Corps expéditionnaure britannique et d'une partie de l'armée française dans la poche de Dunkerque. En second lieu, Fall Rot, le "Plan Rouge" déclenché le 5 juin 1940, la conquête du reste de la France, jusqu'à sa capitulation complète.
Drôle de guerre.
Entre la déclaration de guerre franco-britannique, le 3 septembre 1939, et le déclenchement de l'offensive générale allemande sur le front occidental, le 10 mai 1940, s'est instaurée une période d'accalmie appellée "Drôle de Guerre" (Phoney War ou Sitzkrieg).
Bien que l'essentiel de l'Armée allemande soit engagée en Pologne, et malgré les deux alliances militaires anglo-polonaise et franco-polonaise, la France et la Grande-Bretagne restent cantonnés sur la défensive, dans les fortifications de la Ligne Maginot qui s'étant de Bâle, sur la frontière suisse, jusqu'à Sedan, sur la Meuse. Dans les faits, ils abandonnent la Pologne à son sort.
Le 7 septembre 1939, deux corps d'armée comprenant neuf divisions françaises entament bien une offensive en Allemagne, l'Opération Sarre, mais le commandant suprême français lui-même, le général Maurice Gamelin, n'y croit pas trop. Cette offensive si prometteuse se transforme très vite en "promenade militaire" et avance à l'allure d'escargot. Après avoir progressé de 8km en Allemagne, en deux semaines et pratiquement sans rencontrer d'opposition sérieuse, Gamelin ordonne le retrait général. Le 30 septembre, les derniers soldats français repassent la frontière allemande et regagnent leurs casernement dans la Ligne Maginot.
Par la faute des hésitations et de l'incompétence de l'état-major français, c'est la fin d'une opportunité extraordinaire d'envahir l'Allemagne, et une formidable occasion manquée de mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale, moins d'un mois après qu'elle a commencé.
Photo ci-dessous: un soldat français (151ème R.I., 42ème Division d'infanterie) en territoire allemand, pendant l'offensive Sarre, le 9 septembre 1939.
Plan Schlieffen de 1914 révisé: plans Halder et von Manstein.
Le 6 octobre 1939, Adolf Hitler adresse aux deux alliés occidentaux une offre de paix. Trois jours plus tard, dans le cas d'une réponse négative, il signe sa directive n°6 (Führer-Anweisung N°6) et ordonne au Commandement suprême militaire allemand (OKH) de préparer les plans d'une campagne sur le front occidental, dans l'intention d'écraser la France et la Grande-Bretagne. Hitler pose la défaite des deux puissances occidentales comme condition préliminaire à ses futures opérations de conquête de l'Union Soviétique.
Photos ci-dessous: 1° Général Franz Halder, chef d'état-major du Commandement militaire allemand en 1939-1940. 2° Maréchal Gerd von Rundstedt, commandant en Chef du Heeresgruppe A. 3° Erich von Manstein, concepteur du plan "Coup de faucille".
Carte ci-dessous: évolution des plan de Fall Gelb en 1939-1940, et le plan original Schlieffen de 1914.
Les plans d'opération d'Halder sont largement inspirés du plan Schlieffen. En août 1914, au début de la Grande Guerre, l'Armée impériale allemande avait pénétré en Belgique et traversé le massif des Ardennes. Dans un gigantesque mouvement tournant par le nord, avec Paris et la Marne comme pivot, après avoir percé l'aile gauche de l'armée française, concentrée dans l'Est de la France, son intention était alors de la prendre entièrement au piège en Alsace-Lorraine en atteignant la frontière suisse.
Hitler juge irréaliste ce plan, les effectifs de la Wehrmacht étant alors insuffisants pour le mener à bien. Il estime que l'armée allemande ne sera pas prête pour un plan de cet envergure avant 1942! Or il veut une offensive dans les plus brefs délais et une victoire rapide, avant que la période d'impréparation des Alliés ne prenne fin. Il avance une première date de l'offensive fixée le 12 novembre. Mais celle-ci sera à plusieurs reprises ajournées, les militaires parvenant à convaincre Hitler qu'ils ont besoin de plus de temps pour se préparer.
Le 29 octobre 1939, l'OKH lui présente donc un Plan Jaune modifié, en ajoutant une attaque secondaire (diversion) sur l'axe Liège-Namur. Mais Hitler n'est pas le seul à critiquer le plan d'Halder. Le maréchal Gerd von Rundstedt, commandant du Heeresgruppe A, est également en désaccord avec le chef d'état-major de l'OKH. A la différence d'Hitler, en soldat professionnel, celui-ci cherche avant tout à l'améliorer au lieu de le rejeter en bloc.
Le 31 octobre 1939, le lieutenant-général Eric von Manstein, le chef d'état-major du Heeresgruppe A de von Rundstedt, partisan acharné des nouveaux préceptes de la doctrine d'emploi des blindés et de la guerre de mouvements, présente un autre plan alternatif, désigné "Plan Coup de Faucille" (Fall Sichelschnitt).
Des divisions panzers, sous le couvert du massif forrestier ardennais, devront progresser, rapidement et discrètement, vers la Meuse et la Sambre, dans un secteur réputé peu pratiquable pour les unités mécanisées et faiblement défendu, entre Dinant et Sedan, où prend fin la Ligne Maginot. Là, elles devront effectuer un "mouvement tournant" et foncer direction nord-ouest vers la Manche, de manière à enfermer dans une énorme poche, la "Nasse Belge", les armées françaises et le Corps Expéditionnaire Britannique (BEF) de Lord Gort, qui auront appliqué le "Plan Dyle" et s'y seront imprudemment engoufrées. Cette manoeuvre de von Manstein, de par sa hardiesse et son effet de surprise tactique, enthousiasme Hitler qui l'impose aux militaires allemands réticents.
Ordres de bataille allemand et alliés.
1° Allemagne.
L'Allemagne nazie a déchiré le Traité de Versaille et rétablit la conscription militaire en 1935. Le 10 mai 1940, le Haut-Commandement militaire (OKH) dispose au total de 157 divisions. Un effectif total de 5.4 millions d'hommes, dont environ trois millions vont être engagé dans la bataille sur le front occidental. 79 de ces divisions ont complété leurs formations ou leur instruction. 14 autres sont assignées au Heeresgruppe C disposé face à la Ligne Maginot, et ne prendront pas part aux opérations initiales.
La Wehrmacht va donc engager sur le Front Ouest 93 divisions, dont dix de panzers et six motorisées. 39 d'entre-elles sont des unités de réserves. Et environ un quart des troupes allemandes engagées sont constituées de vétérans de la Première Guerre mondiale, âgés de 40 ans ou plus. Elle dispose au total sur le front occidental de 2,700 chars et canons autopropulsés.
Carte ci-dessous: disposition des forces en présence le 10 mai 1940. En traits rouges: le Plan Coup de Faucille de von Manstein.
Les dix divisions panzers allignent 2,574 chars sur le front occidental le 10 mai 1940, dont 523 Panzer-I ou Panzerkampfwagen I (PzKpfw I), 955 Panzer-II (PzKpfw II), 343 Panzer-III (PzKpfw III) et 278 Panzer-IV (PzKpfw IV), ainsi que 106 Panzer 35(t) et 228 Panzer 38(t) d'origine tchèque.
Photos ci-dessous: respectivement Panzer-I, Panzer-II, Panzer-III, Panzer-IV, Panzer 35(t) et Panzer 38(t).
La Luftwaffe, de son côté, a divisé ses forces en deux groupes. Le premier, avec 1,815 avions de combat, 487 avions de transport et 50 planeurs, est destiné au soutien du Heeresgruppe B. Le second, 3,826 avions de combat, est assigné aux Heeresgruppen A et C.
Photo ci-dessous: quelques-uns des modèles d'avions les plus courants de la Luftwaffe en mai-juin 1940. 1° Junker Ju-87B Stuka, ici photographiés durant la campagne de Pologne. 2° Messerschmitt Bf-109E Emil. 3° Heinkel He-111E.
Au nord du dispositif allemand, le Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock, qui rassemble 30 divisions disposées sur toute la longueur de la frontière hollandaise, de la Mer du Nord jusqu'à Aix-la-Chapelle.
Au centre, dans le Schnee Eifel, le long des frontières belges et luxembourgeoises, le Heeresgruppe A de Gerd von Rundstedt rassemble 45 divisions, dont le groupement blindé Guderian, avec sept divisions panzers. Disposées du nord au sud, les 4ème, 12ème et 16ème Armées allemandes, commandées par les généraux Günther von Kluge, Wilhelm List et Ernst Busch. Le fer de lance est bien sûr les unités blindées, réparties en trois Korps motorisés, chargées de s'emparer des ponts sur la Meuse.
Au sud du dispositif allemand, le long du Rhin et de la ligne Maginot, le Heeresgruppe C de Wilhelm von Leeb, constitué des 1ère et 7ème Armées allemandes, avec 14 divisions, chargé de fixer le plus grand nombre possible de divisions françaises sur la Ligne Maginot, de la Moselle jusqu'à Bâle, sur la frontière suisse.
2° Force Expéditionnaire britannique.
La Force Expéditionnaire britannique, commandée par Lord Gort, alligne en France douze divisions d'infanterie, et une brigade blindée, réparties en trois corps d'armées, avec un effectif total de 316,000 hommes. Le I Corps, commandé par le lieutenant-général Michael Barker (puis le major-général Harold Alexander). Le II Corps, commandé par le lieutenant-général Alan F. Brooke (puis le major-général Bernard Montgomery). Et le III Corps, commandé par le lieutenant-général Ronald Adam.
La BEF dispose également d'une composante aérienne, répartie en deux ensembles, l'Air Component et la RAF Advanced Air Striking Force (AASF), allignant au total 348 avions de combat, en grande majorité des Hawker Hurricane, Bristol Blenheim Mk.IF et Fairey Battle Mk.I.
Photos ci-dessous: avions employés par l'AASF en France en mai 1940. 1° Hawker Hurricane Mk.I. 2° Fairey Battle Mk.I.
3° Belgique.
Les Belges allignent dix-huit divisions d'infanterie, deux divisions de chasseurs ardennais et deux divisions de cavalerie. Un effectif de 135,000 hommes.
Ils disposent de 141 avions de chasse, dont 11 Hawker Hurricane et 98 biplans Fairey Fox, démodés et incapables de se mesurer aux chasseurs modernes de la Luftwaffe.
Photo ci-dessous: 1° Hawker Hurricane Mk.I du 350ème Escadron de l'Aéronautique Militaire Belge en mai 1940, sur la base d'Evère/Bruxelles. Ce chasseur robuste était alors équipé de huit mitrailleuses Browning .303. 2° Uniforme de campagne de l'Armée belge en mai 1940.
4° Pays-Bas.
Les Néerlandais disposent de huit divisions d'active, un effectif de 73,000 hommes. Une centaine d'avions, également tous démodés.
5° France.
Le commandement suprême de l'Armée française est assuré par le général Maurice Gamelin. Le Front français du Nord-est est sous les ordres du général Alphonse Georges, qui commande trois Groupes d'armées français et la British Expeditionary Force BEF.
Le Ier Groupe d'Armées du général Gaston Billotte, disposé de la Manche jusqu'à Longuyon, avec trente-quatre divisions françaises et douze divisions britanniques. Respectivement de gauche à droite: la 7ème Armée française (Henri Giraud), le BEF britannique de lord Gort, et les 1ère, 9ème et 2ème Armées françaises, commandées respectivement par Georges Blanchard, André Corap et Charles Huntziger.
A l'est, tout le long de la ligne Maginot jusqu'à Sélestat, est disposé le IIème Groupe d'Armées du général André Prételat, avec les 3ème (Charles Condé), 4ème (Pierre Requin) et 5ème (Victor Bourret) Armées françaises. Trente divisions, dont une britannique (Saar Force) et une polonaise.
Le IIIème Groupe d'Armées du général Antoine Besson, avec la 8ème Armée française du général Marcel Garchery, garde la ligne Maginot de la trouée de Belfort jusqu'à la frontière suisse. L'équivallent de treize divisions.
Le 10 mai 1940, l'Armée française alligne sur le front occidental plus de 4,800 chars, dont 300 B1/B1bis, 250 Somua S35, 945 Renault R35 et 640 Hotchkiss H35/H38/H39, ainsi que plus de 1,500 FT-17 obsolètes datant de la Première Guerre mondiale. C'est un nombre considérable de chars, mais la grande majorité d'entre-eux sont dispersés inutilement par petit nombre sur toute la largeur du front.
Ci-dessous: respectivement chars Renault B1bis, Renault R35, Hotchkiss H39, Somua S35 et Renault FT-17.
Au total, en tenant compte des unités de réserve et de second échelon, les Alliés allignent 137 divisions. 2.9 millions d'hommes. Plus de 5,000 chars, dont 4,800 français. 2,128 avions, dont 1,648 français et 348 britanniques.
Sur les 1,648 avions de l'Armée de l'Air (chasseurs Dewoitine D.520, Morane-Saulnier MS-406 et Potez 630), seuls 599 d'entre-eux (soit 29%) sont opérationnels le 10 mai 1940, dont 170 bombardiers (Bloch MB.210, Breguet 693, Lioré-et-Olivier LeO-45/451).
Photo ci-dessous: quelques-uns des modèles d'avions français les plus connus. 1° Dewoitine D.520. 2° Morane-Saulnier MS-406. 3° Lioré-et-Olivier LeO-451.
Voir aussi:
1° Battle of France - British Expeditionary Force, Order of Battle (Wikipedia.org)
2° Battle for France - French Army, Order of Battle (Orbat.com)
Exécution du Plan Jaune: l'offensive allemande à l'Ouest (10 mai - 4 juin 1940).
1° Bataille de la "Forteresse Hollande" (10-14 mai 1940).
Le 10 mai 1940, à 5h35 du matin, des troupes aéroportées de la 7ème Division aérienne de la Luftwaffe, commandée par le général Kurt Student, sont larguées sur les ponts de Rotterdam, Moerdijk, Dordrecht et Nimègue, aux Pays-Bas. Des parachutistes allemands déposés par avions Ju-52 s'emparent également de l'aérodrome de Waalhoven/Rotterdam et neutralisent le fort belge d'Eben-Emael, sur le canal Albert.
Au même moment, les trente divisions du Heeresgruppe B, commandé par le maréchal Fedor von Bock, franchissent la frontière germano-néerlandaise et déferle aux Pays-Bas. L'armée néerlandaise, composée de 8 divisions totalisant 73,000 hommes, ne fait pas le poids et est vite submergée. Dès les premières heures, la Luftwaffe a détruit ou sévèrement endommagé tous les aérodromes, anéantie au sol ou en combat aérien la quasi-totalité de l'aviation néerlandaise (155 avions dont 74 vieux biplans), et s'assure la maîtrise aérienne absolue.
A 22h, des éléments de la 1ère Division légère mécanisée (DLM) (7ème Armée française), après avoir traversé les Flandres, franchissent la frontière dans la région d'Anvers et pénètrent en Hollande.
Le 11 mai 1940, toutes les tentatives de l'armée néerlandaise pour détruire ou reprendre les ponts aux mains des Allemands échouent.
Le 12 mai 1940, le Heeresgruppe B submerge l'armée néerlandaise, ce qui oblige la 7ème armée française, entrée en Belgique deux heures après le déclenchement de l'offensive allemande, et franchit la frontière hollandaise dans la nuit du 10 au 11 mai, à se replier de la région de Breda vers Anvers et d'établir ses positions défensives sur la rive sud de l'estuaire de l'Escaut.
La 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau perce le front hollandais dans la région de Maastricht et pénètre en Belgique, s'empare de Liège, franchit la Meuse et le canal Albert dans la région de Maastricht, ce qui force l'Armée belge à se replier sur la ligne Anvers-Louvain.
Le 14 mai 1940, Rotterdam est victime d'une tragique méprise. Les Allemands remettent un ultimatum au gouvernement néerlandais, lui enjoignant de capituler sous peine de voir anéantir la ville par la Luftwaffe. Les Hollandais acceptent les conditions de leur capitulation, mais ils ne peuvent empêcher la Luftwaffe de décoller à l'heure dite.
L'ordre d'annulation du raid parvient bien à la plupart des escadrilles de bombardement, mais certaines d'entre-elles ne le reçoivent pas et poursuivent leur mission, malgré les efforts des Allemands pour leur faire rebrousser chemin.
Rotterdam est bombardée à 13h30. C'est le centre-ville et les quartiers orientaux qui sont le plus touchés. Le nombre des victimes civiles reste à ce jour indéterminé, approchant sans doute le millier de morts. Plus de 3,000 blessés et 75,000 sans-abris.
Le commandement suprême des forces néerlandaises, le général Henri Gerard Winkelman, acceptent les conditions allemandes et signera l'acte de capitulation sans condition des Pays-Bas le lendemain matin. La reine Willhelmine et son gouvernement se réfugient à Londres.
2° Au centre: front belge et Plan Dyle (10-20 mai 1940).
En Belgique, la Luftwaffe détruit les aérodromes et l'aviation belge au sol. A l'aube, des parachutistes de la 7ème Division aérienne, unité de la Luftwaffe, de Kurt Student atterrissent en planeurs sur les supersttructures du fort d'Eben-Emael, sur le canal Albert, neutralisent ses coupoles d'artillerie et casemates à l'aide de charges creuses.
Une fois les défenses extérieures neutralisées, la 6ème Armée allemande du général Walter Reichenau a beau jeu de franchir en force le Canal Albert sur des canots pneumatiques, et se dirige vers Liège, qu'elle atteint dans la soirée.
L'offensive allemande en Belgique est, pour les stratèges français, conforme à leurs prévisions, car ils ont acquis la certitude qu'Adolf Hitler rééditerait le Plan Schlieffen en attaquant la France à travers la Belgique et la Hollande, comme les Allemands l'ont fait en 1914.
L'état-major de Gamelin réagit presqu'immédiatement et conformément au Plan Dyle, articulées de gauche à droite, la 7ème Armée française (Henri Giraud), la British Expeditionary Force (BEF) de Lord Gort et la 1ère Armée française (Georges Blanchard) franchissent la frontière et pénètrent en Belgique deux heures après le déclenchement de l'offensive allemande, pour prendre position sur la Dyle, entre Louvain et Charleroi, en appuyant leur flanc droit sur Sedan et les Ardennes, réputées infranchissables par les troupes mécanisées ennemies.
Carte ci-dessous: mouvements alliés et allemands 10-16 mai 1940.
C'est une monumentale et funeste erreur de la part des Alliés. Car, à leur surprise, Hitler ne s'en tient pas là. L'attaque de la 6ème Armée allemande le long du canal Albert n'est qu'une diversion dans le but d'attirer les armées françaises et britanniques. Et cela a très bien marché! Selon le Plan Coup de Faucille d'Erich von Manstein, le Führer porte son principal effort à travers les Ardennes belgo-luxembourgeoises vers la Meuse à Sedan, une région qui n'est pas protégée par les efficaces fortifications de la ligne Maginot et que le général Maurice Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre.
Sous le massif forrestier des Ardennes, la progression allemande est confiée au Heeresgruppe A, qui dispose de sept divisions panzers, sur les dix que compte alors la Wehrmacht, le "Groupe de Bataille" (Kampfgruppe) Guderian regroupé en trois Korps motorisés. Respectivement du nord au sud:
Leur but: s'emparer du maximum de ponts tout le long de la Meuse dans leur secteur respectif. La première phase du plan Faucille de Manstein doit se dérouler entre Dinant et Sedan, sur une centaine de kilomètres.
Ce dernier secteur particulièrement sensible n'est défendu que par une centaine de casemates du 147ème Régiment de forteresse et deux divisions de réserve de second ordre, dit de "Catégorie-B": les 55ème et 71ème Divisions d'infanterie du 10ème Corps de la 2ème Armée française, commandée par le général Charles Huntziger.
Le 12 mai 1940, alors que la ligne Sambre-et-Meuse, située au nord, est stabilisée par les Franco-Britanniques et l'Armée belge, la 7ème Division panzer du général Erwin Rommel atteint la Meuse près de Dinant. Il y découvre un pont intact et non défendu, et prend l'initiative de traverser en force. La première tête de pont allemande sur la rive gauche de la Meuse se créée.
3° Front sud: percée et mouvement tournant par Sedan (12-16 mai 1940).
En France, dans la soirée du 12 mai 1940, ce qui devait arriver arriva. Les trois divisions panzers de Guderian débouchent du massif ardennais. Pour les Alliés la surprise est totale. la 1ère Division panzer entre dans Sedan et atteint la Meuse. Au même moment, les 2ème et 10ème Divisions panzers traversent la Semois.
A l'aube du 13 mai 1940, Guderian donne alors à ses divisions blindées ses nouvelles directives: les 2ème et 10ème Divisions panzers doivent avancer, respectivement à l'est et à l'ouest de Sedan. La 1ère Division panzer est chargée de l'assaut principal dans la ville même, dans un secteur où la Meuse forme une boucle en "C".
C'est là qu'interviennent les Dornier Do-17 et les bombardiers en piqué Ju-87 Stuka, qui vont martelées pendant plus de trois heures les deux divisions françaises de classe-B installées en profondeur sur la rive gauche.
A 16h, toutes les pièces d'artillerie et les casemates françaises ayant été mises hors de combat, les premières unités de l'infanterie d'assaut allemande franchissent le fleuve sur des canaux pneumatiques. Elles établissent rapidement une percée vers le sud et s'emparent du bois de Marfée, refoulant au passage la 55ème Division française, qui céde à la panique et qui se désintégre. A l'est de Sedan, la 10ème Division panzer pulvérise la 71ème Division française.
Le 14 mai 1940, le général Charles Huntziger, commandant de la 2ème Armée française, ordonne une contre-attaque effectuée par la 3ème Division Cuirassée de Réserve (DCR) pour éliminer la tête de pont allemande. Il en résultera, entre le 15 et le 18 mai, une furieuse bataille de chars entre la 3ème DCR et la 10ème Division panzer, le village de Stonne changeant plusieurs fois de mains. Martelée par les panzers, l'artillerie antichar et les Ju-87 Stuka, la division cuirassée française perd 80% de ses blindés et les survivants refluent en désordre vers le sud.
Délaissant Paris et la Marne, Guderian effectue un large mouvement tournant au nord-ouest et lance ses 1ère et 2ème Divisions panzer vers la Manche.
Le 15 mai 1940, au sud de Sedan, ses divisions mécanisées dispersent les unes après les autres toutes les contre-attaques des renforts acheminés par la 6ème Armée française. La situation de la 2ème armée française devient intenable. Tout son flanc gauche ayant été anéanti la veille, Huntziger prend la décision de reculer jusqu'à la ligne Maginot, ce qui a pour conséquence d'élargir encore la brèche dans le dispositif français.
C'est le coup de grâce! Le flanc droit de la 9ème Armée française se retrouve à son tour entièrement à découvert. Celle-ci commence à se disloquer dans la journée du 15 mai, après avoir été harcelée par la Lutwaffe, attaquée au sud par Guderian, au nord par von Kleist. La 1ère DCR est littéralement pulvérisée et anéantie.
A Monthermé, les blindés de Reinhardt écrasent le 41ème Corps de forteresse. En Belgique, le commandant de la 9ème Armée, le général André Corap, ordonne alors son replis général sur la frontière française. Cela laisse maintenant à découvert toute le flanc droit de la 1ère Armée française.
Finalement, par effet domino, c'est tout le front français sur la Meuse, entre Dinant et Sedan, qui s'écroule.
En Belgique, ignorante du péril mortel qui la menace, la 1ère Armée française a stabilisé le front allié entre Wavre et Namur. Le 15 mai 1940, dans la région Gembloux-Ernage, sur la ligne KW-Namur, les 2ème et 3ème Divisions légères mécanisées (DLM) du "Corps de cavalerie Prioux" et les 2ème et 7ème Régiments de Tirailleurs Marocains (RTM) résistent depuis deux jours aux assauts des 2ème et 3ème Divisions panzers du XVI Korps motorisé. Cela sera l'un des rares succès défensif français dans cette désastreuse campagne de l'été 1940.
Mais malheureusement, le sacrifice des Tirailleurs marocains se révèlera vain. En effet, débordée par ses flancs nord et sud, la 1ère Armée française reçoit l'ordre d'abandonner ses positions vers une nouvelle ligne de défense moins exposée. Sur les 1,000 Tirailleurs marocains engagés, seule une centaine d'entre-eux s'en sortiront vivant.
En France, cette victoire héroïque, bien qu'inutile, tombera dans l'oubli, elle ne figure même pas dans les manuels ou livres d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale. Les Belges, eux, n'ont pas oublié ce sacrifice des Tirailleurs marocains. Entre Dinant et Sedan, les Allemands ont maintenant ouvert une brêche de 80km de large.
En cinq jours, la Wehrmacht a pulvérisé tout le front sud allié et menace d'isolement en Belgique le Corps expéditionnaire britannique et les deux meilleures armées françaises, qui se retrouvent exposées aux attaques du Heeresgruppe B de von Bock en Flandre, et menacées d'encerclement sur leurs arrières par les divisions panzers de von Rundstedt. Les chars de Guderian, au lieu de foncer sur Paris, effectuent un quart de tour à droite vers le nord-ouest et se ruent vers la Manche. Une brèche de 100 km de large est ouverte à l'arrière des armées franco-britanniques et belges en Belgique, et plus rien ne peut désormais arrêter l'avance allemande.
4° Blitzkrieg: l'avance allemande vers la Manche (15-20 mai 1940).
Négligeant Paris, les divisions blindées allemandes bifurquent vers le nord-ouest et se dirigent vers les côtes de la Manche, enfermant les 7ème, 1ère et 9ème Armées françaises, le Corps expéditionnaire britannique et l'Armée belge dans une immense poche, en Flandre et en Hollande.
Cependant, la rapidité avec laquelle les chars allemands avancent les place eux-mêmes dans une position vulnérable, l'infanterie de soutien et le ravitaillement n'arrivant pas à suivre leur rythme de progression. Il en résulte que les chars de Guderian et de Rommel consomment énormément de carburant et que les lignes de communication sont étendues au maximum. Il doivent donc ralentir.
A paris, le Haut-Commandement du général Maurice Gamelin cède à la panique. Dans la matinée du 15 mai 1940, lorsque Winston Churchill, le nouveau Premier ministre britannique depuis moins d'une semaine, téléphone à son homologue français Paul Reynaud, celui lui répond: "Nous sommes défaits. Nous avons été battus et la bataille est perdue!"
Churchill décide de se rendre à Paris, et débarque au GQG français le 16 mai 1940. Il réalise la gravité de la situation en observant les membres du gouvernement en train de brûler les archives et se préparer à évacuer la capitale. Au cours d'une réunion au climat assez sombre avec l'état-major français, le Britannique demande à Gamelin: "La marge de manoeuvre?". Le Français, pessimiste, lui répond: "Aucune!"
Churchill écrira plus tard, dans ses Mémoires d'après-guerre, qu'il n'avait encore jamais éprouvé un tel choc. Il demande à Gamelin quand et où a-t'il l'intention de contre-attaquer sur les flancs du saillant allemand. Gamelin lui répond simplement: "inférieur en effectif, inférieur en équipement, inférieur en manoeuvre."
Ci-dessous: la situation du front entre les 16 et 21 mai 1940.
Le 17 mai 1940, à midi, les avant-garde blindées de Guderian atteignent l'Oise, au sud de Guise, près de Saint-Quentin. La nouvelle 4ème Division cuirassée de Réserve (DCR) a été constituée par le colonel Charles de Gaulle, à partir d'unités des autres théatres d'opération amenées en renfort, à Bruyères, dans la région de Laon.
Dans la nuit du 16 au 17 mai 1940, à 4h15 du matin, bien qu'elle ne possède encore qu'une partie de ses unités et qu'elle soit toujours en cours de formation, la 4ème DCR de de Gaulle lance une contre-attaque vers Montcornet, dans la région de Laon, sur les arrières de la 10ème Division panzer. Après avoir marqué quelques petits succès initiaux contre des positions d'artillerie antichars, les blindés de de Gaulle prennent Montcornet, mais l'infanterie d'accompagnement, chargée de l'occupation de la localité, n'a pas suivi.
Martelée par l'intervention des bombardiers en piquée Ju-87, stoppée par le raidissement de la résistance allemande, la 4ème DCR doit finalement regagner ses positions de départ.
Cette contre-attaque, bien qu'ayant finalement échoué, inspirera une seconde et future attaque similaire de de Gaulle, cette fois dans la région d'Abbeville, le 28 mai. L'attaque de la 4ème DCR vers Montcornet lui vaudra, le 25 mai 1941, d'être promu au grade de général de brigade.
Le 18 mai 1940, Le XIX Korps motorisé du général Heinz Guderian occupe Saint-Quentin et Peronne, sur la Somme, et poursuit son avance vers la côte de la Manche. Dans le secteur de la 1ère Armée française, la 7ème Division panzer d'Erwin Rommel atteint Cambrai. La ville tombe aux mains du XV Korps motorisée du général Hermann Hoth dans la soirée, après que ses défenseurs l'aient abandonné.
Les restes de la 9ème Armée du général André Corap entrent dans la petite localité du Cateau, dans la région de Cambrai. Corap et son état-major, isolés de leur troupes, sont faits prisonniers par les Allemands. Il est remplacé par le général Henri Giraud. Sur l'Oise, le commandement de la 7ème Armée française est confié au général Aubert Frère.
En Belgique, la 18ème Armée allemande du général Georg von Küchler fait son entrée dans Anvers. Mons tombe aux mains de la 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau.
Le 19 mai 1940, les sept divisions panzers qui ont percé le front français entre Namur et Sedan se réorganisent dans la région entre Cambrai et Péronne. Erwin Rommel réussit à convaincre son supérieur direct, le général Hermann Hoth, commandant du XV Korps motorisé, de laisser à sa 7ème Division panzer l'occasion d'occuper les hauteurs stratégiquement importantes qui dominent Arras, défendu par le Corps Expéditionnaire britannique (BEF) de Lord Gort.
Vingt-quatre heures après André Corap, c'est au tour du général Henri Giraud, qui vient juste de lui succéder à la tête de la 9ème Armée française, et de tout son état-major, d'être fait prisonniers par les Allemands. Les débris de la 9ème Armée française sont intégrés dans la 7ème Armée française du général Aubert Frère.
Le 20 mai 1940, le XIX Korps motorisé de Guderian occupe Amiens et progresse vers Abbeville, sur la Somme. La 7ème Division panzer du général Erwin Rommel atteint son objectif: les hauteurs stratégiques autour d'Arras. Le XIX Korps poursuit sa progression vers la mer. La 1ère Division panzer du général Friedrich Kirchner occupe Amiens. A 19h, la 2ème Division panzer occupe Abbeville. A 20h, l'un de ses escadrons atteint la côte de la Manche à Noyelles-sur-Mer, à environ 13km au nord-ouest d'Abbeville.
Dans la nuit du 20 au 21 mai 1940, sur la rive droite de la Somme, d'Abbeville à la côte, les Allemands créent ainsi dans les lignes alliées un couloir d'une trentaine de kilomètres de large.
Ils isolent quarante-cinq divisions alliées et plus d'un demi-million d'hommes dans une énorme poche, appellée la "Nasse belge". 287,000 soldats britanniques de Lord Gort, 172,000 Français de la 1ère Armée et des restes des 7ème et 9ème Armées, ainsi que l'Armée belge.
Adolf Hitler exulte et déclare que l'armistice sera signé à Rethondes, en forêt de Compiègne, à l'endroit même où fut signé la capitulation allemande le 11 novembre 1918, et que la France devra restituer "tous les territoires dont elle s'est emparée dans cette région depuis quatre-cent ans".
5° Plan Weygand et bataille de la Lys et de l'Yser (20-28 mai 1940).
Le 19 mai 1940, à Paris, le maréchal Philippe Pétain est nommé vice-président du Conseil. Paul Reynaud, le président du Conseil, désemparé par l'ampleur de la débâcle, limoge le commandant en chef de l'Armée française, Maurice Gamelin, et le remplace par le général Maxime Weygand, âgé de 73 ans et rappelé d'urgence du Levant.
Les sept divisions panzers qui ont percé le front français entre Namur et Sedan se réorganisent dans la région entre Cambrai et Péronne. Le général Erwin Rommel réussit à convaincre son supérieur direct, le général Hermann Hoth, commandant du XV Korps motorisé, de laisser à sa 7ème Division panzer l'occasion d'occuper les hauteurs stratégiquement importantes qui dominent Arras, défendu par le Corps Expéditionnaire britannique (BEF) de Lord Gort.
Vingt-quatre heures après la capture d'André Corap, c'est au tour du général Henri Giraud, qui vient juste de lui succéder à la tête de la 9ème Armée française, et de tout son état-major, d'être fait prisonniers par les Allemands. Les débris de la 9ème Armée française sont intégrés dans la 7ème Armée française du général Aubert Frère.
Le 21 mai 1940, à partir d'Arras, sur la Scarpe, des unités de la British Expeditionary Force (BEF), regroupés au sein de la "Frankforce", lancent vainement une attaque vers Bapaume, dans l'espoir de briser leur encerclement dans les Flandres. Les pièces PaK de 37mm de la Wehrmacht se révèlent incapable de percer le blindage des chars Matilda II, mais après un bon départ, ils sont stoppés par les 88mm antiaériens reconvertis et refoulés, puis forcés de regagner leurs positions de départ.
Dans la région au sud-est de Lille, la 1ère Armée française du général George Blanchard tente également une manoeuvre de dégagement en direction de Cambrai, sans plus de succès que les Britanniques.
Dans la région d'Abbeville, les sept divisions panzers du général Ewald von Kleist élargissent le couloir allemand créé la veille.
En Belgique, la 9ème Armée française est maintenant virtuellement détruite. Au nord de la poche alliée, sur le canal Gand-Terneuzen et l'Escaut, entre Audenarde et Terneuzen, ce qui reste de l'Armée belge organise une ligne de défense.
Carte ci-dessous: situation du 21 mai au 4 juin 1940.
Le 22 mai 1940, Weygand ordonne aux troupes alliées isolées en Belgique et dans le nord du Pas de Calais d'attaquer vers le sud pour rejoindre les unités attaquant vers le nord depuis la Somme, et briser leur encerclement. Il fait monter vers le front de la Somme toutes les unités disponibles en France pour exécuter son plan.
Dans le chateau de Vincennes, le nouveau commandant en chef des forces armées françaises expose au président du Conseil Paul Reynaud et au Premier ministre britannique Winston Churchill son plan destiné à briser l'anéantissement des forces franco-britanniques prises au piège en Flandre. Les Britanniques du BEF et les restes de la 1ère Armée française doivent se replier des positions de l'Escaut sur la côte, à la frontière franco-belge.
D'après ce plan, les restes de l'Armée belge se replieraient sur l'Yser, tandis que les Franco-Britanniques attaqueraient en force en direction du sud-ouest, pour percer le couloir allemand et briser leur isolement.
Simultanément, les troupes de la 10ème Armée française du général Robert Altmayer, au sud du couloir, franchiraient la Somme, puis, par une attaque vers le nord, feraient leur jonction avec les forces alliées encerclées. Weygand pense que cette triple manoeuvre devrait permettre de briser le couloir formé par les divisions blindées allemandes et sauver ce qui peut l'être.
A Paris et à Londres, le "Plan Weygand" obtient l'agrément des hommes politiques français et britannique. Malheureusement, malgré l'arrêt imprévu de la progression allemande entre le 23 et le 25 mai, aucune des manoeuvres prévues ne pourra se réaliser. En tout premier lieu, les Belges ne sont absolument pas disposés à se replier plus à l'ouest de la Lys.
En second lieu, bien loin de pouvoir attaquer à partir d'Arras en direction du sud, les divisions britanniques de Gort éviteront de justesse l'encerclement en évacuant la ville dans la nuit du 23 au 24 mai.
L'attaque franco-britannique à partir du nord sera donc reporté au 26 mai. Mais, dans la nuit du 25 au 26 mai, Gort doit détourner sur Ypres plusieurs de ses divisions destinées à l'offensive afin de colmater une brêche dans le dispositif allié, à l'endroit précis où les lignes de défense britanniques et belges doivent se souder.
Enfin, et c'est le plus grave, sur le terrain il n'y a plus aucune coordination entre troupes françaises, belges et britanniques.
Le 23 mai 1940, dans la zone d'opération du XIX Korps motorisé du général Heinz Guderian, Boulogne tombe aux mains de la 2ème Division panzer. Calais est encerclée par la 1ère Division panzer. La garnison française capitulera le 27 mai.
Dans la zone d'opération du XV Korps motorisé du général Hermann Hoth, la 7ème Division panzer d'Erwin Rommel s'empare d'Arras, abandonnée par les Britanniques.
L'offensive de la 10ème Armée française du général Robert Altmayer sur la Somme, entre Peronne et Amiens, désormais sans espoir, est arrêtée.
En Belgique, la 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau perce le front de l'Armée belge, franchit l'Escaut et s'empare de Courtrai. Au nord, la 18ème Armée allemande du général Georg von Küchler perce le front belge sur le canal Gand-Terneuzen, qu'elle franchit en force.
En Allemagne, Adolf Hitler et le maréchal Gerd von Rundstedt, commandant du Heeresgruppe (Groupe d'armées) A, sans doute par crainte de voir se développer des attaques sur leurs arrières et leurs lignes de communication étirées au maximum, et contre l'avis des généraux Erich von Manstein et Heinz Guderian, ordonnent aux divisions panzers d'Ewald von Kleist de ralentir leur progression.
En une semaine, certaines de ces unités panzers ont parcouru plus de 400 km, sans se préoccuper de ce qu'elles laissaient à droite ou à gauche, ou de l'accompagnement de l'infanterie, qui éprouve de la peine à suivre le rythme.
C'est cette hésitation qui va permettre le réembarquement du corps expéditionnaire britannique et le sauver de l'anéantissement total. Une hésitation qui privera Hitler d'une victoire totale en Europe.
Le 24 mai 1940, le XIX Korps donne l'assaut à Calais, encerclée. En Flandre, après avoir culbuté la veille l'Armée belge, la 6ème Armée allemande du général Walter von Reicheneau franchit en force l'Escaut, et se dirige vers la Lys et l'Yser.
Le 25 mai 1940, les Franco-Britanniques encerclés dans les Flandres entament leur repli général vers la région côtière Dunkerque-Malo les Bains-Zuidcoote-Bray Dunes et y établir un périmètre défensif. Les restes de l'Armée belge s'effrondrent entre Geluwe et la Lys.
Le 26 mai 1940, après l'effondrement de l'Armée belge, Leopold III informe ses alliés franco-britanniques que sa situation est devenue critique et que sa fin est proche. De son côté, le gouvernement belge prie le Roi de quitter son pays, comme l'ont déjà fait la reine des Pays-Bas et la Grande-Duchesse de Luxembourg. Léopold III refuse.
En France, dans la zone d'opération du XIX Korps motorisé, après les assauts allemands répétés des deux derniers jours, la garnison française de Calais capitule.
En Grande-Bretagne, le commandant de la Home Fleet, l'amiral Bertram Ramsey, donne son autorisation pour l'exécution de l'opération Dynamo, le réembarquement des 350,000 Franco-Britanniques enfermés dans la poche des Flandres, dans le secteur Dunkerque-Malo les Bains-Zuidcoote-Bray Dunes.
6° Opération Dynamo: le miracle de Dunkerque (27 mai - 4 juin 1940).
Le 27 mai 1940 débute l'opération Dynamo. Dans la poche de Dunkerque, 198,000 soldats britanniques et 140,000 Français commencent leur réembarquement sur la côte. Les bombardiers de la Luftwaffe bombarde la ville et le port de Dunkerque sans interruption durant toute la journée. Intervention massive de la Royal Air Force en soutien du réembarquement. Dans la soirée, environ 7,669 soldats britanniques et français ont réussi à réembarquer et à regagner l'Angleterre.
Photo: cannonier d'une pièce AA de la Royal Navy couvrant le réembarquement des soldats alliés.
Dans le village de Lestrem, à 10km au nord de Bethune, des hommes de la 4ème Compagnie, 1er Bataillon, 3ème Régiment panzer-SS de la 3ème Division panzer-SS Totenkopf, engagés en France depuis le 16 mai et commandés par le Hauptsturmfuhrer Fritz Knochlein, massacrent 97 prisonniers de guerre britanniques appartenant au 2ème Bataillon du Royal Norfolk Regiment.
En Belgique, dans la soirée, après en avoir informé les gouvernements français et britannique, le Roi Léopold III envoie un parlementaire au QG allemand pour discuter les termes de sa capitulation. A 22h, les Allemands font savoir à l'envoyé du roi de Belgique que le Führer exige une capitulation inconditionnelle des Belges.
Le 28 mai 1940, à 0h30, Léopold III de Belgique signe la capitulation inconditionnelle de son armée. Le gouvernement belge en exil à Limoges le désapprouve. Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur à 4h30 heure de Bruxelles (3h30 GMT). Contrairement à la future capitulation française, le roi des Belges ne s'en tient qu'à la reddition militaire et refuse l'armistice.
Etant commandant suprême de l'Armée belge, il refuse de partir en exil avec son gouvernement, préférant partager le sort de ses troupes. Cela lui vaudra d'être interné par les Allemands. Cette décision, lourde de conséquences sur la politique du pays, sera à l'origine des controverses sur la "Question Royale", qui divisera les Belges de 1945 à 1950.
A Dunkerque, l'opération Dynamo bat son plein. Au crépuscule de ce second jour, 17,804 Britanniques et Français ont réembarqué pour l'Angleterre. La situation des Alliés est catastrophique. La ville et les quais de Dunkerque sont pilonnées jour et nuit par la Luftwaffe, malgré la présence constante de la Royal Air Force.
Les navires britanniques qui réussissent à quitter le port de Dunkerque doivent alors éviter le feu des batteries côtières allemandes installées à Calais, et le harcèlement des U-Boote qui viennent de la mer du Nord.
Photo ci-dessous: soldats français évacués de Dunkerque, débarqués en Angleterre.
Le 29 mai 1940, les Allemands s'emparent de Lille, d'Ypres et d'Ostende. Dans la poche de Dunkerque, sous les attaques continuelles de la Luftwaffe, plus ou moins bien contenue par la Royal Air Force, l'évacuation de Dunkerque se poursuit. Ce troisième jour, 47,310 soldats britanniques et français réembarquent et traversent la Manche pour l'Angleterre.
Le 30 mai 1940, dans la poche de Dunkerque, l'artillerie de campagne britannique tire ses derniers obus pour tenir en respect les troupes allemandes qui avancent. La Luftwaffe coule trois destroyers et en endommagent six autres. Elle envoie également par le fond de nombreux bâteaux de pêche et un certain nombre de cargos employés avec les navires de guerre pour ramener les soldats en Angleterre.
Ce quatrième jour de l'opération Dynamo, 53,823 soldats britanniques et français regagnent l'Angleterre.
Le 31 mai 1940, à Dunkerque, Malo-les-Bains, Zuydcoote et Bray Dunes, 68,014 soldats britanniques et français réussissent à réembarquer. Par ailleurs, l'Amirauté britannique décide de retirer de l'opération Dynamo tous les destroyers modernes, car elle ne peut plus se permettre de perdre d'autres navires de ce type.
Lord Gort, commandant la British Expeditionnary Force, et le lieutenant-général Alan Francis Brooke, commandant du II Corps britannique, embarquent pour Douvres. Les troupes anglaises encore en France passent sous commandement du major-général Harold Alexander.
Le 1er juin 1940, l'artillerie et l'aviation allemandes soumettent le littoral de Dunkerque à un barrage d'artillerie intensif et ininterrompu jour et nuit. La Luftwaffe lance également son attaque la plus violente contre les navires alliés depuis le début de l'opération Dynamo.
En quelques heures, quatre destroyers, dont le français Le Foudroyant, deux ferry-boats, un dragueur de mines et une canonière sont coulés. La ligne de défense britannique est enfoncée à Bergues, à 7km de Dunkerque. Les arrière-gardes britanniques doivent se replier sur la côte.
A la suite de la reprise de l'offensive terrestre allemande contre la poche de Dunkerque, l'Amirauté britannique décide de suspendre momentanément les opérations de réembarquement de jour pour l'Angleterre. Néammoins, ce 1er juin, avant que cet ordre ne soit appliqué, 64,429 soldats franco-britanniques réussissent à traverser La Manche.
Dans la nuit du 1er au 2 juin 1940, 26,256 Franco-Britanniques sont évacués vers l'Angleterre. Dans la nuit du 2 au 3 juin 1940, 26,746 Franco-Britanniques.
Le 3 juin 1940, Les Allemands lancent leur ultime attaque contre le périmètre défensif de Dunkerque. Les arrière-gardes françaises doivent se replier sur une nouvelle ligne située à moins de 3km de l'extrémité de la jetée orientale du port de Dunkerque.
Dans la nuit suivante, La Royal Navy embarque pour la dernière fois 26,175 soldats franco-britanniques pour l'Angleterre.
Le 4 juin 1940, à 3h40 du matin, le destroyer Shikari lève l'ancre. C'est le dernier navire britannique qui quitte Dunkerque, avec à son bord environ un millier de soldats français, mais malheureusement, il reste encore sur le littoral plusieurs milliers de soldats alliés. A l'aube, les Allemands mettent le pied sur la plage de Dunkerque.
Depuis le 27 mai, 338,226 soldats alliés (198,229 Britanniques et 139,997 Français) ont réussi à quitter le littoral franco-belge, sauvés par une flotte hétéroclite de 850 navires, dont 700 navires marchands, simples bâteaux de pêches, navires de plaisance, yachts privés, et même des bâteaux pompes des services anti-incendie de la Tamise. L'opération Dynamo a été dirigée par le commandant du département maritime de Douvres, l'amiral britannique Bertram H. Ramsey, qui a réquisitionné toutes les embarcations disponibles, militaires ou civils.
Plus tard, environ 100,000 soldats français seront rapatriés en Bretagne et dans la Cotentin pour participer à la "Bataille de France".
Au cours de ce sauvetage grandiose et désespéré, les Alliés ont perdu environ 220 navires et embarcations de toutes sortes, dont six destroyers britanniques et trois destroyers français. 19 autres destroyers alliés ont été endommagé à des degrés divers. Les pertes humaines de la Royal Navy et de la Marine française s'élèvent à 22,698 tués. 177 avions de la Royal Air Force, dont 40% de bombardiers, ont été perdu du 27 mai au 4 juin, contre 240 avions de la Luftwaffe.
Appliquant le principe militaire selon lequel le personnel doit être sauvé avant le matériel, la BEF a abandonné sur les plages françaises la totalité de son matériel.
Les Allemands s'emparent ainsi d'un fabuleux trésor de guerre: 2,472 pièces d'artillerie, 65,000 véhicules motorisés, 130,000 mitrailleuses, 416,000 tonnes de vivres, 76,000 tonnes de munitions et 162,000 tonnes de carburant. La Grande-Bretagne se retrouve ainsi pratiquement désarmée. Après cette évacutation de Dunkerque, il ne lui reste plus, sur le sol métropolitain, que 500 pièces d'artillerie disponibles, en comptant celles que l'on retire des musées.
A Londres, parlant à la Chambre des Communes, le Premier ministre Winston Churchill déclare que si l'Angleterre venait à être occupée par les Allemands, elle continuerait la guerre à partir des territoires de l'Empire britannique.
Voir aussi:
Evacuation of Dunkirk
Plan Rouge (5-25 juin 1940): la "Bataille de France".
Adolf Hitler informe ses subordonnés réunis à Cambrai, qu'il a décidé de "rassembler immédiatement les forces blindées et les préparer à une action décisive vers le sud, Paris et la Loire, afin de "régler définitivement ses comptes avec l'Armée française". C'est le "Plan Rouge" (Fall Rot).
Von Bock déplace sur la Somme ses 4ème, 6ème et 18ème Armées allemandes, pour leur faire prendre position au côté des 2ème, 9ème, 12ème et 16ème Armées de von Rundstedt, déjà positionnées sur l'Aisne et la Meuse.
Dix divisions panzers sont réorganisées en cinq Korps motorisés. Trois d'entre-eux sont affectés au Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock, les deux derniers au Heeresgruppe A du maréchal Gerd von Rundstedt.
Heeresgruppe B. Maréchal Fedor von Bock.
Composition des cinq Korps motorisés:
De son côté, le général Maxime Weygand, commandant en chef des armées françaises, a l'intention de contre-attaquer précisément à partir du sud du couloir dans lequel s'étaient engouffrés les divisions panzers de Gerd von Rundstedt, région où se trouve concentré le gros des forces françaises.
Il oppose donc à la Wehrmacht les grandes formations suivantes:
Sur la gauche du dispositif, le IIIème Groupe d'armées du général Antoine Besson, disposé sur la Somme, entre son embouchure et Noven, avec les 10ème et 7ème Armées françaises, respectivement commandées par les généraux Robert Altmeyer et Aubert Frère.
Au centre, le IVème Groupe d'armées du général Charles Huntziger, disposé sur l'Aisne et la Meuse, entre Soissons et Verdun, avec les 6ème, 4ème et 2ème Armées françaises, respectivement commandées par les généraux René Olry, Edouard Requin et Henry Fredenberg.
Et sur sa droite, le IIème Groupe d'armées du général André Prétélat, disposé sur la ligne Maginot et le Rhin, entre Montmédy et Bâle, sur la frontière suisse, avec 3ème, 5ème et 8ème Armées françaises, respectivment commandées par les généraux Charles Condé, Victor Bourret et Emile Laure.
Le 5 juin 1940, à 2h du matin, la Bataille de France, ou le "Plan Rouge" (Fall Rot), débute par une violente préparation d'artillerie terrestre et aérienne allemande sur la Ligne Weygand, établie sur la Somme, l'Aisne et la Meuse.
L'offensive terrestre allemande débute à l'aube. Y participent, d'Abbeville à Verdun, les 4ème, 18ème, 6ème, 9ème, 2ème, 12ème et 16ème Armées allemandes, avec 60 divisions, dont 10 de panzers.
De son côté, le général Maxime Weygand adresse à ses troupes un appel affligé: "Puisse la pensée des souffrances de notre pays insuffler en vous la ferme résolution de résister. Le destin de la nation et l'avenir de vos enfants dépendent de votre détermination." Cet "ordre Weygand" est donné à toutes les unités de défendre leurs positions "sans esprit de recul".
Weygand, dès sa prise de commandement, le 19 mai 1940, avait tenté d'arrêter, sans succès, la course à la mer de la Wehrmacht, par des contre-attaques (21-31 mai) en direction d'Arras et d'Amiens. Celles-ci ayant échoué, il organise une nouvelle ligne de défense sur la Somme et l'Aisne. Des renforts et des éléments provenant des autres théâtres d'opération (Alpes, Sud-Est, ...) sont regroupés dans un nouveau IVème Groupe d'Armées, commandé par le général Charles Huntziger.
Huntziger, avec l'appui des IIème et IIIème Groupes réorganisés, ses ses flancs droit et gauche, tient un front large de plus de 300 km. Sur ces trois cents kilomètres de front, entre Abbeville et Verdun, 64 divisions françaises, exsangues et au bout du rouleau, font face aux 60 divisions allemandes, recompletées.
Dans le ciel, 1,000 avions français contre 3,200 avions allemands.
En face d'Amiens et de Reims, les Allemands ont disposés dix divisions panzers en quatre formations de choc: XIV (Gustav von Wietersheim), XV (Hermann Hoth), XVI (Erich Hoepner), XIX (Heinz Guderian) Korps motorisés, avec un effectifs total d'environ 3,000 blindés.
Carte ci-dessous: situation du Plan Rouge du 4 au 12 juin 1940.
60 divisions de la Wehrmacht déclenchent le "Plan Rouge" et donnent l'assaut aux unités françaises sur la Somme, l'Aisne et la Meuse, entre le 5 et le 9 juin.
Les Français se défendent vaillament mais, dans la nuit du 8 au 9 juin, le Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock perce le front français et s'engouffre dans la trouée vers Paris.
Le lendemain, 9 juin 1940, le Heeresgruppe A commandé par le maréchal Gerd von Rundstedt s'empare de Reims.
Le 10 juin 1940, le gouvernement de Paul Reynaud, pris de panique, abandonne la capitale pour Tours. Paris est déclaré "ville ouverte".
Pendant trois jours, la résistance française est acharnée, mais le 11 juin, la retraite des Français qui font face à von Bock contraint ceux qui luttent contre von Rundstedt, le IVème Groupe d'Armées d'Huntziger, à se replier sur la Marne. Von Rundstedt en profite pour s'engouffrer dans le vide ainsi créé.
Et le 12 juin 1940, Guderian déborde Paris par l'est. Les panzers de Hoth menacent la capitale française par l'ouest et atteignent la Seine.
Les Allemands entrent dans Paris le 14 juin 1940, déserté par le gouvernement et l'armée, sans tirer le moindre coup de feu, et la Wehrmacht défile triomphalement sur les Champs Elysées.
Trois jours plus tôt, le 11 juin 1940, le Premier ministre Winston Churchill s'est rendu à Tours pour rencontrer Reynaud et le presser de poursuivre la résistance. Churchill retourne à Londres avec le général Charles de Gaulle, que Reynaud a nommé Sous-secrétaire d'Etat à la Guerre le 5 juin.
Le 14 juin 1940, les Heeresgruppen A et B ont déjà traversé la Seine en force et progressent vers la Loire. Le Heeresgruppe C du maréchal Wilhelm von Leeb, inactif jusqu'à présent, passe à l'offensive, perce la ligne Maginot dans la région de Sarrebourg-Bitche, et déferle en Alsace vers Strasbourg, Nancy et Luneville.
Carte ci-dessous: situation du Plan Rouge du 13 au 25 juin 1940.
Ce même jour, débute l'opération Ariel, l'évacuation de 215,000 soldats alliés par la Royal Navy à partir des ports de Cherbourg, Saint-Malo, Saint-Nazaire, Brest et Nantes. Elle se poursuivra jusqu'au 25 juin. C'est en quelque sorte une répétition de l'opération Dynamo et un deuxième "miracle de Dunkerque".
Photo ci-dessous: l'opération Ariel (14-25 juin 1940), l'évacuation de 215,000 soldats français, polonais et britanniques par la Royal Navy, fait figure de "second miracle de Dunkerque". 1° Colonne de soldats britannique à partir de Brest, 15 juin 1940. 2° Navires d'évacuation de la Royal Navy vers l'Angleterre, 15 juin 1940.
Le 15 juin 1940, à l'est, la 7ème Armée allemande du général Friedrich Dollmann perce la Ligne Maginot, traverse le Rhin et s'empare de Colmar. Le Heeresgruppe C et la 16ème Armée allemande du Heeresgruppe A encerclent ce qui reste du IIème Groupe d'armées français dans une poche à l'est d'Epinal. La poche française d'Epinal déposera les armes le 22 juin.
Le 16 juin 1940, Winston Churchill propose au gouvernement de Paul Reynaud l'idée audacieuse du Français Jean Monet: la fusion de la France et du Royaume-Uni en un seul Etat, avec un seul gouvernement et une seule armée, pour combattre le Troisième Reich jusqu'au bout.
Mais la situation militaire sur le front se dégradant rapidement, certains membres du Conseil des ministres réfugiés à Bordeaux paraissent d'avis de demander les conditions d'armistice aux Allemands.
Le 16 juin 1940 à 17h, devant le refus du gouvernement français de fusionner avec la Grande-Bretagne, Paul Reynaud annonce sa démission. Dans la soirée, le Président de la République Albert Lebrun nomme le maréchal Philippe Pétain, vice-président du Conseil, tout auréolé de ses victoires passées, comme successeur de Reynaud.
Quelle n'est pas la surprise de Lebrun en voyant Pétain sortir une liste de son futur gouvernement déjà toute prête! Le nouveau cabinet Pétain se rallie à la proposition de Camille Chautemps, qui veut demander immédiatement les conditions de l'armistice de l'Allemagne, par l'intermédiaire de l'Espagne.
Le soir, alors que de Gaulle a quitté Londres pour Bordeaux, et ignore tout de la nouvelle situation, Pétain télégraphie la nouvelle à Winston Churchill. La réponse du Premier ministre est la suivante: "A condition que la flotte française rejoigne immédiatement les ports britanniques pendant les négociations, le gouvernement de Sa Majesté donne son plein consentement au gouvernement français pour qu'il engage des pourparlers d'armistice avec les Allemands."
Lorsque de Gaulle atterit à Bordeaux, il est furieux et ulcéré par la décision du gouvernement français de capituler.
A 23h, Pétain charge son ministre des Affaires étrangères, Paul Baudoin, de contacter les Allemands et les Italiens pour entamerles négociations en vue de sa capitulation.
Dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, aux environs de minuit, par le canal de l'ambassadeur d'Espagne à Paris, le gouvernement français présente officiellement sa demande d'armistice aux gouvernements allemand et italien.
Le matin du 17 juin 1940, de Gaulle reprend l'avion pour Londres. A midi, le maréchal Pétain, le nouveau président du Conseil français,s'adresse par radio à la nation pour lui annoncer que des pourparlers d'armistice sont en cours avec les Allemands.
En Grande-Bretagne, Winston Churchill s'adresse sur la radio de la BBC au peuple britannique pour lui faire part de la démarche d'armistice des Français. Il affirme que "la bataille de France" est terminé, et que "la bataille d'Angleterre" va bientôt commencer. Mais que les Allemands ne sont pas encore prêts.
Pourtant, sur la Loire, des unités françaises continuent de se battre. Notamment à Saumur, le 19 juin, où les Cadets de l'école de cavalerie défendent avec héroisme les ponts sur la Loire.
Le 18 juin 1940, à 18h, à Londres, le général Charles de Gaulle lance sur les ondes de la BBC son célèbre "Appel du 18 juin".
Le 19 juin 1940, dans les ports de Bayonne et de Saint-Jean de Luz, la Royal Navy évacue en Angleterre 190,000 soldats alliés, dont le contingent polonais.
Le 21 juin 1940, la délégation française d'armistice est reçue à Rethondes, dans la foret de Compiègne, dans le Wagon "Foch" à l'endroit exact où l'Allemagne avait capitulé le 11 novembre 1918. Le lendemain, après de laborieuses tractations, le général Charles Huntziger signe, en présence d'Hitler, l'Armistice et la capitulation de la France, qui devront entrer en vigueur le 25 juin.
Ce même jour, Benito Mussolini, qui a déclaré la guerre à la France et à la Grande-Bretagne le 10 juin, profitant de la victoire allemande, lance son offensive générale dans les Alpes et annexera bientôt tout le sud-est de la France.
Le 25 juin 1940, les opérations militaires cessent partout en France, exceptées quelques poches de résistance qui lutteront ici et là jusqu'au début du mois de juillet. La zone d'occupation allemande fixée par la convention d'armistice était plus petite que le territoire que la Wehrmacht avait conquis.
Trois jours plus tôt, la Wehrmacht s'était avancée jusqu'en Isère, à Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et Vichy. Elle se voit contrainte d'évacuer ces villes et de reculer.
Par contre, elle gagne les côtes atlantiques qu'elle n'occupait pas le 22 juin, à savoir de l'Estuaire de la Gironde jusqu'à la frontière espagnole. Ce sera le tracé de la futur ligne de démarcation, jusqu'à l'invasion allemande de la "Zone Libre", le 11 novembre 1942.
Bilan et conséquences de la Bataille de France (10 mai - 25 juin 1940).
Au cours de cette campagne de six semaines, la Wehrmacht a perdu (3) 27,074 tués, 110,034 blessés et 18,384 disparus, ainsi que 753 chars. La Luftwaffe, de son côté, enregistre la perte de 1,428 avions détruits et 488 autres endommagés, soit 36% des effectifs aériens engagés dans la bataille.
Selon le Service Historique de la Défense, l'Armée française a enregistré au cours de cette même période la perte de 85,310 tués, dont 5,400 Maghrébins, 12,000 disparus et plus de 1.5 million de prisonniers de guerre, qui prennent bientôt le chemin de l'Allemagne. En mai 1945, les Alliés rapatrieront 940,000 d'entre-eux. Entretemps, 24,600 prisonniers seront morts en captivité, 71,000 se seront évadés, et 220,000 relâchés en vertu des accords signés entre le Troisième Reich et le gouvernement de Vichy. La plupart des prisonniers français serviront comme "force de travail" dans les villes et campagnes allemandes. L'Armée de l'Air, de son côté, a perdu 1,274 avions détruits (4).
Les pertes des autres alliés se répartissent ainsi:
La défaite et les conditions d'armistice divisent le territoire métropolitain en deux parties. Au nord, la "Zone Occupée" par l'Allemagne. Au sud, la "Zone Libre" gouvernée par le régime collaborationniste de Vichy du maréchal Philippe Pétain. En novembre 1940, s'établiera une frontière (strictement fermée) entre les deux, la "Ligne de Démarcation".
Photo ci-dessous: réaction des Parisiens lors du défilé des troupes allemandes sur les Champs Elysées, le 14 juin 1940.
A Londres, le général Charles de Gaulle refuse de reconnaitre le gouvernement de Vichy et décide de poursuivre le combat aux côtés des Alliés. Après son "Appel du 18 juin", il fonde le mois suivant le Comité National Français (CNF) et les Forces Françaises Libres (FFL). Certaines colonies, comme l'Afrique Equatoriale française, se ralieront bientôt à lui.
Photo ci-dessous: le général Charles de Gaulle parle à la BBC de Londres durant la guerre.
Selon les termes de l'armistice, ce qui reste de l'Armée française est démobilisé ou doit déménagé en Afrique du Nord. Ne peut demeurer sur le territoire national qu'une minuscule "Armée de paix" de moins de 100,000 hommes. La Marine nationale et l'Armée de l'Air doivent également quitter la Zone Occupée et gagnent soit la Zone Libre, soit des bases en Afrique du Nord.
Au sujet sensible de la marine de guerre française, encore pratiquement intact et qui représente une force redoutable, l'amiral François Darlan a assuré au Premier ministre Winston Churchill que ses navires ne tomberont jamais aux mains des Allemands. Mais l'Amirauté britannique doute et ne croit pas trop à ces promesses.
Le 3 juillet 1940, une escadre aéronavale commandée par l'amiral sir James Somerville déclenche l'opération Catapult. Après avoir envoyé un ultimatum à l'amiral Marcel-Bruno Gensoul, lui enjoignant d'appareiller soit pour Malte, soit pour Alexandrie, en Egypte. Mais celui-ci tergiversant, les Britanniques interprètent cela comme un refus. La mort dans l'âme, Somerville ordonne d'ouvrir le feu. Les navires et l'aviation embarquée britanniques bombardent alors les navires français au mouillage dans leur base de Mers-el-Khebir, en Algérie. Le cuirassé Bretagne est coulé, et le destroyer Mogador s'échoue. Trois autres Battleship (Dunkerque, Provence et Strasbourg) et plusieurs destroyers sont endommagés. Après avoir subi des réparations sommaires, ceux-ci appareillent et trouvent refuge à Toulon. Au cours de cette triste affaire, 1,297 marins français trouvent la mort, et 350 autres sont blessés.
Les conséquences de Mers-el-Khebir ne tardent pas à se faire sentir: les relations entre le gouvernement britannique et la France Libre se refroidissent, les propagandes allemande et vichyste vont en profiter au maximum.
Photo ci-dessous: le cuirassé Strasbourg sous le feu des navires britanniques.
(3) Karl-Heinz Frieser: Blitzkrieg-Legende, 2nd ed., Munich 1996, page 400.
(4) E.R Hooton 2007, pages 47-48: Hooton uses the National Archives in London for RAF records. Including "Air 24/679 Operational Record Book: The RAF in France 1939–1940", "Air 22/32 Air Ministry Daily Strength Returns", "Air 24/21 Advanced Air Striking Force Operations Record" and "Air 24/507 Fighter Command Operations Record". For the Armee de l'Air Hooton uses "Service Historique de Armee de l'Air (SHAA), Vincennes".
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La Bataille de France (mai-juin 1940).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la "Bataille de France" est l'invasion allemande des Pays-Bas, de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg et de la France en 1940. L'offensive, entamée le 10 mai 1940, met fin à la Drôle de guerre, et se termine le 22 juin par la capitulation des forces armées françaises et la signature de l'Armistice par le gouvernement Pétain.
Article modifié le 10 mai 2020.
Sources principales:
• Battle of France (Wikipedia.org)
Drôle de guerre.
Entre la déclaration de guerre franco-britannique, le 3 septembre 1939, et le déclenchement de l'offensive générale allemande sur le front occidental, le 10 mai 1940, s'est instaurée une période d'accalmie appellée "Drôle de Guerre" (Phoney War ou Sitzkrieg).
Bien que l'essentiel de l'Armée allemande soit engagée en Pologne, et malgré les deux alliances militaires anglo-polonaise et franco-polonaise, la France et la Grande-Bretagne restent cantonnés sur la défensive, dans les fortifications de la Ligne Maginot qui s'étant de Bâle, sur la frontière suisse, jusqu'à Sedan, sur la Meuse. Dans les faits, ils abandonnent la Pologne à son sort.
Le 7 septembre 1939, deux corps d'armée comprenant neuf divisions françaises entament bien une offensive en Allemagne, l'Opération Sarre, mais le commandant suprême français lui-même, le général Maurice Gamelin, n'y croit pas trop. Cette offensive si prometteuse se transforme très vite en "promenade militaire" et avance à l'allure d'escargot. Après avoir progressé de 8km en Allemagne, en deux semaines et pratiquement sans rencontrer d'opposition sérieuse, Gamelin ordonne le retrait général. Le 30 septembre, les derniers soldats français repassent la frontière allemande et regagnent leurs casernement dans la Ligne Maginot.
Par la faute des hésitations et de l'incompétence de l'état-major français, c'est la fin d'une opportunité extraordinaire d'envahir l'Allemagne, et une formidable occasion manquée de mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale, moins d'un mois après qu'elle a commencé.
Photo ci-dessous: un soldat français (151ème R.I., 42ème Division d'infanterie) en territoire allemand, pendant l'offensive Sarre, le 9 septembre 1939.
Plan Schlieffen de 1914 révisé: plans Halder et von Manstein.
Le 6 octobre 1939, Adolf Hitler adresse aux deux alliés occidentaux une offre de paix. Trois jours plus tard, dans le cas d'une réponse négative, il signe sa directive n°6 (Führer-Anweisung N°6) et ordonne au Commandement suprême militaire allemand (OKH) de préparer les plans d'une campagne sur le front occidental, dans l'intention d'écraser la France et la Grande-Bretagne. Hitler pose la défaite des deux puissances occidentales comme condition préliminaire à ses futures opérations de conquête de l'Union Soviétique.
Photos ci-dessous: 1° Général Franz Halder, chef d'état-major du Commandement militaire allemand en 1939-1940. 2° Maréchal Gerd von Rundstedt, commandant en Chef du Heeresgruppe A. 3° Erich von Manstein, concepteur du plan "Coup de faucille".
Carte ci-dessous: évolution des plan de Fall Gelb en 1939-1940, et le plan original Schlieffen de 1914.
Les plans d'opération d'Halder sont largement inspirés du plan Schlieffen. En août 1914, au début de la Grande Guerre, l'Armée impériale allemande avait pénétré en Belgique et traversé le massif des Ardennes. Dans un gigantesque mouvement tournant par le nord, avec Paris et la Marne comme pivot, après avoir percé l'aile gauche de l'armée française, concentrée dans l'Est de la France, son intention était alors de la prendre entièrement au piège en Alsace-Lorraine en atteignant la frontière suisse.
Hitler juge irréaliste ce plan, les effectifs de la Wehrmacht étant alors insuffisants pour le mener à bien. Il estime que l'armée allemande ne sera pas prête pour un plan de cet envergure avant 1942! Or il veut une offensive dans les plus brefs délais et une victoire rapide, avant que la période d'impréparation des Alliés ne prenne fin. Il avance une première date de l'offensive fixée le 12 novembre. Mais celle-ci sera à plusieurs reprises ajournées, les militaires parvenant à convaincre Hitler qu'ils ont besoin de plus de temps pour se préparer.
Le 29 octobre 1939, l'OKH lui présente donc un Plan Jaune modifié, en ajoutant une attaque secondaire (diversion) sur l'axe Liège-Namur. Mais Hitler n'est pas le seul à critiquer le plan d'Halder. Le maréchal Gerd von Rundstedt, commandant du Heeresgruppe A, est également en désaccord avec le chef d'état-major de l'OKH. A la différence d'Hitler, en soldat professionnel, celui-ci cherche avant tout à l'améliorer au lieu de le rejeter en bloc.
Le 31 octobre 1939, le lieutenant-général Eric von Manstein, le chef d'état-major du Heeresgruppe A de von Rundstedt, partisan acharné des nouveaux préceptes de la doctrine d'emploi des blindés et de la guerre de mouvements, présente un autre plan alternatif, désigné "Plan Coup de Faucille" (Fall Sichelschnitt).
Des divisions panzers, sous le couvert du massif forrestier ardennais, devront progresser, rapidement et discrètement, vers la Meuse et la Sambre, dans un secteur réputé peu pratiquable pour les unités mécanisées et faiblement défendu, entre Dinant et Sedan, où prend fin la Ligne Maginot. Là, elles devront effectuer un "mouvement tournant" et foncer direction nord-ouest vers la Manche, de manière à enfermer dans une énorme poche, la "Nasse Belge", les armées françaises et le Corps Expéditionnaire Britannique (BEF) de Lord Gort, qui auront appliqué le "Plan Dyle" et s'y seront imprudemment engoufrées. Cette manoeuvre de von Manstein, de par sa hardiesse et son effet de surprise tactique, enthousiasme Hitler qui l'impose aux militaires allemands réticents.
Ordres de bataille allemand et alliés.
1° Allemagne.
L'Allemagne nazie a déchiré le Traité de Versaille et rétablit la conscription militaire en 1935. Le 10 mai 1940, le Haut-Commandement militaire (OKH) dispose au total de 157 divisions. Un effectif total de 5.4 millions d'hommes, dont environ trois millions vont être engagé dans la bataille sur le front occidental. 79 de ces divisions ont complété leurs formations ou leur instruction. 14 autres sont assignées au Heeresgruppe C disposé face à la Ligne Maginot, et ne prendront pas part aux opérations initiales.
La Wehrmacht va donc engager sur le Front Ouest 93 divisions, dont dix de panzers et six motorisées. 39 d'entre-elles sont des unités de réserves. Et environ un quart des troupes allemandes engagées sont constituées de vétérans de la Première Guerre mondiale, âgés de 40 ans ou plus. Elle dispose au total sur le front occidental de 2,700 chars et canons autopropulsés.
Carte ci-dessous: disposition des forces en présence le 10 mai 1940. En traits rouges: le Plan Coup de Faucille de von Manstein.
Les dix divisions panzers allignent 2,574 chars sur le front occidental le 10 mai 1940, dont 523 Panzer-I ou Panzerkampfwagen I (PzKpfw I), 955 Panzer-II (PzKpfw II), 343 Panzer-III (PzKpfw III) et 278 Panzer-IV (PzKpfw IV), ainsi que 106 Panzer 35(t) et 228 Panzer 38(t) d'origine tchèque.
Photos ci-dessous: respectivement Panzer-I, Panzer-II, Panzer-III, Panzer-IV, Panzer 35(t) et Panzer 38(t).
La Luftwaffe, de son côté, a divisé ses forces en deux groupes. Le premier, avec 1,815 avions de combat, 487 avions de transport et 50 planeurs, est destiné au soutien du Heeresgruppe B. Le second, 3,826 avions de combat, est assigné aux Heeresgruppen A et C.
Photo ci-dessous: quelques-uns des modèles d'avions les plus courants de la Luftwaffe en mai-juin 1940. 1° Junker Ju-87B Stuka, ici photographiés durant la campagne de Pologne. 2° Messerschmitt Bf-109E Emil. 3° Heinkel He-111E.
Au nord du dispositif allemand, le Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock, qui rassemble 30 divisions disposées sur toute la longueur de la frontière hollandaise, de la Mer du Nord jusqu'à Aix-la-Chapelle.
Au centre, dans le Schnee Eifel, le long des frontières belges et luxembourgeoises, le Heeresgruppe A de Gerd von Rundstedt rassemble 45 divisions, dont le groupement blindé Guderian, avec sept divisions panzers. Disposées du nord au sud, les 4ème, 12ème et 16ème Armées allemandes, commandées par les généraux Günther von Kluge, Wilhelm List et Ernst Busch. Le fer de lance est bien sûr les unités blindées, réparties en trois Korps motorisés, chargées de s'emparer des ponts sur la Meuse.
Au sud du dispositif allemand, le long du Rhin et de la ligne Maginot, le Heeresgruppe C de Wilhelm von Leeb, constitué des 1ère et 7ème Armées allemandes, avec 14 divisions, chargé de fixer le plus grand nombre possible de divisions françaises sur la Ligne Maginot, de la Moselle jusqu'à Bâle, sur la frontière suisse.
2° Force Expéditionnaire britannique.
La Force Expéditionnaire britannique, commandée par Lord Gort, alligne en France douze divisions d'infanterie, et une brigade blindée, réparties en trois corps d'armées, avec un effectif total de 316,000 hommes. Le I Corps, commandé par le lieutenant-général Michael Barker (puis le major-général Harold Alexander). Le II Corps, commandé par le lieutenant-général Alan F. Brooke (puis le major-général Bernard Montgomery). Et le III Corps, commandé par le lieutenant-général Ronald Adam.
La BEF dispose également d'une composante aérienne, répartie en deux ensembles, l'Air Component et la RAF Advanced Air Striking Force (AASF), allignant au total 348 avions de combat, en grande majorité des Hawker Hurricane, Bristol Blenheim Mk.IF et Fairey Battle Mk.I.
Photos ci-dessous: avions employés par l'AASF en France en mai 1940. 1° Hawker Hurricane Mk.I. 2° Fairey Battle Mk.I.
3° Belgique.
Les Belges allignent dix-huit divisions d'infanterie, deux divisions de chasseurs ardennais et deux divisions de cavalerie. Un effectif de 135,000 hommes.
Ils disposent de 141 avions de chasse, dont 11 Hawker Hurricane et 98 biplans Fairey Fox, démodés et incapables de se mesurer aux chasseurs modernes de la Luftwaffe.
Photo ci-dessous: 1° Hawker Hurricane Mk.I du 350ème Escadron de l'Aéronautique Militaire Belge en mai 1940, sur la base d'Evère/Bruxelles. Ce chasseur robuste était alors équipé de huit mitrailleuses Browning .303. 2° Uniforme de campagne de l'Armée belge en mai 1940.
4° Pays-Bas.
Les Néerlandais disposent de huit divisions d'active, un effectif de 73,000 hommes. Une centaine d'avions, également tous démodés.
5° France.
Le commandement suprême de l'Armée française est assuré par le général Maurice Gamelin. Le Front français du Nord-est est sous les ordres du général Alphonse Georges, qui commande trois Groupes d'armées français et la British Expeditionary Force BEF.
Le Ier Groupe d'Armées du général Gaston Billotte, disposé de la Manche jusqu'à Longuyon, avec trente-quatre divisions françaises et douze divisions britanniques. Respectivement de gauche à droite: la 7ème Armée française (Henri Giraud), le BEF britannique de lord Gort, et les 1ère, 9ème et 2ème Armées françaises, commandées respectivement par Georges Blanchard, André Corap et Charles Huntziger.
A l'est, tout le long de la ligne Maginot jusqu'à Sélestat, est disposé le IIème Groupe d'Armées du général André Prételat, avec les 3ème (Charles Condé), 4ème (Pierre Requin) et 5ème (Victor Bourret) Armées françaises. Trente divisions, dont une britannique (Saar Force) et une polonaise.
Le IIIème Groupe d'Armées du général Antoine Besson, avec la 8ème Armée française du général Marcel Garchery, garde la ligne Maginot de la trouée de Belfort jusqu'à la frontière suisse. L'équivallent de treize divisions.
Le 10 mai 1940, l'Armée française alligne sur le front occidental plus de 4,800 chars, dont 300 B1/B1bis, 250 Somua S35, 945 Renault R35 et 640 Hotchkiss H35/H38/H39, ainsi que plus de 1,500 FT-17 obsolètes datant de la Première Guerre mondiale. C'est un nombre considérable de chars, mais la grande majorité d'entre-eux sont dispersés inutilement par petit nombre sur toute la largeur du front.
Ci-dessous: respectivement chars Renault B1bis, Renault R35, Hotchkiss H39, Somua S35 et Renault FT-17.
Au total, en tenant compte des unités de réserve et de second échelon, les Alliés allignent 137 divisions. 2.9 millions d'hommes. Plus de 5,000 chars, dont 4,800 français. 2,128 avions, dont 1,648 français et 348 britanniques.
Sur les 1,648 avions de l'Armée de l'Air (chasseurs Dewoitine D.520, Morane-Saulnier MS-406 et Potez 630), seuls 599 d'entre-eux (soit 29%) sont opérationnels le 10 mai 1940, dont 170 bombardiers (Bloch MB.210, Breguet 693, Lioré-et-Olivier LeO-45/451).
Photo ci-dessous: quelques-uns des modèles d'avions français les plus connus. 1° Dewoitine D.520. 2° Morane-Saulnier MS-406. 3° Lioré-et-Olivier LeO-451.
Voir aussi:
1° Battle of France - British Expeditionary Force, Order of Battle (Wikipedia.org)
2° Battle for France - French Army, Order of Battle (Orbat.com)
Exécution du Plan Jaune: l'offensive allemande à l'Ouest (10 mai - 4 juin 1940).
1° Bataille de la "Forteresse Hollande" (10-14 mai 1940).
Le 10 mai 1940, à 5h35 du matin, des troupes aéroportées de la 7ème Division aérienne de la Luftwaffe, commandée par le général Kurt Student, sont larguées sur les ponts de Rotterdam, Moerdijk, Dordrecht et Nimègue, aux Pays-Bas. Des parachutistes allemands déposés par avions Ju-52 s'emparent également de l'aérodrome de Waalhoven/Rotterdam et neutralisent le fort belge d'Eben-Emael, sur le canal Albert.
Au même moment, les trente divisions du Heeresgruppe B, commandé par le maréchal Fedor von Bock, franchissent la frontière germano-néerlandaise et déferle aux Pays-Bas. L'armée néerlandaise, composée de 8 divisions totalisant 73,000 hommes, ne fait pas le poids et est vite submergée. Dès les premières heures, la Luftwaffe a détruit ou sévèrement endommagé tous les aérodromes, anéantie au sol ou en combat aérien la quasi-totalité de l'aviation néerlandaise (155 avions dont 74 vieux biplans), et s'assure la maîtrise aérienne absolue.
A 22h, des éléments de la 1ère Division légère mécanisée (DLM) (7ème Armée française), après avoir traversé les Flandres, franchissent la frontière dans la région d'Anvers et pénètrent en Hollande.
Le 11 mai 1940, toutes les tentatives de l'armée néerlandaise pour détruire ou reprendre les ponts aux mains des Allemands échouent.
Le 12 mai 1940, le Heeresgruppe B submerge l'armée néerlandaise, ce qui oblige la 7ème armée française, entrée en Belgique deux heures après le déclenchement de l'offensive allemande, et franchit la frontière hollandaise dans la nuit du 10 au 11 mai, à se replier de la région de Breda vers Anvers et d'établir ses positions défensives sur la rive sud de l'estuaire de l'Escaut.
La 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau perce le front hollandais dans la région de Maastricht et pénètre en Belgique, s'empare de Liège, franchit la Meuse et le canal Albert dans la région de Maastricht, ce qui force l'Armée belge à se replier sur la ligne Anvers-Louvain.
Le 14 mai 1940, Rotterdam est victime d'une tragique méprise. Les Allemands remettent un ultimatum au gouvernement néerlandais, lui enjoignant de capituler sous peine de voir anéantir la ville par la Luftwaffe. Les Hollandais acceptent les conditions de leur capitulation, mais ils ne peuvent empêcher la Luftwaffe de décoller à l'heure dite.
L'ordre d'annulation du raid parvient bien à la plupart des escadrilles de bombardement, mais certaines d'entre-elles ne le reçoivent pas et poursuivent leur mission, malgré les efforts des Allemands pour leur faire rebrousser chemin.
Rotterdam est bombardée à 13h30. C'est le centre-ville et les quartiers orientaux qui sont le plus touchés. Le nombre des victimes civiles reste à ce jour indéterminé, approchant sans doute le millier de morts. Plus de 3,000 blessés et 75,000 sans-abris.
Le commandement suprême des forces néerlandaises, le général Henri Gerard Winkelman, acceptent les conditions allemandes et signera l'acte de capitulation sans condition des Pays-Bas le lendemain matin. La reine Willhelmine et son gouvernement se réfugient à Londres.
2° Au centre: front belge et Plan Dyle (10-20 mai 1940).
En Belgique, la Luftwaffe détruit les aérodromes et l'aviation belge au sol. A l'aube, des parachutistes de la 7ème Division aérienne, unité de la Luftwaffe, de Kurt Student atterrissent en planeurs sur les supersttructures du fort d'Eben-Emael, sur le canal Albert, neutralisent ses coupoles d'artillerie et casemates à l'aide de charges creuses.
Une fois les défenses extérieures neutralisées, la 6ème Armée allemande du général Walter Reichenau a beau jeu de franchir en force le Canal Albert sur des canots pneumatiques, et se dirige vers Liège, qu'elle atteint dans la soirée.
L'offensive allemande en Belgique est, pour les stratèges français, conforme à leurs prévisions, car ils ont acquis la certitude qu'Adolf Hitler rééditerait le Plan Schlieffen en attaquant la France à travers la Belgique et la Hollande, comme les Allemands l'ont fait en 1914.
L'état-major de Gamelin réagit presqu'immédiatement et conformément au Plan Dyle, articulées de gauche à droite, la 7ème Armée française (Henri Giraud), la British Expeditionary Force (BEF) de Lord Gort et la 1ère Armée française (Georges Blanchard) franchissent la frontière et pénètrent en Belgique deux heures après le déclenchement de l'offensive allemande, pour prendre position sur la Dyle, entre Louvain et Charleroi, en appuyant leur flanc droit sur Sedan et les Ardennes, réputées infranchissables par les troupes mécanisées ennemies.
Carte ci-dessous: mouvements alliés et allemands 10-16 mai 1940.
C'est une monumentale et funeste erreur de la part des Alliés. Car, à leur surprise, Hitler ne s'en tient pas là. L'attaque de la 6ème Armée allemande le long du canal Albert n'est qu'une diversion dans le but d'attirer les armées françaises et britanniques. Et cela a très bien marché! Selon le Plan Coup de Faucille d'Erich von Manstein, le Führer porte son principal effort à travers les Ardennes belgo-luxembourgeoises vers la Meuse à Sedan, une région qui n'est pas protégée par les efficaces fortifications de la ligne Maginot et que le général Maurice Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre.
Sous le massif forrestier des Ardennes, la progression allemande est confiée au Heeresgruppe A, qui dispose de sept divisions panzers, sur les dix que compte alors la Wehrmacht, le "Groupe de Bataille" (Kampfgruppe) Guderian regroupé en trois Korps motorisés. Respectivement du nord au sud:
- XV Korps motorisé. Général Hermann Hoth.
7ème et 5ème Divisions panzers.
Objectifs: Dinant et Namur. - XLI Korps motorisé. Général Georg-Hans Reinhardt.
6ème et 8ème Divisions panzers.
Objectif: Monthermé. - XIX Korps motorisé. Général Heinz Guderian.
2ème, 1ère et 10ème Divisions panzers.
Objectif: Sedan.
Leur but: s'emparer du maximum de ponts tout le long de la Meuse dans leur secteur respectif. La première phase du plan Faucille de Manstein doit se dérouler entre Dinant et Sedan, sur une centaine de kilomètres.
Ce dernier secteur particulièrement sensible n'est défendu que par une centaine de casemates du 147ème Régiment de forteresse et deux divisions de réserve de second ordre, dit de "Catégorie-B": les 55ème et 71ème Divisions d'infanterie du 10ème Corps de la 2ème Armée française, commandée par le général Charles Huntziger.
Le 12 mai 1940, alors que la ligne Sambre-et-Meuse, située au nord, est stabilisée par les Franco-Britanniques et l'Armée belge, la 7ème Division panzer du général Erwin Rommel atteint la Meuse près de Dinant. Il y découvre un pont intact et non défendu, et prend l'initiative de traverser en force. La première tête de pont allemande sur la rive gauche de la Meuse se créée.
3° Front sud: percée et mouvement tournant par Sedan (12-16 mai 1940).
En France, dans la soirée du 12 mai 1940, ce qui devait arriver arriva. Les trois divisions panzers de Guderian débouchent du massif ardennais. Pour les Alliés la surprise est totale. la 1ère Division panzer entre dans Sedan et atteint la Meuse. Au même moment, les 2ème et 10ème Divisions panzers traversent la Semois.
A l'aube du 13 mai 1940, Guderian donne alors à ses divisions blindées ses nouvelles directives: les 2ème et 10ème Divisions panzers doivent avancer, respectivement à l'est et à l'ouest de Sedan. La 1ère Division panzer est chargée de l'assaut principal dans la ville même, dans un secteur où la Meuse forme une boucle en "C".
C'est là qu'interviennent les Dornier Do-17 et les bombardiers en piqué Ju-87 Stuka, qui vont martelées pendant plus de trois heures les deux divisions françaises de classe-B installées en profondeur sur la rive gauche.
A 16h, toutes les pièces d'artillerie et les casemates françaises ayant été mises hors de combat, les premières unités de l'infanterie d'assaut allemande franchissent le fleuve sur des canaux pneumatiques. Elles établissent rapidement une percée vers le sud et s'emparent du bois de Marfée, refoulant au passage la 55ème Division française, qui céde à la panique et qui se désintégre. A l'est de Sedan, la 10ème Division panzer pulvérise la 71ème Division française.
Le 14 mai 1940, le général Charles Huntziger, commandant de la 2ème Armée française, ordonne une contre-attaque effectuée par la 3ème Division Cuirassée de Réserve (DCR) pour éliminer la tête de pont allemande. Il en résultera, entre le 15 et le 18 mai, une furieuse bataille de chars entre la 3ème DCR et la 10ème Division panzer, le village de Stonne changeant plusieurs fois de mains. Martelée par les panzers, l'artillerie antichar et les Ju-87 Stuka, la division cuirassée française perd 80% de ses blindés et les survivants refluent en désordre vers le sud.
Délaissant Paris et la Marne, Guderian effectue un large mouvement tournant au nord-ouest et lance ses 1ère et 2ème Divisions panzer vers la Manche.
Le 15 mai 1940, au sud de Sedan, ses divisions mécanisées dispersent les unes après les autres toutes les contre-attaques des renforts acheminés par la 6ème Armée française. La situation de la 2ème armée française devient intenable. Tout son flanc gauche ayant été anéanti la veille, Huntziger prend la décision de reculer jusqu'à la ligne Maginot, ce qui a pour conséquence d'élargir encore la brèche dans le dispositif français.
C'est le coup de grâce! Le flanc droit de la 9ème Armée française se retrouve à son tour entièrement à découvert. Celle-ci commence à se disloquer dans la journée du 15 mai, après avoir été harcelée par la Lutwaffe, attaquée au sud par Guderian, au nord par von Kleist. La 1ère DCR est littéralement pulvérisée et anéantie.
A Monthermé, les blindés de Reinhardt écrasent le 41ème Corps de forteresse. En Belgique, le commandant de la 9ème Armée, le général André Corap, ordonne alors son replis général sur la frontière française. Cela laisse maintenant à découvert toute le flanc droit de la 1ère Armée française.
Finalement, par effet domino, c'est tout le front français sur la Meuse, entre Dinant et Sedan, qui s'écroule.
En Belgique, ignorante du péril mortel qui la menace, la 1ère Armée française a stabilisé le front allié entre Wavre et Namur. Le 15 mai 1940, dans la région Gembloux-Ernage, sur la ligne KW-Namur, les 2ème et 3ème Divisions légères mécanisées (DLM) du "Corps de cavalerie Prioux" et les 2ème et 7ème Régiments de Tirailleurs Marocains (RTM) résistent depuis deux jours aux assauts des 2ème et 3ème Divisions panzers du XVI Korps motorisé. Cela sera l'un des rares succès défensif français dans cette désastreuse campagne de l'été 1940.
Mais malheureusement, le sacrifice des Tirailleurs marocains se révèlera vain. En effet, débordée par ses flancs nord et sud, la 1ère Armée française reçoit l'ordre d'abandonner ses positions vers une nouvelle ligne de défense moins exposée. Sur les 1,000 Tirailleurs marocains engagés, seule une centaine d'entre-eux s'en sortiront vivant.
En France, cette victoire héroïque, bien qu'inutile, tombera dans l'oubli, elle ne figure même pas dans les manuels ou livres d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale. Les Belges, eux, n'ont pas oublié ce sacrifice des Tirailleurs marocains. Entre Dinant et Sedan, les Allemands ont maintenant ouvert une brêche de 80km de large.
En cinq jours, la Wehrmacht a pulvérisé tout le front sud allié et menace d'isolement en Belgique le Corps expéditionnaire britannique et les deux meilleures armées françaises, qui se retrouvent exposées aux attaques du Heeresgruppe B de von Bock en Flandre, et menacées d'encerclement sur leurs arrières par les divisions panzers de von Rundstedt. Les chars de Guderian, au lieu de foncer sur Paris, effectuent un quart de tour à droite vers le nord-ouest et se ruent vers la Manche. Une brèche de 100 km de large est ouverte à l'arrière des armées franco-britanniques et belges en Belgique, et plus rien ne peut désormais arrêter l'avance allemande.
4° Blitzkrieg: l'avance allemande vers la Manche (15-20 mai 1940).
Négligeant Paris, les divisions blindées allemandes bifurquent vers le nord-ouest et se dirigent vers les côtes de la Manche, enfermant les 7ème, 1ère et 9ème Armées françaises, le Corps expéditionnaire britannique et l'Armée belge dans une immense poche, en Flandre et en Hollande.
Cependant, la rapidité avec laquelle les chars allemands avancent les place eux-mêmes dans une position vulnérable, l'infanterie de soutien et le ravitaillement n'arrivant pas à suivre leur rythme de progression. Il en résulte que les chars de Guderian et de Rommel consomment énormément de carburant et que les lignes de communication sont étendues au maximum. Il doivent donc ralentir.
A paris, le Haut-Commandement du général Maurice Gamelin cède à la panique. Dans la matinée du 15 mai 1940, lorsque Winston Churchill, le nouveau Premier ministre britannique depuis moins d'une semaine, téléphone à son homologue français Paul Reynaud, celui lui répond: "Nous sommes défaits. Nous avons été battus et la bataille est perdue!"
Churchill décide de se rendre à Paris, et débarque au GQG français le 16 mai 1940. Il réalise la gravité de la situation en observant les membres du gouvernement en train de brûler les archives et se préparer à évacuer la capitale. Au cours d'une réunion au climat assez sombre avec l'état-major français, le Britannique demande à Gamelin: "La marge de manoeuvre?". Le Français, pessimiste, lui répond: "Aucune!"
Churchill écrira plus tard, dans ses Mémoires d'après-guerre, qu'il n'avait encore jamais éprouvé un tel choc. Il demande à Gamelin quand et où a-t'il l'intention de contre-attaquer sur les flancs du saillant allemand. Gamelin lui répond simplement: "inférieur en effectif, inférieur en équipement, inférieur en manoeuvre."
Ci-dessous: la situation du front entre les 16 et 21 mai 1940.
Le 17 mai 1940, à midi, les avant-garde blindées de Guderian atteignent l'Oise, au sud de Guise, près de Saint-Quentin. La nouvelle 4ème Division cuirassée de Réserve (DCR) a été constituée par le colonel Charles de Gaulle, à partir d'unités des autres théatres d'opération amenées en renfort, à Bruyères, dans la région de Laon.
Dans la nuit du 16 au 17 mai 1940, à 4h15 du matin, bien qu'elle ne possède encore qu'une partie de ses unités et qu'elle soit toujours en cours de formation, la 4ème DCR de de Gaulle lance une contre-attaque vers Montcornet, dans la région de Laon, sur les arrières de la 10ème Division panzer. Après avoir marqué quelques petits succès initiaux contre des positions d'artillerie antichars, les blindés de de Gaulle prennent Montcornet, mais l'infanterie d'accompagnement, chargée de l'occupation de la localité, n'a pas suivi.
Martelée par l'intervention des bombardiers en piquée Ju-87, stoppée par le raidissement de la résistance allemande, la 4ème DCR doit finalement regagner ses positions de départ.
Cette contre-attaque, bien qu'ayant finalement échoué, inspirera une seconde et future attaque similaire de de Gaulle, cette fois dans la région d'Abbeville, le 28 mai. L'attaque de la 4ème DCR vers Montcornet lui vaudra, le 25 mai 1941, d'être promu au grade de général de brigade.
Le 18 mai 1940, Le XIX Korps motorisé du général Heinz Guderian occupe Saint-Quentin et Peronne, sur la Somme, et poursuit son avance vers la côte de la Manche. Dans le secteur de la 1ère Armée française, la 7ème Division panzer d'Erwin Rommel atteint Cambrai. La ville tombe aux mains du XV Korps motorisée du général Hermann Hoth dans la soirée, après que ses défenseurs l'aient abandonné.
Les restes de la 9ème Armée du général André Corap entrent dans la petite localité du Cateau, dans la région de Cambrai. Corap et son état-major, isolés de leur troupes, sont faits prisonniers par les Allemands. Il est remplacé par le général Henri Giraud. Sur l'Oise, le commandement de la 7ème Armée française est confié au général Aubert Frère.
En Belgique, la 18ème Armée allemande du général Georg von Küchler fait son entrée dans Anvers. Mons tombe aux mains de la 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau.
Le 19 mai 1940, les sept divisions panzers qui ont percé le front français entre Namur et Sedan se réorganisent dans la région entre Cambrai et Péronne. Erwin Rommel réussit à convaincre son supérieur direct, le général Hermann Hoth, commandant du XV Korps motorisé, de laisser à sa 7ème Division panzer l'occasion d'occuper les hauteurs stratégiquement importantes qui dominent Arras, défendu par le Corps Expéditionnaire britannique (BEF) de Lord Gort.
Vingt-quatre heures après André Corap, c'est au tour du général Henri Giraud, qui vient juste de lui succéder à la tête de la 9ème Armée française, et de tout son état-major, d'être fait prisonniers par les Allemands. Les débris de la 9ème Armée française sont intégrés dans la 7ème Armée française du général Aubert Frère.
Le 20 mai 1940, le XIX Korps motorisé de Guderian occupe Amiens et progresse vers Abbeville, sur la Somme. La 7ème Division panzer du général Erwin Rommel atteint son objectif: les hauteurs stratégiques autour d'Arras. Le XIX Korps poursuit sa progression vers la mer. La 1ère Division panzer du général Friedrich Kirchner occupe Amiens. A 19h, la 2ème Division panzer occupe Abbeville. A 20h, l'un de ses escadrons atteint la côte de la Manche à Noyelles-sur-Mer, à environ 13km au nord-ouest d'Abbeville.
Dans la nuit du 20 au 21 mai 1940, sur la rive droite de la Somme, d'Abbeville à la côte, les Allemands créent ainsi dans les lignes alliées un couloir d'une trentaine de kilomètres de large.
Ils isolent quarante-cinq divisions alliées et plus d'un demi-million d'hommes dans une énorme poche, appellée la "Nasse belge". 287,000 soldats britanniques de Lord Gort, 172,000 Français de la 1ère Armée et des restes des 7ème et 9ème Armées, ainsi que l'Armée belge.
Adolf Hitler exulte et déclare que l'armistice sera signé à Rethondes, en forêt de Compiègne, à l'endroit même où fut signé la capitulation allemande le 11 novembre 1918, et que la France devra restituer "tous les territoires dont elle s'est emparée dans cette région depuis quatre-cent ans".
5° Plan Weygand et bataille de la Lys et de l'Yser (20-28 mai 1940).
Le 19 mai 1940, à Paris, le maréchal Philippe Pétain est nommé vice-président du Conseil. Paul Reynaud, le président du Conseil, désemparé par l'ampleur de la débâcle, limoge le commandant en chef de l'Armée française, Maurice Gamelin, et le remplace par le général Maxime Weygand, âgé de 73 ans et rappelé d'urgence du Levant.
Les sept divisions panzers qui ont percé le front français entre Namur et Sedan se réorganisent dans la région entre Cambrai et Péronne. Le général Erwin Rommel réussit à convaincre son supérieur direct, le général Hermann Hoth, commandant du XV Korps motorisé, de laisser à sa 7ème Division panzer l'occasion d'occuper les hauteurs stratégiquement importantes qui dominent Arras, défendu par le Corps Expéditionnaire britannique (BEF) de Lord Gort.
Vingt-quatre heures après la capture d'André Corap, c'est au tour du général Henri Giraud, qui vient juste de lui succéder à la tête de la 9ème Armée française, et de tout son état-major, d'être fait prisonniers par les Allemands. Les débris de la 9ème Armée française sont intégrés dans la 7ème Armée française du général Aubert Frère.
Le 21 mai 1940, à partir d'Arras, sur la Scarpe, des unités de la British Expeditionary Force (BEF), regroupés au sein de la "Frankforce", lancent vainement une attaque vers Bapaume, dans l'espoir de briser leur encerclement dans les Flandres. Les pièces PaK de 37mm de la Wehrmacht se révèlent incapable de percer le blindage des chars Matilda II, mais après un bon départ, ils sont stoppés par les 88mm antiaériens reconvertis et refoulés, puis forcés de regagner leurs positions de départ.
Dans la région au sud-est de Lille, la 1ère Armée française du général George Blanchard tente également une manoeuvre de dégagement en direction de Cambrai, sans plus de succès que les Britanniques.
Dans la région d'Abbeville, les sept divisions panzers du général Ewald von Kleist élargissent le couloir allemand créé la veille.
En Belgique, la 9ème Armée française est maintenant virtuellement détruite. Au nord de la poche alliée, sur le canal Gand-Terneuzen et l'Escaut, entre Audenarde et Terneuzen, ce qui reste de l'Armée belge organise une ligne de défense.
Carte ci-dessous: situation du 21 mai au 4 juin 1940.
Le 22 mai 1940, Weygand ordonne aux troupes alliées isolées en Belgique et dans le nord du Pas de Calais d'attaquer vers le sud pour rejoindre les unités attaquant vers le nord depuis la Somme, et briser leur encerclement. Il fait monter vers le front de la Somme toutes les unités disponibles en France pour exécuter son plan.
Dans le chateau de Vincennes, le nouveau commandant en chef des forces armées françaises expose au président du Conseil Paul Reynaud et au Premier ministre britannique Winston Churchill son plan destiné à briser l'anéantissement des forces franco-britanniques prises au piège en Flandre. Les Britanniques du BEF et les restes de la 1ère Armée française doivent se replier des positions de l'Escaut sur la côte, à la frontière franco-belge.
D'après ce plan, les restes de l'Armée belge se replieraient sur l'Yser, tandis que les Franco-Britanniques attaqueraient en force en direction du sud-ouest, pour percer le couloir allemand et briser leur isolement.
Simultanément, les troupes de la 10ème Armée française du général Robert Altmayer, au sud du couloir, franchiraient la Somme, puis, par une attaque vers le nord, feraient leur jonction avec les forces alliées encerclées. Weygand pense que cette triple manoeuvre devrait permettre de briser le couloir formé par les divisions blindées allemandes et sauver ce qui peut l'être.
A Paris et à Londres, le "Plan Weygand" obtient l'agrément des hommes politiques français et britannique. Malheureusement, malgré l'arrêt imprévu de la progression allemande entre le 23 et le 25 mai, aucune des manoeuvres prévues ne pourra se réaliser. En tout premier lieu, les Belges ne sont absolument pas disposés à se replier plus à l'ouest de la Lys.
En second lieu, bien loin de pouvoir attaquer à partir d'Arras en direction du sud, les divisions britanniques de Gort éviteront de justesse l'encerclement en évacuant la ville dans la nuit du 23 au 24 mai.
L'attaque franco-britannique à partir du nord sera donc reporté au 26 mai. Mais, dans la nuit du 25 au 26 mai, Gort doit détourner sur Ypres plusieurs de ses divisions destinées à l'offensive afin de colmater une brêche dans le dispositif allié, à l'endroit précis où les lignes de défense britanniques et belges doivent se souder.
Enfin, et c'est le plus grave, sur le terrain il n'y a plus aucune coordination entre troupes françaises, belges et britanniques.
Le 23 mai 1940, dans la zone d'opération du XIX Korps motorisé du général Heinz Guderian, Boulogne tombe aux mains de la 2ème Division panzer. Calais est encerclée par la 1ère Division panzer. La garnison française capitulera le 27 mai.
Dans la zone d'opération du XV Korps motorisé du général Hermann Hoth, la 7ème Division panzer d'Erwin Rommel s'empare d'Arras, abandonnée par les Britanniques.
L'offensive de la 10ème Armée française du général Robert Altmayer sur la Somme, entre Peronne et Amiens, désormais sans espoir, est arrêtée.
En Belgique, la 6ème Armée allemande du général Walter von Reichenau perce le front de l'Armée belge, franchit l'Escaut et s'empare de Courtrai. Au nord, la 18ème Armée allemande du général Georg von Küchler perce le front belge sur le canal Gand-Terneuzen, qu'elle franchit en force.
En Allemagne, Adolf Hitler et le maréchal Gerd von Rundstedt, commandant du Heeresgruppe (Groupe d'armées) A, sans doute par crainte de voir se développer des attaques sur leurs arrières et leurs lignes de communication étirées au maximum, et contre l'avis des généraux Erich von Manstein et Heinz Guderian, ordonnent aux divisions panzers d'Ewald von Kleist de ralentir leur progression.
En une semaine, certaines de ces unités panzers ont parcouru plus de 400 km, sans se préoccuper de ce qu'elles laissaient à droite ou à gauche, ou de l'accompagnement de l'infanterie, qui éprouve de la peine à suivre le rythme.
C'est cette hésitation qui va permettre le réembarquement du corps expéditionnaire britannique et le sauver de l'anéantissement total. Une hésitation qui privera Hitler d'une victoire totale en Europe.
Le 24 mai 1940, le XIX Korps donne l'assaut à Calais, encerclée. En Flandre, après avoir culbuté la veille l'Armée belge, la 6ème Armée allemande du général Walter von Reicheneau franchit en force l'Escaut, et se dirige vers la Lys et l'Yser.
Le 25 mai 1940, les Franco-Britanniques encerclés dans les Flandres entament leur repli général vers la région côtière Dunkerque-Malo les Bains-Zuidcoote-Bray Dunes et y établir un périmètre défensif. Les restes de l'Armée belge s'effrondrent entre Geluwe et la Lys.
Le 26 mai 1940, après l'effondrement de l'Armée belge, Leopold III informe ses alliés franco-britanniques que sa situation est devenue critique et que sa fin est proche. De son côté, le gouvernement belge prie le Roi de quitter son pays, comme l'ont déjà fait la reine des Pays-Bas et la Grande-Duchesse de Luxembourg. Léopold III refuse.
En France, dans la zone d'opération du XIX Korps motorisé, après les assauts allemands répétés des deux derniers jours, la garnison française de Calais capitule.
En Grande-Bretagne, le commandant de la Home Fleet, l'amiral Bertram Ramsey, donne son autorisation pour l'exécution de l'opération Dynamo, le réembarquement des 350,000 Franco-Britanniques enfermés dans la poche des Flandres, dans le secteur Dunkerque-Malo les Bains-Zuidcoote-Bray Dunes.
6° Opération Dynamo: le miracle de Dunkerque (27 mai - 4 juin 1940).
Le 27 mai 1940 débute l'opération Dynamo. Dans la poche de Dunkerque, 198,000 soldats britanniques et 140,000 Français commencent leur réembarquement sur la côte. Les bombardiers de la Luftwaffe bombarde la ville et le port de Dunkerque sans interruption durant toute la journée. Intervention massive de la Royal Air Force en soutien du réembarquement. Dans la soirée, environ 7,669 soldats britanniques et français ont réussi à réembarquer et à regagner l'Angleterre.
Photo: cannonier d'une pièce AA de la Royal Navy couvrant le réembarquement des soldats alliés.
Dans le village de Lestrem, à 10km au nord de Bethune, des hommes de la 4ème Compagnie, 1er Bataillon, 3ème Régiment panzer-SS de la 3ème Division panzer-SS Totenkopf, engagés en France depuis le 16 mai et commandés par le Hauptsturmfuhrer Fritz Knochlein, massacrent 97 prisonniers de guerre britanniques appartenant au 2ème Bataillon du Royal Norfolk Regiment.
En Belgique, dans la soirée, après en avoir informé les gouvernements français et britannique, le Roi Léopold III envoie un parlementaire au QG allemand pour discuter les termes de sa capitulation. A 22h, les Allemands font savoir à l'envoyé du roi de Belgique que le Führer exige une capitulation inconditionnelle des Belges.
Le 28 mai 1940, à 0h30, Léopold III de Belgique signe la capitulation inconditionnelle de son armée. Le gouvernement belge en exil à Limoges le désapprouve. Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur à 4h30 heure de Bruxelles (3h30 GMT). Contrairement à la future capitulation française, le roi des Belges ne s'en tient qu'à la reddition militaire et refuse l'armistice.
Etant commandant suprême de l'Armée belge, il refuse de partir en exil avec son gouvernement, préférant partager le sort de ses troupes. Cela lui vaudra d'être interné par les Allemands. Cette décision, lourde de conséquences sur la politique du pays, sera à l'origine des controverses sur la "Question Royale", qui divisera les Belges de 1945 à 1950.
A Dunkerque, l'opération Dynamo bat son plein. Au crépuscule de ce second jour, 17,804 Britanniques et Français ont réembarqué pour l'Angleterre. La situation des Alliés est catastrophique. La ville et les quais de Dunkerque sont pilonnées jour et nuit par la Luftwaffe, malgré la présence constante de la Royal Air Force.
Les navires britanniques qui réussissent à quitter le port de Dunkerque doivent alors éviter le feu des batteries côtières allemandes installées à Calais, et le harcèlement des U-Boote qui viennent de la mer du Nord.
Photo ci-dessous: soldats français évacués de Dunkerque, débarqués en Angleterre.
Le 29 mai 1940, les Allemands s'emparent de Lille, d'Ypres et d'Ostende. Dans la poche de Dunkerque, sous les attaques continuelles de la Luftwaffe, plus ou moins bien contenue par la Royal Air Force, l'évacuation de Dunkerque se poursuit. Ce troisième jour, 47,310 soldats britanniques et français réembarquent et traversent la Manche pour l'Angleterre.
Le 30 mai 1940, dans la poche de Dunkerque, l'artillerie de campagne britannique tire ses derniers obus pour tenir en respect les troupes allemandes qui avancent. La Luftwaffe coule trois destroyers et en endommagent six autres. Elle envoie également par le fond de nombreux bâteaux de pêche et un certain nombre de cargos employés avec les navires de guerre pour ramener les soldats en Angleterre.
Ce quatrième jour de l'opération Dynamo, 53,823 soldats britanniques et français regagnent l'Angleterre.
Le 31 mai 1940, à Dunkerque, Malo-les-Bains, Zuydcoote et Bray Dunes, 68,014 soldats britanniques et français réussissent à réembarquer. Par ailleurs, l'Amirauté britannique décide de retirer de l'opération Dynamo tous les destroyers modernes, car elle ne peut plus se permettre de perdre d'autres navires de ce type.
Lord Gort, commandant la British Expeditionnary Force, et le lieutenant-général Alan Francis Brooke, commandant du II Corps britannique, embarquent pour Douvres. Les troupes anglaises encore en France passent sous commandement du major-général Harold Alexander.
Le 1er juin 1940, l'artillerie et l'aviation allemandes soumettent le littoral de Dunkerque à un barrage d'artillerie intensif et ininterrompu jour et nuit. La Luftwaffe lance également son attaque la plus violente contre les navires alliés depuis le début de l'opération Dynamo.
En quelques heures, quatre destroyers, dont le français Le Foudroyant, deux ferry-boats, un dragueur de mines et une canonière sont coulés. La ligne de défense britannique est enfoncée à Bergues, à 7km de Dunkerque. Les arrière-gardes britanniques doivent se replier sur la côte.
A la suite de la reprise de l'offensive terrestre allemande contre la poche de Dunkerque, l'Amirauté britannique décide de suspendre momentanément les opérations de réembarquement de jour pour l'Angleterre. Néammoins, ce 1er juin, avant que cet ordre ne soit appliqué, 64,429 soldats franco-britanniques réussissent à traverser La Manche.
Dans la nuit du 1er au 2 juin 1940, 26,256 Franco-Britanniques sont évacués vers l'Angleterre. Dans la nuit du 2 au 3 juin 1940, 26,746 Franco-Britanniques.
Le 3 juin 1940, Les Allemands lancent leur ultime attaque contre le périmètre défensif de Dunkerque. Les arrière-gardes françaises doivent se replier sur une nouvelle ligne située à moins de 3km de l'extrémité de la jetée orientale du port de Dunkerque.
Dans la nuit suivante, La Royal Navy embarque pour la dernière fois 26,175 soldats franco-britanniques pour l'Angleterre.
Le 4 juin 1940, à 3h40 du matin, le destroyer Shikari lève l'ancre. C'est le dernier navire britannique qui quitte Dunkerque, avec à son bord environ un millier de soldats français, mais malheureusement, il reste encore sur le littoral plusieurs milliers de soldats alliés. A l'aube, les Allemands mettent le pied sur la plage de Dunkerque.
Depuis le 27 mai, 338,226 soldats alliés (198,229 Britanniques et 139,997 Français) ont réussi à quitter le littoral franco-belge, sauvés par une flotte hétéroclite de 850 navires, dont 700 navires marchands, simples bâteaux de pêches, navires de plaisance, yachts privés, et même des bâteaux pompes des services anti-incendie de la Tamise. L'opération Dynamo a été dirigée par le commandant du département maritime de Douvres, l'amiral britannique Bertram H. Ramsey, qui a réquisitionné toutes les embarcations disponibles, militaires ou civils.
Plus tard, environ 100,000 soldats français seront rapatriés en Bretagne et dans la Cotentin pour participer à la "Bataille de France".
Au cours de ce sauvetage grandiose et désespéré, les Alliés ont perdu environ 220 navires et embarcations de toutes sortes, dont six destroyers britanniques et trois destroyers français. 19 autres destroyers alliés ont été endommagé à des degrés divers. Les pertes humaines de la Royal Navy et de la Marine française s'élèvent à 22,698 tués. 177 avions de la Royal Air Force, dont 40% de bombardiers, ont été perdu du 27 mai au 4 juin, contre 240 avions de la Luftwaffe.
Appliquant le principe militaire selon lequel le personnel doit être sauvé avant le matériel, la BEF a abandonné sur les plages françaises la totalité de son matériel.
Les Allemands s'emparent ainsi d'un fabuleux trésor de guerre: 2,472 pièces d'artillerie, 65,000 véhicules motorisés, 130,000 mitrailleuses, 416,000 tonnes de vivres, 76,000 tonnes de munitions et 162,000 tonnes de carburant. La Grande-Bretagne se retrouve ainsi pratiquement désarmée. Après cette évacutation de Dunkerque, il ne lui reste plus, sur le sol métropolitain, que 500 pièces d'artillerie disponibles, en comptant celles que l'on retire des musées.
A Londres, parlant à la Chambre des Communes, le Premier ministre Winston Churchill déclare que si l'Angleterre venait à être occupée par les Allemands, elle continuerait la guerre à partir des territoires de l'Empire britannique.
Voir aussi:
Evacuation of Dunkirk
Plan Rouge (5-25 juin 1940): la "Bataille de France".
Adolf Hitler informe ses subordonnés réunis à Cambrai, qu'il a décidé de "rassembler immédiatement les forces blindées et les préparer à une action décisive vers le sud, Paris et la Loire, afin de "régler définitivement ses comptes avec l'Armée française". C'est le "Plan Rouge" (Fall Rot).
Von Bock déplace sur la Somme ses 4ème, 6ème et 18ème Armées allemandes, pour leur faire prendre position au côté des 2ème, 9ème, 12ème et 16ème Armées de von Rundstedt, déjà positionnées sur l'Aisne et la Meuse.
Dix divisions panzers sont réorganisées en cinq Korps motorisés. Trois d'entre-eux sont affectés au Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock, les deux derniers au Heeresgruppe A du maréchal Gerd von Rundstedt.
Heeresgruppe B. Maréchal Fedor von Bock.
- 4ème Armée allemande. Général Günther von Kluge.
Avec les XIV et XV Korps motorisés. - 6ème Armée allemande. Général Walter von Reichenau.
Avec le XVI Korps motorisé. - 18ème Armée allemande. Général Georg von Küchler.
- Armeegruppe Guderian. Général Heinz Guderian.
[Rattaché à la 12ème Armée allemande. Général Wilhelm List]
Avec les XXXIX et XLI Korps motorisés.
Composition des cinq Korps motorisés:
- XIV Korps motorisé (Ewald von Kleist) [Somme]:
9ème et 10ème Divisions panzers.
13ème Division d'infanterie motorisée.
Régiment d'infanterie "Grossdeutschland". - XV Korps motorisé (Hermann Hoth) [Somme]:
5ème et 7ème Divisions panzers.
2ème Division d'infanterie motorisée. - XVI Korps motorisé (Erich Hoepner) [Somme]:
3ème et 4ème Divisions panzers.
Division SS-VT "Verfugungstruppe" [Future 2ème Division panzer-SS Das Reich].
4ème et 33ème Divisions d'infanterie. - XXXIX Korps motorisé (Rudolf Schmidt) [Aisne]:
1ère et 2ème Divisions panzers.
29ème Division d'infanterie motorisée. - XLI Korps motorisé (Georg-Hans Reinhardt) [Aisne]:
6ème et 8ème Divisions panzers.
20ème Division d'infanterie motorisée.
De son côté, le général Maxime Weygand, commandant en chef des armées françaises, a l'intention de contre-attaquer précisément à partir du sud du couloir dans lequel s'étaient engouffrés les divisions panzers de Gerd von Rundstedt, région où se trouve concentré le gros des forces françaises.
Il oppose donc à la Wehrmacht les grandes formations suivantes:
Sur la gauche du dispositif, le IIIème Groupe d'armées du général Antoine Besson, disposé sur la Somme, entre son embouchure et Noven, avec les 10ème et 7ème Armées françaises, respectivement commandées par les généraux Robert Altmeyer et Aubert Frère.
Au centre, le IVème Groupe d'armées du général Charles Huntziger, disposé sur l'Aisne et la Meuse, entre Soissons et Verdun, avec les 6ème, 4ème et 2ème Armées françaises, respectivement commandées par les généraux René Olry, Edouard Requin et Henry Fredenberg.
Et sur sa droite, le IIème Groupe d'armées du général André Prétélat, disposé sur la ligne Maginot et le Rhin, entre Montmédy et Bâle, sur la frontière suisse, avec 3ème, 5ème et 8ème Armées françaises, respectivment commandées par les généraux Charles Condé, Victor Bourret et Emile Laure.
Le 5 juin 1940, à 2h du matin, la Bataille de France, ou le "Plan Rouge" (Fall Rot), débute par une violente préparation d'artillerie terrestre et aérienne allemande sur la Ligne Weygand, établie sur la Somme, l'Aisne et la Meuse.
L'offensive terrestre allemande débute à l'aube. Y participent, d'Abbeville à Verdun, les 4ème, 18ème, 6ème, 9ème, 2ème, 12ème et 16ème Armées allemandes, avec 60 divisions, dont 10 de panzers.
De son côté, le général Maxime Weygand adresse à ses troupes un appel affligé: "Puisse la pensée des souffrances de notre pays insuffler en vous la ferme résolution de résister. Le destin de la nation et l'avenir de vos enfants dépendent de votre détermination." Cet "ordre Weygand" est donné à toutes les unités de défendre leurs positions "sans esprit de recul".
Weygand, dès sa prise de commandement, le 19 mai 1940, avait tenté d'arrêter, sans succès, la course à la mer de la Wehrmacht, par des contre-attaques (21-31 mai) en direction d'Arras et d'Amiens. Celles-ci ayant échoué, il organise une nouvelle ligne de défense sur la Somme et l'Aisne. Des renforts et des éléments provenant des autres théâtres d'opération (Alpes, Sud-Est, ...) sont regroupés dans un nouveau IVème Groupe d'Armées, commandé par le général Charles Huntziger.
Huntziger, avec l'appui des IIème et IIIème Groupes réorganisés, ses ses flancs droit et gauche, tient un front large de plus de 300 km. Sur ces trois cents kilomètres de front, entre Abbeville et Verdun, 64 divisions françaises, exsangues et au bout du rouleau, font face aux 60 divisions allemandes, recompletées.
Dans le ciel, 1,000 avions français contre 3,200 avions allemands.
En face d'Amiens et de Reims, les Allemands ont disposés dix divisions panzers en quatre formations de choc: XIV (Gustav von Wietersheim), XV (Hermann Hoth), XVI (Erich Hoepner), XIX (Heinz Guderian) Korps motorisés, avec un effectifs total d'environ 3,000 blindés.
Carte ci-dessous: situation du Plan Rouge du 4 au 12 juin 1940.
60 divisions de la Wehrmacht déclenchent le "Plan Rouge" et donnent l'assaut aux unités françaises sur la Somme, l'Aisne et la Meuse, entre le 5 et le 9 juin.
Les Français se défendent vaillament mais, dans la nuit du 8 au 9 juin, le Heeresgruppe B du maréchal Fedor von Bock perce le front français et s'engouffre dans la trouée vers Paris.
Le lendemain, 9 juin 1940, le Heeresgruppe A commandé par le maréchal Gerd von Rundstedt s'empare de Reims.
Le 10 juin 1940, le gouvernement de Paul Reynaud, pris de panique, abandonne la capitale pour Tours. Paris est déclaré "ville ouverte".
Pendant trois jours, la résistance française est acharnée, mais le 11 juin, la retraite des Français qui font face à von Bock contraint ceux qui luttent contre von Rundstedt, le IVème Groupe d'Armées d'Huntziger, à se replier sur la Marne. Von Rundstedt en profite pour s'engouffrer dans le vide ainsi créé.
Et le 12 juin 1940, Guderian déborde Paris par l'est. Les panzers de Hoth menacent la capitale française par l'ouest et atteignent la Seine.
Les Allemands entrent dans Paris le 14 juin 1940, déserté par le gouvernement et l'armée, sans tirer le moindre coup de feu, et la Wehrmacht défile triomphalement sur les Champs Elysées.
Trois jours plus tôt, le 11 juin 1940, le Premier ministre Winston Churchill s'est rendu à Tours pour rencontrer Reynaud et le presser de poursuivre la résistance. Churchill retourne à Londres avec le général Charles de Gaulle, que Reynaud a nommé Sous-secrétaire d'Etat à la Guerre le 5 juin.
Le 14 juin 1940, les Heeresgruppen A et B ont déjà traversé la Seine en force et progressent vers la Loire. Le Heeresgruppe C du maréchal Wilhelm von Leeb, inactif jusqu'à présent, passe à l'offensive, perce la ligne Maginot dans la région de Sarrebourg-Bitche, et déferle en Alsace vers Strasbourg, Nancy et Luneville.
Carte ci-dessous: situation du Plan Rouge du 13 au 25 juin 1940.
Ce même jour, débute l'opération Ariel, l'évacuation de 215,000 soldats alliés par la Royal Navy à partir des ports de Cherbourg, Saint-Malo, Saint-Nazaire, Brest et Nantes. Elle se poursuivra jusqu'au 25 juin. C'est en quelque sorte une répétition de l'opération Dynamo et un deuxième "miracle de Dunkerque".
Photo ci-dessous: l'opération Ariel (14-25 juin 1940), l'évacuation de 215,000 soldats français, polonais et britanniques par la Royal Navy, fait figure de "second miracle de Dunkerque". 1° Colonne de soldats britannique à partir de Brest, 15 juin 1940. 2° Navires d'évacuation de la Royal Navy vers l'Angleterre, 15 juin 1940.
Le 15 juin 1940, à l'est, la 7ème Armée allemande du général Friedrich Dollmann perce la Ligne Maginot, traverse le Rhin et s'empare de Colmar. Le Heeresgruppe C et la 16ème Armée allemande du Heeresgruppe A encerclent ce qui reste du IIème Groupe d'armées français dans une poche à l'est d'Epinal. La poche française d'Epinal déposera les armes le 22 juin.
Le 16 juin 1940, Winston Churchill propose au gouvernement de Paul Reynaud l'idée audacieuse du Français Jean Monet: la fusion de la France et du Royaume-Uni en un seul Etat, avec un seul gouvernement et une seule armée, pour combattre le Troisième Reich jusqu'au bout.
Mais la situation militaire sur le front se dégradant rapidement, certains membres du Conseil des ministres réfugiés à Bordeaux paraissent d'avis de demander les conditions d'armistice aux Allemands.
Le 16 juin 1940 à 17h, devant le refus du gouvernement français de fusionner avec la Grande-Bretagne, Paul Reynaud annonce sa démission. Dans la soirée, le Président de la République Albert Lebrun nomme le maréchal Philippe Pétain, vice-président du Conseil, tout auréolé de ses victoires passées, comme successeur de Reynaud.
Quelle n'est pas la surprise de Lebrun en voyant Pétain sortir une liste de son futur gouvernement déjà toute prête! Le nouveau cabinet Pétain se rallie à la proposition de Camille Chautemps, qui veut demander immédiatement les conditions de l'armistice de l'Allemagne, par l'intermédiaire de l'Espagne.
Le soir, alors que de Gaulle a quitté Londres pour Bordeaux, et ignore tout de la nouvelle situation, Pétain télégraphie la nouvelle à Winston Churchill. La réponse du Premier ministre est la suivante: "A condition que la flotte française rejoigne immédiatement les ports britanniques pendant les négociations, le gouvernement de Sa Majesté donne son plein consentement au gouvernement français pour qu'il engage des pourparlers d'armistice avec les Allemands."
Lorsque de Gaulle atterit à Bordeaux, il est furieux et ulcéré par la décision du gouvernement français de capituler.
A 23h, Pétain charge son ministre des Affaires étrangères, Paul Baudoin, de contacter les Allemands et les Italiens pour entamerles négociations en vue de sa capitulation.
Dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, aux environs de minuit, par le canal de l'ambassadeur d'Espagne à Paris, le gouvernement français présente officiellement sa demande d'armistice aux gouvernements allemand et italien.
Le matin du 17 juin 1940, de Gaulle reprend l'avion pour Londres. A midi, le maréchal Pétain, le nouveau président du Conseil français,s'adresse par radio à la nation pour lui annoncer que des pourparlers d'armistice sont en cours avec les Allemands.
En Grande-Bretagne, Winston Churchill s'adresse sur la radio de la BBC au peuple britannique pour lui faire part de la démarche d'armistice des Français. Il affirme que "la bataille de France" est terminé, et que "la bataille d'Angleterre" va bientôt commencer. Mais que les Allemands ne sont pas encore prêts.
Pourtant, sur la Loire, des unités françaises continuent de se battre. Notamment à Saumur, le 19 juin, où les Cadets de l'école de cavalerie défendent avec héroisme les ponts sur la Loire.
Le 18 juin 1940, à 18h, à Londres, le général Charles de Gaulle lance sur les ondes de la BBC son célèbre "Appel du 18 juin".
Le 19 juin 1940, dans les ports de Bayonne et de Saint-Jean de Luz, la Royal Navy évacue en Angleterre 190,000 soldats alliés, dont le contingent polonais.
Le 21 juin 1940, la délégation française d'armistice est reçue à Rethondes, dans la foret de Compiègne, dans le Wagon "Foch" à l'endroit exact où l'Allemagne avait capitulé le 11 novembre 1918. Le lendemain, après de laborieuses tractations, le général Charles Huntziger signe, en présence d'Hitler, l'Armistice et la capitulation de la France, qui devront entrer en vigueur le 25 juin.
Ce même jour, Benito Mussolini, qui a déclaré la guerre à la France et à la Grande-Bretagne le 10 juin, profitant de la victoire allemande, lance son offensive générale dans les Alpes et annexera bientôt tout le sud-est de la France.
Le 25 juin 1940, les opérations militaires cessent partout en France, exceptées quelques poches de résistance qui lutteront ici et là jusqu'au début du mois de juillet. La zone d'occupation allemande fixée par la convention d'armistice était plus petite que le territoire que la Wehrmacht avait conquis.
Trois jours plus tôt, la Wehrmacht s'était avancée jusqu'en Isère, à Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et Vichy. Elle se voit contrainte d'évacuer ces villes et de reculer.
Par contre, elle gagne les côtes atlantiques qu'elle n'occupait pas le 22 juin, à savoir de l'Estuaire de la Gironde jusqu'à la frontière espagnole. Ce sera le tracé de la futur ligne de démarcation, jusqu'à l'invasion allemande de la "Zone Libre", le 11 novembre 1942.
Bilan et conséquences de la Bataille de France (10 mai - 25 juin 1940).
Au cours de cette campagne de six semaines, la Wehrmacht a perdu (3) 27,074 tués, 110,034 blessés et 18,384 disparus, ainsi que 753 chars. La Luftwaffe, de son côté, enregistre la perte de 1,428 avions détruits et 488 autres endommagés, soit 36% des effectifs aériens engagés dans la bataille.
Selon le Service Historique de la Défense, l'Armée française a enregistré au cours de cette même période la perte de 85,310 tués, dont 5,400 Maghrébins, 12,000 disparus et plus de 1.5 million de prisonniers de guerre, qui prennent bientôt le chemin de l'Allemagne. En mai 1945, les Alliés rapatrieront 940,000 d'entre-eux. Entretemps, 24,600 prisonniers seront morts en captivité, 71,000 se seront évadés, et 220,000 relâchés en vertu des accords signés entre le Troisième Reich et le gouvernement de Vichy. La plupart des prisonniers français serviront comme "force de travail" dans les villes et campagnes allemandes. L'Armée de l'Air, de son côté, a perdu 1,274 avions détruits (4).
Les pertes des autres alliés se répartissent ainsi:
- Grande-Bretagne (4): 68,111 tués, blessés ou capturés. 959 avions de la Royal Air Force perdus, dont 477 chasseurs.
- Belgique: 23,350 tués ou blessés.
- Pays-Bas: 9,779 tués ou blessés.
- Contingent polonais: 6,092 tués, blessés ou capturés.
La défaite et les conditions d'armistice divisent le territoire métropolitain en deux parties. Au nord, la "Zone Occupée" par l'Allemagne. Au sud, la "Zone Libre" gouvernée par le régime collaborationniste de Vichy du maréchal Philippe Pétain. En novembre 1940, s'établiera une frontière (strictement fermée) entre les deux, la "Ligne de Démarcation".
Photo ci-dessous: réaction des Parisiens lors du défilé des troupes allemandes sur les Champs Elysées, le 14 juin 1940.
A Londres, le général Charles de Gaulle refuse de reconnaitre le gouvernement de Vichy et décide de poursuivre le combat aux côtés des Alliés. Après son "Appel du 18 juin", il fonde le mois suivant le Comité National Français (CNF) et les Forces Françaises Libres (FFL). Certaines colonies, comme l'Afrique Equatoriale française, se ralieront bientôt à lui.
Photo ci-dessous: le général Charles de Gaulle parle à la BBC de Londres durant la guerre.
Selon les termes de l'armistice, ce qui reste de l'Armée française est démobilisé ou doit déménagé en Afrique du Nord. Ne peut demeurer sur le territoire national qu'une minuscule "Armée de paix" de moins de 100,000 hommes. La Marine nationale et l'Armée de l'Air doivent également quitter la Zone Occupée et gagnent soit la Zone Libre, soit des bases en Afrique du Nord.
Au sujet sensible de la marine de guerre française, encore pratiquement intact et qui représente une force redoutable, l'amiral François Darlan a assuré au Premier ministre Winston Churchill que ses navires ne tomberont jamais aux mains des Allemands. Mais l'Amirauté britannique doute et ne croit pas trop à ces promesses.
Le 3 juillet 1940, une escadre aéronavale commandée par l'amiral sir James Somerville déclenche l'opération Catapult. Après avoir envoyé un ultimatum à l'amiral Marcel-Bruno Gensoul, lui enjoignant d'appareiller soit pour Malte, soit pour Alexandrie, en Egypte. Mais celui-ci tergiversant, les Britanniques interprètent cela comme un refus. La mort dans l'âme, Somerville ordonne d'ouvrir le feu. Les navires et l'aviation embarquée britanniques bombardent alors les navires français au mouillage dans leur base de Mers-el-Khebir, en Algérie. Le cuirassé Bretagne est coulé, et le destroyer Mogador s'échoue. Trois autres Battleship (Dunkerque, Provence et Strasbourg) et plusieurs destroyers sont endommagés. Après avoir subi des réparations sommaires, ceux-ci appareillent et trouvent refuge à Toulon. Au cours de cette triste affaire, 1,297 marins français trouvent la mort, et 350 autres sont blessés.
Les conséquences de Mers-el-Khebir ne tardent pas à se faire sentir: les relations entre le gouvernement britannique et la France Libre se refroidissent, les propagandes allemande et vichyste vont en profiter au maximum.
Photo ci-dessous: le cuirassé Strasbourg sous le feu des navires britanniques.
(3) Karl-Heinz Frieser: Blitzkrieg-Legende, 2nd ed., Munich 1996, page 400.
(4) E.R Hooton 2007, pages 47-48: Hooton uses the National Archives in London for RAF records. Including "Air 24/679 Operational Record Book: The RAF in France 1939–1940", "Air 22/32 Air Ministry Daily Strength Returns", "Air 24/21 Advanced Air Striking Force Operations Record" and "Air 24/507 Fighter Command Operations Record". For the Armee de l'Air Hooton uses "Service Historique de Armee de l'Air (SHAA), Vincennes".
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La Bataille de France (mai-juin 1940).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la "Bataille de France" est l'invasion allemande des Pays-Bas, de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg et de la France en 1940. L'offensive, entamée le 10 mai 1940, met fin à la Drôle de guerre, et se termine le 22 juin par la capitulation des forces armées françaises et la signature de l'Armistice par le gouvernement Pétain.
Article modifié le 10 mai 2020.
Sources principales:
• Battle of France (Wikipedia.org)
2 comments:
Bravo pour cet excellent article qui retrace si bien les opérations militaires , et souligne l'incompétence de l'Etat-Major français!
Une petite remarque cependant sur l'opération Sarre dont vous estimez qu'elle aurait pu terminer la guerre:
Sur le site:
http://meyer.famille.free.fr/ahk/index.php?fichier=operation_sarre.html
il y est rappelé que les francais manquaient d'artillerie lourde et d'obus de rupture pour percer le béton du Westwall allemand.
Faute de ces moyens, l'opération avait peu de chance d'aboutir ...
Bruno Broc - 'brocexco'
Excellent article !
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