La Bataille d'Angleterre est le nom donné à la campagne aérienne menée par la Luftwaffe contre la Grande-Bretagne, durant l'été et une partie de l'automne 1940. L'objectif des Allemands est la neutralisation de la Royal Air Force, de manière à permettre la traversée de la Manche et le débarquement de la Wehrmacht sur les côtes sud de l'Angleterre. Cette campagne va se dérouler en plusieurs phases. D'abord, du 10 juillet au 12 août, les attaques contre le traffic maritime britannique dans la Manche. Ensuite, du 13 août au 6 septembre, la neutralisation des terrains d'aviation du RAF Fighter Command. Et enfin, à partir de cette date, le bombardement des villes, en particulier de Londres, et des industries anglaises. Cette dernière phase marque le début du "Blitz", qui se poursuivra jusqu'en mai 1941.
Contexte.
Après l'évacuation de Dunkerque (27 mai - 4 juin) et la capitulation française (22 juin), Adolf Hitler se concentre sur les plans d'invasion de l'Union Soviétique, convaincu que la Grande-Bretagne, qui se retrouve seule après sa défaite sur le continent, demandera très vite à signer la paix.
Bien que le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Edward F.L. "Lord Halifax" Wood, et certains membres du parlement britannique sont favorables à une paix négociée, le nouveau Premier ministre, Winston Churchill, et une majorité au sein de son Cabinet ministeriel refuse toute armistice signée avec Hitler. Aussi Churchill, avec sa rhétorique habituelle, fait tout ce qui est en son pouvoir pour dissuader l'opinion publique d'une possible capitulation. Au contraire, il veut préparer les Britanniques à "une longue guerre". D'ailleurs, le 18 juin précédent, au cours d'un discours devenu célébre, Churchill avait déclaré à la Chambre des Communes: "La bataille de France est terminée. La bataille d'Angleterre est sur le point de commencer... C'est l'heure de vérité... Je vous promet du sang, des larmes et de la sueur... Nous nous battrons sur les plages, dans les champs et dans nos villes, mais nous ne nous rendrons jamais!"
Photo ci-dessous: Winston Churchill avait une foi inébranlable dans la victoire finale, même aux heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.
Le 11 juillet 1940, le Grand Amiral Erich Raeder, commandant en chef de la Marine de Guerre allemande (Kriegsmarine), déclare à Hitler qu'une invasion de la Grande-Bretagne par mer, en traversant la Manche, n'est possible que si la Luftwaffe s'assure de la supériorité aérienne dans cette zone. Raeder a encore en souvenir la campagne de Norvège, où la Kriegsmarine avait subi de lourdes pertes face aux 8 cuirassés, 21 croiseurs et 50 destroyers allignés par la Home Fleet. La Kriegsmarine, affaiblie, est désormais incapable de se mesurer à la Royal Navy. Dès lors, la seule alternative qui reste est que la Luftwaffe utilise ses bombardiers pour interdire tout traffic maritime ennemi et s'assure de la supériorité aérienne au-dessus de la Manche et de l'Angleterre.
Le 16 juillet 1940, en accord avec la déclaration de Raeder, Hitler ordonne la préparation d'un plan d'invasion terrestre de la Grande-Bretagne, en espérant que la nouvelle de ces préparatifs pousse les Britanniques à négocier une paix. Dans ce sens, il signe sa "Directive n°16" (Führer-Anweisung N°16):
"Puisque l'Angleterre, malgré sa situation désespérée et sans espoir, ne manifeste aucun désir de négocier, je décide de préparer une opération de débarquement contre elle, et si nécessaire, de la mettre à exécution. Le but de cette opération est d'éliminer l'Angleterre comme base permettant de poursuivre la guerre contre l'Allemagne, et si cela s'avère nécessaire, d'occuper entièrement la Grande-Bretagne.
"A cette fin, j'ordonne les choses suivantes:
"1° Les opérations amphibies doivent être menée sur un front s'étendant approximativement de Ramsgate jusqu'à la région de l'île de Wight, avec la Luftwaffe jouant le rôle de l'artillerie, et les unités navales le rôle des ingénieurs.
"2° Les préparatifs du débarquement en Angleterre incluent les opérations aériennes visant à le rendre possible.
"2a. L'aviation britannique devra donc être neutralisée, de manière à ce qu'elle n'entrave pas la traversée de la Manche et les opérations amphibies."
Tous ces préparatifs devront être terminés pour la mi-août 1940. Le plan, ayant reçu le nom de code d'Opération Seelöwe (Lion de Mer), est soumis au Commandement suprême de la Wehrmacht (OKW) et est programmé pour la mi-septembre 1940. Seelöwe désigne les opérations de débarquement sur la côte sud de l'Angleterre, qui seront précédée d'un assaut aéroporté. Ni Hitler ni l'OKW ne croit possible un tel débarquement avant que la Royal Air Force soit neutralisée. Est assigné à ces opérations le Heeresgruppe A du maréchal Gerd von Rundstedt, soit 41 divisions, dont 6 panzers et 3 motorisées.
Pour sa défense terrestre, la Grande-Bretagne ne dispose plus que de l'équivalent de vingt-cinq divisions d'infanterie, absolument démunies d'armement lourd, de moyens de transport et de blindés, réparties sur tout le territoire métropolitain. Son seul espoir repose donc sur l'efficacité de ses forces aériennes. Cet espoir se justifiera les semaines suivantes.
Forces aériennes en présence.
1° Chasseurs.
Les chasseurs allemands Messerschmitt Bf-109E et Bf-110C vont se mesurer aux Hawker Hurricane Mk.I et Supermarine Spitfire Mk.I du RAF Fighter Command. Le Bf-109E (Emil) dispose d'une plus grande vitesse ascensionnelle et est plus rapide en palier que les chasseurs britanniques, mais ces derniers affichent des meilleures capacités de manoeuvrabilité, notamment d'un plus faible rayon de virage en cas de combat tournoyant.
En septembre 1940, le Hurricane Mk.IIa commencera à entrer en service, mais en tout petit nombre. Cette version atteindra une vitesse maximale de 550km/h en palier, soit 48km/h de plus que le Mk.I. L'apparition du Spitfire Mk.I au-dessus de Dunkerque a causé une vive et désagréable surprise aux pilotes de chasse de la Luftwaffe.
Ci-dessous: cheville ouvrière du RAF Fighter Command en août-septembre 1940. 1° Hawker Hurricane Mk.I. 2° Supermarine Spitfire Mk.I.
Le Spitfire et le Hurricane sont tous deux équipés de 8 mitrailleuses Browning .303 de 7.7mm dans les ailes, contre 2 canons MG-FF de 20mm dans le capot moteur et 2 mitrailleuses de 7.92mm dans les ailes pour le Bf-109E. Ce dernier, dans les versions E-4/B à E-7, peut être employé comme chasseur-bombardier: il est en effet capable d'emporter une bombe de 250kg sous le fuselage. Le Bf-109E est également handicapé par un rayon d'action limité, comparé aux chasseurs britanniques.
Photo ci-dessous: Bf-109E-4, la version la plus répandue de ce chasseurs en août-septembre 1940.
Le Bf-110C est un avion bimoteur biplace à long rayon d'action. Surnommé Zerstörer ("Destructeur"), il est utilisé au début de la Bataille d'Angleterre comme chasseur d'escorte des bombardiers. Bien qu'il soit plus rapide que le Hurricane et atteint presque la vitesse du Spitfire, il manque cruellement de manoeuvrabilité lors des combats aériens, ce qui en fera une proie facile. Souffrant de lourdes pertes dans son rôle d'escorteur, il obtiendra de meilleurs résultats en tant que chasseur-bombardier ou encore bombardier en piqué. Il est équipé d'un ratelier sous chaque aile permettant d'emporter une paire de bombes de 250kg. Au cours du Blitz, il sera également employé comme chasseur nocturne.
Profilé ci-dessous: Bf-110C-1 Zerstörer employé au cours de la Bataille d'Angleterre.
2° Bombardiers.
En août-septembre 1940, la flotte de bombardiers de la Luftwaffe utilise des bombardiers en palier Junkers Ju-88A, Heinkel He-111P/H et Dornier Do-17Z, ce dernier surnommé le "Crayon Volant", ainsi que des bombardiers en piqué Junkers Ju-87B. Le bombardier allemand présent en plus grand nombre est le He-111.
Photo ci-dessous: le trio des bombardiers moyens de la Luftwaffe en août-septembre 1940. 1° Heinkel He-111H. 2° Junkers Ju-88A. 3° Dornier Do-17Z.
Les bombardiers moyens allemands sont limités dans leurs capacités. Le He-111 est le plus lent d'entre-eux, et le Ju-88 le plus rapide, quand celui-ci s'est débarassé de sa charge de bombe externe. Le Do-17Z "Crayon Volant", vu l'étroitesse de son fuselage, transporte une charge de bombe limitée. Confrontés aux chasseurs Spitfire et Hurricane, ces trois types de bombardiers souffriront, à l'instar du Stuka, d'importantes pertes, en particulier le Ju-88. Au cours du Blitz, ils seront utilisés comme bombardiers nocturnes.
Bien qu'il ait été utilisé avec succès lors des campagnes de Pologne et de France, le Ju-87 Stuka subira des pertes considérables lors de la Bataille d'Angleterre, en particulier le 18 août 1940. Sa vitesse maximale de 340km/h est très insuffisante et va en faire une proie très facile pour les intercepteurs britanniques.
Après cette journée noire, il sera bien vite retiré des unités de première ligne jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique, le 22 juin 1941.
Photo ci-dessous: moteur Junkers Jumo 211D installé sur un Ju-87B-2. Une "Trompette de Jéricho" est visible sur la jambe du train d'atterrissage.
3° Pilotes.
Avant la guerre, le processus britannique de sélection des candidats potentiels est devenu accessible à toutes les classes sociales depuis la création, en juillet 1936, de la "RAF Volunteer Reserve" (RAFVR), un Corps de Réserve chargé de la formation et de l'entraînement des aviateurs destinés aux formations de première ligne. Grâce à ce système, les effectifs de la RAF, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, se multiplient grandement et, le 1er septembre 1939, elle compte dans ses rangs 6,646 pilotes formés grâce à la RAFVR.
En août 1940, la Royal Air Force compte environ 9,000 pilotes pour approximativement 5,000 avions disponibles. Le RAF Fighter Command n'est pas encore à cours d'aviateurs, mais il commence à éprouver des difficultés à recruter des pilotes suffisament entraînés, pour combler les pertes en opération. Alors que la production de chasseurs est de 300 exemplaires chaque semaine, celle des pilotes confirmés au cours de la même période s'élève péniblement à 200.
Sur les 9,000 pilotes britanniques, seul un tier d'entre-eux sont affectés à des squadrons opérationnels, 20% suivant une formation complémentaire dans d'autres pays du Commonwealth, par exemple au Canada ou en Rhodésie, et 20% servant comme cadres ou pilotes instructeurs au sein du RAFVR.
Pour ces raisons, en plus des pertes humaines subies au cours des campagnes antérieures en France (435 pilotes de chasse perdus) et en Norvège, le manque des pilotes suffisament entraînés se fera cruellement sentir, bien plus que celui des avions. Ce manque de personnel deviendra au cours des semaines le principal sujet de préoccupation du maréchal de l'Air Hugh Dowding. En puisant largement dans l'Auxiliary Air Force et le Corps de Réserve, en grattant tous les fonds de tiroirs, celui-ci parvient, le 1er juillet 1940, à rassembler 1,103 pilotes de chasse opérationnels. Le remplacement des pilotes abattus au combat, par des novices peu entraînés et n'ayant pas terminé leur formation, entraînera encore d'énormes pertes, face à des aviateurs allemands plus expérimentés.
Comparativement, la Luftwaffe alligne un plus grand nombre de pilotes de chasse expérimentés, solidement entraînés et formés sur le terrain au cours de la Guerre d'Espagne dans la Légion Condor, en Pologne, en Norvège et en France. L'aviation allemande souffre cependant d'un manque de pilotes de réserve, pour combler les pertes éventuelles, et ainsi sa force de frappe et ses effectifs déclineront progressivement au cours de cette bataille aérienne.
Photo ci-dessous: la Luftwaffe compte un plus grand nombre de commandants compétents, certains eux-mêmes anciens pilotes de chasse confirmés, et d'as ayant combattu lors des campagnes d'Espagne, de Pologne, de Norvège et de France. Par exemples, de gauche à droite, Adolf Galland (III./JG 26), Albert Kesselring (Luftlotte 2) et Hugo Sperrle (Luftflotte 3).
4° Participation de volontaires étrangers.
Le "Royal Air Force Roll of Honor for the Battle of Britain" reconnait officiellement 595 volontaires étrangers, sur un total de 2,936 pilotes de la Royal Air Force et de la Fleet Air Arm ayant effectué des missions de combat entre le 10 juillet et le 31 octobre 1940. Ceux-ci proviennent soit des pays membres du Commonwealth ou des Dominions (Canada, Rhodésie, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud), soit des pays occupés par l'Allemagne en Europe (Pologne, Belgique, France, Pays-Bas, Danemark, Norvège), soit de pays neutres comme les Etats-Unis ou le Brésil. Le Roll of Honor compte 145 Polonais, 127 Néo-Zélandais, 112 Canadiens, 88 Tchécoslovaques, 32 Australiens, 28 Belges, 25 Sud-Africains, 13 Français, 11 Américains, 10 Irlandais, 1 Palestinien, 1 Rhodésien et 1 Jamaïcain.
Plusieurs pilotes américains servent durant la Bataille d'Angleterre entre juillet et octobre 1940, dispersés au sein des squadrons du RAF Fighter Command. En septembre 1940, est formée la première unité entièrement américaine de la RAF, le Squadron 71. Plus tard, au cours du Blitz, rejoints par de nouveaux volontaires en provenance des Etats-Unis, ces pilotes seront regroupés et formeront les trois "Eagle Squadrons" américains (RAF Squadrons 71, 121 et 133). Déclarés opérationnels en février 1941, ils participeront au Blitz. Certains futurs as de la 8th Air Force, tels Dominic "Don" Gentile, Francis "Gaby" Gabriesky et Donald Blakeslee, ont ainsi combattu sous l'uniforme britannique, bien avant même l'entrée en guerre officielle des Etats-Unis.
Photos ci-dessous: 1° Le Squadron 303 polonais (Hurricane Mk.I), commandé par le Squadron Leader Stanislas Krasnodebski, sera crédité de 126 victoires durant la Bataille d'Angleterre. 2° Le Pilot Officer américain Andrew B. Mamedoff du Squadron 609 canadien, le 14 septembre 1940 (Spitfire Mk.I). Les pilotes américains des Eagle Squadrons combattront sous l'uniforme de la RAF, avant de revêtir celui de l'USAAF, jusqu'en septembre 1942. 3° Pilotes canadiens du Squadron 242 (Hurricane Mk.I) basé à Coltishall, commandé par Douglas Bader, l"as sans jambes", septembre 1940.
Stratégie et ordre de bataille de la Luftwaffe.
La Luftwaffe a été créée à l'origine pour fournir un soutien tactique aux troupes terrestres sur les champs de bataille. Au cours des campagnes de Pologne, du Danemark, de Norvège, et lors de l'offensive à l'Ouest de mai-juin 1940, elle a parfaitement coopéré avec la Wehrmacht dans cette optique. Cependant, précisément pour cette raison, et contrairement à d'autres forces aériennes occidentales, l'Allemagne ne dispose d'aucune aviation de bombardement stratégique. Ce qui, au cours de la Bataille d'Angleterre, posera certains problèmes.
Pour participer à cette campagne, la Luftwaffe a regroupé trois Luftflotten, ou "Flottes aériennes", deux sur les côtes de la Manche, en France, Belgique et Pays-Bas, et une dans le sud de la Norvège. La Luftflotte 2, commandée par le maréchal Albert Kesselring, est responsable du bombardement du Sud-Est de l'Angleterre, et plus particulièrement de la région londonienne. La Luftflotte 3 du maréchal Hugo Sperrle est chargée du Sud-Ouest. Et enfin, la Luftflotte 5, commandée par le général Hans-Jurgen Stumpff, s'occupera des Midlands et du nord de la Grande-Bretagne.
Les trois flottes aériennes rassemblent au total 2,669 avions opérationnels, dont 1,015 bombardiers d'altitude Heinkel He-111, Dornier Do-17 et Ju-88, 346 bombardiers en piquée Ju-87, 375 chasseurs-bombardiers Bf-110 bimoteurs, et 933 chasseurs monomoteurs Bf-109E.
Pour analyser en détail la structure organique et le système d'identification de la Luftwaffe au début de la Seconde Guerre mondiale, voir: Blogosphère Mara, "Luftwaffe à la veille de la Seconde Guerre mondiale".
Blogosphère Mara: Luftwaffe à la veille de la Seconde Guerre mondiale
Luftflotte 2. QG Bruxelles, Belgique. Maréchal de l'Air Albert Kesselring.
La Luftflotte 2 compte 14 groupes de chasse (Jagdgruppen), 18 groupes de bombardement classique (Kampfgruppen), 2 groupes de bombardement en piqué (Sturzkampfgruppen), 4 groupes de chasse-bombardement (Zerstörergruppen), plus une variété d'unités de reconnaissance, de patrouille maritime et de sauvetage en mer.
Elle a réparti ses forces en quatre commandements administratifs:
I Fliegerkorps. QG Beauvais, France. Général Ulricht Grauert.
II Fliegerkorps. QG Gand, Belgique. Général Bruno Loerzer.
9 Fliegerdivision. QG Soesterberg, Pays-Bas. Général Joachim Coeler.
Jagdfliegerführer 2 [Jafü 2]. QG Wissant, France. Colonel Kurt-Bretram von Döring.
Luftflotte 3. QG Paris, France. Maréchal de l'Air Hugo Sperrle.
La Luftflotte 3 compte 7 groupes de chasse (Jagdgruppen), 15 groupes de bombardement classique (Kampfgruppen), 8 groupes de bombardement en piqué (Sturzkampfgruppen), et 2 groupes de chasse-bombardement (Zerstörergruppen).
Elle a réparti ses forces en quatre commandements administratifs:
IV Fliegerkorps. QG Dinart, France. Général Kurt Pflugbeil.
V Fliegerkorps. QG Villacoublay. Général Robert Ritter von Greim.
VIII Fliegerkorps. QG Deauville. Général Wolfram Freiherr von Richtofen.
Jagdfliegerführer 3 [Jafü 3]. QG Wissant. Colonel Gert von Massow.
Luftflotte 5. QG Stavanger, Norvège. Général Hans-Jurgen Stumpf.
La Luftflotte 5 est la plus petite de trois flottes aériennes allignées par l'Allemagne. Elle ne compte qu'un commandement administratif, le X Fliegerkorps. Ses forces sont réparties en deux escadres (4 groupes) de bombardement classique (He-111 et Ju-88), 1 escadre à 3 groupes de chasse (Bf-109E), et 1 groupe de chasse-bombardement (Bf-110C). Plus diverses autres petites unités d'hydravions, de reconnaissance maritime et de sauvetage en mer (He-115).
X Fliegerkorps. QG Stavanger, Norvège. Général Hans Geiseler.
Système défensif et ordre de bataille de la Royal Air Force.
1° Système Dowding.
Le maréchal de l'Air Hugh Dowding a installé un centre de commandement, de contrôle et de détection dans le batiment abritant le QG du RAF Fighter Command, sur la base de Bentley Priory. La clé de voute de ce centre, installée par Dowding lui-même, c'est l'utilisation de la nouvelle arme technologique: le "système de radio-détection", ou "RAdio Detection And Ranging" (RADAR).
Le RADAR a été breveté en Grande-Bretagne en juin 1935 (British Patent GB593017) par l'ingénieur Sir Robert Watson-Watt, et la Royal Air Force a tout de suite perçu l'importance de ce système de détection. Les Britanniques ont installé sur les côtes sud de l'Angleterre toute une série de tours de détection, appelée la "Chain Home". Ce système permet, en envoyant des ondes électromagnétiques, de détecter les objects métalliques (avions) assez loin pour permettre aux chasseurs Spitfire et Hurricane de les intercepter avant qu'ils atteignent leur objectifs.
Dowding a également installé un centre de contrôle où sont collectées toutes les informations transmises par les observateurs et les contrôleurs radars (équipés de téléphones) sur la côte, puis celles-ci sont retransmisent vers les secteurs et les aérodromes concernés.
Carte ci-dessous: portée de la couverture radar en Grande-Bretagne en juillet 1940.
2° Metropolitan Air Force.
Le RAF Fighter Command de "Stuffy" Dowding a divisé l'espace aérien de la métropole en quatre régions, chacune assignée à un "Group" commandé par un "Air Vice-Marshal", un maréchal de l'Air adjoint.
Photo ci-dessous: commandants respectifs du RAF Fighter Command et des Group 10, 11, 12 et 13. De gauche à droite, Sir Hugh C.T. Dowding, Sir Christopher Q. Brand, Sir Keith R. Park, Sir Trafford Leigh-Mallory et Richard E. Saul.
Les groupes sont eux-mêmes divisés en "Secteurs", chacun commandé par un "Group Captain" ou un "Wing Commander", comprenant un aérodrome central (équipé d'une "Sector Operations Room"), d'aérodromes satellites annexes, ainsi qu'entre deux et quatre squadrons. C'est le coeur du système de défense mis en place par Dowding.
Le 12 août 1940, la veille du "Jour de l'Aigle" (Adlertag), le RAF Fighter Command alligne au total 673 chasseurs, dont 221 Spitfire Mk.I répartis dans 19 squadrons, 378 Hurricane Mk.I dans 32 squadrons, ainsi que 6 squadrons de Blenheim Mk.IF et 2 squadrons de Defiant Mk.I.
Photos ci-dessous: un des "oubliés" de la Bataille d'Angleterre, le Boulton-Paul Defiant Mk.I.
Group 10. QG Rudloe Manor, Box, Wiltshire. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Christopher Q. "Flossie" Brant.
Group 11. QG Hillingdon House, Uxbridge, Middlesex. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Keith R. Park.
Group 12. QG Watnall, Nottingham, Nottinghamshire. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Trafford Leigh-Mallory.
Group 13. QG Newcastle-on-Tyne, Northumberland. Maréchal de l'Air Adjoint Richard E. Saul.
Déroulement de la Bataille d'Angleterre.
La Bataille d'Angleterre se divise en quatre phases:
1° Bataille de la Manche (10 juillet au 12 août 1940).
La bataille d'Angleterre débute officiellement le 10 juillet 1940, avec l'attaque d'un convoi britannique au large de Douvres par des Dornier Do-17Z du KG2, escortés par des Bf-110C du ZG26 et des Bf-109E du JG3. Ce premier raid aérien allemand est conforme à l'ordre d'opération donné par le commandement de la Luftwaffe, le 2 juillet: offensive simultannée contre les navires britanniques dans la Manche et les chasseurs de la Royal Air Force dans le ciel.
Pour riposter contre les attaques de convois, le RAF Fighter Command prône sa tactique habituelle: engager les bombardiers ennemis avec les Hurricane, pendant que les Spitfire se chargent des chasseurs d'escorte. Mais dans les faits, les pilotes s'en tiendront à cette tactique qu'occasionnellement, les Hurricane se mesurant aux chasseurs Messerschmitt aussi souvent que les Spitfire.
Ces premiers combats aériens n'atteignent pas encore l'intensité de ceux qui marqueront la suite des évenements, dans les semaines à venir, mais ils donnent déjà un avant-goût saumâtre aux pilotes du RAF Fighter Command, sur ce qui les attend. En effet, beaucoup de jeunes novices, inexpérimentés, disparaissent au cours de leur premier engagement dès cette période.
Le convoi CW-9, parti de Medway le 7 août 1940, avec 20 navires marchands et 7 navires d'escorte de la Royal Navy, est attaqué la nuit suivante par une meute de U-Bootes, et perd trois de ses bâtiments. A l'aube du 8 août, le maréchal Hugo Sperrle, commandant de la Luftflotte 3, ordonne à ses bombardiers d'achever le convoi, qui se trouve au large de Brighton.
Les navires britanniques sont pris à partie par plus de 60 Ju-87B des StG1, StG2 et StG77, tandis que d'autres bombardiers en piqué attaquent plusieurs tours radar de la Chaine Home sur la côte. 4 navires marchands sont coulés, et de nombreux autres tentent de gagner des ports côtiers tant bien que mal. Seuls 4 d'entre-eux, sur les 20 du départ, atteignent leur destination, Swanage dans le Dorset.
Des Hurricane du Squadron 145 interceptent pendant cette attaque les Stuka, et leurs pilotes revendiquent le destruction de 21 bombardiers ennemis (le score réel étant de 11).
C'est également au cours de cette période que les Defiant et Messerschmitt Bf-110 commencent à montrer des signes de leur vulnérabilité, lors des combats aériens (dogfighting), face à des chasseurs beaucoup plus rapides et manoeuvrables.
Photo ci-dessous: les Defiant, trop lent, souffriront d'énormes pertes face aux Messerschmitt Bf-109. Ici, deux d'entre-eux du Squadron 264 abattus dans la journée du 28 août 1940. Ils seront bien vite retirés des unités opérationnelles.
2° Attaque de l'Aigle (13-23 août 1940).
Les attaques initiales de la Luftwaffe contre les terrains d'aviation britanniques sur la côte portent le nom de code d'Adlerangriff ou "Attaque de l'Aigle".
La veille du déclenchement de cette offensive aérienne, le 12 août 1940, des Bf-110 Zerstörer de l'Erprobungsgruppe 210 mènent des attaques préventives contre quatre stations radar.
Le 13 août 1940, c'est l'Adlertag, le "Jour de l'Aigle", nom donné à cette première journée d'offensive de la Luftwaffe. Il avait été fixé auparavant au 10 août, mais ensuite repoussé en raison de mauvaises conditions météorologiques. Le maréchal Hermann Goering entame donc la destruction de la Royal Air Force sur ces aérodromes, en préparation de l'opération Seelöwe.
Les objectifs d'Adlertag sont les terrains d'Hawkinge, Manston, Kenley, North Weald, Biggin Hill et Hornchurch, et les stations radars de Lydd, Lympne, Manston et Douvres. La station radar de Douvres est détruite, et les aérodromes de Manston et de Biggin Hill fortement endommagés. Au cours de cette première journée, les Allemands engagent 1,485 avions, et en perdent 45. Le RAF Fighter Command, de son côté, enregistre la perte de 13 chasseurs et 7 pilotes.
Au cours de cette seconde phase de la Bataille d'Angleterre, les Allemands mettent maintenant en évidence toutes les "imperfections" de la Luftwaffe. Par exemple, le Ju-87B Stuka, qui a une vitesse maximale de 300 km/h et n'atteint qu'une altitude maximale de 3,500 mètres, et qui avait fait régner la terreur lors des campagnes de Pologne et de France, est maintenant une proie facile pour les chasseurs Spitfire et Hurricane beaucoup plus rapides (600 km/h pour l'un, 510 km/h pour l'autre), plus manoeuvrables et qui grimpent sans difficulté à 4,000 ou 5,000 mètres d'altitude.
Il en est de même pour les chasseurs bimoteurs Bf-110 Zerstörer, bien armés et assez rapides, mais qui manquent de souplesse et de manoeuvrabilité. Les bombardiers tactiques allemands ne transportent qu'une charge maximale de 2,000 kg de bombes pour le He-111, 1,800 kg pour le Ju-88 et 1,000 kg pour le Do-17, donc une capacité de destruction assez réduite pour le risque qu'ils encourent d'être abattus avant d'atteindre leurs objectifs.
Pour finir, l'autonomie limitée des Bf-109E ne leur permet qu'au maximum 20 minutes de combat contre les chasseurs britanniques. Malgré ces infériorités, Goering et le commandement de la Luftwaffe se donnent quatre jours pour détruire les aérodromes au sud de la ligne Londres-Gloucester, et quatre semaines pour éliminer complètement la Royal Air Force.
Photo ci-dessous: une formation de He-111 franchit la Manche pour bombarder les terrains d'aviation du RAF Fighter Command.
Le 15 août 1940, c'est le point culminant d'Adlerangriff. Intervient pour la première fois de la Bataille d'Angleterre la Luftflotte 5, stationnée en Norvège et au Danemark, contre les terrains d'aviation en Ecosse. Au cours de cette journée, Au cours de la journée, la Luftwaffe effectue sept raids et 1790 sorties sur l'Angleterre.
Toutes les missions de la Luftwaffe, commencées à 11h30 et terminées vers 18h30, se heurtent à une violente réaction de la Royal Air Force et de la DCA britannique. Bilan de cette journée: La Royal Air Force perd 34 avions, les Allemands enregistrent la perte de 75 avions.
Le 17 août 1940, toutes les missions programmées sont annulées en raison des conditions météorologiques déplorables.
Le 18 août 1940, la Luftwaffe déclenche de très violentes attaques contre les terrains d'aviation de West Malling, Biggin Hill, Kenley et Croydon. Elle y laisse 53 avions, contre 31 pour la Royal Air Force.
Depuis le 13 août 1940, les Allemands ont déjà perdu 230 avions. Pour les Ju-87B Stuka, c'est la journée la plus noire de la bataille. Goering les faits retirés des unités opérationnelles. En ce qui concerne les Bf-110, qui ont subi de lourdes pertes en affrontant en combat aérien les chasseurs britanniques, ceux-ci ne seront plus utilisés qu'exclusivement dans le rôle d'escorteurs des bombardiers.
Durant la même période, les Britanniques ont enregistré la perte de 104 Spitfire et Hurricane, sur les 673 chasseurs des effectifs de départ du RAF Fighter Command, c'est énorme!
Goering prend une autre décision, lourde de conséquences: déçu par les performances des Bf-109, il ordonne à ceux-ci de ne plus chercher l'affrontement avec les Spitfire (Sweep, ou "Chasse libre"), et de ne plus se consacrer qu'à des missions d'escorte de bombardiers, ce qui rend furieux la plupart des pilotes de chasse allemands. Il fait porter l'essentiel des attaques par la Luftflotte 2, et les chasseurs de la Luftflotte 3 sont transférés pour renforcer les bases de chasse dans le Pas-de-Calais. Les bombardiers de la Luftflotte 3, désormais sans chasseurs de protection, se concentrera dans des attaques nocturnes.
Le commandant de la Luftwaffe procède également à des remaniement dans les postes de commandement, au niveau des Geschwaders (escadres) de chasse, en remplaçant les anciens par des plus agressifs, tels Adolf Galland et Werner Mölders.
Photo ci-dessous: Bf-109E du JG51 "Mölders" sur l'aérodrome de Wissant, août-septembre 1940.
3° Attaques contre l'ensemble des aérodromes anglais (24 août - 6 septembre 1940).
Interrompue le 19 août 1940 en raison des mauvaises conditions météorologiques, l'offensive aérienne allemande reprend de plus belle. Cette fois, Goering ordonne d'attaquer tous les aérodromes britanniques, les infrastructures portuaires et les industries aéronautiques.
Donc attaque massive de la Luftwaffe contre les terrains d'aviation de North Weald, Hornchurch, Manston, Biggin Hill, des centres de commandement du RAF Fighter Command, et les ports de Douvres, Ramsgate et Portsmouth. La Luftwaffe effectue 1390 sorties et perd 52 avions. Le RAF Fighter Command enregistre la perte de 27 avions.
Cette troisième phase de la bataille d'Angleterre est la plus intensive et la plus critique. Sur les 33 raids aériens allemands menés au cours des deux semaines suivantes, 22 le seront contre des aérodromes britanniques. Biggin Hill et Hornchurch seront touchés chacun à quatre reprises. Debden et North Weald, deux fois. Croydon, Gravesend, Rochford, Hawkinge et Manston, seront également atteints.
Sont également visés certaines bases du RAF Coastal Command, comme Eastchurch. Les pilotes du RAF Fighter Command, qui cumulent parfois jusqu'à quatre ou cinq sorties dans la même journée, commencent à craquer nerveusement. Les jeunes pilotes provenant des Operational Training Units, qui remplacent leurs homologues abattus ou au bout du rouleau, n'ont bien souvent que 9 ou 10 heures de vol à leur actifs, et face à des pilotes expérimentés comme Galland, Mölders et d'autres as, ils deviennent des proies très faciles.
Dans la nuit du 24 au 25 août, survient un évenement qui va changer le cours de la bataille: plusieurs avions allemands (jamais identifiés) larguent par erreur plusieurs bombes sur le quartier de Harrow, dans la banlieue londonienne. En représailles, le Premier ministre Winston Churchill donne l'ordre au RAF Bomber Command de bombarder Berlin.
Dans l'après-midi du 25 août 1940, la Luftwaffe s'en prend à l'aérodrome de Warmwell et aux ports de Douvres et de l'estuaire de la Tamise. Les Allemands perdent 20 avions, les Britanniques 16.
Le 26 août 1940, sont visés les terrains de Biggin Hill, Kenley, Debden, North Weald, Warmwell et Hornchurch. Les installations portuaires de Douvres, Saint-Eval, Barnemouth et Plymouth. Le soir, la Luftwaffe a perdu 41 avions. Le RAF Fighter Command, 31.
En représaille du bombardement de Londres par la Luftwaffe, deux nuits plus tôt, 81 bombardiers moyens Wellington, Whitley et Hampden s'en prennent pour la première fois de la guerre à Berlin. Les dégâts sont minimes. Mais c'est une giffle magistrale à la figure du maréchal de l'Air Hermann Goering, qui avait proclamé précédement: "Si un seul bombardier britannique parvient à franchir la Ruhr, appelez-moi Meyer!"
Le 28 août 1940, la Luftwaffe s'acharne contre les aérodromes d'Eastchurch et de Rochford, qui appartiennent au RAF Coastal Command. Bilan de la journée: 30 avions allemands abattus, 28 britanniques.
Le 30 août 1940, les bombardiers allemands s'en prennent aux terrains de Biggin Hill et de Kenley, aux centres radar de Dover, Rye, Pevensey, Foreness, Beachy Head, Forelight et Whitsable. Biggin Hill est bombardée deux fois de suite dans la même journée. Les Allemands perdent 36 avions, les Britanniques 25.
Le 31 août 1940, des avions de reconnaissance britanniques signalent la présence, dans les ports français, belges et néerlandais, de nombreux moyens de débarquement allemands, de toute forme et de toute taille.
En Grande-Bretagne, les Allemands poursuivent leurs raids contre les aérodromes de North Weald, Hornchurch, Biggin Hill, déjà touché la veille, Croydon, Debden et Detling. Ils causent également des dommages importants à cinq centres d'opérations: Rye, Pevensey, Beachy Head, Foreness et Whitstable. Au cours de cette journée, le RAF Fighter Command perd 39 avions, contre 41 pour la Luftwaffe.
Le 1er septembre 1940, nouvelle incursion de la Luftwaffe contre Biggin Hill, touché pour la quatrième fois en trois jours. Les Allemands bombardent également Eastchurch, Detling, Lympne et Hawkinge.
Le Ministère de la production aéronautique, "Ministry of Aircraft production", dirigé par William Maxwell "Lord Beaverbrook" Aitkens, a réalisé de véritables prouesses, en arrivant, depuis le déclenchement de l'Adlerangriff le 13 août, à combler tant bien que mal les pertes en chasseurs du RAF Fighter Command.
Les Britanniques ont cependant un énorme avantage sur les Allemands: ils combattent au-dessus de leur territoire. Les pilotes qui parviennent à sauter en parachute regagnent leur unités au bout de quatre ou cinq heures seulement, alors que les pilotes et équipages abattus de la Luftwaffe sont irrémédiablement perdus.
Malgré la prouesse de lord Beaverbrook, les Allemands ont complètement désorganisé les liaisons entre les différents centres de commandement de la Royal Air Force, sévèrement endommagés la plupart des aérodromes du Groupe 11 et des stations radar sur la côte sud de l'Angleterre.
La situation du RAF Fighter Command devient critique, surtout en ce qui concerne les pilotes. Il lui manque maintenant environ 300 pilotes, et les autres sont nerveusement au bout du rouleau. Il se voit contraint de puisser dans les autres commandements, comme le RAF Coastal Command, et surtout de rendre opérationnelles de nouvelles escadrilles étrangères, toujours à l'entraînement.
C'est ainsi qu'environ 200 pilotes belges, français, tchèques, polonais, australiens, rodhésiens, sud-africains, néo-zélandais, et même une poignée d'Américains, viennent renforcer le dispositif anglais sur le point de lâcher prise. C'est un véritable ballon d'oxygène pour Dowding. Mais c'est Adolf Hitler lui-même qui offrira bientôt aux Britanniques une occasion inespérée de souffler et de se ressaisir.
Photo ci-dessous: un vétéran de la Bataille d'Angleterre restauré, le 20 août 2006.
Le 2 septembre 1940, la Luftwaffe poursuit ses attaques. Ses objectifs du jour sont Biggin Hill, touché pour la cinquième fois en quatre jours, Rochford, North Weald, Debden, Eastchurch, Hornchurch, Kenly, Digby et Detling. Les Allemands perdent 35 avions. Les Britanniques, 31.
Le 3 septembre 1940, les terrains de North Weald, Hornchurch et Debden sont sévèrement endommagés. Les Allemands et les Britanniques perdent chacun 16 avions.
Le 4 septembre 1940, à Berlin, Adolf Hitler déclare: "J'ai tenté d'épargner les Britanniques. Ils ont pris mon sens de l'humanité pour de la faiblesse et répondent en assassinant des femmes et des enfants allemands. Je raserai leurs villes..." Au cours de la nuit suivante, les Allemands larguent des fusées éclairantes au-dessus de Londres.
Le 5 septembre 1940, la Luftwaffe "revisite" les aérodromes de Croydon, Lympne, North Weald, Biggin Hill et Eastchurch. Les Allemands perdent 23 avions, le RAF Fighter Command 20.
Le 6 septembre 1940, les bombardements sur les installations portuaires de la côte sud de l'Angleterre font déclencher l'alerte du second degré, qui signifie: "attaque terrestre probable dans les trois jours". Biggin Hill est touché pour la septième fois en une semaine. Les Allemands enregistrent la perte de 35 avions. Les Britanniques, 23.
4° Blitz (6 septembre - 31 octobre 1940).
Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1940, 350 bombardiers He-111, Do-17 et Ju-88 de la Luftwaffe, escortés par 600 chasseurs Bf-109 et Bf-110, se succèdent au-dessus de Londres et déversent 337 tonnes de bombes, en prenant pour cibles prioritaires l'arsenal de Woolwich et les docks construits le long de la Tamise.
Hitler ordonne ainsi, au moment même où le RAF Fighter Command a les genoux à terre et est sur le point de succomber, un changement radical à la Luftwaffe: ses objectifs ne seront plus les terrains d'aviation britanniques, mais les principaux centres hurbains et les industries aéronautiques. Il met en application la promesse qu'il avait fait aux Allemands dans son discours du 4 septembre: "Je raserai leurs villes." C'est le début officiel du "Blitz". Il durera jusqu'en mai 1941.
Photo ci-dessous: l'hôpital Saint Thomas, à proximité de la Chambre des Représentants du Parlement britannique, bombardé pour la première fois par la Luftwaffe le 8 septembre 1940.
A 20h, les commandants en chef des trois forces armées britanniques diffusent un message réduit au seul nom de code "Cromwell", c'est-à-dire "Invasion ennemie probable dans les vingt-quatre heures". Durant cette journée, les Allemands perdent 37 avions, contre 24 pour les Britanniques.
le 15 septembre 1940 marque le plus grand combat aérien de la Bataille d'Angleterre. Pendant toute cette journée et la nuit suivante, la Luftwaffe s'acharne sur Londres. Les destructions et les pertes civiles sont catastrophiques, mais les points sensibles de la capitale ne sont pas touchés. D'autres bombardiers allemands cherchent à atteindre les usines aéronautiques de Southampton, mais se heurtent à une violente réaction de la DCA britannique.
5° La théorie controversée du "Big Wing" de Leigh-Mallory (15 septembre 1940).
Ce même jour, Douglas Bader et Leigh-Mallory mettent en application leur théorie du "Big Wing", qui par la suite fera l'objet d'une controverse entre les Groups 11 (Keith Park) et 12 (Leigh-Mallory). Les interceptions du RAF Fighter Command ne s'effectuent plus par sections ou squadrons, jetés dans la bataille ici et là séparément et de manière non-coordonnés, mais désormais par formation de quatre ou cinq squadrons, avec une soixantaine de chasseurs. Le problème est que pour les rassembler, il faut beaucoup de temps, ce qui laisse habituellement le temps à la Luftwaffe de s'échapper et de rentrer à ses bases. La première mission du Big Wing est menée par Bader à la tête des Squadrons 242, 302, 310, 19 et 611, avec des résultats mitigés: cinq bombardiers et un chasseurs allemands abattus, pour la perte de deux avions anglais.
Au cours de la nuit du 15 au 16 septembre 1940, Bristol, Cardiff, Liverpool et Manchester sont également bombardés. Les Allemands engagent au cours de cette journée 830 bombardiers et 700 chasseurs de protection. Ils déplorent la perte de 66 avions. Contre 27 seulement pour le RAF Fighter Command.
Alors que Goering pensait donner le coup de grâce à l'aviation de chasse britannique, la journée s'achève par une victoire de la Royal Air Force. Désormais, les Allemands renoncent aux raids diurnes, trop coûteux. A ce stade, il est clair que les Britanniques ont désormais remporté la "Bataille aérienne d'Angleterre" et ont survécu.
A partir de cette date, pour échapper aux chasseurs britanniques, la Luftwaffe interviendra exclusivement de nuit, par vagues de 150 à 200 bombardiers à chaque mission. Le Blitz tuera au total 50,000 civils britanniques.
Même si des attaques allemandes contre les aérodromes britanniques se poursuivront, avec une moindre intensité, jusqu'en novembre 1940, la "Bataille aérienne d'Angleterre" se termine officiellement le 31 octobre. Pour leur part, les bombardements nocturnes de Londres se poursuivront (Mini-Blitz) jusqu'en mai 1941.
Bilan et pertes.
Depuis le 13 août, "Jour de l'Aigle", la Luftwaffe a complètement désorganisé les centres de commandement, endommagé la majorité des terrains d'aviation britanniques, et détruit 426 chasseurs de la Royal Air Force. Du 10 juillet au 15 septembre 1940, l'aviation allemande a perdu, selon ses propres statistiques, 1,636 chasseurs et bombardiers avec leurs équipages. Soit 47% des chasseurs monomoteurs (Bf-109), 60% des chasseurs bimoteurs (Bf-110), et 45% des bombardiers moyens (He-111, Ju-88 et Do-17) engagés.
Winston Churchill et Sir Hugh Dowding peuvent se réjouir d'un fait indiscutable: la Royal Air Force a survécu à l'offensive aérienne allemande, la Grande-Bretagne est sauvée! C'est la première défaite militaire de l'Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale, un an après son commencement. Le Premier ministre britannique prononce d'ailleurs à la BBC une allocution mémorable pour qualifier les actions des pilotes britanniques et étrangers: "Jamais dans l'histoire des conflits humains un aussi grand nombre de personnes n'auront dû leur salut à un si petit nombre!"
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La Bataille d'Angleterre (10 juillet - 31 octobre 1940).
Article modifié le 10 mai 2016.
Sources principales:
• Battle of Britain (Wikipedia.org)
• RAF: the Battle of Britain (raf.mod.uk)
Contexte.
Après l'évacuation de Dunkerque (27 mai - 4 juin) et la capitulation française (22 juin), Adolf Hitler se concentre sur les plans d'invasion de l'Union Soviétique, convaincu que la Grande-Bretagne, qui se retrouve seule après sa défaite sur le continent, demandera très vite à signer la paix.
Bien que le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Edward F.L. "Lord Halifax" Wood, et certains membres du parlement britannique sont favorables à une paix négociée, le nouveau Premier ministre, Winston Churchill, et une majorité au sein de son Cabinet ministeriel refuse toute armistice signée avec Hitler. Aussi Churchill, avec sa rhétorique habituelle, fait tout ce qui est en son pouvoir pour dissuader l'opinion publique d'une possible capitulation. Au contraire, il veut préparer les Britanniques à "une longue guerre". D'ailleurs, le 18 juin précédent, au cours d'un discours devenu célébre, Churchill avait déclaré à la Chambre des Communes: "La bataille de France est terminée. La bataille d'Angleterre est sur le point de commencer... C'est l'heure de vérité... Je vous promet du sang, des larmes et de la sueur... Nous nous battrons sur les plages, dans les champs et dans nos villes, mais nous ne nous rendrons jamais!"
Photo ci-dessous: Winston Churchill avait une foi inébranlable dans la victoire finale, même aux heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.
Le 11 juillet 1940, le Grand Amiral Erich Raeder, commandant en chef de la Marine de Guerre allemande (Kriegsmarine), déclare à Hitler qu'une invasion de la Grande-Bretagne par mer, en traversant la Manche, n'est possible que si la Luftwaffe s'assure de la supériorité aérienne dans cette zone. Raeder a encore en souvenir la campagne de Norvège, où la Kriegsmarine avait subi de lourdes pertes face aux 8 cuirassés, 21 croiseurs et 50 destroyers allignés par la Home Fleet. La Kriegsmarine, affaiblie, est désormais incapable de se mesurer à la Royal Navy. Dès lors, la seule alternative qui reste est que la Luftwaffe utilise ses bombardiers pour interdire tout traffic maritime ennemi et s'assure de la supériorité aérienne au-dessus de la Manche et de l'Angleterre.
Le 16 juillet 1940, en accord avec la déclaration de Raeder, Hitler ordonne la préparation d'un plan d'invasion terrestre de la Grande-Bretagne, en espérant que la nouvelle de ces préparatifs pousse les Britanniques à négocier une paix. Dans ce sens, il signe sa "Directive n°16" (Führer-Anweisung N°16):
"Puisque l'Angleterre, malgré sa situation désespérée et sans espoir, ne manifeste aucun désir de négocier, je décide de préparer une opération de débarquement contre elle, et si nécessaire, de la mettre à exécution. Le but de cette opération est d'éliminer l'Angleterre comme base permettant de poursuivre la guerre contre l'Allemagne, et si cela s'avère nécessaire, d'occuper entièrement la Grande-Bretagne.
"A cette fin, j'ordonne les choses suivantes:
"1° Les opérations amphibies doivent être menée sur un front s'étendant approximativement de Ramsgate jusqu'à la région de l'île de Wight, avec la Luftwaffe jouant le rôle de l'artillerie, et les unités navales le rôle des ingénieurs.
"2° Les préparatifs du débarquement en Angleterre incluent les opérations aériennes visant à le rendre possible.
"2a. L'aviation britannique devra donc être neutralisée, de manière à ce qu'elle n'entrave pas la traversée de la Manche et les opérations amphibies."
Tous ces préparatifs devront être terminés pour la mi-août 1940. Le plan, ayant reçu le nom de code d'Opération Seelöwe (Lion de Mer), est soumis au Commandement suprême de la Wehrmacht (OKW) et est programmé pour la mi-septembre 1940. Seelöwe désigne les opérations de débarquement sur la côte sud de l'Angleterre, qui seront précédée d'un assaut aéroporté. Ni Hitler ni l'OKW ne croit possible un tel débarquement avant que la Royal Air Force soit neutralisée. Est assigné à ces opérations le Heeresgruppe A du maréchal Gerd von Rundstedt, soit 41 divisions, dont 6 panzers et 3 motorisées.
Pour sa défense terrestre, la Grande-Bretagne ne dispose plus que de l'équivalent de vingt-cinq divisions d'infanterie, absolument démunies d'armement lourd, de moyens de transport et de blindés, réparties sur tout le territoire métropolitain. Son seul espoir repose donc sur l'efficacité de ses forces aériennes. Cet espoir se justifiera les semaines suivantes.
Forces aériennes en présence.
1° Chasseurs.
Les chasseurs allemands Messerschmitt Bf-109E et Bf-110C vont se mesurer aux Hawker Hurricane Mk.I et Supermarine Spitfire Mk.I du RAF Fighter Command. Le Bf-109E (Emil) dispose d'une plus grande vitesse ascensionnelle et est plus rapide en palier que les chasseurs britanniques, mais ces derniers affichent des meilleures capacités de manoeuvrabilité, notamment d'un plus faible rayon de virage en cas de combat tournoyant.
En septembre 1940, le Hurricane Mk.IIa commencera à entrer en service, mais en tout petit nombre. Cette version atteindra une vitesse maximale de 550km/h en palier, soit 48km/h de plus que le Mk.I. L'apparition du Spitfire Mk.I au-dessus de Dunkerque a causé une vive et désagréable surprise aux pilotes de chasse de la Luftwaffe.
Ci-dessous: cheville ouvrière du RAF Fighter Command en août-septembre 1940. 1° Hawker Hurricane Mk.I. 2° Supermarine Spitfire Mk.I.
Le Spitfire et le Hurricane sont tous deux équipés de 8 mitrailleuses Browning .303 de 7.7mm dans les ailes, contre 2 canons MG-FF de 20mm dans le capot moteur et 2 mitrailleuses de 7.92mm dans les ailes pour le Bf-109E. Ce dernier, dans les versions E-4/B à E-7, peut être employé comme chasseur-bombardier: il est en effet capable d'emporter une bombe de 250kg sous le fuselage. Le Bf-109E est également handicapé par un rayon d'action limité, comparé aux chasseurs britanniques.
Photo ci-dessous: Bf-109E-4, la version la plus répandue de ce chasseurs en août-septembre 1940.
Le Bf-110C est un avion bimoteur biplace à long rayon d'action. Surnommé Zerstörer ("Destructeur"), il est utilisé au début de la Bataille d'Angleterre comme chasseur d'escorte des bombardiers. Bien qu'il soit plus rapide que le Hurricane et atteint presque la vitesse du Spitfire, il manque cruellement de manoeuvrabilité lors des combats aériens, ce qui en fera une proie facile. Souffrant de lourdes pertes dans son rôle d'escorteur, il obtiendra de meilleurs résultats en tant que chasseur-bombardier ou encore bombardier en piqué. Il est équipé d'un ratelier sous chaque aile permettant d'emporter une paire de bombes de 250kg. Au cours du Blitz, il sera également employé comme chasseur nocturne.
Profilé ci-dessous: Bf-110C-1 Zerstörer employé au cours de la Bataille d'Angleterre.
2° Bombardiers.
En août-septembre 1940, la flotte de bombardiers de la Luftwaffe utilise des bombardiers en palier Junkers Ju-88A, Heinkel He-111P/H et Dornier Do-17Z, ce dernier surnommé le "Crayon Volant", ainsi que des bombardiers en piqué Junkers Ju-87B. Le bombardier allemand présent en plus grand nombre est le He-111.
Photo ci-dessous: le trio des bombardiers moyens de la Luftwaffe en août-septembre 1940. 1° Heinkel He-111H. 2° Junkers Ju-88A. 3° Dornier Do-17Z.
Les bombardiers moyens allemands sont limités dans leurs capacités. Le He-111 est le plus lent d'entre-eux, et le Ju-88 le plus rapide, quand celui-ci s'est débarassé de sa charge de bombe externe. Le Do-17Z "Crayon Volant", vu l'étroitesse de son fuselage, transporte une charge de bombe limitée. Confrontés aux chasseurs Spitfire et Hurricane, ces trois types de bombardiers souffriront, à l'instar du Stuka, d'importantes pertes, en particulier le Ju-88. Au cours du Blitz, ils seront utilisés comme bombardiers nocturnes.
Bien qu'il ait été utilisé avec succès lors des campagnes de Pologne et de France, le Ju-87 Stuka subira des pertes considérables lors de la Bataille d'Angleterre, en particulier le 18 août 1940. Sa vitesse maximale de 340km/h est très insuffisante et va en faire une proie très facile pour les intercepteurs britanniques.
Après cette journée noire, il sera bien vite retiré des unités de première ligne jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique, le 22 juin 1941.
Photo ci-dessous: moteur Junkers Jumo 211D installé sur un Ju-87B-2. Une "Trompette de Jéricho" est visible sur la jambe du train d'atterrissage.
3° Pilotes.
Avant la guerre, le processus britannique de sélection des candidats potentiels est devenu accessible à toutes les classes sociales depuis la création, en juillet 1936, de la "RAF Volunteer Reserve" (RAFVR), un Corps de Réserve chargé de la formation et de l'entraînement des aviateurs destinés aux formations de première ligne. Grâce à ce système, les effectifs de la RAF, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, se multiplient grandement et, le 1er septembre 1939, elle compte dans ses rangs 6,646 pilotes formés grâce à la RAFVR.
En août 1940, la Royal Air Force compte environ 9,000 pilotes pour approximativement 5,000 avions disponibles. Le RAF Fighter Command n'est pas encore à cours d'aviateurs, mais il commence à éprouver des difficultés à recruter des pilotes suffisament entraînés, pour combler les pertes en opération. Alors que la production de chasseurs est de 300 exemplaires chaque semaine, celle des pilotes confirmés au cours de la même période s'élève péniblement à 200.
Sur les 9,000 pilotes britanniques, seul un tier d'entre-eux sont affectés à des squadrons opérationnels, 20% suivant une formation complémentaire dans d'autres pays du Commonwealth, par exemple au Canada ou en Rhodésie, et 20% servant comme cadres ou pilotes instructeurs au sein du RAFVR.
Pour ces raisons, en plus des pertes humaines subies au cours des campagnes antérieures en France (435 pilotes de chasse perdus) et en Norvège, le manque des pilotes suffisament entraînés se fera cruellement sentir, bien plus que celui des avions. Ce manque de personnel deviendra au cours des semaines le principal sujet de préoccupation du maréchal de l'Air Hugh Dowding. En puisant largement dans l'Auxiliary Air Force et le Corps de Réserve, en grattant tous les fonds de tiroirs, celui-ci parvient, le 1er juillet 1940, à rassembler 1,103 pilotes de chasse opérationnels. Le remplacement des pilotes abattus au combat, par des novices peu entraînés et n'ayant pas terminé leur formation, entraînera encore d'énormes pertes, face à des aviateurs allemands plus expérimentés.
Comparativement, la Luftwaffe alligne un plus grand nombre de pilotes de chasse expérimentés, solidement entraînés et formés sur le terrain au cours de la Guerre d'Espagne dans la Légion Condor, en Pologne, en Norvège et en France. L'aviation allemande souffre cependant d'un manque de pilotes de réserve, pour combler les pertes éventuelles, et ainsi sa force de frappe et ses effectifs déclineront progressivement au cours de cette bataille aérienne.
Photo ci-dessous: la Luftwaffe compte un plus grand nombre de commandants compétents, certains eux-mêmes anciens pilotes de chasse confirmés, et d'as ayant combattu lors des campagnes d'Espagne, de Pologne, de Norvège et de France. Par exemples, de gauche à droite, Adolf Galland (III./JG 26), Albert Kesselring (Luftlotte 2) et Hugo Sperrle (Luftflotte 3).
4° Participation de volontaires étrangers.
Le "Royal Air Force Roll of Honor for the Battle of Britain" reconnait officiellement 595 volontaires étrangers, sur un total de 2,936 pilotes de la Royal Air Force et de la Fleet Air Arm ayant effectué des missions de combat entre le 10 juillet et le 31 octobre 1940. Ceux-ci proviennent soit des pays membres du Commonwealth ou des Dominions (Canada, Rhodésie, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud), soit des pays occupés par l'Allemagne en Europe (Pologne, Belgique, France, Pays-Bas, Danemark, Norvège), soit de pays neutres comme les Etats-Unis ou le Brésil. Le Roll of Honor compte 145 Polonais, 127 Néo-Zélandais, 112 Canadiens, 88 Tchécoslovaques, 32 Australiens, 28 Belges, 25 Sud-Africains, 13 Français, 11 Américains, 10 Irlandais, 1 Palestinien, 1 Rhodésien et 1 Jamaïcain.
Plusieurs pilotes américains servent durant la Bataille d'Angleterre entre juillet et octobre 1940, dispersés au sein des squadrons du RAF Fighter Command. En septembre 1940, est formée la première unité entièrement américaine de la RAF, le Squadron 71. Plus tard, au cours du Blitz, rejoints par de nouveaux volontaires en provenance des Etats-Unis, ces pilotes seront regroupés et formeront les trois "Eagle Squadrons" américains (RAF Squadrons 71, 121 et 133). Déclarés opérationnels en février 1941, ils participeront au Blitz. Certains futurs as de la 8th Air Force, tels Dominic "Don" Gentile, Francis "Gaby" Gabriesky et Donald Blakeslee, ont ainsi combattu sous l'uniforme britannique, bien avant même l'entrée en guerre officielle des Etats-Unis.
Photos ci-dessous: 1° Le Squadron 303 polonais (Hurricane Mk.I), commandé par le Squadron Leader Stanislas Krasnodebski, sera crédité de 126 victoires durant la Bataille d'Angleterre. 2° Le Pilot Officer américain Andrew B. Mamedoff du Squadron 609 canadien, le 14 septembre 1940 (Spitfire Mk.I). Les pilotes américains des Eagle Squadrons combattront sous l'uniforme de la RAF, avant de revêtir celui de l'USAAF, jusqu'en septembre 1942. 3° Pilotes canadiens du Squadron 242 (Hurricane Mk.I) basé à Coltishall, commandé par Douglas Bader, l"as sans jambes", septembre 1940.
Stratégie et ordre de bataille de la Luftwaffe.
La Luftwaffe a été créée à l'origine pour fournir un soutien tactique aux troupes terrestres sur les champs de bataille. Au cours des campagnes de Pologne, du Danemark, de Norvège, et lors de l'offensive à l'Ouest de mai-juin 1940, elle a parfaitement coopéré avec la Wehrmacht dans cette optique. Cependant, précisément pour cette raison, et contrairement à d'autres forces aériennes occidentales, l'Allemagne ne dispose d'aucune aviation de bombardement stratégique. Ce qui, au cours de la Bataille d'Angleterre, posera certains problèmes.
Pour participer à cette campagne, la Luftwaffe a regroupé trois Luftflotten, ou "Flottes aériennes", deux sur les côtes de la Manche, en France, Belgique et Pays-Bas, et une dans le sud de la Norvège. La Luftflotte 2, commandée par le maréchal Albert Kesselring, est responsable du bombardement du Sud-Est de l'Angleterre, et plus particulièrement de la région londonienne. La Luftflotte 3 du maréchal Hugo Sperrle est chargée du Sud-Ouest. Et enfin, la Luftflotte 5, commandée par le général Hans-Jurgen Stumpff, s'occupera des Midlands et du nord de la Grande-Bretagne.
Les trois flottes aériennes rassemblent au total 2,669 avions opérationnels, dont 1,015 bombardiers d'altitude Heinkel He-111, Dornier Do-17 et Ju-88, 346 bombardiers en piquée Ju-87, 375 chasseurs-bombardiers Bf-110 bimoteurs, et 933 chasseurs monomoteurs Bf-109E.
Pour analyser en détail la structure organique et le système d'identification de la Luftwaffe au début de la Seconde Guerre mondiale, voir: Blogosphère Mara, "Luftwaffe à la veille de la Seconde Guerre mondiale".
Blogosphère Mara: Luftwaffe à la veille de la Seconde Guerre mondiale
Luftflotte 2. QG Bruxelles, Belgique. Maréchal de l'Air Albert Kesselring.
La Luftflotte 2 compte 14 groupes de chasse (Jagdgruppen), 18 groupes de bombardement classique (Kampfgruppen), 2 groupes de bombardement en piqué (Sturzkampfgruppen), 4 groupes de chasse-bombardement (Zerstörergruppen), plus une variété d'unités de reconnaissance, de patrouille maritime et de sauvetage en mer.
Elle a réparti ses forces en quatre commandements administratifs:
- I Fliegerkorps [Corps aérien]. 6 groupes de bombardement (He-111, Ju-88 et Do-17) répartis en deux escadres (Geschwader ou Wing).
- II Fliegerkorps. 9 groupes de bombardement en trois escadres, 1 groupe de bombardement en piqué (Ju-87B) et 1 groupe expérimental de chasse-bombardement (Bf-109E/Bf-110C).
- 9 Fliegerdivision. 1 escadre avec 3 groupes de bombardement (He-111, Ju-88 et Do-17).
- Jagdfliegerführer 2 [Jafü 2]. 14 groupes de chasse (Bf-109E) répartis dans 5 escadres. 5 groupes de chasseurs-bombardiers Zerstörer (Bf-110C) répartis dans 2 escadres. 1 groupe d'instruction/évaluation (Lehrgruppe) (Bf-109E).
I Fliegerkorps. QG Beauvais, France. Général Ulricht Grauert.
- Kampfgeschwader 1 [KG1]. QG Rosières-en-Santerre. Lieutenant-Colonel Karl Angerstein.
- Stab./KG1. Rosières-en-Santerre. Lieutenant-Colonel Karl Angerstein. He-111H.
- Groupe I./KG1. Montdidier. Major Maier. He-111H.
- Groupe II./KG1. Montdidier. Major B. Kosh. He-111H.
- Groupe III./KG1. Rosières-en-Santerre. Major W. Fanelsa. He-111H.
- Kampfgeschwader 76 [KG76]. QG Cormeilles-en-Vexin. Brigadier-Général Stefan Fröhlich.
- Stab./KG76. Cormeilles-en-Vexin. Brigadier-Général Stefan Fröhlich. Do-17Z.
- Groupe I./KG76. Beauvais. Capitaine Lindeiner. Do-17Z.
- Groupe II./KG76. Creil. Major Moericke. Junkers Ju-88A.
- Groupe III./KG76. Cormeilles-en-Vexin. Major Franz Reuss. Do-17Z.
II Fliegerkorps. QG Gand, Belgique. Général Bruno Loerzer.
- Kampfgeschwader 2 [KG2]. QG Arras. Lieutenant-Général Johannes Fink.
- Stab./KG2. Saint-Léger. Lieutenant-Général Johannes Fink. Do-17Z.
- Groupe I./KG2. Epinoy. Major Martin Gutzmann. Do-17Z.
- Groupe II./KG2. Saint-Léger. Colonel Paul Weitkus. Do-17Z.
- Groupe III./KG2. Cambrai/Sud. Major Adolf Fuchs. Do-17Z.
- Kampfgeschwader 3 [KG3]. QG Le Culot. Colonel Wolfgang von Chamier-Glisczinski.
- Stab./KG3. Le Culot. Colonel Wolfgang von Chamier-Glisczinski. Do-17Z.
- Groupe I./KG3. Le Culot. Lieutenant-Colonel Gabelmann. Do-17Z.
- Groupe II./KG3. Anvers/Deurne. Capitaine Pilger. Do-17Z.
- Groupe III./KG3. Saint-Trond. Capitaine Rathmann. Do-17Z.
- Kampfgeschwader 53 [KG53]. QG Lille/Nord. Colonel Erich Stahl.
- Stab./KG53. Lille/Nord. Colonel Erich Stahl. He-111H.
- I./KG53. Vitry-en-Artois. Major Erich Kauffmann. He-111H.
- Groupe II./KG53. Lille/Nord. Major Reinhold Tamm. He-111H.
- Groupe III./KG53. Lille/Mouveaux. Major Willi Rohrbacher. He-111H.
Photo ci-dessous: He-111H du KG53 en septembre 1940.
- Sturzkampfgeschwader 1 [StG1]. QG Mark (Pas-de-Calais). Lieutenant-Colonel Walter Hagen.
- Groupe II./StG1. Ostende. Capitaine Anton Keil. Ju-87B.
- Erprobungsgruppe 210 [Epr210]. QG Calais/Marck. Capitaine Walter Rubensdörffer.
- 1.(Staffel)/EGr210. Calais/Marck. Messerschmitt Bf-110C.
- 2.(Staffel)/EGr210. Calais/Marck. Messerschmitt Bf-110D.
- 3.(Staffel)/EGr210. Calais/Marck. Messerchmitt Bf-109E.
- Lehrgeschwader 1 [LG1]. QG Tramecourt. Major-Général Alfred Bülowius.
- Groupe IV.(St)/LG1. Tramecourt. Ju-87B.
9 Fliegerdivision. QG Soesterberg, Pays-Bas. Général Joachim Coeler.
- Kampfgeschwader 4 [KG4]. QG Soesterberg, Pays-Bas. Colonel Hans-Joachim Rath.
- Stab./KG4. Soesterberg. Colonel Hans-Joachim Rath. He-111P/H.
- Groupe I./KG4. Soesterberg. Major Meissner. He-111H.
- Groupe II/KG4. Eindhoven. Lieutenant-Colonel Gottlieb Wolff. He-111P/H.
- Groupe III./KG4. Amsterdam/Schipol. Capitaine Erich Bloedorn. Ju-88A.
Jagdfliegerführer 2 [Jafü 2]. QG Wissant, France. Colonel Kurt-Bretram von Döring.
- Jagdgeschwader 3 [JG3]. QG Samer. Lieutenant-Colonel Karl Vieck.
- Stab./JG3. Wierre-au-Bois. Lieutenant-Colonel Karl Vieck. Bf-109E.
- Groupe I./JG3. Colembert. Capitaine Günther Lützow. Bf-109E.
- Groupe II./JG3. Wierre-au-Bois. Capitaine Erich von Selle. Bf-109E.
- Groupe III./JG3. Desvres. Capitaine Walter Kienitz. Bf-109E.
- Jagdgeschwader 26 [JG26]. QG Audemberg. Major Gotthardt Handrick.
- Stab./JG26. Audemberg. Major Gotthardt Handrick. Bf-109E.
- Groupe I./JG26. Audembert. Capitaine Kurt Fischer. Bf-109E.
- Groupe II./JG26. Marquise/Est. Capitaine Karl Ebbighausen. Bf-109E.
- Groupe III./JG26. Caffiers. Major Adolf Galland. Bf-109E.
- Jagdgeschwader 51 [JG51]. QG Wissant. Lieutenant-Colonel Werner Mölders.
- Groupe I./JG51. Calais/Pihen. Capitaine Hans-Heinrich Brustellin. Bf-109E.
- Groupe II./JG51. Marquise/Ouest. Capitaine Günther Matthes. Bf-109E.
- Groupe III./JG51. St-Omer/Clairmarais. Capitaine Hannes Trautloft. Bf-109E.
- Jagdgeschwader 52 [JG52]. QG Coquelles. Major Merhart von Bernegg.
- Groupe I./JG52. Coquelles. Capitaine Siegfried von Eschwege. Bf-109E.
- Groupe II./JG52. Peuplingne. Capitaine Hans-Günther von Kornatzki. Bf-109E.
- Jagdgeschwader 54 [JG54]. QG Campagne-les-Guines. Major Martin Mettig.
- Groupe I./JG54. Guines-en-Calaisis. Capitaine Hubertus von Bonin. Bf-109E.
- Groupe II./JG54. Campagne-les-Guines. Capitaine Dietrich Hrabak. Bf-109E.
- Groupe III./JG54. Guines-en-Calaisis. Capitaine Fritz Ultsch. Bf-109E.
- Lehrgeschwader 2 [LG2]. QG Saint-Omer.
- Groupe I.(Jagd)/LG2. Wevelghem. Major Hanns Trübenbach. Bf-109E.
- Zestörergeschwader 26 [ZG26]. Lieutenant-Colonel Joachim-Friedrich Huth.
- Stab./ZG26. Lille. Lieutenant-Colonel Joachim-Friedrich Huth. Bf-110C.
- Groupe I./ZG26. St-Omer/Yvrench. Capitaine Wilhelm Makrocki. Bf-110C.
- Groupe II./ZG26. Crecy-en-Ponthieu. Capitaine Ralph von Rettberg. Bf-110C.
- Groupe III./ZG26. Arcques/Barley. Capitaine Johann Schalk. Bf-110C.
- Zestörergeschwader 76 [ZG76]. Major-Général Walter Grabmann.
- Stab./ZG76. Laval. Major-Général Walter Grabmann. Bf-110C.
- Groupe II./ZG76. Abbeville. Capitaine Erich Groth. Bf-110C.
- Groupe III./ZG76. Laval. Capitaine Rolf Kaldrack. Bf-110C.
Luftflotte 3. QG Paris, France. Maréchal de l'Air Hugo Sperrle.
La Luftflotte 3 compte 7 groupes de chasse (Jagdgruppen), 15 groupes de bombardement classique (Kampfgruppen), 8 groupes de bombardement en piqué (Sturzkampfgruppen), et 2 groupes de chasse-bombardement (Zerstörergruppen).
Elle a réparti ses forces en quatre commandements administratifs:
- IV Fliegerkorps. 6 groupes de bombardement (He-111 et Ju-88) répartis en deux escadres (Geschwader ou Wing).
- V Fliegerkorps. 9 groupes de bombardement répartis en trois escadres.
- VIII Fliegerkorps. 8 groupes de bombardement en piqué (Ju-87) répartis en trois escadres.
- Jagdfliegerführer 3 [Jafü 3]. 7 groupes de chasse (Bf-109E) répartis en trois escadres. 1 escadre avec deux groupes de chasseurs-bombardiers (Bf-110C).
IV Fliegerkorps. QG Dinart, France. Général Kurt Pflugbeil.
- Lehrgeschwader 1 [LG1]. QG Orleans/Bricy. Colonel Alfred Bülowius.
- Stab./LG1. Orléans/Bricy. Colonel Alfred Bülowius. Ju-88A et He-111H.
- Groupe I./LG1. Orléans/Bricy. Capitaine Wilhelm Kern. Ju-88A, He-111H.
- Groupe II./LG1. Orléans/Bricy. Capitaine Heinz Cramer. Ju-88A.
- Groupe III./LG1. Chateaudun. Capitaine Karl-Friedrich Knust. Ju-88A.
- Kampgeschwader 27 [KG27]. QG Tours. Lieutenant-Colonel Bernhard Georgi.
- Stab./KG27. Tours. Lieutenant-Colonel Bernhard Georgi. He-111P/H.
- Groupe I./KG27. Tours. Major Ulbricht. He-111P/H.
- Groupe II./KG27. Dinard. Major Schlichting. He-111P/H.
- Groupe III./KG27. Rennes. Manfred Speck von Sternberg. He-111P/H.
V Fliegerkorps. QG Villacoublay. Général Robert Ritter von Greim.
- Kampfgeschwader 51 [KG51]. QG Paris/Orly. Major Hans-Bruno Schulz-Heyn.
- Stab./KG51. Paris/Orly. Major Hans-Bruno Schulz-Heyn. Ju-88A.
- Groupe I./KG51. Villaroche. Capitaine Kurt von Greiff. Ju-88A.
- Groupe II./KG51. Paris/Orly. Major Winkler. Ju-88A.
- Groupe III./KG51. Etampes/Mondésir. Major Walter Marienfeld. Ju-88A.
- Kampfgeschwader 54 [KG54]. QG Evreux. Lieutenant-Colonel Otto Höhne.
- Stab./KG54. Evreux. Lieutenant-Colonel Otto Höhne. Ju-88A.
- Groupe I./KG54. Evreux. Capitaine Jobst Heinrich von Heydebreck. Ju-88A.
- Groupe II./KG54. Saint-André. Capitaine Karl-Bernhard Schlaeger. Ju-88A.
- Kampfgeschwader 55 [KG55]. QG Villacoublay. Lieutenant-Colonel Hans Korte.
- Stab./KG55. Villacoublay. Lieutenant-Colonel Hans Korte. He-111P/H.
- Groupe I./KG55. Dreux. Major Joachim Roeber. He-111P/H.
- Groupe II./KG55. Villacoublay. Major Friedrich Kless. He-111P.
- Groupe III./KG55. Villacoublay. Major Hans Schemmell. He-111P/H.
- Groupe IV./KG55. Chartres. Lieutenant-Colonel Joseph Schirmböck. He-111P.
VIII Fliegerkorps. QG Deauville. Général Wolfram Freiherr von Richtofen.
- Sturzkampfgeschwader 1 [StG1]. QG Angers. Lieutenant-Colonel Walter Hagen.
- Stab./StG1. Angers. Lieutenant-Colonel Walter Hagen. Ju-87B.
- Groupe I./StG1. Angers. Major Paul-Werner Hozzel. Ju-87B.
- Groupe III./StG1. St-Pol. Capitaine Helmut Mahlke. Ju-87B.
- Sturzkampfgeschwader 2 [StG2]. QG Saint-Malo. Lieutenant-Colonel Oskar Dinort.
- Stab./StG2. Saint-Malo. Lieutenant-Colonel Oskar Dinort. Ju-87B.
- Groupe I./StG2. Cherbourg. Capitaine Hubertus Hitschhold. Ju-87B.
- Groupe II./StG2. Lannion. Capitaine Leonhard Busselt. Ju-87B.
- Groupe III./StG2. St-Pierre-sur-Dives. Capitaine Heinrich Brücker. Ju-87B.
- Sturzkampfgeschwader 77 [StG77]. QG Caen. Major Graf Clemens von Schönborn-Wiesentheid.
- Stab./StG77. Brugy. Major Graf Clemens von Schönborn-Wiesentheid. Ju-87B.
- Groupe I./StG77. Maltot. Capitaine Helmut Bruck. Ju-87B.
- Groupe II./StG77. Brugy. Capitaine Waldemar Plewig. Ju-87B.
- Groupe III./StG77. Argentan. Capitaine Helmut Bode. Ju-87B.
Jagdfliegerführer 3 [Jafü 3]. QG Wissant. Colonel Gert von Massow.
- Jagdgeschwader 2 [JG2]. QG Evreux. Lieutenant-Colonel Harry von Bülow-Bothkamp.
- Groupe II./JG2. Beaumont-le-Roger. Capitaine Wolfgang Schnellmann. Bf-109E.
Photo ci-dessous: Messerschmitt Bf-109E (Emil) du JG2, la version la plus courante du célèbre chasseur allemand employé en août-septembre 1940.
- Jagdgeschwader 27 [JG27]. QG Cherbourg/West. Lieutenant-Colonel Max Ibel.
- Groupe I./JG27. Plumetot. Major Eduard Neumann. Bf-109E.
- Groupe II./JG27. Crepon. Capitaine Ernst Düllberg. Bf-109E.
- Groupe III./JG27. Carquebut. Capitaine Joachim Schlichting. Bf-109E.
- Jagdgeschwader 53 [JG53]. QG Cherbourg. Lieutenant-Colonel Hans-Jürgen von Cramon-Taubadel.
- Stab./JG53. Rennes. Lieutenant-Colonel Hans-Jürgen von Cramon-Taubadel. Bf-109E.
- Groupe I./JG53. Rennes. Capitaine Lothar von Janson. Bf-109E.
- Groupe II./JG53. Dinan. Major Freiherr von Maltzahn. Bf-109E.
- Groupe III./JG53. Brest/Poulmic. Capitaine Harro Harder. Bf-109E.
- Zestörergeschwader 2 [ZG2]. QG Toussu-le-Noble. Major Friedrich Vollbracht.
- Stab./ZG2. Toussu-le-Noble. Major Friedrich Vollbracht. Bf-110C.
- Groupe I./ZG2. Amiens/Glissy. Major Ernst Ott. Bf-110C.
- Groupe II./ZG2. Guyancourt. Capitaine Harry Carl. Bf-110C.
Luftflotte 5. QG Stavanger, Norvège. Général Hans-Jurgen Stumpf.
La Luftflotte 5 est la plus petite de trois flottes aériennes allignées par l'Allemagne. Elle ne compte qu'un commandement administratif, le X Fliegerkorps. Ses forces sont réparties en deux escadres (4 groupes) de bombardement classique (He-111 et Ju-88), 1 escadre à 3 groupes de chasse (Bf-109E), et 1 groupe de chasse-bombardement (Bf-110C). Plus diverses autres petites unités d'hydravions, de reconnaissance maritime et de sauvetage en mer (He-115).
X Fliegerkorps. QG Stavanger, Norvège. Général Hans Geiseler.
- Kampfgeschwader 26 [KG26]. QG Stavanger. Major-Général Robert Fuchs.
- Stab./KG26. Stavanger/Sola. Major-Général Robert Fuchs. He-111H.
- Groupe I./KG26. Stavanger/Sola. Lt.-Colonel Hermann Busch. He-111H.
- Groupe II./KG26. Aalborg/West. Major Martin Vetter. He-111H.
- Kampfgeschwader 30 [KG30]. QG Aalborg. Colonel Herbert Rieckhoff.
- Stab./KG30. Aalborg/West. Colonel Herbert Rieckhoff. Ju-88A.
- Groupe I./KG30. Aalborg/West. Major F. Doensch. Ju-88A.
- Groupe II./KG30. Grove. Capitaine von Symonski. Ju-88A.
- Jagdgeschwader 77 [JG77]. QG Stavanger. Lieutenant-Colonel Eitel Roediger von Manteuffel.
- Stab./JG77. Döberitz. Lieutenant-Colonel Eitel Roediger von Manteuffel. Bf-109E.
- Groupe I./JG77. Aalborg/West. Capitaine Johannes Janke. Bf-109E.
- Groupe II./JG77. Kristiansand/Kjevik. Capitaine Karl Hentschel. Bf-109E.
- Groupe III./JG77. Döberitz. Major Heinrich Seeliger. Bf-109E.
Photo ci-dessous: Messerschmitt Bf-109E du I./JG77.
- Zestörergeschwader 76 [ZG76]. QG Stavanger. Major-Général Walter Grabmann.
- Groupe I./ZG76. Stavanger/Forus. Capitaine Graf von Stillfried. Bf-110C.
Système défensif et ordre de bataille de la Royal Air Force.
1° Système Dowding.
Le maréchal de l'Air Hugh Dowding a installé un centre de commandement, de contrôle et de détection dans le batiment abritant le QG du RAF Fighter Command, sur la base de Bentley Priory. La clé de voute de ce centre, installée par Dowding lui-même, c'est l'utilisation de la nouvelle arme technologique: le "système de radio-détection", ou "RAdio Detection And Ranging" (RADAR).
Le RADAR a été breveté en Grande-Bretagne en juin 1935 (British Patent GB593017) par l'ingénieur Sir Robert Watson-Watt, et la Royal Air Force a tout de suite perçu l'importance de ce système de détection. Les Britanniques ont installé sur les côtes sud de l'Angleterre toute une série de tours de détection, appelée la "Chain Home". Ce système permet, en envoyant des ondes électromagnétiques, de détecter les objects métalliques (avions) assez loin pour permettre aux chasseurs Spitfire et Hurricane de les intercepter avant qu'ils atteignent leur objectifs.
Dowding a également installé un centre de contrôle où sont collectées toutes les informations transmises par les observateurs et les contrôleurs radars (équipés de téléphones) sur la côte, puis celles-ci sont retransmisent vers les secteurs et les aérodromes concernés.
Carte ci-dessous: portée de la couverture radar en Grande-Bretagne en juillet 1940.
2° Metropolitan Air Force.
Le RAF Fighter Command de "Stuffy" Dowding a divisé l'espace aérien de la métropole en quatre régions, chacune assignée à un "Group" commandé par un "Air Vice-Marshal", un maréchal de l'Air adjoint.
- La zone sud-est et la région de Londres sont couvertes par le Group 11. QG Uxbridge, dans le Middlesex. C'est le groupe le plus étoffé.
- La zone sud-ouest et la Cornouailles par le Group 10, sous les ordres du Vice-Marshal Sir Christopher Quentin "Flossie" Brant. QG RAF Box.
- Les Midlands et le Pays de Galles par le Group 12, sous les ordres du Vice-Marshal Sir Trafford Leigh-Mallory. QG Watnall, Nottingham.
- Et enfin l'Ecosse par le Group 13, le moins étoffé, sous l'autorité du Vice-Marshal Richard Ernest Saul. QG Newcastle, Northumberland.
Photo ci-dessous: commandants respectifs du RAF Fighter Command et des Group 10, 11, 12 et 13. De gauche à droite, Sir Hugh C.T. Dowding, Sir Christopher Q. Brand, Sir Keith R. Park, Sir Trafford Leigh-Mallory et Richard E. Saul.
Les groupes sont eux-mêmes divisés en "Secteurs", chacun commandé par un "Group Captain" ou un "Wing Commander", comprenant un aérodrome central (équipé d'une "Sector Operations Room"), d'aérodromes satellites annexes, ainsi qu'entre deux et quatre squadrons. C'est le coeur du système de défense mis en place par Dowding.
Le 12 août 1940, la veille du "Jour de l'Aigle" (Adlertag), le RAF Fighter Command alligne au total 673 chasseurs, dont 221 Spitfire Mk.I répartis dans 19 squadrons, 378 Hurricane Mk.I dans 32 squadrons, ainsi que 6 squadrons de Blenheim Mk.IF et 2 squadrons de Defiant Mk.I.
Photos ci-dessous: un des "oubliés" de la Bataille d'Angleterre, le Boulton-Paul Defiant Mk.I.
Group 10. QG Rudloe Manor, Box, Wiltshire. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Christopher Q. "Flossie" Brant.
- Sector Station Filton. Group Captain Robert Hanmer.
- Squadron 87 [Nouvelle-Zélande] ("LK"). Exter. Sqn/Ldr Terrence G. Lovell-Gregg. 13 Hurricane Mk.I.
- Squadron 92 [Canada] ("QJ"). Pembrey. Sqn/Ldr Philip J. Sanders. 12 Spitfire Mk.I.
- Squadron 213 [Nouvelle-Zélande] ("AK"). Exeter. Sqn/Ldr Hector D. McGregor. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 234 ("AZ"). Saint Eval. Sqn/Ldr R.E. Barnett. 10 Spitfire Mk.I.
- Sector Station Middle Wallop. Wing Commander David Roberts.
- Squadron 152 ("UM"). Warmwell. Sqn/Ldr Peter K. Devitt. 10 Spitfire Mk.I.
- Squadron 238 ("VK"). Middle Wallop. Sqn/Ldr Harold Fenton. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 604 ("NG"). Middle Wallop. Sqn/Ldr Michael Anderson. 11 Blenheim Mk.IF.
- Squadron 609 ("PR") [Canada]. Middle Wallop. Sqn/Ldr Horace Darley. 10 Spitfire Mk.I.
Group 11. QG Hillingdon House, Uxbridge, Middlesex. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Keith R. Park.
- Sector Station Debden. Wing Commander Laurence Fuller-Good.
- Squadron 17 ("YB"). Debden. Sqn/Ldr Cedric W. Williams. 14 Hurricane Mk.I.
- Sector Station North Weald. Wing Commander Victor Beamish.
- Squadron 25 ("ZK"). Martlesham Heath. Sqn/Ldr K.A. McEwan. 7 Blenheim Mk.IF.
- Squadron 56 ("US). North Weald. Sqn/Ldr G.A. Manton. 15 Hurricane Mk.I.
- Squadron 85 ("VY"). Martlesham Heath. Sqn/Ldr Peter Townsend. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 151 ("DZ"). North Weald. Sqn/Ldr E.M. Donaldson. 13 Hurricane Mk.I.
Photo ci-dessous: Hurricane Mk.I du Squadron 85 en formation, en octobre 1940.
- Sector Station Hornchurch. Wing Commander Cecil Bouchier.
- Squadron 41 ("EB"). Hornchurch. Sqn/Ldr H. West. 10 Spitfire Mk.I.
- Squadron 65 ("YT"). Hornchurch. Sqn/Ldr A.L. Holland. 11 Spitfire Mk.I.
- Squadron 74 ("JH"). Hornchurch. Sqn/Ldr Francis White. 12 Spitfire Mk.I.
- Sector Station Biggin Hill. Group Captain Richard Grice.
- Squadron 32 ("GZ"). Biggin Hill. Sqn/Ldr John Worrall. 11 Hurricane Mk.I.
- Squadron 501 ("SD"). Gravesend. Sqn/Ldr Harry Hogan. 11 Hurricane Mk.I.
- Squadron 600 ("QB"). Manston. Sqn/Ldr David Clark. 9 Blenheim Mk.IF.
- Squadron 610 ("DW"). Biggin Hill. Sqn/Ldr John Ellis. 12 Spitfire Mk.I.
- Sector Station Kenley. Wing Commander Tom Prickman.
- Squadron 64 ("SH"). Kenley. Sqn/Ldr Aeneas MacDonell. 12 Spitfire Mk.I.
- Squadron 111 ("JU"). Croydon. Sqn/Ldr John Thompson. 10 Hurricane Mk.I.
- Squadron 615 ("KW"). Kenley. Sqn/Ldr Joseph Kayll. 14 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Northold. Group Captain Stanley Vincent.
- Squadron 43 ("FT"). Northolt. Sqn/Ldr John Badger. 18 Hurricane Mk.I.
- Squadron 257 ("DT"). Northolt. Sqn/Ldr H. Harkness. 10 Hurricane Mk.I.
- Squadron 303 [Pologne] ("RF"). Northolt. Sqn/Ldr Z. Krasnodebski. 12 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Tangmere. Wing Commander Jack Poret.
- Squadron 1 ("JX"). Tangmere. Sqn/Ldr David A. Pemberton. 13 Hurricane Mk.I.
- Squadron 145 ("SO"). Westhampnett. Sqn/Ldr John R. Peel. 10 Hurricane Mk.I.
- Squadron 266 ("UO"). Tangmere. Sqn/Ldr R.L. Wilkinson. 13 Spitfire Mk.I.
- Squadron 601 ("UF"). Tangmere. Sqn/Ldr Edward Ward. 14 Hurricane Mk.I.
Group 12. QG Watnall, Nottingham, Nottinghamshire. Maréchal de l'Air Adjoint Sir Trafford Leigh-Mallory.
- Sector Station Kirton-in-Lindsey. Wing Commander S. H. Hardy.
- Squadron 222 ("ZD"). Kirton-in-Lindsey. Sqn/Ldr Johnnie Hill. 14 Spitfire Mk.I.
- Squadron 264 ("PS"). Kirton-in-Lindsey. Sqn/Ldr Philip Hunter. 12 Defiant Mk.I.
- Sector Station Digby. Wing Commander Ian Parker.
- Squadron 29 ("YB"). Digby. Sqn/Ldr S.C. Widdows. 8 Blenheim Mk.IF.
- Squadron 46 ("PO"). Digby. Sqn/Ldr J.R. MacLachlan. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 611 ("FY"). Ternhill. Sqn/Ldr James McComb. 6 Spitfire Mk.I.
- Sector Station Coltishall. Wing Commander W. K. Beisiegel.
- Squadron 66 ("LZ"). Coltishall. Sqn/Ldr Rupert Leigh. 12 Spitfire Mk.I.
- Squadron 242 ("LE")[Canada]. Coltishall. Sqn/Ldr Douglas Bader. 11 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Wittering. Wing Commander Harry Broadhurst.
- Squadron 23 ("YP"). Collyweston. Sqn/Ldr G. Heycock. 9 Blenheim Mk.IF.
- Squadron 229 ("RE"). Wittering. Sqn/Ldr H.J. Maguire. 14 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Duxford. Wing Commander A. B. Woodhall.
- Squadron 19 ("QV"). Fowlmere. Sqn/Ldr P.C. Pinkham. 9 Spitfire Mk.I.
- Squadron 310 [Tchécoslovaquie] ("NN"). Fowlmere. Sqn/Ldr D. Blackwood. 12 Hurricane Mk.I.
Group 13. QG Newcastle-on-Tyne, Northumberland. Maréchal de l'Air Adjoint Richard E. Saul.
- Secteur Station Church Fenton. Group Captain C. F. Horsley.
- Squadron 73 ("TP"). Church Fenton. Sqn/Ldr J. W. More. 11 Hurricane Mk.I.
- Squadron 249 ("GN"). Church Fenton. Sqn/Ldr Eric King. 11 Hurricane Mk.I.
- Squadron 302 [Pologne] ("WX"). Leconfield. Sqn/Ldr Jack Satchell. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 616 ("QJ"). Leconfield. Sqn/Ldr Marcus Robinson. 12 Spitfire Mk.I.
- Sector Station Catterick. Wing Commander G.L. Carter.
- Squadron 54 ("KL"). Catterick. Sqn/Ldr J. Leathart. 11 Spitfire Mk.I.
- Squadron 219 ("FK"). Leeming. Sqn/Ldr J.H. Little. 10 Blenheim Mk.IF.
- Sector Station Usworth. Wing Commander Brian Thynne.
- Squadron 72 ("RN"). Acklington. Sqn/Ldr A. R. Collins. 10 Spitfire Mk.I.
- Squadron 79 ("AL"). Acklington. Sqn/Ldr Hervey Hayworth. 10 Hurricane Mk.I.
- Squadron 607 ("AF"). Usworth. Sqn/Ldr James Vick. 12 Hurricane Mk.I.
Photo ci-dessous: Spitfire du Squadron 72.
- Sector Station Wick. Wing Commander Geoffrey Ambler.
- Squadron 3 ("QO"). Wick. Sqn/Ldr S.F. Godden. 10 Hurricane Mk.I.
- Squadron 232 ("EF"). Sumburgh. Sqn/Ldr M.M. Stephens. 6 Hurricane Mk.I.
- Squadron 504 ("TM"). Castletown. Sqn/Ldr John Sample. 13 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Dyce. Group Captain Fred Crerar.
- Squadron 263 ("HE"). Grangemouth. Sqn/Ldr H. Eeles. 4 Hurricane Mk.I.
- Sector Station Turnhouse. Wing Commander the Duke of Hamilton and Bradon.
- Squadron 141 ("TW"). Turnhouse. Sqn/Ldr W.A. Richardson. 8 Defiant Mk.I.
- Squadron 253 ("SW"). Turnhouse. Sqn/Ldr Tom Gleave. 12 Hurricane Mk.I.
- Squadron 602 ("LO"). Drem. Sqn/Ldr A.V. Johnstone. 11 Spitfire Mk.I.
- Squadron 603 ("XT"). Turnhouse. Sqn/Ldr George Denholm. 11 Spitfire Mk.I.
- Squadron 605 ("UP"). Drem. Sqn/Ldr Walter Churchill. 14 Hurricane Mk.I.
Déroulement de la Bataille d'Angleterre.
La Bataille d'Angleterre se divise en quatre phases:
- Du 10 juillet au 12 août 1940, la "Bataille de la Manche" ou Kanalkampf.
- Du 13 au 23 août 1940, l'offensive initiale allemande, l'"Attaque de l'Aigle" ou Adlerangriff, contre les aérodromes du RAF Fighter Command et les installations radar sur la côte sud de l'Angleterre.
- Du 24 août au 6 septembre 1940, les attaques de la Luftwaffe menées contre toutes les bases aériennes britanniques. C'est la phase la plus critique de la bataille.
- A partir du 6 septembre 1940, le bombardement des industries et des villes anglaises, en particulier de Londres. C'est le début du Blitz, qui se poursuivra jusqu'en mai 1941.
1° Bataille de la Manche (10 juillet au 12 août 1940).
La bataille d'Angleterre débute officiellement le 10 juillet 1940, avec l'attaque d'un convoi britannique au large de Douvres par des Dornier Do-17Z du KG2, escortés par des Bf-110C du ZG26 et des Bf-109E du JG3. Ce premier raid aérien allemand est conforme à l'ordre d'opération donné par le commandement de la Luftwaffe, le 2 juillet: offensive simultannée contre les navires britanniques dans la Manche et les chasseurs de la Royal Air Force dans le ciel.
Pour riposter contre les attaques de convois, le RAF Fighter Command prône sa tactique habituelle: engager les bombardiers ennemis avec les Hurricane, pendant que les Spitfire se chargent des chasseurs d'escorte. Mais dans les faits, les pilotes s'en tiendront à cette tactique qu'occasionnellement, les Hurricane se mesurant aux chasseurs Messerschmitt aussi souvent que les Spitfire.
Ces premiers combats aériens n'atteignent pas encore l'intensité de ceux qui marqueront la suite des évenements, dans les semaines à venir, mais ils donnent déjà un avant-goût saumâtre aux pilotes du RAF Fighter Command, sur ce qui les attend. En effet, beaucoup de jeunes novices, inexpérimentés, disparaissent au cours de leur premier engagement dès cette période.
Le convoi CW-9, parti de Medway le 7 août 1940, avec 20 navires marchands et 7 navires d'escorte de la Royal Navy, est attaqué la nuit suivante par une meute de U-Bootes, et perd trois de ses bâtiments. A l'aube du 8 août, le maréchal Hugo Sperrle, commandant de la Luftflotte 3, ordonne à ses bombardiers d'achever le convoi, qui se trouve au large de Brighton.
Les navires britanniques sont pris à partie par plus de 60 Ju-87B des StG1, StG2 et StG77, tandis que d'autres bombardiers en piqué attaquent plusieurs tours radar de la Chaine Home sur la côte. 4 navires marchands sont coulés, et de nombreux autres tentent de gagner des ports côtiers tant bien que mal. Seuls 4 d'entre-eux, sur les 20 du départ, atteignent leur destination, Swanage dans le Dorset.
Des Hurricane du Squadron 145 interceptent pendant cette attaque les Stuka, et leurs pilotes revendiquent le destruction de 21 bombardiers ennemis (le score réel étant de 11).
C'est également au cours de cette période que les Defiant et Messerschmitt Bf-110 commencent à montrer des signes de leur vulnérabilité, lors des combats aériens (dogfighting), face à des chasseurs beaucoup plus rapides et manoeuvrables.
Photo ci-dessous: les Defiant, trop lent, souffriront d'énormes pertes face aux Messerschmitt Bf-109. Ici, deux d'entre-eux du Squadron 264 abattus dans la journée du 28 août 1940. Ils seront bien vite retirés des unités opérationnelles.
2° Attaque de l'Aigle (13-23 août 1940).
Les attaques initiales de la Luftwaffe contre les terrains d'aviation britanniques sur la côte portent le nom de code d'Adlerangriff ou "Attaque de l'Aigle".
La veille du déclenchement de cette offensive aérienne, le 12 août 1940, des Bf-110 Zerstörer de l'Erprobungsgruppe 210 mènent des attaques préventives contre quatre stations radar.
Le 13 août 1940, c'est l'Adlertag, le "Jour de l'Aigle", nom donné à cette première journée d'offensive de la Luftwaffe. Il avait été fixé auparavant au 10 août, mais ensuite repoussé en raison de mauvaises conditions météorologiques. Le maréchal Hermann Goering entame donc la destruction de la Royal Air Force sur ces aérodromes, en préparation de l'opération Seelöwe.
Les objectifs d'Adlertag sont les terrains d'Hawkinge, Manston, Kenley, North Weald, Biggin Hill et Hornchurch, et les stations radars de Lydd, Lympne, Manston et Douvres. La station radar de Douvres est détruite, et les aérodromes de Manston et de Biggin Hill fortement endommagés. Au cours de cette première journée, les Allemands engagent 1,485 avions, et en perdent 45. Le RAF Fighter Command, de son côté, enregistre la perte de 13 chasseurs et 7 pilotes.
Au cours de cette seconde phase de la Bataille d'Angleterre, les Allemands mettent maintenant en évidence toutes les "imperfections" de la Luftwaffe. Par exemple, le Ju-87B Stuka, qui a une vitesse maximale de 300 km/h et n'atteint qu'une altitude maximale de 3,500 mètres, et qui avait fait régner la terreur lors des campagnes de Pologne et de France, est maintenant une proie facile pour les chasseurs Spitfire et Hurricane beaucoup plus rapides (600 km/h pour l'un, 510 km/h pour l'autre), plus manoeuvrables et qui grimpent sans difficulté à 4,000 ou 5,000 mètres d'altitude.
Il en est de même pour les chasseurs bimoteurs Bf-110 Zerstörer, bien armés et assez rapides, mais qui manquent de souplesse et de manoeuvrabilité. Les bombardiers tactiques allemands ne transportent qu'une charge maximale de 2,000 kg de bombes pour le He-111, 1,800 kg pour le Ju-88 et 1,000 kg pour le Do-17, donc une capacité de destruction assez réduite pour le risque qu'ils encourent d'être abattus avant d'atteindre leurs objectifs.
Pour finir, l'autonomie limitée des Bf-109E ne leur permet qu'au maximum 20 minutes de combat contre les chasseurs britanniques. Malgré ces infériorités, Goering et le commandement de la Luftwaffe se donnent quatre jours pour détruire les aérodromes au sud de la ligne Londres-Gloucester, et quatre semaines pour éliminer complètement la Royal Air Force.
Photo ci-dessous: une formation de He-111 franchit la Manche pour bombarder les terrains d'aviation du RAF Fighter Command.
Le 15 août 1940, c'est le point culminant d'Adlerangriff. Intervient pour la première fois de la Bataille d'Angleterre la Luftflotte 5, stationnée en Norvège et au Danemark, contre les terrains d'aviation en Ecosse. Au cours de cette journée, Au cours de la journée, la Luftwaffe effectue sept raids et 1790 sorties sur l'Angleterre.
Toutes les missions de la Luftwaffe, commencées à 11h30 et terminées vers 18h30, se heurtent à une violente réaction de la Royal Air Force et de la DCA britannique. Bilan de cette journée: La Royal Air Force perd 34 avions, les Allemands enregistrent la perte de 75 avions.
Le 17 août 1940, toutes les missions programmées sont annulées en raison des conditions météorologiques déplorables.
Le 18 août 1940, la Luftwaffe déclenche de très violentes attaques contre les terrains d'aviation de West Malling, Biggin Hill, Kenley et Croydon. Elle y laisse 53 avions, contre 31 pour la Royal Air Force.
Depuis le 13 août 1940, les Allemands ont déjà perdu 230 avions. Pour les Ju-87B Stuka, c'est la journée la plus noire de la bataille. Goering les faits retirés des unités opérationnelles. En ce qui concerne les Bf-110, qui ont subi de lourdes pertes en affrontant en combat aérien les chasseurs britanniques, ceux-ci ne seront plus utilisés qu'exclusivement dans le rôle d'escorteurs des bombardiers.
Durant la même période, les Britanniques ont enregistré la perte de 104 Spitfire et Hurricane, sur les 673 chasseurs des effectifs de départ du RAF Fighter Command, c'est énorme!
Goering prend une autre décision, lourde de conséquences: déçu par les performances des Bf-109, il ordonne à ceux-ci de ne plus chercher l'affrontement avec les Spitfire (Sweep, ou "Chasse libre"), et de ne plus se consacrer qu'à des missions d'escorte de bombardiers, ce qui rend furieux la plupart des pilotes de chasse allemands. Il fait porter l'essentiel des attaques par la Luftflotte 2, et les chasseurs de la Luftflotte 3 sont transférés pour renforcer les bases de chasse dans le Pas-de-Calais. Les bombardiers de la Luftflotte 3, désormais sans chasseurs de protection, se concentrera dans des attaques nocturnes.
Le commandant de la Luftwaffe procède également à des remaniement dans les postes de commandement, au niveau des Geschwaders (escadres) de chasse, en remplaçant les anciens par des plus agressifs, tels Adolf Galland et Werner Mölders.
Photo ci-dessous: Bf-109E du JG51 "Mölders" sur l'aérodrome de Wissant, août-septembre 1940.
3° Attaques contre l'ensemble des aérodromes anglais (24 août - 6 septembre 1940).
Interrompue le 19 août 1940 en raison des mauvaises conditions météorologiques, l'offensive aérienne allemande reprend de plus belle. Cette fois, Goering ordonne d'attaquer tous les aérodromes britanniques, les infrastructures portuaires et les industries aéronautiques.
Donc attaque massive de la Luftwaffe contre les terrains d'aviation de North Weald, Hornchurch, Manston, Biggin Hill, des centres de commandement du RAF Fighter Command, et les ports de Douvres, Ramsgate et Portsmouth. La Luftwaffe effectue 1390 sorties et perd 52 avions. Le RAF Fighter Command enregistre la perte de 27 avions.
Cette troisième phase de la bataille d'Angleterre est la plus intensive et la plus critique. Sur les 33 raids aériens allemands menés au cours des deux semaines suivantes, 22 le seront contre des aérodromes britanniques. Biggin Hill et Hornchurch seront touchés chacun à quatre reprises. Debden et North Weald, deux fois. Croydon, Gravesend, Rochford, Hawkinge et Manston, seront également atteints.
Sont également visés certaines bases du RAF Coastal Command, comme Eastchurch. Les pilotes du RAF Fighter Command, qui cumulent parfois jusqu'à quatre ou cinq sorties dans la même journée, commencent à craquer nerveusement. Les jeunes pilotes provenant des Operational Training Units, qui remplacent leurs homologues abattus ou au bout du rouleau, n'ont bien souvent que 9 ou 10 heures de vol à leur actifs, et face à des pilotes expérimentés comme Galland, Mölders et d'autres as, ils deviennent des proies très faciles.
Dans la nuit du 24 au 25 août, survient un évenement qui va changer le cours de la bataille: plusieurs avions allemands (jamais identifiés) larguent par erreur plusieurs bombes sur le quartier de Harrow, dans la banlieue londonienne. En représailles, le Premier ministre Winston Churchill donne l'ordre au RAF Bomber Command de bombarder Berlin.
Dans l'après-midi du 25 août 1940, la Luftwaffe s'en prend à l'aérodrome de Warmwell et aux ports de Douvres et de l'estuaire de la Tamise. Les Allemands perdent 20 avions, les Britanniques 16.
Le 26 août 1940, sont visés les terrains de Biggin Hill, Kenley, Debden, North Weald, Warmwell et Hornchurch. Les installations portuaires de Douvres, Saint-Eval, Barnemouth et Plymouth. Le soir, la Luftwaffe a perdu 41 avions. Le RAF Fighter Command, 31.
En représaille du bombardement de Londres par la Luftwaffe, deux nuits plus tôt, 81 bombardiers moyens Wellington, Whitley et Hampden s'en prennent pour la première fois de la guerre à Berlin. Les dégâts sont minimes. Mais c'est une giffle magistrale à la figure du maréchal de l'Air Hermann Goering, qui avait proclamé précédement: "Si un seul bombardier britannique parvient à franchir la Ruhr, appelez-moi Meyer!"
Le 28 août 1940, la Luftwaffe s'acharne contre les aérodromes d'Eastchurch et de Rochford, qui appartiennent au RAF Coastal Command. Bilan de la journée: 30 avions allemands abattus, 28 britanniques.
Le 30 août 1940, les bombardiers allemands s'en prennent aux terrains de Biggin Hill et de Kenley, aux centres radar de Dover, Rye, Pevensey, Foreness, Beachy Head, Forelight et Whitsable. Biggin Hill est bombardée deux fois de suite dans la même journée. Les Allemands perdent 36 avions, les Britanniques 25.
Le 31 août 1940, des avions de reconnaissance britanniques signalent la présence, dans les ports français, belges et néerlandais, de nombreux moyens de débarquement allemands, de toute forme et de toute taille.
En Grande-Bretagne, les Allemands poursuivent leurs raids contre les aérodromes de North Weald, Hornchurch, Biggin Hill, déjà touché la veille, Croydon, Debden et Detling. Ils causent également des dommages importants à cinq centres d'opérations: Rye, Pevensey, Beachy Head, Foreness et Whitstable. Au cours de cette journée, le RAF Fighter Command perd 39 avions, contre 41 pour la Luftwaffe.
Le 1er septembre 1940, nouvelle incursion de la Luftwaffe contre Biggin Hill, touché pour la quatrième fois en trois jours. Les Allemands bombardent également Eastchurch, Detling, Lympne et Hawkinge.
Le Ministère de la production aéronautique, "Ministry of Aircraft production", dirigé par William Maxwell "Lord Beaverbrook" Aitkens, a réalisé de véritables prouesses, en arrivant, depuis le déclenchement de l'Adlerangriff le 13 août, à combler tant bien que mal les pertes en chasseurs du RAF Fighter Command.
Les Britanniques ont cependant un énorme avantage sur les Allemands: ils combattent au-dessus de leur territoire. Les pilotes qui parviennent à sauter en parachute regagnent leur unités au bout de quatre ou cinq heures seulement, alors que les pilotes et équipages abattus de la Luftwaffe sont irrémédiablement perdus.
Malgré la prouesse de lord Beaverbrook, les Allemands ont complètement désorganisé les liaisons entre les différents centres de commandement de la Royal Air Force, sévèrement endommagés la plupart des aérodromes du Groupe 11 et des stations radar sur la côte sud de l'Angleterre.
La situation du RAF Fighter Command devient critique, surtout en ce qui concerne les pilotes. Il lui manque maintenant environ 300 pilotes, et les autres sont nerveusement au bout du rouleau. Il se voit contraint de puisser dans les autres commandements, comme le RAF Coastal Command, et surtout de rendre opérationnelles de nouvelles escadrilles étrangères, toujours à l'entraînement.
C'est ainsi qu'environ 200 pilotes belges, français, tchèques, polonais, australiens, rodhésiens, sud-africains, néo-zélandais, et même une poignée d'Américains, viennent renforcer le dispositif anglais sur le point de lâcher prise. C'est un véritable ballon d'oxygène pour Dowding. Mais c'est Adolf Hitler lui-même qui offrira bientôt aux Britanniques une occasion inespérée de souffler et de se ressaisir.
Photo ci-dessous: un vétéran de la Bataille d'Angleterre restauré, le 20 août 2006.
Le 2 septembre 1940, la Luftwaffe poursuit ses attaques. Ses objectifs du jour sont Biggin Hill, touché pour la cinquième fois en quatre jours, Rochford, North Weald, Debden, Eastchurch, Hornchurch, Kenly, Digby et Detling. Les Allemands perdent 35 avions. Les Britanniques, 31.
Le 3 septembre 1940, les terrains de North Weald, Hornchurch et Debden sont sévèrement endommagés. Les Allemands et les Britanniques perdent chacun 16 avions.
Le 4 septembre 1940, à Berlin, Adolf Hitler déclare: "J'ai tenté d'épargner les Britanniques. Ils ont pris mon sens de l'humanité pour de la faiblesse et répondent en assassinant des femmes et des enfants allemands. Je raserai leurs villes..." Au cours de la nuit suivante, les Allemands larguent des fusées éclairantes au-dessus de Londres.
Le 5 septembre 1940, la Luftwaffe "revisite" les aérodromes de Croydon, Lympne, North Weald, Biggin Hill et Eastchurch. Les Allemands perdent 23 avions, le RAF Fighter Command 20.
Le 6 septembre 1940, les bombardements sur les installations portuaires de la côte sud de l'Angleterre font déclencher l'alerte du second degré, qui signifie: "attaque terrestre probable dans les trois jours". Biggin Hill est touché pour la septième fois en une semaine. Les Allemands enregistrent la perte de 35 avions. Les Britanniques, 23.
4° Blitz (6 septembre - 31 octobre 1940).
Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1940, 350 bombardiers He-111, Do-17 et Ju-88 de la Luftwaffe, escortés par 600 chasseurs Bf-109 et Bf-110, se succèdent au-dessus de Londres et déversent 337 tonnes de bombes, en prenant pour cibles prioritaires l'arsenal de Woolwich et les docks construits le long de la Tamise.
Hitler ordonne ainsi, au moment même où le RAF Fighter Command a les genoux à terre et est sur le point de succomber, un changement radical à la Luftwaffe: ses objectifs ne seront plus les terrains d'aviation britanniques, mais les principaux centres hurbains et les industries aéronautiques. Il met en application la promesse qu'il avait fait aux Allemands dans son discours du 4 septembre: "Je raserai leurs villes." C'est le début officiel du "Blitz". Il durera jusqu'en mai 1941.
Photo ci-dessous: l'hôpital Saint Thomas, à proximité de la Chambre des Représentants du Parlement britannique, bombardé pour la première fois par la Luftwaffe le 8 septembre 1940.
A 20h, les commandants en chef des trois forces armées britanniques diffusent un message réduit au seul nom de code "Cromwell", c'est-à-dire "Invasion ennemie probable dans les vingt-quatre heures". Durant cette journée, les Allemands perdent 37 avions, contre 24 pour les Britanniques.
le 15 septembre 1940 marque le plus grand combat aérien de la Bataille d'Angleterre. Pendant toute cette journée et la nuit suivante, la Luftwaffe s'acharne sur Londres. Les destructions et les pertes civiles sont catastrophiques, mais les points sensibles de la capitale ne sont pas touchés. D'autres bombardiers allemands cherchent à atteindre les usines aéronautiques de Southampton, mais se heurtent à une violente réaction de la DCA britannique.
5° La théorie controversée du "Big Wing" de Leigh-Mallory (15 septembre 1940).
Ce même jour, Douglas Bader et Leigh-Mallory mettent en application leur théorie du "Big Wing", qui par la suite fera l'objet d'une controverse entre les Groups 11 (Keith Park) et 12 (Leigh-Mallory). Les interceptions du RAF Fighter Command ne s'effectuent plus par sections ou squadrons, jetés dans la bataille ici et là séparément et de manière non-coordonnés, mais désormais par formation de quatre ou cinq squadrons, avec une soixantaine de chasseurs. Le problème est que pour les rassembler, il faut beaucoup de temps, ce qui laisse habituellement le temps à la Luftwaffe de s'échapper et de rentrer à ses bases. La première mission du Big Wing est menée par Bader à la tête des Squadrons 242, 302, 310, 19 et 611, avec des résultats mitigés: cinq bombardiers et un chasseurs allemands abattus, pour la perte de deux avions anglais.
Au cours de la nuit du 15 au 16 septembre 1940, Bristol, Cardiff, Liverpool et Manchester sont également bombardés. Les Allemands engagent au cours de cette journée 830 bombardiers et 700 chasseurs de protection. Ils déplorent la perte de 66 avions. Contre 27 seulement pour le RAF Fighter Command.
Alors que Goering pensait donner le coup de grâce à l'aviation de chasse britannique, la journée s'achève par une victoire de la Royal Air Force. Désormais, les Allemands renoncent aux raids diurnes, trop coûteux. A ce stade, il est clair que les Britanniques ont désormais remporté la "Bataille aérienne d'Angleterre" et ont survécu.
A partir de cette date, pour échapper aux chasseurs britanniques, la Luftwaffe interviendra exclusivement de nuit, par vagues de 150 à 200 bombardiers à chaque mission. Le Blitz tuera au total 50,000 civils britanniques.
Même si des attaques allemandes contre les aérodromes britanniques se poursuivront, avec une moindre intensité, jusqu'en novembre 1940, la "Bataille aérienne d'Angleterre" se termine officiellement le 31 octobre. Pour leur part, les bombardements nocturnes de Londres se poursuivront (Mini-Blitz) jusqu'en mai 1941.
Bilan et pertes.
Depuis le 13 août, "Jour de l'Aigle", la Luftwaffe a complètement désorganisé les centres de commandement, endommagé la majorité des terrains d'aviation britanniques, et détruit 426 chasseurs de la Royal Air Force. Du 10 juillet au 15 septembre 1940, l'aviation allemande a perdu, selon ses propres statistiques, 1,636 chasseurs et bombardiers avec leurs équipages. Soit 47% des chasseurs monomoteurs (Bf-109), 60% des chasseurs bimoteurs (Bf-110), et 45% des bombardiers moyens (He-111, Ju-88 et Do-17) engagés.
Winston Churchill et Sir Hugh Dowding peuvent se réjouir d'un fait indiscutable: la Royal Air Force a survécu à l'offensive aérienne allemande, la Grande-Bretagne est sauvée! C'est la première défaite militaire de l'Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale, un an après son commencement. Le Premier ministre britannique prononce d'ailleurs à la BBC une allocution mémorable pour qualifier les actions des pilotes britanniques et étrangers: "Jamais dans l'histoire des conflits humains un aussi grand nombre de personnes n'auront dû leur salut à un si petit nombre!"
Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.
"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.
La Bataille d'Angleterre (10 juillet - 31 octobre 1940).
Article modifié le 10 mai 2016.
Sources principales:
• Battle of Britain (Wikipedia.org)
• RAF: the Battle of Britain (raf.mod.uk)
1 comment:
Intéressant. A quand les pilotes ??
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