Hélicoptère d'attaque Boeing AH-64 Apache

Le Boeing AH-64, baptisé "Apache", est l'hélicoptère d'attaque polyvalent de l'US Army. Conçu à l'origine par la firme Hughes Helicopters, firme absorbée par McDonnell Douglas en 1986, pour affronter les chars du Pacte de Varsovie en Europe. Il est engagé pour la première fois au combat au Panama en 1989, puis dans les Balkans (1995 et 1999), et finalement dans les deux guerres du Golfe (1990-1991, 2003-2011), et en Afghanistan (2001-2014), aux côtés de leurs frères britanniques et néerlandais. Israel l'a également utilisé au combat, essentiellement lors de l'Opération "Raisins de la colère" en 1996, et pendant l'intervention au Sud-Liban contre le Hezbollah en 2006, ou encore contre des objectifs ciblés du Hamas dans la Bande de Gaza. L'Arabie Saoudite l'emploit au combat au Sud-Yemen en 2015 et 2016. L'Apache équipe également d'autres pays comme la Grèce, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, la Corée du Sud et Singapour. En février 2013, apparaît aux Etats-Unis la nouvelle version AH-64E "Apache Guardian".



Historique du développement.

Dès la création de l'OTAN en 1949, sa plus grave faiblesse en Europe est l'infériorité numérique de ses forces, et en particulier des unités blindées et mécanisées, comparées à celles du Pacte de Varsovie. La lutte antichars aux moyens d'avions ou d'hélicoptères devient donc une nécessité tactique vitale pour sa survie.

Un hélicoptère, si bien protégé soit-il, peut-il opérer efficacement au-dessus des champs de bataille européens, face à un ennemi qui dispose de milliers de missiles sol-air SAM et de canons anti-aériens? Un avion comme le A-10 Thunderbolt a-t'il une chance d'engager des chars ennemis sans être immédiatement détruit? A ces deux questions, les Américains répondent par l'affirmative.

L'US Army s'intéresse à la conception des hélicoptères d'attaque antichars dès le début des années soixantes. Une première expérience avec le Lockheed AH-56A Cheyenne n'est pas retenue en août 1972. Si bien que pendant toute la guerre du Vietnam, le seul hélicoptère de combat capable d'engager les blindés nord-vietnamiens reste le AH-1G Cobra. Construit en grande quantité, le Cobra est cependant incapable d'opérer de nuit ou dans des conditions météorologiques défavorables.

Jusqu'au milieu des années quatre-vingt, plusieurs versions de cet hélicoptère sont conçues pour remédier à ces insuffisances, mais les militaires américains ne perdent jamais de vue qu'il leur faudra un jour disposer d'un véritable hélicoptère d'attaque tout-temps, conçu spécifiquement pour ce rôle.

Un tel cahier des charges implique la réalisation d'un hélicoptère lourd, puissant et coûteux. Le 15 novembre 1972, l'US Army, qui est décidée à mener cette entreprise jusqu'au bout, formule un appel d'offre et lance la compétition Advanced Attack Helicopter (AAH) pour la conception d'un "hélicoptère de combat avancé". Cinq constructeurs aéronautiques y répondent: Bell Helicopter Textron, Boeing Vertol (Grumman), Hughes Helicopters, Lockheed et Sikorsky.

Photos ci-dessous: 1° Le YAH-64 prototype d'origine, avec l'empennage en "T". 2° YAH-64 tardif de présérie, produit à partir de 1982.





Au début de l'année 1973, l'US Army retient les deux projets de Bell et Hughes. Mis au point par la première firme, le Bell YAH-63 est équipé d'un train d'atterrissagle tricycle et d'un habitacle biplace dans lequel le canonnier occupe la place arrière, le pilote prenant place à l'avant.

Le modèle de Hughes, le YAH-64, effectue son premier vol d'essai le 1er octobre 1975. Il est équipé d'un train d'atterrissage à roulette de queue et d'un habitacle dans lequel le pilote prend place dans le poste arrière, surélevé, et le canonnier dans le poste avant. Il est doté de chaque côté du fuselage de deux pylones permettant l'emport d'un panier de roquettes M261 Hydra-70 et de quatre missiles antichars AGM-114 Hellfire, ainsi que d'un canon automatique M230 Chaingun de 30mm sous le fuselage avant.

Photos ci-dessous: 1° Panier lance-roquettes M261 Hydra-70 de 70mm et missiles antichars AGM-114 Hellfire. 2° Canon automatique M230 Chaingun de 30mm.




L'US Army déclare vainqueur l'YAH-64 en 1976 et signe un contrat de production de présérie limitée à cinq YAH-64A. Pendant les huit années qui suivent, ces machines doivent encore subir une série d'importantes modifications. Le principal changement des YAH-64A étant la mise en place des stabilisateurs horizontaux, qui auparavant était installées au sommet de l'empennage vertical, à l'arrière de la poutre de queue.

Photo ci-dessous: un prototype de présérie YAH-64A en 1984.


En 1981, dans la tradition américaine voulant que l'on baptise les hélicoptères du nom de tribus amérindiennes, les YAH-64A sont baptisés du nom d'Apache. L'année suivante, l'US Army approuve la production en grande série. Le premier exemplaire AH-64A quitte la chaîne de montage de Mesa, en Californie, le 30 septembre 1983, et entre en service en janvier 1984.

En 1986, la firme McDonnell Douglas rachète Hughes Helicopters et poursuit le développement de l'hélicoptère. Le modèle de série AH-64A, équipé de deux moteurs General Electric T700-GE-701 de 1,696 chevaux (1,265 kW) chacun, se différencie des prototypes par les stabilisateurs horizontaux ramenés à la base de la dérive.

Photo ci-dessous: un AH-64A Apache de l'US Army atterrit sur le pont de l'USS Nassau (LHA-4) au cours de l'exercice interarmes Joint Shipboard Weapons and Ordnance (JSWORD). 1er février 2005.


En dépit de sa taille et de son poids, c'est un hélicoptère à la fois agile et performant. Mais l'US Army insiste beaucoup sur certaines performances, telle une vitesse ascensionnelle importante malgré l'emport de diverses armes, même à haute altitude et par des températures élevées.

McDonnell Douglas développe ensuite la version AH-64B avec diverses améliorations de cockpit et un nouveau système de contrôle de tir. En 1987, Boeing et McDonnell Douglas s'associent pour former "The Boeing Company".

Entre 1984 et 1987, une version navalisée du AH-64A, le Sea Apache, est proposée à l'US Marine Corps. Plusieurs études sont étudiées avec divers trains d'atterrissage, armements et avioniques. Mais finalement, les Marines préfèrent continuer l'utilisation de leur AH-1W Super Cobra.

En 1995, entre en production le modèle Boeing AH-64D Apache Longbow. Motorisé avec deux T700-GE-701C de 1,890 chevaux chacun (1,409 kW), équipé d'un avionique totalement modernisée et d'instruments digitaux, d'un radar de contrôle de tir à onde micrométrique Lockheed Martin AN/APG-78 installé dans un dôme au sommet du mat de rotor principal, d'un "Systeme de Désignation et d'Acquisition de Cibles", ou Target Acquisition and Designation System (TADS), avec caméra infrarouge, désignateur laser et vision nocturne.

Rétroactivement, les années suivantes, l'ensemble des AH-64A, AH-64B et AH-64D de l'US Army sont remotorisés avec des T700-GE-701D plus puissant fournissant 2,000 chevaux (1,491 kW) chacun. Cette variante modernisée est redésignée AH-64D Block-III.




Le 21 février 2013, apparaît le nouveau AH-64E Apache Guardian. Le 1er Bataillon du 229ème Régiment d'Hélicoptère d'Attaque, à Lewis-Mc Chord dans l'Etat de Washington, en est la première unité équipée, avec 24 exemplaires livrés à la fin du premier semestre de cette année. En mars, le 1er-229ème utilise ses AH-64E pour la première au combat en Afghanistan, avec un taux opérationnel de 88% et 9600 heures de vol de combat en octobre.

Photo ci-dessous: AH-64E Apache Guardian en mars 2013.

AH-64E-Apache Guardian


Apache à l'exportation.

1° Israel.

En 1990, les Forces de Défense d'Israel (IDF) sont le premier client à l'exportation de l'hélicoptère, avec 37 AH-64A Peten et 12 AH-64D Saraf opérationnels en 2008. Employés au Liban et dans la bande de Gaza avec des missiles guidés, ils permettent la destruction d'infrastructure terroristes et l'élimination ciblée de chefs et de militants du Hamas et du Hezbollah, comme Ahmed Yasin et Adnan al-Ghoul.

Photo ci-dessous: AH-64D Saraf des IDF lors d'un exercice commun avec OTAN en Grèce. 20 juin 2011.



2° Grande-Bretagne.

En Grande-Bretagne, Westland-Agusta construit 67 Apache Longbow sous la désignation WAH-64D, équipés d'un moteur Rolls-Royce. Certains d'entre-eux servent en Afghanistan et en Irak, aux côtés de leurs frères américains et néerlandais.

Photo ci-dessous: Westland WAH-64D Apache de l'Armée de terre britannique. Kemble Air Day 2008, Aérodrome de Kemble, Gloucestershire, Angleterre.



3° Pays-Bas.

L'Armée de l'Air néerlandaise achète 30 AH-64D et en emploie 12 autres en leasing, sans radôme de rotor. Ils effectuent leur premier déploiement en 2001 à Djibouti, en Afrique, et servent ensuite dans les forces de l'OTAN, dans des missions de maintien de la paix, notamment Bosnie-Herzégovine. Depuis 2004, les Apache néerlandais opèrent simultanément en Irak au sein de la Force Multinationale, et dans la région de Kaboul, en Afghanistan, au sein de l'ISAF/OTAN.

Photo ci-dessous: AH-64D Apache néerlandais au Salon Aéronautique de Farnborough, Angleterre, juillet 2006.



4° Arabie Saoudite.

Après l'opération Tempête du Désert en 1991, l'Arabie Saoudite achète 12 AH-64A qui équipent la Royal Saudi Land Force, l'Armée de Terre saoudienne. En août 2006, le gouvernement saoudien entame des négociation avec la firme Boeing pour moderniser ses AH-64A et les mettre aux standards AH-64D Longbow, avec un coût total de 400 millions de dollars. En septembre 2008, le gouvernement américain autorise la livraison de 12 AH-64D supplémentaires, après une demande des Saoudiens. En octobre 2010, l'Arabie Saoudite marque son intérêt pour l'achat de 70 autres AH-64D, à livrer aussitôt que possible.

En novembre 2009, l'Arabie Saoudite engage pour la première fois ses Apache contre les incursions des rebelles yéménites Houthis sur son territoire. Fin janvier 2010, le chef des rebelles shiites annoncent le retrait de ses troupes du territoire saoudien, après que l'Armée saoudienne après repris le contrôle du village frontalier d'Al Jabiri.

Photo ci-dessous: AH-64A Apache et AH-64D Longbow Apache de l'Armée de Terre saoudienne en 2016, au Yemen.



5° Egypte.

En 1995, l'Armée de l'Air égyptienne place un ordre d'achat pour 36 AH-64A. Ces machines sont livrées avec la plupart des systèmes d'avionique avancée, à l'exception de l'équipement radio. En 2000, Boeing annonce un programme de modernisation des Apache égyptiens aux normes AH-64D, mais sans le radar Longbow au sommet du moyeu du rotor, dont le gouvernement américain a refusé la livraison. En 2009, l'Egypte annonce son intention d'acheter 12 AH-64D Apache Block II, dans le cadre du programme Foreign Military Sales.

En août 2012, l'Egypte engage pour la première fois ses AH-64D au combat, contre des djihadistes opérant dans le Sinai et responsables de plusieurs attaques contre des postes frontaliers, après un accord avec le gouvernement israélien pour autoriser le déploiement de ces hélicoptères dans cette zone.

Photo ci-dessous: AH-64D Apache Block II égyptien, lors de la révolution populaire et la chute du gouvernement Moubarak, en 2011.

apache_egypt


6° Autres pays.

D'autres pays se sont également portés acquéreur de l'Apache. La Grèce a signé un contrat en septembre 2003 portant sur la livraison, en deux étapes, de 12 puis 20 AH-64D Apache Longbow, pour un montant total de 675 millions de dollars.

Les Emirats Arabes Unis réceptionnent 30 AH-64A entre 1991 et 1996, modernisés plus tard aux normes AH-64D Longbow Apache. Le Koweit achète 16 AH-64D Apache Longbow en 2006. L'armée japonaise en reçoit en 2005 50 exemplaires, construits sous licence par Fuji Heavy Industries.


Singapour achète 20 AH-64D entre 1999 et 2001. La Corée du Sud acquiert 36 AH-64D Longbow Apache, qu'elle utilise en collaboration avec ses Eurocopter Tiger. Taiwan reçoit 30 AH-64D en 2008. L'Albanie, membre de l'OTAN depuis 2009, 2 AH-64D cédés par l'US Army.

Photo ci-dessous: AH-64D de la Force aérienne singapourienne. 11 mars 2008.



Apache au combat.

L'hélicoptère d'attaque Apache est employé pour la première fois au combat en décembre 1989, lors de l'opération Just Cause, l'intervention américaine au Panama.

Un an plus tard, les Apache de l'US Army sont présents dans le Golfe Persique dans le cadre de l'opération Desert Shield. Pendant l'opération Desert Storm qui suit, en 1991, ils combattent avec un certain succès les divisions mécanisées et blindées de Saddam Hussein au Koweit et en Irak.

Le 17 janvier 1991, huit AH-64A, guidés par quatre MH-53 Pave Low III, pénétrent profondément en territoire ennemi et détruisent une bonne partie du réseau de détection radar irakien, permettant ainsi à l'US Air Force d'intervenir massivement sans être détectée. Durant les cent heures de l'offensive terrestre alliée, 277 AH-64A combattent en Irak et au Koweit, détruisant environ 500 chars ennemi.

Les Apache interviennent également dans les Balkans lors des opérations Deliberate Force (12-1995) en Bosnie-Herzégovine et Allied Force (03-1999) au Kosovo. Mais ces hélicoptères y rencontrent un certain nombre de problèmes et d'accidents en raison de la nature montagneuse et accidenté du terrain, qui réduisent fortement leur efficacité. En cause, le manque d'entraînement des équipages et les déficiences du système de vision nocturne, des réservoirs de carburant auxiliaire défectueux.

Photo ci-dessous: un soldat de la Task Force Multinationale-Est participe à un exercice d'extraction, Camp Bondsteel, Kosovo, 25 août 2007.


A la suite du crash d'un AH-64 et de la mort de ses deux membres d'équipage pendant l'intervention au Kosovo, en décembre 2000, la flotte complète des Apache en ex-Yougoslavie est consignée au sol pendant deux semaines pour révision complète. Le major-général Dick Cody, commandant de la 101ème Division aéroportée, adresse au chef d'état-major de l'US Army un mémo très critique dans lequel il dénonce le manque d'entraînement des équipages et les problèmes techniques rencontrés.

Durant l'opération Iraqi Freedom, le 24 mars 2003, 33 AH-64D du 7ème Régiment de cavalerie et de la 101ème Division aéroportée engagent une brigade blindée de la division Medina, de la Garde républicaine irakienne: 30 Apache sont endommagés à des degrés divers, une partie au-delà de toute réparation possible. 29 d'entre-eux parviennent cependant à regagner leur base.

Un des hélicoptères endommagés se pose en catastrophe dans la région de Karbala et est capturé par les Irakiens, qui ne manquent pas d'en profiter. Alors que l'équipage a été secouru et est sain et sauf, la propagande baasiste proclame qu'un hélicoptère Apache a été "abattu par un fermier équipé d'une vieille carabine". L'AH-64 confirme sa robustesse, mais c'est un échec médiatique pour les Etats-Unis.

Les dégâts encaissés en Irak, où la majorité des défenses anti-aériennes sont de simples canons ou des roquettes non guidées RPG-7, soulevent de nombreuses questions sur sa survivabilité à basse altitude dans des théâtres d'opération plus hostiles, au relief encaissés et saturés de missiles SAM.

Entre mars 2003 et fin 2008, onze hélicoptères Apache sont perdu en Irak du fait d'actions hostiles, et quinze autres par accident.

Photo ci-dessous: AH-64D Apache Longbow appartenant à la Compagnie Bravo, 1er Bataillon d'attaque, 227ème Régiment Aviation, 1ère Brigade aérienne, 1ère Division de cavalerie. Multi-National Division-Baghdad Area, 12 octobre 2007.


Le second pays qui déploit ses Apache au combat est Israel. Dans les années nonantes, équipés de missiles guidés par infrarouge, les AH-64A Peten et AH-64D Saraf de Tsahal mènent des opérations réussies de frappes ciblées au Liban Sud et dans la Bande de Gaza, contre les infrastructures du Hezbollah et du Hamas, éliminant plusieurs leaders des deux organisations terroristes palestiniennes, comme Ahmed Yasin et Adnan al-Ghoul.

Photo ci-dessous: AH-64A Peten, Israel Independence Day, 24 avril 2007.


En 1995, au terme d'une compétition avec l'Eurocopter Tiger et le Bell AH-1W SuperCobra, les Pays-Bas acquièrent 30 AH-64D. Ceux-ci sont délivrés en 1999, et participent aux missions de maintien de la paix des Nations-Unies en ex-Yougoslavie.

En 2004, six Apache néerlandais sont intégrés à la Force Multinationale en Irak, en soutien des troupes terrestres alliées. Les Pays-Bas déploient également ses hélicoptères AH-64 à Djibouti (à partir de 2001) et en Afghanistan (2007).

L'armée de terre britannique réceptionne 67 WAH-64 construit sous license par Westland-Agusta. Certains d'entre-eux sont engagés sur le théâtre d'opération afghan contre les Talibans, aux côtés d'hélicoptères Westland Lynx et Puma et des Apache néerlandais et américains, dans la région de Kaboul, au sein de la Force Multinationale en Irak et de l'ISAF/OTAN.

Le gouvernement saoudien achète 12 AH-64A Apache après la Première guerre du Golfe, en 1991. En novembre 2009, modernisés aux standards AH-64D Longbow, l'Armée de terre saoudienne (Royal Saudi Land Force) participent à l'opération Scorched Earth, des missions de lutte contre les infiltrations des insurgés chiites Houthis aux frontières du royaume.


Récapitulatif des versions de l'Apache.

  • AH-64A. Version originale de l'Apache, propulsée par deux General Electric T700-701 de 1,696 chevaux (1,265 kW). A partir de 1990, ils sont tous remotorisés avec des T700-701C plus puissants, développant chacun 1,890 chevaux (1,410 kW). Le Japon construit sous license une variante de l'AH-64A, désignée AH-64DJP, des hélicoptères pouvant être équipés de missile air-air AIM-92 Stinger d'autodéfense.
  • AH-64B. en 1991, après l'opération Desert Storm ("Tempête du Désert"), l'AH-64B est une version améliorée portant sur 254 AH-64A, un programme de modernisation incluant de nouvelles pales de rotor, un système de positionnement global (GPS), et des équipement de navigation et radio plus performants. Le Congrès des Etats-Unis approuve ce plan, d'un montant de 82 millions de dollars, mais en 1992, il est annulé. Les systèmes radio, de navigation et GPS seront plus tard intégrés d'office sur les versions ultérieures de l'hélicoptère.
  • AH-64C. Des crédits supplémentaires approuvés par le Congrès américains à la fin de 1991 débouchent sur plan de modernisation des Apache de l'US Army. Des AH-64A sont convertis en AH-64B+. Un second programme de modification démarre parallèlement, avec la conversion de AH-64A en AH-64C, la principale différence étant la remotorisation avec des General Electric T700-701C. Cependant, en 1993, la désignation AH-64C est abandonnée, l'intégralité des AH-64A étant rééquipés de T700-701C. La seule différence entre les AH-64C et AH-64D devenant le radar installé au somment du mat de rotor de l'Apache Longbow.
  • AH-64D Apache Longbow. L'AH-64D comprend des capteurs/détecteurs plus perfectionnés et une verrière légèrement redessiné et surélevée, l'équipage bénéficiant d'un champ de vision plus étendu vers le bas. Mais la principale inovation est l'installation du radar de controle de tir (Fire Control Radar, FCR) AN/APG-78 Longbow au sommet du mat de rotor. L'avantage de cette configuration étant que l'hélicoptère est capable de cibler des objectifs ennemis quand celui-ci s'abrite derrière une hauteur, des arbres ou des immeubles.

    Cette version est propulsée par deux moteurs T700-701C de 1,890 chevaux (1,410 kW) chacun. La variante AH-64D Block-III inclue diverses améliorations: des pales de rotor en matériaux composites, un train d'atterrissage plus résistant, de nouvelles capacités de détection électroniques et de pilotage automatique, et une remotorisation avec des T700-701D développant 2,000 chevaux (1,500 kW).

    Photo ci-dessous: AH-64JDF Apache Longbow de la Force aérienne d'autodéfense japonaise.

  • Westland WAH-64D Apache. Version de l'Apache Longbow construit sous license par la firme Westland-Agusta, pour le compte de l'Armée de terre britannique (Army Air Corps). Cette version est propulsée par deux moteurs Rolls-Royce Turbomeca RTM322 développant chacun 2,100 chevaux (1,600 kW).

    Photo ci-dessous: Apache de l'Army Air Corps britannique opérant depuis le pont du navire d'assaut amphibie HMS Ocean. 22 septembre 2009.

  • AH-64E Apache Guardian. Version connue originellement sous l'appellation AH-4D Block III, puis redésignée AH-64E. L'hélicoptère comprend diverses améliorations, dont un moteur T700-GE-701D plus puissant, de nouveaux instruments digitaux, le Joint Tactical Information Distribution System (JTIDS), ou sytème de transmissions de données tactiques, et un train d'atterrissage renforcé.

    Sa production en série est approuvée par le Congrès américain le 24 octobre 2012. il est prévu que 634 AH-64D soient transformés en AH-64E, avec une production de 56 nouveaux AH-64E en 2019/2010.
  • AH-64F. En 2014, Boeing se lance dans la conception d'un Apache Longbow totalement modifié et modernisé, pour anticiper la future version d'attaque Future Vertical Lift (FVL), qui doit aboutir aux environ de 2040 au remplacement de tous les UH-60 Black Hawk, CH-47 Chinook, AH-64 Apache et OH-58 Kiowa en service au sein de l'US Army.
  • Sea Apache. Version navalisée de l'AH-64A proposée à l'US Navy et l'US Marine Corps, durant les années quatre-vingt. Projet abandonné en faveur de l'AH-1W Super Cobra.


Pays utilisateurs.

  • Arabie Saoudite. L'Aviation légère de l'Armée de Terre saoudienne reçoit après 1991 12 AH-64A, au sein du 2ème Bataillon Aviation. Hélicoptères remis aux normes AH-64D à partir d'août 2006. Commande supplémentaire portant sur 70 AH-64D enregistrée en 2010.
  • Egypte. La force aérienne égyptienne achète 36 AH-64A en 1995. Hélicoptères reconvertis aux standards AH-64D en 2000-2005, mais sans le radar Longbow installé au sommet du mat du rotor. En 2005, l'Egypte acquiert 12 AH-64D Apache Block-II, au bénéfice du programme Foreign Military Sales. En janvier 2011, l'Egyptian Air Force alligne 35 AH-64D en opérationnels, répartis dans ses 51ème et 52ème Escadrons.
  • Emirats Arabes Unis. L'armée de terre émiratie reçoit 30 AH-64A Apache en 2005. En janvier 2011, elle alligne 12 AH-64A et 14 AH-64D Longbow.
  • Etats-Unis. Inventaire des Apache de l'US Army, en janvier 2011: 727 exemplaires opérationnels (107 AH-64A et 620 AH-64D) au sein des unités d'active, de la Garde Nationale Terrestre (Army National Guard, ARNG) et de l'Armée de Terre de Réserve (US Army Reserve, USAR).
  • Grèce. L'armée de terre grecque réceptionne 20 AH-64A en 1995 et 12 AH-64D en 2003. En décembre 2011, 28 AH-64A/D sont opérationnels au sein des 1er et 2nd Bataillon d'Hélicoptères d'Attaque.
  • Israel. La force aérienne israélienne alligne, en janvier 2011, 37 AH-64A Peten et 11 AH-64D Saraf, répartis au sein des 113ème et 190ème Escadrons.

  • Koweit. La force aérienne koweitie achète 16 AH-64D en 2004, tous opérationnels en 2011, au sein des 17ème et 20ème Escadrons d'attaque.
  • Pays-Bas. La Force Aérienne Royale Néerlandaise réceptionne 30 AH-64D en 2005. 29 sont toujours en service opérationnel en janvier 2012, au sein du 301ème Escadron.
  • Royaume-Uni. Version construite sous license de 1998 à 2004, par la firme Westland-Agusta. 67 exemplaires livrés à l'Army Air Corps, remotorisés avec des Rolls-Royce Turbomeca RTM322 01/12 de 2,270 chevaux (1,693 kW) en 2011.

    Photo ci-dessous: WAH-64D du Corps Aérien de l'Armée de Terre britannique, Biggin Hill, 8 juin 2008.

  • Singapour. La Force Aérienne de la République de Singapour alligne 20 AH-64D opérationnels en décembre 2011.
  • Taiwan. 30 AH-64D Block-III commandés en 2008, selon le programme Foreign Military Sales américain, et propulsés par des General Electric T700-701D. Livraison prévue à partir de 2014.

Caractéristiques techniques et armement.

L'une des caractéristiques les plus intéressantes de l'AH-64 Apache est sans doute les deux carénages de grandes dimensions montées de chaque coté du fuselage, en-dessous de l'habitacle. Ces carénages abritent les équipements électroniques et sont dotés de trappes permettant la maintenance facile et rapide de l'un ou l'autre de ces équipements.

L'énergie nécessaire au démarrage des moteurs est fournie par un groupe auxiliaire installé à l'arrière du rotor principal. Tous les systèmes électriques sont redondants. Les canalisations et les câbles sont espacés de façon qu'un impact d'obus ou de balle n'en endommage pas plusieurs à la fois.

Dès le début de la compétition AAH, des paniers à roquettes FFAR et des missiles antichars sont montés sur deux moignons d'aile, une de chaque côté du fuselage.

Un canon automatique M230 Chaingun de 30mm, alimenté avec 1,200 obus, est installé sous le fuselage avant. Ce canon peut tirer à la cadence de 650 projectiles par minute, ou au coup par coup, et il possède un débattement en azimuth de 100° vers la gauche ou la droite, en élévation de 11°C vers le haut et 60° vers le bas. Désigné Area Weapons System (AWS), le M230 Chaingun peut être utilisé pour la destruction d'objectifs légèrement protégés ou blindés, comme des batteries de canons anti-aériens ou des sites de missiles SAM. Il peut également servir à son autodéfense contre des avions ou d'autres hélicoptères.

Photo ci-dessous: gamme d'armement d'un hélicoptère d'attaque Apache. Obus de 30mm M230, paniers de roquettes M261 Hydra-70 et roquettes FFAR LAU-130 de 70mm, missiles antichars Hellfire, réservoirs de carburant auxiliaires.


La principale arme offensive est à l'origine le missile antichars TOW. Mais dès le début de sa conception, les militaires américains lui préfèrent l'AGM-114 Hellfire ("HELicopter FIRE-and-forget"), un projectile beaucoup plus puissant et plus petit. D'un poids de 45.8kg, le Hellfire permet à l'heure actuelle de détruire tous les types de chars en service dans le monde, la précision de son tir étant assuré par son système de guidage laser.

Le système d'illumination laser est lui-même montée soit à bord de l'Apache, dans ce cas le missile Hellfire est dit autonome, soit sur le mat de rotor d'un hélicoptère d'accompagnement Bell OH-58D. Il peut également être au sol, entre les mains de fantassins. Dans chacun de ces cas, le missile peut être tiré alors que l'hélicoptère est à l'abri derrière un obstacle naturel (colline), dans la direction estimée de l'objectif. Dès que le Hellfire est tiré, il détecte et suit le faisceau laser. Sa vitesse est exceptionnelle (Mach 1.17) et ne laisse aucune chance au véhicule visé de lui échapper. Actuellement, aucun blindage de char ne lui résiste.

La version de base du Hellfire, l'AGM-114A, donne naissance à de nouvelles versions plus efficace, comme les AGM-114K High Explosive Anti-Tank (HEAT), AGM-114M Blast Fragmentation et AGM-114N Metal Augmented Charge (MAC).

Outre les Hellfire, les deux moignons d'ailes peuvent emporter des paniers à roquettes FFAR de 70mm, qui sont stabilisé en vol mais ne disposent d'aucun guidage. La charge normale est de 76 projectiles FFAR LAU-130 ou LAU-61 dans quatre paniers M261 Hydra-70 de 19 tubes chacun.

Depuis 1984, Hughes fait partie de McDonnell Douglas, mais une de ses filiales, Hughes Missile Systems Group, met au point de nouveau lance-roquettes permettant d'importantes économies de masse et de volume, reliés à un système de conduite de tir de plus en plus efficace.

En ce qui concerne les capteurs, le système de tir et la vision nocturne, ils sont de la plus haute importance sur un champ de bataille. Ces éléments peuvent être montés sur un mat de rotor au-dessus de l'hélicoptère, comme cela se pratique souvent, mais ils sont à l'origine conçut pour être mis en place dans le nez, ce qui contraint l'hélicoptère à s'exposer lorsqu'il attaque un objectif.

Ces capteurs sont regroupés dans une tourelle de grandes dimensions en deux sous-systèmes séparés, le Target Acquisition and Designation Sight (TADS), ou "Système de Désignation et d'Acquisation de Cible", et le Pilot's Night Vision Sensor (PNVS), ou "Système de Vision Nocturne".

Le premier groupe est le plus complexe: il comprend des systèmes optiques possédant des capacités d'agrandissement de 3.5 à 16 fois, un télémètre-désignateur laser, un équipement de poursuite, une caméra vidéo de jour permettant de voir à travers la poussière et la fumée, et un système de balayage infrarouge frontal, Forward Looking Infra-Red (FLIR).

Le PNVS, quant à lui, est un simple capteur à infrarouge offrant au pilote certaines capacité de vision de nuit. Les informations recueillies par ces systèmes sont transmises à des écrans multifonctions situés sur le tableau de bord.

Une aractéristique principale des systèmes de vision dont bénéficie l'Apache est le viseur intégré qui équipe les casques des deux membres d'équipage. En tourant simplement la tête vers l'objectif, l'un ou l'autre est en mesure de pointer automatiquement les capteurs dans la direction souhaitée et de désigner leur cible aux missiles Hellfire. Il va de soi que toutes les images apparaissant sur les écrans comportent, en sur-impression, des données numériques relatives à la vitesse, l'altitude, le cap ou la distance de l'objectif.

D'autres moyens sont nécessaires pour permettre à l'hélicoptère d'opérer en milieu hostile. Le plus important est sans aucun doute la tourelle de contre-mesures infrarouges ALQ-144 située à l'arrière du rotor principal. Si ce système n'existait pas, les missiles se guideraient immanquablement sur les moteurs T700 de l'hélicoptère, qui ont été équipés d'un système de refroidissement et d'atténuateurs d'infrarouges sur les tuyères d'échappements.

De chaque côté de la poutre de queue, à l'arrière, ont été logées des boites dans lesquelles sont stockés des leurres thermiques (flare) et des paillettes (chaff). Ces leurres et paillettes peuvent être lancées par l'équipage ou automatiquement lorsque les capteurs repèrent un missile ennemi.

Photo ci-dessous: armement standard de l'Apache. Une combinaison de paniers de roquettes Hydra-70 de 70mm et/ou de missiles antichars AGM-114 Hellfire. Un système de balayage et de détection infrarouge (utilisé notamment pour le vol de nuit) Forward Looking Infra-Red (FLIR) en tourelle avant. Canon automatique M230 Chaingun de 30mm (1,200 coups).



Fiche technique de l'AH-64D Apache Longbow.

  • Type. Hélicoptère d'attaque.
  • Equipage. Deux membres: un pilote et un opérateur armement.
  • Pays utilisateurs. Voir ci-dessus.
  • Dimensions. Longueur du fuselage: 15.06m. Diamètre du rotor principal: 14.63m. Hauteur: 3.83m. Surface balayée par le rotor principale quadripale: 168.11 m².
  • Masse. A vide: 5165kg. Maximale au décollage: 9,500kg.
  • Propulsion. Deux turbomoteurs General Electric T700-GE-701C de 1,890 chevaux (1,410 kW) chacun. [AH-64D Block-III] Deux T-700-701D de 2,000 chevaux (1,500 kW) chacun.
  • Performances. Vitesse maximale opérationnelle: 293 km/h. Vitesse de croisière: 265 km/h. Rayon d'action de combat: 480 km. Distance franchissable maximale: 1,900 km. Vitesse ascensionnelle: 12.7 m/s.
  • Armement standard. Un canon automatique M230 Chaingun de 30mm (avec 1,200 obus). 8 missiles antichars AGM-114 Hellfire et deux paniers lance-roquettes Hydra-70 (38 roquettes FFAR LAU-130 ou LAU-61) installés sur deux moignons d'ailes sur les côtés du fuselage.
  • Armement optionnel. 4 missile air-air d'autodéfense AIM-92 Stinger ou AIM-9 Sidewinder à la place des paniers lance-roquettes. Ou encore deux réservoirs de carburant auxiliaires et 8 missiles Hellfire.

Photo ci-dessous: paniers à roquettes M261 Hydra-70 pouvant contenir 19 projectiles FFAR LAU-130 de 70mm.



Article modifié le 21 septembre 2016.


Sources principales:
AH-64 Apache (Wikipedia.org)

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