7-8 mai 1945 - Europe: capitulation inconditionnelle du Troisième Reich

A Reims, en France, le 7 mai 1945 à 2h41 du matin, dans une petite salle de classe du collège qui abrite le "Supreme Headquarter of Allied Expeditionnary Forces" (SHAEF), le GQG des forces expéditionnaires alliées en Europe, le général Alfred Jodl, chef d'Etat-major de la Wehrmacht, et l'amiral Hans-Georg von Friedeburg, représentant du grand-amiral Karl Doenitz, signent l'acte de capitulation inconditionnelle et totale de l'Allemagne nazie.



7 mai 1945 - Capitulation inconditionnelle du Troisième Reich.

Cette cérémonie à Reims, dans la nuit du 7 mai 1945, est la suite logique des capitulations partielles qui ont déjà eu lieu en Italie (2 mai), dans le nord des Pays-Bas et le nord-ouest de l'Allemagne (3-4 mai), puis dans le sud de l'Allemagne (5-6 mai).

Sont présents à cette séance le général américain Walter Bedell Smith, signant pour l'ensemble des forces alliées, le chef de la Mission soviétique de liaison militaire auprès d'Eisenhower, le général Ivan Susloparov. Le général français François Sevez, en tant que témoin officiel, signe en dernier. L'arrêt des hostilités entrera officiellement en vigueur le 8 mai à 23h.



8 mai 1945 - Répétition de la cérémonie de la capitulation nazie à Berlin.

L'acte officiel de capitulation de l'Allemagne nazie a été signé le 7 mai 1945 à Reims, en France. Mais sous la pression de Joseph Staline, cette cérémonie sera répétée le lendemain soir à Berlin-Karlshorst, au QG du maréchal Georgi Joukov.


Par une étrange bizzarerie de l'Histoire, c'est la date du 8 mai 1945 qui sera retenue pour la postérité, et la capitulation du 7 mai 1945 à Reims tombera pratiquement dans l'oubli. Car en effet, cette date correspond à l'annonce officielle dans le monde entier, de la fin de la guerre en Europe. Cette journée du 8 mai est désormais appellée "V-E Day" par les Anglo-Saxons, toujours en guerre contre le Japon dans le Pacifique et en Extrême-Orient, et "Jour-V" par les nations européennes.

La cérémonie de capitulation est donc répétée dans la nuit du 8 au 9 mai 1945 au QG du 1er Front de Biélorussie, installé dans une villa de Karlshorst, dans la banlieue orientale de Berlin. Cette cérémonie débute à 23h et prend fin le 9 mai à exactement 0h28, devant la presse internationale.

Sont présents le maréchal Georgi Joukov, commandant du 1er Front de Biélorussie, qui signe pour les Soviétiques, le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'Etat-major de l'OKH, le général d'aviation Werner Stumpf et l'amiral Hans Georg von Freideburg, représentant du Grand-amiral Kar Doenitz, pour l'Allemagne, le maréchal de l'Air Sir Arthur Tedder pour le Royaume-Uni, le général Carl Spaatz pour les Etats-Unis, et enfin le général Jean de Lattre de Tassigny pour la France.

Keitel ratifie l'acte en dernier à 0h17 exactement.


Deux petites annecdotes:
  1. L'après-midi, De Lattre de Tassigny entre dans une colère noire quand il s'aperçoit que le drapeau français brille par son absence dans la salle, et Joukov ordonne de l'ajouter aux drapeaux américain, britannique et soviétique.
  2. Au début de la cérémonie, lorsque Keitel entre dans la salle et aperçoit le drapeau français, il ne peut s'empêcher de déclarer: "Ach! Il y a aussi des Français. On aura tout vu!"

Durant la première semaine de ce mois, environ trois millions de civils et de militaires allemands ont pu se soustraire aux Soviétiques et se rendre aux armées occidentales.



8 mai 1945 - Annonce officielle de la capitulation allemande dans le monde entier.

Le 8 mai 1945, à 15h, le général Charles de Gaulle déclare solennellement à la radio française: "La guerre est gagnée! Voici la victoire! C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France!"

Simultanément, à Washington DC et à Londres, allocutions d'Harry Truman et de Winston Churchill. Dans le reste du monde, les dirigeants d'une cinquantaine de nations alliées font également des annonces similaires.

A l'annonce de cette capitulation, en Scandinavie, la 20ème Armée allemande de montagne du général Franz Böhme, une vingtaine de divisions et 280,000 hommes isolés en Norvège, annonce aux Alliés sa reddition.

Sur le front soviétique, dans le Secteur Nord, le Heersgruppe Kurland du général Carl Hilpert, comprenant les 16ème et 18ème Armées allemandes, isolé depuis de longs mois dans les Pays Baltes, soit l'équivallent d'une trentaine de divisions et 342,000 hommes, dépose les armes et se rend au 2ème Front de la Baltique (Leonid Govorov).

En Prusse-Orientale. Les restes de la 2ème Armée allemande, ou Armee Ostpreussen, encerclés dans le Frische Nehrung et autour du village de Vogelsang, la garnison de Pillau et toutes les autres poches de résistance, commandés par le général Dietrich von Saucken, capitulent également.

En Allemagne, au sud et au sud-ouest de Berlin, les garnisons de Dresde et de Görlitz se rendent au 1er Front d'Ukraine (Ivan Koniev).

Des unités des 1ère et 4ème Panzerarmees, pénétrant la frontière tchécoslovaque et avançant au sud vers Prague, se rendent à la 3ème Armée américaine du général George Patton.

Au nord du confluent Elbe-canal Hohenzollern, dans la région de Stendhal, les 9ème et 12ème Armées allemandes des généraux Theodor Busse et Walter Wenk, qui ont réussi à retraiter depuis Berlin, se rendent à la 9ème Armée américaine.

En Carinthie (Autriche), le Heeresgruppe Sud du général Otto Wohler, les 2ème Panzerarmee et 6ème Panzerarmee-SS, commandées respectivement par le général Maximilian de Angelis et le SS-Oberstgruppenführer Joseph "Sepp" Dietrich, se rendent à la 7ème Armée américaine.

Au total, ce sont ainsi un million et demi de soldats allemands qui déposent les armes, à l'annonce de l'arrêt des hostilités.

En Tchécoslovaquie, des détachements du 4ème Front d'Ukraine (Ivan Petrov) prennent la ville Olmütz et, au nord de celle-ci, Sternberk. Les combats dans la capitale Prague prennent fin, les Allemands et les insurgés tchécoslovaques ayant signé une trève.

Sous la pression politique du président Harry Truman, le général Dwight D. Eisenhower intime l'ordre à George Patton "le Fonceur" de stopper son avance vers Prague pour y secourir les insurgés tchécoslovaques.

En Croatie, cependant, affrontements entre le Heeresgruppe (Groupe d'armées) E du général Alexander Löhr et les troupes de Jozip "Tito" Broz, qui libèrent Zagreb. Dans les Balkans, des combats et des escarmouches se poursuivront encore pendant plusieurs jours.

Carte ci-dessous: avancée des Alliés en mai 1945.



8 mai 1945 - Sanglante manifestation et sanglante répression française en Algérie.

En Algérie, la fin de la Seconde guerre mondiale est marquée par des sanglantes manifestations dans le Constantinois. D'abord à Sétif, puis s'étendant à Bougie, Djidjelli, Bône et Guelma.

Le 8 mai 1945, en début d'après-midi, des manifestations d'Algériens nationalistes dégénèrent en violentes émeutes et en règlements de compte contre la communauté française, les "Pieds-Noirs". On relevera 103 morts et des centaines de blessés parmi elle.

Ces troubles ont pour origine l'arrestation et la déportation au Congo, au mois d'avril, de Messali Hadj, le leader indépendantiste du Parti populaire algérien (PPA). Des incidents de moindre intensité s'étaient déjà produits le 1er mai, lors des défilés organisés à l'occasion de la fête du Travail.

Les jours suivants, la répression de l'Armée française sera féroce et impitoyable. Du 8 au 22 mai 1945, on estime le bilan officiel des victimes dans la population algérienne entre 5,000 et 10,000 tués. Les autorités françaises reconnaissant pour leur part le chiffre de 1,020 tués algériens.


Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


La campagne d'Allemagne 1945 - 2° Bataille de Berlin.













Article modifié le 7 mai 2016.


Sources principales:
German Instrument of Surrender (Wikipedia.org)
End of World War in Europe (Wikipedia.org)

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