1er avril - 22 juin 1945 - Opération Iceberg: longue et sanglante bataille d'Okinawa

Le 1er avril 1945, à 8h30, les 190,000 fantassins et Marines de la 10ème Armée américaine, commandés par le général Simon Bolivar Buckner, Jr, et appuyés par l'artillerie navale et l'aviation de la 5ème Flotte du vice-amiral Raymond Spruance, entament leurs débarquement dans la baie d'Hagushi, sur l'île principale de l'archipel d'Okinawa.

La conquête d'Okinawa, qui a reçu le nom de code "Iceberg", sera avec Tarawa, les îles Mariannes et Iwo Jima, une des plus féroces et sanglantes batailles de la Guerre du Pacifique. L'Armée et la marine impériales japonaises perdent au cours de cette campagne de 82 jours 110,071 tués ou suicidés, et 10,755 prisonniers capturés. Le nombre de pertes civiles japonaises n'est pas connu avec précision, mais il est estimé en 2010 à 142,058 morts. Du côté américain, les forces armées américaines enregistrent la perte de plus de 82,000 hommes, dont 12,520 tués ou disparus au combat (4,907 marins, 2,938 Marines et 4,675 fantassins), 36 navires coulés et 368 autres endommagés, essentiellement du fait des actions kamikazes, ainsi que 763 avions embarqués détruits.




Objectif et préparatifs américains.

L'objectif principal des Américains et de s'emparer de l'archipel d'Okinawa, situé à 340km au sud de Kyu-Shu, dans l'intention de s'en servir ensuite comme tremplin pour la prochaine étape: l'invasion de la métropole japonaise, nom de code "Opération Downfall", programmé pour le 1er novembre 1945 (Kyu-Shu) et le 1er mars 1946 (Honshu).


Les bombardements préparatoires de l'aviation américaine, contre Okinawa ou les autres îles japonaises, ont commencé au début de l'année. Ils sont menés par les porte-avions de l'Aéronavale et les bombardiers lourds des 5th, 13th, 14th et 20th Air Forces, basées dans les Philippines, les îles Mariannes et en Chine.

Depuis le milieu de l'année 1943, les Chefs d'Etat-Major Interarmes (Joint Chiefs of Staff, JCS) ont pris l'habitude de pratiquer le "commandement alternatif" de la flotte de surface américaine du Pacifique. Celle-ci est commandée tour à tour par les amiraux William F. "Bull" (Taureau) Halsey et Raymond A. Spruance. Les navires et les effectifs restent identiques, seule change la numérologies de la flotte et des différentes escadres qui la compose. La 3ème Flotte sous le commandement d'Halsey, du 15 mars 1943 au 6 janvier 1945, du 26 août 1944 au 26 janvier 1945, puis finalement du 25 mai 1945 jusqu'à la fin des hostilités. La 5ème Flotte sous l'autorité de Spruance, du 7 janvier au 25 août 1944, et du 27 janvier au 24 mai 1945.

Carte ci-dessous: situation stratégique en mars 1945. En noir: territoires contrôlés par les Japonais.


La principale force de bataille aéronavale, la Task Force TF38/TF58 désignée "Main Battle Force", reste sous le commandement exclusif du vice-amiral Marc A. Mitscher, et dans les dernière semaines de la guerre, sous celui du vice-amiral John S. McCain. Elle regroupe la totalité des porte-avions d'escadre américains, au nombre de dix-huit, opérant dans le Pacifique. L'US Navy qui, au début, avait essuyé le désastre de Pearl Harbor, est maintenant devenue une "invicible armada" toute puissante, de plus de 1,400 navires de guerre, comptant au total plus de 80 porte-avions d'escadre ou d'escorte, avec un effectif de plus de trois millions de marins. Désormais, les Américains ont la maîtrise absolue sur mer et dans les airs. Ils peuvent tout se permettre.

En 1945, la formidable puissance industrielle américaine tourne au maximum et les navires sortent des chantiers navals aux Etats-Unis à une telle cadence, une moyenne mensuelle de quatre pour les porte-avions et soixante pour les Liberty Ship, que les Japonais ou les Européens ont du mal à l'imaginer.

Photo ci-dessous: porte-avions lourd Intrepid (CV-11), de Classe Essex, en 1944.


Pour les opérations amphibies l'amiral Chester Nimitz, le commandant des forces du Pacifique (CINCPAC), a affecté à l'opération Iceberg la plus formidable flotte jamais rassemblée depuis l'opération Overlord, un an plus tôt, au total 1,320 navires de guerre et 2,600 navires de transport ou de débarquement. La conquête terrestre d'Okinawa revient aux 190,000 fantassins et Marines de la 10ème Armée américaine, recemment constituée dans les îles Hawaii et placée sous le commandement du lieutenant-général Simon Bolivar Buckner, Jr.

Ci-dessous, de gauche à droite: Raymond A. Spruance, Chester W. Nimitz et Simon B. Buckner.



Défenses japonaises.

La défense d'Okinawa est confiée à la 32ème Armée japonaise du lieutenant-général Mitsuru Ushijima, qui la commande depuis août 1944. Celle-ci compte un effectif estimé de 67,000 à 77,000 soldats d'infanterie. Auxquels viennent s'ajouter 9,000 fusiliers et marins de la Marine Impériale (IJN), 39,000 miliciens territoriaux de la défense civile (de qualité médiocre), et 15,000 travailleurs ouvriers engagés de force (Coréens, Chinois ou Thai). Soit un effectif total d'environ 140,000 hommes. Elle comprend les vétérans de la 9ème Division d'infanterie, qui ont combattu en Chine et sont stationnés sur Okinawa depuis décembre 1944, les 24ème, 62ème et 64ème Divisions d'infanterie, formées récemment et peu aguerries, la 44ème Brigade mixte autonome, décimée par les sous-marins du Silent Service américain lors de son transbordement depuis le Japon, en juin 1944, et le 15ème Régiment blindé, avec ses chars enterrés pour en faire autant de fortins. Le nord de l'île et la péninsule de Motobu sont défendus par la 2ème Unité d'infanterie indépendante, ou "Force Udo", commandée par le colonel Takehiko Udo.


Dans les péninsules de Motobu et d'Oroku et sur l'île d'Ie Shima, sont également répartis 13,500 fusiliers marins et 7,000 civils enrôlés sous les ordres de l'amiral Minoru Ota.

Ushijima concentre la majorité de ses défenses dans le sud de l'île, et y délègue son chef d'Etat-Major, le lieutenant-général Isamu Cho, et son chef des Opérations, le colonel Hiromichi Yahara, dans leur QG installé dans le Chateau de Churi. Les Japonais comptent beaucoup sur leurs barques explosives et leurs kamikazes stationnés sur Okinawa et en métropole. Mais le vice-amiral Takijiro Onishi doit se contenter d'élèves pilotes peu expérimentés ou d'étudiants, agés de 17 à 19 ans, ne comptant que quelques heures de vol à leur actif. Au cours de cette bataille de 11 semaines, environ 1,500 avions kamikazes seront employés contre la flotte d'invasion américaine, employés en sept vagues d'assaut principales. Cependant, en février 1945, la 9ème Division japonaise, qui compte 18,000 hommes parmi les plus expérimentés de la 32ème Armée, quitte Okinawa et est transférée sur Formose (Taiwan).

Photo ci-dessous: porte-avions Bunker Hill atteint par deux kamikazes le 11 mai 1945.



Ordre de bataille naval et terrestre américain.

La 5ème Flotte américaine, désignée Central Pacific Task Forces, est articulée en plusieurs escadres, ou "Task Forces", lesquelles sont divisées à leur tour en "Task Groups".

Task Force TF50 Covering Force et Special Group.

Commandée par Raymond A. Spruance en personne.


Task Force TF51 Joint Expeditionary Force.

Chargée des opérations de débarquement de la 10ème Armée américaine.


Task Force TF57 British Pacific Fleet.

Amiral Bruce Fraser [RN].

  • 10 porte-avions d'escadre et 450 avions embarqués: Colossus, Formidable, Glory, Illustrious, Implacable, Indefatigable, Indomitable, Venerable, Vengeance et Victorious.
  • 3 cuirassés: Howe, King George V, Duke of York.
  • 7 croiseurs: Swiftsure, Newfoundland, Black Prince, Uganda, Gambia, Achilles et Euryalus.

Task Force TF58 Fast Carrier Force ou Main Battle Force.

Vice-amiral Marc A. Mitscher.

  • 12 porte-avions d'escadre lourds (CV) et 980 avions embarqués: Essex, Yorktown II, Entreprid, Hornet II, Franklin, Ticonderoga (1), Randolph (2), Lexington II, Bunker Hill, Wasp II, Bennington, Enterprise.
  • 6 porte-avions d'escadre légers (CVL): Belleau Wood, San Jacinto, Bataan, Cabot, Langley et Independence.
  • 8 cuirassés (BB): Massachusetts, Indiana, Wisconsin, South Dakota, Washington, North Carolina, Missouri et New Jersey.
  • 2 croiseurs de bataille (CB): Guam et Alaska.
  • 3 croiseurs lourds (CA): Indianapolis, Baltimore, Pittsburg.
  • 10 croiseurs légers (CL): San Juan, Vincennes II, Vicksburg, Miami, Santa Fe, Astoria II, San Diego, Oakland, St-Louis et Atlanta II.

Les opérations de débarquement sont confiées à la Task Force TF51 Joint Expeditionary Force du contre-amiral Richmond K. "Terrible" Turner. Elle est elle-même répartie entre plusieurs sous-ensembles, désignés TF52 à TF56:

Task Force TF52 Amphibious Support Force.

Contre-amiral William H. Blandy.


Task Force TF53 Northern Attack Force.

Contre-amiral Lawrence E. Reifsnyder.
[Landing Force III Amphibious Corps]


Task Force TF54 Gunfire and Covering Force.

Contre-amiral Morton L. Deyo.


Task Force TF55 Southern Attack Force.

Contre-amiral John L. Hall.
[Landing Force XXIV Army Corps]


Task Force TF56 Landing Army Forces [10ème Armée].

Général Simon B. Buckner, Jr.


Tableau ci-dessous: organisation générale des forces américaines affectées à l'opération Iceberg.


La 10ème Armée américaine, commandée par le lieutenant-général Simon Bolivar Buckner, Jr, compte un effectif de 102,000 fantassins et 88,000 Marines. Elle est articulée ainsi:
  • XXIV Corps de l'US Army (major-général John R. Hodge), comprenant les 7ème, 27ème, 77ème et 96ème Divisions d'infanterie.
  • III Corps amphibie de l'USMC (major-général Roy S. Geiger), avec les 1ère, 2ème, 5ème et 6ème Divisions de Marines.

Cette première phase du débarquement concerne les 7ème et 96ème Divisions d'infanterie et les 1ère et 6ème Divisions de Marines. Les 27ème Division d'infanterie et 2ème Division de Marines sont gardées en réserve. La 2ème Division de Marines doit d'ailleurs faire diversion en simulant le 31 mars 1945 un débarquement sur la côte sud-est d'Okinawa, devant le village de Manitoga. Et la 77ème Division d'infanterie est affectée à la conquête de l'île de Ie Shima.

(1) USS Ticonderoga. Gravement endommagé par un kamikaze le 21 janvier 1945, il regagne Ulithi puis Pearl Harbor pour y être réparé. Il ne rejoindra la TF58 que le 22 mai 1945.

(2) USS Randolph. Atteint par un kamikaze P1Y1 Frances le 11 mars 1945, il est réparé à Ulithi (îles Carolines), puis regagne Okinawa le 7 avril 1945.



Actions préliminaires: Kerema Retto et Keise Shima (26-31 mars 1945).

Les 26 et 27 mars 1945, plusieurs bataillons des 305ème et 306ème Régiments de la 77ème Division d'infanterie débarquent dans le groupe d'îles de Kerama Retto, à 25km à l'ouest d'Okinawa. Ce groupe d'îles sera sécurisé en cinq jours, au prix de 27 tués et 81 blessés du côté américain, et 650 tués et prisonniers japonais. Les GIs y découvrent et détruisent des barques suicides que les Japonais, surpris, n'ont pas eu le temps d'utiliser contre la flotte américaine.


Le 31 mars 1945, 31 Marines du Bataillon amphibie de Reconnaissance de la Flotte du Pacifique (FMF-PAC) débarquent sans opposition sur Keise Shima, un petit groupe de quatre ilots situé à 13km à l'ouest de la capitale d'Okinawa, Naha. Des obusiers automoteurs Long Tom de 155mm y sont déployés pour servir de batterie d'appui feu aux opérations terrestres américaines.




Jour-J: dimanche 1er avril 1945, "Love Day" ou "April Fools Day".

Le 1er avril 1945, à 5h30 du matin, une demi-heure avant l'aube, 10 cuirassés, 9 croiseurs, 23 destroyers, ainsi que 177 navires de moindre importance et l'artillerie de campagne terrestre, entament l'ultime préparation d'artillerie pré-ops, et déversent 44,825 obus de 155mm ou plus, 33,000 fusées et 22,500 obus de mortiers sur les positions japonais dans la zone désignée pour le débarquement, dans la Baie d'Hagushi.

Photo ci-dessous: le 1er avril 1945, le cuirassé Idaho pilonne les défenses japonaises avec son artillerie secondaire de 130mm.


A l'heure-H prévue (8h30), les 7ème et 96ème Divisions d'infanterie du XXIV Corps de l'US Army débarquent au sud de la ville d'Hagushi. Le III Corps amphibie, avec les 5ème et 6ème Divisions de Marines, se déploie au nord de la localité. Mais contrairement à leurs habitudes, les Japonais n'opposent pas beaucoup de résistance, et ne lanceront d'ailleurs pas des attaques suicides attendues la nuit suivante.

Photo ci-dessous: les Marines américains de la 6ème Division débarquent, pratiquement sans opposition, le Jour-J à 8h30. Beaucoup sont surpris et se posent la même question: "Mais où sont donc passés ces foutus Japs?"


Les combattants américains, agréablement surpris par cette passivité japonaise, baptiseront cette journée Love Day ("Journée Enchantée") ou April Fools Day ("Poisson d'Avril"). Le III Corps amphibie capture avec une facilité déconcertante l'aérodrome de Yontan et avance vers le nord et le nord-est. Le XXIV Corps, de son côté, s'empare de celui de Kadena et infléchit son axe d'attaque vers le sud, progressant lui-aussi très facilement.

Dans la soirée, près de 50,000 combattants américains ont débarqué. Leur tête de pont mesure déjà environ 14.5km de large et de 3.5 à 4.5km de profondeur. Okinawa mesurant 107km de long et de 5km à 16km de large, cette pénétration est donc notable. Ce premier jour, les contacts avec les Japonais sont rares. Les pertes américaines, dérisoires comparées aux bilans des débarquements précédents, s'établissent à 28 tués et 104 blessés.

En fait, la plupart des troupes japonaises se sont retirées soit dans la partie sud d'Okinawa pour s'opposer au (faux) débarquement et à la diversion de la 2ème Division de Marines, sur les plages de Manitoga. Soit au nord-est au relief plus montagneux et accidenté, pour se concentrer dans la péninsule de Motobu, autour de et sur deux collines.

Carte ci-dessous: progression américaine, 1er-3 avril 1945.



Attaques massive des Kamikazes.

"Où sont ces diables de Japonais?", se demandent les Américains en ce 1er avril 1945, "Poisson d'Avril?". Contre toute attente, la réaction japonaise se fait bien, non sur terre comme prévu, mais dans les airs. Le "Corps aérien d'attaque spéciale", c'est-à-dire les kamikazes ("Vent Divin"), qui ont effectué de petites sorties depuis une semaine, interviennent massivement contre les navires américains au large, dès les premières heures du débarquement.

Photo ci-dessous: 1° A6M Zeke s'écrasant sur l'USS Missouri, 11 avril 1945. 2° Porte-avions britannique Formidable séveremment endommagé par un kamikaze le 4 mai 1945.



Les bombardiers conventionnels japonais ne restent pas inactifs, eux non plus. La veille du débarquement, 31 mars, les bombes de l'un d'entre-eux ont d'ailleurs atteint et endommagé le croiseur lourd Indianapolis, le navire amiral de Raymond Spruance. Le navire doit quitter la zone de combat et regagner Alameda, dans la Baie de San Francisco, sur la côte Ouest, pour y subir de sérieuses réparations. Une fois celles-ci achevées, il embarquera le 16 juillet 1945 les deux bombes atomiques disponibles pour les livrer sur Tinian, dans les îles Mariannes. Mais ceci est une autre histoire (1).


(1) [Blogosphère Mara] 6-9 août 1945 - Japon: bombardement atomique d'Hiroshima et de Nagazaki


Progression des Marines vers le nord-est (1er-8 avril 1945).

Le lieutenant-général Simon B. Buckner, devant le peu de résistance des Japonais, décide de passer immédiatement à la phase II de son plan, et ordonne à la 6ème Division de Marines d'avance au nord-est vers l'Isthme d'Ichikawa et la péninsule de Motobu.


C'est là que finalement, le 8 avril 1945, les Marines buttent contre les solides défenses que les Japonais ont installé sur deux collines, et particulièrement sur celle de Yae-Take. Il faudra dix jours sanglants de combats au corps-à-corps, à l'arme blanche, aux explosifs et aux lance-flammes pour que finalement, le 18 avril, la 6ème Division nettoie et sécurise la péninsule de Motobu.


Photo ci-dessous: des Marines passent à côté d'un village détruit et de cadavres japonais, en avril 1945.


Entremps, le 16 avril 1945, la 77ème Division d'infanterie, jusqu'ici tenue en réserve, débarque sur l'île voisine de Ie Shima. Les fantassins américains y affronte là une résistance tenace, face aux attaques suicides banzai et aux milices populaires équipés de tiges de bambous. Ie Shima est nettoyée le 21 avril, et le génie américain commence aussitôt à y construire des bases aériennes pour les bombardiers lourds.

Photo ci-dessous: Marines nettoyant la colline Yae-Take, le 14 avril 1945.



Progression du XXIV Corps vers le sud.

Pendant que le III Corps amphibie progresse vers le nord-est, le XXIV Corps de l'US Army avance au sud-est. Les 7ème et 96ème Divisions d'infanterie, après avoir avancé sans difficultés les trois premiers jours, finissent par rencontrer une féroce résistance et de solide positions défensives japonaises établies dans la partie centre-ouest de l'île, autour de la Colline Cactus (Cactus Ridge), à environ 8km au nord-ouest du village de Shuri. Les GIs doivent livrer de sanglants combats au corps-à-corps pour finalement s'en emparer et la nettoyer, dans la nuit du 7 au 8 avril 1945, au prix de lourdes pertes: 1,500 tués et blessés. Au cours de cet engagement nocturnes, 4,500 soldats japonais sont tués ou capturés. Mair sur toute la largeur de l'île, les Japonais ont maintenant installé de solides positions de défenses, baptisées Ligne Shuri.

Vidéo ci-dessous: scène tiré du film "Hacksaw Ridge" (2016), illustrant la férocité des combats sur la Colline Dents de Scie (Hacksaw Ridge) et l'Escarpement de Maida, fin avril 1945.


Après la Colline Cactus, le prochain objectif du XXIV Corps est la Colline Kakazu, en fait deux hauteurs en forme de selle de cheval, constituant la défense extérieure de la Ligne Shuri. Les Japonais ont préparé et fortifié minutieusement cette position, en creusant ou fortifiant de nombreuses entrées de grottes dans la roche, reliés entre-elles par un réseau complexe de galleries. Les Américains doivent s'en emparer et les détruire à l'explosif un par un, pour avancer mètre par mètre. A cette occasion, les soldats japonais se servent de la population locale comme pourvoyeurs ou boucliers humains, ce qui occasionne de lourdes pertes civiles. Les Américains progressent péniblement, au prix de lourdes pertes.

Les assauts américains contre la Colline Kakazu étant bloqués, le général Mitsuru Ushijima décide de passer à la contre-offensive générale. Dans la soirée du 12 avril 1945, la 32ème Armée japonaise lance son attaque sur toute la largeur du front américain, mais les GIs ne cèdent pas, et après de furieux combats, elle est repoussée. La nuit suivante, les Japonais rééditent leur attaque, sans plus de succès. Le 14 avril, un troisième et dernier assaut est également repoussé. L'état-major japonais tire les enseignements de ces attaques en concluant que les Américains sont vulnérables aux infiltrations de nuit, mais qu'ensuite l'appui de leur aviation et de leur artillerie rend toute attaque japonaise hasardeuse et extrêmement coûteuse. Ushijima ordonne à ses troupes de rester sur la défensive.

La 27ème Division d'infanterie, qui a débarqué le 9 avril, prend position à droite du front américain, sur la côte ouest de l'île. Le major-général John R. Hodges dispose maintenant de trois divisions d'infanterie en ligne, avec la 96ème au centre et la 7ème sur la gauche. Chacune d'elle occupe une largeur de front d'environ 2.4km.

Ci-dessous: front du XXIV Corps le 19 avril 1945.


A l'aube du 19 avril 1945, après une longue préparation d'artillerie navale, aérienne et terrestre, le XXIV Corps reprend son offensive contre la Ligne Shuri. La 27ème Division sur sa droite, la 96ème au centre, et la 7ème à gauche. Le but de l'attaque est de percer sur les flancs pour déborder et encercler le centre du dispositif japonais. Un assaut de blindés contre la Colline Kakazu, lancé sans appui suffisant d'infanterie, se solde par la destruction de 22 chars Sherman. Le XXIV Corps perd 720 tués, blessés et disparus en quarante-huit heures, et doit interrompre ses assauts, mais la 2ème Division de Marines ayant effectué une autre feinte au large de Manitoga, le commandement japonais envoit toutes ses réserves d'infanterie au sud de l'île.

Photo ci-dessous: Marines américains détruisant à l'explosif une entrée de grotte fortifiée.



Percée décisive des Américains.

A la fin du mois d'avril 1945, les divisions du XXIV Corps sont à bout de force. La 1ère Division de Marines, fraîchement débarquée, relève la 27ème Division d'infanterie sur ses positions. Et la 77ème Division la 7ème.

Le 2 mai 1945, Ushijima prépare une autre contre-offensive. Elle est lancée le 4 mai. Pour l'appuyer et pilonner plus efficacement les positions américaines, l'artillerie japonaise sort à découvert, devenant vulnérable aux tirs de contre-batterie des obusiers américains, qui détruisent ce premier jour 19 pièces japonaises, et plus de 40 au cours des deux jours suivants. Finalement, l'offensive d'Ushijima se solde par un échec coûteux.

Photo ci-dessous: fantassins de la 77ème Division écoutant l'annonce de la victoire alliée (VE-Day) en Europe, le 8 mai 1945.


Buckner lance une autre attaque générale américaine le 11 mai 1945. Dix jours de violants combats suivent. Le 13 mai 1945, des hommes de la 96ème Division d'infanterie et le 763ème Bataillon de chars capturent La Colline Cônique (Conical Hill), qui du haut de ses 145m domine toute la plaine côtière de Yonabaru. Sur la côte opposé, la 6ème Division de Marines se bat pour la prise de la "Colline du Pain de Sucre" (Sugar Loaf Hill). La prise de ses deux positions stratégiques menace désormais le centre du dispositif japonais (village de Shuri) de débordement des deux côtés. Buckner espère encercler le village de Shuri et prendre au piège la principale force de défense d'Ushijima.

A la fin du mois de mai 1945, les pluies de moussons transforment le terrain en véritable bourbier, ralentissant fortement les opérations. Dans un décors qui rappelle les tranchées de la Grande Guerre, où se mêlent les cadavres en décomposition, les risques d'épidémie refont leur apparition.

Le 29 mai 1945, le major-général Pedro del Valle, commandant la 1ère Division de Marines, ordonne à la Compagnie A, 1er Bataillon du 5ème Régiment, de prendre le Chateau de Shuri, position centrale stratégique de première importance, dont la perte aura certainement un fort impact psychologique sur les Japonais. Pendant trois jours, le Chateau est pilonné par l'artillerie navale des cuirassés, en particulier celle du Mississippi.

Ushijima, menacé d'être encerclé, ordonne au reste de ses forces de se retirer sur la péninsule d'Oroku, juste au sud de Naha, ainsi que sur les reliefs de Yaeju, Yuza et Mezado, à l'extrêmité sud de l'île.


Fait inouï et sans précédant dans les annales de l'Armée impériale japonaise, un certain mécontentement règne parmi les troupes. On y note même quelques cas de désobéissance ou de mutinerie!

Des éléments de la 1ère Division de Marines traversent la Koruba au sud de Naha. Le XXIV Corps, à gauche du dispositif américain, poursuit et talonne les Japonais, et nettoient la région de Shuri. Après deux mois de sacrifices inouïs, les Américains enregistrent enfin les premiers signes significatifs d'un écroulement du front japonais. Leur moral remonte en flèche.

Photo ci-dessous: deux Marines et un orphelin japonais s'abritent dans un trou de fusilier.


Le 4 juin 1945, 30,000 soldats japonais faiblement armés -ils ont perdu la majorité de leurs équipements lourds pendant la retraite de Shuri, avec 9,000 hommes de la Marine impériale et 1,100 membres de la Milice populaire, se retranchent dans la Zone fortifié de l'Arsenal d'Okinawa, dans la péninsule d'Oroku.

Le 18 juin 1945, le lieutenant-général Simon Bolivar Buckner, Jr, qui observe les mouvements de ses troupes, est tué par un tir d'artillerie japonaise. Il est remplacé au commandement de la 10ème Armée par Roy S. Geiger, puis cinq jours plus tard, par le général Joseph Stilwell.

Le 22 juin 1945, bien que des soldats japonais résistent encore ici et là, l'île d'Okinawa est déclarée officiellement conquise par le commandement américain. Ushijima et ses officiers généraux se suicident.

Photos ci-dessous: prisonniers de guerre japonais dans les derniers jours de la bataille.





Bilan de la bataille d'Okinawa.

Les forces armées américaines enregistrent pendant la Bataille d'Okinawa (1er avril - 22 juin 1945) environ 82,000 hommes hors de combat dont 12,520 tués ou disparus (4,907 marins, 4,675 fantassins et 2,938 Marines), 225 chars détruits. Les pertes matérielles de l'US Navy s'élèvent à 36 navires coulés, 368 autres endommagés, et 763 avions embarqués détruits.

Du côté japonais, de source américaine, les pertes de l'Armée de terre impériale s'établissent à 110,071 soldats japonais tués et 10,755 prisonniers de guerre capturés. L'aviation terrestre et navale japonaise enregistre plus de 7,300 avions détruits, dont 1,900 Kamikazes. Les pertes civiles japonaises sont difficiles à établir avec exactitude, mais les chiffres officiels américains s'élèvent à 142,058 civils tués. En 2010, le Mémorial Cornestone of Peace totalise 240,931 noms inscrits sur des plaques de marbre, dont ceux de 14,009 militaires américains, 77,166 soldats et 149,193 civils japonais.

Photos ci-dessous: 1° Mémorial Cornerstone of Peace d'Okinawa, où sont inscrit les noms des tous les militaires et civils, des deux camps, tués au cours la bataille. Octobre 2006. 2° "Chateau de Shuri" (restauré), qui fut le théâtre d'un des plus féroce combat de la bataille d'Okinawa, le 31 mai 2011. 3° Colline du Pain de Sucre (Sugar Loaf Hill) en 2011.






Okinawa redevient japonaise en 1962. Aujourd'hui, l'île fait partie de la préfecture d'Okinawa, dans les îles Ryu-Kyu. Elle couvre une superficie de 1,200 km² et compte une population d'environ 1.38 million d'habitants. Elle abrite également de nombreuses bases américaines de l'US Army, de l'US Navy, de l'US Air Force et de l'US Marine Corps. Les soldats américains et japonais s'y entraînent ensemble régulièrement.

Ci-dessous: des soldats japonais de la Force Terrestre d'autodéfense (JGSDF) s'entraînent et coopèrent régulièrement avec des soldats ou des Marines américains à Camp Kinser (US Marine Corps), photo prise le 19 octobre 2016.



Bataille d'Okinawa au cinéma.

The Pacific est une mini-série américaine réalisée par Steven Spielberg et Tom Hanks, en 2010, et diffusée par la chaine publique HBO. Dans la droite ligne de la précédente série, Band of Brothers, relatant l'histoire d'une compagnie de la 101ème Division aéroportée en Europe.

Cette fois, les deux réalisateurs se sont intéressés à la Guerre du Pacifique, et plus généralement à l'histoire personnelle de trois jeunes Marines tout le long du conflit, de Guadalcanal jusqu'à la capitulation japonaise de 1945.

L'épisode 9, en particulier, traite de la bataille d'Okinawa.





Le film "Hacksaw Ridge", sorti en 2016, illustre pour sa part la férocité des combats de la 77ème Division d'infanterie de l'US Army (XXIV Corps) sur Hacksaw Ridge et l'Escarpement de Maida, à la fin du mois d'avril 1945.







Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.


"Bataille du Pacifique - 2ème Partie: la reconquête" (1943-1945).

7 décembre 1941. L'agression japonaise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor entraîne les Etats-Unis dans une bataille à mort sur le plus vaste théâtre d’opérations de l'histoire. Avide de conquêtes et de matières premières, le Japon instaure sa domination sur l'Asie, jusqu'à la victoire américaine de Midway du printemps 1942, qui sonne l'heure du reflux. Les archives des forces alliées et japonaises restituent l'irrésistible ascension japonaise et cet affrontement aéronaval spectaculaire. Ce documentaire montre chaque étape de la bataille du Pacifique: de la sauvagerie des combats sur les plages et dans la jungle des îles du Pacifique à l'apocalypse nucléaire qui s'abat sur le Japon en août 1945.













Article modifié le 24 février 2019.


Sources principales:
Battle of Okinawa (Wikipedia.org)
US Army in the WWII, "Okinawa, the Last Battle" (Ibiblio.org/HyperWar)

US Air Force - Lockheed Martin / Boeing F-22 Raptor

Le F-22 Raptor est un chasseur monoplace biréacteur dit "de cinquième génération", possédant la technologie de furtivité. Sa tâche principale est la supériorité aérienne, mais il possède également des capacités d'attaque au sol, de guerre électronique et de reconnaissance. La firme Lockheed Martin est responsable de la réalisation de la plus grande partie du fuselage, du système d'armes et de l'assemblage final. Son partenaire Boeing est chargé de l'arrière du fuselage, des ailes, de l'avionique et du système embarqué de maintenance.

L'US Air Force considère le F-22 comme un élément vital de la future puissance aérienne américaine. Lockheed Martin de son côte affirme que les capacités furtives, la vitesse et sa manoeuvrabilité font du Raptor le meilleur chasseur du monde. Malgré cet optimisme, le coût astronomique du F-22, le retard pris par la Russie et la Chine dans leur programme de chasseur de cinquième génération, ainsi que le refus du gouvernement américain d'exporter la machine à l'étranger, ont poussé le Congrès en juillet 2009 à mettre fin à sa production, après la réalisation du 187ème exemplaire.




Programme ATF: conception et développement du F-22.

En 1981, l'US Air Force fait la demande d'un nouveau chasseur de supériorité aérienne, l'Advanced Tactical Fighter (ATF), pour remplacer ses F-15 Eagle. L'ATF est un programme entrepris pour concevoir un chasseur de supériorité de "nouvelle génération" pour contrer la menace grandissante du nouveau Su-27 Flanker. Ce programme doit inclure les nouvelles technologies de furtivité et faire appel aux matériaux composites. Il disposerait en outre d'un système de contrôle de vol avancé et d'une propulsion élevée.

Un appel d'offre est lancé en juillet 1986 par l'US Air Force, et deux constructeurs sont sélectionnés en octobre 1986: Lockheed, auquel se joint Boeing et General Dynamics, et Northrop-McDonnell Douglas. Chacun d'entre-eux construit deux prototypes. Ceux de Lockheed, désignés YF-22, sont propulsés par des Pratt and Whitney F119-PW-100 à poussée vectorielle. Le Northrop/MDD YF-23 est équipé de deux General Electric F120-GE, également à poussée vectorielle.

Photo ci-dessous: les deux prototypes YF-23 de Northrop/MDD en vol, Tonopah Range, Nevada.


Les essais en vol du programme comparatif entre les deux firmes débutent le 27 août 1990, lorsque le prototype YF-23 prend l'air le premier. En raison de retards dans le développement du F119, qui se révèle plus complexe que prévu, l'YF-22 ne prend l'air que le 29 septembre 1990.

Finalement, l'YF-22 se révèle plus manoeuvrable que l'YF-23, et le 23 avril 1991, l'US Air Force déclare Lockheed/Boeing/GD vainqueur des essais comparatifs. Les militaires annoncent aussitôt une commande de 650 exemplaires. En mars 1992, le F-22 de série subit quelques modifications par rapport à l'YF-22. L'envergure est agrandie, le poste de pilotage déplacé vers l'avant, la flèche du bord d'attaque passe de 48° à 42°, les entrées d'air des réacteurs sont reculées de 45cm.

Le premier exemplaire F-22 de série quitte les chaînes d'assemblage le 9 avril 1997 et accomplit son vol expérimental le 27 septembre suivant. Il est receptionné par l'US Air Force sur la base de Nellis AFB, dans le Nevada, le 14 janvier 2003, et débute sa période d'évaluation au "Dedicated Initial Operational Test and Evaluation" le 27 octobre 2003.

Photo ci-dessous: F-22 sur l'aérodrome d'Hickam AFB, dans les îles Hawaii. 12 février 2007. Assurant un vol de Kadena AB (Japon) vers Langley AFB, en Virginie, les chasseurs sont équipés de réservoirs externes supplémentaires.


L'avion est baptisée successivement Lightning II (jusqu'en 2005), Rapier, puis finalement Raptor. A la fin de 2004, 54 exemplaires ont été livré.

En 2006, l'US Air Force désire acquérir 381 F-22 qui seront répartis dans sept squadrons d'active, et trois squadrons de l'Air National Guard (ANG) et de l'Air Force Reserve Command (AFRC).


Arrêt de la production.

Le plan original de l'US Air Force prévoyait en 1991 la livraison de 750 exemplaires, la production devant débuter en 1994. Cependant, le "Major Aircraft Review" de 1996 revoit les chiffres à la baisse: 648 exemplaires à partir de 1996. Ce nouveau plan MAR prévoit 442 F-22 en service en 2003 ou 2004.

En 1997, le Département de la Défense réduit encore la commande, à 339 exemplaires. Puis en 2003, à 277. En 2006, le Pentagone annonce qu'il achetera 183 F-22. A cette date, le coût du programme de développement atteint 65 milliards de dollars, et chaque Raptor produit revient à 142.6 millions de dollars.

Les dépassements du budget et le coût de construction astronomique donnent finalement le coup de grâce au programme F-22. Le 21 juillet 2009, le Congrès des Etats-Unis vote la fin de la production. Le Secrétaire de la Defense Robert Gates annonce que la production s'arrêtera après le 187ème exemplaire livré. A la fin de l'année, 145 F-22 ont été construit.

Photo ci-dessous: deux F-22A Raptor du 27th Fighter Squadron (Langley AFB, Virginie) en manoeuvre d'approche d'un ravitailleur KC-10. 15 octobre 2005.



Ventes d'exportation interdites.

Aucun F-22 n'a été proposé à l'exportation à l'heure actuelle, en raison du blocage des lois fédérales américaines. La plupart des clients potentiels sont soit plus intéressés par les F-15 Eagle, F-16 Fighting Falcon et F/A-18E/F Super Hornet, soit disposés, comme par exemple le Japon (2009) et Israel (2011), à patienter jusqu'à la mise en service du F-35 "Joint Strike Fighter" (JSF), qui possède les mêmes capacités furtives mais est moins cher et plus flexible que le F-22. Le JSF ne sera certe pas aussi rapide et manoeuvrable, mais il dispose d'un radar et d'une avionique plus avancés que le Raptor.

Le gouvernement japonais a récemment marqué de l'intérêt pour l'avion furtif, dans le cadre du "Replacement Fighter Program" de la Force Aérienne d'Autodéfense (JASDF). Mais vu le prix de l'avion, si les Américains débloquaient la situation, ils proposeraient sans doute une version bridée moins performantes et moins chère. De toute façon, une telle vente n'a toujours pas été autorisée par le Congrès à l'heure actuelle.

Le 9 juin 2009, le Ministre japonais de la Défense, Yasukazu Hamada, a annoncé pourtant que la JASDF était toujours intéressé par le F-22 Raptor. Le Congrès américain, lors d'une conférence tenue le 27 septembre 2006, a confirmé l'interdiction des ventes d'exportation du F-22. En décembre 2006, le Département de la Défense a indiqué qu'il ne sera toujours pas disponible sur le marché d'exportation. En 2009, le gouvernement japonais décide finalement d'attendre l'entrée en service du F-35 Lightning II. Israel suit son exemple en décembre 2011.


Avionique et cockpit.

L'avionique du F-22 inclut un radar Northrop Grumman AN/APG-77 à balayage de phase active, ou "Active Electronically Scanned Array" (AESA), un détecteur d'alerte radar (Radar Warning Receiver, RWR) BAE Systems AN/ALR-94, et un détecteur d'alerte missiles AN/AAR-56 Infra-Red and Ultra-Violet MAWS "Missile Approach Warning System".

L'AN/ALR-56 est un système passif de récepteurs capable de détecter tous les signaux radar ennemis existants. Il est composé d'une trentaine d'antennes "noyées" et réparties dans les ailes et le fuselage. Ce système possède une portée maximale de plus de 250 Nautical Miles (1 NM = 1,852 mètres).

L'AN/APG-77 AESA est un radar "à balayage de phase active", changeant de fréquence plus de 1,000 fois par seconde, réduisant fortement les probabilités d'être détecté. Il sert à la fois aux missions de superiorité aérienne et aux opérations d'interdiction au sol. Les données collectées par ce radar sont transmises et traitées par deux calculateurs "Raytheon Common Integrated Processor" (CIP) capable d'effectuer chacun 10.5 milliards d'instructions par seconde, capable de stoquer 300 Méga-Bytes de mémoire.

Le software du F-22 compte 1.7 million de lignes de code, écrit dans le langage de programmation Ada (un dérivé du Pascal). l'APG-77 dispose d'une portée maximale de 400km (240 miles). On peut dire en quelque sorte que le Raptor est un "mini-AWAC".

Le cockpit du F-22 est totalement numérique, sans aucun instrument de vol analogique. C'est une avancée technologique remarquable comparé aux avioniques d'avions plus anciens, comme les F-15, F-16 et F/A-18. Le pilote de l'avion dispose d'un système de démarrage rapide "Human-Machine Interaction" (HMI) et d'un casque interactif avec système informatique et d'alerte intégré à la visière. La verrière est quant à "vision intégrale", c'est-à-dire sans aucun montant.

Photo ci-dessous: 1° Radar AN/APG-77 AESA. 2° Cockpit du F-22A.





Furtivité du F-22 Raptor.

Le F-22 Raptor est un chasseur dit "de cinquième génération", c'est-à-dire faisant appel aux technologies les plus récentes dans le domaine de la furtivité. Bien qu'avant lui, une grande partie des chasseurs occidentaux soient moins détectables grâce à l'ajout de "matériaux absorbant radar" (RAM), le F-22 a été conçu dès le début pour réduire au maximum ses signatures radar, infrarouge et accoustique.

Pour sa signature infrarouge, l'avion a été équipé d'un système très sophistiqué pour réduire la chaleur des gaz moteurs. Pour réduire sa signature radar et sa vulnérabilité aux missiles air-air, il est doté de RAM et entièrement recouvert d'une peinture "absorbante". Pour encore réduire cette signature radar, tout le système d'armes du Raptor a été placé dans une grande soute interne et deux baies latérales, mais ce système limite bien sûr sa capacité d'emport.

Photo ci-dessous: soute interne d'armement du F-22A Raptor.



F-22 Raptor en service dans l'US Air Force.

1° Air Combat Command (ACC).

  • 1st Fighter Wing (1 FW). Tail Code: "FF". Langley AFB, Virginie.
      - 27th Fighter Squadron (27 FS).
      - 94th Fighter Squadron (94 FS).
    Remarque: le 27th FS est le premier squadron de combat opérationnel sur Raptor. Ayant commencé sa conversion F-15/F-22 en décembre 2005, il participe à l'Opération Noble Eagle, la protection des installations militaires et fédérales aux Etats-Unis.


  • 53rd Wing (53 WG). Tail Code: "OT". Eglin AFB, Floride.
      - 422nd Test and Evaluations Squadron (422 TES) "Green Bats".

    Photo ci-dessous: F-22A du 422nd TES. 1er janvier 2014.


  • 57th Wing (57 WG). Tail Code: "WA". Nellis AFB, Nevada.
      - 433rd Weapons Squadron (433 WPS).


  • 325th Fighter Wing (325 FW). Tail Code: "TY". Tyndall AFB, Floride.
      - 43rd Fighter Squadron (43 FS) Hornets.
      - 95th Fighter Squadron (95 FS)
    Photo ci-dessous: F-22A du 43rd Fighter Squadron. Janvier 2012.


2° Air Force Material Command (AFMC).
  • 412th Test Wing (412 TW). Tail Code: "ED". Edwards AFB, Californie.
      - 411th Flight Test Squadron (411 FLTS).
    Remarque: le 411th FLTS a mené les essais comparatifs YF-22/YF-23 entre 1990 et 1991. Sa mission actuelle est de tester les mises à jour et le système d'armes du F-22.


3° Pacific Air Forces (PACAF).
  • 3rd Wing (3 WG). Tail Code: "AK". Elmendorf AFB, Alaska.
      - 90th Fighter Squadron (90 FS).
      - 525th Fighter Squadron (525 FS).

    Photo ci-dessous: deux F-22 Raptor du 90th Fighter Squadron / 3rd Wing. Alaska. 20 avril 2007.


    Vidéo ci-dessous: chargement et déchargement d'un missile air-air Sidewinder et d'une bombe JDAM sur un F-22 du 90th FS d'Elmendorf AFB, en Alaska. 30 juillet 2015.

  • 15h Wing (15 WG). Hickam AFB, Oahu, Hawaii.
      - 19th Fighter Squadron (19 FS).

4° Air National Guard (ANG).
  • 192nd Fighter Wing (192 FW). Langley AFB, Virginie.
      - 149th Fighter Squadron (149 FS).
  • 154th Wing (154 WG). Hawaii ANG. Tail Code: "HH". Hickam AFB, Hawaii.
      - 199th Fighter Squadron (199 FS).

    Photo ci-dessous: F-22A du 19th Fighter Squadron. 2 juillet 2010.


5° Air Force Reserve Command (AFRC).
  • 44th Fighter Group (44 FG) [AFRC]. Tail Code: "HO". Holloman AFB, Nouveau-Mexique.
      - 301st Fighter Squadron (301 FS).

    Photo ci-dessous: F-22A du 301st Fighter Squadron au cours d'un exercice Red Flag dans le Nevada. 2 mars 2011.

  • 477th Fighter Group (477 FG) [AFRC]. Tail Code: "AK". Elmendorf AFB, Alaska.
      - 302nd Fighter Squadron (302 FS).



Spécifications techniques du F-22A Raptor.

  • Type. Chasseur monoplace furtif de supériorité aérienne ou d'interdiction.
  • Propulsion. Deux réacteurs à double flux Pratt and Whitney F119-PW-100 avec poussée vectorielle, de 15,600kg de poussée chacun.
  • Performances. Vitesse maximale en altitude: Mach 2.25 (2,410km/h). Rayon d'action de combat: 759km. Distance franchissable maximale avec deux réservoirs auxiliaires externes: 2,960km. Plafond pratique: 19,800m.
  • Masses. A vide: 19,700kg. Maximale au décollage: 38,000kg.
  • Dimensions. Envergure: 13.56m. Longueur: 18.90m. Hauteur: 5.08m. Surface alaire: 78.04m².
  • Armement. Un canon rotatif 6-tubes M61A2 Vulcan de 20mm alimenté avec 480 obus. Deux baies latérales pouvant emporter 2 missiles air-air d'autodéfense AIM-9 Sidewinder. Une soute principale interne pouvant emporter, soit 6 autres missiles air-air AIM-9 ou AIM-120 AMRAAM, soit une combinaison de 2 bombes guidées par GPS JDAM de 256kg à 1,000kg (ou bombes conventionnelles Mk84 d'une tonne) et 2 AIM-120, soit encore 8 bombes guidées GBU-39 Small Diameter Bomb (SDB) de 113kg. Optionnellement, deux réservoirs de carburant auxiliaires de 2,268kg chacun.


Photo ci-dessous: F-22A larguant une bombe guidée GBU-32 JDAM de 512kg, 25 juillet 2005.



Article modifié le 6 juillet 2016.


Sources principales:
F-22 Raptor (Wikipedia.org)

US Air Force - Fairchild Republic A-10 Thunderbolt II

Le Thunderbolt II est un avion monoplace biréacteur développé par la firme Fairchild-Republic au début des années septantes. Il est conçu à l'origine pour répondre à une demande de l'US Air Force concernant un avion de "soutien aérien rapproché des forces terrestres", ou Close Air Support (CAS), avec d'excellentes capacités de destruction de chars, de véhicules blindés ou tout autre objectif protégé, mais des capacités d'interdiction aérienne et de combat air-air assez limitées. C'est le premier avion de l'US Air Force depuis l'A-1 Skyraider conçu exclusivement dans ce but.

L'A-10A est construit autour du General Electric GAU-8/A Avenger de 30mm, un énorme canon automatique rotatif avec 7 tubes, qui est la pièce maîtresse du système d'armes. Sa cellule est équipée de plaques de blindage et de plusieurs systèmes hydrauliques et électriques redondants, qui lui assurent une grande survavibilité sur le champs de bataille. Il a été baptisé en l'honneur du Republic P-47, un des meilleurs avions d'appui tactique américain de la Seconde Guerre mondiale, mais il est plus connu au sein de l'US Air Force sous les sobriquets Warthog ("Phacochère") ou Hog ("Cochon"). Sa mission secondaire est de servir de plate-forme de "contrôle aérien avancé" (FAC) et de guider d'autres avions d'attaque contre les cibles désignées au sol. Dans ce rôle, il est désigné OA-10A.

En 2005, commence une série de modifications visant à mettre aux standards "Precision Engagement Modification Program" (PEMP) 356 exemplaires. Grâce à ces améliorations, ils sont désignés A-10C et doivent normalement rester en service jusqu'en 2028.




Programme A-X: conception et développement.

Les critiques et repproches adressées à l'US Air Force sur le besoin d'un avion spécifiquement destiné aux missions d'appui aérien rapproché, ou Close Air Support (CAS), incitent quelques-uns de ses responsables à chercher un nouvel avion d'attaque spécialisé exclusivement dans ce rôle. Au cours de la Guerre du Vietnam, un grand nombre d'avions d'attaque ont été abattus par des tirs d'armes légères, des canons anti-aériens ZSU ou des missiles sol-air SAM. Les leçons de ce conflit poussent le Département de la Défense aux Etats-Unis à developper un appareil mieux adapté et plus résistant.

Les hélicoptères UH-1 Iroquois et AH-1 Cobra affectés au missions d'appui tactique ont démontré leur extrême vulnérabilité aux tirs d'armes légère. Les chasseurs supersoniques F-100 Super Sabre, F-105 Thunderchief et F-4 Phantom II sont très peu adaptés à ces missions. Seul l'A-1 Skyraider, en service depuis 1945, tire son épingle du jeu.

A la mi-1966, l'US Air Force créé le "Bureau du Programme Expérimental d'avion attaque", ou Attack Experimental (A-X) Program Office. Le 6 mars 1967, l'US Air Force émet un appel d'offre à vingt-et-une firmes aéronautiques pour le programme A-X. Six constructeurs soumettent leur projet à l'USAF. Northrop et Fairchild Republic sont retenus et construisent chacun leur prototype, désignés respectivement YA-9A et YA-10A. Ils sont destinés à subir une série d'évaluations comparatives. General Electric et Philco-Ford sont sélectionnés de leur côté pour développer et tester le canon rotatif GAU-8 de 30mm.

Photo ci-dessous: illustration des dimensions imposantes du canon rotatif 7-tubes GAU-8/A Avenger de 30mm et de son magazin d'obus. Poids de l'Avenger: 280kg. Poids total avec munitions: 1,828kg. Capacité du magazin: 1,174 obus.


Le prototype de Fairchild, l'YA-10A, est le premier à accomplir son vol expérimental, le 10 mai 1972, suivit par celui de l'YA-9A. Le 18 janvier 1973, Fairchild Republic est désigné vainqueur des évaluations comparatives par l'US Air Force. En juin 1973, General Electric est sélectionné pour construire le canon GAU-8/A Avenger. L'YA-10 subit encore une autre évaluation comparative avec le Ling-Temco-Vought (LTV) A-7D Corsair II, le principal avion d'attaque alors en service dans l'USAF, avant d'entrer en production. Le premier A-10A de série vole le 21 octobre 1975, et est réceptionné sur la base aérienne de Davis-Montham AFB, dans l'Arizona, en mars 1976.

Le 355th Tactical Fighter Wing (TFW) est le premier wing déclaré opérationnel le 1er octobre 1976. Le déploiement à l'extérieur des Etats-Unis commence le 25 janvier 1977, sur les bases de RAF Woodbridge et RAF Bentwaters, en Angleterre, avec le 81st TFW. L'A-10A est également réceptionné par des unités de l'Air National Guard (ANG) et de l'Air Force Reserve (AFRC).

Au total, 715 exemplaires du A/OA-10A sont commandés et produits à partir d'octobre 1975. Le dernier est livré en 1984. Conçu à l'origine pour se mesurer aux chars du Pacte de Varsovie en Europe, l'A-10 Thunderbolt II possède une excellente manoeuvrabilité à basse vitesse et basse altitude. Il dispose de large ailerons et d'empennages bi-dérive, ainsi que d'une importante surface alaire. Il est propulsé par deux réacteurs à double flux General Electric TF34-GE-100 développant chacun 4,112kg de poussée. Ceux-ci sont montés dans deux énormes nacelles fixées à l'arrière du fuselage.

Le canon GAU-8/A Avenger de 30mm est bien sûr l'arme maitresse de son système d'armement. Huit pylones de voilure et trois pylones sous le fuselage permettent à l'avion d'emporter une large gamme d'armement, de 7,260kg au total: missiles à guidage électro-optique TV AGM-65A/B Maverick, bombes à guidage laser (LGB) GBU-12 Paveway de 256kg ou GBU-10 d'une tonne, bombes à sous-munitions (Cluster Bombs) CBU-52/58/71/87/89, bombes incendiaires Mk77, bombes conventionnelles Mk82 Snakeye (256kg), Mk83 (504kg) et Mk84 (1,000kg), paniers à roquettes LAU, nacelle de brouillage électronique AN/ALQ-131, leurres thermiques ou radar AN/ALE-40, ou encore missiles air-air d'autodéfense AIM-9 Sidewinder.

Photo ci-dessous: gamme étendue d'armement d'un A-10A Thunderbolt II du 81st Fighter Squadron au-dessus de l'Allemagne, 17 février 2000.



Programmes de modernisation de l'A-10 Thunderbolt II.

Au fil des années, le Thunderbolt II a reçu diverses améliorations et ajouts, comme le système de navigation inertielle (INS), le système de navigation Global Positioning System (GPS), une nacelle de désignation laser AN/AAS-35(V) Pave Penny, qui permet au pilote de marquer des cibles au sol pour le guidage de bombes LGB Paveway.

En 2005, est lancé le Precision Engagement Modification Program (PEMP) qui prévoit la conversion de 356 OA/A-10A en A-10C. Ces modifications comprennent l'installation de nouveaux écrans digitaux multifonction haute-définition, de nouvelles ailes et un nouvel ordinateur de vol plus performant. Le A-10A est également mis au standard Service Life Extention Program lui permettant de prolonger sa carrière opérationnelle. En juin 2007, un contrat de 4.2 milliards de dollars est signé par Boeing pour la conversion de 356 nouveaux A-10C Thunderbolt II, conversions qui portent sur une période de dix-huit mois.

Photo ci-dessous: Quatre A-10A du 111st Fighter Wing de l'Air National Guard de Pennsylvanie, 9 janvier 2006.


En juillet 2010, l'USAF signe avec la firme Raytheon un contrat pour l'intégration dans les nouveaux A-10C du système Helmet Mounted Integrated Targeting (HMIT), un système dans lequel les données de vol et du système d'armes sont affichés sous forme numérique sur la visière du casque du pilote. Le système Scorpion Helmet Mounted Cueing System (HMCS), réalisé par la firme Gentex Corporation, est également testé. En février 2014, la Secrétaire de l'US Air Force Deborah Lee Jones ordonne, sous la pression du Congrès, la poursuite du développement du logiciel Suite-8, qui doit équipé ce casque.



A-10 Thunderbolt II en service au sein de l'US Air Force.

1° Air Combat Command (ACC).

  • 25th Fighter Squadron. Tail Code: "OS". Osan Air Base, Corée du Sud.
  • 66th Weapons Squadron. Tail Code: "WA". Nellis AFB, Nevada.

    Photo ci-dessous: un A-10A du 66th Weapons Squadron mène des tests de tir de roquettes au Nevada Test and Training Range. 30 novembre 2000.


  • 74th Fighter Squadron ("Flying Tigers"). Moody AFB, Géorgie.

    Photo ci-dessous: deux A-10C du 74th Fighter Squadron "Flying Tigers" au cours d'un exercice. 16 mars 2010.


  • 75th Fighter Squadron ("Tiger Sharks"). Tail Code: "EL". Moody AFB, Géorgie.

    Photo ci-dessous. A-10A du 75th Fighter Squadron. 20 mai 2007.


  • 354th Fighter Squadron. Tail Code: "DM". Davis-Montham AFB, Arizona.

    Photo ci-dessous: un A-10C mène un exercice de tir au Barry M. Goldwater Air Force Range de Wellton, en Arizona. 5 Mai 2014.


  • 357th Fighter Squadron ("Dragons"). Tail Code: "DM". Davis-Montham AFB, Arizona.
  • 358th Fighter Squadron. Davis-Montham AFB, Arizona.
  • 422d Test and Evaluation Squadron. Tail Code: "OT". Nellis AFB, Nevada.

    Photo ci-dessous: A-10A du 422nd TES. 1er janvier 2001.



2° Air National Guard (ANG).

  • 104th Fighter Squadron. Maryland ANG. Tail-Code: "MD". Warfield Air National Guard Base, Middle River, Maryland.

    Photo ci-dessous: A-10 du 104th Fighter Squadron déployé sur la base de Bagram, en Afghanistan. 1er janvier 2012.


  • 107th Fighter Squadron ("Red Devils"). Michigan ANG. Tail Code: "MI". Selfridge ANGB, Detroit, Michigan.

    Photo ci-dessous: A-10A du 107th Fighter Squadron. 1er janvier 2011.


  • 163rd Fighter Squadron ("Blacksnakes"). Indiana ANG. Tail Code: "IN". Fort Wayne ANG Station, Indiana.

    Photo ci-dessous: A-10A du 163rd Fighter Squadron. 15 mai 2001.


  • 190th Fighter Squadron. Idaho ANG. Tail Code: "ID". Gowen Field ANGB, Boise, Idaho.

    Photo ci-dessous: A-10A du 190th Fighter Squadron au-dessus des montagnes du Sawtooth Range, Idaho. 12 février 2008.



3° Air Force Reserve Command (AFRC).

  • 45th Fighter Squadron. Davis-Montham AFB, Arizona.
  • 47th Fighter Squadron. Tail-Code: "BD". Davis-Montham AFB, Arizona.

    Photo ci-dessous: tir et fumée dégagée par le canon Avenger de 30mm d'un A-10A du 47th Fighter Squadron, durant l'exercice Hawgsmoke 2010, Saylor Creek Range, Idaho. 14 octobre 2010.


  • 76th Fighter Squadron. Tail Code: "EL". Moody AFB, Géorgie.
  • 303rd Fighter Squadron. Tail Code: "KC". Whiteman AFB, Missouri.

    Photo ci-dessous: Thunderbolt II du 303rd Fighter Squadron au cours d'un orage, Whiteman AFB, Missouri. 29 octobre 2009.




Carrière opérationnelle de l'A-10 Thunderbolt II.

1° Guerre du Golfe (1991).

Le Thunderbolt II est engagé pour la première fois au combat pendant l'opération Desert Storm, en 1991. A cette occasion, il détruit plus de 900 chars irakiens, 2,000 autres véhicules militaires et 1,200 pièces d'artillerie. Deux A-10A abattent, au canon GAU-8/A, deux hélicoptères ennemis. Le premier est le capitaine Robert Swain, le 6 février 1991, au-dessus du Koweit. Ce sont actuellement les deux seules victoires aériennes remportées par des A-10.

Photo ci-dessous: A-10A pendant l'opération Desert Storm. Février 1991.



2° Bosnie-Herzégovine et Kosovo (1994-1995, 1999).

En 1994-1995, les A-10A Thunderbolt II de l'US Air Force tirent environ 10,000 obus de 30mm à l'Uranium appauvri, en Bosnie-Herégovine. Après le pillage d'un dépôt d'armes et la saisie d'armement lourd par des Serbes de Bosnie, une série de sorties est effectuée par l'aviation de l'OTAN pour retrouver ce matériel. Le 5 août 1994, deux A-10A localisent et détruisent une des pièces d'artillerie volées et un Tank-Destroyer M18 datant de la Seconde Guerre mondiale. Après cette attaque, les Serbes restituent le matériel.

Un mois plus tard, un A-10A de l'USAF et deux SEPECAT Jaguar de la Royal Air Force attaquent et détruisent un char serbe T-55 à l'intérieur de la zone d'exclusion dites des "20-miles" autour de Sarajevo.

En août 1995, l'OTAN lance l'opération Deliberate Force et les A-10A effectuent des missions de soutien rapproché (CAS) contre des pièces d'artillerie serbes. A la fin de septembre 1995, ils entament des opérations de patrouilles aériennes.

Les A-10A reviennent dans les Balkans en mars 1999, pour participer à l'opération Allied Force. Le 27 mars 1999, un F-117A Nighthawk est abattus par la défense aérienne serbe autour de Belgrade, et 3 hélicoptères MH-53 Pave Low, escorté par 2 A-10A, exécutent une mission Combat Search and Rescue (CSAR) pour récupérer le pilote en territoire ennemi.

Photo ci-dessous: A-10A du 81st Fighter Squadron / 52nd Fighter Wing (unité désactivée en 2013), Spangdahlem AFB, Allemagne, pendant l'opération Allied Force. Mars/Avril 1999. On remarque au niveau du cockpit la nouvelle nacelle de désignation laser Pave Penny.



3° Afghanistan et Irak (2001-2014).

Durant l'intervention américaine en Afghanistan, en octobre 2001, les A-10 de l'US Air Force ne prennent pas part à la phase initiale de l'opération Enduring Freedom. Ils sont déployés sur la base de Bagram qu'à partir de mars 2002, et participent notamment à l'opération Anaconda contre Al-Qaida et les Talibans.

60 OA/A-10A participent à l'opération Iraqi Freedom, en mars 2003. Les Thunderbolt II déployés dans cette région obtiennent un taux de réussite opérationnelle de 85% et tirent 311,600 obus de 30mm. Un seul d'entre-eux est abattus près de l'aéroport international de Bagdad durant cette campagne.

Le nouveau A-10C est déployé en Irak au cours du troisième trimestre de 2007, au sein du 104th Fighter Squadron de l'Air National Guard du Maryland.

Photo ci-dessous: cockpit et panneau de contrôle d'un A-10A.


Vidéo ci-dessous: A-10A "Warthog" du 74th Expeditionary Fighter Squadron en "inspection pré-vol" sur la base aérienne de Bagram, en Afghanistan, le 29 juillet 2009.



4° Libye (2011).

En mars 2011, six A-10 Thunderbolt II ont été déployé sur la base d'Aviano, en Italie, et ont participé à l'opération Odyssey Dawn, au sein de la coalition internationale soutenant la rebellion libyenne anti-Kadhafi. Leur mission était l'attaque au sol de véhicules, de batteries de DCA ou de missiles sol-air ou d'autres d'objectifs (chars et colonnes de véhicules, postes de commandement, aérodromes, ...).


5° Syrie/Irak (2014/2015).

En septembre 2014, le 163rd Fighter Squadron "Blacksnakes" de l'Indiana Air National Guard déploit 12 A-10 sur la base turque d'Incirlik, dans le cadre de l'opération Inherent Resolve, campagne aérienne menée par l'USAF contre l'Etat Islamique (EI ou ISIS) en Syrie et en Irak.



Versions du Thunderbolt II.

  • YA-10A. Version de présérie. 12 exemplaires construits.
  • A-10A. Version de série. 715 exemplaires construits entre 1975 et 1984.
  • OA-10A. Désignation des A-10A destinés aux missions de contrôle aérien avancé (CAP).
  • YA-10B Night/Adverse Weather. Un prototype expérimental biplace, destiné aux opérations nocturnes ou par mauvais temps. Projet abandonné en 1981 par le Congrès, et reconverti en A-10A.
  • A-10C. 356 A-10A mis aux standards "Precision Engagement Modification Program" (PEMP) à partir de 2005.

    Photo ci-dessous: A-10C arrivant sur la base de Davis-Montham AFB, Arizona, 29 novembre 2006.



Spécifications techniques du A-10A Thunderbolt II.

  • Type. Monoplace d'appui aérien rapproché.
  • Propulsion. Deux réacteurs à double flux General Electric TF-34-GE-100 de 4,112kg de poussée.
  • Performances. vitesse maximale au niveau de la mer: 706km/h. Vitesse de croisière: 560km/h. Vitesse de décrochage: 220km/h. Rayon d'action en mission CAS: 460km. Distance franchissable maximale: 4,150km. Plafond pratique: 13,700m. Vitesse ascensionnelle: 30m/s.
  • Masses. A vide: 11,321kg. Maximale au décollage: 23,000kg.
  • Dimensions. Envergure: 17.53m. Longueur: 16.26m. Hauteur: 4.47m. Surface alaire: 47.01m².
  • Armement. Un canon rotatif 7-tubes General Electric GAU-8/A Avenger de 30mm. Huit pylones de voilure et trois pylones sous le fuselage permettent l'emport de 7,260kg d'armement au total: missiles à guidage électro-optique TV AGM-65A/B Maverick, bombes à guidage laser (LGB) GBU-12 Paveway de 256kg ou GBU-10 d'une tonne, bombes à sous-munitions (Cluster Bombs) CBU-52/58/71/87/89, bombes incendiaires Mk77, bombes conventionnelles Mk82 Snakeye (256kg), Mk83 (504kg) et Mk84 (1,000kg), paniers à roquettes LAU, nacelle de brouillage électronique AN/ALQ-131, leurres thermiques ou radar AN/ALE-40, ou encore missiles air-air d'autodéfense AIM-9 Sidewinder.

    Photo ci-dessous: espace occupé par le canon GAU-8/A et son magazin de munitions.



Article modifié le 6 juillet 2016.


Sources principales:
A-10 Thunderbolt II (Wikipedia.org)